Catéchèses S. J-Paul II 23699
23699 1. Aujourd'hui, je désire m'arrêter à nouveau sur le pèlerinage que j'ai eu la joie d'accomplir en Pologne, du 5 au 17 de ce mois. Cette visite pastorale dans ma patrie, la septième et la plus longue, s'est déroulée vingt ans après mon premier voyage, qui a eu lieu du 2 au 10 juin 1979. A la veille du grand Jubilé de l'An 2000, j'ai partagé avec l'Eglise qui est en Pologne les célébrations du millénaire de deux événements qui sont à l'origine de son histoire: la canonisation de saint Adalbert et l'institution dans le pays de la première Eglise métropolitaine de Gniezno, avec les trois diocèses suffragants de Kolobrzeg, Cracovie et Wroclaw. En outre, j'ai pu conclure le Second synode plénier national et proclamer une nouvelle sainte, ainsi que de nouveaux bienheureux, témoins exemplaires de l'amour de Dieu.
«Dieu est amour», a été le thème du voyage apostolique, qui a constitué comme un grand hymne de louange au Père céleste et aux oeuvres admirables de sa miséricorde. C'est pourquoi, je ne cesse de lui rendre grâce, à Lui, Seigneur du monde et de l'histoire, qui m'a accordé de visiter encore une fois la terre de mes pères, pèlerin de foi et d'espérance, en particulier pèlerin de son amour.
Je désire renouveler l'expression de ma reconnaissance au Président de la République et aux Autorités de l'Etat, pour leur accueil et pour la participation qu'ils ont manifestée. En outre, la rencontre fraternelle avec les pasteurs de la bien-aimée Eglise de Pologne, que je remercie de tout coeur pour leur profond engagement et leur zèle apostolique, a été d'un grand réconfort pour moi. J'étends mon remerciement à tous ceux qui ont collaboré de toutes les façons possibles à la bonne réussite de ma visite: je pense, en particulier, à ceux qui ont prié et qui ont offert leurs propres souffrances dans ce but; je pense, en outre, aux jeunes qui ont participé en grand nombre à chaque phase de mon pèlerinage.
2. Le fil conducteur de ces journées a été la page évangélique des Béatitudes, qui présente l'amour de Dieu sous les traits incomparables du visage du Christ. Quelle joie pour moi de proclamer, sur les traces de saint Adalbert, les huit Béatitudes en méditant sur l'histoire de mes pères! A la mémoire du grand Evêque et Martyr ont été consacrées les étapes de Gdansk, de Pelplin et d'Elblag, dans la région de la Baltique, où Adalbert fut martyrisé. L'héritage d'Adalbert a toujours été conservé par le peuple polonais, et il a porté des fruits merveilleux, riches de témoignages, au cours de toute l'histoire de la Pologne.
J'ai eu l'occasion, à ce propos, de visiter des villes qui conservaient de manière indélébile la mémoire des destructions de la Deuxième Guerre mondiale, des exécutions en masse et des terribles déportations. Seule la foi en Dieu, qui est amour et miséricorde, a rendu possible leur reconstruction matérielle et morale. A Bygdoszcz, où le Cardinal Wyszynski voulut construire le temple consacré aux «Saints frères martyrs polonais», j'ai célébré la Messe des martyrs, en faisant mémoire des «soldats inconnus» de la cause de Dieu et de l'homme, morts au cours de ce siècle. A Torun, j'ai proclamé bienheureux le prêtre Wincenty Frelichowski (1913- 1945), qui lors de son ministère pastoral, puis dans un camp de concentration, fut un artisan de paix et témoigna jusqu'à la mort de l'amour de Dieu parmi les malades du typhus, dans le camp de Dachau. A Varsovie, j'ai béatifié cent-huit martyrs, comprenant des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs, victimes des camps de concentration au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
En outre, dans la capitale, j'ai proclamé bienheureux Edmund Bojanowski - promoteur d'oeuvres éducatives et caritatives, précurseur des orientations conciliaires sur l'apostolat des laïcs - et soeur Regina Protmann - qui conjugua la vie contemplative avec le soin des malades et l'instruction des enfants et des jeunes filles. A Stary Sacz, j'ai proclamé sainte Soeur Kinga, figure éminente du XIIIe siècle, modèle de charité, aussi bien en tant qu'épouse du Prince polonais Boleslas, qu'en tant que moniale clarisse après la disparition de son mari.
Ces témoins héroïques de la foi démontrent que la «traditio» de la Parole de Dieu, écoutée et mise en pratique, est parvenue d'Adalbert jusqu'à ce jour et qu'elle doit être incarnée avec courage dans la société d'aujourd'hui, qui s'apprête à franchir le seuil du troisième millénaire.
3. La foi en Pologne a été alimentée et a été profondément soutenue par la dévotion au Sacré-Coeur et à la Bienheureuse Vierge Marie. Le culte du Divin Coeur de Jésus a eu une importance particulière au cours de ce pèlerinage: la toile de fond était la consécration du genre humain au Sacré-Coeur, que mon vénéré prédécesseur Léon XIII accomplit pour la première fois il y a exactement cent ans. L'humanité a besoin d'entrer dans le nouveau millénaire en se confiant à l'amour miséricordieux de Dieu. Cela n'est cependant possible qu'en s'adressant au Christ Sauveur, source intarissable de vie et de sainteté.
Et que dire, ensuite, de l'affection filiale que mes compatriotes nourrissent pour leur Reine, la Très Sainte Vierge? A Lichen, j'ai béni le nouveau grand Sanctuaire qui lui est consacré et dans plusieurs villes, y compris celle où je suis né, j'ai couronné des images vénérées de la Vierge. A Sandomierz, j'ai célébré l'Eucharistie en l'honneur du Coeur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie.
En outre, je voudrais rappeler mes rencontres de prière à Elk, Zamosc, Varsovie-Prague, Lowicz, Sosnowiec, Gliwice, et dans ma ville natale de Wadowice.
Avant de repartir, je me suis agenouillé devant la vénérable icône de la Vierge de Czestochowa à Jasna Gora: ce fut un moment d'intense émotion spirituelle. A Elle, «Vierge Sainte qui défend la lumineuse Czestochowa» (cf. Mickiewicz), j'ai renouvelé la consécration de ma vie et de mon ministère pétrinien; à Elle, j'ai consacré l'Eglise qui est en Pologne et dans le monde entier; d'elle, j'ai invoqué le don précieux de la paix pour toute l'humanité et de la solidarité entre les peuples.
4. Au cours de mon itinéraire, j'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de rendre grâce à Dieu pour les transformations qui ont eu lieu en Pologne au cours des dernières vingt années, au nom de la liberté et de la solidarité. Je l'ai fait à Gdansk, ville-symbole du mouvement Solidarnosc. Je l'ai fait de manière particulière en m'adressant au Parlement de la République, où j'ai potentiel des peuples qui le composent, de l'Oural à l'Atlantique.
En outre, au cours des deux rencontres avec le monde académique, à Torun et à Varsovie, l'occasion m'a été donnée de mettre en lumière la façon dont se sont améliorées les relations entre l'Eglise et les milieux scientifiques, avec de grands bénéfices réciproques. Ensuite, dans d'autres circonstances, j'ai élevé la voix en défense des personnes et des groupes sociaux les plus faibles: l'Eglise, alors qu'elle accomplit les oeuvres de miséricorde, promeut la justice et la solidarité, en suivant les exemples des saints, comme la Reine Edwige et Albert Chmielowski, modèles de partage avec les plus indigents. Le progrès ne peut pas avoir lieu au détriment des pauvres, ni des catégories économiquement moins fortes, ou encore au détriment de l'environnement naturel.
5. L'occasion n'a pas manqué pour redire que l'Eglise offre sa contribution au développement intégral de la nation, en particulier à travers la formation des consciences. L'Eglise existe pour évangéliser, c'est-à-dire pour annoncer à tous que «Dieu est amour» et faire en sorte que chacun puisse le rencontrer. Le Second synode plénier a renouvelé cet engagement dans le sillage du Concile Vatican II et à la lumière des signes des temps, appelant tous les croyants à une généreuse coresponsabilité.
L'évangélisation n'est pas crédible si, en tant que chrétiens, nous ne nous aimons pas les uns les autres, selon le commandement du Seigneur. A Siedlce et à Varsovie, en mémoire des bienheureux martyrs de la Podlasie, j'ai prié avec les fidèles grecs-catholiques pour surmonter les divisions du second millénaire. En outre, j'ai voulu rencontrer les frères des autres confessions, pour renforcer les liens d'unité. A Drohiczyn, à l'occasion d'une liturgie oecuménique commune, cette prière à vu la participation des orthodoxes, des luthériens et des autres communautés ecclésiales non catholiques. La nécessité de l'unité de l'Eglise est ressentie par tous: nous devons travailler pour sa pleine réalisation, prêts à admettre les fautes et à nous pardonner réciproquement. Le matin du dernier jour de mon pèlerinage, il m'a été donné de célébrer l'Eucharistie dans la cathédrale de Wavel. Ainsi, en prenant congé de ma bien-aimée ville de Cracovie, j'ai pu remercier Dieu pour le millénaire de l'archidiocèse.
6. Très chers frères et soeurs, rendons ensemble louange au Seigneur pour ces jours de grâce. Je répète aujourd'hui avec vous: Te Deum laudamus...! Oui, nous te louons, ô Dieu, pour la sainte Eglise, fondée sur le Christ, pierre d'angle, sur les apôtres et les martyrs, et présente dans tous les lieux de la terre. Nous te rendons grâce en particulier pour l'Eglise qui est en Pologne, riche de foi et d'oeuvres de charité.
Nous Te louons, ô Marie, Mère de l'Eglise et Reine de la Pologne! Appartenant de manière particulière au mystère de l'Incarnation, aide ton peuple à vivre avec foi le grand Jubilé, et viens au secours de ceux qui, dans leurs difficultés, ont recours à Toi. Aide chacun d'entre nous à choisir les réalités qui ne passent pas: la foi, l'espérance et la charité. Aide-nous, ô Mère, à vivre la charité, qui est la plus grande de toutes, car «Dieu est amour».
* * *
Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 23 juin 1999, se trouvait le groupe suivant, auquel le Saint-Père s'est adressé en français:
De France: Institution Sainte-Marie, de Blois.
Chers Frères et Soeurs,
Depuis mon retour de Pologne, je ne cesse de louer le Seigneur pour les jours de grâce de mon voyage apostolique. L’amour de Dieu a été au centre des diverses célébrations et rencontres que j’ai vécues. C’est évidemment Dieu qui a permis tant de merveilles dans l’Eglise de Pologne, depuis mille ans ; aussi l’ai-je manifesté en proclamant l’Évangile des Béatitudes, sur la tombe de saint Adalbert.
Lors de la deuxième guerre mondiale, l’amour de Dieu était présent par le témoignage des cent huit martyrs de Dachau que j’ai béatifiés ; ainsi que chez les bienheureux Wincenty Frelichowski, Edmund Bojanowski, Soeur Regina Protmann et chez sainte Kinga. Tous avaient à coeur de vivre la parole de Dieu et de la transmettre.
Je rends grâce aussi pour la foi en Pologne, soutenue par la dévotion au Sacré-Coeur et à la Vierge Marie, ainsi que pour les transformations qui se sont opérées dans le pays, ces vingt dernières années. A cette occasion, j’ai tenu à rappeler combien l’Eglise doit contribuer à la formation des consciences, veiller à défendre les personnes et les groupes les plus faibles.
Louons Marie, Mère de l’Eglise et Reine de la Pologne, pour qu’elle nous aide à préparer le grand Jubilé.
Je salue cordialement les pèlerins d’expression française, notamment la délégation de Douz, en Tunisie, et les jeunes du Lycée Sainte-Marie-de- Blois. A tous, j’accorde volontiers la Bénédiction apostolique.
30699 Très chers frères et soeurs!
1. Nous avons célébré hier la solennité des saints Pierre et Paul. Ces deux Apôtres, que la Liturgie appelle «Princes des Apôtres», malgré leurs diversités personnelles et culturelles, ont été associés par le mystérieux dessein de la Providence divine dans une unique tâche apostolique. Et l'Eglise les rassemble dans une unique fête.
La solennité d'hier est très ancienne; nous la trouvons insérée dans le Sanctoral romain bien avant celle de Noël elle-même. Au IV e siècle, on avait l'habitude, en ce jour, de célébrer trois Messes à Rome: une première dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, une autre dans celle de Saint-Paul-hors-les-Murs et la troisième dans les catacombes de Saint-Sébastien où, à l'époque des invasions, selon la tradition, les corps des deux Apôtres auraient été cachés pendant un certain temps.
Saint Pierre, qui était un pêcheur de Bethsaïde fut choisi par le Christ comme pierre fondamentale de l'Eglise. Saint Paul, foudroyé sur la route de Damas, devint l'Apôtre des nations alors qu'il avait été le persécuteur des chrétiens. Tous deux concluent leur existence par le martyre dans la ville de Rome. A travers eux, le Seigneur a «donné à l'Eglise les prémisses de la foi chrétienne» (cf. Collecte de la Messe en leur honneur). Le Pape invoque l'autorité de ces deux «colonnes de l'Eglise» lorsque, dans les actes officiels, il rapporte la tradition à sa source, qui est la Parole de Dieu conservée et transmise par les Apôtres. En écoutant docilement cette Parole, la communauté ecclésiale est rendue parfaite dans l'amour en union avec le Pape, avec les évêques et tout l'Ordre sacerdotal (cf. Prière eucharistique II).
2. Parmi les signes qui, hier, selon une solide tradition, ont enrichi la liturgie que j'ai présidée dans la basilique vaticane, se trouve l'antique rite de l'«imposition du Pallium». Le Pallium est une petite bande circulaire, en forme d'étole, décorée de six croix. Elle est fabriquée en laine blanche, qui provient de la tonte des agneaux bénis chaque année le 21 janvier, en la fête de sainte Agnès. Le Pape remet le Pallium aux Archevêques métropolitains récemment nommés. Celui-ci symbolise l'autorité que, en communion avec l'Eglise de Rome, l'Archevêque métropolitain acquiert de plein droit dans sa province ecclésiastique (cf. C.D.C., can. 437, § 1).
Des témoignages archéologiques et iconographiques, ainsi que divers documents écrits, permettent de remonter, dans la datation de ce rite, jusqu'aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Nous nous trouvons donc face à une tradition très ancienne, qui a pratiquement accompagné toute l'histoire de l'Eglise.
Parmi les diverses significations de ce rite, deux me semblent ressortir avec davantage d'évidence. Tout d'abord, la relation spéciale des Archevêques métropolitains avec le Successeur de Pierre et, en conséquence, avec Pierre lui-même. C'est de la tombe de l'Apôtre, mémoire permanente de sa profession de foi dans le Seigneur Jésus, que le Pallium reçoit sa force symbolique: celui qui le portera devra se rappeler et rappeler aux autres ce lien intime et profond avec la personne et la mission de Pierre. Cela se produira dans toutes les circonstances de sa vie, de l'enseignement à la direction pastorale, de la célébration des sacrements au dialogue avec la communauté.
Ils sont appelés à être parmi les principaux constructeurs de l'unité de l'Eglise, qui s'exprime dans la profession de l'unique foi et dans la charité fraternelle.
3. Il y a une deuxième valeur que l'imposition du Pallium met clairement en évidence. L'agneau, qui a offert la laine pour sa confection, est le symbole de l'Agneau de Dieu qui a pris sur lui le péché du monde et qui s'est offert pour racheter l'humanité. Agneau et Pasteur, le Christ continue à veiller sur son troupeau et le confie aux soins de ceux qui, sacramentellement, Le représentent. Le Pallium, avec la blancheur de sa laine, est le rappel à l'innocence de la vie et la succession des six croix est la référence à une fidélité quotidienne au Seigneur, jusqu'au martyre, si nécessaire. Ceux qui porteront le pallium devront donc vivre une communion particulière et constante avec le Seigneur, caractérisée par la pureté des intentions et des actions et par la générosité du service et du témoignage.
Alors que je salue avec affection les Archevêques métropolitains, qui ont reçu hier le Pallium et ceux qui ont voulu aujourd'hui être présents à cette audience, je voudrais vous exhorter tous, très chers frères et soeurs qui les accompagnez, à prier pour vos pasteurs. Nous confions au Bon Pasteur ces vénérés Frères dans l'épiscopat, afin qu'ils croissent chaque jour dans la fidélité à l'Evangile et soient «de véritables modèles du troupeau» (1P 5,3).
Que Marie, Mère de l'Eglise, protège ceux qui ont été appelés à guider le peuple chrétien et obtienne à tous les disciples du Christ le précieux don de l'amour et de l'unité.
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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 30 juin 1999, se trouvait le groupe suivant, auquel le Saint Père s'est adressé en français:
De France: groupe de pèlerins d'Alsace.
Chers Frères et Soeurs,
Nous venons de célébrer la solennité des Apôtres Pierre et Paul, qui ont été associés dans une unique tâche apostolique. Saint Pierre, choisi par le Christ comme pierre fondamentale de l’Eglise, et saint Paul, devenu l’Apôtre des nations, ont été martyrisés à Rome. C’est par eux que l’Eglise a reçu la première annonce de la foi.
Parmi les signes qui ont enrichi la liturgie de cette fête, il y a l’antique rite de l’“imposition du Pallium” aux Archevêques métropolitains récemment nommés. Remis sur la tombe de l’Apôtre Pierre, lieu qui rappelle son témoignage ultime envers le Seigneur, le Pallium est le signe du lien intime de certains successeurs des Apôtres avec la personne de Pierre et avec sa mission.
Confectionné avec de la laine d’agneau, symbole de l’Agneau de Dieu, le Pallium constitue aussi un appel à vivre dans une communion constante et profonde avec le Seigneur, caractérisée par la pureté des intentions et des actions, ainsi que par la générosité du service et du témoignage, qui peut aller jusqu’au martyre.
Saluant avec affection les Archevêques qui, hier, ont reçu le Pallium, je vous exhorte tous, chers Frères et Soeurs qui les accompagnez, à prier pour vos Pasteurs.
Je salue les pèlerins francophones présents à cette audience, notamment ceux qui sont venus d’Alsace. J’accorde à tous de grand coeur la Bénédiction apostolique.
7799 Chers Frères et Soeurs,
La justice et la miséricorde sont deux dimensions du mystère d’amour de Dieu. Elles ne se comprennent bien qu’à la lumière de l’Écriture sainte, notamment de la figure du Christ. Le Dieu de l’Ancien Testament défend la cause et le droit des pauvres qu’il veut sauver, car il est un Dieu juste qui accomplit sa promesse. Cependant, Dieu juge aussi le péché, mais avec miséricorde ; et le pécheur repenti sait qu’il peut compter sur la justice miséricordieuse du Seigneur. Pareillement, le Christ, qui est venu non pour juger mais pour sauver le monde (Jn 3,17), exercera son jugement sur les vivants et les morts, avec justice et miséricorde. Ceux qui refusent le salut offert par Dieu et sa grâce miséricordieuse se condamnent eux-mêmes.
Lorsque, dans la prière du Notre Père, nous demandons à Dieu, de nous pardonner nos offenses, nous confessons à la fois notre misère et la miséricorde de Dieu ; nous faisons ainsi car Jésus nous a appris que l’on n’accède à ce Dieu juste et miséricordieux qu’à travers l’expérience du pardon envers notre prochain.
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À tous les pèlerins francophones, j’adresse mon affectueux et cordial salut, particulièrement aux élèves du collège Saint-François-de-Sales de Dijon, aux fidèles du diocèse grec melkite de Saïd et aux jeunes de la paroisse Saint-Sébastien du diocèse de Syros, en Grèce. De grand coeur, j’accorde à tous la Bénédiction apostolique.
21799 Au cours de notre itinéraire terrestre, nous sommes appelés à rechercher les réalités d'en-haut
Lecture: (1Jn 3,2-3)
1. Lorsque la figure de ce monde sera passée, ceux qui ont accueilli Dieu dans leur vie et se sont sincèrement ouverts à son amour, au moins au moment de la mort, pourront jouir de la pleine communion avec Dieu, qui constitue le but de l'existence humaine.
Comme l'enseigne le Catéchisme de l'Eglise catholique, «cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d'amour avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée "le ciel". Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l'homme, l'état de bonheur suprême et définitif» (n. 1024).
Nous voulons aujourd'hui chercher à saisir le sens biblique du «ciel» pour pouvoir mieux comprendre la réalité à laquelle cette expression fait référence.
2. Dans le langage biblique le «ciel », lorsqu'il est uni à la «terre», indique une partie de l'univers. A propos de la création, l'Ecriture dit: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1,1).
Sur le plan métaphorique le ciel est entendu comme la demeure de Dieu, qui se distingue en cela des hommes (cf. Ps Ps 104,2 sq; Ps 115,16 Is 66,1). Du haut des cieux Il voit et juge (cf. Ps Ps 113,4-9), et Il descend lorsqu'on l'invoque (cf. Ps Ps 18,7 Ps Ps 18,10 Ps 144,5). Toutefois, la métaphore biblique fait bien comprendre que Dieu ne s'identifie pas avec le ciel et ne peut pas être contenu dans le ciel (cf. 1R 8,27); et cela est vrai, bien que dans certains passages du premier livre des Maccabées «le Ciel» est tout simplement un nom de Dieu (1M 3,18 1M 3,19 1M 3,50 1M 3,60 1M 4,24 1M 4,55).
A la représentation du ciel en tant que demeure transcendante du Dieu vivant, s'ajoute celle de lieux auquel les croyants peuvent aussi accéder par la grâce, comme il apparaît dans l'Ancien Testament lors de l'épisode d'Enoch (cf. Gn Gn 5,24) et d'Elie (cf. 2R 2,11). Le ciel devient ainsi la figure de la vie en Dieu. Dans ce sens, Jésus parle de «récompense dans les cieux» (Mt 5,12) et exhorte à «amasser des trésors dans le ciel» (ibid ., Mt Mt 6,20 cf. Mt Mt 19,21).
3. Le Nouveau Testament approfondit l'idée du ciel également en relation avec le mystère du Christ. Pour indiquer que le sacrifice du Rédempteur assume une valeur parfaite et définitive, la Lettre aux Hébreux affirme que Jésus «a traversé les cieux» (He 4,14) et «ce n'est pas, en effet, dans un sanctuaire fait de main d'homme, dans une image de l'authentique, que le Christ est entré, mais dans le ciel lui-même» (ibid. , He He 9,24). Ensuite, dans la mesure où les croyants sont aimés de façon particulière par le Père, ils sont ressuscités avec le Christ et sont rendus citoyens du ciel. Cela vaut la peine d'écouter ce que nous communique l'Apôtre Paul à ce propos, dans un texte d'une grande intensité: «Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ - c'est par grâce que vous êtes sauvés! -, avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu par là démontrer dans les siècles à venir l'extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus» (Ep 2,4-7). La paternité de Dieu, riche de miséricorde, est éprouvée par les créatures à travers l'amour du Fils de Dieu crucifié et ressuscité, qui en tant que Seigneur siège dans les cieux à la droite du Père.
4. La participation à la complète intimité avec le Père, après le parcours de notre vie terrestre, passe donc à travers l'insertion dans le mystère pascal du Christ. Saint Paul souligne avec une vive imagination spatiale ce cheminement vers le Christ dans les cieux à la fin des temps: «Après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux [les morts ressuscités] et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur pour toujours. Réconfortez-vous donc les uns les autres de ces pensées» (1Th 4,17-18).
Dans le cadre de la Révélation, nous savons que le «ciel» ou la «béatitude» dans laquelle nous nous trouverons n'est pas une abstraction, ni un lieu physique parmi les nuages, mais une relation vivante et personnelle avec la Sainte Trinité. C'est la rencontre avec le Père qui se réalise dans le Christ Ressuscité grâce à la communion de l'Esprit Saint.
Il faut toujours conserver une certaine sobriété dans la description de ces «réalités ultimes», car leur représentation reste toujours inadaptée. Aujourd'hui, le langage personnaliste réussit à décrire de façon moins impropre la situation de bonheur et de paix dans laquelle nous établira la communion définitive avec Dieu.
Le Catéchisme de l'Eglise catholique résume l'enseignement ecclésial à propos de cette vérité en affirmant que «par sa mort et sa résurrection Jésus-Christ nous a "ouvert" le ciel. La vie des bienheureux consiste dans la possession en plénitude des fruits de la rédemption opérée par le Christ qui associe à sa glorification céleste ceux qui ont cru en Lui et qui sont demeurés fidèles à sa volonté. Le ciel est la communauté bienheureuse de tous ceux qui sont parfaitement incorporés à Lui» (CEC 1026).
5. Cette situation finale peut toutefois être anticipée d'une certaine façon aujourd'hui, tant dans la vie sacramentelle, dont l'Eucharistie est le centre, que dans le don de soi à travers la charité fraternelle. Si nous sommes capables de jouir de façon ordonnée des biens que le Seigneur nous dispense chaque jour, nous éprouverons déjà cette joie et cette paix dont nous jouirons un jour pleinement. Nous savons qu'au cours de cette phase terrestre tout est placé sous le signe de la limite, toutefois la pensée des réalités «ultimes» nous aide à bien vivre les réalités «pénultièmes». Nous sommes conscient que, alors que nous nous acheminons dans ce monde, nous sommes appelés à rechercher «les choses d'en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu» (Col 3,1), pour être avec lui dans l'accomplissement eschatologique, lorsque dans l'Esprit il réconciliera complétement avec le Père «les êtres [...] aussi bien sur la terre que dans les cieux» (Col 1,20).
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Parmi les pèlerins de langue française qui assistaient à l'Audience générale du mercredi 21 juillet 1999, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint Père s'est adressé en français:
De France: Groupe de Soeurs du Christ; groupe de Scouts du diocèse de Bordeaux; Petits chanteurs de mélodie, Fort-de-France, Martinique.
Du Canada: Groupe de pèlerins.
Chers Frères et Soeurs,
Ceux qui ont accueilli Dieu dans leur vie et qui se sont sincèrement ouverts à son amour, au moins au moment de la mort, pourront, au ciel, jouir de la pleine communion avec Lui, ce qui constitue le but de l’existence humaine.
Dans la Bible, le ciel est présenté, de façon métaphorique, comme l’habitation de Dieu d’où il voit et juge, et d’où il descend quand on l’invoque (cf. Ps Ps 104,2 Ps 144,5). Il est aussi une image de la vie en Dieu, à laquelle les croyants peuvent accéder par la grâce. La paternité de Dieu, riche en miséricorde, est reconnue par les créatures à travers l’amour du Fils crucifié et ressuscité, qui, comme Seigneur, siège dans le ciel à la droite du Père. La participation à la complète intimité avec le Père, après le parcours de notre vie terrestre, passe donc par l’insertion dans le mystère pascal du Christ, grâce à l’Esprit Saint. Nous savons ainsi que le ciel n’est pas une abstraction, ni un lieu physique, mais qu’il est une relation vivante et personnelle avec la Sainte Trinité.
Pendant que nous cheminons en ce monde nous sommes appelés à rechercher les réalités d’en haut (cf. Col Col 3,1), pour que nous soyons avec le Christ quand, dans l’Esprit, il réconciliera tout avec le Père, “sur la terre et dans les cieux” (Col 1,20).
Je salue les pèlerins francophones présents à cette audience, notamment les scouts du diocèse de Bordeaux et tous les jeunes. Que Jésus vous garde dans son amour, et vous comble de sa joie et de sa paix! J’accorde à tous de grand coeur la Bénédiction apostolique.
28799 Lecture: Jn 3,17-19
1. Dieu est un Père infiniment bon et miséricordieux. Mais l'homme, appelé à lui répondre dans la liberté, peut malheureusement choisir de repousser définitivement son amour et son pardon, se soustrayant ainsi pour toujours à la communion joyeuse avec lui. C'est précisément cette situation tragique qui est soulignée par la doctrine chrétienne lorsqu'elle parle de damnation ou d'enfer. Il ne s'agit pas d'un châtiment de Dieu infligé de l'extérieur, mais du développement de prémices déjà posées par l'homme dans cette vie. La dimension même de malheur que cette sombre condition porte en elle peut être d'une certaine façon pressentie à la lumière de certaines de nos expériences terribles, qui font de la vie, comme on dit, un «enfer».
Dans le sens théologique, toutefois, l'enfer est autre chose: il s'agit de la dernière conséquence du péché lui-même, qui se retourne contre celui qui l'a commis. C'est la situation dans laquelle se place celui qui repousse la miséricorde du Père, même au dernier moment de sa vie.
2. Pour décrire cette réalité, l'Ecriture Sainte utilise un langage symbolique, qui se précisera progressivement. Dans l'Ancien Testament, la condition des morts n'était pas encore pleinement illuminée par la Révélation. On pensait en effet tout au plus que les morts étaient réunis dans le sheól, un lieu de ténèbres (cf. Ez Ez 28,8 Ez 31,14 Jb 10,21 sq; Jb 38,17 Ps 30,10 Ps 88,7 Ps 88,13), une fosse dont on ne remonte pas (cf. Jb Jb 7,9), un lieu dans lequel il n'est pas possible de louer Dieu (cf. Is Is 38,18 Ps 6,6).
Le Nouveau Testament apporte une nouvelle lumière sur la condition des morts, en particulier en annonçant que le Christ, à travers sa résurrection, a vaincu la mort et a étendu son pouvoir libérateur également au royaume des morts.
La rédemption demeure toutefois une offre de salut qu'il revient à l'homme d'accueillir dans la liberté. C'est pourquoi chacun sera jugé «selon ses oeuvres» (Ap 20,13). En ayant recours à des images, le Nouveau Testament présente le lieu destiné aux personnes qui se sont rendues coupables d'injustice comme une fournaise ardente, où «seront les pleurs et les grincements de dents» (Mt 13,42 cf. Mt Mt 25,30 Mt Mt 25,41), ou encore comme la géhenne «dans le feu qui ne s'éteint pas» (Mc 9,43). Tout cela est exprimé de façon narrative dans la parabole du riche, dans laquelle l'on précise que les enfers sont le lieu de la peine définitive, sans possibilité de retour ou d'allégement de la douleur (cf. Lc Lc 16,19-31).
L'Apocalypse représente de façon expressive dans un «étang de feu» ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la «seconde mort» (Ap 20, 13sq). Celui, donc, qui s'obstine à ne pas s'ouvrir à l'Evangile se prédispose à une «perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force» (2Th 1,9).
3. Les images à travers lesquelles l'Ecriture Sainte nous présente l'enfer doivent être correctement interprétées. Elles indiquent la frustration et le vide complet d'une vie sans Dieu. Plus qu'un lieu, l'enfer indique la situation dans laquelle se trouve celui qui s'éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie. Le Catéchisme de l'Eglise catholique résume ainsi les données de la foi sur ce thème: «Mourir en péché mortel sans s'en être repenti et sans accueillir l'amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c'est cet état d'auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu'on désigne par le mot "enfer"» (CEC 1033).
La «damnation» ne doit donc pas être attribuée à l'initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu'il a créés. En réalité, c'est la créature qui se ferme à son amour. La «damnation» consiste précisément dans l'éloignement définitif de Dieu librement choisi par l'homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état.
4. La foi chrétienne enseigne que, dans le risque du «oui» et du «non» qui distingue la liberté de la créature, certains ont déjà dit non. Il s'agit des créatures spirituelles qui se sont rebellées à l'amour de Dieu et qui sont appelées démons (cf. Concile du Latran IV: DS 800-801). Pour nous, êtres humains, leur vie résonne comme un avertissement: il s'agit d'un rappel constant à éviter la tragédie dans laquelle débouche le péché, et à modeler notre existence sur celle de Jésus qui s'est déroulée sous le signe du «oui» à Dieu.
La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître, sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont effectivement concernés. La pensée de l'enfer - et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques -, ne doit pas créer de psychose ni d'angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l'annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l'Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer «Abba, Père» (Rm 8,15 Ga 4,6).
Cette perspective riche d'espérance prévaut dans l'annonce chrétienne. Elle est effectivement reprise dans la tradition liturgique de l'Eglise, comme en témoignent par exemple les paroles du Canon romain: «Accepte avec bienveillance, ô Seigneur, l'offrande que nous te présentons, nous tes ministres et toute ta famille... Sauve-nous de la damnation éternelle, et accueille-nous dans le troupeau des élus».
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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 28 juillet 1999, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint Père s'est adressé en français:
De France: Institution salésienne Notre-Dame des Minimes, de Lyon; groupe de pèlerins de Touilles-la-Chapelle.
De Suisse: Groupe de jeunes de la paroisse du Sacré-Coeur.
Chers Frères et Soeurs,
Le chrétien est un homme qui espère, car il ne perd jamais de vue le but final de son existence. Cela l'invite à agir pour rendre la réalité conforme au projet de Dieu (cf. Tertio Millennio adveniente TMA 46). L'Esprit Saint, qui communique le don de l'espérance, fait entrer les baptisés dans l'existence glorifiée du Christ et les pousse à être les témoins de sa résurrection ainsi que les bâtisseurs d'une société nouvelle.
Dans l'Eucharistie, signe de cette nouveauté radicale, le monde commence à être ce qu'il sera lors de la venue finale du Seigneur. L'Eglise devient "pain rompu" pour le monde et trouve dans la célébration eucharistique la force pour son activité caritative et pour son action missionnaire.
Ainsi, l'espérance tourne nos regards vers "les cieux nouveaux et la terre nouvelle" (2P 3,13). Elle fait aussi agir avec la charité, qui demeurera éternellement. La spiritualité chrétienne est une spiritualité de transformation du monde et d'espérance en l'avènement du Royaume de Dieu.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, et je souhaite à tous de bien se préparer à la fête de Noël. A chacun d'entre eux, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.
Catéchèses S. J-Paul II 23699