Augustin loc. heptateuque 2135

CHAPITRE XXXIV.

2135 Ex 34,1. Excide tibi duas tabulas sicut et prima[328] ; il faut sous-entendre fuerunt, aussi, nos traducteurs ont-ils jugé à propos de l'exprimer, parce que la langue latine n'admet pas une ellipse de cette nature.

2136 Ex 34,9. « Si j'ai trouvé grâce devant vous, que mon Seigneur veuille bien toujours marcher avec nous ; » comme si l'on parlait d'une tierce personne : cette locution est très commune. Mais comme c'est à Dieu que Moïse s'adresse, on doit penser qu'il parle du Fils au Père. Au contraire, quand nous avons trouvé, en maint endroit de l'Écriture, la même forme de langage employée à l'égard de Pharaon et de Joseph, et d'autres encore, nous l'avons regardé comme une simple locution.

2137 Ex 34,15. Nequando ponas testamentum iis qui sedent super terram[329] ; c'est comme s'il y avait sedes habent, ou habitant.

2138 Ex 34,17. « Tu ne feras point des dieux jetés en fonte ; » c'est une locution, où la partie est prise pour le tout. Car en ne nommant que les idoles coulées dans le moule, Dieu ne permettait pas pour cela d'en fabriquer qui soient sculptées, battues au marteau, ou faites d'argile, ni d'avoir aucune espèce de simulacres ou de divinités faites demain d'homme.

2139 Ex 34,19. Omne adaperiens vulvam masculina[330] ; c'est comme s'il y avait ; omne adaperiens vulvam mihi erit, ex iis quae sunt masculina.

2140 Ex 34,20. « Tu rachèteras avec une brebis le premier-né de l'animal qui porte le joug ; » ici encore la partie est prise pour le tout. Car, si parmi les bêtes de somme dont la chair réputée immonde, ne peut être offerte en sacrifice, il en est qui ne soient pas assujettis au joug, il ne s'ensuit pas qu'on ne doive point les racheter, ou qu'on doive les racheter autrement qu'avec une brebis.

2141 Ex 34,25. Non occides super fermentum sanguinem immolatorum meorum[331]. Il y a certainement une locution dans ces paroles : occides sanguinem, qui équivalent à celles-ci : occidendo effundes.

2142 Ex 34,25 Ibid. Et non dormiet usque in mane immolatio solemnitatis Paschae[332] ; dormire, dormir, est mis pour manere, rester ; comment en effet la chair d'un animal tué et rôti pourrait-elle dormir ? Ce passage des psaumes : Quare obdormis, Domine[333], présente donc une locution semblable dont le sens est : Pourquoi demeurez-vous en repos ? c'est-à-dire, pourquoi ne prenez-vous pas notre défense ?

2143 Ex 34,28. L'Écriture, parlant du jeûne de quarante jour observé par Moïse, s'exprime ainsi : « Il ne mangea point de pain et ne but point d'eau : » elle prend la partie pour le tout, désignant par le pain toute espèce de nourriture, et par l'eau toute espèce de boisson.

[328] Fais-toi deux tables qui soient comme les premières.
[329] Ne contracte pas d'alliance avec les hommes qui habitent cette terre.
[330] Tous les premiers-nés d'entre les mâles.
[331] Tu n'offriras point avec du levain le sang des victimes immolées.
[332] Et pour le lendemain matin il ne rotera rien de la victime de la fête solennelle de Pâques.
[333] Seigneur pourquoi paraissez-vous dormir (Ps 43,23).


CHAPITRE XXXV.

2145 Ex 35,4. Et ait Moyses ad omnem synagogam filiorum Israel, dicens[334] ;le sens eut été complet indépendamment de dicens :

2146 Ex 35,21. Et attulerunt unusquisque quod afferebat cor eorum[335] ; on pouvait employer la forme ordinaire et dire : Et attulit unusquisque quod afferebat cor ejus.

2147 Ex 35,21 Ibid. Et quibus visum est anima eorum., attulerunt demptionem Domino[336] ; il fallait dire : Et sicut visum est animae eorum.

2148 Ex 35,23. Et omnis cui inventum est apud eum coris arietum rubricata[337] ; les règles ordinaires demandaient : omnes apud quos inventa sunt coria rubricata.

2149 Ex 35,24. Omnis afferensdemptionem argentum et aes attulerunt demptiones Domino[338].Omnis attulit eut été plus conforme à l'usage, que omnis attulerunt.

2150 Ex 35,24 Ibid. Et apud quos inventa sunt apud eos ligna imputribilia[339] ; apud eos pouvait être supprimé sans nuire au sens, mais, on trouve fréquemment de ces sortes d'addition dans l'Écriture.

2151 Ex 35,25. Et omnis mulier sapiens mente, manibus nere[340], comme si l'on pouvait filer autrement qu'avec la main. Sapiens nere est une locution nouvelle, et pleine d'élégance. Quant à celle-ci: Omnis mulier attulerunt, qui commence par le singulier pour finir par le pluriel, nous en avons vu précédemment des exemples. La forme régulière demandait : Omnis mulier attulit.

2152 Ex 35,26. Et omnes mulieres quibus visum est sensu suo, in sapientia nerunt pilos caprinos[341]. L'Ecriture désigne souvent par sapientia, en grec, sophia, l'habilité dans ces sortes de travaux.

2153 Ex 35,28. Et compositiones et oleum unctionis et compositionem incensi[342].Il ne faut pas supposer d'autres compositions que celles qui sont exprimées ici ; car, en mettant la conjonction et après les mots et compositiones, on n'a pas voulu désigner des objets nouveaux, mais seulement expliquer le mot précédent, et nous apprendre quelles étaient ces compositions c'était dit l'écrivain sacré, « de l'huile pour les onctions et de l'encens. » On a donné à ces choses le nom de compositions, parce qu'elles étaient formées de plusieurs matières.

2154 Ex 35,29. Et omnis vir et mulier, quorum afferebat sensus eorum, ut intrarent et facerent omne opus quodeumque praecepit Dominus fieri illud per Moysen, attulerunt filii Israël demptionem Domino[343]. Omnis vir et mulier est donc la même chose que filii Israël. Les autres locutions, contenues dans cette phrase, ressemblent aux précédentes.

2155 Ex 35,32. Facere aurum et argentum et aes[344], revient à facere ex auro et argento et aere ; car on ne faisait pas l'or, mais on le travaillait. La même locution se voit encore dans le verset suivant, où nous lisons et operari ligna[345], pour ex lignis.

2156 Ex 35,35. « Faire des tissus de tout genre pour le Saint, faire différents ouvrages de broderie avec l'écarlate et le fin lin, et exécuter toute espèce de travaux d'architecture. » Ainsi on parle d'architecture lorsqu'il est question d'ouvrages à l'aiguille ; c'est, sans doute, parce que le tabernacle qu'il s'agissait de construire, ressemblait à un édifice et était bâti comme une maison ? Que faut-il entendre encore par» le Saint ?» Est-ce le prêtre saint ? car il s'agit aussi de travailler à sa robe ou à ses robes. Veut-on parler de Dieu saint dont le culte était la cause de tous ces ouvrages ? Ou enfin ce mot désignerait-il ce qu'on appelait le Saint, et le Saint des saints Ce n'est pas chose facile à voir.

[334] Moïse dit encore à toute l'assemblée des enfants d'Israël.
[335] Chacun apportait des dons suivant la disposition de son coeur.
[336] Et ils se privèrent, pour l'offrir au Seigneur, suivant leur bon plaisir, d'une partie de leurs biens.
[337] Tous ceux qui avaient des peux de béliers teintes en rouge.
[338] Chacun apporta ce qu'il put d'argent et d'airain, et s'en priva pour l'offrir au Seigneur.
[339] Et ceux qui avaient du bois incorruptible.
[340] Et toutes les femmes qui étaient habiles dans l'art de filer.
[341] Et toutes les femmes de bonne volonté filèrent avec beaucoup d'art des poils de chèvres.
[342] Et des compositions, c'est-à-dire de l'huile pour les onctions et de l'encens.
[343] Ainsi tous les enfants d'Israël, hommes et femmes, s'offrirent d'eux-mêmes à contribuer à l'exécution des ouvrages que le Seigneur avait commandés à Moïse. et donnèrent au Seigneur une partie de leurs biens.
[344] Travailler l'or, l'argent et l'airain.
[345] Travaillait en bois.


CHAPITRE XXXVI.

2157 Ex 36,11. Humeralia continentia ex utrisque partibus ejus[346]. L'écrivain sacré n'a pas mis ex utrisque partibus eorum, quoiqu'il ait dit humeralia et non pas humerale qui lui est cependant plus familier ; il a donc employé, pour désigner cet objet, le pluriel humeralia, comme le mot stolas pour désigner une robe.

[346] Des rideaux qui pouvaient s'attacher des deux côtés.


CHAPITRE XXXVIII.

2158 Ex 37,23. Et Eliab filius Achisamach de tribu Dan qui, architectonatus est textilia et consutilia, et diversicoloria, texere de cocco et bysso[347].L'expression architectonari est une nouvelle manière de parler. Dans cet autre membre de phrase : « faire des broderies d'écarlate et de fin lin, » la partie est prise pour le tout : car, sous ces deux noms, nous entendons encore les autres étoffes, comme la pourpre et l'hyacinthe.

[347] Et Eliab, fils d'Achisamach, de la tribu de Dan, qui excellait dans l'art de tisser, de coudre, de faire des étoffes aux couleurs variées et des broderies de fin lin.


CHAPITRE XXXIX.

2159 Ex 37,31. Et fecerunt filii Israël sicut praecepit Dominus Moysi, ita fecerunt[348] ; le sens eut été complet sans les mots ita fecerunt.

[348] Les enfants d'Israël firent tout ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse.


CHAPITRE XL.

2160 Ex 37,14. Et fecit Moyses omnia, quae praecepit ei Dominus, ita fecit. Même remarque que pour la phrase précédente, relative aux enfants d'Israël.


LIVRE TROISIÈME. LOCUTIONS TIRÉES DU LÉVITIQUE.


CHAPITRE I.

3001 Lv 1,2. Homo ex vobis si obtulerit clona Domino a pecoribus, a bobus et ab ovibus offeretis[349] ; c'est comme s'il y avait :si a pecoribus offeretis, a bobus, ab ovibus offeretis. Sous le nom de brebis l'écrivain sacré comprend aussi les chèvres, comme il le fait très souvent ailleurs.

[349] Si quelqu'un d'entre vous offre au Seigneur une hostie de son troupeau, il la prendra parmi ses boeufs ou ses agneaux.


CHAPITRE II.

3002 Lv 2,6. Et confringes ea fragmenta[350], c'est comme s'il y avait : confrigendo facies ea fragmenta.

[350] Tu les briseras en morceaux.


CHAPITRE IV.

3003 Lv 4,23. Et cognitum fuerit ei peccatum quod peccavit in eo[351]. Il y a ici deux sortes de locutions à remarquer : la première peccatum peccavi ; la seconde consiste dans l'addition de in eo, qui est encore là pour in peccato, ce qui n'était pas du tout nécessaire.

[351] Et qu'il reconnaisse le péché qu'il a commis.


CHAPITRE V.

3004 Lv 5,1. Si autem anima peccaverit, et audierit vocem jurationis, et ipse testis fuerit, aut viderit, aut conscius fuerit, si non nuntiaverit et accipiet peccatum[352].La dernière conjonction est de trop ; car si on la supprime, la phrase se termine clairement par ce qui suit : accipiet peccatum.

[352] Si un homme pèche, en refusant de faire connaître un serment qu'il aura entendu, ou dont il peut rendre témoignage, parce qu'il a vu le fait ou qu'il en a acquis une connaissance certaine, il répondra de sa faute.


3005 Lv 5,1 Ib. Dans la même phrase : Si autem anima peccaverit, et audierit vocem jurationis, et ipse testis fuerit aut viderit, aut eonseius fuerit, non nuntiaverit, la conjonction et est mise pour id est, en sorte que, pour se conformer au génie de notre langue, il faudrait dire : Si autem anima peccaverit, id est, audierit vocem jurationis, et le reste.

3006 Lv 5,3. Aut tetigerit ab immunditia hominis, ab omni immunditia ejus, quam si tetigerit, inquinetur, et latuit eum, post hoc auteur cognoverit, et deliquerit[353] ; l'ordre naturel était : et deliquerit, post hoc autem cognoverit.

3007 Lv 5,15. Anima si latuerit eum oblivione et peccaverit nolens[354]. L'écrivain sacré ne dit pas si latuerit eam, parce qu'il prend anima comme synonyme de homo, ainsi qu'il le fait en d'autres endroits, où, après avoir exprimé d'abord le mot anima qui est du genre féminin, il emploie plus loin le genre masculin, en le rapportant à homo. Mais ici la locution est bien plus tranchée ; car le masculin et le féminin se suivent immédiatement et dans la même proposition, anima si latuerit eum. Les traducteurs latins ont reculé devant cette locution, et pour ne pas la reproduire ils ont mis : Anima si qua latuerit et peccaverit non volens. Mais il y a une différence entre nous cacher nous-même et commettre une faute qui nous soit cachée ou inconnue. Or, le texte original porte si lateat eam, et non pas si ipsa lateat.Dans une autre version grecque nous avons lu : Animam si latuerit ea oblivione : mais dans le verset suivant elle emploie également le genre masculin en disant : Sacerdos exorabit pro eo et dimittetur illi[355], en grec auto. On voit par là que l'auteur a voulu éviter le solécisme ; mais que, forcé de se rendre à l'évidence de plus en plus frappante du texte sacré, il n'a pu continuer plus longtemps d'employer le féminin.

[353] Ou s'il a touché quelque chose d'un homme qui soit impur, et qu'il soit souillé par le contact de cette impureté, quelle qu'elle soit, et qu'il ait contracté cette souillure sans le savoir, lorsqu'il viendra à la reconnaître.
[354] L'homme qui aura péché par ignorance et sans le vouloir.
[355] Le prêtre priera pour lui, et son péché lui sera pardonné.


CHAPITRE VI.

3008 Lv 6,9. Ista holocaustosis super incensionem ejus super altare totam noctem usque in mane, et ignis altaris ardebit super illud[356]. On pouvait supprimer la conjonction et, et dire : totam noctem usque in mane ignis altaris ardebit. L'emploi de cette conjonction rend la pensée obscure pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces formes particulières de l'Écriture.

3009 Lv 6,14. Ista est lex sacrificii, quod offerent illud filii Aaron, sacerdotes ante Dominum[357].Le sens eut été aussi complet sans illud.

3010 Lv 6,17. Sancta sanctorum est[358], ainsi s'expriment les Septante eux-mêmes. Mais cette locution n'est reçue qu'en grec ; aussi plusieurs traducteurs latins pour ne pas la reproduire ont mis : sancta sanctorum sunt.

3011 Lv 6,32. On lit dans les Septante : Occident arietem qui pro delicto ante Dominum[359].Les interprètes latins ont ajouté le verbe est qui ne se trouve pas dans le grec, et ont mis : qui pro delicto est.

[356] Quant à l'holocauste qui doit être brûlé sur l'autel, il sera consumé sur le feu de l'autel pendant toute la nuit, jusqu'au matin.
[357] Voici la loi du sacrifice, que les prêtres enfants d'Aaron doivent offrir devant le Seigneur.
[358] C'est une chose très sainte.
[359] On immolera devant le Seigneur le bélier offert pour le péché.


CHAPITRE VII.

3012 Lv 7,16. Et si votum aut voluntarium sacrificaverit donum suum, quacumque die obtulerit sacrificium, edetur crastina die[360] ; crastina die est mis pour postera die ; aussi quelques versions l'ont rendu par altera die.

[360] Si quelqu'un offre une hostie pour s'acquitter d'un voeu ou satisfaire sa piété, quelque soit le jour où se fera le sacrifice, la victime sera mangée le lendemain.


CHAPITRE VIII.

3013 Lv 8,31. Coquite carnes illatrio tabernaculi testimonii in loto sancto et ibi edetis eus, et panes qui sunt in canistro consummationis, quomodo praeceptum est mihi dicens : Aaron et filii ejus edent eam[361]. Pour éviter de reproduire cette locution, plusieurs ont mis quomodo praecepit mihi dicens ; c'est là une construction régulière, tandis que l'autre est un solécisme.

3014 Lv 31,35. Et ad ostium tabernaculi testimonii sedebitis septem dies, die et docte[362] ; sedebitis est mis pour habitabitis.

[361] Faites cuire la chair des victimes devant la porte du tabernacle de l'alliance dans le lieu saint, et mangez-la en ce même lieu, avec les pains qui sont dans ta corbeille destinée aux prêtres, selon que le Seigneur me l'a ordonné en disant à Aaron et ses fils en feront leur nourriture.
[362] Vous demeurerez jour et nuit, pendant sept jours, devant le tabernacle de l'alliance.


CHAPITRE IX.

3015 Lv 9,7. « Moïse dit à Aaron : Approche-toi de l'autel ; immole la victime pour ton péché, offre l'holocauste, et prie pour toi et pour ta maison ; offre ensuite les sacrifices pour le peuple, et prie pour lui selon que le Seigneur l'a ordonné à Moïse. » Moïse ne dit pas : « selon que le Seigneur me l'a ordonné ; » mais il parle comme s'il y avait deux personnages du nom de Moïse, l'un à qui le Seigneur a donné des ordres, et l'autre qui tient à Aaron le discours que nous venons de lire.

CHAPITRE X.

3016 Lv 10,8-9. « Le Seigneur parla ainsi à Aaron : Tu ne boiras ni vin ni bière, etc., » et le discours se termine ainsi : « toutes les ordonnances que le Seigneur leur a intimées par l'organe de Moïse[363]. » C'est le Seigneur qui parle et au lieu de dire : Les ordonnances que je leur ai intimées par l'organe de Moïse, il, emploie la même locution que nous venons de voir dans la bouche de Moïse.

3017 Lv 10,9-10. «C'est une ordonnance éternelle qui passera à toute ta postérité, afin que tu puisses distinguer ce qui est pur et ce qui ne l'est pas, etc. » Remarquez la qualification d'éternelle donnée à une chose qui ne devait pas toujours subsister.

3018 Lv 10,14-15. Moïse, s'adressant à Aaron et à ses fils Eléazar et Ithamar, leur dit entre autres choses « Lorsque les enfants d'Israël offriront des hosties pacifiques, on offrira avec la graisse des victimes l'épaule et la poitrine après les avoir mises à part devant le Seigneur ; et alors ces choses vous appartiendront à vous, à vos fils et à vos filles en vertu d'une ordonnance éternelle ; et cependant toutes ces observances devaient être un jour abolies.

[363] Ibid. II.


CHAPITRE XI

3019 Lv 11,9. Lorsque l'Écriture vient à parler des animaux qui vivent dans l'eau, pour indiquer ceux qui sont purs et ceux qui sont impurs, elle emploie les expressions suivantes : in aquis et in mari et in torrentibus[364].Les versions latines portent in mari, non in maribus, et à bon droit, car il est impossible de faire passer ce pluriel du grec en latin. Ce qui s'y oppose surtout, c'est l'équivoque qui en résulterait, mares les mâles, et maria les mers ayant tous deux le même ablatif : maribus. Aussi, le nominatif maria est-il admis, tandis que sanguis qui n'a pas non plus de pluriel en latin, même au nominatif, se trouve employé à l'ablatif, comme dans ces phrases : Libera me a sanguinibus[365], et : non congregabo couventicula. eorum de sanguinibus[366].La crainte de l'équivoque a donc seule empêché de dire : maribus.Quant au mot torrentibus, l'Écriture l'emploie ici pour désigner les fleuves : car on donne proprement le nom de « torrents » à ces cours d'eaux qui se forment dans la saison des pluies et se dessèchent en été, et où par conséquent le poisson ne peut habiter. Aussi plusieurs de nos traducteurs ont-ils préféré le mot fleuves. Que l'Écriture emploie le mot torrent comme synonyme de fleuve c'est ce qu'il est facile de constater par ce passage du psaume XXXV, 9 : « Vous les enivrerez du torrent de vos délices. » Évidemment ce qui porte ici le nom de « torrent » n'est pas une eau qui coule pendant un certain temps et se dessèche ensuite ; puisque le Psalmiste ajoute immédiatement : « Car il y a en vous une source de vie[367], » source certainement éternelle et intarissable.

3020 Lv 11,21. Sed haec edetis et repentibus volatibibus quae ambulant super quatuor, quae habent crura superiora pedum ejus[368], il fallait pedum suorum.

3021 Lv 11,44. Et eritis sancti, quoniam sanctus ego[369] ; il faut sous-entendre sum ; d'où vient que dans la plupart des versions latines on lit : quoniam sanctus sum ego.

[364] Dans les eaux, dans la mer et dans les fleures.
[365] Purifiez-moi du sang qui a souillé mes mains. (Ps 50,16.)
[366] Je ne prendrai point de part à leurs réunions, où ils offrent le sang des victimes. (Ps 15,4).
[367] Ps 25,10.
[368] Mais parmi les animaux qui ont des ailes et qui marchent en même temps soir quatre pieds, vous mangerez de ceux qui ont les pieds de derrière plus longs que ceux de devant.
[369] Vous serez saint, parce que je suis saint.


CHAPITRE XII

3022 Lv 12,1. Et locutus est Dominus ad Moysen dicens[370]. Cette locution locutus est dicens est très commune et revient à chaque instant dans l'Écriture. Mais celle qui suit se présente bien plus rarement, et déconcerte la pauvreté de nôtre langue ; on lit en effet clans le grec : kai ereis pros autous legon, ce qu'on peut rendre ainsi en latin : Et dices ad eos dicens[371].Cependant la phrase serait moins choquante, si l'on disait : Et in quies ad eos dicens ; et en même temps on se rapprocherait davantage du grec où on ne lit pas : legeis pros autous legon, mais ereis pros autous legon.

3023 Lv 12,2. Mulier quaecumque semen receperit et pepererit masculum, et immunda erit septem dies[372]. La plupart des versions latines n'ont pas reproduit cette locution ; elles ont mis : Mulier quaecumque semen receperit et pepererit masculum, immunda erit. Les Septante auraient pu aussi bien ne pas la traduire, puisqu'elle n'est pas plus reçue en grec qu'en latin : cependant comme ils n'ont pas fait difficulté de l'admettre, je ne comprends pas pour quoi les latins ont été plus scrupuleux.

3024 Lv 12,4. Triginta et tres dies sedebit in sanguine mundo suo[373]. La même loi est formulée dans les mêmes termes pour celle qui a mis au monde une fille ; seulement le nombre des jours est doublé et porté à soixante-six. Cela nous prouve que sedebit, elle sera assise, est mis pour manebit, elle demeurera ; car on ne peut supposer qu'il fut interdit pendant si longtemps aux femmes de se lever de leurs sièges

[370] Le Seigneur dit encore à Moïse.
[371] Et tu leur diras.
[372] Toute femme, qui aura conçu et mis au monde un enfant mâle, sera impure pendant sept jours.
[373] Elle demeurera trente-trois jours, avant d'être purifiée de son sang.


CHAPITRE XIII.

3025 Lv 13,2. Homini si cui facta fuerit in cute corporis ejus cicatrix signi lucida[374]. Le mot cicatrix signifie, dans le style de l'Écriture ; non seulement la trace d'une blessure, mais la simple diversité de couleurs :

3026 Lv 13,2 Ibib. Et fuerit in cute coloris ejus tactus leprae[375]. L'écrivain sacré appelle la tache de la lèpre une atteinte tactus, parce qu'on juge à sa présence que l'homme même est atteint de ce mal.

3027 Lv 13,3. Et videbit eum sacerdos et inquinabit eum[376] : c'est comme s'il y avait inquinatum pronuntiabit.

3028 Lv 13,3 Ib. Et pilus qui est in ta.ctu convertatur albus[377] : il faudrait convertatur in album.

3029 Lv 13,6. Et purgabit eum sacerdos, signum enim est[378] purgavit est mis pour purgatum pronuntiabit comme nous venons de voir inquinabit pour inquinatum pronuntiabit.

3030 Lv 13,7. Et viderit eum sacerdos, et ecce commutata est significatio in cute, et inquinabit illum sacerdos[379]. La conjonction et est de trop ; car, si nous la supprimons nous avons le sens complet que voici : Si autem conversa fuerit signiicatio in cute, posteaquam vidit eum sacerdos ut purget illum, et visus fuerit denuo sacerdoti, et viderit eum sacerdos, et ecce commutata est significatif, in ente, inquinabit illum sacerdos[380].

3031 Lv 13,9-10. Et tactus leprae si fuerit in homine, veniet ad sacerdotem, et videbit sacerdos et ecce cicatrix alba in cute, et haec mutavit pilum album et a sono carnis vivae in cicatrice[381]. Mutavit pilum album est mis pour : mutavit pilum in album coloremin cicatricem. Si l'on a ajouté : mutavit a sono carnis vivae, c'est parce que les poils ne changent pas ainsi de couleur dans les parties saines de la chair vive.

3032 Lv 13,45. En parlant du lépreux, l'écrivain sacré dit : Et immundus vocabitur[382].Un exemplaire grec ne dit qu'une fois immundus ; plusieurs antres le répètent deux fois ce qui était inutile. On lit encore au verset suivant : Cum sit immundus immundus erit[383] ; phrase qui n'a pu être traduite mot pour mot du grec ; car le grec porte akathartos on akathartos estai, en latin immundus existens immundus erit ; encore le participe existens n'est-il pas l'équivalant du grec on ; ce qu'il faudrait ce n'est pas le participe de existere mais, si cette forme était reçue, essens participe de esse.

3033 Lv 13,47. Et vestimento si fuerit in eo tactus leprae[384] : on pourrait dire dans la forme ordinaire : Et in vestimento si fuerit tactus leprae.

3034 Lv 13,51. Aut in omni vase pelliceo in quocumque fuerit in eo tactus[385] ; il suffisait de dire in quocumque fuerit tactus.

3035 Lv 13,55. Et ecce non commutavit tactus aspectum suum[386] ; aspectus est pris ici passivement : une tache, car c'est ce que désigne le mot tactus, ne saurait regarder.

[374] Lorsqu'un homme portera sur sa peau une marque brillante comme une cicatrice.
[375] Si la couleur de sa peau indique la présence de la lèpre.
[376] Il sera examiné par le prêtre, qui le déchirera impur.
[377] Si le poil qui est au milieu de la tache devient blanc.
[378] Le prêtre le déclarera pur, car c'est une marque certaine.
[379] Si en l'examinant le prêtre remarque sur sa peau un changement de couleur, il le déclarera impur.
[380] Mais si la marque de la lèpre reparaît sur sa peau, après qu'il a été vu par le prêtre et déclaré pur, et que le prêtre, quand il lui est présenté pour être soumis à un nouvel examen, s'aperçoive que la peau a changé de couleur il sera déclaré impur par le prêtre.
[381] Si quelque homme porte des traces de lèpre, il se présentera au prêtre qui l'examinera ; la peau est-elle marquée d'une tache blanche, et les poils, devenus blancs, montrent-ils que la chair vive n'est plus saine.
[382] On l’appellera impur.
[383] Il sera regardé comme impur.
[384] Si un vêtement est infecté de lèpre.
[385] Ou bien dans tout objet, fait de peau, où la lèpre aura pénétré.
[386] Et si la tache n'a pas changé d'aspect.


CHAPITRE XIV

3036 Lv 14,15. « Le prêtre prendra la mesure d'huile, et en versera dans la main gauche du prêtre, » il fallait dire : dans sa main gauche, puisqu'il ne s'agit pas de la main d'un autre.

CHAPITRE XV.

3037 Lv 15,2. Viro, viro cuicumque fuerit fluor[387].

3038 Lv 15,16. Et homo cuicumque exierit ex eo concubitus seminis[388].

3039 Lv 15,21. Et omne super quodcumque dormit super illud,

3040 Lv 15,21 et omne super quod sederit super illud, immundum erit[389].

[387] Tout homme atteint de gonorrhée.
[388] L'homme qui éprouvera une perte honteuse.
[389] Tout objet sur lequel elle aura dormi, ou sur lequel elle se sera assise, sera impur.


CHAPITRE XVI.

3041 Lv 16,21. Et emittet in manu hominis parati in eremum[390] ; c'est comme s'il y avait emittet in eremum in manu hominis ad hoc parati ; ces paroles sont relatives au bouc émissaire. Il faut remarquer encore, le sens, dans lequel' l'Ecriture emploie les mots in manu.

[390] Il l'enverra au désert par un homme destiné à cela.


CHAPITRE XVII

3042 Lv 17,3. Homo homo filiorum Israël[391] c'est-à-dire ex filiis Israël, ainsi répété, signifie quilibet homo, ou, si l'on, veut, ille aut ille.

[391] Tout homme de la race d'Israël.


CHAPITRE XVIII.

3043 Lv 18,7. « Vous ne découvrirez point dans votre père ni dans votre mère ce que la pudeur vous défend de regarder » ; par cette locution, Dieu interdit le commerce charnel avec les personnes désignées.

3044 Lv 18,14. Turpitudinem fratris patris tui non revelabis, et ad uxorem ejus non introïbis propinqua enim tua est[392]. La conjonction et a ici le sens de id est, en sorte, que turpitudinem fratris patris tui, ou turpitudinem patrui, est la même chose que pudenda uxoris patrui.

3045 Lv 18,25. Et exhorruit terra eos qui insident super eam[393] ; insident est mis pour sedes habent ou habitant.

[392] Tu ne découvriras pas dans le frère de ton père ce que la pudeur te défend, en t'approchant de sa femme : car elle est ta parente.
[393] Cette terre eut en horreur ses habitants.


CHAPITRE XIX.

3046 Lv 19,9. Et permetentibus vobis messem terrae vestrae ; non perficietis messem vestram agri tui permetere[394]. La phrase commence par le pluriel et se termine par le singulier. C'est une locution que la plupart des traducteurs latins n'ont pas voulu reproduire : ils ont dit : agri vestri ; au lieu de agri tui comme si les Septante n auraient pas pu en faire autant. Il vaut donc mieux signaler cette locution que la corriger.

3047 Lv 20,17. Quicumque acceperit sororem suam ex patre suo aut ex matre sua, et viderit turpitudinem ejus, et ipsa viderit turpitudinem ejus, turpitudinem sororis suae revelavit, peccatum suum accipient[395] : peccatum est mis pour penam peccati.

3048 Lv 20,25. Et segregabitis vos meptisos inter medium pecorum mundorum et inter medium pecorum immundorum et inter medium voluerum mundarum et immundarum[396].La phrase segregabitis vosmeptipsos inter medium mundorum et immundorum, exprime la séparation des choses pures d'avec les choses impures ou des choses impures d'avec les choses pures :c'est une locution tout à fait nouvelle. Car autre chose est, segregabis inter medium pecorum mundorum et inter medium pecorum immundorum, comme s'exprime très fréquemment l'Écriture et autre chose : segregabitis vosmetipsos.Dans cette dernière forme, ceux qui font la séparation nous sont représentés comme se séparant eux -mêmes, des animaux de l'une et de l'autre catégorie, pour en faire le discernement.

[394] Lorsque vous ferez la moisson dans vos terres, vous ne moissonnerez pas votre champ tout entier.
[395] Si un homme s'approche de sa soeur, qui est fille de son père ou fille de sa mère, et s'il voit en elle ou si elle voit en lui ce que la pudeur défend de regarder, comme il a découvert dans sa soeur ce qui doit être caché, ils porteront la peine de leur crime.
[396] Séparez les bêtes pures d'avec les bêtes impures, et les oiseaux purs d'avec les oiseaux impurs.


CHAPITRE XXI.

3049 Lv 21,1-2. « Dites aux prêtres, enfants d'Aaron : Qu'ils s'abstiennent de contracter quelque impureté à la mort de leurs concitoyens, à moins qu'ils ne soient de leurs plus proches parents. » Il est question ici du deuil auquel les âmes des défunts ont droit : car on les pleure, parce qu'elles ont quitté ce monde.

3050 Lv 21,5. Et calvitium non rademini super mortuum, et super carnes suas non secabunt sectiones[397].La locution ordinaire était celle-ci : carnes suas non secabunt sectionibus.

3051 Lv 21,7. Mulierem fornicariam et profanam non accipient, et mulierem ejectam a viro suo ; quoniam sanctus est Domino Deo suo[398]. Après avoir commencé par le pluriel on termine parle singulier, comme s'il ne s'agissait que d'un seul. Dans le verset suivant sanctificavit eum dona Domini Dei vestri ipse offeret ; sanctus est, quoniam sanctus ego Dominus qui sanctifico eos[399], on commence au contraire par le singulier, et en terminant on revient au pluriel.

[397] Ils ne se raseront point la tête d l'occasion des funérailles, et ne feront aucune incision sur leur corps.
[398] Ils n'épouseront point une femme corrompue et prostituée, ou une femme répudiée par son mari ; parce qu'ils sont consacrés au Seigneur leur Dieu.



Augustin loc. heptateuque 2135