Augustin loc. heptateuque 1190
1190 Gn 46,2. At ille respondit, quid est ? dicens[152]. L'ordre naturel est celui-ci : At ille respondit, dicens : Quid est ?
1191 Gn 46,4. Dieu dit à Jacob : Ego descendam tecum in Aegyptum, et ego adscendere te faciam in finem[153] ; ainsi s'exprime le texte grec ; mais les versions latines portent et ego deducam te in finem.
1192 Gn 46,28. « Jacob envoya Juda devant lui avertir Joseph, pour qu'il vint à sa rencontre jusqu'à la ville d'Heroüs : » je ne pense pas que le nom de cette ville se retrouve ailleurs dans l'Écriture.
1193 Gn 46,31-32. Dans ces paroles de Joseph à ses frères : « Je m'en vais dire à Pharaon : Mes frères et tous ceux de la maison de mon père, qui habitent la terre de Chanaan, sont venus me trouver ; ils sont tous pasteurs, (car l'occupation de ces hommes était de nourrir des troupeaux) et ils « ont amené avec eux leurs bêtes de somme, leurs brebis et tous ce qu'ils possèdent. » Cette phrase mise entre parenthèse est une réflexion de l'écrivain sacré, qui reprenant aussitôt la suite du discours de Joseph ajoute : « ils ont amené leurs bêtes de somme et tout ce qu'ils possèdent. » Tel est donc l'ordre des paroles prononcées par Joseph : « Ils sont tous pasteurs, et ils ont amené leurs bêtes de somme, leurs brebis et tout ce qu'ils possèdent. »
[152] Il répondit : Que demandez-vous de moi ?
[153] J'irai avec toi en Égypte, et je saurai t'en faire sortir un jour.
1194 Gn 47,8. Dixit autem Pharao ad Jacob : Quot anni dierum vitae tuae[154] ? Il faut sous-entendre sunt.
1195 Gn 47,9. Pusilli et mali fuerunt dies annorum vitae meae[155]. Pusilli est mis pour pauci ; car il n'y a pas d'homme, de qui les jours comptent moins d'heures que ceux des autres. Jacob parlait ainsi, en comparant sa vie avec la longue vie de ses ancêtres : car il avait cent trente ans, et personne aujourd'hui n'arrive à cet âge.
1196 Gn 47,12. Triticum secundum corpus[156] ; c'est comme s'il y avait secundum numerum corporum. Il faut donc entendre par corps le nombre des corps, et par le nombre, de corps celui des personnes.
1197 Gn 47,14. « La famine sévissait plus fort que jamais, et la terre d'Égypte était condamnée à périr. »
La terre est mise ici pour les hommes qui l'habitaient.
1198 Gn 47,15. « Tous les Égyptiens vinrent trouver Joseph, et lui dirent : Donne-nous du pain. » Le mot pain s'entend ici du blé, c'est une locution désignant par le nom même de l'objet, l'élément qui sert à le composer.
1199 Gn 47,20. Et facta est terra Pharaoni[157] ; il fallait dire Pharaonis.Cette manière de parler est familière à l'Écriture. On en voit un autre exemple dans ce passage des psaumes : Et custodivi legem tuam ; haec facta est mihi, quia justificationes tuas exquisivi[158] ; ainsi David dit de la loi divine haec facta est mihi, pour signifier in meam utilitatem.
1200 Gn 47,24. Praeter terram sacerdotum tantum, non possedit Joseph[159] ; c'est comme s'il y avait : Praeter terram sacerdotum tantum, omnem terram possedit Joseph.
1201 Gn 47,26. « A partir de ce jour, Joseph leur imposa l'obligation de payer à Pharaon la cinquième partie des fruits de la terre, ce qui s'observe encore aujourd'hui. » Ces mots : « encore aujourd'hui, » font bien voir que Pharaon est un nom commun à tous les rois d'une même dynastie. Car, à l'époque où cette histoire a été écrite, le Pharaon contemporain de Joseph n'existait plus ; ce n'était donc pas à lui que les Égyptiens pouvaient payer l'impôt.
1202 Gn 47,28. Et fuerunt dies Jacob annorum vitae ejus[160]. L'Écriture dit souvent dies annorum, là où il lui suffirait de mettre simplement anni.
[154] Pharaon demanda â Jacob quel âge il avait.
[155] Les jours que j'ai vécu sont peu nombreux, et remplis de beaucoup de maux.
[156] Du blé en proportion du nombre des personnes.
[157] Toute la terre devint la propriété de Pharaon.
[158] J'ai observé, votre loi ; elle m'a été d'une grande utilité, parce que je n'ai eu d'autre désir que d'accomplir vos commandements. (Ps 118,56.)
[159] Il n'y eut que la terre des prêtres, dont Joseph ne prit pas possession.
[160] Tout le temps de la vie de Jacob fut.
1203 Gn 48,1. Dans cette phrase : Nuntiatum est Joseph : Quia pater tuus turbatur[161], certaines versions emploient le mot vexatur ; d'autres oestuatur, ailleurs ce sont d'autres expressions encore, chaque traducteur latin choisissant le terme qui lui semblait le plus propre à rendre l'idée du grec enokhleitai.Mais le mot turbatur parait être le mieux choisi, parce qu'il se dit ordinairement de ceux dont le corps est en proie aux agitations de l'agonie. De là vient aussi que turba et okhlos sont synonymes ; car le mot turba représente une multitude confuse : il n'a donc pas le sens de populus[162], peuple, en grec demos, ni de plebs[163], en grec laos, mais bien le sens de okhlos, qui signifie foule.
1204 Gn 48,16. Entre toutes les paroles par lesquelles Jacob bénit les enfants de Joseph, ses petits-fils, on remarque celles-ci : Et invocabitur in his nomen meum, et nomen patrum meorum[164] ; ce qui fait voir que le verbe invocare, aussi bien que le verbe exaudire, ne s'applique pas seulement à Dieu, mais quelquefois aussi aux hommes.
1205 Gn 48,18. Hic enim primitivus[165] ; le verbe est n'est pas exprimé, conformément au texte grec.
1206 Gn 48,24. Jacob, bénissant Joseph, dit entre autres choses :Inde quid confortavit Israël[166].Il y a tout lieu de croire que le verbe est est sous-entendu, en sorte que la proposition pleine serait : Inde est qui confortavit Israël.
[161] On vint dire à Joseph que son père était fort mal.
[162] Peuple.
[163] Bas peuple.
[164] Ils porteront mon nom et le nom de mes pères.
[165] Celui-ci est l’aîné.
[166] Par là il est devenu l'appui de la maison d'Israël.
1207 Gn 50,2. Au sujet de cette phrase : Dixit Joseph servis suis sepultoribus, ut sepelirent patrem ejus[167], notons que la langue latine n'a pas de mot, pour exprimer l'office de ceux qui sont appelés en grec entaphiastai. Leur office n'était pas d'inhumer, c'est-à-dire, de confier à la terre les corps morts, ce qu'on exprime en grec par thapsai, et non par entaphiastai. Ceux qui sont appelés entaphiastai, étaient chargés de faire tous les préparatifs qui précédaient l'inhumation des corps, comme de les embaumer, de les sécher, de les envelopper et serrer de bandelettes ; et l'on sait qu'en cette matière les Égyptiens n'ont pas de rivaux. Quand on lit : Etiam sepelierunt, cela veut dire qu'ils lui donnèrent leurs soins. Et ces autres paroles : quadraginta dies sepulturae, doivent s'entendre des quarante jours employés en ces sortes de préparatifs, puisque le saint patriarche n'a jamais été enterré ailleurs, que dans le tombeau qu'il avait lui-même désigné.
1208 Gn 50,4. Loquimini in aures Pharaonis[168], est un locution très usitée dans l'Écriture.
1209 Gn 50,6. « Pharaon dit à Joseph : Va, et ensevelis ton père. » Quoique ces paroles fussent dites aux grands seigneurs, que Joseph avait envoyés, et qui devaient lui rapporter la réponse de Pharaon, elles s'adressaient véritablement à Joseph. La même chose se remarque dans l'Évangile ; car un des évangélistes raconte qu'un centurion vint trouver le Seigneur, en disant « Mon serviteur est malade de paralysie dans ma maison[169] ; » et un autre évangéliste, qui raconte le même fait avec toutes ses circonstances, nous apprend que cet officier envoya vers le Seigneur plusieurs de ses amis, pour lui faire connaître l'état de son serviteur[170]. Maison peut dire que c'est lui-même qui venait dans la personne de ses amis ; puisque ceux-ci. n'étaient que les exécuteurs de ses volontés. Même remarque encore sur ces paroles de Jésus-Christ : «Celui qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a envoyé[171]. »
1210 Gn 50,10. Planxerunt eum planctum magnum et validum[172]. Planxerunt planctum est mis pour planxerunt planctu. Cette locution n'est pas étrangère à la langue latine, où l'on dit : servitutem servivit, il a vécu dans l'esclavage, militiam militavit, il a suivi la profession des armes, et autres locutions semblables.
1211 Gn 50,15. Et redditione reddet nobis omnia mala quae ostendimus ei[173]. La même locution se remarque dans ces paroles de l'Apôtre : Alexander oerarius multa mala mihi ostendit[174]. Ainsi ostendimus est mis pour fecimus, et ostendit pour fecit.
1212 . Accipe iniquitatem servorum Dei patris tuti[175]. C'est encore une nouvelle locution, de dire accipe iniquitatem, au lieu de ignosce, pardonne, ou remitte, remets, ou bien obliviscere oublie ; je pense toutefois que le mot accipe, a été choisi à dessein, pour présenter la même idée que dans cette phrase : aequo animo accipe, dont le sens est, supporte sans aucun ressentiment.
1213 Gn 50,18. « Étant venus le trouver, ils lui dirent : » ce n'est pas que les frères de Joseph se soient rendus vers lui une seconde fois, mais l'écrivain sacré répète seulement ce qu'il a déjà dit. On trouve beaucoup d'exemples semblables dans l’Écriture.
[167] Joseph commanda à ceux de ses serviteurs qui avaient le soin des morts, de rendre les derniers devoirs à son père.
[168] Parlez vous-même à Pharaon.
[169] Mt 5,6.
[170] Lc 7,3.
[171] Mt 10,14.
[172] Ils le pleurèrent avec de vifs sentiments de douleur.
[173] Il nous rendra sans doute tout le mal que nous lui avons fait.
[174] Alexandre, l'ouvrier en cuivre, m'a fait beaucoup de mal. (2Tm 4,14.)
[175] Oublie l'injustice de ceux qui servent le Dieu de ton père.
2001 Ex 1,7 Ex 1,12. Et invalescebant valde valde[176].
2002 Ex 1,21. Quel est le sens de ces paroles relatives aux sages-femmes d'Égypte : « Elles établirent leurs maisons, parce qu'elles avaient agi avec la crainte de Dieu ? » On lit au verset précédent : « Dieu combla les sages-femmes de ses faveurs ; » et ce qu'on voit ensuite, « qu'elles établirent leurs maisons, en agissant avec la crainte de Dieu, » ne paraît être que la conséquence de ce qui précède : les faveurs de Dieu auraient donc eu précisément pour objet l'établissement de leurs maisons. Est-ce pour cela qu'avant ce moment elles n'avaient pas de maison ? Ou ne faut-il pas plutôt entendre par ce mot les richesses, ou mieux encore certains avantages qui font la prospérité des familles ? Il semble en effet que ce terme a la même signification que dans ce passage, où Jacob, après avoir servi pendant quatorze ans son beau-père, qui voulait le retenir plus longtemps encore, lui dit : « Quand donc pourrai-je, moi aussi, établir ma maison[177] ? » Or il venait de dire que les troupeaux de Laban s'étaient considérablement multipliés par ses soins ; et Laban lui-même l'avait reconnu par ces paroles : « Le Seigneur m'a béni à ton arrivée[178]. » En disant donc : « Quand pourrai-je, moi aussi, établir ma maison ?» c'est comme s'il eût ajouté Ainsi que tu t'as fait toi-même ; car telle est, ce semble, la portée de ces mots : « Et moi aussi. » Par là-même le salaire que Laban est prié de fixer, parait se rapporter à l'établissement de la maison de Jacob.
2003 Ex 1,22. Et omne femininum vivificate illud[179] : ainsi s'exprime le texte grec : les versions latines ne mettent pas illud.
[176] Et ils se multipliaient prodigieusement.
[177] Gn 30,30.
[178] Gn 30,27.
[179] Ne réservez que les filles.
2004 Ex 2,1-2. Erat autem quidam de tribu Levi, et sumpsit sibi de feliabus Levi[180] ; uxorem est sous-entendu, et même quelques interprètes latins on jugé à propos de l'exprimer. On lit ensuite : Et habuit eam, et concepit[181].
2005 Ex 2,3. La signification de thibin est difficile à découvrir, parce que l'interprète grec n'a pas traduit ce mot de l'hébreu, ni l’interprète latin du grec ; mais chacun l'a reproduit comme il l'a trouvé.
2006 Ex 2,14. Timuit autem Moyses et dixit : Si sic divulgatum est verbum hoc[182].Il y a deux choses à remarquer dans cette locution : la première, c'est que la pensée n'est pas entièrement exprimée et que la phrase reste inachevée ; la seconde, c'est que verbum est mis pour factum.
2007 Ex 2,25. Et respexit filios Israël, et innotuit illis[183]. Innotuit marque ici ce que Dieu fit pour prouver aux Israëlites qu'ils étaient l'objet de sa sollicitude.
[180] Il y avait un homme de la tribu de Lévi, qui épousa une des filles de sa tribu.
[181] Il l'épousa, et elle conçut.
[182] Moïse eut peur, et dit : Si le public connaît ainsi cette action.
[183] Le Seigneur regarda les enfants d'Israël, et se déclara en leur faveur.
2008 Ex 3,7. Videns vidi vexationem populi mei,qui est in Egypto[184].
2009 Ex 3,11-12. Et dixit Moyses ad Deum : Quis sum, quia ibo ad Pharaonem regem Aegypti, et quia educam flios Israël de terra Aegypti ? Dixit auteur Quoniam ero tecum[185] ; ainsi porte le texte grec. Mais le texte latin met : Et quis ego ? il ne dit pas non plus :Quia ibo, et quia educam, mais ut eam et educam. Quant à ces paroles du texte grec : Dixit autem quia ero tecum, on comprend sans peine que Dieu les adresse à Moïse ; ce que marque expressément la version latine : Dixit autem Deus ad Moysen.
2010 Ex 3,16. Dieu charge Moïse de dire de sa part aux enfants d'Israël : Visitans visitavi vos, et quaecumque contigerunt vobis in Egypto[186].On lit dans le grec : Visitatione visitavi vos.
2011 Ex 3,18. Dieu dit à Moïse, en parlant des enfants d'Israël : Et audient vocem tuam[187].Le grec porte : Et exaudient vocem tuam ; par où l'on voit que le verbe exaudire s'applique aussi à l'homme.
2012 Ex 3,22. Là où le latin met : Poscet mulier a vicina et ab in quilina sua vasa argentes et aurea et vestem[188], on lit dans le grec : a cohabitatrice sua, du mot suskenou que plusieurs traducteurs latins rendent par a concellaria sua.
[184] J'ai vu l’affliction de motu peuple qui est en Égypte.
[185] Moïse dit à Dieu : Qui suis je, pour me présenter à Pharaon, roi d'Égypte ? Et Dieu lui répondit : Je serai avec toi.
[186] Je suis venu vous visiter, et j'ai été témoin de tout ce qu'on vous a fait en Égypte.
[187] Ils écouteront ta voix.
[188] Chaque femme demandera à sa voisine et à son hôtesse des vases d'or et d'argent et des vêtements.
2013 Ex 4,1. Dans ces paroles de Moïse : Quid si non crediderint mihi, neque exaudierint vocem meam[189] ? la version latine s'est servie du mot audierint.
2014 Ex 4,4. On lit dans le grec : Extende manum et apprehende caudam[190] ; ce qui est rendu en latin par manum tuam, et caudam ejus.
2015 Ex 4,4 On lit ensuite : Et extendens manum, apprehendit caudam,et facta est virga in manu ejus[191].
2016 Ex 4,5. « Et Dieu ajouta : Afin qu'ils croient, que le Seigneur, le Dieu de leurs pères, t'a apparu.» Le grec ne met pas : « Et Dieu ajouta ; » mais aussitôt après le récit du miracle, il reprend les paroles mêmes de Dieu : « Afin qu'ils croient ; » comme si Dieu parlait encore, et achevait seulement d'exprimer sa pensée. Car voici l'ordre des paroles : « Étends ta main, et saisis la queue du serpent, afin qu'ils te croient. » Mais on a intercalé le récit du fait miraculeux, pour compléter ensuite le discours par ces mots : « Afin qu'ils te croient. »
2017 Ex 4,6. On lit dans les versions latines : Et facta est manus ejus leprosa tanquam nix[192].Le grec ne met pas leprosa, mais seulement facta est tanquam nix.
2018 Ex 4,8. Quod si non audierint vocem signi primi[193] ainsi porte le texte grec ; mais on lit dans le latin : vocem tuam signi primi.Même remarque que pour la phrase suivante : Credent tibi in vote signi sequentis[194].
2019 Ex 4,9. Et erit aqua, quam sumes de flumine, sanguis super aridam[195].Il faut plutôt mettre super aridum, qui veut dire : en un lieu sec. L'interprète latin a mis : sanguis super terram.
2020 Ex 4,10. Moïse dit à Dieu : «Je vous prie, Seigneur, de considérer que je n'ai jamais été un homme éloquent, ni hier ni avant-hier.
2021 Ex 4,17. Et virgam hanc sumes in manum tuam, in qua facies in ea signa[196].On pouvait dire simplement : in qua facies signa ; ou du moins Virgam hanc sumes ira manum tuam et facies in ea signa. Mais ces deux formes sont employées en même temps, comme on le voit souvent dans les Écritures.
2022 Ex 4,17. Post dies autem illos multos, mortuus est rex Aeyypti ; dixit autem Dominus ad Moysen in Madian : Vade, perge in Aegytum, mortui sunt enim omnes qui quaerebant animam tuam[197]. On remarque ici plusieurs locutions d'espèces différentes. La première : Vade, perge in Aegyptum ; il suffisait de dire seulement vade, ou bien perge. La seconde : « Tous ceux qui veulent t'ôter la vie sont morts ; » cependant l'Écriture ne parle que de la mort du roi d'Égypte, et n'a jamais attribué qu'à lui seul le dessein dé faire mourir Moïse. Faut-il entendre qu'il mourut après tous les autres ennemis du prophète ? Alors ce ne serait plus une simple locution, mais le sens serait changé. Enfin ces paroles : Qui quaerebant animam tuam, sont employées dans l'Écriture en bonne comme en mauvaise part : en mauvaise part, comme dans ce passage des psaumes : Confundantur et revereantur qui quaerunt animam meam[198].C'est en bonne part dans cet autre passage : Periit fuga a me, et non est qui requirat animam meam[199].Je ne suppose pas, en faisant cette remarque, qu'on cherche la différence des acceptions dans la différence des verbes quaerere et requirere, comme si le premier devait être pris en mauvaise part et le second en bonne part.
[189] Que ferai-je, s'ils ne s'en rapportent pas à moi, et s'ils :n'écoutent pas ma voix ?
[190] Étends ta main, et saisis la queue du serpent.
[191] Alors étendant la main, il prit la queue du serpent, qui se changea en verge dans sa main.
[192] Et sa main fut couverte d'une lèpre aussi blanche que la neige.
[193] S'ils résistent au premier miracle.
[194] Ils te croiront après le second miracle.
[195] L'eau que tu prendras dans le fleuve, étant versée sur la terre, se changera en sang.
[196] Tu tiendras en ta main cette verge, avec laquelle tu feras des miracles.
[197] Longtemps après, le roi d'Égypte mourut, et le Seigneur dit à Moïse qui habitait Madian : Va et retourne en Égypte, car ceux qui voulaient t'ôter la vie sont morts.
[198] Que ceux qui en veulent à ma vie soient couverts de honte et de confusion. (Ps 39,16.)
[199] Je ne puis plus trouver mon salut dans la fuite, et je ne vois personne qui veuille me sauver la vie. (Ps 141,5.)
2023 Ex 5,10. Et dicebant ad populum dicentes : Haec dixit Pharao[200].Le traducteur latin n'a pas jugé à propos de reproduire cette locution.
2024 Ex 5,21. Videat Deus vos et judicet, quoniam exsecrabilem fecistis odorem nostrum palam Pharaone et palam servis ejus, dare gladium in manus ejus ut occidat nos[201] ; ainsi s'exprime le texte grec. L'interprète latin, que nous avons suivi de préférence à tous les autres, traduit de cette manière : ut daretis gladium in manibus ejus ; c'est là un solécisme, que ne justifie pas même un scrupule de traducteur, puisqu'il n'existe pas dans le grec.
[200] Ils disaient au peuple : Voici les ordres de Pharaon.
[201] Que Dieu voie et te juge : c'est toi qui as rendu notre nom odieux à Pharaon et à ses serviteurs, et lui as mis le glaive en main pour nous faire mourir.
2025 Ex 6,4. Statui testamentum meum ad illos, ita ut darem illis terrant Chananoeorum, et terram quam incoluerunt, in qua et incoluerunt in ea[202] ; ainsi porte le texte grec, quoique cette forme, même en grec, paraisse contraire à toutes les règles. Et pourtant grande est l'autorité des Septante qui n'ont pas craint de parler ainsi. Quoi donc ? Se cacherait-il un sens sous ces paroles ? Si ce sens n'existe pas, il faut prendre note de cette locution, afin que, dans le cas où elle se représenterait, le sens véritable n'en fût pas obscurci, ou qu'on ne se fatiguât pas à faire des recherches inutiles.
2026 Ex 6,5. On lit dans la version latine : Exaudivit gemitum filiorum Israël, quemadmodum Aegyptii affligerent eos[203]. Dans le grec on employé le verbe katadoulountai, qui se rend en latin par in servitutem redigunt eos[204] ; car le latin n'a pas de mot unique pour exprimer cette idée.
2027 Ex 6,9. Et locutus est Moyses sic ad filios Israel, et non exaudierunt Moysen a defectione animi et ab operibus duris[205] ; on voit ici exaudierunt, au lieu de audierunt.
2028 Ex 6,12. Dans ces paroles de Moïse au Seigneur : Ego enim ineloquens sum[206], le grec se sert du mot alogos[207], qui ne signifie pas, comme amathes, un homme dépourvu de connaissances.
2029 Ex 6,26. Hi sunt Aaron, et Moyses, quibus dixit eis Deus, ut educant filios Israel de terra Aegypti 5. Ainsi s'exprime le texte grec.
2030 Ex 6,30. Ecce ego gracili voce sum, et quomodo exaudiet me Pharao[208].Remarquez l'emploi de exaudiet pour audiet.
[202] J'ai fait alliance avec eux, et je me suis engagé à leur donner la terre de Chanaan, la terre où ils ont demeuré comme étrangers.
[203] J'ai entendu les cris des enfants d'Israël ; que les Égyptiens accablent de maux.
[204] Ils les réduisent en esclavage.
[205] Moïse raconta tout ceci aux enfants d'Israël, et ils ne l'écoutèrent point à cause de leur extrême abattement, et des travaux pénibles auxquels ils étaient assujettis.
[206] Car je n'ai pas le talent de la parole.
[207] Ce sont Aaron et Moïse, à qui Dieu donna mission de faire sortir les enfants d'Israël de la terre d'Égypte.
[208] J'ai la voix trop faible : comment Pharaon m'entendra-t-il ?
2031 Ex 7,7. Fecit autem Moyses et Aaron, sicut praecepit illis Dominus, ita fecerunt[209].Le sens eût-il été moins complet, sans les mots ita fecerunt ?
2032 Ex 7,9. Si loquetur vobis Pharao dicens : Date nobis signum out portentum, et dices Aaron fratri tuo : Sume virgam[210]. Les règles ordinaires de la langue latine et, jusqu'à un certain point, l'intégrité du sens exigeaient que la phrase fut construite ainsi : Si loquetur vobis Pharao dicens : Date vobis signum aut portentum, dices Aaron fratri tuo : Sume virgam.Pourquoi a-t-on ajouté la conjonction et, si ce n'est pour rendre en latin une locution familière à la langue hébraïque ? car cette locution n'est pas reçue en grec.
2033 Ex 7,11. Les traducteurs latins ne me paraissent pas savoir été heureux, en rendant sophistas par sapientes, les sages de Pharaon ; c'est le mot sophoi, qui est synonyme de sapientes.Ils auraient pu très bien mettre sophistas, puisque le latin n'a pas d'autre mot offrant le même sens. Aussi cette expression est-elle passée en usage dans notre langue, de même que le mot philosophie, philosophie, également emprunté aux grecs, et nos meilleurs écrivains ne font pas difficulté de l'employer[211].
2034 Ex 7,12. « Et la verge d'Aaron dévora leurs verges ; » c'est comme s'il y avait : « Le serpent d'Aaron. »
2035 Ex 7,15. Dans cette phrase relative à Pharaon Ecce ipse exiit ad aquam[212], le grec met super aquam.
2036 Ex 7,16. Dimitte populum meum ut serviat mihi in deserto, et ecce non exaudisti usque adhuc[213].On peut juger combien de fois le mot exaudire est appliqué aux hommes.
2037 Ex 7,22. Fecerunt autem similiter et incantatores, Aegyptiorum veneficiis suis. Et induratum est cor Pharaonis, et non exaudivit eos, sicut dixit Dominus[214].Preuve nouvelle que l'Écriture emploie souvent le verbe exaudire lors-même qu'il s'agit de l'homme.
[209] Moïse et Aaron firent exactement ce que le Seigneur leur avait ordonné.
[210] Si Pharaon vous dit : Montrez-nous quelque signe ou quelque prodige, tu diras à ton frère Aaron : Prends ta verge.
[211] D'autres éditions offrent le sens suivant : On désigne, sous le nom de sophistae, les auteurs qui ont excellé dans les lettres latines.
[212] Il est sorti pour aller sur l'eau.
[213] Laisse aller mon peuple, afin qu'il me rende ses devoirs dans le désert ; et jusqu'alors tu ne m'as pas écouté.
[214] Les magiciens d'Égypte firent la même chose par leurs enchantements ; et le coeur de Pharaon s'endurcit ; et il n'écouta point les envoyés de Dieu, selon que le Seigneur l'avait prédit.
2038 Ex 8,1. Dimitte populum meum, ut serviant mihi[215] ; on ne lit pas ut serviat. Cette manière de parler s'emploie à peu près exclusivement, quand un substantif singulier offre à l'esprit l'idée d'une pluralité. Ainsi le mot peuple se dit au singulier, mais il désigne une multitude d'individus. On dit de même : Omnis terra adorent te[216], parce que omnis terra est mis ici pour la totalité des hommes qui sont sur la terre.
2039 Ex 8,2. Ecce ego ferio omnes fines tuos ranis[217]. La locution grecque est très élégante ; elle nous représente les grenouilles elles-mêmes comme une plaie, dont la terre d'Égypte est frappée.
2040 Ex 8,3. Et eructabit flumen ranas, et adscendentes intrabunt in domos tuas et in promptuaria cubiculorum tuorum, super lectos tuos, et in domos servorum-tuorum et populi tui, et in conspersis tuis, et in clibanis tuis, et super te, et super populum tuum, et super servos tuos ascendent ranae[218]. Remarquez qu'en disant in domos etc, l'écrivain sacré se sert de l'accusatif, et qu'en disant et super lectos etc, avec super, il emploie également l'accusatif ; mais qu'étant arrivé à in consperis et in clibanis, il prend l'ablatif. Cela vient de ce que le grec change la préposition, ce que ne fait pas la version latine. Car on lit d'un côté eis tous oikous, in domos, et de l'autre en tois phuramasin, in consperis, ce qui ferait croire à un sens particulier, plutôt qu'à une simple locution, de telle sorte que, dans la pensée de l'écrivain sacré, les grenouilles auraient pris naissance au milieu des aliments et dans les fours, sans venir de l'extérieur ; et comme il est dit qu'elles devaient sortir du fleuve, elles seraient parties de là pour remplir toute l'Égypte.
2041 Ex 8,6. Et extendit Aaron manum super aquas Aegypti et eduxit ranas, et educta est rana et operuit terram[219].On voit que dans la répétition de rana l'écrivain sacré est allé du pluriel au singulier ; car le singulier rana est mis pour une multitude de grenouilles. Je ne m'explique pas comment l'esprit humain a pu s'habituer à cette manière de parler, et trouver une signification plus étendue dans le singulier que dans le pluriel. Ainsi on indique plus, en disant : Le soldat est là, que si l'on disait : Les soldats sont là ; en disant : Le poisson est là, que si l'on disait : Les poissons sont là.
2042 Ex 8,14. Et colligebant eas acervos acervos[220]. La répétition de acervos exprime le grand nombre des monceaux : l'Écriture emploie volontiers cette forme.
2043 Ex 8,16. On lit dans les versions latines : Extende manu virgam tuam, et percute terra[221], au lieu de percute terrain. Le grec porte aggerem terrae, un amas de terre, si toutefois ce mot rend fidèlement le sens de to khoma tes ges.
2044 Ex 8,18. « Les magiciens firent la même chose par leurs enchantements, afin de produire des moucherons, et ils ne purent y réussir. » L'expression « ils firent » est mise pour « ils voulurent faire : » car, s'il est vrai qu'ils ont fait la même chose, ils ont dû produire des moucherons ; or, comme on lit, immédiatement après, qu'ils ne purent y réussir, il en résulte qu'ils n'ont pas fait la même chose, mais seulement qu'ils ont essayé. Ou bien si l'on suppose que, tout en se servant d'enchantements, ils étendaient une verge, et faisaient en apparence ce que faisait Aaron, bien que l'Écriture se taise là-dessus, c'est dans ce sens qu'il faudra entendre : « ils firent la même chose. »
2045 Ex 8,21-22. Et in terram super quam sunt super eam.
2046 Ex 8,22 Et gloriosam faciam in die illa Gessen, in qua populus meus inest super eam[222].
2047 Ex 8,29. « Moïse répondit : Quand je serai sorti d'auprès de vous, je prierai le Seigneur ; et tous les moucherons se retireront de Pharaon et de ses serviteurs ; » comme si celui à qui il est dit « Quand je serai sorti d'auprès de vous, » n'était pas le même Pharaon, de qui les moucherons devaient se retirer.
[215] Laisse aller mon peuple, afin qu'il me rende ses devoirs.
[216] Que toute la terre vous adore. (Ps 65,4.)
[217] Je frapperai toutes tes terres ; en les couvrant de grenouilles.
[218] Le fleuve produira une multitude de grenouilles ; elles en sortirent pour se répandre dans votre maison, dans les meubles de vos chambres où sont renfermées vos provisions, sur votre lit, dans les maisons de vos serviteurs et de votre peuple, dans vos aliments et dans vos fours ; et ainsi les grenouilles vous accableront par leur nombre, vous, votre peuple et vos serviteurs.
[219] Aaron étendit la main sur les eaux de l'Égypte et en fit sortir une grande quantité de grenouilles ; et les grenouilles, étant sorties ; couvrirent toute la terre.
[220] On les amassait en une multitude de monceaux.
[221] Étends ta verge, et frappe la terre.
[222] Et dans tous les lieux qu'ils habitent. Et ce jour-là je ferai éclater la gloire de la terre de Gessen, où demeure mon peuple.
2048 Ex 9,1 . Dimitte populum meum, ut mihi serviant[223].
2049 Ex 9,18 Ex 9,24. Ecce ego pluam, hannc horam, crastinam diem, grandinem multam. Grando autem multa valde valde[224].
2050 Ex 9,29. Et desinant voces et grando[225]. Il est à remarquer que l'Écriture emploie le mot voces, pour désigner le tonnerre. C'est de ce même terme que Pharaon s'est servi précédemment, quand il a dit : Orate pro me ad Dominum, ut desinant fieri voces Dei[226] ; où l'on voit une seconde locution dans ces paroles : Desinant fieri voces.
[223] Laissez aller mon peuple, afin qu'il me rende le culte qui m'est dit.
[224] Demain à cette même heure, je ferai tomber une horrible grêle. Or la grêle était d'une violence extraordinaire.
[225] Et le tonnerre et la grêle cesseront.
[226] Priez le Seigneur pour moi, afin que le tonnerre ne se fasse plus entendre.
2051 Ex 10,2. Ut narretis in aures filiis vestris et filiis filiorum vestrorum quaecumque illusi Aegyptiis[227].Remarquez ici le sens de illusi ; car il a peut-être la même signification dans ce passage des psaumes : Draco hic quem finxisti ad illudendum ei[228] ; et dans cet autre de Job : Hoc est initium figmenti Domini, quod fecit ad illudendum ab angelis ejus[229].
2052 Ex 10,4. Ecce ego induco, hanc horam, crastino die, locustam multam[230].On peut faire ici la même remarque que nous avons faite plus haut sur le mot rana, c'est-à-dire, que les mots ont souvent une signification plus étendue au singulier qu'au pluriel. On voit clairement en effet que l'expression locustam multam dit plus, que s'il y avait locustas multas.
2053 Ex 10,8. Qui autem et qui sunt qui ibunt[231]. Nous disons tous les jours, dans le style très familier, quam qui et qui ibunt ?
2054 Ex 10,15. Non est relictum viride nihil in lignis[232]. Il fallait dire, suivant les règles de notre langue : Non est relictum viride aliquid in lignis.
2055 Ex 10,16-17. Peccavi ante Dominum Deum vestrum et in vobis ; suscipite ergo delictum meum[233] : ainsi parlait Pharaon à Moïse. Nous avons vu cette même locution employée parles frères de Joseph, lorsqu'ils lui dirent : Accipe iniquitatem servorum Dei patris tui[234].
2056 Ex 10,23. Cette phrase de la version latine : Et nemo vidit fratrem suum tribus diebus[235], est exprimée ainsi dans le texte grec : Et non vidit nemo fratrem suum.Remarquons encore le nom de frère donné à tout homme en général.
2057 Ex 10,24. Cette phrase de Pharaon à Moïse et à Aaron est tirée mot pour mot du grec : Ite et servite Domino Deo vestro : praeter oves et boves, relinquite[236].C'est une locution tout à fait inusitée ; à moins qu'on ne rapporte à la proposition précédente les objets exceptés, et qu'on ne fasse de relinquite une préposition à part, ayant pour complément sous-entendu ista, en sorte que l'ordre naturel serait : Ite, praeter oves et boves, et relinquite ista ; ce serait alors une ellipse, dont l'usage est si fréquent dans les locutions de l'Écriture.
2058 Ex 10,26. « Nous ne laisserons pas la corne de leurs pieds, » comme si les troupeaux pouvaient partir sans la corne de leurs pieds. Que signifie donc cette phrase, sinon : Nous ne laisserons rien, pas même la corne d'un pied ?
2059 Ex 10,28. Ces paroles de Pharaon à Moïse : Attende tibi ultra apponere faciem meam[237], sont mises pour : Attende tibi ne ultra videas faciem meam.
[227] Afin que vous racontiez é vos enfants et aux enfants de vos enfants de quelles plaies j'ai frappé les Égyptiens.
[228] Ce monstre que vous avez formé pour se jouer des mers. (Ps 103,26.)
[229] Il est le premier parmi les ouvrages du Seigneur, qui l'a créé pour être un jouet dans la main de ses anges. (Jb 11,14.)
[230] Demain à cette même heure, je ferai venir une immense quantité de sauterelles.
[231] Qui sont ceux qui doivent y aller ?
[232] Il ne reste plus aucune feuille sur les arbres.
[233] J'ai péché contre le Seigneur votre Dieu et contre vous ; pardonnez-moi ma faute.
[234] Oubliez l'injustice de ceux qui servent le Dieu de votre père. (Gn 50,17.)
[235] Et pendant trois jours personne ne put voir son frère.
[236] Allez rendre vos devoirs au Seigneur votre Dieu ; et laissez seulement ici vos brebis et vos boeufs.
[237] Garde-toi de paraître désormais devant moi.
Augustin loc. heptateuque 1190