Catéchèses S. J-Paul II 11063
11063 Très chers frères et soeurs!
1. Je voudrais reparcourir en esprit, avec vous, mon voyage en Croatie, que j'ai eu l'occasion d'accomplir ces jours derniers, et qui avait pour thème "La famille: route de l'Eglise et du peuple". Il s'agissait de mon centième Voyage apostolique! Du plus profond de mon coeur, j'élève au Seigneur, qui m'a ouvert cent fois les routes du monde et des nations afin que je puisse lui rendre témoignage, ma plus vive action de grâce.
Je suis revenu dans la noble terre croate pour confirmer mes frères dans la foi; j'ai voulu apporter à tous un message de paix et de réconciliation, et il m'a été accordé la joie d'élever aux honneurs des autels Soeur Marija Propetoga Isusa Petkovic.
Je désire exprimer ma reconnaissance cordiale à l'épiscopat pour m'avoir invité et accueilli avec attention et affection. Ma reconnaissance s'étend également au Président de la République et aux autres Autorités civiles et militaires, pour leur participation courtoise et leur collaboration attentive. Enfin, je remercie l'archidiocèse de Rijeka et son séminaire, qui m'ont offert l'hospitalité ainsi qu'à mes collaborateurs.
2. La première étape a été l'antique et glorieuse ville de Dubrovnik, fière de son histoire et de ses traditions de liberté et de justice. J'y ai célébré une Messe, au cours de laquelle a été béatifiée Soeur Marija de Jésus crucifié Petkovic, noble fille de l'Eglise en terre croate. Femme dotée d'un désir héroïque de servir Dieu chez ses frères les plus pauvres, elle fonda les Soeurs Filles de la Miséricorde du Tiers Ordre régulier de Saint-François pour diffuser, à travers les oeuvres de miséricorde spirituelle et corporelle, la connaissance de l'Amour divin.
A la lumière de cette admirable figure, j'ai adressé un message spécial aux femmes croates, que j'ai encouragées à offrir leur contribution spirituelle et morale à l'Eglise et à la société; de façon particulière, j'ai aussi demandé aux femmes consacrées d'être un signe éloquent de la présence aimante de Dieu parmi les hommes.
3. Le lendemain, à Osijek, dans l'extrême région nord-orientale du pays, diocèse de Djakovo et de Srijem, j'ai eu le plaisir de présider la conclusion solennelle du deuxième Synode diocésain et de commémorer le 150e anniversaire de la fondation de la province ecclésiastique de Zagreb.
En cette circonstance, je me suis arrêté pour réfléchir sur la sainteté comme vocation de chaque chrétien: tel est l'un des enseignements centraux du Concile Vatican II. En particulier, j'ai invité les fidèles laïcs à valoriser pleinement la grâce du Baptême et de la Confirmation. Seul celui qui est animé par une foi robuste et par un amour généreux peut être un apôtre de réconciliation et de reconstruction morale, là où les blessures d'un passé douloureux et difficile sont encore ouvertes.
A Djakovo, j'ai pu faire halte brièvement dans la belle cathédrale, où j'ai salué les séminaristes et leurs professeurs, ainsi qu'un groupe nombreux de religieuses.
4. Le dimanche 8 juin, fête de la Pentecôte, à Rijeka, j'ai invoqué au cours de la Messe une effusion renouvelée des dons de l'Esprit Saint sur les familles chrétiennes de la Croatie et du monde. J'ai voulu placer chacune d'elles sous la protection spéciale de la sainte Famille de Nazareth. En outre, il m'a paru utile de réaffirmer la valeur sociale primordiale de l'institution familiale, en demandant pour celle-ci une attention privilégiée et des mesures concrètes, qui en favorisent la constitution, le développement et la stabilité.
Dans l'après-midi, je me suis rendu au Sanctuaire de Trsat, situé sur une colline de la ville de Rijeka pour m'unir en esprit aux pèlerins qui y vénèrent la Mère de Dieu. En effet, selon une pieuse tradition, la sainte Maison de Nazareth aurait fait une halte en ce lieu, avant de parvenir à Lorette.
5. La dernière étape de mon voyage a été Zadar en Dalmatie, une ville riche d'histoire. A l'ombre de la cathédrale de Sainte-Anastasie, martyre de Sirmium, j'ai célébré l'Heure de Sexte, en la fête de la Bienheureuse Vierge Mère de l'Eglise. Cette fête mariale, qui prolonge la solennité de la Pentecôte, nous a fait revivre l'atmosphère du Cénacle. Aujourd'hui comme alors, Marie continue à être présente dans la Communauté ecclésiale: une présence humble et discrète, mais qui anime la prière et la vie selon l'Esprit; une présence contemplative, capable de rappeler aux pasteurs et aux fidèles le primat de l'intériorité, de l'écoute et de l'assimilation de la Parole de Dieu, condition indispensable pour une annonce évangélique convaincue et efficace.
Très chers frères et soeurs! Au cours de ce voyage, j'ai également pu constater à quel point le christianisme a contribué au développement artistique, culturel, mais surtout spirituel et moral de la Croatie et de son peuple. C'est sur cette base solide qu'à présent, au début du troisième millénaire, la chère nation Croate pourra continuer à édifier sa cohésion et sa stabilité, afin de s'intégrer harmonieusement dans le concert des peuples européens.
Que Dieu continue à bénir et à protéger la Croatie! Celle-ci aura toujours une place privilégiée dans mon affection et ma prière.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier le groupe de la Communauté du Verbe de Vie. Ouvrez vos coeurs au Christ ressuscité pour que son Évangile inspire toutes vos actions!
18063 Lecture: (Is 61,10 Is 62,4-5)
1. L'admirable Cantique que la Liturgie des Laudes nous propose et qui vient à présent d'être proclamé, s'est ouvert comme un Magnificat: "Je suis plein d'allégresse en Yahvé, mon âme exulte en mon Dieu" (Is 61,10). Le texte est inséré dans la troisième partie du Livre du prophète Isaïe, une partie que les chercheurs font remonter à une époque plus tardive, lorsqu'Israël, de retour de l'exil à Babylone (VI siècle av. J.C.), reprend sa vie de peuple libre dans la terre de ses pères et reconstruit Jérusalem et le temple. Ce n'est pas un hasard si la ville sainte, comme nous le verrons, se trouve au centre du Cantique et que l'horizon qui s'ouvre est lumineux et pleine d'espérance.
2. Le prophète ouvre son cantique en représentant le peuple à nouveau né, revêtu de vêtements splendides, comme un couple d'époux, prêt pour le grand jour de la célébration nuptiale (cf. Is Is 61,10). Immédiatement après, un autre symbole est évoqué, expression de vie, de joie et de nouveauté: le symbole végétal du germe (cf. Is Is 61,11).
36 Les prophètes ont recours à l'image du germe, sous diverses formes, pour représenter le roi messianique (cf. Is 11,1 Is 53,2 Jr 23,5 Zc Jr 3,8 Jr 6,12). Le Messie est un germe fécond qui renouvelle le monde, et le prophète explicite le sens profond de cette vitalité: "Le Seigneur Yahvé fait germer la justice" (Is 61,11), c'est pourquoi la ville sainte deviendra comme un jardin de justice, c'est-à-dire de fidélité et de vérité, de droit et d'amour. Comme le prophète le disait peu auparavant, "Tu appeleras tes remparts "Salut" et tes portes "Louange"" (Is 60,18).
3. Le prophète continue à élever puissamment sa voix: le chant est inlassable et désire représenter la renaissance de Jérusalem, devant laquelle une nouvelle ère va s'ouvrir (cf. Is 62,1). La ville est décrite comme une épouse qui va bientôt célébrer ses noces.
Le symbolisme sponsal, qui apparaît avec force dans ce passage (cf . Is Is 61,4-5), est dans la Bible l'une des images les plus intenses pour exalter le lien d'intimité et le pacte d'amour entre le Seigneur et le peuple élu. Sa beauté faite de "salut", de "justice" et de "gloire" (cf . Is Is 61,1-2) sera si merveilleuse qu'elle pourra être "une couronne de splendeur dans la main de Yahvé" (cf . Is Is 61,3).
L'élément décisif sera le changement de nom, comme cela se produit également de nos jours lorsqu'une jeune fille se marie. Prendre un "nom nouveau" (cf . Is Is 61,2) signifie presque revêtir une nouvelle identité, entreprendre une mission, changer radicalement de vie (cf. Gn 32,25-33).
4. Le nouveau nom que prendra l'épouse Jérusalem, destinée à représenter tout le Peuple de Dieu, est illustré par le contraste que le prophète spécifie: "On ne te dira plus "Délaissée" et de ta terre on ne dira plus: "Désolation". Mais on t'appellera: "Mon plaisir est en elle" et ta terre "Epousée"" (Is 62,4). Les noms qui indiquaient la situation précédente d'abandon et de désolation, c'est-à-dire la destruction de la ville due aux Babyloniens et le drame de l'exil, sont a présent remplacés par les noms de la renaissance et il s'agit de termes d'amour et de tendresse, de fête et de bonheur.
A ce point, toute l'attention se concentre sur l'époux. Et voilà la grande surprise: le Seigneur lui-même donne à Sion le nouveau nom nuptial. C'est surtout la déclaration finale qui est merveilleuse, résumant le fil thématique du chant d'amour que le peuple a entonné: "Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t'épousera. Et c'est la joie de l'époux au sujet de l'épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet" (Is 61,5).
5. Le chant ne célèbre plus les noces entre un roi et une reine, mais il célèbre l'amour profond qui unit pour toujours Dieu et Jérusalem. Dans son épouse terrestre, qui est la nation sainte, le Seigneur trouve le même bonheur que celui dont le mari fait l'expérience avec sa femme bien-aimée. Le Dieu distant et transcendant, juge juste, laisse à présent place au Dieu proche et plein d'amour. Ce symbolisme nuptial se transférera dans le Nouveau Testament (cf. Ep Ep 5,21-32) et sera repris et développé par les Pères de l'Eglise. Saint Ambroise rappelle par exemple que, dans cette perspective, "le mari est le Christ, la femme est l'Eglise, épouse en raison de l'amour, vierge en raison de sa pureté intacte" (Exposition de l'Evangile selon , Oeuvres exégétiques X/II, Milan-Rome 1978, p. 289).
Et, dans une autre de ses oeuvres, il poursuit: "L'Eglise est belle. C'est pourquoi le Verbe divin lui dit: "Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n'y a pas de motif de blâme" (Ct 4,7), car toute la faute a été ensevelie... C'est pourquoi le Seigneur Jésus - poussé par le désir d'un amour aussi grand, par la beauté de ses vêtements et de sa grâce, car désormais en ceux qui se sont purifiés il n'y a plus la souillure d'aucune faute - dit à l'Eglise: "Place-moi comme un sceau sur ton coeur, comme un sceau sur ton bras" (Ct 8,6), c'est-à-dire: tu es parée, mon âme, tu es toute belle, rien ne te manque! "Place-moi comme un sceau sur ton coeur", pour qu'à travers celui-ci, ta foi resplendisse dans la plénitude du sacrement. Que tes oeuvres resplendissent elles aussi et montrent l'image de Dieu, à l'image duquel tu as été faite" (Les mystères, nn. 49.41: Oeuvres dogmatiques, III, Milan-Rome 1982, PP 156-157).
Au terme de l'Audience générale du 18 juin 2003, le Saint-Père a ajouté les paroles suivantes:
A l'occasion de la fête solennelle du Corpus Domini, j'invite les Romains et les pèlerins à participer nombreux à la célébration qui aura lieu demain soir place Saint-Jean-de-Latran, et à la solennelle procession eucharistique qui se conclura à Sainte-Marie-Majeure.
Puis le Saint-Père a évoqué son voyage en Bosnie et Herzégovine du dimanche 22 juin:
Dimanche prochain, je me rendrai en Bosnie et Herzégovine, pour confirmer dans la foi cette communauté catholique, engagée dans un chemin important de réconciliation et de concorde. Je vous demande de m'accompagner de votre prière dans mon voyage apostolique, que je confie à la sollicitude maternelle de la Sainte Vierge.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les groupes de jeunes présents à cette audience. Alors que nous nous apprêtons à célébrer la fête du Saint-Sacrement, puissiez-vous demeurer les yeux fixés sur le Christ, qui nous accompagne et nous donne sa force !
#25063
Lecture: Jn 21,15-17
1. Le passage de l'Évangile de Jean que nous venons d'entendre, nous a reproposé une scène évangélique suggestive. Le Fils de Dieu confie à Pierre son troupeau, son Église, contre laquelle, lui avait-il assuré auparavant, les portes de l'Hadès ne tiendraient pas (cf. Mt Mt 16,17-18). Jésus fait précéder cette consigne par une demande d'amour: "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?" (Jn 21,15). Une question inquiétante qui, répétée à trois reprises, ramène la pensée au triple reniement de l'Apôtre. Mais celui-ci, malgré l'expérience amère, proteste humblement: "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime" (Jn 21,17).
L'amour est le secret de la mission de Pierre! L'amour est également le secret de ceux qui sont appelés à imiter le Bon Pasteur en guidant le Peuple de Dieu. "Officium amoris pascere dominicum gregem... - Paître le troupeau du Seigneur est un devoir d'amour...", aimait à dire Paul VI, en reprenant une célèbre expression de saint Augustin.
2. "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci?". Combien de fois mon vénéré Prédécesseur, le serviteur de Dieu Paul VI, que nous rappelons aujourd'hui, aura-t-il entendu retentir dans son âme ces paroles de Jésus. Quarante ans se sont écoulés depuis son élection sur la Chaire de Pierre, le 21 juin 1963, et vingt-cinq ans depuis sa mort, le 6 août 1978. Dès sa jeunesse il avait travaillé au service direct du Siège apostolique, aux côtés de Pie XI. Il fut ensuite pendant une longue période l'un des collaborateurs les plus fidèles et précieux de Pie XII. Puis il fut l'immédiat Successeur de Jean XXIII, que j'ai eu la joie d'élever aux honneurs des autels il y a trois ans. Son ministère de Pasteur universel de l'Église dura quinze ans et il fut en particulier marqué par le Concile Vatican II et par une grande ouverture aux exigences de l'époque moderne.
J'ai eu moi aussi la grâce de prendre part aux travaux conciliaires et de vivre la période de l'après-Concile. J'ai pu personnellement apprécier l'engagement dont Paul VI ne cessait de faire preuve pour l'"aggiornamento" nécessaire de l'Église aux exigences de la nouvelle évangélisation. En lui succédant sur la Chaire de Pierre, j'ai pris soin de poursuivre l'action pastorale qu'il avait commencée, en m'inspirant de lui comme d'un Père et d'un maître.
3. Apôtre fort et doux, Paul VI a aimé l'Église et il a travaillé pour son unité et pour en intensifier l'action missionnaire. Dans cette optique, l'on comprend pleinement l'initiative innovatrice des Voyages apostoliques, qui constitue, aujourd'hui, une partie intégrante du ministère du Successeur de Pierre.
Il voulait que la Communauté ecclésiale s'ouvre au monde, sans cependant céder à l'esprit du monde. Avec une sagesse prudente, il a su résister à la tentation de s'"adapter" à la mentalité moderne, en affrontant avec une force évangélique les difficultés et les incompréhensions et, dans certains cas, également l'hostilité. Même dans les moments les plus difficiles, sa Parole éclairante n'a jamais fait défaut au Peuple de Dieu. Au terme de sa vie, le monde entier parut redécouvrir sa grandeur et se serra autour de lui dans une étreinte émue.
4. Son magistère est riche et en grande partie orienté vers l'éducation des chrétiens au sens de l'Église.
Parmi ses nombreuses interventions, je me limiterai à rappeler, outre l'Encyclique du début du pontificat Ecclesiam suam, l'émouvante profession de foi, connue comme le Credo du Peuple de Dieu, prononcée avec vigueur sur la Place Saint-Pierre le 30 juin 1968. Comment ne pas parler ensuite des prises de position courageuses en faveur de la vie humaine dans l'Encyclique Humanae vitae, et en faveur des peuples en voie de développement dans l'Encyclique Populorum progressio, pour édifier une société plus juste et solidaire?
Viennent ensuite les réflexions personnelles qu'il avait l'habitude de noter au cours de ses retraites spirituelles, lorsqu'il se "retirait" avec lui-même, comme "dans la cellule de son coeur". Il méditait souvent sur la place à laquelle Dieu l'avait appelé au service de l'Église "toujours aimée", dans l'esprit de la vocation de Pierre. "A cette méditation - notait-il au cours d'une de ces retraites - personne ne pourrait être plus engagé que moi... A la comprendre, à la vivre! Seigneur, quelle réalité, quel mystère!... C'est une aventure où tout dépend du Christ...." (Retraite 5-13 août 1963 - Meditazioni inedite - Ed. Studium).
5. Très chers frères et soeurs, rendons grâce à Dieu pour le don de ce Souverain Pontife, guide solide et sage de l'Église. Dans l'homélie du 29 juin 1978, un peu plus d'un mois avant la conclusion de son active existence terrestre, Paul VI confiait: "Devant les dangers que nous avons décrits... nous nous sentons poussés à aller au Christ, comme à l'unique salut, et à lui dire: "Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68). Lui seul est la vérité, Lui seul est notre force, Lui seul notre salut. Réconfortés par Lui, nous poursuivrons ensemble notre chemin" (Insegnamenti XVI, 1978, p. 524).
A la lumière de l'objectif éternel, nous comprenons mieux combien il est urgent d'aimer le Christ et de servir son Église avec joie. Que Marie, que Paul VI voulut proclamer Mère de l'Église avec un amour filial, nous obtienne cette grâce. Et que ce soit précisément Elle, la Madone, qui serre entre ses bras son fils pieux dans la béatitude éternelle réservée aux fidèles serviteurs de l'Évangile.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Lycée Sainte-Marie, de Blois. Que votre pèlerinage à Rome ouvre vos coeurs au mystère de l’Église, pour que vous en soyez vous-mêmes des pierres vivantes !
Dimanche dernier, la divine Providence m'a permis d'accomplir un nouveau voyage apostolique en Bosnie et Herzégovine, dans la ville de Banja Luka, six ans après ma visite pastorale à Sarajevo. Un voyage bref, mais intense et rempli d'espérance pour ce pays si éprouvé par les récents conflits.
Je renouvelle mon remerciement cordial à ceux qui m'ont accueilli, aux évêques, aux Autorités publiques, aux responsables politiques du pays et aux membres du Conseil interreligieux que j'ai pu rencontrer, en constatant avec plaisir leur disponibilité au dialogue. J'ai saisi chez tous la volonté de surmonter les douloureuses expériences du passé pour édifier, dans la vérité et le pardon réciproque, une société digne de l'homme et agréable à Dieu.
Le sommet du pèlerinage a été la solennelle liturgie eucharistique pour la béatification d'Ivan Merz, que j'ai proposé comme exemple aux catholiques de cette terre, et en particulier aux jeunes. Par son intercession, prions le Seigneur que ce Voyage apostolique porte les fruits espérés pour l'Eglise et pour toute la population de Bosnie et Herzégovine. Je demande à Dieu que, soutenus également par la Communauté internationale, ces peuples soient en mesure de résoudre les problèmes complexes encore existant, et puissent réaliser leur légitime aspiration à vivre en paix et à faire partie de l'Europe unie.
20703 Lecture: (Ps 145,1-3 Ps 145,5-6)
1. Le Psaume 145, que nous venons d'entendre, est un "alléluia", le premier des cinq qui terminent le recueil du Psautier dans son ensemble. La tradition liturgique hébraïque a déjà utilisé cet hymne comme chant de louange pour le matin: il atteint son sommet dans la proclamation de la souveraineté de Dieu sur l'histoire humaine. En effet, à la fin du Psaume il est déclaré que "Yahvé règne pour les siècles" (Ps 145,10).
Il s'ensuit une vérité réconfortante: nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes, les événements de nos journées ne sont pas dominés par le chaos ou le hasard, ils ne sont pas une simple succession d'actes privés de tout sens et sans objectif. A partir de cette conviction se développe une véritable profession de foi en Dieu, célébré dans une sorte de litanie dans laquelle sont proclamées les qualités d'amour et de bonté qui lui sont propres (cf. Ps Ps 145,6-9).
2. Dieu est le créateur du ciel et de la terre, il est le gardien fidèle du pacte qui le lie à son peuple, il est Celui qui rend justice aux opprimés, qui donne le pain qui soutient les affamés et libère les prisonniers. C'est Lui qui ouvre les yeux aux aveugles, qui relève celui qui est tombé, qui aime les justes, qui défend l'étranger, qui soutient l'orphelin et la veuve. C'est lui qui bouleverse la vie des impies et qui règne de façon souveraine sur tous les êtres et sur tous les temps.
Il y a douze affirmations théologiques qui, à travers leur nombre parfait, veulent exprimer la plénitude et la perfection de l'action divine. Le Seigneur n'est pas un Souverain distant de ses créatures, mais il participe à leur histoire: il est Celui qui fait régner la justice, en se rangeant du côté des derniers, des victimes, des opprimés, des malheureux.
3. L'homme se trouve alors face à un choix radical entre deux possibilités antagonistes: d'un côté, il y a la tentation de "mettre sa foi dans les princes" (cf. Ps Ps 145,3), en adoptant leurs critères inspirés par la méchanceté, l'égoïsme et l'orgueil. En réalité, il s'agit d'une voie glissante et vouée à l'échec, c'est "un sentier tortueux, une piste oblique" (cf. Pr Pr 2,15), qui a comme point d'arrivée le désespoir.
En effet, le Psalmiste nous rappelle que l'homme est un être fragile et mortel, comme le dit le vocable 'adam, qui en hébreu renvoie à la terre, à la matière, à la poussière. L'homme - répète souvent la Bible - est semblable à un palais qui s'émiette (cf. Qo Qo 12,1-7), à une toile d'araignée que le vent peut rompre (cf. Jb Jb 8,14), à un brin d'herbe verdoyant à l'aube, mais desséché le soir (cf. Ps Ps 89,5-6 Ps 102,15-16). Quand la mort le surprend, tous ses projets s'anéantissent et il redevient poussière: "Il rend le souffle, il retourne à sa glaise, en ce jour-là périssent ses pensées" (Ps 145,4).
4. Il existe, cependant, une autre possibilité pour l'homme et il s'agit de celle qui est exaltée par le Psalmiste dans une Béatitude: "Heureux qui a l'appui du Dieu de Jacob et son espoir en Yahvé son Dieu" (Ps 145,5). C'est la voie de la confiance dans le Dieu éternel et fidèle. Amen, qui est le verbe hébreu de la foi, signifie précisément se fonder sur la fidélité inébranlable du Seigneur, sur son éternité, sur sa puissance infinie. Mais cela signifie surtout partager ses choix que la profession de foi et de louange, que nous avons décrite auparavant, a mis en lumière.
Il est nécessaire de vivre en adhérant à la volonté divine, d'offrir le pain aux affamés, de rendre visite aux prisonniers, de soutenir et de réconforter les malades, de défendre et d'accueillir les étrangers, de se consacrer aux pauvres et aux indigents. C'est, en pratique, le même esprit que celui des Béatitudes; faire le choix de cette décision d'amour nous sauve déjà dans cette vie, qui sera ensuite l'objet de notre examen lors du jugement dernier qui scellera l'histoire. Nous serons alors jugés sur le choix de servir le Christ dans ceux qui sont affamés, assoiffés, étrangers, nus, malades ou en prison. "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25,40): c'est ce que dira alors le Seigneur.
5. Nous concluons notre méditation sur le Psaume 145 par un élément de réflexion qui nous est offert par la tradition chrétienne successive.
Origène, le grand écrivain du III siècle, lorsqu’il parvient au v. (Ps 145,7) du Psaume qui dit: "Il donne aux affamés du pain, Yahvé délie les enchaînés", y voit une référence implicite à l'Eucharistie: "Nous avons faim du Christ, et lui-même nous donnera le pain du ciel. "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien". Ceux qui parlent ainsi sont affamés; ceux qui ressentent le besoin du pain sont affamés". Et cette faim est pleinement rassasiée par le Sacrement eucharistique, dans lequel l'homme se nourrit du Corps et du Sang du Christ (cf. Origène-Jérôme, 74 homélies sur le livre des psaumes, Milan 1993, PP 526-527).
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier le groupe de la Cité des Jeunes-Nazareth de Mbare, l’association Nolite timere, les acolytes de Bruges, les jeunes d’Alsace, de Dijon et de Gap. En ce temps de vacances, puissiez-vous demeurer attentifs au Seigneur dans la prière, la lecture de l’Écriture et la participation à l’Eucharistie !
A l'issue de l'Audience générale, le Pape lançait un appel face à la situation dramatique au Liberia et en Ouganda:
C'est avec une profonde tristesse que je suis les événements dramatiques qui ont lieu au Liberia et dans la région septentrionale de l'Ouganda. Je fais appel à l'engagement de tous, afin que ces chères populations africaines retrouvent la paix et la sécurité, et que l'avenir auquel elles ont droit ne leur soit pas nié. J'exprime en outre ma proximité aux Eglises locales, durement touchées dans leurs membres et dans leurs oeuvres, et j'encourage les pasteurs et tous les fidèles à être forts et solides dans l'espérance. Que notre prière insistante à la divine Miséricorde soit exaucée!
9073 Lecture: (Ps 142,1 Ps 142,6-7 Ps 142,10-11)
1. Le Psaume 142 qui vient d'être proclamé est le dernier de ceux que l'on appelle les "Psaumes de pénitence" du groupe des sept supplications présentes dans le Psautier (cf. Ps Ps 6 Ps 31 Ps 37 Ps 50 Ps 101 Ps 129 Ps 142). La tradition chrétienne les a tous utilisés pour invoquer du Seigneur le pardon des péchés. Le texte que nous voulons approfondir aujourd'hui était particulièrement cher à saint Paul, qui en avait déduit une culpabilité radicale dans toute créature humaine: "Nul vivant n'est justifié devant toi" (Ps 142,2). Cette phrase est reprise par l'Apôtre comme base de son enseignement sur le péché et la grâce (cf. Ga Ga 2,16 Rm 3,20).
La Liturgie des Laudes nous propose cette supplication comme une intention de fidélité et une imploration d'aide divine au début de la journée. En effet, le Psaume nous fait dire à Dieu: "Fais que j'entende au matin ton amour, car je compte sur toi" (Ps 143 [142], 8).
2. Le Psaume commence par une invocation intense et insistante adressée à Dieu, fidèle à ses promesses concernant le salut offert au peuple (cf. Ps Ps 142,1). L'orant reconnaît ne pas avoir de mérites à faire valoir et demande donc humblement à Dieu de ne pas le juger (cf. Ps Ps 142,2).
Puis il décrit de la situation dramatique, semblable à un cauchemar mortel, dans laquelle il se débat: l'ennemi, qui est la représentation du mal présent dans l'histoire et le monde, l'a conduit au seuil de la mort. En effet, le voici tombé dans la poussière de la terre, qui est déjà une image du sépulcre; voici les ténèbres, qui sont la négation de la lumière, signe divin de vie; voici, enfin, "ceux qui sont morts à jamais", c'est-à-dire les défunts (cf. Ps Ps 142,3), parmi lesquels il lui semble avoir été déjà relégué.
3. L'existence même du Psalmiste est dévastée; le souffle lui manque désormais et son coeur semble un morceau de glace, incapable de continuer à battre (cf. Ps Ps 142,4). Le fidèle, atterré et écrasé, n'a plus que les mains de libres, qui s'élèvent vers le ciel en un geste qui est, dans le même temps, une imploration d'aide et une recherche de soutien (cf. Ps Ps 142,6). Sa pensée, en effet, retourne au passé où Dieu a accompli des prodiges (cf. Ps Ps 142,5).
Cette étincelle d'espérance réchauffe le gel de la souffrance et de l'épreuve dans lequel l'orant se sent plongé et sur le point d'être emporté (cf. Ps Ps 142,7). La tension, toutefois, demeure profonde; mais un rayon de lumière semble se profiler à l'horizon. Nous passons ainsi à l'autre partie du Psaume (cf. Ps Ps 142,7-11).
4. Celle-ci s'ouvre sur une invocation nouvelle et pressante. Le fidèle, sentant presque que sa vie lui échappe, lance son cri à Dieu: "Viens vite, réponds-moi Yahvé, je suis à bout de souffle" (v. 7). Il a même peur que Dieu lui ait caché sa face et se soit éloigné, abandonnant sa créature et la laissant seule.
La disparition de la face divine plonge l'homme dans le désespoir, et même dans la mort, car le Seigneur est la source de la vie. C'est précisément une fois arrivé à cette sorte d'ultime frontière que fleurit la confiance dans le Dieu qui n'abandonne pas ses fidèles. L'orant multiplie ses invocations et les renforce de déclarations de confiance dans le Seigneur: "car je compte sur toi [...] car vers toi j'élève mon âme [...] près de toi je suis à couvert [...] car c'est toi mon Dieu...". Il demande à être délivré de ses ennemis (cf. Ps Ps 142,8-10) et libéré de l'angoisse (cf. v. 11), mais il fait également une autre demande de façon répétée, qui manifeste une profonde aspiration spirituelle: "Enseigne-moi à faire tes volontés, car c'est toi mon Dieu" (Ps 142,10 cf. Ps Ps 142,8 Ps Ps 142, Ps 142,10). Nous devons faire nôtre cette demande admirable. Nous devons comprendre que notre bien le plus grand est l'union de notre volonté à la volonté de notre Père céleste, car ce n'est qu'ainsi que nous pouvons recevoir en nous tout son amour, qui nous apporte le salut et la plénitude de la vie. Si elle n'est pas accompagnée d'un puissant désir de docilité à Dieu, la confiance en Lui n'est pas authentique.
L'orant en est conscient et exprime donc ce désir. Il formule alors une véritable profession de confiance dans le Dieu sauveur, qui libère de l'angoisse et redonne le goût de vivre, au nom de sa "justice", c'est-à-dire de sa fidélité bienveillante et salvifique (cf. Ps Ps 142,11). Partie d'une situation extrêmement angoissante, la prière a abouti à l'espérance, à la joie et à la lumière, grâce à une adhésion sincère à Dieu et à sa volonté, qui est une volonté d'amour. Telle est la puissance de la prière, qui engendre la vie et le salut.
5. En fixant le regard sur la lumière du matin de la grâce (cf. Ps Ps 142,8), saint Grégoire le Grand, dans son commentaire sur les sept Psaumes pénitentiels, décrit ainsi l'aube d'espérance et de joie: "C'est le jour illuminé par le véritable soleil qui ne connaît pas le crépuscule, que les nuages n'assombrissent pas et que la brume ne voile pas... Lorsque apparaîtra le Christ, notre vie, et que nous commencerons à voir Dieu, à visage découvert, alors, toute obscurité disparaîtra des ténèbres, toute brume de l'ignorance s'évanouira, tout nuage de tentation se dissipera... Ce sera le jour lumineux et splendide, préparé pour tous les élus par Celui qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a conduits au royaume de son Fils bien-aimé.
Le matin de ce jour est la résurrection future... Ce matin-là, le bonheur des justes brillera, la gloire apparaîtra, la joie jaillira, lorsque Dieu séchera toute larme des yeux des saints, lorsque la mort sera enfin vaincue, lorsque les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume du Père.
Ce matin-là, le Seigneur fera connaître sa miséricorde... en disant: "Venez, les bénis de mon Père" (Mt 25,34). Alors, sera manifestée la miséricorde de Dieu, que l'âme humaine ne peut concevoir dans la vie présente. Car le Seigneur a en effet préparé, pour ceux qui l'aiment, ce que l'oeil ne vit pas, ce que l'oreille n'entendit pas et qui n'entra jamais dans le coeur de l'homme" (PL 79, Col 649-650).
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J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, en particulier le groupe international des Filles de la Sagesse, les membres de la Manécanterie Saint-Grégoire de Bompas et les jeunes du Collège Saint-François de Sales, de Dijon. Puisse votre pèlerinage à Rome raviver en vous l’esprit de prière et de foi, et faire de vous de vrais témoins du Christ!
Catéchèses S. J-Paul II 11063