François S.: avis, sermons 307
307 Derober le bien d'autruy ; le retenir contre rayson. Tromper en vendant et acheptant, voire mesme joüant. Prendre l'usure; faire contratz injustes. Acheter ou vendre es benefices. Frauder l'Esglise des dismes et primices, ou les primices des tributz et peages justes. Poursuivre des proces injustement. Retenir les gages des serviteurs, mercenaires, artisans, ouvriers, soldatz. Imposer des daces, subsides, contributions, angaries, injustement et contre rayson. Ne payer point les debtes quand on le peut faire. Contracter des debtes démesurées pour lesquelles on est insolvable, ou que difficilement peuvent estre payées. Favoriser les injustes détenteurs du bien d'autruy contre les justes poursuites des vrays possesseurs et maistres. N'empescher pas les larcins, concussions et autres dommages du prochain. Et generalement, oster ou retenir sans rayson le bien, l'honneur et les commodités du prochain ; comm'aussy, faire des prodigalités et despences excessives, pour lesquelles on fait des empruntz et on se prive des moyens d'assister le pauvre et met a souffrance sa famille.
308 Juger mal et temerairement de la conscience et des actions du prochain ; or, on juge temerairement quand c'est sans legitime fondement. Disant mal du prochain, ou faisant mal parler d'autruy ; ce qui se fait en plusieurs façons :
1. Par imposture, qui n'est autre chose que de jetter sur une personne un crime ou un vice qui n'est pas en luy par aggrandissement du vice ou du peché qui se treuve en quelcun ; par revelement d'un crime secret de quelqu'un ; par mauvaise interprétation de l'intention de quelcun, detournant en mauvais sens les bonnes actions d'autruy ; niant le bien estre en une personne, lequel y est, ou ravalant la juste estime que l'on doit avoir d'une personne ; se taisant lorsque l'on peut justement deffendre de blasme une personne.
2.Item : mentir en quelle façon que ce soit, particulierement quand le mensonge apporte le dommage au prochain. Faire lire, avoir, reciter des pasquins qui ne sont pas publiquement connus. Celer la verité ou dire le mensonge en jugement. Semer des noyses. User d'accusations, calomnies, exaggerations és proces et autres disputes d'importance. Prendre plaisir a oüir mesdire et calomnier.
309 Desirer la femme du prochain, ou sa fille, ou les autres personnes qui luy appartiennent, pour les avoir et en user charnellement ; car, comme le sixiesme defend le peché de luxure quant a l'effet, le neuviesme le deffend quant a l'affection.
310 Desirer le bien d'autruy, de quelle sorte qu'il soit, pour l'avoir injustement et avec incommodité du prochain, car, comme le septiesme commandement deffend le larcin quant a l'effet, le dixiesme le deffend quant a l'affection.
311 L'orgueil n'est autre chose qu'une volonté désordonnée d' une grandeur disproportionnée a celuy qui la veut, et partant c'est peché d'orgueil de s'attribuer le bien que l'on a d'autruy comme sy on l'avoit de soy mesme ; penser meriter les biens et les graces que l'on a, encor qu'il n'en soit rien ; s'attribuer des biens et des graces que l'on n'a pas ; se preferer aux autres es choses esquelles on ne se doit pas preferer. Or, l'orgueil est peché mortel quand on ne veut pas reconnoistre de Dieu ce que l'on a; quand, pour maintenir sa vaine estime, on est prest a violer les commandemens de Dieu et quand, pour s'exalter, on deprime et on mesprise le prochain en chose notable.
A l'orgueil est attachée la vaine gloire, qui est se glorifier de ce que l'on n'a pas, ou de choses qui ne le meritent pas, ou de choses qui ne nous appartient (sic) pas, ou de choses mauvaises ; ou vouloir avoir la gloire du bien que l'on a, sans reconnaissance de Dieu duquel il vient.
A la vaine gloire est attachée la jactance, qui consiste a se venter de chose mauvaise, ou de chose bonne, mais plus qu'on ne doit, ou avec mespris du prochain, comme quand on se vente d'estre plus que les autres ; ou avec le dommage du prochain, comme quand on se vente de sçavoir guerir de telle et telle maladie, et que les personnes s'y amusent et sont trompées.
L'ypocrisie est encor une branche de l'orgueil, laquelle consiste a faire semblant d'estre saint ou vertueux, pour amuser ou decevoir le prochain. La contention s'ensuit, qui n'est autre chose qu'un debat de paroles fait contre la verité. La discorde vient apres, qui n'est autre chose qu'une contrariété desreglec a la volonté du prochain, laquelle est en sa perfection quand l'opiniastreté survient, par laquelle on s'arreste fennement en son opinion, quoy.que sans bon fondement.
La curiosité appartient aussy a l'orgueil, qui n'est autre chose qu'un désir irninoderé de sçavoir et connoistre les choses qui ne sont pas de nostre profession, ou qui sont dangereuses, ou qui sont deffendues.
Appres cellecy suit la recherche des nouveautés en habitz, en discours et en opinions, et enfin la désobéissance et mespris des loix et des supérieurs. De tout cela naist la presomption, par laquelle on entreprend de faire, dire, paroistre et estre plus qu'il ne nous appartient : comme quand on veut parler de choses qu'on n'entend pas, ou faire un art que l'on ne sçait pas, ou paroistre plus que l'on n'est pas, ou qu'on veut estre plus que l'on ne peut pas. Et ce dernier porte proprement a l'ambition, qui n'est autre chose qu'un désir désordonné des honneurs et dignités.
312 L'avarice n'est autre chose qu'une volonté immoderée d'avoir des biens temporels contre raison, et d'icelle naissent tous les pechés contraires au septiesme commandement ; comm'aussy la durté (sic) de coeur, qui n'est autre chose qu'un trop grand soin de garder le bien que l'on a, jusques mesmes a n'avoir point de pitié des souffreteux.
Item, l'inquiétude que le soin et l'ardeur immoderée des choses temporelles excite en nos espritz. De la naissent bien souvent les tromperies, fraudes, perjures, violences et trahisons.
De la luxure
La luxure n'est autre chose qu'un appétit désordonné du plaisir de la chair. Or, l'appétit est désordonnée ou parce qu'il veut prendre le plaisir sur un sujet qui n'est pas a nous, comm'il advient en la fornication et en l'adultaire ou parce qu'il le veut prendre contre l'ordre estably par la nature ; ou parce quil le veut prendre contre la fin et l'intention pour laquelle ce plaisir est destiné. Or, de la luxure dépendent tous les pechés contraires au sixiesme commandement, qui rendent l'esprit distrait, obscur, inconsidéré, inconstant, terrestre et brutal.
313 L'ire n'est autre chose qu'un appetit de vengeance, et produit tous les pechés que nous avons marqué au cinquiesme commandement, qui engendrent les pechés suivans :
1. L'indignation, quiconsiste a rejetter comm'indigne le prochain ;
2. L'enfleure du coeur, qui n'est autre chose qu'un assemblage de pensées et de mouvemens qui portent le coeur a la vengeance ;
3. Le desordre [de] la voix et de la parolle
4. les injures
5. les blasphèmes ;
6. les querelles et les noyses.
314 La glotonnie n'est autre chose qu'un appetit desordonnée (sic) de boire et de manger. Or, le desordre consiste ou a desirer des viandes ou breuvages trop precieux, ou a les prendre en trop grande quantité, ou a les faire apprester trop curieusement, ou a s'y complaire trop delicieusement, ou a les prendre hors de tems et de saison.
La gloutonnie a deux branches : la gormandise, qui regarde les viandes, et l'yvrongnerie qui regarde le breuvage. Ell'hebete l'entendement, engendre la dissolution, trouble les paroles, soüille le cors et infame toute la vie.
De l'envie,
L'envie n'est autre chose que la tristesse que nous avons du bien d'autruy en tant qu'il semble diminuer le nostre. J'ay dit, entant qu'il semble diminuer le nostre, parce qu'on peut estre marry du bien de quelcun non seulement sans pecher, mais aussy par charité : comme quand on est marry que les indignes soyent advancés, ou que les ennemis de la Republique prospèrent.
De l'envie naissent les jalousies, competances, haines, murmurations, detractions, resjouïssances du mal d'autruy et mille sortes de maux.
315 La paresse n'est autre chose qu'une certaine tristesse que l'on a a pratiquer le bien spirituel. Elle procede d'une trop grande affection aux choses temporelles et des trop grandes délectations es choses sensuelles, qu'il nous fasche de laisser pour suivre la vertu ; comm'aussi elle procede encor de l'appréhension du travail et de la peine qu'il y a a pratiquer les bonnes oeuvres.
Elle produit le découragement, par lequel on n'ose pas entreprendre le bien qui nous est conseillé; l'engourdissement d'esprit, par lequel on est empesché de se mouvoir a bien faire ; l'aigreur malicieuse, par laquelle on hait la perfection chrétienne ; la rancune et desgoust contre les personnes spirituelles, p arce qu'ilz nous provoquent au bien ; l'inadvertance aux choses bonnes ; le desespoir, comme sy c'estoit chose impossible de garder les commandemens de Dieu et de se sauver.
316 On peche contre le premier commandement de I'Esglise, violant le Caresme, les vendredis, samedis, vigiles et Quattre Tems quant a l'usage des viandes prohibées, ou bien ne jeusnant pas ; ce qui s'entend, sinon que quelque legitime occasion nous empesche.
On peche contre le second commandement, n'oyant pas la Messe entiere és jours de Dimanche et de feste, sinon aussy que quelque legitime raison excuse. Or, celuy est estimé ouïr la Messe entiere qui oyt presque toute la Messe, encor qu'il ne l'oye pas exactement toute : ainsy, celuy qui arriverait quand on dit l'Epistre, oyant tout le reste de la Messe, satisferoit au commandement, l'Esglise n'ayant pas intention d'obliger plus rigoureusement que cela.
On peche contre le troisiesme commandement, lors qu'on obmet de se confesser a Pasques, ou qu'on se confesse a quelqu'un qui n'a point d'authorité.
On peche contre le quatriesme, ne se communiant pas a Pasques. Or, celuy là est estimé communier a Pasques, qui communie dans les huict jours precedens ou dans les huict jours suivans la feste de Pasques.
On peche contre le cinquiesme commandement, ne payant pas la disme et autres devoirs ordinaires qu'on est obligé de rendre a l'Esglise.
317 Toute la loy de Dieu consiste en ces deux commandemens : Tu aymeras Dieu sur toutes choses et ton prochain comme toy mesme (Dt 6,5 Mt 22,17). C'est pourquoy, tout ce qui est contraire a l'amour de Dieu et a l'amour du prochain, sy la contrariété est parfaite, doit estre estimé peché mortel ; mais sy la contrariété n'est pas parfaite ni accomplie, ains imparfaite et non accomplie, il n'y a que peché veniel.
Or, la contrarieté qui se fait a l'amour de Dieu et du prochain est reputée imparfaite en trois façons :
Premierement : de la part de nostre volonté, lorsque nostre liberté n'est pas parfaite et que, par conséquent, nostre volonté n'agist pas avec pleine deliberation ny avec un total usage de son franc-arbitre : comm'il arrive quelque fois que nous dirons un'injure a quelqu'un par une si soudaine surprise de colere, que nous l'avons plus tost dite que pensée ; car alors, bien que d'injurier le prochain soit ordinairement un peché mortel, toutesfois, a raison de ce que l'acte de la volonté a esté fort imparfait et indeliberé, ce n'est qu'un peché veniel, parce que la contrariété a l'amour de Dieu en cet acte de la volonté n'a pas esté une pleine et accomplie contrariété, ains une contrariété sortie par surprise et inadvertance et la volonté n'estant pas pleynement a soy mesme.
Secondement : la contrarieté a l'amour de Dieu et du prochain est quelquefois imparfaite a raison de la petitesse de la matiere en laquelle ell'est commise : comme, par exemple, derober c'est un peché mortel, parce que le larcin contrarie a la charité du prochain ; mais pourtant, ce que l'on derobe peut estre sy peu de chose, que la nuysance qui s'en ensuit contre le prochain est si extrêmement legere qu'elle n'est point considérable, et par conséquent la contrarieté de cette action là a l'amour du prochain n'est pas une parfaite contrariété, mais plustost comm'un commencement de contrariété. Ainsy' celuy qui derobe une pomme, une poire, un liard ne peche que veniellement, parce qu'il offence fort peu le prochain et par conséquent ne contrarie pas parfaitement a l'amour qui luy est deu ; de mesme les coleres legeres, petitz chagrins, ou quelque legere et imparfaite caresse a l'endroit de la femme d'autruy ne seront pas estimés peché mortel.
Tiercement : la contrariété a l'amour de Dieu et du prochain est imparfaite a raison de la nature mesme de l'action que nous prattiquons, laquelle de soy n'est pas parfaitement mauvaise, mais seulement a quelque sorte de defaut en soy, lequel defaut ne la rend pas contraire a l'amour de Dieu et du prochain, ains seulement a la perfection de l'amour. Cmme par exemple, un mensonge dit par joyeuseté ou pour excuser quelqu'un : c'est un'action laquelle n'est point contraire a l'amour de Dieu et du prochain, ou sy ell'est contraire, c'est par une contrariété fort imparfaite et qui regarde plustost la perfection de l'amour que l'amour mesme ; car bien que le prochain reçoive les petitz mensonges pour la venté, sy est ce que cela ne luy apporte nulle sorte de nuysance. Or je dis neammoins que la perfection de la charité est violée, parce que la perfection de la charité ne requiert pas seulement que nous ne nuysions pas au prochain, mais aussy que nous ne le frustrions pas de ses justes desirs et que nous ne nous contrarions pas nous mesmes : or, chacun desire naturellement de sçavoir la verité des choses qui luy sont représentées, et nous nous contrarions nous mesmes quand nous parlons contre nostre pensée. De mesme, joüer plus longuement qu'il ne faut par recreation c'est une chose qui n'est point louable, mais elle n'est pas de soy contraire a l'amour de Dieu et a l'amour du prochain ; car, comme il appert, en cela il ny a point de meschanceté, mais seulement de l'inutilité.
318 Les grands ordinairement ne pratiquent point ce peché que par l'entremise de quelques confidens messagers et solliciteurs. Sy, donc, ilz entreprennent a bon escient de s'amender de ce peché là, il faut qu'ilz esloignent de leur suitte telles sortes de gens, car par ce moyen ilz perdront la facilité de retourner au malheur. Or cet esloignement se peut faire par beaucoup de bons prétextes.
De plus, tant que la commodité des affaires le peut permettre, ilz doivent avoir avec eux leurs femmes; le mariage estant ordonné, non seulement pour la generation des enfans, mais aussy pour le remede de la concupiscence.
Chose grandement utile d'avoir tous-jours avec eux certaine sorte de gens, soit gentilshommes ou autres, qui ayent beaucoup de la crainte de Dieu ; car, comme la presence des meschans facilite le consentement au mal, aussy la presence des bons facilite la resistence. C'estoit un des saintz artifices du glorieux saint Louys, qui avoit tous-jours pres de soy quelqu'homme de grande devotion duquel l'entretien le confortoit et consolait au bien. Les grans donques ayans un de ces gens-là pres d'eux et luy parlant une fois ou deux le jour, c'est merveille comme ilz en sont divertis du mal et soulagés contre les tentations.
Quand on s'est resoulu a bon escient de se retirer de ce vice, il est bon de s'en declairer parmy ceux qui sont le plus pres autour de nous, affin de nous brider par nostre propre parolle et déclaration.
Bon encores en la priere du mattin et du soir de faire une resolution particuliers contre ce peché et offrir cette resolution a Dieu, tantost a l'honneur de sa Passion, tantost a l'honneur de sa Nativité, tantost a l'honneur de sa sepulture ; quelquefois a l'honneur de la glorieuse Vierge Marie, sa Mere ; d'autrefois a l'honneur de nostre Ange gardien ; et ainsy diversement a l'honneur des Saintz que nous honnorons le plus, protestant que pour l'amour d'eux nous observerons nostre résolution. Et qui, a l'oraison, adjousteroit quelqu'aumosne pour mesme fin, feroit mieux.
Il est encore bon de s'imposer, voire par vceu, quelque penitence en cas que l'on retombe : comme seroit de dire tant de prieres a genoux, de jeusner, et semblables choses. Mais sur tout, l'excellent remede a ce mal c'est de se confesser et cornmunier souvent. Or, bien quil y aye de la difficulté en ces remedes, si est ce que celuy la se resoulura (sic) aysement de les pratiquer qui se ressouviendra quil faut ou quitter ce peché par quel moyen que ce soit, ou quil faut quitter la grace de Dieu et perireternellenient.
319 O Seigneur, faictes moy voir la quantité et l'énormité de mes maux, afin que je les deteste et me confonde en la grandeur de ma misere ; mais faictes moy voir aussy l'infinité de vostre bonté, afin que je m'y confesse, et que, comme je confesse humblement devant vous et devant le Ciel que je suis mauvais, ains la meschanceté mesme de vous avoir tant offensé, je confesse aussy hautement que vous estes bon, ains la bonté mesme de me pardonner si misericordieusement. O souveraine Bonté, octroyes le pardon a ce chetif coulpable qui confesse et accuse son peché en ceste vie mortelle, en espérance de confesser et celebrer vostre miséricorde en l'éternelle, par le merite de la Mort et Passion de vostre Filz qui, avec vous et le Saint Esprit, est un seul Dieu vivant et regnant es siecles des siecles.
AMEN.
Revu sur l'original conservé à la Visitation d'Annecy.
www.JesusMarie.comAlexis@JesusMarie.com
400
Comment un Supérieur doit sortir de la lecture et de la méditation. - Ne pas négliger le bon exemple. - Quel doit être l'abord de ceux qui commandent. - Leur attitude envers ceux qui les visitent. - Les " malades hon- teux " et les remèdes pour les grandes maladies de l'âme. - Suivre une multiplicité de conseils est chose dangereuse.
Un Superieur ne [devroit] sortir de la lecture des saintes Lettres, ni de la méditation, que comme un capitaine sort du camp, pour voir en passant l'armee ennemie, affin de reconnoistre ce qu'on y fait, pour en tirer du profit.
[Il devroit] ressembler aux pasteurs, qui paissent les aigneaux, encores qu'ilz ne leur donnent ni laict ni laine. [Il] ne devroit jamais negliger le moindre exemple pour edifier le prochain, parce que tout ainsy qu'il n'y a si petit ruysseau qui ne meine a la mer, il n'y a trait qui ne conduise l'ame en ce grand Ocean des merveilles de la bonté de Dieu.
L'abord des personnes qui commandent doit estre comme l'entree de la boutique d'un chirurgien, ou l'on ne fait que relever la moustache, anneler les cheveux et faire la barbe. Ilz doivent s'accommoder avec ceux qui les viennent visiter, comme saint Jean, lequeln'ordonnait aux soldatz qui le venoyent treuver au desert sinon de garder les commandemens de Dieu (Lc 3,14). Et comme en une chambre particuliere l'on panse les malades honteux, l'on met le feu et le fer a des playes, l'on tire le tronçon d'une espee du ventre ou la basle du cors, en cette façon le Superieur, apres avoir reconneu la disposition de ceux avec lesquelz il traitte, doit entrer plus avant, et leur tirer de l'ame des vielles habitudes, et par la représentation des horribles conditions du peché, apporter le fer et le feu d'enfer ou les legeres saignees ne servent de rien. Et en effect, il y a des meschans dont les exces pour estre passés en coustume treuvent que le repentir est un crime, l'amendement lascheté et l'innocence une honte et une pure niayserie.
On ne se doit point tant embrouiller la teste d'advis ni en multiplicité de conseilz ; les livres sont plus croyables et moins interessés que ceux en qui nous avons confiance, et il faut prendre garde que les autres se trompans ne nous abusent aussi, et ne sortent d'avec nous comme la guespe, apres avoir laissé son aiguillon.
401 Porter remède aux moindres murmures.- Avec quelle discrétion un Supérieur doit accorder quelques particularités. - Les enfants qui pleurent. - Bien examiner les sujets avant de les recevoir. - Certains esprits trop prompts sont comme la pierre lancée avec la fronde. - Mieux vaudrait pour un Ordre religieux n'avoir que deux Maisons, plutôt que de les multiplier par la prudence humaine. - Les fondements de la vie religieuse.
Il disoit qu'on devoit en Religion remedier aux plus petitz murmures ; car, comme les grans orages se forment de vapeurs invisibles, les grans troubles viennent de causes fort legeres.
Qu'un Superieur ne doit jamais accorder aucune particularité a un Religieux, si ce n'est avec cette mesme discretion de saint Ignace, et que s'il arrive de leur faire quelque grace, cela ne doit arriver que quand ilz sont dans l'acces de leurs esmotions, comme un peu d'eau dans l'ardeur de la fievre ; mais apres, leur faire connoistre que cela nuit a la santé. Aux mutineries des peuples, on leur permet quelque chose semblable a ce qu'on tire des cabinetz pour appaiser les enfans qui pleurent ; aussi tost qu'ilz ont cessé de pleurer, on le leur oste, et s'ilz recommencent a crier pour le ravoir, au lieu de confitures on prend une petite verge.
Rien ne perd tant les Ordres que le peu de soin qu'on apporte a examiner les espritz de ceux qui se jettent au cloistre. On dit : Il est docte, de bonne mayson, etc., mais l'on oublie qu'il ne se sousmettra qu'avec difficulté a la discipline. On devroit leur représenter plus de rigueur qu'il n'y en a, et ne leur figurer point si avantageusement tant de consolations spirituelles ; car tout ainsy que la pierre, encores que vous la jetties en haut, retombera en bas de son propre mouvement, aussi plus une ame que Dieu veut a son service sera repoussée, d'autant plus elle s'inclinera a ce que Nostre Seigneur voudra d'elle.
Ceux qui prennent ce parti par un despit d'avoir un courage haut avec une basse fortune, apportent plus de desordre parmi les cloistres que de bon ordre en eux. Et lhors que d'autres s'y rendent par un mouvement de promptitude que leur met en l'esprit quelque tendre et peu judicieuse imagination, ilz font ni plusni moins que la pierre au partir de la fronde, qui demeure arrestee quand l'effect de la machine commence a manquer ; car, a nommer cela par son nom, ce sont des pensees lourdes et grossières, qui s'efforcent en vain de monter vers le Ciel ; ou bien des espritz semblables aux cabanes qui sont sur le rivage d'un fleuve, que la premiere pluye emporte.
Il vaudroit mieux n'avoir que deux Maysons en tout l'Ordre, que de les estendre avec des voyes de prudence humaine ; car tost ou tard les fondemens qui sont sur le sable et ne seront pas en la pierre de Jesus Christ (1 Co 10,4 ; Mt 7,26), feront tomber tout l'edifice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Voules vous que je vous die ce qu'il m'en semble, Madame ? L'humilité, la simplicité de coeur et d'affection, et la sousmission d'esprit sont les solides fondemens de la vie religieuse. J'aymerois mieux que les cloistres fussent remplis de tous les vices que du peché d'orgueil et de vanité ; parce que, avec les autres offences, on peut se repentir et obtenir pardon ; mais l'ame superbe a dans soy les principes de tous vices, et ne fait jamais penitence, s'estimant en bon estat et mesprisant tous les advis qu'on luy donne. On ne sçauroit rien faire d'un esprit vain et plein de l'estime de soy mesrne; il n'est bon ni a soy ni aux autres.
402 Chaque jour, au réveil, dire la parole de saint Bernard : " Qu'es tu venu faire ceans ? " - Ne pas subtiliser, mais avoir une intention droite de tout faire pour Dieu. - Supporter les imparfaites et les aider. - Le maintien extérieur. - Importance de la charge. - La nouvelle Supérieure doit demander à la Sainte Vierge de l'offrir à son divin Fils, et renouveler son âme. - Après cet acte de parfait abandon, Marie la gardera tout le temps de sa vie.
Dieu veut que vous le servies en la conduite des ames, puisqu'il a arrangé les choses comme elles le sont et qu'il vous a donné la capacité de gouverner les autres. Faites une tres grande estime du ministère a quoy vous estes appellee ; et pour le bien faire, tous les jours en vous resveillant, ne manques jamais de dire cette parole que saint Bernard disoit si souvent . " Qu'es tu venu faire ceans ". Qu'est ce que Dieu veut de toy ? Puis, soudain apres, abandonnes vous totalement a sa divine volonté affin quil fasse de vous et en vous tout ce qu'il luy plaira, sans aucune reserve.
Ayes une devotion particuliers a Nostre Dame et vostre bon Ange ; puis, ma Fille, souvenes vous qu'il faut avoir plus d'humilité pour commander que non pas pour obeir. Mais prenes garde aussi de ne pas tant subtiliser sur tout ce que vous feres. Ayes une droitte intention de faire tout pour Dieu et pour son honneur et gloire, et vous destournes de tout ce que la partie inférieure de vostre ame voudra faire laisses-la tracasser tant qu'elle voudra autour de vostre esprit, sans combattre nullement tous ses assautz, ni mesme regarder ce qu'elle fait ou ce qu'elle veut dire, ains tenes-vous ferme en la partie supérieure de vostre ame et en cette résolution de ne vouloir rien faire que pour Dieu et qui luy soit aggreable.
De plus, il faut que vous fassies grande attention sur cette parole que j'ay mise dans les Constitutions, sçavoir, que la Superieure n'est pas tant pour les fortes que pour les foibles, bien qu'il faille avoir soin de toutes, affin que les plus avancees ne retournent point en arriere. Ayes a coeur le support des filles imparfaittes qui seront en vostre charge : ne faites jamais de l'estonnee, quelque sorte de tentation ou d'imperfection qu'elles vous descouvrent, ains tasches a leur donner confiance a vous bien dire tout ce qui les exercera.
Soyes grandement tendre a l'esgard des plus imparfaittes, pour les ayder a faire grand prouffit de leur imperfection. Resouvenes vous qu'une ame grandement impure peut parvenir a une parfaitte pureté, estant bien aydee. Dieu vous en ayant donné la charge et le moyen, par sa grace, de le pouvoir faire, appliques-vous soigneusement a le faire pour son honneur et gloire. Remarques que celles qui ont le plus de mauvaises inclinations, sont celles qui peuvent parvenir a une plus grande perfection. Gardes vous de faire des affections particulières.
Ne vous estonnes nullement de voir en vous beaucoup de fort mauvaises inclinations, puisque, par la bonté de Dieu, vous aves une volonté supérieure qui peut estre regente au dessus de tout cela. Prenes un grand soin de maintenir vostre extérieur en une sainte esgalité. Que si vous aves quelque peyne dans l'esprit, qu'elle ne paroisse point au dehors. Maintenes vous dans une contenance grave, mais douce et humble, sans jamais estre legere, principalement avec des jeunes gens. Voyla, ce me semble, ce a quoy il faut que vous prenies garde, pour rendre a Dieu le service qu'il a desiré de vous.
Mais je desire grandement que vous fassies attention fort souvent sur l'importance de la charge que vous aures, non seulement d'estre Superieure, mais d'estre au lieu que vous seres. La gloire de Dieu est jointe a ceci et la connoissance de vostre Institut ; c'est pourquoy il faut que vous relevies fort vostre courage, en luy faysant entendre l'importance de ce a quoy vous estes appellee.
Aneantisses vous fort profondément en vous mesme de voir que Dieu veuille se servir de vostre petitesse pour luy faire un service de si grande importance. Reconnoisses vous fort honnoree de cet honneur, et vous en alles courageusement supplier Nostre Dame qu'il luy plaise vous offrir a son Filz comme une creature tout absolument abandonnee a sa divine volonté, vous resolvant que, moyennant sa grace, vous vivres désormais d'une vie toute nouvelle, faysant maintenant un renouvellement parfait de toute vostre ame, détestant pour jamais vostre vie passee avec toutes vos vielles habitudes.
Alles donq, ma chere Fille, pleyne de confiance qu'apres avoir fait cet acte parfait du saint abandonnement de vous mesme entre les bras de la tres sainte Vierge, pour vous consacrer et sacrifier derechef au service de l'amour de son Filz, elle vous gardera tout le tems de vostre vie en sa protection, et vous présentera derechef a sa Bonté a l'heure de vostre mort.
403 Parler très peu de soi-même. - L'affabilité ne doit pas empêcher l'exercice de l'autorité. - La gravité avec les séculiers. - Ne pas cacher le bien qui se fait à la Visitation. - Rapports avec les Carmélites, les Jésuites et les Minimes. - Ce qu'il faut faire au parloir. - La Vie, Passion et Mort de Notre-Seigneur sont les meilleurs sujets d'oraison. - Certaines âmes sont attirées à une plus grande simplicité. - Marque d'une bonne oraison. - Ce que la Supérieure peut permettre. - Discrétion qu'elle doit observer. - Ne rien faire de plus que la Communauté. - La sainte Communion et la reddition de compte. - La charité. - Regarder Dieu.
Maintenant je vous dis : Ne parles que le moins qu'il se pourra de vous mesme ; mays ceci, je le dis tout de bon, retenes le bien et faites y attention. Si vous estes imparfaitte, humilies vous au fond de vostre coeur et n'en parles point ; car cela n'est que l'orgueil, qui fait que vous penses en dire beaucoup, affin que l'on n'en treuve pas tant que vous en dites. Parles peu de vous, mais je dis peu.
Ayes un grand soin de maintenir vostre extérieur parmi vos filles en telle mediocrité entre la gravité et la douceur et l'humilité, que l'on reconnaisse que si bien vous les aymes tendrement, que vous estes aussi la Superieure; car il ne faut pas que l'affabilité empesche l'exercice de l'authorité. J'appreuve fort que les Superieures soyent Superieures, se faysant obeir, pourveu que la modestie et le support soyent observés. Ayes envers les séculiers une sainte gravité ; car tandis que vousestes jeune, il faut observer soigneusement cela. Que vostre rire soit moderé, et mesme envers les femmes, avec lesquelles on peut avoir un peu plus d'affabilité et de cordialité. Il ne faut pas entendre par cette gravité qu'il faille estre severe ou renfrognes ; car il faut conserver tous- jours une gracieuse serenité. Devant les jeunes gens, quoy que de profession ecclésiastique, ayes pour l'ordinaire vos yeux rabaissés, et soyes courte en paroles avec telles gens, observant tous-jours de proffiter a leurs ames, en faysant voir la perfection de vostre Institut. Je ne dis pas la vostre, ains celle de vostre Institut, non en paroles, que fort simplement, ne le loüant que comme on parle un chacun de soy mesme, ou de ses parens, c'est a dire courtement et simplement.
Loües grandement les autres Ordres et Religions, et le vostre au dessous des autres choses, bien que vous ne devies pas cacher que vous vives paisiblement, et disant, quand l'occasion s'en presente, le bien qui se fait, simplement.
Faites tous-j ours grand cas des Seurs Carmelites, et vous entretenes en leur amitié par tout ou vous seres, tesmoignant tous-jours que vous en faites grande estime et que vous les aymes chèrement. Entretenes vous fort avec les Peres Jesuites et communiques volontier avec eux, comme aussi les Peres de l'Oratoire et les Peres Minimes ; prenes conseil d'eux tous ou vous en aures besoin, et particulièrement des Peres Jesuites.
Ne soyes pas du tout tant retenue a relever le voile comme les Seurs Carmelites, mais pourtant uses de discretion pour cela, faysant voir, quand vous le leveres, que c'est pour gratifier ceux qui vous parlent; observant de ne gueres vous avancer des treilles, ni moins d'y passer les mains que pour certaines personnes de qualité qui le desirent.
Pour ce qui. est de l'orayson, il faut que vous observies de faire que les sujetz sur quoy on la fera soyent sur la Mort, Vie et Passion de Nostre Seigneur ; car c'est une chose fort rare que l'on ne puisse proffiter sur la considération de ce que Nostre Seigneur a fait. En fin, c'est le Maistre souverain que le Pere eternel a envoyé au monde, pour nous enseigner ce que nous devons faire : et partant, outre l'obligation que nous avons de nous former sur ce divin Modele pour ce sujet, nous devons grandement estre excités a considerer ses oeuvres pour les imiter, parce que c'est une des plus excellentes intentions que nous puissions avoir pour tout ce que nous avons a faire et que nous faysons, que de les faire parce que Nostre Seigneur les a faites, c'est a dire prattiquer les vertus parce que Nostre Seigneur les a prattiquees et comme il les a prattiquees. Ce que pour bien comprendre, il faut fidellement peser, voir et considérer dans ce : " Parce que nostre Pere l'a fait en telle façon je le veux faire, " en enclosant l'amour envers nostre divin Sauveur et Pere tres aymable ; car l'enfant qui ayme bien son bon pere a une grande affection de se rendre fort conforme a ses humeurs et de l'imiter en tout ce qu'il fait.
Il se peut faire pourtant qu'il y ayt certaines ames exceptees lesquelles ne peuvent s'arrester ni occuper leur esprit sur aucun mistere ; elles sont attirees a une certaine simplicité devant Dieu, toute douce, qui les tient en cette simplicité, sans autre considération que de sçavoir qu'elles sont devant Dieu et qu'il est tout leur Bien, demeurant ainsy utilement. Cela est bon; mais il me semble qu'il est asses clairement dit dans le livre de l'Amour de Dieu, ou vous pourres avoir recours, si vous en aves besoin, et aux autres qui traittent de l'orayson.
Mais, generalement parlant, il faut faire que toutes les filles, tant qu'il se peut, se tiennent en l'estat et methode d'orayson qui est la plus seure, qui est celle qui tend a la reformation de vie et changement de moeurs, qui est celle que nous disions premièrement, qui se fait autour des mysteres de la Vie et de la Mort de Nostre Seigneur. Et il ne faut pas tous-jours croire les jeunes filles qui ne font que d'entrer en Religion, quand elles disent qu'elles ont de si grandes choses ; car bien souvent ce n'est que tromperie et amusement. C'est pourquoy il faut les mettre au train et aux mesmes exercices que les autres ; car si elles ont une bonne orayson, elles seront bien ayses d'estre humiliees et de se sousmettre a la conduitte de ceux qui ont du pouvoir sur elles. Il y a tout a craindre en ces manieres d'oraysons relevees ; mais l'on peut marcher en asseu- rance dans la plus commune, qui est de s'appliquer tout a la bonne foy autour de nostre Maistre pour apprendre ce qu'il veut que nous fassions.
La Superieure peut, en quelque grande et signalee occasion, faire faire deux ou trois jours de jeusne a la Communauté, ou bien seulement aux filles qui sont plus robustes ; faire quelque discipline, plus librement que de jeusner, car c'est une mortification qui ne nuit point a la santé, et partant, toutes la peuvent faire en la sorte qu'on la fait ceans. Mais il faut tous-jours observer de n'introduire point les austérités en vos Maysons; car ce seroit changer vostre Institut, qui est principalement pour les infirmes.
La Superieure doit sans doute de tems en tems visiter les cellules des Seurs pour empescher qu'elles n'ayent rien en propre ; mais pourtant il faut faire cela si discrettement, que les Seurs ne puissent point avoir de juste rayson de penser que la Superieure ayt quelque desfiance de leur fidelité, soit en cela, soit en autre chose. Car il le faut tous-jours observer discrettement, ne les tenant ni trop resserrees ni trop en liberté ; car vous ne sçauries croire combien c'est une chose nécessaire de se tenir en cet entredeux.
Pour moy, j'appreuverois fort que vous ne fissies rien que de suivre simplement la Communauté en toutes choses, soit aux mortifications, ou en quoy que ce soit. Il me semble que ce devroit estre la prattique principale d'une Superieure que d'aller devant ses filles en cette simplicité, que de ne rien faire ni de plus ni de moins qu'elles font ; car cela fait qu'elle est grandement aymee, et qu'elle tient merveilleusement l'esprit de ses filles en paix. J'ay grandement envie que l'histoire de Jacob soit tous-jours devant vos yeux, affin de faire comme luy, qui ne vouloit pas seulement s'accommoder au pas de ses enfans, mais encor a ceux-la mesme de ses aigneletz (Gn 33,13).
Et quant a ce qui est de la Communion, je voudrois que l'on suivist l'advis des confesseurs ; quand vous aves envie de communier quelquefois extraordinairement, que vous prissies leurs advis. Pour communier une fois toutes les semaines de plus que la Communauté, vous le pouves bien faire, et a vostre tour comme les autres ; et mesme pour communier plus souvent extraordinairement. Vous feres ce que ceux qui auront soin de vous trouveront bon, car il leur faut laisser conduire cela.
Il sera bon, ma chere Fille, que vous vous assujettissies a rendre conte tous les mois, ou les deux ou trois mois, si vous voules, au confesseur extraordinaire, ou mesme au confesseur ordinaire, s'il est capable,ou tel autre que vous jugeres ; car c'est un grand bien que de ne rien faire que par l'advis d'autruy.
Il ne me semble pas que vous devies maintenant faire plus d'attention sur aucune autre prattique que sur celle de la tres sainte charité a l'endroit du prochain, en le supportant doucement et le servant amoureusement ; mais en sorte que vous observies tous-jours de conserver l'authorité et gravité de Superieure, accompagnée d'une sainte humilité.
Quand vous aures jugé que quelque chose se doit faire, marches seurement et sans rien craindre, regardant Dieu le plus souvent que vous pourres. Je ne dis pas que vous soyes tous-jours attentive a la presence de Dieu, mais que vous multipliies le plus qu'il se pourra les retours de vostre esprit en Dieu.
A la suite de ces conseils, la Mère de la Roche a écrit: : " C'est ce dernier point que, de tout mon coeur, j'ay promis a mon Dieu de pratiquer fidelement, moyennant sa grace, ayant pris Nostre Dame protectrice de cette mienne résolution. "
François S.: avis, sermons 307