2004 Apostolorum Successores 145
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145. L'Evêque, modérateur de la vie liturgique. Comme Pontife responsable du culte divin dans l'Eglise particulière, l'Evêque doit régler, promouvoir et garder toute la vie liturgique du diocèse. SC 22 SC 26 CD 15 CIC 835,1
Il devra donc veiller à ce que les règles établies par l'autorité légitime soient attentivement observées et que chacun, aussi bien les ministres que les fidèles, exécutent la charge qui leur revient et non une autre, sans jamais introduire de changements dans les rites sacramentels ou dans les célébrations liturgiques selon des préférences ou des sensibilités personnelles SC 28 CIC 838 CEC 1125.
Il revient à l'Evêque de dicter des règles opportunes en matière liturgique, qui obligent tous dans le diocèse, CIC 841 CIC 838,1 CIC 838,4, toujours dans le respect de ce qu'a disposé le législateur supérieur. Ces règles peuvent se référer entre autre:
- à la participation des fidèles laïcs à la liturgie; CIC 230,2-3 (Pour ce qui concerne le service à l'autel des femmes, l'Evêque tiendra compte de la réponse du Conseil pontifical pour les Textes législatifs du 11.7.1992 conjointement à la Note annexe de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements)
- à l'exposition de l'Eucharistie par les fidèles laïcs quand le nombre des ministres sacrés s'avère insuffisant; CIC 943
- aux processions; CIC 944,2
-aux célébrations dominicales de la liturgie de la Parole, quand le ministre sacré manque ou qu'il y a un grave empêchement à participer à la célébration eucharistique; CIC 1248,2.
- à la Possibilité pour les prêtres de célébrer deux messes par jour pour une juste cause ou, si la nécessité pastorale le demande, trois messes le dimanche ou jours de fête de précepte; CIC 905,2
- par rapport aux indulgences, l'Evêque a le droit de concéder des indulgences partielles à ses fidèles. CIC 995 (PAUL VI, Const. Apost. Indulgentiarum Doctrina; PENITENCERIE APOSTOLIQUE, Enchiridion indulgentiarum)
L'Evêque saura profiter de l'aide des bureaux, ou commissions diocésaines de liturgie, de musique sacrée, d'art sacré, etc. ... qui offrent un soutien précieux pour promouvoir le culte divin, soigner la formation liturgique des fidèles et encourager chez les pasteurs d'âmes un intérêt prioritaire pour tout ce qui regarde la célébration des mystères divins. SC 45-46
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146. Dignité du culte divin. Puisque la liturgie constitue le culte communautaire et officiel de l'Eglise, comme Corps Mystique du Christ, constitué de la tête et d e ses membres, l'Evêque veillera attentivement à ce qu'elle soit célébrée avec la dignité et l'ordre qui lui sont dus. Il devra donc veiller à la tenue des ornements et des objets liturgiques, pour que les ministres ordonnés, les acolytes et les lecteurs se comportent avec la dignité nécessaire, et que les fidèles, participent de façon "pleine, consciente et active" SC 14 et que toute l'assemblée exerce sa fonction liturgique CEC 1144
La musique sacrée occupe dans le culte une place essentielle pour donner de l'importance à la célébration et susciter une résonance profonde chez les fidèles, elle doit être toujours unie à la prière liturgique, se distinguer par sa beauté expressive et se conformer à l'harmonieuse participation de l'assemblée dans les moments prévus par les rubriques. SC 112-121 CEC 1157
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147. Adaptations dans le domaine liturgique. (Au sujet des fondements de l'inculturation liturgique, cf. CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Varietates legitimae) Il revient aux Evêques réunis en Conférence épiscopale d'adapter les livres liturgiques au caractère et aux traditions du peuple et aux nécessités particulières du ministère pastoral, à l'intérieur des marges prévues par les rituels eux-mêmes. CIC 838,3
Dans cette tâche nécessaire et combien délicate, l'Evêque se souviendra que l'inculturation comporte la transformation des valeurs authentiques des diverses cultures par l'intégration dans le christianisme et donc la purification de ces éléments culturels qui se révèlent incompatibles avec la foi catholique, de façon que la diversité ne nuise pas à l'unité dans une même foi et dans les mêmes signes sacramentels. SC 37-40 RMi 52-54
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148. La sanctification du dimanche. Le dimanche est le jour liturgique par excellence, où lequel les fidèles se réunissent pour "entendre la Parole de Dieu et participer à l'Eucharistie, et faire ainsi mémoire de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu". SC 106 CEC 1. Par conséquent l'Evêque s'emploiera à ce que les fidèles sanctifient le dimanche et le célèbrent comme un authentique "jour du Seigneur", par la participation au Saint Sacrifice de la Messe, les oeuvres de charité et le nécessaire repos du travail. SC 102 SC 106 CIC 1247 La Messe dominicale doit être très soignée parce que pour beaucoup la conservation et la nourriture de la foi sont liées à la participation à cette célébration eucharistique.
Du point de vue organisationnel il convient d'observer quelques aspects concrets:
- les horaires des Messes dominicales dans les diverses églises d'une même zone doivent être opportunément établis et rendus publics de façon à faciliter la participation des fidèles, sans cependant multiplier inutilement les célébrations;
- au cas où cela se révèle possible, on organisera le culte divin au bénéfice de qui s'est éloigné de la ville pour motifs de repos ou est contraint à pratiquer une activité professionnelle: avec la Messe de la vigile et d'autres Messes célébrées le matin de bonne heure et dans des lieux adaptés, comme à proximité de gares, d'aéroports, ou aux alentours de marchés ou autres lieux de travail dominical;
- on s'y préoccupera, spécialement dans les grandes villes, du service religieux des étrangers, pour qu'ils puissent assister à la Messe dans leur propre langue ou en latin. L'horaire de cette messe sera exposé aussi sur la porte des églises et, si possible, dans les gares, les hôtels et en d'autres lieux fréquentés par eux. (Cf. SACREE CONGREGATION DES RITES, Eucharisticum mysterium,n.19)
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149. Caractère communautaire de la liturgie. Chaque action liturgique est une célébration de l'Eglise et un acte public de culte, même celle qui est célébrée sans participation de fidèles. Toutefois, pourvu que soit conservée la nature de chaque rite, la célébration communautaire doit être préférée à la célébration individuelle. SC 26-27
En conformité à cette dimension communautaire de la liturgie, on tiendra compte de quelques orientations pratiques:
- les messes dominicales des paroisses seront ouvertes à tous, évitant les liturgies particulières pour des groupes déterminés de fidèles;
- on fera en sorte que le Baptême soit administré généralement le dimanche, dans des célébrations spéciales, en présence de la communauté; en certaines occasions il sera convenable qu'il soit administré durant la célébration eucharistique, et on fera son possible pour qu'il soit célébré durant la Vigile Pascale;
- la Confirmation sera administrée généralement le dimanche, en présence de la communauté réunie dans l'assemblée eucharistique;
- dans la célébration des sacrements et des sacramentaux, on évitera ce qui peut faire allusion à une préférence pour des personnes SC 32 ou pour des catégories, sauf les honneurs dus à l'autorité civile, selon les lois liturgiques;
- dans des cas particuliers, quand une nécessité pastorale le demande, la célébration de la Messe peut avoir lieu en dehors d'un lieu sacré; l'Evêque interviendra résolument quand il lui semblera qu'il y a des abus, ainsi, en n'observant pas ce qui est disposé par le droit, lorsque la célébration est accomplie dans un lieu non convenable, ou bien au nom de groupes exclusifs et des privilèges; CIC 932,1
- puisque la célébration de la Liturgie des Heures est une vraie 'liturgie', l'Evêque exhortera les pasteurs d'âmes à inviter les fidèles à réciter de manière communautaire à l'église certaines parties, par exemple les laudes ou les vêpres, accompagnées, si c'est le cas, d'une catéchèse opportune. SC 99-100.
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150. La célébration des sacrements et des sacramentaux. L'Evêque doit réguler la discipline des sacrements selon les règles établies par l'autorité compétente de l'Eglise, et se préoccuper de ce que tous les fidèles puissent les recevoir abondamment. LG 37 Il se consacrera en particulier à instruire les fidèles, pour qu'ils comprennent la signification de chaque sacrement et le 'vivent' en toute sa valeur personnelle et communautaire.
Il veillera donc à ce que les ministres célèbrent les sacrements et les sacramentaux avec le plus grand respect et application, en conformité avec les rubriques approuvées par le Siège Apostolique et spécialement:
- le Baptême des enfants sera administré sans retard et accompagné de la catéchèse adéquate des parents et des parrains et marraines; (CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Instruction Pastoralis actio)`
- pasteurs et fidèles se conformeront à l'âge de la Confirmation établi par la loi universelle et par la Conférence épiscopale;`CIC 891
- on veillera à ce que la faculté de recevoir les confessions soit concédée uniquement aux prêtres qui, en plus de posséder la compétence théologique et pastorale nécessaire, soient en complète harmonie avec le Magistère de l'Eglise en matière morale; on établira des horaires pour les confessions dans les paroisses, sanctuaires et autres lieux sacrés où s'exerce le soin des âmes, de façon que les confessions soient facilitées aux fidèles, spécialement avant les messes, mais aussi durant celles-ci pour satisfaire les besoins des fidèles; on observera rigoureusement les règles au sujet de l'absolution collective réaffirmées dans le Motu Proprio "Misericordia Dei" qui demande que l'on recoure à cette forme pénitentielle CIC 961-962 CIC 978,2 CIC 986,1 (JP II, Motu proprio Misericordia Dei, nn. 2; 4, 2°a) uniquement dans des situations vraiment exceptionnelles;
- dans l'Eucharistie on utilisera une matière valide et licite;
- la première communion des enfants aura lieu une fois atteint l'âge de raison et sera toujours précédée de la première confession; CIC 914
- le Mariage sera célébré après une préparation opportune des fiancés, qui sera aussi personnelle, de sorte que soient évitées dans la mesure du possible les célébrations nulles par manque de capacité ou de vraie volonté matrimoniale, que les nouveaux époux soient aidés à vivre fructueusement leur union sacramentelle, et que la cérémonie nuptiale soit célébrée dans le plein respect de son caractère religieux. CIC 1063 FC 66
- les sacramentaux (principalement les bénédictions) seront administrés selon leurs rites propres (456 Cf. CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo Benedictionum, 3. V. 1984. Au sujet des exorcismes, CIC 1172 et CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA Foi, Lettre Inde ab aliquot annis, 29 septembre 1985) et les fidèles les comprendront et les vénéreront de manière adéquate, évitant des attitudes superstitieuses.
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151. Importance de la piété populaire. La piété populaire constitue un authentique et propre trésor de spiritualité dans la vie de la communauté chrétienne. Par elle, les fidèles sont conduits à la rencontre personnelle du Christ, à la communion avec la bienheureuse Vierge Marie et avec les saints, spécialement au moyen de l'écoute de la Parole de Dieu, de la participation à la vie sacramentelle, du témoignage de la charité et de la prière. . Le Christ Jésus a insisté sur la nécessité de prier toujours, sans se lasser Lc 18,1: en effet dans la vie spirituelle on avance dans la mesure où on prie. C'est dans la prière faite avec foi que se trouve le secret pour affronter les problèmes et les peines personnelles et sociales. "La prière intériorise et assimile la liturgie pendant et après sa célébration. Même lorsqu'elle est vécue "dans le secret" Mt 6,6, la prière est toujours prière de l'Eglise, elle est communion avec la Trinité Sainte". CEC 2655
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152. Organisation des formes de piété. Pour développer la piété de tout le Peuple de Dieu, l'Evêque recommandera chaudement et favorisera le culte divin. De même il encouragera les exercices du culte et de piété envers la très sainte Vierge Marie et les autres saints et il les organisera de façon qu'ils s'harmonisent avec la liturgie, dont ils reçoivent inspiration et vers laquelle ils conduisent. "Il revient aux Evêques, avec l'aide de leurs collaborateurs immédiats, spécialement des recteurs des sanctuaires, d'établir des normes et de donner des orientations pratiques en tenant compte des traditions locales et des expressions particulières de la religiosité et de la piété populaire (CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Directoire sur la piété populaire et la liturgie, n. 288); . En particulier, l'Evêque:
- a) favorisera avec le plus grand soin l'adoration du Christ Seigneur réellement présent dans l'Eucharistie, même en dehors de la Messe. Pour faciliter la dévotion des fidèles, il fera en sorte que les églises demeurent ouvertes selon les usages et les opportunités locales, ayant soin aussi de la sécurité du lieu. L'Evêque veillera à ce que dans les paroisses de son diocèse se déroulent annuellement des initiatives d'adoration eucharistique, comme les "Quarante Heures" et qu'on célèbre avec la plus grande solennité la fête du Corps et du Sang du Christ. Périodiquement il pourra encourager le Congrès eucharistique diocésain, occasion propice pour rendre un culte public à la Sainte Eucharistie et rappeler aux fidèles la doctrine et la place centrale de l'Eucharistie dans la vie chrétienne et ecclésiale.
- b) favorisera les expressions de la piété enracinée dans le peuple chrétien, la purifiant, si c'est le cas, d'éventuels excès moins conformes à la vérité ou au sentiment catholique et il laissera prudemment ouverte la possibilité pour de nouvelles formes de piété populaire. Une forme très élevée de piété qu'il faut conserver et promouvoir est le culte au Sacré-Coeur de Jésus et la dévotion à la Vierge.
- c) doit examiner les prières et les cantiques qui doivent être publiés et en donner l'approbation nécessaire. CIC 826,3 (CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Instruction Liturgiam authenticam, n. 108). L'Evêque veillera sur leur inspiration biblique et liturgique et sur leur correction doctrinale, de façon que les textes contribuent à la catéchèse des fidèles et à une piété plus profonde, et pour qu'il ne s'introduise pas des prières ou des compositions musicales contraires à l'authentique inspiration chrétienne, ou présentant un aspect ou une signification profanes. S'il s'agit de traduire des prières dans la langue propre et d'adapter les anciennes, il est bien de recourir au conseil de pasteurs, de théologiens et de personnes lettrées.
- d) se préoccupera que les sanctuaires, dont beaucoup sont en l'honneur de la Sainte Mère de Dieu, rendent un service efficace à la vie spirituelle du diocèse. Par conséquent il veillera à la dignité des célébrations liturgiques et à la prédication de la Parole de Dieu et il prendra soin de faire déplacer de l'environnement ce qui peut constituer un obstacle à la piété des fidèles ou suggérer un intérêt lucratif prédominant.
- e) à l'occasion d'anniversaires du calendrier universel, du calendrier particulier du diocèse ou de fêtes locales prévues par les règles et particulièrement suivies (ex. du saint patron, de la Vierge Marie, de Noël, de Pâques etc.), l'Evêque considérera favorablement les manifestations populaires, expressions de fête appartenant souvent à d'antiques traditions, mais il fera en sorte que les fidèles les associent à la joie qui vient des mystères chrétiens et y insère quand c'est juste des éléments de catéchèse et d'authentique dévotion.
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153. Promotion de quelques pratiques de piété. Il faut conserver jalousement, comme un précieux patrimoine spirituel, quelques exercices de piété que les Pasteurs de l'Eglise n'ont pas cessé de recommander:
- parmi eux, se détache le saint Rosaire, comme une espèce de synthèse de l'Evangile, et pour cela, une forme de piété profondément chrétienne (JP II, Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae) qui nous fait contempler avec les yeux de la Vierge Marie les mystères de la vie de Jésus Christ;
- sont aussi à maintenir et à développer la pieuse méditation de la passion du Seigneur, ou Chemin de la Croix, et la récitation de l'Angelus qui interrompt les occupations habituelles du chrétien par la brève méditation de l'Incarnation du Verbe;
- méritent d'être encouragées aussi les neuvaines, spécialement celles qui précèdent les solennités liturgiques (par exemple, Pentecôte, Noël etc.) et les vigiles préparatoires aux grandes solennités.
Le sentiment religieux du peuple chrétien a en outre donné naissance, au cours des siècles, à diverses autres formes de piété qui s'ajoutent à la vie sacramentelle de l'Eglise, comme la vénération des reliques, les processions, l'usage de scapulaires et de médailles, et autres qui sont des expressions d'une inculturation de la foi chrétienne authentique et profondément enracinée. Le zèle pour le développement de la vie spirituelle des fidèles portera à favoriser et à répandre ces pratiques de piété, spécialement quand elles s'inspirent de la Sainte Ecriture et de la liturgie, elles ont jailli du coeur des saints ou témoignent d'une longue tradition de foi et de piété. CEC 1674 S'il est devenu nécessaire d'en modifier ou d'en adapter les textes, l'Evêque ne manquera pas de prendre conseil des pasteurs des autres diocèses intéressés, selon l'aire de diffusion.
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154. Destination sacrée des églises. Les églises, dans lesquelles se célèbre et se conserve la sainte Eucharistie, ne sont pas de simples lieux de réunion des fidèles, mais la demeure de Dieu et un symbole de l'Eglise qui se trouve en ce lieu. Puisque ce sont des lieux destinés en permanence au culte de Dieu, l'Evêque doit célébrer en forme solennelle le rite de la dédicace ou faire en sorte qu'un autre Evêque le fasse ou, dans des cas exceptionnels, un prêtre. CIC 1206 (CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Rituel romain, Ordo de la dédicace des églises et des autels)
Pour ce qui concerne l'usage des lieux sacrés "ne sera admis que ce qui sert ou favorise le culte, la piété ou la religion, et y sera défendu tout ce qui ne convient pas à la sainteté du lieu. Cependant l'Evêque peut permettre occasionnellement d'autres usages qui ne soient pourtant pas contraires à la sainteté du lieu". CIC 1210 Particulièrement, en référence aux concerts, il faut veiller de toute façon à ce que ne soit exécutée que de la musique sacrée - c'est-à-dire composée comme accompagnement à la liturgie ou au moins d'inspiration religieuse chrétienne, et qu'ils soient programmés et exécutés avec la finalité explicite de promouvoir la piété et le sentiment religieux et jamais au détriment du premier service pastoral que doit offrir le lieu. (CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS, Lettre circulaire Concerts dans les églises, 5.11.1987) En tout cas ces initiatives seront évaluées avec sagesse et réduites à un petit nombre de cas.
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155. L'église Cathédrale. Parmi les églises du diocèse, la place la plus importante revient à l'église cathédrale, qui est un signe d'unité de l'Eglise particulière, lieu où se réalise le moment le plus haut de la vie du diocèse et s'accomplit aussi l'acte le plus noble et sacré du munus sanctificandi de l'Evêque, qui comporte en même temps, comme la liturgie même qu'il préside, la sanctification des personnes, le culte et la gloire de Dieu. La Cathédrale est aussi le signe du magistère et de l'autorité du Pasteur du diocèse. L'Evêque doit faire en sorte que les fonctions liturgiques de la cathédrale se déroulent avec la dignité, le respect des rubriques et la ferveur communautaire qui conviennent à celle qui est la mère des églises du diocèse, SC 41 (Ceremoniale Episcoporum, nu. 42-54) et il exhortera à cette fin le Chapitre des chanoines.
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156. Normes et orientations pour l'édification et la restauration des églises. L'architecture et la décoration des églises doivent être nettes, conçues pour la prière et les solennités sacrées et se caractériser, plus que par le luxe, par la noblesse des formes, de façon à se présenter réellement comme un symbole des réalités ultra-terrestres.
Pour ce qui regarde la disposition du tabernacle, de l'autel et des autres éléments (presbyterium, siège, ambon, etc.) il faut suivre la règle liturgique qui s'y rapporte, ainsi que la norme canonique concernant la construction des autels. L'Evêque aura soin en particulier que la Chapelle du Saint-Sacrement ou le tabernacle, qui doivent avoir la plus grande dignité, soient placés en position immédiatement visible. Seront aussi observées avec diligence les prescriptions canoniques sur le lieu de célébration du Baptême et de la Pénitence. CIC 858 CIC 964 En particulier "le siège pour les confessions est réglementé par les normes établies par les Conférences épiscopales respectives, lesquelles garantiront qu'il soit placé "en un endroit bien visible" et soit aussi "pourvu d'une grille fixe", pour permettre ainsi aux fidèles et aux confesseurs eux-mêmes qui le désirent de pouvoir librement s'en servir". (JP II Motu proprio Misericordia Dei, n. 9; CONSEIL PONTIFICAL POUR L'INTERPRETATION DES TEXTES LEGISLATIFS, Interprétation authentique du 7 juillet 1998).
Dans la construction ou la restauration d'églises, on doit concilier piété, beauté artistique et fonctionnalité ainsi qu'agencement doctrinalement sain de la composition de l'église. Observant toujours l'importance prioritaire de la charité et tenant aussi compte de la situation économique et sociale de la communauté chrétienne et des possibilités économiques réelles du diocèse, on s'assurera que les matériaux soient de qualité: cette façon de procéder, en plus de concourir à la dignité propre de l'édifice, est une manière de pratiquer la vertu de pauvreté, pour qu'ainsi on garantisse la conservation des oeuvres dans le temps. Depuis le commencement, on prévoira ce qui est relatif à l'assurance de l'oeuvre et aux mesures de conservation et de garde. CIC 1220,2. Toutes ces règles suggèrent que l'Evêque prenne conseil auprès d'experts, de façon à observer les principes de la liturgie et de l'art sacré, en plus des exigences techniques.
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157. Représentations et images sacrées. L'usage d'exposer les images sacrées dans les églises et de représenter artistiquement les mystères chrétiens doit être solidement conservé, parce qu'il constitue une aide irremplaçable pour la piété et la catéchèse des fidèles. Dans ce but:
- dans les églises, les images doivent être exposées en quantité modérée et en conservant l'ordre qui est dû pour qu'elles ne suscitent pas une dévotion déviée;
- il faut éviter les innovations excessives, bien qu'elles puissent sembler artistiques, car elles risquent plus de provoquer l'étonnement que de nourrir la piété des fidèles. SC 122-124 (JP II, Lettre apostolique Duodecinum saeculum, ch. IV)
"C'est un exemple que je vous ai donné: ce que j'ai fait pour vous, faites-le vous aussi" Jn 13,15
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158. L'Evêque père et pasteur du diocèse. Dans l'exercice de son ministère de père et de pasteur au milieu de ses fidèles, l'Evêque doit se comporter comme celui qui sert, en gardant toujours devant les yeux l'exemple du Bon Pasteur, qui est venu non pour être servi, mais pour servir Mt 20,28 Mc 10,45 et donner sa vie pour ses brebis. LG 27 CD 16
A l'Evêque, envoyé au nom du Christ comme pasteur pour prendre soin de la portion du Peuple de Dieu qui lui est confiée, revient la charge de paître le troupeau du Seigneur 1P 5,2, d'éduquer les fidèles comme des enfants bien-aimés dans le Christ 1Co 4,14-15 et de gouverner l'Eglise de Dieu Ac 20,28 pour la faire croître comme communion dans l'Esprit-Saint grâce à l'Evangile et à l'Eucharistie. CD 11 Il en résulte que l'Evêque représente et gouverne l'Eglise qui lui est confiée, avec le pouvoir nécessaire pour exercer le ministère pastoral ("munus pastorale") reçu par le sacrement, comme participation à la consécration et mission mêmes du Christ. LG 28 CIC 381,1. En vertu de quoi, "les Evêques dirigent les Eglises particulières qui leur sont confiées, en tant que vicaires et légats du Christ, par leurs conseils, leurs recommandations, leur exemple mais aussi par l'exercice de leur autorité et de leur pouvoir sacré, dont toutefois ils ne font usage qu'en vue d'édifier leur troupeau dans la vérité et la sainteté, se souvenant que celui qui est le plus grand doit se faire comme le plus petit et celui qui commande comme celui qui sert". Lc 22,26-27. LG 27 L'Evêque est donc le bon pasteur qui connaît ses brebis et que celles-ci aussi connaissent, il est le vrai père qui se distingue par son esprit de charité et sa sollicitude à l'égard de toutes; CD 16 toutefois, même en tant que juge qui administre habituellement la justice à travers le Vicaire judiciaire et le tribunal, il assure un excellent service de la communauté, inséparable du bien spirituel des fidèles. En effet, en vertu du pouvoir sacré, dont il est investi avec la fonction de pasteur de l'Eglise qui lui a été confiée, et qu'il exerce personnellement au nom du Christ, l'Evêque a le droit sacré d'édicter des lois pour ses sujets, de rendre des jugements et de régler tout ce qui regarde le bon ordre du culte et de l'apostolat. LG 24 LG 27 CIC 131,1
"L'Evêque est donc investi, en vertu de la charge qu'il a reçue, d'un pouvoir juridique objectif, destiné à s'exprimer en actes de pouvoir par lesquels il accomplit le ministère de gouvernement (munus pastorale) qu'il a reçu par le Sacrement.
Toutefois le gouvernement de l'Evêque n'aura une efficacité pastorale - il convient de le rappeler aussi dans ce cas - que s'il s'appuie sur une autorité morale venant de sa sainteté de vie. C'est cette sainteté qui dispose les âmes à accueillir l'Evangile qu'il annonce dans son Eglise, tout comme les normes qu'il donne pour le bien du Peuple de Dieu".
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159. L'Evêque, guide de son peuple. L'Evêque doit cheminer avec son peuple et aller de l'avant, indiquant le chemin à parcourir, par la parole et par son témoignage de vie, avant même qu'en vertu de l'autorité reçue du Christ. Il doit être un guide spirituel cohérent et courageux, qui, comme Moïse, voit l'invisible et n'hésite pas à aller à contre-courant, quand le bien spirituel l'exige. Il doit faire tout son possible pour que sa parole et ses initiatives soient bien accueillies et pour que son autorité ne soit pas amoindrie aux yeux de la communauté diocésaine, mais ce qui doit importer par-dessus tout à un Evêque, c'est le jugement de Dieu.
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160. La responsabilité personnelle de l'Evêque. L'Evêque a le devoir d'encourager les fidèles à participer à la vie de l'Eglise, en s'efforçant de susciter une collaboration nécessaire. Il doit aussi consulter de façon opportune les personnes compétentes et écouter, suivant les prescriptions du droit, les différents organismes dont le diocèse dispose pour faire face aux problèmes humains, sociaux et juridiques, qui souvent présentent des difficultés non négligeables. De cette manière, l'Evêque pourra recueillir les requêtes et les exigences présentes dans la portion du Peuple de Dieu qui lui a été confiée; cependant, l'Evêque, conscient d'être Pasteur de l'Eglise particulière et signe d'unité, évitera d'exercer le rôle de simple modérateur entre les différents Conseils et les autres instances pastorales, mais il agira en fonction de ses droits et de ses devoirs personnels de gouvernement qui l'obligent à décider personnellement, en conscience et en vérité, et non sur la base du poids numérique des conseillers, sauf évidemment dans les cas où le droit requiert que pour faire un acte déterminé, l'Evêque a besoin du consensus d'un collège ou d'un groupe de personnes. CIC 127,1-3. La responsabilité du gouvernement du diocèse repose sur les épaules de l'Evêque.
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161. Le devoir de la résidence. Le service d'amour et la responsabilité à l'égard de l'Eglise particulière demandent à l' Evêque d'observer l'ancienne loi de la résidence, toujours actuelle et nécessaire pour assurer le bon gouvernement pastoral. CIC 395,1-3. C'est une obligation fondamentale de l'Evêque: en effet, le premier devoir de l'Evêque concerne son diocèse et pour pouvoir l'assumer de façon adéquate, il est nécessaire avant tout qu'il y réside. L'Evêque doit résider personnellement dans son diocèse, même s'il a un coadjuteur ou un auxiliaire. Il peut légitimement s'absenter de son diocèse pendant un mois, chaque année, qu'il soit continu ou non, pour ses vacances ou pour d'autres raisons. Dans tous les cas, avant de quitter son diocèse, l'Evêque devra faire en sorte que son absence n'entraîne aucun préjudice pour le diocèse et il prendra toutes les mesures nécessaires pour garantir la conduite de son Eglise particulière.
Les charges de l'Evêque à l'égard de l'Eglise universelle telles que: la Visite "ad limina", la participation au Concile oecuménique ou au Concile particulier, au Synode des Evêques et à la Conférence épiscopale ne rentrent pas en compte dans le mois à disposition de l'Evêque, de même que les jours réservés aux exercices spirituels ou ceux qui sont consacrés à des fonctions particulières reçues du Saint-Siège. Dans ces circonstances également, l'Evêque doit avoir soin de n'être absent du diocèse que pour le temps strictement nécessaire.
Pour toute autre absence, l'Evêque doit demander la permission du Saint-Siège.
Dans tous les cas, l'Evêque devra toujours être dans son diocèse pour les solennités les plus importantes telles que: Noël, la Semaine Sainte, la Résurrection du Seigneur, la Pentecôte, la Fête du Corps et du Sang du Christ.
Si l'Evêque s'absente de son diocèse sans motif légitime, au-delà de six mois, le Métropolitain, ou il s'agit du Métropolitain lui-même, l'Evêque le plus ancien de la Province ecclésiastique, a le devoir d'en informer le Saint-Siège CIC 395,4.
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162. L'Evêque guide et coordinateur de l'évangélisation. L'Eglise est appelée à apporter à tous les hommes la vérité et la grâce du Christ, à travers l'action apostolique harmonieuse de tous ses enfants. En vertu de son mandat apostolique c'est à l'Evêque qu'il revient de susciter, guider et coordonner l'action évangélisatrice de la communauté diocésaine, afin que la foi de l'Evangile se répande et grandisse, que les brebis perdues soient reconduites au bercail du Christ Jn 10,16 Lc 15,4-7 et que le Royaume de Dieu se répande parmi tous les hommes.
Cette dimension apostolique et évangélisatrice revêt des significations et des aspects différents en fonction des lieux, car, tandis que certaines Eglises sont appelées à remplir la mission "ad gentes", d'autres, au contraire, relèvent avec force le défi d'une "nouvelle évangélisation" des baptisés eux-mêmes ou de la carence des moyens pour l'assistance pastorale des fidèles. C'est pourquoi, en de nombreux lieux, la frontière entre le suivi pastoral des fidèles et l'évangélisation n'est pas définie. RMi 33-34
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163. La connaissance du milieu culturel et social. L'Eglise exerce son activité apostolique dans un cadre historique déterminé, qui influe de manière sensible sur la vie des personnes. CD 16
Une juste compréhension des différents facteurs sociaux et culturels, qui influencent les dispositions religieuses des hommes, s'impose donc, afin que l'apostolat réponde continuellement à leurs nécessités et à leur style de vie. C'est à cela que doit aboutir la connaissance des différentes tendances et des courants de pensée qui touchent directement la religion en général et le rôle de l'Eglise en particulier: l'athéisme; les différentes conceptions sur le "caractère séculier" ou la "sécularisation"; le phénomène positif du "retour du religieux", qui est perçu en de nombreux lieux, même s'il se traduit parfois par des formes déviantes de religiosité; la vaste ignorance, même dans les pays de tradition catholique, concernant la réalité historique et actuelle de l'Eglise et sa doctrine, etc.
La constatation de tels phénomènes, dans leurs aspects positifs et négatifs, appelle le zèle apostolique des Pasteurs qui, pleins de confiance en Dieu, doivent aller à la recherche de toutes les âmes pour les réintroduire dans la vie de la grâce et de la vérité, proposant l'annonce de Dieu et du Christ, Fils de Dieu, incarné et Rédempteur de l'humanité, et l'enseignement concernant la grâce et la vie éternelle, avec assurance et clarté, mais aussi avec un langage et des moyens adaptés aux conditions de notre temps. Il faut tout spécialement prêter attention à la formation des ministres de l'Eglise, afin que la prédication et la catéchèse apportent une réponse sûre aux interrogations de l'homme d'aujourd'hui. PO 4
164
164. La coordination de l'apostolat et le projet pastoral diocésain. Pour que la Parole de Dieu parvienne aux différents milieux et aux diverses personnes, il est nécessaire qu'existe une étroite coordination de toutes les oeuvres d'apostolat, sous la direction de l'Evêque, "grâce à quoi toutes les initiatives et institutions catéchétiques, missionnaires, caritatives, sociales, familiales, scolaires et n'importe quelle autre poursuivant une fin pastorale, concourent à une action concordante, ce qui, en même temps, manifeste plus clairement l'unité du diocèse" CD 17
L'Evêque doit entraîner dans l'apostolat diocésain tous les fidèles, aussi bien individuellement qu'en tant que membres d'associations. Cela doit s'effectuer dans le respect de la légitime liberté des personnes et des associations dans la réalisation de leurs apostolats respectifs, suivant la discipline ecclésiale commune et particulière, tout en s'assurant en même temps que chaque activité est utile au bien commun ecclésial. LG 33 AA 3 AA 19 AA 24 CIC 215-216 CIC 223
L'Evêque doit s'efforcer d'organiser de façon adéquate l'apostolat diocésain, suivant un programme ou un projet pastoral qui prévoit une juste coordination des différents champs pastoraux "spécialisés" (liturgie, catéchèse, missions, questions sociales, culturelles, familiales, scolaires, etC.). CD 17 Pour élaborer ce projet, l'Evêque doit engager les différents services et conseils diocésains: de cette manière l'action apostolique de l'Eglise répondra vraiment aux nécessités du diocèse et elle réussira à faire concourir les efforts de tous à sa mise en oeuvre, sans jamais oublier cependant l'action de l'Esprit Saint dans l'oeuvre de l'évangélisation.
L'élaboration du projet demande une analyse préliminaire des conditions sociologiques dans lesquelles vivent les fidèles, pour que l'action pastorale soit toujours plus efficace et qu'elle affronte les difficultés réelles. Le projet doit prendre en considération les différents aspects géographiques, la répartition démographique, la composition de la population, en tenant compte des transformations survenues ou de celles qui peuvent survenir dans un avenir proche. Il doit s'adresser à tout le diocèse dans sa complexité, même aux secteurs les plus éloignés de la pastorale ordinaire.
Après avoir étudié les différents champs d'évangélisation et avoir programmé de façon opportune les ressources pastorales, il faut inculquer à tous ceux qui exercent l'apostolat une authentique "ardeur de sainteté", en étant conscients que l'abondance des fruits et la réelle efficacité ne seront pas tant les résultats d'une parfaite organisation des structures pastorales, que de l'union de chacun avec celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie Jn 14,6 RMi 90 NM 30.
2004 Apostolorum Successores 145