Angelus Benoit XVI 20912
20912 Castel Gandolfo
Chers frères et soeurs !
La liturgie de la Parole de ce dimanche fait apparaître le thème de la Loi de Dieu, de son commandement : c’est un élément essentiel de la religion juive ainsi que de la religion chrétienne, dans laquelle il trouve son plein accomplissement dans l’amour (cf. Rm Rm 13,10). La loi de Dieu est sa parole qui guide l’homme sur le chemin de la vie, le fait sortir de l’esclavage de l’égoïsme et l’introduit dans la « terre » de la vraie liberté et de la vie. C’est pourquoi dans la Bible, la loi n’est pas considérée comme un poids, une limite qui opprime, mais comme le don le plus précieux du Seigneur, le témoignage de son amour paternel, de sa volonté de rester proche de son peuple, d’être son allié et d’écrire avec lui une histoire d’amour. Le juif pieux prie ainsi : « Je trouve en tes volontés mes délices, je n’oublie pas ta parole. (…) Guide-moi au chemin de tes commandements, car j’ai là mon plaisir » (Ps 119,16 Ps 119,35). Dans l’Ancien Testament, celui qui transmet au nom de Dieu la Loi au peuple, c’est Moïse. Après un long chemin dans le désert, au seuil de la terre promise, il s’exclame : « Et maintenant, Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous enseigne aujourd’hui pour que vous les mettiez en pratique: afin que vous viviez, et que vous entriez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne Yahvé le Dieu de vos pères » (Dt 4,1).
Et voilà le problème : lorsque le peuple est établi sur sa terre et qu’il est dépositaire de la Loi, il est tenté de placer sa sécurité et sa joie dans quelque chose qui n’est plus la parole du Seigneur : dans les biens, le pouvoir et d’autres « divinités » qui en réalité sont vaines, qui sont des idoles. Certes, la Loi de Dieu reste, mais elle a cessé d’être la chose la plus importante, la règle de la vie ; elle devient plutôt un revêtement, une couverture, pendant que la vie suit d’autres voies, d’autres règles, des intérêts individualistes ou de groupes souvent égoïstes. Et la religion perd ainsi sa signification authentique qui consiste à vivre à l’écoute de Dieu pour faire sa volonté — qui est la vérité de notre être — et donc pour vivre bien, dans la véritable liberté, et elle se réduit à des pratiques et des usages secondaires qui satisfont plutôt le besoin humain de se sentir en règle avec Dieu. Et ceci est un risque grave dans toutes les religions, que Jésus a rencontré à son époque mais que l’on peut aussi retrouver, malheureusement, dans la chrétienté. C’est pourquoi les paroles que Jésus prononce dans l’Évangile d’aujourd’hui contre les scribes et les pharisiens, doivent nous faire réfléchir nous aussi. Jésus fait siennes les paroles du prophète Isaïe : « Ce peuple m’honore des lèvres ; mais leur coeur est loin de moi. Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains » (Mc 7,6-7 cf Is 29,13). Et il conclut ensuite : « Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7,8).
L’apôtre Jacques lui aussi, dans sa Lettre, met en garde contre le danger d’une fausse religiosité. Il écrit aux chrétiens : « Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s’abusent eux-mêmes ! » (Jc 1,22). Que la Vierge Marie, à laquelle nous nous adressons à présent en prière, nous aide à écouter d’un coeur ouvert et sincère la Parole de Dieu, pour qu’elle oriente nos pensées, nos choix et nos actions de chaque jour.
À l'issue de l'Angélus :
Chers frères et soeurs !
En cette période de rentrée, je m’adresse à vous, chers écoliers et élèves qui commencez une nouvelle année scolaire. Il est beau et nécessaire d’apprendre. Faites-le de bon coeur. Puissiez-vous découvrir aussi la joie de l’amitié ! Le temps pour le sport et pour les loisirs est important, mais le temps pour la famille et pour Dieu est plus important encore. Vos parents et vos professeurs doivent en favoriser le juste équilibre. Je salue également les Libanais présents ce matin ; je les assure de ma prière et leur dis ma joie de visiter bientôt leur beau pays. Je vous bénis tous de grand coeur.
16912
Beirut City Center Waterfront
Chers Frères et Soeurs, tournons-nous maintenant vers Marie, Notre-Dame du Liban, autour de laquelle se retrouvent les chrétiens et les musulmans. Demandons-lui d’intercéder auprès de son divin Fils pour vous et, plus particulièrement, pour les habitants de la Syrie et des pays voisins implorant le don de la paix. Vous connaissez bien la tragédie des conflits et de la violence qui génère tant de souffrances. Malheureusement, le bruit des armes continue de se faire entendre, ainsi que le cri des veuves et des orphelins ! La violence et la haine envahissent les vies, et les femmes et les enfants en sont les premières victimes. Pourquoi tant d’horreurs ? Pourquoi tant de morts ? J’en appelle à la communauté internationale ! J’en appelle aux pays arabes afin qu’en frères, ils proposent des solutions viables qui respectent la dignité de chaque personne humaine, ses droits et sa religion ! Qui veut construire la paix doit cesser de voir dans l’autre un mal à éliminer. Il n’est pas facile de voir dans l’autre une personne à respecter et à aimer, et pourtant il le faut, si on désire construire la paix, si on veut la fraternité (cf. 1Jn 2,10-11 1P 3,8-12). Puisse Dieu concéder à votre pays, à la Syrie et au Moyen-Orient le don de la paix des coeurs, le silence des armes et l’arrêt de toute violence ! Puissent les hommes comprendre qu’ils sont tous frères ! Marie, qui est notre Mère, comprend notre souci et nos besoins. Avec les Patriarches et les Évêques présents, je place le Moyen-Orient sous sa protection maternelle (cf. Prop. 44). Puissions-nous, avec l’aide de Dieu, nous convertir pour travailler avec ardeur à l’établissement de la paix nécessaire pour une vie harmonieuse entre frères, quelles que soient les origines et les convictions religieuses ! Maintenant prions : Angelus Dómini nuntiávit Marie ...
Castel Gandolfo23912 Chers frères et soeurs !
Sur notre chemin avec l’Évangile de Marc, dimanche dernier nous sommes entrés dans la seconde partie, soit le dernier voyage vers Jérusalem et vers le sommet de la mission de Jésus. Après que Pierre, au nom des disciples, eut professé sa foi en Lui en le reconnaissant comme le Messie (cf. Mc Mc 8,29), Jésus commence à parler ouvertement de la fin qui l’attend. L’évangéliste rapporte trois prédictions successives sur sa mort et sa résurrection, aux chapitres 8, 9 et 10 : Jésus y annonce de plus en plus clairement le sort qui l’attend et sa nécessité intrinsèque. Le passage de ce dimanche renferme la deuxième de ces annonces. Jésus dit : « Le Fils de l’homme — expression par laquelle il se désigne lui-même — est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera » (Mc 9,31). Mais « les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l'interroger » (v. 32).
En effet, en lisant cette partie du récit de Marc, il apparaît clairement qu’une profonde distance intérieure séparait Jésus et ses disciples; ils ne sont, pour ainsi dire, pas sur la même longueur d’onde, si bien que les propos du Maître ne sont pas compris, ou bien ils ne le sont que superficiellement. L’apôtre Pierre, aussitôt après avoir manifesté sa foi en Jésus, se permet de le réprimander pour avoir prédit qu’il serait rejeté et tué. Après la seconde annonce de la passion, les disciples se mettent à discuter sur lequel d’entre eux est le plus grand (cf. Mc Mc 9,34) ; et, après la troisième annonce, Jacques et Jean demandent à Jésus de pouvoir s’asseoir à sa droite et à sa gauche, quand il sera dans la gloire (cf. Mc Mc 10,35-40). Mais on trouve d’autres signes de cette distance : par exemple, les disciples n’arrivent pas à guérir un jeune épileptique que Jésus, ensuite, guérit par la force de la prière (cf. Mc Mc 9,14-29) ; ou quand des enfants sont présentés à Jésus, les disciples les réprimandent, mais Jésus, au contraire, indigné, leur demande de rester et affirme que seuls ceux qui sont comme eux peuvent avoir accès au Royaume de Dieu (cf. Mc Mc 10,13-16).
Que nous dit tout cela ? Cela nous rappelle que la logique de Dieu est toujours « autre » par rapport à la nôtre, comme Dieu lui-même l’a révélé par la bouche du prophète Isaïe : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins » (Is 55,8). C’est la raison pour laquelle, suivre le Seigneur demande toujours à l’homme une profonde conversion — de nous tous —, un changement dans sa manière de penser et de vivre, lui demande d’ouvrir son coeur à l’écoute pour se laisser éclairer et transformer intérieurement. L’orgueil est l’élément clef qui fait la différence entre Dieu et l’homme : en Dieu il n’existe pas d’orgueil, parce qu’Il est « toute la plénitude » et totalement porté à aimer et à donner la vie; alors qu’en nous les hommes, l’orgueil est profondément enraciné et il demande une vigilance et une purification constantes. Nous, qui sommes petits, nous aspirons à apparaître grands, à être les premiers, alors que Dieu qui est réellement grand ne craint pas de s’abaisser et de se faire petit. La Vierge Marie est en parfaite « harmonie » avec Dieu: invoquons-la avec confiance, afin qu’elle nous apprenne à suivre fidèlement Jésus sur le chemin de l’amour et de l’humilité.
À l'issue de l'Angélus :
Chers frères et soeurs !
Hier, dans la ville française de Troyes, a été proclamé bienheureux le prêtre Louis Brisson, fondateur au XIXe siècle des oblats et oblates de saint François de Sales. Je m’unis avec joie aux actions de grâce de la communauté de Troyes et de tous les fils et filles spirituels du nouveau bienheureux.
Chers pèlerins francophones, je vous remercie de tout coeur pour votre prière qui a accompagné la belle réussite du Voyage apostolique au Liban, et par extension à l’ensemble du Moyen Orient. Continuez à prier pour les chrétiens moyen-orientaux, pour la paix et pour le dialogue serein entre les religions. Hier, je me suis uni spirituellement à la joie des fidèles du diocèse de Troyes rassemblés pour la béatification du Père Louis Brisson, fondateur des Soeurs Oblates et des Oblats de saint François de Sales. Puisse l’exemple du nouveau Bienheureux éclairer votre vie ! Il disait : « J’ai besoin de Dieu, c’est une faim qui me dévore ». Comme lui, apprenez à avoir faim de Dieu et à recourir sans cesse à lui avec confiance. Bon dimanche à tous !
Castel Gandolfo30912
Chers frères et soeurs !
L’Évangile de ce dimanche présente l’un des épisodes de la vie du Christ qui, même s’ils sont racontés pour ainsi dire « en passant », contiennent une profonde signification (cf. Mc Mc 9,38-41). Il s’agit du fait qu’une personne, qui n’était pas parmi celles qui suivaient Jésus, avait chassé des démons en son nom. L’apôtre Jean, qui était jeune et zélé, voudrait l’en empêcher, mais Jésus ne le permet pas, au contraire, il saisit cette occasion pour enseigner à ses disciples que Dieu peut opérer des choses bonnes et même prodigieuses, y compris à l’extérieur de leur cercle, et que l’on peut collaborer au Royaume de Dieu de diverses façons, y compris en offrant un simple verre d’eau à un missionnaire (Mc 9,41). Saint Augustin écrit à ce propos : « De la même façon que dans l’Église catholique on peut trouver ce qui n’est pas catholique, ainsi à l’extérieur de l’Église il peut y avoir quelque chose de catholique » (Augustin, Sur le baptême contre les donatistes : PL 43, VII, 39, 77). Par conséquent, les membres de l’Église ne doivent pas éprouver de jalousie, mais se réjouir si quelqu’un d’extérieur à la communauté accomplit le bien au nom du Christ, pourvu qu’il le fasse avec une intention honnête et avec respect. À l’intérieur de l’Église aussi, il peut parfois arriver qu’on ait de la peine à valoriser et à apprécier, dans un esprit de communion profonde, les bonnes choses accomplies par les diverses réalités ecclésiales. En revanche, nous devons tous être toujours capables de nous apprécier et de nous estimer réciproquement, louant le Seigneur pour l’« imagination » infinie avec laquelle il oeuvre dans l’Église et dans le monde.
Dans la liturgie d’aujourd’hui, résonne aussi l’invective de l’apôtre Jacques contre les riches malhonnêtes, qui placent leur assurance dans les richesses accumulées à force d’abus (cf. Jc 5,1-6). À ce sujet, Césaire d’Arles affirme ce qui suit dans l’un de ses discours : « La richesse ne peut faire de mal à un homme bon, car il la donne avec miséricorde, et elle ne peut aider un homme mauvais, tant qu’il la conserve avidement ou la gaspille dans la dissipation » (Sermons 35, 4). Les paroles de l’apôtre Jacques, qui mettent en garde contre la vaine convoitise des biens matériels, constituent un rappel puissant à les utiliser dans la perspective de la solidarité et du bien commun, agissant toujours avec équité et moralité, à tous les niveaux.
Chers amis, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, prions afin que nous sachions nous réjouir de chaque geste et initiative de bien, sans envies ni jalousies, et utiliser sagement les biens terrestres dans la recherche continuelle des biens éternels.
Chers frères et soeurs!
Je suis avec affection et préoccupation les événements que vit la population de l’est de la République démocratique du Congo, qui sont l’objet, ces jours-ci, d’attention également de la part d’une réunion de haut niveau, aux Nations unies. Je suis particulièrement proche des réfugiés, des femmes et des enfants, qui à cause des conflits armés persistants, subissent des souffrances, des violences et de profonds préjudices. J’invoque Dieu, pour que l’on trouve des voies pacifiques de dialogue et de protection de tant d’innocents et afin que revienne au plus vite la paix, fondée sur la justice, et que soit rétablie la cohabitation fraternelle au sein de cette population si éprouvée, ainsi que dans la région tout entière.
* * *
À l'issue de l'Angélus :
Chers frères et soeurs, en cette période de rentrée universitaire, j’encourage les enseignants et les éducateurs dans leur haute mission au service de la jeunesse. Puissiez-vous donner aux étudiants le goût d’apprendre pour avoir un métier et prendre leur place dans la société. L’université peut être un lieu où se vit déjà la fraternité. Un lieu duquel Dieu ne peut pas être absent. J’invite les adultes à éduquer en toutes circonstances les plus jeunes à l’estime mutuelle, à l’attention à l’autre et à la recherche de Dieu. Que Jésus soit notre guide sur le chemin de l’amour du prochain et de la prière ! Bonne rentrée à tous !
7102 Chers frères et soeurs,
Nous nous adressons à présent en prière à la Très Sainte Vierge Marie, que nous vénérons aujourd’hui en tant que Reine du saint rosaire. En ce moment, la traditionnelle « Supplique » s’élève au sanctuaire de Pompéi, et d’innombrables personnes du monde entier s’y unissent. Alors que nous nous associons nous aussi spirituellement à cette invocation générale, je voudrais proposer à tous de mettre en valeur la prière du rosaire pendant la prochaine Année de la foi.Avec le chapelet, en effet, nous nous laissons guider par Marie, modèle de foi, dans la méditation des mystères du Christ, et, jour après jour, nous sommes aidés à assimiler l’Évangile, de manière à former toute notre vie. Ainsi, dans le sillage de mes prédécesseurs, en particulier le bienheureux Jean-Paul II, qui nous a donné, il y a dix ans, sa lettre apostoliqueRosarium Virginis Mariae, j’invite à prier le chapelet personnellement, en famille et en communauté, en nous mettant à l’école de Marie, qui nous conduit au Christ, coeur vivant de notre foi.
Je salue cordialement les pèlerins francophones. Alors que s’ouvre le Synode pour la Nouvelle Évangélisation, je vous invite à prier plus particulièrement l’Esprit Saint, le protagoniste de l’évangélisation depuis la naissance de l’Église. Les participants venus du monde entier manifestent l’universalité de l’Évangile qui s’adresse, aujourd’hui comme hier, à chaque personne rachetée et sauvée par Jésus Christ. Puisse chaque chrétien être renouvelé dans sa responsabilité de faire connaître le Sauveur et son message d’amour et de paix ! Confions à la Vierge Marie, l’Étoile de l’évangélisation, les travaux de cette Assemblée. Bon dimanche à tous et que Dieu vous bénisse !
Chers frères et soeurs!
L’Evangile de ce dimanche (Mc 10,17-30) a pour thème principal celui de la richesse. Jésus enseigne qu’il est très difficile, pour un riche, d’entrer dans le Royaume de Dieu, mais ce n’est pas impossible; en effet, Dieu peut conquérir le coeur d’une personne qui possède de nombreux biens et la pousser à la solidarité et au partage avec ceux qui sont dans le besoin, avec les pauvres, c’est-à-dire à entrer dans la logique du don. De cette façon, cette personne se place sur les pas de Jésus Christ qui, comme l’écrit l’apôtre Paul, «pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté» (2Co 8,9).
Comme cela arrive souvent dans les Evangiles, tout part d’une rencontre: celle de Jésus avec quelqu’un «qui avait de grands biens». C’était une personne qui observait fidèlement tous les commandements de la loi de Dieu depuis sa jeunesse, mais qui n’avait pas encore trouvé le vrai bonheur; et c’est la raison pour laquelle cet homme demande à Jésus comment faire pour «avoir en héritage la vie éternelle» (v. 17). D’un côté, il est attiré, comme tout le monde, par la plénitude de la vie; de l’autre, étant habitué à compter sur ses propres richesses, il pense que la vie éternelle aussi peut, d’une certaine façon, «s’acquérir», en observant peut-être un commandement particulier. Jésus saisit le désir profond qui habite cette personne et — précise l’évangéliste —, il fixe sur lui son regard plein d’amour: le regard de Dieu (cf. v. 21). Mais Jésus comprend aussi quel est le point faible de cet homme: c’est précisément son attachement à tous ses biens; et c’est pourquoi il lui propose de tout donner aux pauvres, pour que son trésor — et donc son coeur — ne soit plus sur la terre mais dans le ciel, et il ajoute «Viens, suis-moi» (v. 22). Mais celui-ci, au lieu d’accueillir avec joie l’invitation de Jésus, s’en va tout triste (cf. v. 23), parce qu’il ne parvient pas à se détacher de ses richesses, qui ne pourront jamais lui donner le bonheur et la vie éternelle.
C’est à ce moment-là que Jésus donne son enseignement à ses disciples, et à nous aussi aujourd’hui: «Comme il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu!» (v. 23). En entendant ces paroles, les disciples furent déconcertés; et ils le furent encore plus lorsque Jésus ajouta: «Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu!». Mais, en les voyant ébahis, il ajouta: «Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu! Car tout est possible pour Dieu» (cf. vv. 24 et 27). Saint Clément d’Alexandrie commente ce passage en disant qu’il enseigne «aux riches à ne point négliger leur salut, comme si toute espérance d’être sauvés leur était ravie» ni «à accuser la richesse et à la rejeter loin d’eux comme leur plus cruelle ennemie, mais à en faire un saint usage qui leur puisse acquérir le ciel» (Quel riche sera sauvé? 27, 1-2). L’histoire de l’Eglise est remplie d’exemples de personnes riches qui ont utilisé leurs biens de manière évangélique et qui ont ainsi atteint la sainteté. Pensons seulement à saint François, à sainte Elisabeth de Hongrie ou à saint Charles Borromée. Que la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, nous aide à accueillir avec joie l’invitation de Jésus, pour entrer dans la plénitude de la vie.
423 A l’issue de l’Angélus
Chers frères et soeurs,
Hier, à Prague, Frédéric Bachstein et treize de ses confrères de l’ordre des Frères mineurs, ont été proclamés bienheureux. Ils ont été tués en 1611 à cause de leur foi. Ce sont les premiers bienheureux de l’Année de la foi et ce sont des martyrs: il nous rappellent que croire dans le Christ signifie être prêts aussi à souffrir avec Lui et pour Lui.
Chers pèlerins francophones, en ce début de l’Année de la foi, l’Evangile de ce jour nous invite à tout abandonner pour suivre Jésus. N’ayons pas peur de vivre et de proclamer notre foi en Dieu. Aujourd’hui encore, vivre pour Dieu nous oblige à faire des choix pour avancer. Ils sont parfois difficiles. Mais nous savons que Dieu nous accompagne et nous aide à faire le bien, car sa grâce nous devance toujours. En ce mois du Rosaire, tournons-nous vers la Vierge Marie. Elle a su accueillir et vivre de la Parole de Dieu. Confions-lui également nos familles et tous les participants rassemblés ici en synode pour réfléchir et échanger sur la Nouvelle Evangélisation! Bon dimanche et bonne semaine à tous!
Chers frères et soeurs !
Avant de conclure cette célébration, adressons-nous à celle qui est la Reine de tous les saints, la Vierge Marie, avec une pensée pour Lourdes, frappée par une grave crue du Gave, qui a inondé également la Grotte des apparitions de la Vierge. En particulier, nous voulons confier aujourd’hui à la protection maternelle de la Vierge Marie les missionnaires hommes et femmes — prêtres, religieux et laïcs — qui dans toutes les parties du monde, sèment la bonne graine de l’Évangile. Prions également pour le synode des évêques, qui au cours de ces semaines, affronte le défi de la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne.
Je salue cordialement les pèlerins francophones, notamment les délégations officielles du Canada, de Madagascar et de France venues à Rome pour la canonisation du père Jacques Berthieu et de Kateri Tekakwitha. Puisse l’exemple de ces nouveaux saints vous encourager à accueillir l’amour du Christ dans votre vie et à en témoigner autour de vous ! Qu’à leur prière de nombreux jeunes répondent à l’appel du Seigneur pour vivre et annoncer l’Évangile ! Confiant l’Église qui est dans vos pays à leur protection, je vous bénis tous de grand coeur ainsi que vos familles ! Bon pèlerinage à tous !
424 Chers frères et soeurs,
La XIIIe assemblée ordinaire du synode des évêques s’est conclue ce matin par la Messe en la basilique Saint-Pierre. Pendant trois semaines, nous avons affronté la réalité de la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne : toute l’Église était représentée et par conséquent engagée dans cette tâche, qui ne manquera pas de porter ses fruits, avec la grâce du Seigneur. Avant tout, cependant, le synode est toujours un moment de forte communion ecclésiale, et pour cela, je désire, avec vous tous, rendre grâce à Dieu, qui une fois de plus nous a fait faire l’expérience de la beauté d’être Église, et de l’être justement aujourd’hui, en ce monde tel qu’il est, au milieu de cette humanité avec ses peines et ses espérances.
La coïncidence de cette assemblée synodale avec le 50e anniversaire de l’ouverture duConcile Vatican II, et donc avec le début de l’Année de la foi, a été significative. Repenser au bienheureux Jean XXIII, au serviteur de Dieu Paul VI, à la saison conciliaire, a été d’autant plus favorable, parce que cela nous a aidés à reconnaître que la nouvelle évangélisation n’est pas notre invention, mais un dynamisme qui s’est développé dans l’Église de façon particulière à partir des années cinquante du siècle dernier, lorsqu’il est apparu évident que même les pays d’ancienne tradition chrétienne étaient devenus, comme on dit, « terre de mission ». C’est ainsi qu’est apparue l’exigence d’une annonce renouvelée de l’Évangile dans les sociétés sécularisées, avec la double certitude que, d’une part, c’est Lui seul, Jésus Christ, la vraie nouveauté qui répond aux attentes de l’homme de chaque époque, et de l’autre, que son message exige d’être transmis de façon adéquate aux contextes sociaux et culturels en mutation.
Que pouvons-nous dire au terme de ces intenses journées de travail ? Pour ma part, j’ai écouté et j’ai recueilli de nombreux éléments de réflexion et de nombreuses propositions, qu’avec l’aide du secrétariat du synode et de mes collaborateurs, je chercherai à mettre en ordre et à élaborer pour offrir à toute l’Église une synthèse organique et des indications cohérentes. Nous pouvons dire, dès à présent, que l’engagement en vue du renouveau spirituel de l’Église sort renforcé de ce synode, pour pouvoir renouveler spirituellement le monde sécularisé; et ce renouveau viendra de la redécouverte de Jésus Christ, de sa vérité et de sa grâce, de son « visage », si humain et en même temps si divin, sur lequel resplendit le mystère transcendant de Dieu.
Confions à la Vierge Marie les fruits du travail de ces assises synodales qui viennent de se conclure. Qu’elle, qui est l’Étoile de la nouvelle évangélisation, nous enseigne et nous aide à apporter le Christ à tous, avec courage et avec joie.
Je commence par un appel.
Au cours des derniers jours, un ouragan dévastateur s’est abattu avec une violence particulière sur Cuba, Haïti, la Jamaïque et les Bahamas, provoquant plusieurs morts et d’immenses dommages, contraignant de nombreuses personnes à quitter leurs maisons. Je désire assurer ma proximité et mon souvenir à tous ceux qui ont été frappés par ce désastre naturel, tandis que j’invite chacun à la prière et à la solidarité, pour soulager la douleur des familles des victimes et offrir une aide aux milliers de personnes sinistrées.
À l'issue de l'Angélus
Chers pèlerins francophones, alors que s’achèvent les travaux du synode pour la nouvelle évangélisation, la parole du Christ nous invite à la confiance et à l’acte de foi en Lui. Celui qui croit ne peut garder pour lui la Bonne Nouvelle du salut. Le Seigneur a confié à tous ses disciples la responsabilité d’annoncer l’Évangile parmi tous les peuples. Puisse l’Esprit Saint rendre votre témoignage lumineux afin que beaucoup découvrent et suivent le Christ, Rédempteur de l’homme. Que la Vierge Marie, Mère de l’Église, vous accompagne sur les chemins qui conduisent vers son Fils !
41112 Chers frères et soeurs,
L’Évangile de ce dimanche (Mc 12,28-34) nous repropose l’enseignement de Jésus sur le plus grand commandement: le commandement de l’amour, qui est double : aimer Dieu et aimer le prochain. Les saints, que nous venons de célébrer tous ensemble en une unique fête solennelle, sont précisément ceux qui, confiants dans la grâce de Dieu, cherchent à vivre selon cette loi fondamentale. En effet, le commandement de l’amour peut être mis pleinement en pratique par celui qui vit dans une relation profonde avec Dieu, précisément comme l’enfant qui devient capable d’aimer à partir d’une bonne relation avec sa mère et son père. Saint Jean d’Avila, que j’ai récemment proclamé docteur de l’Église, écrit au commencement de sonTraité de l’amour de Dieu : « Ce qui pousse — dit-il — le plus notre coeur à aimer Dieu, c’est de considérer profondément l’amour qu’Il a eu pour nous… Ceci, plus que les cadeaux, entraîne le coeur à aimer; car celui qui donne à l’autre un cadeau, lui donne quelque chose qu’il possède ; mais celui qui aime se donne lui-même avec tout ce qu’il a, sans qu’il ne lui reste plus rien à donner » (n. 1). Avant d’être un commandement — l’amour n’est pas un commandement —, c’est un don, une réalité que Dieu nous fait connaître et expérimenter, afin que, comme une graine, il puisse germer aussi en nous et se développer dans notre vie.
Si l’amour de Dieu s'est enraciné profondément dans une personne, alors elle est en mesure d’aimer aussi celui qui ne le mérite pas, comme le fait précisément Dieu envers nous. Un père et une mère n’aiment pas leurs enfants seulement lorsqu’ils le méritent : ils les aiment toujours, même si, naturellement, ils leur font comprendre quand ils se trompent. Nous apprenons de Dieu à vouloir toujours et seulement le bien et jamais le mal. Nous apprenons à regarder l’autre non seulement avec nos yeux, mais avec le regard de Dieu, qui est le regard de Jésus Christ. Un regard qui part du coeur et ne s’arrête pas à la surface, mais qui va au-delà des apparences et réussit à saisir les attentes profondes de l’autre : attentes d’être écouté, d’une attention gratuite ; en un mot : d’amour. Mais le chemin inverse se vérifie aussi : en m’ouvrant à l’autre comme il est, en allant à sa rencontre, en me rendant disponible, je m’ouvre aussi à la connaissance de Dieu, à sentir qu’Il existe et qu’Il est bon. Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables et entretiennent un rapport de réciprocité. Jésus n’a inventé ni l’un ni l’autre, mais il a révélé qu’ils sont, au fond, un unique commandement, et il l’a fait non seulement par sa parole, mais surtout par son témoignage : la Personne même de Jésus et tout son mystère incarnent l’unité de l’amour de Dieu et du prochain, comme les deux bras de la croix, vertical et horizontal. Dans l’Eucharistie, Il nous donne ce double amour, en se donnant à nous, afin que, nourris par ce Pain, nous nous aimions les uns les autres comme Lui nous a aimés.
Chers amis, par l’intercession de la Vierge Marie, prions afin que chaque chrétien sache montrer sa foi dans l’unique vrai Dieu avec un témoignage limpide d’amour pour le prochain.
À l'issue de l'Angélus
Chers frères et soeurs, je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement le groupe Saint Charles Borromée, du Chesnay. L’évangile de ce dimanche nous invite à trouver dans l’amour de Dieu et de nos frères le chemin du bonheur. En aimant Dieu, l’Unique, et en aimant notre prochain comme nous-même, nous construisons l’harmonie et la paix dans nos familles, nos communautés et nos pays. Puissiez-vous donc mettre l’amour au coeur de votre vie ! Et pour mieux connaître cette loi divine, prenez chaque jour le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu. Comme pour les saints, elle sera la lumière de vos pas et la joie de votre coeur ! Bon dimanche à tous !
11112 Chers frères et soeurs,
La liturgie de la Parole de ce dimanche nous présente les figures de deux veuves comme modèles de foi. Elle nous les présente en parallèle : l’une dans le premier livre des Rois (1R 17,10-16) et l’autre dans l’Évangile de Marc (Mc 12,41-44). Ces deux femmes sont très pauvres et c’est justement dans cette condition qu’elles font preuve d’une grande foi en Dieu. La première apparaît dans le cycle des récits sur le prophète Élie. Celui-ci, pendant une période de famine, reçoit du Seigneur l’ordre de se rendre dans la région de Sidon, donc en dehors d’Israël, en territoire païen. Il y rencontre cette veuve et lui demande de l’eau à boire et un peu de pain. La femme réplique qu’il ne lui reste qu’une poignée de farine et une goutte d’huile d’olive mais, comme le prophète insiste en lui promettant que, si elle l’écoute, elle ne manquera ni de farine ni d’huile, elle l’exauce et elle est récompensée. La seconde veuve, celle de l’Évangile, est remarquée par Jésus dans le Temple de Jérusalem, précisément près du tronc où les gens déposaient leurs offrandes. Jésus voit que cette femme jette deux petites pièces dans le tronc; alors il appelle ses disciples et leur explique que son offrande est plus grande que celle des riches car, alors que ceux-ci donnent de leur superflu, la veuve a offert « tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre » (Mc 12,44).
De ces deux épisodes bibliques, savamment rapprochés, on peut tirer un enseignement précieux sur la foi. Celle-ci apparaît comme l’attitude intérieure de celui qui fonde sa vie sur Dieu, sur sa parole, et qui se confie entièrement à lui. Dans l’antiquité, la condition de veuve constituait en soi une situation de grande nécessité. C’est pour cela que, dans la Bible, les veuves et les orphelins sont des personnes dont Dieu prend soin de manière particulière : ils ont perdu tout soutien terrestre, mais Dieu demeure leur Epoux, leur Père. Toutefois, l’Écriture dit que la condition objective de nécessité, dans ce cas-ci le fait d’être veuve, n’est pas suffisante : Dieu demande toujours notre libre adhésion de foi qui s’exprime dans notre amour pour Lui et pour notre prochain. Personne n’est pauvre au point de n’avoir rien à donner. Et en effet, nos deux veuves d’aujourd’hui montrent leur foi en accomplissant un acte de charité: l’une envers le prophète et l’autre en faisant l’aumône. Elles attestent ainsi de l’unité indissoluble entre la foi et la charité, ainsi que celle qui existe entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, comme nous le rappelait l’Evangile de dimanche dernier. Le Pape Léon le Grand, dont nous avons célébré la mémoire hier, affirmait ceci : « Sur la balance de la justice divine, on ne pèse pas la quantité des dons mais le poids des coeurs. La veuve de l’Évangile déposa dans le trésor du Temple deux piécettes et surpassa les dons de tous les riches. Aucun geste de bonté n’est privé de signification devant Dieu, aucune oeuvre de miséricorde ne reste sans fruit » (Sermo de jejunio dec. mens., 90, 3).
La Vierge Marie est l’exemple parfait de la personne qui s’offre tout entière en se confiant à Dieu ; c’est avec cette foi qu’elle a dit à l’ange son « Me voici » et qu’elle a accueilli la volonté du Seigneur. Que Marie aide aussi chacun de nous, en cette Année de la foi, à renforcer sa confiance en Dieu et dans sa parole.
À l'issue de l'Angélus
Chers frères et soeurs,
Hier, à Spolète, a été proclamée bienheureuse Maria-Luisa Prosperi, moniale et abbesse du monastère bénédictin de Trevi, qui a vécu dans la première moitié du XIXe siècle. En union avec toute la famille bénédictine et la communauté diocésaine de Spolète-Nursie, rendons grâces au Seigneur pour sa fille, qu’il a voulu associer de manière particulière à la Passion du Christ.
Aujourd’hui, est célébrée en Italie la «Journée d'action de grâce». Dans le contexte de l’Année de la foi, le thème de cette journée — «Fais confiance au Seigneur et fais le bien; tu habiteras la terre» (Ps 37,3) —, rappelle la nécessité d’un style de vie enraciné dans la foi, pour reconnaître avec gratitude la main créatrice et providentielle de Dieu qui nourrit ses enfants. Je salue et j’encourage tous les agriculteurs.
Chers pèlerins francophones, Jésus nous invite à poser comme lui, un regard bon et juste sur les personnes et sur les événements. Souvent, nous nous laissons impressionner et conditionner par les apparences et les slogans qui dénaturent les choses. Cherchons à voir, au-delà de ce qui paraît, l’étincelle de bonté qui y est déposée, et qui pourra éclairer notre jugement. Alors notre relation avec Dieu et avec les autres sera plus vraie, et nos choix seront plus libres. L’humilité nous apprend que nous ne valons que ce que nous sommes devant Dieu ! Sur ce chemin que la Vierge Marie soit notre modèle ! Bon dimanche à tous !
Angelus Benoit XVI 20912