1965 Ad Gentes 22
22 La semence, qui est la parole de Dieu, venant à germer dans une bonne terre arrosée de la rosée divine, puise la sève, la transforme et l'assimile pour porter enfin un fruit abondant. Certes à l'instar de l'économie de l'Incarnation, les jeunes églises enracinées dans le Christ et construites sur le fondement des apôtres, assument pour une merveilleux échange toutes les richesses des nations qui ont été données au Christ en héritage Ps 2,8. Elles empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à leur sagesse, à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce qui peut contribuer à confesser la gloire du Créateur, mettre en lumière la grâce du Sauveur, et ordonner comme il le faut la vie chrétienne (5).
(5) LG 13.
Pour obtenir ce résultat, il est nécessaire que dans chaque grand territoire socio-culturel, comme on dit, une réflexion théologique de cette sorte soit encouragée, par laquelle, à la lumière de la Tradition de l'Eglise universelle, les faits et les paroles révélés par Dieu, consignés dans les Saintes Lettres, expliqués par les Pères de l'Eglise et le magistère, seront soumis à un nouvel examen. Ainsi on saisira plus nettement par quelles voies la "foi", compte tenu de la philosophie et de la sagesse des peuples, peut "chercher l'intelligence", et de quelles manières les coutumes, le sens de la vie, l'ordre social peuvent s'accorder avec les moeurs que fait connaître la révélation divine. Ainsi apparaîtront les voies vers une plus profonde adaptation dans toute l'étendue de la vie chrétienne. De cette manière, toute apparence de syncrétisme et de faux particularisme sera repoussée, la vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de chaque culture (6), les traditions particulières avec les qualités propres, éclairées par la lumière de l'Evangile, de chaque famille des nations, seront assumées dans l'unité catholique. Enfin les nouvelles églises particulières, enrichies de leurs traditions, auront leur place dans la communion ecclésiastique, la primauté de la Chaire de Pierre, qui préside à tout le rassemblement de la charité (7), demeurant intacte.
(6) cf. Paul VI, alloc. à la canonisation des SS. Mart. Ugan. AAS 56 (1964) p. 908. (7) LG 13.
Il faut donc souhaiter, - bien plus, il convient tout à fait -, que les conférences épiscopales, dans les limites de chaque grand territoire socio-culturel, s'unissent de telle manière qu'elles puissent, en plein accord et en mettant en commun leur avis, poursuivre ce propos d'adaptation.
23 Bien qu'à tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de répandre la foi (1), le Christ Seigneur appelle toujours parmi ses disciples ceux qu'il veut pour qu'ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher aux peuples païens Mc 3,13. Aussi par l'Esprit-Saint, qui partage comme il lui plaît les charismes pour le bien de l'Eglise 1Co 12,11, inspire-t-il la vocation missionnaire dans le coeur d'individus et suscite-t-il en même temps dans l'Eglise des instituts (2), qui se chargent comme d'un office propre de la mission d'évangélisation qui appartient à toute l'Eglise.
(1) LG 17.
(2) sous le nom d'instituts sont compris les ordres, les congrégations
Ils sont en effet marqués d'une vocation spéciale, ceux qui, doués d'un caractère naturel adapté, qui étant capables par leurs qualités et leur intelligence, sont prêts à assumer (3) l'oeuvre missionnaire, qu'ils soient autochtones ou étrangers: prêtres, religieux, laïcs. Envoyés par l'autorité légitime, ils partent dans la foi et l'obéissance vers ceux qui sont loin du Christ, mis à part pour l'oeuvre en vue de laquelle ils ont été choisis Ac 13,2, comme ministres de l'Evangile "pour que l'offrande des païens soit agréée, étant sanctifiée par l'Esprit-Saint" Rm 15,16.
(3) Cf. Pie XI, encyc. Rerum Ecclesiae: AAS 18 (1926), pp.69- 71. Pie XII, ency. Saeculo exeunte: AAS 32 (1940), p.256. Id. encyc. Evangelii praecones : AAS 43 (1951), p. 506.
24 Mais au vrai Dieu qui l'appelle, l'homme doit répondre d'une manière telle que, sans consulter la chair ni le sang Ga 1,16, il s'attache tout entier à l'oeuvre de l'Evangile. Mais cette réponse ne peut être donnée qu'à l'invitation et avec la force de l'Esprit-Saint. L'envoyé entre, en effet, dans la vie et la mission de celui qui "s'est anéanti en prenant la forme d'esclave" Ph 2,7. Il doit donc être prêt à se maintenir pour la vie dans sa vocation, à renoncer à lui-même et à tout ce qu'il a possédé jusque-là, et à "se faire tout à tous" 1Co 9,22.
Annonçant l'Evangile parmi les peuples païens, il doit faire connaître avec confiance le mystère du Christ, dont il est l'ambassadeur, de telle manière qu'en lui il ait l'audace de parler comme il le faut Ep 6,19 Ac 4,31 sans rougir du scandale de la croix. Suivant les traces de son Maître qui est doux et humble de coeur, il doit montrer que son joug est suave et son fardeau léger Mt 11,29. Par une vie véritablement évangélique (4), par une grande constance, par la longanimité, par la douceur, par une charité sans feinte 2Co 6,4, il doit rendre témoignage à son Seigneur et même, si c'est nécessaire, jusqu'à l'effusion du sang. Il obtiendra de Dieu courage et force pour reconnaître que, dans les multiples tribulations et la très profonde pauvreté qu'il expérimente, se trouve une abondance de joie 2Co 8,2. Il doit être persuadé que l'obéissance est la vertu particulière du ministre du Christ, qui a racheté le genre humain par son obéissance.
(4) cf. Benoit XV, encyc. Maximum illud : AAS 11 (1919), pp. 449-450.
Les prédicateurs de l'Evangile doivent se garder de négliger la grâce qui est en eux ; ils doivent se renouveler de jour en jour par une transformation spirituelle 1Tm 4,14 Ep 4,23 2Co 4,16. Les Ordinaires et les supérieurs devront à époques fixes réunir les missionnaires pour qu'ils soient fortifiés dans l'espérance de leur vocation et renouvelés dans leur ministère apostolique ; des maisons adaptées pourront même être organisées dans ce but.
25 Le futur missionnaire doit être préparé à une si noble tâche par une formation spirituelle et morale spéciale (5). Il doit être prompt à prendre des initiatives, avoir de la constance pour mener à bout ses oeuvres, être persévérant dans les difficultés ; il doit supporter patiemment, courageusement, la solitude, la fatigue, le travail stérile. Il ira au-devant des hommes franchement, le coeur largement ouvert ; il entreprendra de bon coeur les tâches qui lui auront été confiées ; il s'adaptera généreusement aux moeurs étrangères des peuples, aux situations changeantes ; en plein accord avec eux, avec une charité réciproque, il apportera son travail et son aide à ses frères et à tous ceux qui se consacrent à la même besogne, en sorte qu'ils soient, à l'imitation de la communauté apostolique, un seul coeur et une seule âme Ac 2,42 Ac 4,32.
(5) Cf. BENEDICTUS XV, encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), pp. 448-449. - Pius XII, encycl. Evangelii praecones : AAs (1951), p. 507.
Déjà pendant le temps de la formation, ces dispositions d'âme doivent être mises en oeuvre, cultivées, élevées et nourries par la vie spirituelle. Pénétré d'une foi vive et d'une espérance inébranlable, le missionnaire doit être un homme de prière ; il doit être enflammé d'un esprit de force, d'amour, de maîtrise de soi 2Tm 1,7 ; il doit apprendre à se suffire en toute occasion Ph 4,11 ; par l'esprit de sacrifice, il doit porter en lui l'état de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus opère en ceux à qui il est envoyé 2Co 4,10 ; par zèle des âmes, il doit de tout coeur dépenser et en outre se dépenser lui-même pour les âmes 2Co 12,15, au point que "par l'exercice quotidien de sa tâche, il grandisse dans l'amour de Dieu et du prochain"(6). C'est ainsi que, obéissant à la volonté du Père avec le Christ, il continuera la mission du Christ sous l'autorité hiérarchique de l'Eglise, et collaborera au mystère du salut.
(6) LG 41.
26 Ceux qui seront envoyés vers les divers peuples païens, doivent être comme de bons ministres du Christ nourris "des enseignements de la foi et de la bonne doctrine" 1Tm 4,6, qu'ils puiseront avant tout dans les Saintes Ecritures, approfondissant le mystère du Christ dont ils seront les hérauts et les témoins.
C'est pourquoi tous les missionnaires - prêtres, frères, soeurs, laïcs - doivent être préparés et formés chacun selon sa situation, afin de n'être pas trouvés inférieurs aux exigences de leur future tâche (7). Dès le début déjà, leur formation doctrinale doit être organisée de telle manière qu'elle embrasse l'universalité de l'Eglise et la diversité des nations. Cela vaut pour toutes les disciplines par lesquelles ils sont préparés à s'acquitter de leur ministère, et des autres sciences dont ils seront utilement instruits, afin qu'ils aient une connaissance générale des peuples, des cultures, des religions, tournée non seulement vers le passé, mais aussi vers le présent. Quiconque en effet doit aborder un autre peuple, doit faire beaucoup de cas de son patrimoine, de ses langues, de ses moeurs. Il est donc absolument nécessaire au futur missionnaire de s'adonner aux études missiologiques, c'est-à-dire de connaître la doctrine et les règles de l'Eglise sur l'activité missionnaire, de savoir quels chemins les messagers de l'Evangile ont parcourus au coeurs des siècles, ainsi que la situation actuelle des missions, en même temps que les méthodes jugées actuellement plus efficaces (8).
(7) Cf. BENEDICTUS XV, encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 440. - PIUS XII, encycl. Evangelii praecones : AAS 43 (1951), p. 507.
(8) BENEDICTUS XV, encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 448. - S. c. De Propaganda Fide decr. 20 mai 1923 : AAS 15 (1923), pp. 369-370. - PIUS XII, encycl. Saeculo exeunte : AAS 32 (1940), p. 256. - Id., encycl. Evangelii praecones : AAS 43 (1951), p. 507. - Ioannes XXIII, encycl. Princeps Pastorum : AAS 51 (1959), pp. 843-844.
Bien que cette formation complète doive être pénétrée de sollicitude pastorale, une formation apostolique particulière, bien ordonnée, doit être proposée, tant par des cours que par des exercices pratiques (9).
(9) OT 19-21
Le plus grand nombre possible de frères et de soeurs doivent être instruits convenablement de l'art de la catéchèse, y être préparés, afin de pouvoir collaborer davantage encore à l'apostolat.
Même ceux qui assument pour une période seulement un rôle dans l'activité missionnaire, il est nécessaire qu'ils acquièrent une formation en rapport avec leur situation.
Ces diverses sortes de préparation. doivent être complétées dans les pays auxquels ils sont envoyés, de sorte que les missionnaires connaissent de manière plus étendue l'histoire, les structures sociales, les coutumes des peuples, qu'ils approfondissent l'ordre moral, les préceptes religieux ainsi que les idées intimes qu'ils ont conçues selon leurs traditions sacrées sur Dieu, le monde et l'homme (10). Ils doivent apprendre les langues jusqu'à pouvoir les utiliser aisément et correctement, et trouver ainsi un accès plus facile à l'esprit et au coeur des hommes (11). En outre ils doivent être initiés aux besoins pastoraux particuliers du pays.
(10) Pie XII, encyc. Evangel. praecones: AAS 43 (1951), pp. 523-524.
(11) Benoit XV, ency. Maximum illud: AAS 11 (1919), p.448. Pie XII, encyc. Evangelii praeconas : AAS 43 (1951), p. 507.
Quelques-uns des missionnaires devront être préparés d'une manière plus approfondie auprès des instituts missiologiques, ou d'autres facultés ou universités, afin de pouvoir s'acquitter plus efficacement de fonctions spéciales (12) et rendre service par leur science aux autres missionnaires dans l'exercice de leur activité missionnaire qui de nos jours surtout présente tant de difficultés et qui est si nécessaire. Il est en outre tout à fait souhaitable que les conférences épiscopales régionales aient à leur disposition un bon nombre de compétence de ce genre, et qu'elles usent avec fruit de leur science et de leur expérience dans les difficultés que rencontre leur tâche. On ne doit pas non plus manquer d'hommes qui sachent utiliser les instruments techniques et les moyens de communication sociale, dont tous doivent apprécier hautement l'importance.
(12) Cf. Pie XII encyc. Fidei donum : AAS 49 (1957), p.234.
27 Tout cela, nécessaire pourtant de façon absolue à quiconque est envoyé aux païens, peut à peine être vraiment réalisé par des individus. L'oeuvre missionnaire elle-même, au témoignage de l'expérience, ne pouvant non plus être accomplie par des isolés, une vocation commune a rassemblé des personnes en des instituts dans lesquels en mettant en commun leurs forces, elles pourront recevoir une formation adaptée et s'acquitter de cette oeuvre au nom de l'Eglise et selon la volonté de l'autorité hiérarchique. Depuis des siècles nombreux, ces instituts ont porté le poids du jour et de la chaleur, soit qu'ils se dévouent totalement au labeur missionnaire, soit que cette activité absorbe une partie seulement de leurs efforts. Souvent d'immenses territoires leur ont été confiés par le St Siège pour être évangélisés ; ils y ont rassemblé pour Dieu un nouveau peuple, une église locale qui adhère à ses propres pasteurs. Les églises qu'ils ont fondées par leurs sueurs, bien plus encore par leur sang, ils seront à leur service par leur zèle et leur expériences en une collaboration fraternelle, ou en prenant la charge des âmes, ou en s'acquittant de fonctions spéciales en vue du bien commun. Parfois, pour toute l'étendue d'une région, ils assumeront certaines tâches plus urgentes, par exemple l'évangélisation de groupes humains ou de peuples qui n'auraient pas encore, pour diverses raisons, reçu le message évangélique, ou qui jusqu'ici lui ont résisté (13).
(13) PO 10 où il est question des diocèses et des prélatures personnels et autres de ce genre .
Si besoin est, ils doivent être prêts à former et à aider de leur expérience ceux qui se consacrent pour un temps à l'activité missionnaire.
Pour ces raisons, et du fait qu'il existe encore des peuples nombreux qu'il faut amener au Christ, les instituts demeurent absolument nécessaires.
28 Les chrétiens, puisqu'ils ont des chrismes différents Rm 12,6, doivent collaborer à l'Evangile, chacun selon ses possibilités, ses moyens, son charisme et son ministère 1Co 3,10 ; tous par conséquent, ceux qui sèment et ceux qui moissonnent Jn 4,37, ceux qui plantent et ceux qui arrosent, il faut qu'ils soient un 1Co 3,8, afin que, tendant tous librement et de manière ordonnée à la même fin (1)", ils dépensent leurs forces d'un même coeur pour la construction de l'Eglise.
C'est pourquoi les travaux des prédicateurs de l'Evangile et l'aide des autres chrétiens doivent être dirigés et liés les uns aux autres de telle manière que "tout se fasse selon l'ordre" 1Co 14,40 dans tous les domaines de l'activité et de la coopération missionnaires.
(1) LG 18
29 La charge d'annoncer l'Evangile par toute la terre étant en premier lieu l'affaire du corps épiscopal (2), le synode des évêques ou "conseil stable d'évêques pour l'Eglise universelle" (3) doit avoir parmi les affaires d'importance générale (4) un souci spécial de l'activité missionnaire, qui est une charge très importante et très sacrée de l'Eglise (5).
(2) LG 23
(3) Cf. Motu proprio Apost. Sollicit., 15/09/65
(4) Cf. Paul VI, alloc. du 21/11/64 in Conc. habitat : AAS 56 (1964)
(5) Cf. Benoit XV, encyc. Maximum illud : AAS 11 (1919), pp. 39-40
Pour toutes les missions et pour toute l'activité missionnaire, il faut qu'il n'y ait qu'un seul dicastère compétent, celui de la "Propagande", par qui doivent être dirigées et coordonnées par toute la terre l'oeuvre missionnaire et la coopération missionnaire ; cependant le droit des églises orientales demeure sauf (6).
(6) Si pour des raisons diverses, des missions sont encore pour un temps soumises à d'autres dicastères, il est utile que ces dicastères aient des rapports avec la S.C. de la Propagande, pour que dans l'organisation et la direction de toutes les missions, une méthode et une norme absolument constantes et uniformes puissent exister .
Bien que l'Esprit-Saint suscite de diverses manières l'esprit missionnaire dans l'Eglise de Dieu ; bien qu'il ne soit pas rare que l'action de l'Esprit prévienne l'action de ceux à qui il appartient de gouverner la vie de l'Eglise, ce dicastère doit cependant pour sa part promouvoir la vocation et la spiritualité missionnaires, le zèle et la prière pour les missions, et publier à leur sujet des messages authentiques et valables. C'est par lui que doivent être suscités et répartis selon les besoins plus urgents des régions, les missionnaires. C'est par lui que doit être établi un plan rationnel d'action ; de lui que doivent provenir les normes directrices et les principes adaptés en vue de l'évangélisation ; par lui que doivent être données les impulsions. C'est par lui que doit être lancée et coordonnée une collecte efficace de ressources qui seront distribuées en tenant compte de la nécessité ou de l'utilité et de l'étendue des territoires, du nombre des fidèles et des infidèles, des oeuvres et des instituts, des ministres et des missionnaires.
En union avec le Secrétariat pour favoriser l'unité des chrétiens, il doit chercher les moyens de procurer et d'organiser la collaboration fraternelle ainsi que la bonne entente avec les initiatives missionnaires d'autres communautés chrétiennes, afin que le scandale de la division soit supprimé dans la mesure du possible.
Aussi est-il nécessaire que ce dicastère soit autant un instrument d'administration qu'un organe de direction dynamiques, qui use de méthodes scientifiques et de moyens adaptés aux conditions de notre temps, c'est-à-dire en tenant compte de la recherche actuelle en théologie, en méthodologie et en pastorale missionnaire.
Dans la direction de ce dicastère doivent avoir une part active, avec voix délibérative, des représentants choisis de tous ceux qui collaborent à l'oeuvre missionnaire; des évêques du monde entier, les conférences épiscopales entendues; des directeurs des instituts et des oeuvres pontificales, selon des modes et des méthodes à établir par le Pontife romain. Tous ces représentants, qui seront convoqués à dates fixes, doivent mener sous l'autorité du Souverain Pontife, l'organisation suprême de toute l'oeuvre missionnaire.
Un groupe permanent d'experts consulteurs, de science ou d'expérience éprouvée, à qui il appartiendra entre autres choses de recueillir des nouvelles opportunes sur la situation locale des diverses régions et la mentalité des divers groupes d'hommes, sur les méthodes d'évangélisation à employer, - et de proposer des conclusions scientifiquement fondées pour l'oeuvre et la coopération missionnaires - doit être à la disposition de ce dicastère.
Les instituts de religieuses, les oeuvres régionales pour les missions, les organisations de laïcs, particulièrement les organisations internationales, doivent être représentées de la manière qui conviendra.
30 Pour que dans l'exercice de l'oeuvre missionnaire elle-même les buts soient atteints et les résultats obtenus, tous ceux qui travaillent à la mission doivent avoir "un seul coeur et une seule âme" Ac 4,32.
C'est le rôle de l'évêque, comme chef et centre de l'unité dans l'apostolat diocésain, de promouvoir l'activité missionnaire, de la diriger, de la coordonner, de telle manière pourtant que soit sauvegardée et encouragée la spontanéité de ceux qui ont une part dans cette oeuvre. Tous les missionnaires, même les religieux exempts, sont soumis à son pouvoir dans les diverses oeuvres qui regardent l'exercice de l'apostolat sacré (7). En vue d'une meilleure coordination l'évêque doit constituer, dans la mesure du possible, un conseil pastoral, dans lequel les clercs, les religieux et les laïcs auront leur part au moyen de délégués choisis. L'évêque doit veiller en outre à ce que l'activité apostolique ne soit pas limitée aux seuls convertis, mais à ce qu'une part égale d'ouvriers et de subsides soit destinée à l'évangélisation des non-chrétiens.
(7) CD 35 CD 4
31 Les conférences épiscopales doivent traiter en plein accord des questions graves et des problèmes plus urgents, sans négliger cependant les différences locales (8). Pour qu'on ne dissipe pas une quantité insuffisante de personnes et de ressources ; pour qu'on ne multiplie pas sans nécessité les initiatives, il est recommandé de fonder, en mettant en commun les forces, des oeuvres qui serviront au bien de tous, comme sont les séminaires, les écoles supérieures et techniques, les centres pastoraux, catéchétiques, liturgiques ainsi que des centres de moyens de communication sociale.
(8) CD 36-38
Une coopération de ce genre doit être établie selon l'opportunité, même entre diverses conférences épiscopales.
32 Il est utile aussi de coordonner les activités menées par les instituts ou les associations ecclésiastiques. Tous de quelque genre qu'ils soient, en tout ce qui regarde l'activité missionnaire elle-même, doivent obéir à l'Ordinaire du lieu. Aussi sera-t-il très utile de conclure des conventions particulières, qui régleront les rapports entre l'Ordinaire du lieu et le supérieur de l'institut.
Quand un territoire a été confié à un institut, le supérieure ecclésiastique et l'institut auront à coeur de tout diriger vers ce but : que la nouvelle communauté chrétienne grandisse et devienne une église locale qui en temps opportun sera gouvernée par son propre pasteur avec son clergé.
Quand cesse le mandat sur un territoire, naît une nouvelle situation. Alors les conférences épiscopales et les instituts doivent établir par délibération commune les règles qui doivent diriger les rapports entre les Ordinaires des lieux et les instituts (9). Il appartient au Saint-Siège d'esquisser les principes généraux selon lesquels les conventions régionales ou même particulières doivent être conclues.
(9) CD 35
Bien que les instituts soient prêts à continuer l'oeuvre commencée, en collaborant au ministère ordinaire du soin des âmes, cependant, à mesure que croîtra le clergé local ,il faudra pourvoir à ce que les instituts, dans la mesure compatible avec leur but, demeurent fidèles au diocèse lui- même, en y assumant généreusement des oeuvres spéciales ou quelque région.
33 Il faut que les instituts, qui dans le même territoire s'appliquent à l'activité missionnaire, trouvent les voies et les modes selon lesquels leurs oeuvres seront coordonnées. C'est pourquoi sont de très grande utilité les conférences de religieux et les unions de religieuses, dans lesquelles tous les instituts d'une même nation ou d'une même région ont leur part. Ces conférences doivent rechercher ce qui peut être fait en mettant en commun les efforts ; elles doivent entretenir d'étroites relations avec les conférences épiscopales.
Tout cela, il convient de l'étendre pour une raison semblable à la collaboration des instituts missionnaires dans les pays dont ils sont originaires, en sorte que les questions et les initiatives communes puissent être résolues plus facilement et à moindre frais, comme la formation doctrinale des futurs missionnaires, les cours pour les missionnaires, les rapports à envoyer aux autorités publiques ou aux organes internationaux et supranationaux.
34 L'exercice régulier et ordonné de l'activité missionnaire exigeant que les ouvriers évangéliques soient préparés scientifiquement à leur mission, particulièrement au dialogue avec les religions et les cultures non chrétiennes, - et que dans l'exécution elle-même ils soient aidés efficacement, on désire que, en faveur des missions collaborent fraternellement et généreusement entre eux les divers instituts qui cultivent la missiologie et d'autres disciplines ou arts utiles aux missions, comme l'ethnologie et la linguistique, l'histoire et la science des religions, la sociologie, les arts pastoraux, et autres choses semblables.
35 L'Eglise étant tout entière missionnaire, et l'oeuvre de l'évangélisation étant le devoir fondamental du peuple de Dieu, le saint Concile invite tous les chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu'ayant une conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de l'Evangile, ils assument leur part dans l'oeuvre missionnaire auprès des païens.
36 Comme membres du Christ vivant, auquel ils ont été incorporés et configurés par le baptême ainsi que par la confirmation et l'Eucharistie, tous les fidèles sont obligés de coopérer à l'expansion et au développement de son Corps, pour l'amener le plus vite possible à sa plénitude Ep 4,13.
C'est pourquoi tous les fils de l'Eglise doivent avoir une vive conscience de leur responsabilité à l'égard du monde, nourrir en eux un esprit véritablement catholique et dépenser leurs forces pour l'oeuvre de l'évangélisation. Cependant, que tous le sachent, leur premier et leur plus important devoir pour la diffusion de la foi, c'est de vivre profondément leur vie chrétienne. Car leur ferveur au service de Dieu, leur charité à l'égard des autres apporteront un nouveau souffle spirituel à l'Eglise tout entière, qui apparaîtra comme un signal levé pour les nations Is 11,12, "la lumière du monde" Mt 5,14 et "le sel de la terre" Mt 5,13. Ce témoignage de la vie obtiendra plus facilement son effet s'il est donné avec d'autres groupements chrétiens, selon les prescriptions du décret sur l'oecuménisme (1).
(1) UR 12.
Cet esprit renouvelé amènera à offrir spontanément à Dieu des prières et des oeuvres de pénitence pour qu'il féconde de sa grâce l'oeuvre des missionnaires ; il amènera l'éclosion de vocations missionnaires, et l'afflux des ressources dont les missions ont besoin.
Pour que tous et chacun des chrétiens connaissent exactement la situation présente de l'Eglise dans le monde, et qu'ils entendent la voix des multitudes qui crient :"Viens à notre aide" Ac 16,9, on donnera, en employant les moyens modernes de communication sociale, de telles nouvelles missionnaires que, prenant conscience de ce que l'activité missionnaire est la leur, ils ouvrent leur coeur aux besoins si immenses et si profonds des hommes et puissent leur venir en aide.
Nécessaire aussi est la coordination des nouvelles et la coopération avec les organes nationaux et internationaux.
37 Puisque le peuple de Dieu vit dans des communautés, diocésaines et paroissiales surtout, et que c'est dans ces communautés que d'une certaine manière il se montre visible, c'est aussi aux communautés qu'il appartient de rendre témoignage au Christ devant les nations.
La grâce du renouvellement ne peut croître dans des communautés à moins que chacune d'entre elles n'étende le rayon de sa charité jusqu'aux extrémités de la terre, et qu'elle n'ait, pour ceux qui sont loin, une sollicitude semblable à celle qu'elle a pour ceux qui sont ses propres membres.
C'est ainsi que la communauté tout entière prie, coopère, exerce une activité parmi les peuples païens, par l'intermédiaire de ses fils que Dieu choisit pour cette fonction si magnifique.
Il serait très utile, pourvu qu'on ne laisse pas de côté l'oeuvre missionnaire universelle, de garder contact avec les missionnaires sortis de la communauté elle-même, ou avec une paroisse ou un diocèse des missions, afin que devienne visible la communion entre les communautés, et que cela tourne à l'édification mutuelle.
38 Tous les évêques, en tant que membres du corps épiscopal qui succède au collège des apôtres, ont été consacrés non seulement pour un diocèse, mais pour le salut du monde entier. Le commandement du Christ de prêcher l'Evangile à toute créature Mc 16,15 les atteint premièrement et directement, avec Pierre et en dépendance de Pierre. De là naît cette communion et coopération des églises aujourd'hui si nécessaire pour continuer l'oeuvre de l'évangélisation. En vertu de cette communion, chacune des églises porte la sollicitude de toutes les autres ; les églises se font connaître réciproquement leurs propres besoins ; elle se communiquent mutuellement leurs biens, puisque l'extension du Corps du Christ est la fonction du collège épiscopal tout entier (2).
(2) LG 23-24
Dans son diocèse, avec lequel il ne fait qu'un, l'évêque, quand il anime, fait avancer, dirige l'oeuvre missionnaire, rend présents et pour ainsi dire visibles l'esprit et l'ardeur missionnaire du peuple de Dieu, en sorte que le diocèse tout entier devient missionnaire.
Il appartiendra à l'évêque de faire lever dans son peuple, surtout parmi les infirmes et les affligés, des âmes qui offrent à Dieu, de tout leur coeur,n pour l'évangélisation du monde, prières et oeuvres de pénitence ; d'encourager volontiers des vocations de jeunes et de clercs pour les instituts missionnaires, acceptant avec reconnaissance que Dieu en choisisse quelques-uns qui entreront dans l'activité missionnaire de l'Eglise ; d'exhorter et d'aider les congrégations diocésaines à assumer leur part propre dans les missions ; de promouvoir auprès de ses fidèles les oeuvres des instituts missionnaires, mais particulièrement les OEuvres pontificales missionnaires. Car c'est à ces oeuvres qu'à bon droit doit être attribuée la première place, puisqu'elles ont des moyens pour pénétrer les catholiques, dès leur enfance, d'un esprit vraiment universel et missionnaire, et pour provoquer une collecte efficace de subsides au profit de toutes les missions selon les besoins de chacune (3).
(3) cf. Benoit XV, encyc. Maximum illid: AAS 11 (1919), pp. 453-454. Pie XI, encyc. Rerum Ecclesia: AAS 18 (1926)pp. 71-73. Pie XII, encyc. Evang. praecon. AAS 43 (1951)pp. 525-526. Id.Ency. Fidei donum : AAS 49 (1957) p.241.
Puisque de jour en jour augmente le besoin d'ouvriers dans la vigne du Seigneur, et que des prêtres diocésains désirent avoir eux aussi un rôle toujours plus grand dans l'évangélisation du monde, le Concile souhaite vivement que les évêques, réfléchissant à la très grave pénurie de prêtres qui empêche l'évangélisation de nombreuses régions, envoient à des diocèses manquant de clergé quelques-uns de leurs meilleurs prêtres qui se proposent pour l'oeuvre missionnaire, et leur fassent donner la préparation nécessaire ; ces prêtres y accompliront en esprit de service, au moins pour une période, le ministère des missions (4).
(4) cf. Pie XII, encyc. Fidei donum: AAS 49 (1957), pp.245-246
Pour que l'activité missionnaire des évêques puisse s'exercer plus efficacement au profit de l'Eglise tout entière, il est utile que les conférences épiscopales règlent les affaires qui ont trait à la coopération ordonnée de leur propre région.
Dans leurs conférences, que les évêques traitent des prêtres du clergé diocésain à consacrer à l'évangélisation des nations ; de la somme déterminée, proportionnée à ses propres revenus, que chaque diocèse est tenu de donner chaque année pour l'oeuvre des missions (5) ; de la direction et de l'organisation des modes et des moyens qui viennent directement en aide aux missions ; de l'aide à apporter aux instituts missionnaires et aux séminaires de clergé diocésain pour les missions, et, si besoin est, de leur fondation ; de l'encouragement à donner à des liens plus étroits entre ces instituts et les diocèses.
(5) CD 6.
Il appartient de même aux conférences épiscopales d'établir et de promouvoir les oeuvres qui permettent de recevoir fraternellement et d'entourer d'un soin pastoral convenable, ceux qui pour cause de travail et d'étude quittent les territoires de mission pour vivre à l'étranger. C'est par ces immigrants que les peuples éloignés deviennent proches d'une certaine manière, et qu'aux communautés qui sont chrétiennes de longue date, est offerte l'occasion d'entreprendre le dialogue avec les nations qui n'ont pas encore entendu l'Evangile, et de leur montrer, dans le service d'amour et d'aide dont ils s'acquittent, l'authentique visage du Christ (6).
(6) cf.Pie XII, encyc. Fidei donum: AAS 49 (1957), p.245
1965 Ad Gentes 22