Catéchèses Paul VI 8574
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Chers Fils et Filles,
Nous allons continuer encore à célébrer en nous-mêmes le mystère pascal, c’est-à-dire l’extension à nos propres vies personnelles du drame rédempteur du Christ. Il est mort, Il est ressuscité, pour nous, et cette mort et cette résurrection se communiquent à nous, se célèbrent mystiquement mais effectivement en nous, moyennant un double processus qui, de fait, régénère notre existence humaine : l’un de ces processus est la foi, l’autre, le baptême ; ils s’intègrent l’un l’autre et opèrent en nous la « justification ». Saint Paul a écrit : « Car vous êtes tous les fils de Dieu par la foi au Christ Jésus. Ayant reçu le baptême du Christ, vous vous êtes tous revêtus du Christ » (Ga 3,26-27). « Ou bien, ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés au Christ Jésus, nous avons été baptisés en sa mort ? Par le baptême, en effet, nous avons été ensevelis à la ressemblance de sa mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire de son Père, nous recevions nous aussi une nouvelle vie... Pareillement, vous aussi, regardez-vous comme morts au péché et comme vivants pour Dieu dans le Christ Jésus » (Rm 6,11).
Cette doctrine est fondamentale pour notre conscience chrétienne. Elle mériterait une analyse biblique et théologique, traduite ensuite en termes liturgiques et moraux de première importance, tant spirituelle que pratique (cf. F. prat, La théologie de Saint Paul, I, 266 ; II, 266-268 ; 306 ; 312-315 ; etc.). Il nous suffira pour l’instant de fixer l’attention sur un élément-pivot de cette authentique et inéluctable conception chrétienne de notre vie. Le voici : notre baptême comporte un engagement moral : un nouveau, fort et admirable engagement moral. Nous pouvons tous nous souvenir des renoncements et des promesses faits pour notre baptême. Un engagement moral ? C’est-à-dire un devoir nouveau, une obligation très exigeante ? Un lien noué à notre conscience ? Une option déterminée pour notre liberté ? Oui, un engagement moral qui investit toute notre conduite. La vie chrétienne, inaugurée par le baptême qui nous élève à un niveau existentiel nouveau, celui de fils adoptif de Dieu, exige que nous soyons « saints et immaculés » (Ep 1,4). Cela peut sembler une exigence excessive, une utopie morale, un poids trop lourd. Et pourtant il en est ainsi (cf. Lumen Gentium, LG 10). Et si nous voulions vraiment nous proposer un programme de renouvellement de notre vie chrétienne, nous ne pourrions par faire abstraction de cet impératif qui doit caractériser l’authenticité et l’originalité de notre existence. Il faut vraiment que celle-ci soit vécue en témoignant d’une grande reconnaissance envers Dieu pour la sainteté qu’il nous a déjà conférée comme fils adoptifs, et en tendant inlassablement nos efforts vers la perfection. Le Seigneur nous l’a déjà prescrit : « Soyez parfaits, comme est parfait votre Père céleste » (Mt 5,48). Et l’enseignement, apostolique tout entier nous le répète (cf. Rm 12,2 Ep 4,13 Col 1,28 Jc 1,4 etc.). Consciente de ses propres déficiences humaines et toujours prête à se frapper la poitrine en s’accusant de sa propre fragilité, l’Eglise nous l’enseigne sans cesse ; Maître de Sainteté, elle nous stimule et nous encourage par l’exemple et avec l’assistance des meilleurs parmi ses fils, ceux qui ont opté en cette vie pour un style de perfection morale et qui, passés à l’autre vie, quand l’épiphanie de leurs vertus et de leurs charismes resplendit de manière toute spéciale, ces fils qu’elle nous propose comme dignes de notre imitation, de notre vénération, de notre invocation dans la communion des Saints.
Engagement moral : il y a cependant une première objection qui nous pousse à répondre maintenant par une simple observation. Objection : Mais le Christ n’est-il pas venu pour nous libérer ? Alors, comment peut-on proposer la vie chrétienne comme un engagement nouveau et plus difficile ? Ici il faudrait une longue leçon (cf. Gard. G. colombo, Per la liberazione dell’uomo, Rusconi, éd. 1972) ; et même une très longue leçon, tellement ce mot « libération » est devenu presque une parole magique, presque une séduisante découverte qui va exonérer l’homme moderne de tout scrupule, qui va l’autoriser à vivre suivant les sollicitations spontanées de ses instincts, de ses désirs, de ses passions, étant donné la conscience purement psychologique qu’il a, dans une fausse et parfois fatale illusion, que soustraire sa propre conduite à toute autorité, la dégager de toute prohibition, de toute inhibition est le meilleur moyen de rendre la vie facile et heureuse. Il n’en est pas ainsi. Certes, dans l’économie du Nouveau Testament, le Seigneur a libéré l’homme de l’observance des préceptes de l’Ancien Testament (cf. Mt 12,1-8 Mc 2,27), mais il a perfectionné certains préceptes moraux de la Loi antique (cf. Discours sur la montagne, Mt 5,17 ss.) et, conservant ceux de la loi naturelle, du Décalogue, il a introduit dans la doctrine normative de la vie humaine, deux principales innovations qui la perfectionnent : la première consiste à rendre vraiment intérieur l’acte moral et à porter dans le coeur, c’est-à-dire dans la conscience de l’homme la véritable observance du bien (cf. Mt 15,11 Lc 18,10, sd. ; Mc 7,6) ; la seconde a concentré dans l’amour envers Dieu et le prochain « toute la loi et les prophètes » (Mt 22,40) faisant donc de l’amour qui se donne ainsi, le principe fondamental et fécond de la loi universelle de la moralité humaine (cf. Jn 13,35 Jn 15,13 Mt 25,31 ss.).
Tout cela nous donne à penser. Penser combien est erronée cette prétendue « moralité permissive » c’est-à-dire l’affranchissement de la conduite humaine de la règle absolue du bien et du mal ; combien incomplète se trouve être une norme subjective suggérée par la seule conscience psychologique, arrachée à la loi morale, c’est-à-dire à celle que guident la loi de Dieu et le magistère autorisé qui la propose ; penser enfin comme est belle, au contraire, joyeuse et forte, une vie qui du devoir fait son guide, du devoir imposé par l’engagement du baptême et éclairé par lui.
Avec notre Bénédiction Apostolique.
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Avec une joie particulière, Nous accueillons les quatre mille représentants de «La Vie Montante» qui Nous entourent aujourd’hui, ainsi que le cher Monseigneur Caillot qui donne à ce mouvement tout son dévouement pastoral.
Amis très chers, Nous nous sentons proche de vous et de ceux que vous représentez ici! De vous surtout, qui souffrez moralement; de vous qui vous sentez isolés ou incompris; de vous qui, ayant porté le poids du jour et de la chaleur, n’avez plus la force d’antan mais ne manquez cependant ni de courage ni d’énergie.
Il n’y a point, vous le savez, « d’âge de la retraite » pour accomplir la volonté de Dieu, qui est que nous devenions des saints!
Tous les âges de la vie ont donc leur manière de répondre à l’amour du Christ et de lui rendre témoignage. L’Eglise, elle, a le grave devoir et le souci de faire que chacun trouve en elle sa place pour répondre à cet appel. Si l’accomplissement de la vie ne réalise jamais parfaitement l’idéal des commencements, il doit nous permettre de reconnaître combien, mystérieusement, «tout est grâce». L’essentiel devient alors, selon le mot de Saint Paul, «d’achever en nous ce qui manque aux souffrances du Christ pour son corps qui est l’Eglise» (Col 1,23).
La sanctification par la prière, les sacrements, la charité fraternelle, voilà l’action spirituelle par excellence, l’achèvem.ent du Corps Mystique du Christ. Vivez, chers amis, ce dogme de la «Communion des Saints». Puissions-nous tous y trouver cet élan qui s’épanouira un jour - c’est un point essentiel de notre foi – en vie éternelle.
Grâce à cette communion spirituelle, invisible, beaucoup peuvent compter aujourd’hui sur le témoignage des membres de «La Vie Montante». D’abord vos compagnons et compagnes du troisième âge, qui attendent votre soutien, votre amitié, votre apostolat, à une heure où le recul leur permet souvent de redécouvrir l’essentiel.
Vos familles, vos paroisses, l’Eglise locale peuvent apprécier les multiples services que permet votre disponibilité, la sagesse de votre regard et de votre expérience, l’exemple de votre foi et de votre piété.
A vous tous, présents à Rome près des tombeaux des Apôtres, comme à tous les membres de votre mouvement, qui vous sont particulièrement unis en ces jours par la prière, Nous disons notre confiance, l’espérance que Nous mettons dans votre sens de l’Eglise, dans votre dynamisme spirituel, et apostolique, et Nous vous donnons de grand coeur notre affectueuse Bénédiction Apostolique.
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Chers Fils et Filles,
Au cours des audiences qui se suivent depuis Pâques nous avons commencé et continuons à considérer notre participation au mystère pascal qui a sur notre vie une influence telle qu’elle est capable d’élever l’existence à un degré nouveau que nous appelons couramment chrétien et qui, effectivement, est surnaturel ; cela consiste en une régénération, non seulement symbolique, mais effective, qui a des répercussions extraordinaires: sur nos rapports avec Dieu, sur notre destin éternel, sur certaines manières de vivre, même pendant cette période temporelle et mortelle de notre existence, comportant ainsi un style particulier de notre conduite ; nous avons déjà dit quelques paroles, brèves mais importantes au sujet des engagements que comporte notre qualification existentielle de chrétien : l’engagement de .la foi, par exemple, et l’adhésion à une ligne morale cohérente. Il y a un autre effet qui, toujours grâce au baptême, dérive de notre association vitale au mystère pascal et à l’engagement ecclésial.
Et plus encore qu’engagement, nous devons l’appeler fortune, don, vocation, insertion, appartenance à l’Eglise du Christ. Le baptême, en effet, est la porte par laquelle les hommes entrent dans l’Eglise (cf. Lumen Gentium, LG 14). Et le baptême nous fait, simultanément chrétiens et membres de l’Eglise. Pourquoi ? parce que le baptême transfuse en nous les mystères de la mort et de la résurrection du Christ : « nous sommes associés à ses souffrances... pour être glorifiés avec Lui » (cf. Lumen Gentium, LG 7) ; nous devenons son corps mystique, en vertu d’un rapport non seulement moral, mais réel, bien qu’actuellement non physique — c’est évident —, mais surnaturel, sui generis, au moyen d’un lien vital, qui dépasse tout particularisme humain, et nous réunit, par une communion effective et visible, dans une société supérieure, humaine et surhumaine en même temps, qui s’appelle l’Eglise. Relisons Saint Paul : « Vous êtes tous les fils de Dieu par la foi au Christ Jésus. Ayant reçu le baptême du Christ, vous vous êtes tous revêtus du Christ. Il n’y a plus Juif ni Gentil ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme. Vous êtes tous un dans le Christ Jésus » (Ga 3,26-28 Ep 4,5 1Co 6 1Co 15 Col 3,15).
Il serait normal maintenant, pour avoir une idée exacte de la vie chrétienne, de faire une étude, même sommaire mais essentielle, sur le « corps mystique du Christ qu’est l’Eglise» (cf. la grande Encyclique de Pie XII [1943] ; voir jérôme hamer, L’Eglise est une communion, Ed. du Cerf 1962) ; il s’agit là d’un thème de la théologie la plus moderne, riche de magnifiques doctrines et de questions extrêmement intéressantes comme celle de la distinction, convergente vers une substantielle identification, entre « Peuple de Dieu » et « Corps mystique du Christ » qui, l’un et l’autre, désignent l’Eglise sous des aspects quelque peu différents (cf. Hamer, ibid., p. 45 et p. 50 ; Y. congar, L’Eglise que j’aime, Ed. du Cerf 1968, p. 31 et ss.) ; comme l’autre, l’immense et fascinante question sur l’OEcuménisme : les baptisés n’appartiennent-ils pas tous à l’Eglise ? et l’Eglise n’est-elle pas seule et unique ? (cf. J. A. MOEHLER ; V. SOLOVIEV ; A. S. KHOMIOKOV ; etc.) ; oui, répond le Concile ; mais l’appartenance parfaite à l’Eglise exige, outre le baptême, d’autres conditions, comme la foi identique (cf. Ep 4,5 Jn 10,16), et l’unité de communion (Lumen Gentium, LG 15 Unitatis Redintegratio, UR 2 UR 3, etc.), de sorte que, enseigne le Concile, ce n’est que par l’Eglise catholique du Christ, qui est l’instrument général du salut, que l’on peut obtenir la plénitude des moyens salvifiques (Unitatis Redintegratio, UR 3; W. bertrams, Quaestiones Fundamentales Iuris Canonici, Ed. Gregoriana 1969, p. 242 ss.).
Mais laissons pour le moment ces problèmes et fixons le regard sur la réalité que nous nous sentons poussé à faire resplendir d’une lumière pascale dans nos âmes. Cette réalité, la voici : nous sommes insérés de manière vitale dans l’Eglise du Christ. Lui, il est la vigne, nous, nous sommes les sarments (Jn 15) ; notez combien de fois dans ce chapitre de l’Evangile, le Seigneur nous recommande de « demeurer en Lui », comme une nécessité inéluctable, comme un amour inséparable. Lui il est notre tête, nous, nous sommes les membres de son corps, l’Eglise (cf. Col 1,18). Le baptême nous fait chrétiens (cf. Jn 3,5 Ac 2,41 Ac 4,4 Ac 8,12 Ac 10,48) : de cet événement, qui a investi notre être jusqu’au plus profond de lui-même, nous ne devrons jamais perdre la mémoire. Et de la communion, visible et mystérieuse, historique et eschatologique, que le baptême établit entre nous et l’Eglise, telle qu’elle est réellement, — même si elle est humaine et, partant, limitée et défectueuse dans ses expressions contingentes — nous devrons demeurer les gardiens jaloux, fiers et humbles en même temps, prêts à nous sentir exaltés dans notre personnalité, lorsque nous lui sommes, sincèrement, amoureusement, dévoués.
Et il est une chose que nous devons rappeler et apprendre : aimer l’Eglise ! Comme le Seigneur ! (Ep 5,29). Gomme il est écrit à Genève, seule épigraphe sur la tombe du Cardinal Mermillod : dilexit Ecclesiam ! Et comme l’a écrit Rosmini : « L’Eglise de Jésus Christ... est celle que l’on n’aimera jamais trop, ni relativement, ni absolument... » (A. rosmini, Fedeltà alla Chiesa, Morcelliana 1963).
Aimer l’Eglise ! Avec notre Bénédiction Apostolique.
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Et maintenant , Nous avons grande joie à saluer les fils de Saint Bernard, venus Nous rendre visite à l’issue de leur Chapitre général. Nous adressons nos vceux fervents de très fécond Généralat à Dom Ambrose Southey, récemment élu à tette charge.
Nous assurons les capitulants ici présents et tous les religieux qu’ils représentent de notre affection particulière pour l’Ordre Cistercien.
Dans tette période extrêmement mouvementée de l’histoire humaine, dont les retentissements inévitables sur la vie ecclésiale sont très nombreux, faites tout, chers Fils, pour garder ou retrouver la ferveur de Saint Bernard! Bien au delà des réformes qui risquent parfois d’estomper le problème essentiel, celui de l’expérience profonde de Dieu, que vos abbayes rivalisent d’enthousiasme évangélique pour le silence, l’austérité, la contemplation solitaire, la louange commune, l’amour de la saine doctrine, l’attachement passionné à l’Eglise! Ce sont de tels monastères qui peuvent, en vérité, accueillir et aider jeunes et adultes d’aujourd’hui a approfondir le sens de Dieu et le sens de leur vie. Nous demandons au Christ, avec Notre-Dame et Saint Bernard, de vous aider à poursuivre votre idéal cistercien dans la joie et l’espérance.
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Chers frères maristes, votre visite Nous est agréable et réconfortante: soyez les bienvenus! Soyez assurés que votre florissante famille religieuse, vouée à l’éducation chrétienne, a bien sa place dans notre coeur ! Nous savons que les travaux de votre séjour romain sont consacrés à un long et profond regard sur la vie de votre Institut depuis le Chapitre spécial de mille neuf cent soixante huit, afin de préparer déjà le Chapitre de mille neuf cent soixante seize. Si vous peinez pour discerner le meilleur, soit dans l’expression de votre vie consacrée, soit dans l’accomplissement de vos tâches éducatives, vous croyez aussi que l’Esprit Saint accompagne et féconde la recherche humble et loyale d’exigences évangéliques ou professionnelles, véritablement vécues pour Dieu et pour les hommes. Que Notre-Dame, si fortement aimée par votre Bienheureux Fondateur et par tous ses disciples, vous remplisse de joie, de sérénité, de fidélité, d’esperance, afin de continuer à tracer, pour les hommes d’aujourd’hui, des routes de lumière et de salut! Avec Notre Bénédiction Apostolique.
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Chers Fils et Filles,
Nous allons encore fixer notre attention sur le mystère pascal que nous avons célébré récemment et qui, comme une lumière allumée sur le chemin de notre vie, nous invite à nous former une nouvelle conception du Christ, de notre existence et du monde, conception que nous pouvons définir comme eschatologique. Ne soyons pas épouvantés par ce mot difficile, étranger à la terminologie des anciens catéchismes qui, toutefois, utilisaient un mot que nous pouvons considérer comme équivalent, même dans son acception la plus large et la plus générique, celle de conception chrétienne de la religion et de la vie (cf. M. schmaus, Il problema escatologico nel cristiano, dans le II° volume des « Problemi e orientamenti di Teologia dogm. » Marzotti 1957, p. 925 ss.).
Eschatologique est un vocable qui, vous le savez, dérive du grec et signifie « ultime », final, extrême ; et, dans le langage biblique, il peut avoir une double signification, celle d’ultérieur, de supérieur, de survivant, de surnaturel, quand il se rapporte à une existence qui surpasse, dans la forme et dans la durée, la vie présente, temporelle et mortelle ; il peut également signifier, plus habituellement d’ailleurs, l’état prophétique concernant la fin de ce monde, la situation cosmique et existentielle qui surviendra au terme de l’histoire, quand le Christ retournera dans toute sa Gloire, pour juger « les vivants et les morts », tel que nous le fait imaginer le discours de Jésus à propos de la scène grandiose et mystérieuse du jugement final et de la fatale séparation de l’humanité (Mt 25,31-46). Nos textes traditionnels, toujours authentiques, nous parlent de ces choses sublimes et terribles, dans un traité intitulé : « Nuovissimi » qui développe quatre formidables chapitres : la mort, le jugement, le paradis et l’enfer, auxquels s’en joint un autre qui traite du purgatoire, tous bien documentés et offrant des références précises et des enseignements dogmatiques du magistère ecclésiastique.
Comme pour tant d’autres aspects du monde religieux, la matière se présente très abondante, très profonde et très importante. Mais pour l’instant nous nous limiterons à trois observations au sujet de cet immense cadre eschatologique.
Primo. Au sujet de la résurrection du Christ : une réalité, et quelle réalité ! On sait que l’étude concernant la résurrection du Christ a donné naissance, précisément ces dernières années, à des analyses de tout genre, enclines, quelques-unes, à contester la réalité historique et physique de cet événement central et capital de l’histoire humaine et de la foi chrétienne (cf. 1Co 15). Notre doctrine : biblique, historique, théologique, liturgique, spirituelle n’admet pas — vous le savez — le moindre doute sur cet événement : Jésus-Christ est vraiment ressuscité ; c’est-à-dire qu’après sa mort, une vraie mort, il est redevenu réellement vivant, âme et corps, mais dans un nouvel état, comme « homme céleste » (1Co 15,47), c’est-à-dire vivifié également dans son humanité par une action supérieure de l’Esprit divin. Nous nous trouvons, certes, dans le surréel, mais dans la vérité dont quelques-uns (Ac 10 Ac 41) et même beaucoup (plus de 500 dit Saint Paul, 1Co 15,6) furent les témoins oculaires et dont nous, les chrétiens, devons être les défenseurs non moins convaincants (cf. F. prat, Théol. de Saint Paul, 1, 157 et ss. ; au sujet de la discussion actuelle : G. porro, La Risurrezione di Cristo oggi, édit. Paoline 1973). Certitude donc, bienheureuse certitude sur le fait de la résurrection du Seigneur.
Second point : notre rapport personnel et ecclésial avec le Christ ressuscité. Voici ce que dit notre doctrine : nous aussi nous ressusciterons comme le Christ. C’est extraordinaire. Mais c’est ainsi : la foi dans le Christ et dans le baptême qu’il a institué, au nom du Dieu vivant, Père et Fils et Esprit Saint, nous assurent, si nous sommes fidèles, une semblable victoire sur la mort ; nous disons avec une immense stupeur et une immense joie : sur la mort (1Co 15,26). Nous aussi nous ressusciterons ! Le Christ est le principe de ce prodige : il en est la cause exemplaire (dans le Christ, comme lui, nous pourrons ressusciter) ; Il en est la cause justifiante (par le Christ, à cause de lui, nous pourrons ressusciter). Ceci est l’accomplissement de sa mission messianique, ceci est le miracle de la rédemption. Si nous voulons correspondre au dessein rédempteur, ceci sera notre sort final, notre eschatologie. Le mystère pascal domine par conséquent notre destin ultime.
Troisième point : Nous nous demandons : mais comment ? mais quand ? Ceci est un autre aspect de ce fait religieux suprême : la répercussion du concept eschatologique sur l’existence présente. En d’autres termes, nous devons nous interroger sur l’influence qu’a sur notre vie dans le temps, notre foi en la vie future annoncée par le Christ et enseignée par l’Eglise.
Autrefois cette idée brillait toujours comme une lampe allumée dans l’obscurité, si complexe et si insidieuse, du pèlerinage de l’homme au cours du temps. A présent, par contre, on dirait que l’on tente par tous les moyens de voiler ou d’éteindre cette lumière, pour extirper de la mentalité humaine toute idée de vie future et pour habituer l’homme moderne à se former une mentalité purement temporelle, actualiste, et à enfermer les lignes directrices de sa vie dans le cadre de l’heure présente, sans aller au-delà de son horizon. Le laïcisme radical ferme les yeux sur le mystère et sur le destin de l’immortalité de l’âme, et, d’autant plus, sur la vision de la résurrection promise.
Si, par contre, nous, chrétiens, nous avons foi dans la réalité et dans la vertu du mystère pascal, nous devons nous former une conception, osons le dire, ambivalente de notre vie : elle est dans le temps, mais, un jour, elle sera dans le royaume des cieux (celui-ci imaginé, non pas comme l’empyrée du monde antique, mais comme un état ontologique, mystérieusement et merveilleusement conçu par l’esprit de Dieu). Un royaume des cieux auquel nous appartenons déjà à divers titres, comme la foi, la grâce, la charité. Nous sommes en partie d’ici et en partie de là ; nous sommes déjà « nouveaux », déjà « vivants » d’une vie que la mort corporelle ne pourra éteindre. Nous devons savoir vivre simultanément dans le temps et dans le ciel. Rappelez-vous encore Saint Paul : « Si vraiment vous êtes ressuscites avec le Christ (dans le baptême) n’ayez de goût que pour les choses d’en haut, nullement pour celles de la terre » (Col 3,1-2), et encore : « comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire de son Père, ainsi, nous aussi, devons marcher dans une vie nouvelle » (Rm 6,4). Une belle prière liturgique nous le rappelle : inter mundanas varietatis ibi nostra fixa sint corda, ubi vera sunt gaudia.
Il ne faut pas que naisse en nous le doute que l’orientation de notre vie vers son destin futur, eschatologique, pourrait nous rendre inaptes à remplir parfaitement et intensément nos devoirs dans le temps fugace actuel ; au contraire, cette orientation accroîtra en nous le sens de sa valeur inestimable et la sage volonté de bien l’employer.
Avec notre Bénédiction Apostolique.
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Chers Fils et Filles,
Au cours de cette période qui a suivi Pâques, nous avons médité au sujet des liens qui unissent à nous ce mystère de la mort et de la résurrection du Christ, et, poussant plus loin cette réflexion, nous sommes arrivés à une conclusion qui, plus que toute autre, surpasse les possibilités de notre langage au point qu’il voudrait mieux rester muets que de comprimer dans quelques modestes expressions les ineffables réalités religieuses essentielles auxquelles il faut cependant que nous nous référions, telles qu’on les connaît virtuellement. Les Saints y ont consacré des traités (cf. pour n’en citer qu’un, st ambroise, De Spiritu Sancto, PL 16) ; les théologiens en tirent des méditations sans fin (cf. tixeront, Histoire des Dogmes, 1905 ; scheeben, Dogmatica, II) : il s’agit de la révélation au sujet de l’Esprit Saint et de notre participation surnaturelle à la vie divine, participation que nous appelons la « grâce », cette Charité, donc, cet amour qui élève, sanctifie et vivifie et qui, précisément par la vertu et le mérite de la rédemption, du mystère pascal, non seulement revêt mais envahit notre être naturel et nous assure la vie éternelle en Jésus Christ dans la plénitude finale du royaume de Dieu (cf. St. TH., I 38,0 I-II 109,0-114 II-II 109,0-114 ; denz.-sch. DS 1520 ss.). Il s’agit de notre vie chrétienne authentique, vécue, justement « dans la grâce de Dieu ».
Tant de choses, trop nombreuses pour notre modeste langage. De grandes vérités, de grandes questions. Nous nous rendons compte, en tout cas, de la richesse extraordinaire de la vie religieuse, de sa profondeur, de sa beauté. Ce n’est pas pour rien que nous sommes sur le seuil du royaume de Dieu, auquel le règne du Christ nous introduit, nous éduque, nous fait participer.
Arrêtons-nous à une seule considération : à la nécessité de vivre dans la grâce de Dieu. Et reportons-nous à un épisode que Jean l’Evangéliste raconte au début du troisième chapitre de son Evangile. Vous-en souvenez-vous ? Nicodème, un notable de son temps et de son milieu s’était rendu une nuit près de Jésus pour savoir qui il était, et ce qu’il enseignait ; il reçut du Christ cette première et bouleversante réponse : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de renaître de nouveau, nul ne peut voir le royaume de Dieu ». Se trouve ainsi déjà annoncée la nécessité d’une vie nouvelle, dérivée d’un principe différent, extrinsèque, supérieur et inscrit dans notre existence naturelle pour la rendre capable de participer, dans une mesure et sous une forme données, à la vie divine. « En vérité, en vérité, insiste Jésus, je te le dis, à moins de renaître de l’eau et de l’esprit, nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Le savant interlocuteur Nicodème, tout compte fait, ne comprit rien. Nous comprenons, nous qui nous rappelons d’autres enseignements du Christ sur la révélation et sur l’instauration de cette vitalité mystique, gratuite et nouvelle, du croyant, fidèle disciple du Christ Sauveur.
Faisons un saut jusqu’aux derniers discours du Christ, au cours de la dernière Cène, lorsqu’il fit ses ultimes, émouvantes, ineffables confidences au sujet de la nouvelle, de la divine communion grâce à laquelle, moyennant sa présence inattendue, il demeurera, après sa disparition de la scène temporelle avec ceux qui peuvent se dire les siens ; il demeurera avec l’envoi de l’Esprit-Saint, le Paraclet, l’assistant, le consolateur, l’hôte intérieur, révélateur de la vérité salvifique, l’inspirateur de la prière incomparable (cf. Rm 8,27) ; Saint Paul abonde en expressions admirables sur ce fait religieux de l’Esprit Saint qui pénètre dans nos âmes avec son souffle divin, avec sa lumière rassurante, avec sa force et qui, de notre naturelle faiblesse peut faire surgir le témoin, le héros, le martyr, le saint, tout ce que doit être le véritable disciple du Christ (cf. denz.-sch. DS 1535).
Nous trouvons-nous dans le mysticisme des contemplatifs ? dans le sentimentalisme des poètes ? dans le cercle des initiés charismatiques ? C’est-à-dire à un niveau extrêmement élevé et accessible seulement à un petit nombre de vies chrétiennes ? Non, nous sommes sur le plan commun de ceux qui vivent « dans la grâce de Dieu ». Manifestations spirituelles exceptionnelles mises à part, qui réellement sont privilèges et conquêtes d’une minorité, cette animation de l’Esprit Saint — qui fait de nous des « justes » — nous offre le moyen de rendre bonnes et méritoires toutes non actions, nous fait progresser dans l’intelligence et dans la pratique du style chrétien de notre vie, nous transforme en « sanctuaires » où habite Dieu, Très-Saint, Un et Trine (Jn 14,23), et nous assure par conséquent la continuité ou, mieux, le mystère indescriptible (cf. 1Co 2,9) de la vie future. Elle est pour tous ! Fils bien-aimés ! réfléchissons bien : elle est pour nous tous ! disponible pour tous, mieux, obligatoire et nécessaire pour tous ! l’alternative proposée à notre destinée éternelle ne souffre aucun doute : nous devons vivre aujourd’hui, pour vivre toujours bienheureux, dans la grâce de Dieu.
Vous savez combien fragile peut se révéler cette situation ; mais il faut que nous nous forcions tous à cette double conviction : il est nécessaire et il est possible, indubitablement, de vivre dans l’a grâce de Dieu. Voilà comment nous nous souviendrons de Pâques. Voilà comment nous nous préparerons à la prochaine et excellente fête de Pentecôte : la fête de l’Esprit Saint et, pour nous, la fête de la grâce divine.
Avec notre Bénédiction Apostolique !
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A cette audience participe un groupe que Nous sommes heureux de saluer spécialement: ce sont les membres de la «Consulta» de l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, réunis autour de leur Grand-Maître, le Cardinal de Furstenberg, du Patriarche latin de Jérusalem et de plusieurs de nos collaborateurs.
Notre récente Exhortation Apostolique Nobis in animo doit être pour vous, chers Fils, un encouragement à faire grandir chez les fidèles de tous les pays que vous représentez l’amour de la Terre Sainte, de ces Lieux que la présence du Christ a rendus à jamais bénis et sacrés. Efforcez-vous également de susciter un élan concret de charité envers les communautés chrétiennes de Palestine, pour qu’elles puissent poursuivre leur magnifique témoignage dans tette région.
Avec notre Bénédiction Apostolique.
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Nous saluons maintenant les membres de l’Association Royale Sportive de la Police de Bruxelles. On Nous a dit que vous étiez venus de Belgique à bicyclette! Chers amis, la vie tout entière est camme une route: continuez à la parcourir sans craindre l’eflort, dans l’entr’aide et la joie. Nous vous le souhaitons de grand cceur, avec notre Bénédiction Apostolique.
Beminde zonen van de vlaamse taal: Uw reis naar Rome is een mooi voorbeeld van sportieve geest! Van ganser harte zegenen wij U, Uw families en allen die U dierbaar zijn.
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Chers Fils et Filles,
Nous sommes encore, par la pensée et par le coeur, orientés vers la Fête de la Pentecôte, et nous savons bien pourquoi. La Pentecôte est une fête qui ne finit jamais, qui dure encore, qui durera toujours. Nous avons dit que la Pentecôte célèbre la naissance de l’Eglise ; or, tant que l’Eglise vivra, le fait qui caractérise la Pentecôte, c’est-à-dire l’animation divine, sous le souffle de l’Esprit, de l’humanité croyante, subsistera, répétons-le, durera toujours. Il s’agit d’un fait historique et au-dessus de l’histoire, accompli à un moment donné du cours des temps, cinquante jours après la Pâque juive et, pour nous, après la résurrection du Christ et, dans cette même conjoncture, intervenu, dans l’ordre supérieur des desseins divins, quand il a plu au Père Céleste de nous révéler « le mystère de sa volonté... c’est-à-dire de réunir toute chose dans le Christ (Ep 1,9-10), de fonder l’Eglise « édifice bâti sur le fondement des Apôtres et des Prophètes, le Christ Jésus en personne étant sa pierre angulaire. C’est par Lui que l’édifice entier, parfaitement construit, monte et devient un temple saint dans le Seigneur » ; nous sommes, nous-mêmes, partie de cet édifice, tout comme nous le sommes d’un « sanctuaire de Dieu dans l’Esprit » (Ep 2,20 Ep 2,22).
Cet aspect mystérieux de l’Eglise fait que dans la Ste Ecriture et dans le langage religieux, diverses appellations symboliques lui sont attribuées : corps mystique, peuple de Dieu, épouse du Christ, vraie vie, troupeau du Pasteur évangélique, temple de la vraie religion, arche d’alliance, royaume du Christ, famille de Dieu, etc. (cf. Lumen Gentium, LG 6) ; mais si l’on s’en tient à l’étymologie, Eglise veut dire « convocation », assemblée, société (cf. Y. congar, Sainte Eglise, p. 21 et ss. ; édit. du Cerf 1963). Or, le moment où cette société humano-divine commence à vivre, à agir, à avoir conscience d’elle-même, à se sentir animée par une Energie prophétique, surnaturelle, toute spéciale, nouvelle et incoercible, c’est-à-dire par l’Esprit Saint, ce moment est celui de la Pentecôte. Ce fut comme s’il s’allumait un feu personnel, intérieur, flamboyant également à l’extérieur ; comme si, dans la scène, le vent s’était mis à souffler ; ce fut comme l’éclat d’un tonnerre, comme la secousse d’un tremblement de terre, comme le réveil simultané d’une multitude, comme une explosion de cris et de joie, une onde spirituelle de paroles et d’éloquence qui tout d’un coup se révéla prodigieuse, parce que capable d’être comprise par ceux qui écoutaient, des gens d’origines les plus diverses et parce que destinée à l’humanité tout entière. L’Eglise naissait à cette heure imprévue, une Eglise que l’on pouvait reconnaître à ses quatre caractères : sainte et apostolique, Eglise unique et universelle, c’est-à-dire catholique.
Un phénomène extraordinaire qui, répétons-le, dure encore et durera jusqu’au retour final du Christ glorieux, même s’il ne s’accompagne plus de signes extérieurs aussi sensibles.
Nous ferions bien de relire le récit de ce fait extraordinaire décrit dans le deuxième chapitre du premier livre de l’histoire de l’Eglise, écrit par Saint Luc et intitulé, comme vous le savez : Actes des Apôtres ; des savants et des dévots les considèrent comme l’Evangile de l’Esprit Saint et ils sont vraiment la première évangélisation de Saint Pierre (paragraphes Ac 1-12) et puis de Saint Paul (paragraphes Ac 12-28). Une oeuvre de toute beauté, extraordinairement intéressante (cf. E. jacquier, Les Actes des Apôtres, un ouvrage volumineux, pas très récent, mais cependant toujours valable, éd. Gabalda, 1926).
Or, nous voudrions que les fidèles de notre génération, avant même de se plonger dans l’étude de l’ecclésiologie, le chapitre le plus attirant de la théologie moderne (voyez le Concile ! et cf. Y. congar, p. 9), et avant d’ordonner, selon les quatre grands chapitres des caractères de l’Eglise rappelés ci-dessus (une, sainte, catholique, apostolique), leurs propres notions théologiques sur l’Eglise (cf. l’oeuvre aussi abondante que riche du Cardinal C. Journet), que les fidèles donc sachent saisir, comme en une synthèse, l’impression immédiate que la vision totale et spirituelle de l’Eglise produit dans nos âmes ; c’est une impression d’une beauté originelle.
Oui, celui qui parvient à saisir la physionomie essentielle de l’Eglise ne saurait échapper à l’émotion caractéristique que la beauté produit dans nos âmes. C’est la forme merveilleuse, la forme parfaite que le Christ a voulu donner à son Eglise ; ce n’est pas sans raison que Saint Paul la décrit dans la ligne de la beauté qui enchante l’amour : « Le Christ, a-t-il écrit, aime l’Eglise et se sacrifie lui-même pour elle dans le but de la sanctifier, de la purifier avec le baptême de l’eau, moyennant la parole de vie ; afin que l’Eglise apparaisse devant Lui, glorieuse, sans tache ni ride, ou quelqu’autre imperfection, mais pour qu’elle soit sainte et immaculée ». Et cette beauté n’est que le reflet de la beauté du Christ (cf. St. aug., Enarr. in Ps 44 PL 36,495-496).
Est-ce, là, une image utopique ? Différente de la figure matérielle et temporelle de l’Eglise, telle que nous la connaissons bien ? une figure qui montre justement l’Eglise sous divers aspects, nullement gracieuse, nullement attirante, une Eglise composée d’hommes encore en pèlerinage ; l’Eglise qui enregistre des pages tristes de son histoire, celle qui réagit à l’idéal de perfection attribué à l’Eglise d’autant plus vigoureusement que se révèle plus grande la différence entre sa figure angélique transfigurée et la place vulgaire que l’expérience découvre souvent, au point que de nombreux adversaires de l’Eglise prennent l’habitude de la couvrir de mépris, d’hostilité, de sarcasmes et encore de calomnies. Nous ne prendrons pas en ce moment la défense des défauts et des fautes de l’élément humain qui, dans le temps, constitue l’Eglise (cf. Lumen Gentium, LG 48). Nous ne parlerons que de la superposition faite par le Christ sur le visage humain de l’Eglise, lui en imposant un nouveau, celui que le baptême a régénéré (cf. st ambroise, De Mysteriis, 7, 35 ; st augustin, De Doctr. ch. 32 ; PL 34, 83) y infusant un pouvoir sanctificateur, dans la Parole, dans la Grâce, dans la tension orientée vers sa propre imitation évangélique, dans la recherche, moyennant la charité, dans le visage même de l’homme mécontent, des plus éloquentes ressemblances de son aspect mystique divin. L’Eglise est beauté, ne serait-ce que pour sa mission sacramentelle d’exprimer l’invisible dans les signes visibles de ses célébrations (cf. St. TH ., I-II 101,2, ad 3) ; pour son génie artistique, liturgique et symbolique, tourné vers l’horizon du monde spirituel ; elle est surtout beauté pour les âmes innocentes, pures et purifiées, qu’elle est capable d’engendrer. Rappelez-vous l’hymne que Manzoni a dédié à la Pentecôte. Lisez les biographies des Saints : où l’humanité nous a-t-elle jamais offert des modèles plus dignes d’admiration et de vénération ? (cf. st augustin, Sermo 112 ; PL 38, 1012 ; cf. R. de chateaubriand, Le Génie du Christianisme).
Et dans la découverte de la beauté de l’Eglise, à peine dévoilée durant notre vie terrestre mais déjà transparente en vertu de quelques rayonnements de la vie future, nous apprenons à aimer l’Eglise, l’humanité bonne, l’humanité idéale, l’humanité sainte que l’Esprit de Jésus prépare dans le temps pour la faire resplendir dans la gloire éternelle (cf. H. de lubac, Médit. sur l’Eglise, p. 33, 210 et ss.).
Avec notre Bénédiction Apostolique !
Catéchèses Paul VI 8574