Bible chrétienne Evang. - § 270. La parabole des mines : Lc 19,11-27.
(Lc 19,11-27)
Pour le commentaire, se reporter au § 306 , Mt regroupant cette parabole (des talents) avec celles des dix vierges et du Jugement dernier, en son ch. 25.
(Jn 11,55-57)
— Pour nous, qui savons la suite — mais donc aussi pour Jésus, qui ne la savait pas moins — ce rappel de la Pâque, au milieu de ce trajet triomphal, est rappel de la Passion qui vient.
afin de se purifier: // Nb 9,6-13; 2Ch 30,17 Ac 21,26 — Le souci de se présenter < pur >* à la fête — que manifesteront encore les Pharisiens, au matin du Vendredi-Saint (Jn 18,28 — n'est pas méprisable. C'est au contraire une nécessité pour s'unir au Dieu très Saint : « Prépare-toi à rencontrer ton Dieu, Israël ! » (Am 4,12). Encore faut-il que l'on cherche surtout la pureté « en Esprit et en vérité » § 81 — Jn 4,23-24*). Jn 11,56-57) — Rappelle § 256 — Jn 7,12-13.
(Jn 12,1-11 Mt 26,6-13 Mc 14,3-9 Lc 7,36-50*
— « peu de problèmes exégétiques ont été autant discutés au cours des siècles que le rapport [entre ces 4 textes, ainsi qu'entre Marie de Béthanie, la pécheresse de Lc 7 et Marie-Madeleine] ». Sans prétendre trancher, ni même donner un exposé complet du débat, nous suivrons ici, dans leur ensemble, les remarques d'A. Feuillet dans R.Th. 1975, pv357-394 et dans « Esprit et Vie » 1985, p. 193-203. Les différences entre les Évangélistes semblent s'opposer si l'on prend chaque récit comme un tout achevé ; par contre dès lors qu'on cherche à tirer des variantes leur apport propre, elles s'agencent entre elles comme les morceaux d'un puzzle dont l'unité se dégage à mesure que l'on progresse (et même s'il reste encore des fragments non repérés).
Mt, Mc et Jn ont d'abord en commun le cadre : peu avant la Pâque (Jn : 6 jours; Mt-Mc : 2 jours), à Béthanie, au cours d'un repas (Mc-Jn), une femme répandit sur Jésus un parfum précieux, ce que les disciples réprouvent mais que Le Christ justifie et loue hautement (voir Jn 12,7-8*).
Mt et Mc nous disent que c'était « dans la maison de Simon le lépreux ». Jean précise que « Lazare ressuscité était l'un des convives » et que « Marthe servait » (comme au § 192 — Lc 10,38-42), et que surtout la femme qui verse le parfum, c'est Marie, leur soeur. Précisions diverses, mais non contradictoires. « Marthe sert, Marie répand l’onction : ainsi, par toutes deux, se parachève la dilection totale » (Cyrille d’Alexandrie: Pg 74,73).
Jn 12,3; (Mc 14,3 Mt 26,7) : Un vase d'albâtre (Mt)... qui n'avait jamais été ouvert (Mc-Jn) : Le mot < Pistikos > ne se retrouve pas ailleurs dans la Bible. On le traduit souvent : de nard pur, ou de vrai nard, en supposant que ce mot vient de < Pistos >, digne de foi, donc authentique. Mais nous nous référons à un récit du P. Lagrange ; après rédaction de ses commentaires des Évangiles, il avait trouvé dans les souks de Terre Sainte un < parfum de confiance > (= nardi pistici) qui se vendait dans des flacons fermés comme nos ampoules de pharmacie (donc invérifiable jusqu'à ce qu'on en brise l'ouverture). C'était bien un parfum que l'on acquerrait < de confiance > < digne de confiance > < pistikos >. Un cas entre autres de la pérennité des traditions... D'où notre traduction qui cherche à rendre le caractère définitif du geste de Marie, brisant le col du vase (Mc) pour en répandre le parfum.
Mais en outre, n'est-il pas vraisemblable qu'en employant ce mot insolite, l'Évangéliste joue également sur le rapprochement: < Pistikos > — < Pistis >, suggérant par là même que le plus précieux, pour le Christ, c'est la foi ou la fidélité dont témoigne le geste surprenant de Marie ?
Il n'aurait rien d'étonnant si elle s'était bornée à répandre le parfum sur la tête de Jésus (Mt-Mc), car c'était si coutumier que, dans la scène avec la pécheresse de Lc 7,36-50, le Christ reproche à Simon de ne pas avoir oint d'huile sa tête. Mais d'après Jean, Marie a versé le parfum sur les pieds de Jésus. Ce n'est pas contradictoire /ion plus, car elle peut fort bien avoir fait les deux. Mais il se trouve que le IV° Évangile, par ailleurs, suit Me : ils ont en commun < Pistikos >, l'estimation des 300 deniers, et le « Laissez-la » (Jn 12,7*). Si maintenant l'Évangéliste préfère parler de l'onction sur les pieds, en ajoutant que Marie les essuie ensuite avec ses cheveux, ce ne doit pas être sans intention. Or tout ici est surprenant : non seulement la quantité de parfum (« une livre romaine » = 327 gr.) et le prix (300 deniers = 300 journées de travail) sont exorbitants, mais la soeur de Lazare enfreint les coutumes en se livrant à une tâche normalement attribuée aux esclaves, comme d'oindre les pieds de l'hôte; et plus encore lorsque, pour les essuyer, elle dénoue ses cheveux.
Or le lecteur des Évangiles a déjà été témoin d'un geste tout aussi excessif : celui de Lc 7,36-50 où la pécheresse essuie également de ses cheveux les pieds de Jésus qu'elle vient de baigner de ses larmes, avant de les oindre de parfum. Il semble difficile aujourd'hui — étant donné tout ce que l'on sait des recoupements entre les Évangiles de Lc et de Jn — de ne pas mettre en relation les deux épisodes. On est même amené à penser, comme a. lemonnyer déjà (Rech. sr 1928, p. 103-117), que si Jn caractérise Marie comme celle « qui avait oint le Seigneur... et qui avec ses cheveux lui avait essuyé les pieds », ce doit être que son geste n'avait pas été fait par une autre avec laquelle on risquerait de la confondre, et que par conséquent, la femme laissée discrètement dans l'anonymat par Lc 7 serait bien, elle aussi, Marie de Béthanie (A. Feuillet en arrive à une conclusion semblable).
Dans ce cas, au surplus, tout s’éclaire : l'onction de Béthanie < fait mémoire > (au sens liturgique, où le rite rend présence à un événement passé) de la première onction, celle qui avait scellé la rencontre, le pardon, et l'amour humblement reconnaissant de cette femme pour le Sauveur. Le parallélisme des circonstances: un repas, chez un autre Simon — est pour Marie l'occasion de renouveler l'expression de sa gratitude, toujours aussi vive, en un geste mal compris par les assistants, mais qui pour elle se trouve chargé de toute une signification. Et l'attention aimante de Jésus le saisit parfaitement.
la maison fut remplie de l'odeur du parfum: Venant de Saint-Jean, la remarque n'est sans doute pas anodine. Il y a d'abord le symbolisme de « la bonne odeur des sacrifices » (Gn 8,21 Lv passim ; Esd 6,10 Jdt 16,16 Ep 5,2). Mais plus directement encore, ce sont les croyants eux-mêmes qui, par leur exemple comme par leurs paroles deviennent « en tout lieu », la bonne odeur du Christ, qu'ils font ainsi connaître et aimer (// 2Co 2,14-15). Par suite, que l'odeur du parfum ait rempli la maison comme, dans la vision d'Isaïe 6,3, « la gloire de Yahvé emplit la terre », pourrait bien être une image prophétique de ce que le Christ annoncera précisément en terminant : « ce qu'a fait cette femme sera prêché dans le monde entier », et son parfum emplira donc l'univers. Si Saint-Jean, curieusement, ne reproduit pas cette Parole ultime, ne serait-ce pas qu'il estimait avoir dit l'équivalent au figuré ? C'est ce que supposent également la Tob (note c) et A. Feuillet, (sans toutefois donner comme ici à l'appui les // 2Co 2,14-15 et Is 6).
// Rt 3,1 1R 10,10 Ct 1,12 — Entre Ruth aux pieds de Booz pour obtenir de lui qu'il exerce en sa faveur le < droit de rachat > en l'épousant, et Marie aux pieds de son < Rédempteur >, il y a le rapport — et toutes les différences — de la figure à la réalité mystique, ainsi annoncée en image. De même, le jeune Salomon en toute sa gloire était figure du Christ, et l'hommage de la Reine de Saba se retrouve en la prodigalité même de Marie. Enfin, le // Ct 1,12 donne le ton, qui est celui de l'amour.
Jn 12,4-6; (Mt 26,8-9 Mc 14,4-5 — Jn précise que l'attaque « des disciples » (Mt-Mc) est menée par Judas. Voleur, et à bonne source, puisqu'il « tenait la bourse » (cf. 314*). Ainsi les édifiantes indignations en faveur des pauvres (aujourd'hui, obligatoirement : « des plus pauvres ») peuvent-elles couvrir toutes sortes de motifs inavouables — ce qui n'est pas une raison pour taire ou ignorer l'urgence et l'importance des besoins...
Jn 12,7-8; (Mt 26,10-12 Mc 14,6-8) // Dt 15,9-11 — Laisse-la : au sens de : « Laisse-la tranquille », ou « Laisse-la faire ». Un noble geste (Mt-Mc): On traduit d'ordinaire: « une bonne oeuvre » (Vg : bonum opus), comme l'est effectivement d'« ensevelir les morts »: cf. l'exemple de Tobie, 1,17-19; 2,3-8; cela complète la liste des oeuvres de la charité de Mt 25,35-36. Mais, dans le cas présent, la reconnaissance de cette < bonne oeuvre > viendra seulement en 2° lieu, au v. 8 de Me. Ici, encore que le grec associe le < kalos-kagathos >, c'est bien la beauté, la noblesse de l'acte qui est valorisée. Contre le calcul trop uniquement raisonnable des disciples (et secrètement intéressé de Judas), Jésus commence par nous rappeler que — même pour le bien de l'humanité — il faut préserver le droit d'actes ou d'oeuvres qui vaillent en eux-mêmes, pour leur beauté morale et même artistique : car les hommes n'en ont pas moins besoin que d'affection et de pain.
toujours, vous avez les pauvres avec vous: au présent. Ce n'est pas une prédiction démobilisatrice, même si chaque époque aura en effet ses pauvres (et dans la nôtre, on parle d'un surcroît de < nouveaux pauvres >). Le Christ songe d'autant moins à détourner de secourir des pauvres qu'il cite ici une prescription du Deutéronome (// 15,9-11) sur l'année sabbatique, destinée à empêcher l'accaparement définitif des terres, et par conséquent de valeur si fondamentalement < sociale>, qu'elle ne fut qu'exceptionnellement pratiquée (BC I*, p. 352-53). Toute l'Écriture, et notamment Lc, encourage cette générosité : par exemple Ps 112,5-6, en // à Mt et Mc, au § 313 .
Mais moi, vous ne m'avez pas toujours : Comme Jésus en avait prévenu dès les premières controverses, à propos du jeûne : « viendront les jours où l'Époux leur sera enlevé » § 43 — Mc 2,19-20*). Jésus l'a su, dès le début. Mais à présent, ces jours sont si proches qu'on fait bien de penser déjà à sa sépulture.
Pour ma sépulture : La justification de l'acte < fou > de Marie vient du sens que Jésus lui reconnaît. Mc l'explique le plus clairement : on embaume les morts; le geste de Marie prend par conséquent valeur symbolique, pré-figurative, de ce que les saintes femmes voudront faire au matin de Pâques § 359 *) ; mais en réalité, nous savons qu'elles seront devancées par la Résurrection : Marie, elle a fait ce qu'elle avait en son pouvoir, par anticipation. Avec A. Feuillet, notons que cette explication par le symbolisme de la sépulture ne vaudrait plus s'il n'y avait eu que l'onction de la tête — la seule mentionnée par Mc, mais qui n'a pas de rapport avec la mort. L'onction ne prend son sens funéraire que pour l'embaumement des pieds, que nous connaissons seulement par Saint-Jean : ainsi, même là où les Évangélistes diffèrent, ils se complètent au point que le sens est à la jonction de ce qui deviendrait incohérent, si l'on s'en tenait aux données d'un seul Évangile.
Disant au fond la même chose, Jean paraît obscur — Me aidant à l'interpréter. C'est d'abord que Jn met davantage en valeur la portée symbolique, rituelle — d'où notre traduction : [ce rite] — de la prodigalité de Marie. Mais en outre, il le fait à sa manière, de façon elliptique, sous-entendant : [cela est arrivé] afin qu'elle observe effectivement ce rite de sépulture. C'est R. schnackenburg, cité par A. Feuillet, qui a montré qu'une telle formule, explicite en Jn 19,36, reste le plus souvent sous-jacente: cf. 12,38; 13,18; 15,25; 18,9.32; 19,24.
Marie aurait-elle donc eu connaissance < prophétique > de la mort prochaine de Jésus ? L'Évangile ne le dit pas, et nous n'avons donc pas à entrer dans cette question. Mais sans même parler d'une possible révélation intérieure, ne pouvait-elle en avoir un pressentiment, soit par elle-même, soit par un phénomène de < communication de pensée > avec Celui auquel son amour l'unissait si profondément. Car Lui, en tout cas, le savait, comme le montre l'aplomb de sa prédiction.
Bérulle : Élévation... vers sainte Magdelaine, p. 566 : Quoi, Seigneur, vous êtes vivant et donnant vie aux morts, et le Lazare depuis peu ressuscité est lors même en votre compagnie, et vous parlez de mort en ce banquet et en cette action. Pas un ne pense à votre mort, car vous êtes la vie, et Magdelaine n'y pense pas, car vous êtes sa vie : comment donc ne sachant rien de votre mort, prévient-elle votre mort, et votre sépulture ? Le secret de la Croix ne lui est pas révélé... elle ne sait pas que ces pieds qu'elle arrose de ses liqueurs, seront bientôt percés et cloués... Mais vous le savez, Seigneur, et vous le savez pour elle, car votre esprit et le sien n'est qu'un, et elle opère saintement de votre connaissance sans la connaissance: et son esprit n'étant qu'un avec le vôtre, la connaissance de l'un conduit l'amour de l'autre...
(Mt 26,13 Mc 14,9 — On aurait pu penser que l'éloge était hyperbolique. Mais pas du tout, car cette nouvelle prédiction s'est réalisée à la lettre, jusqu’à nous. Comme nous en avertissait le « Amen, je vous le dis », loin que l'Évangile grossisse les faits ou les paroles de Jésus, c'est la Réalité de son Mystère qui dépasse toute parole... (Sur l'omission, par Saint-Jean, de cette prophétie, Jn 12,3 « et la maison fut remplie de l'odeur du parfum »).
Jn 12,9-11) — Rappel du rôle décisif que la résurrection de Lazare joue dans la précipitation du dénouement — celui que précisément Jésus vient d'annoncer à propos de l'onction de Marie.
Ils résolurent de tuer aussi Lazare : Quel projet stupide, quelle aveugle répression ! Le Seigneur qui eut le pouvoir de ressusciter Lazare quand il était mort, ne le pourrait-il plus quand il aurait été tué?... Eh bien ! le Seigneur a fait les deux: Il a ressuscité le défunt Lazare, et Il s'est ressuscité lui-même, que l'on avait tué... (Augustin : Sur Jn, Tr. 50 in fine — Vives 10, p. 148).
p. 551
(Mt 21,1-9 Mc 11,1-10 Lc 19,28-40 Jn 12,12-19)
— La liturgie en fait l'ouverture de la Semaine Sainte, et par conséquent de toute la IV° et dernière partie de l'Évangile — ce que le triomphe du Christ est en effet. Mais en même temps, s'il est vrai que, depuis le § 183 , tout est polarisé par « la montée à Jérusalem », cette Entrée triomphale en est donc l'aboutissement. Nous sommes à une ligne de faîte, et d'autant plus que cette < procession > des Rameaux jusqu'au Temple, préfigure la vraie nature de cette Gloire, qui est dans l'humiliation même de la Croix du Christ, et le mène jusqu'à la Rencontre avec son Père, par l'Ascension § 275 *). Sur le plan de cette dernière partie de l'Évangile, cf. l'Introduction aux § 279 -311.
Lc 19,28 // Lc 9,51 — Après avoir dit ces choses : Il s'agit de la conclusion, terrible et royale, de la parabole des mines § 270 . Il marchait en avant: depuis Lc 9,51*, Il l'attend. Cf. également, au § 253 , Mc 10,32*.
Mt 21,1 ; Mc 11,1 ; Lc 19,29 // Za 14,1-5 Is 62,11 — Bethphagé, situé comme Béthanie* au revers oriental du Mont des Oliviers, mais plus proche du sommet.
Le // Za 14,1-5 situe également au Mont des Oliviers, la venue de Yahvé, mais en termes apocalyptiques de bouleversement cosmique, qui conviennent davantage au Second Avènement, lorsque Jésus reviendra « avec tous ses saints ».
Mt 21,2-6; Mc 11,2-6; Lc 19,30-34; Jn 12,14-15 // Za 9,9-10 Mt 11,29 Gn 49,10-11 1Ch 17,11 — Jésus sait; et Il tient compte des circonstances (comme la présence de cette ânesse flanquée de son ânon) pour accomplir les oracles, non seulement des prophètes, mais des patriarches (// Gn 49,11 — tant il est vrai que, depuis le début, toute l'Écriture se rapportait à Lui: Il est bien le « Fils de la Promesse » faite à Abraham, Isaac, Jacob et David (// 1Ch 17,11). Comme pour mieux montrer que Jésus est à la confluence de toutes ces prophéties, Mt cite Za 9,9, en donnant à son v. 5a la forme d'Is 62,11c.
// indique pourquoi cette monture, qui était celle aussi des patriarches (// Gn 49,11), et des Juges en Israël (Jg 5,10), a été choisie : c’est qu’en son triomphe même, Jésus est le Maître doux et humble (// Mt 11,29) et le « Rex-pacificus ». Le Seigneur en a besoin : C'est Dieu qui veut, pour notre honneur, avoir besoin de nous. Dans Mt et Mc, c'est la seule fois où le Christ se désigne sous ce titre, qui, après sa résurrection, deviendra le plus habituel : les honneurs que Jésus avait fuis, jusqu'à présent § 151 — Jn 6,15) — cf. < le secret messianique >*), Il peut maintenant les accepter, car il est déjà trop tard pour donner à penser aux foules qu'il vient en Messie temporel.
Pour faire sentir le contraste avec les royautés de la terre, comparer cette < procession > des Rameaux avec le < triomphe > que les Romains faisaient à l'Imperator victorieux...
Mt 21,7-8; Mc 11,7-8; Lc 19,35-38; Jn 12,12.14 // 1R 1,32-40 Ps 118,24-29 — Le emploie le même verbe : «faire monter » Jésus sur l'ânon que 1R 1,33. De même, au v. 37, Lc mentionne la descente du Mont des Oliviers, qui correspond à la descente de Salomon et de son escorte, depuis l'Ophel (la cité de David) jusqu'à la source de Gihôn (// 1R 1,38). La foule loue Dieu avec de grands cris de joie comme, en 1R 1,40, le peuple se livre à une grande joie, avec des cris à faire trembler la terre. Et enfin, Luc ajoute à l'acclamation telle qu'en Mt ou Mc, le titre royal (v. 38), comme en 1R 1,39 : Vive le roi ! L'intention est donc claire : Luc veut nous faire reconnaître et acclamer en Jésus Celui qu'annonçait le premier Salomon : le roi sage et pacifique, « Fils de David ».
Quant au // Du Ps 118,24-29, il convient d'autant mieux que c'est, dans toute sa première partie, une évocation du combat victorieux de la Passion et de la Résurrection, qui font du Christ « la Pierre angulaire » (v. 22-23 ; — cf. § 281 - Mt 21,42-44*). C'est là-dessus que s'engage le dialogue des v. 24-26, et s'organise la procession d'entrée jusqu'au sanctuaire (v. 19-20 et 27-29).
Procession avec rameaux (// Ps 118,27) : Sur ce point encore, la prophétie du psaume se trouve accomplie : Mt 21,8b; Me 11, 8b; Jn 12,13. Ce genre de procession, avec rameaux de saule, de myrte et de palmes, avait lieu durant la fête des Tabernacles (cf. pc III, p. 390; voir aussi, plus loin, le // 1M 13,51).
Mt 21,0; Mc 11, 9; Lc 19,37b-38; Jn 12,13 // 1M 13,51-52 — À son habitude, Lc souligne que, si la foi de la foule est fragile, elle a du moins su reconnaître et rendre grâces à Dieu « de tous les miracles qu'ils avaient vus » (cf. § 217 — Lc 13,13*).
Hosanna: Transcription de l'acclamation qui est en même temps prière (et se trouve aussi dans le Ps 118,25a) : « Donne le Salut ! Sauve ! » Hosanna au fils de David*: c'est donc pour Lui que ce voeu est adressé à Dieu. De même, c'est « au nom du Seigneur » qu'il est béni, avec cette fois le titre de: « Celui qui vient ». Titre messianique : cf. § 106 — Mt 11,2-3*; § 163 — Jn 6,35*; cf. aussi Ml 3,1, qui s'accomplit ici, puisque c'est « jusque dans son Temple » que vient « l'Ange de Dieu » tant attendu (Ml 3,1 se trouve en // à La Présentation de Jésus au temple, § 11 , première réalisation de l'oracle). On pourrait encore ajouter He 10,37, citant Is 26,20 (suivant la lxx).
Mc ajoute que l'acclamation salue la venue du Règne de notre père David, promis à sa Descendance. La prédication de Jean-Baptiste, puis du Christ, en annonçait l'arrivée § 19 — Mt 3,2 *; § 28 — Mt 4,17*, etc...), en Jésus. C'est ce que dit Le d'une autre façon, en ajoutant : « Lui, le roi... »
Mais en outre, le « Hosanna au plus haut des cieux » lui rappelant le « Gloria in excelsis » des anges de la Nativité, Luc préfère reprendre ici le refrain en l'adaptant (voir le commentaire au § 10 — Lc 2,14 // Lc 19,37*). On sait que « Hosanna au plus haut des cieux » est repris à la messe, dans la seconde partie du Sanctus : ainsi, après s'être unis au chant des anges et des séraphins (Is 6,3), les participants peuvent aussi ajouter leurs voix à toutes celles qui depuis les Rameaux, reconnaissent et bénissent en « Celui qui vient » (sous le signe du pain et du vin), le Fils de David et de toutes les Promesses.
Lc 19,39-40 // Ac 5,14-29 Ha 2,11 — Mt situera cette escarmouche dans le Temple § 275 ; Jésus y répondra alors par une autre citation de l'Écriture, plus adaptée à cette nouvelle circonstance (Ps 8,3). Ici, « les pierres crieront », comme dans le // Ha 2,11, peut signifier soit la force irrépressible de cette reconnaissance (comme dans le // Ac 5,29), soit l’alternative : si Jérusalem ne reconnaît pas « Celui qui vient », alors la Ville sera ruinée (ce qui ferait transition vers le § 274 .
Jn 12,16 — En conclusion, Jean témoigne une fois de plus du double degré de compréhension que l'on peut avoir de la Parole du Christ. Car, même les Apôtres, n'ont pu atteindre que progressivement au sens plénier de ces Paroles, suivant qu'ils étaient encore laissés à leur force humaine, ou que la Lumière de la Résurrection et de la Pentecôte révélait la portée de ces Paroles (cf. § 77 — Jn 2,22*). Ici, plus précisément, ce que les disciples ont seulement compris plus tard, c'est l'accomplissement par Jésus des prophéties le concernant. Est-ce pour quoi il n'a enseigné la méthode de convergence des Écritures aux disciples d'Emmaüs et aux Apôtres qu'après Pâques § 364 -65) — Lc 24,26-27 et 44-46) ? Nous qui suivons cette méthode dans la « Bible chrétienne », attachons-nous à y mettre en oeuvre, au maximum, notre foi, avec l'assistance du Saint-Esprit.
Jn 12,17-19 // Ap 7,9-10 — Voilà donc la source immédiate de ce concours de peuple et de ce triomphe: la résurrection de Lazare ! Mais elle n'en est pas moins grosse de menaces, car c'est provoquer la jalousie de ses adversaires § 349 — Mt 27,18). La situation est du même genre entre Jésus et les Pharisiens, qu'avec le Précurseur, à qui ses disciples font remarquer que « tout le monde venait à celui qu'il avait baptisé » (et qui pouvait donc d'abord sembler n'être qu'un disciple — cf. § 79 — Jn 3,26*). Mais là où Jean-Baptiste s'était effacé, les dirigeants iront jusqu'au bout de leurs manoeuvres pour supprimer le Christ. Et par une ironie du sort que Saint-Jean n'est pas sans laisser entendre discrètement leur constat présent prend valeur prophétique, puisqu'une fois qu'ils l'auront élevé sur la Croix, le Sauveur « attirera tous les hommes à Lui » § 309 — Jn 12,32; et la vision de Gloire d'Ap 7,9-10).
p. 553
(Lc 19,41-44)
— On a situé cet intermède tragique au triomphe des Rameaux, à mi-pente du Mont des Oliviers, au < Dominus flevit > cette chapelle d'où l'on embrasse toute la Cité de Jérusalem.
Ce n'est pas le premier avertissement que le Sauveur lui lance § 222 — Lc 13,34-35*), ni le dernier puisque Jésus y reviendra non seulement dans son Discours eschatologique § 294 — Lc 21,23-24), mais jusque durant son chemin de croix § 351 — Lc 23,28-31). Et chaque fois, non pas avec la rudesse d'un juge décrétant le châtiment, mais au contraire avec l'immense compassion d'un amour désolé de ne pouvoir éviter la catastrophe, faute d'avoir été entendu. Il en a pleuré. Comme David sur le fils indigne, Absalom (// 2S 19,1), et comme le Prophète qui voit de façon prémonitoire les maux à venir (// 2R 8,11-12).
Lc 19,42-44 — Toi aussi : montre que le Sauveur oppose à la foule qui l'accompagne, la Cité tenue en mains par ses adversaires « trônant pour le jugement » (Ps 122,4-5). Hélas! victime de ces mauvais pasteurs, c'est non seulement Jérusalem, mais tout son peuple qui seront ruinés et dispersés.
En ce jour... des jours viendront... le temps de ta visite : Insistance significative : encore maintenant, il n'est donc pas trop tard...
// Gn 18,20-21 — Sur les visites de Dieu, cf. BC I*, p. 109; § 8 — Lc 1,68*; et § 100 — Mt 10,23* in fine).
Grégoire le Grand : Hom. 39 in Evangelia (PL 76,1294) : Que le Seigneur ait pleuré sur cette ruine de Jérusalem qui eut lieu sous Vespasien et Titus, tout le monde le reconnaît; et ce détail : < Tes ennemis t'entoureront d'un fossé > fait évidemment allusion au siège de la ville par les Romains...
Mais pour quelle faute ce désastre fut-il infligé à Jérusalem ? L'Évangile poursuit : « parce que tu n'as pas connu le temps de ta visite ». Le Créateur des hommes, en effet, daigna par le mystère de son Incarnation visiter Jérusalem : mais elle ne se souvint ni de le craindre ni de l'aimer. Reprochant aux hommes leur indifférence, le prophète avait pris à témoin les oiseaux du ciel : « Le milan, dans le ciel, a connu son temps; la tourterelle, l'hirondelle et la cigogne ont observé le temps de leur migration ; mais mon peuple n'a pas connu le jugement du Seigneur. »
... « Si tu savais, toi aussi... » — sous-entendu : tu pleurerais, toi qui maintenant exultes parce que tu ne sais pas ce qui t'attend. C'est pourquoi le Seigneur ajoute : « Et vraiment, aujourd'hui est < ton jour >, en lequel s'offre à toi ce qui serait ta paix ». Jérusalem, occupée des choses visibles, ne prévoyait pas les malheurs à venir ; et pourtant, elle avait devant elle ce qui aurait pu être sa paix.
Mais l'avertissement ne s'applique pas moins à « notre » Jérusalem, que ce soit l'Église catholique, constituée de nous tous, ou la Sion, la demeure et le Temple de Dieu en chacun de nous — si bien « que nous avons, nous aussi, à pleurer avec Jésus, sur nos propres péchés » (Origène, cité au § 50 - Mt 5,5b*).
p. 554
(Mc 11,11 Mt 21,10-17 Lc 19,45-48)
(et § 277
— Symboliquement, cette descente (du Mont des Oliviers, Lc 19,37) et cette remontée de l'autre côté de la vallée du Cédron (alors plus profonde) vers la Cité et la haute esplanade du Temple, annoncent à la fois la mort du Christ — qui ne saurait avoir lieu ailleurs qu'en cette capitale religieuse § 221 — Lc 13,33*) — et sa résurrection ou même son ascension jusqu'au Père, but de son itinéraire § 18 — Lc 2,49*).
Son entrée dans le Temple mime en effet, extérieurement, ce qu'il va faire par son sacrifice, comme Unique Grand Prêtre de la Nouvelle Alliance : mort et ressuscité « une fois pour toutes », Il traversera le Temple des cieux lui-même, muni de son propre Sang, en nous entraînant à sa suite « ayant gagné notre Rédemption pour l'éternité » (He 9,11-20, en // au § 318 in fine). Le // Is 56,5 annonce déjà cet accès au ciel, de même que le Ps 68,19 Ps 68, l'Evangile met sous nos yeux une image de l'aboutissement du dessein éternel du Père, en son Amour : Il va enfin se « parfaire » dans la Passion, la Glorification de son Fils, et notre ré-admission au ciel § 24 — Mt 3,17b*).
Mc 11,11) — Après avoir tout regardé : C'est superbe ! Jésus entre seulement, jette ce regard circulaire que Me a si souvent noté § 45 — Mc 3,5a*), prend la mesure de ce qu'il va faire le lendemain en chassant les vendeurs du Temple § 277 , puis s'en va. Triomphant, en même temps que déjà proscrit (Mt 21,17*).
Mt 21,10-11) — Qui est celui-ci ? La question qui se pose depuis le début, aux foules § 260 — Jn 8,25), aux Apôtres § 165 — Mt 16,15), à chacun de nous...
C'est le prophète : Au sens d'un titre caractérisant « Jésus de Nazareth en Galilée », donc cet homme bien caractérisé — et sorti de rien : cf. § 25 — Jn 1,46* ; mais aussi comme le prophète annoncé par Moïse (Dt 18,15-18, en // à § 169 in fine).
Mt 21,12-13; Lc 19,45-46; (Mc 11,15-17, au § 227 ; Jn 2,13-16, au § 77 // Is 56,7 Jr 7,9-11 — Saint-Jean situait cette scène, haute en couleurs, au début du ministère public de Jésus. Voir à ce § 77 * le rapport entre Jn et les Synoptiques, ainsi que le commentaire. En chassant les vendeurs du Temple, Jésus entend premièrement en exclure le trafic et la vénalité, ou même seulement l'irrespect d'un espace sacré qu'on ne saurait traverser pour des fins utilitaires § 277 — Mc 11,16). Mais cela peut signifier aussi la fin des sacrifices de l'Ancienne Alliance que va remplacer sa propre mort § 77 — Jn 2,14-15*). En agissant ainsi, pourtant, le Christ s'affirme « chez Lui », et maître de ces lieux. D'où la réaction, normale, des responsables du Temple, au § 279 .
Mt 21,14-16; Lc 19,45-47; (Mc 11,18, au § 277 // Sg 10,21 Ps 8,2-3 Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de Lui; Un dicton cité en 2S 5,8, les excluait du Temple (et encore plus du sacerdoce lévitique : Lv 21,18). Mais Jésus n'exclut personne : ni les infirmes, qu'il guérit; ni les pécheurs auxquels son pardon redonne accès à Dieu. C'est, une dernière fois, le signe messianique de « la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres » § 106 — Mt 11,5*).
La louange parfaite des enfants : répète celle de la foule au § 273 . De même, la fin de non-recevoir opposée aux princes des prêtres correspond ici, en Mt, à Lc 19,39-40*. Mais l'enthousiasme de ces enfants vient aussi en réponse et en confirmation de la prédilection que Jésus leur a marquée § 248 — Mc 10,13-16*): Vraiment! ils « reçoivent le Royaume de Dieu » !
Mt 21,17 ; Lc 19,48 ; (Mc 11,19 — Le peuple est toujours sous le charme ; mais entre les princes des prêtres et le Christ, c'est désormais la guerre ouverte. Pendant la journée, fort de l'appui de la foule, Jésus peut enseigner, jusque dans le Temple (Lc 19,47). Mais la nuit, on l'arrêterait (Jn 11 Jn 54 Jn 57). Comme un proscrit, il doit sortir et se cacher : À Béthanie, la maison amie, ou à Gethsémani § 308 — Lc 21,37-38; cf. Jn 18,1-2).
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(Mt 21,18-22 Mc 11,12-14 Mc 11,20-25 Os 9,10-16 Ha 3,17)
— C'est un exemple particulièrement saisissant d'un fait qui paraîtrait à la fois bien particulier, et d'un merveilleux suspect, gratuit et même en un sens, odieux, si l'on s'en tenait à la seule matérialité de ce qui arrive à ce malheureux figuier, qui n'en peut mais... Seulement, nous savons déjà que le figuier, comme la vigne, dans toute l'Écriture < fait symbole >, et notamment symbole d'Israël (ou d'Ephraïm, dans le // D'Os 9). C'est tellement vrai que Lc a traité par ailleurs d'un épisode semblable, directement comme d'une parabole § 216 *). Sur le symbolisme du figuier : cf. § 25 — Jn 1,48*. La malédiction frappe de stérilité et de mort, comme « la bénédiction va à la vie » et assure sa fécondité : cf. § 248 — Mc 10,16*; et Gn 1,28) — BC I*, p. 42.
C'est ce qu'oublie Jules Isaac lorsqu'il reproche aux commentaires chrétiens une application à Israël qu'« aucun mot du texte ne suggère » (rhpr 1953, p. 57-60). Aucun mot de l'Évangile, soit ! mais de l'Évangile en ses sources vétéro-testamentaires, oui ! Reste que, dans sa partialité, J. Isaac a raison de souligner que ce n'est pas la seule signification de cette « parabole en action ». Et les commentateurs chrétiens ne se font pas faute de le reconnaître, n'étant pas, tant s'en faut, obsédés par le seul < Mystère d'Israël > :
M.J. Lagrange : Sur Mc 11,12-14 et 20-23 (p. 275 et 279-280) : Jésus pouvait en effet trouver des feuilles à la fin de mars ou au début d'avril, surtout sur le versant oriental du Mont des Oliviers... Mais ce n'était pas le temps des figues, comme Marc le dit expressément. Les exégètes ont fait des efforts désespérés pour établir que Jésus pouvait trouver des figues... Tout ce que dit l'Evangéliste, tel qu'il le raconte, est parfaitement vraisemblable. Ce qui serait tout à fait invraisemblable, comme l'ont noté les Pères orientaux connaissant les faits, c'est que Jésus ait sérieusement cherché des figues... Il faut conclure avec Victor Le Camus, Knab, etc, que Jésus faisait une action symbolique. C'est le propre de ces actions d'avoir quelque chose d'étrange, qui excite la curiosité, qui fait aussitôt soupçonner un mystère...
La plupart des commentateurs voient dans le figuier une image de Jérusalem. Mais saint Jérôme qui développe longuement ce sens a soin de le distinguer (donc, comme sens spirituel) du sens littéral... C'est l'opinion de Chrysostome, de Victor, qu'on peut donc dire traditionnelle : l'action du Sauveur est une parabole en action. Dès lors, on doit se souvenir de la nature de la parabole ; il n'y a pas lieu de chercher directement qui représente le figuier, quelle est la faute de l'arbre etc. Jésus cherche des fruits sur un arbre qui n'a que des feuilles ; l'arbre est desséché. Cela veut dire : Quiconque n'offrira pas au Sauveur les fruits qu'il lui demande sera sévèrement puni. Dans la situation, on devait naturellement songer au peuple juif.... Chrysostome avait déjà noté que c'est le [cas] où Jésus, toujours charitable et doux, montre qu'il a aussi le pouvoir de punir ; et ne voulant pas l'exercer sur des hommes, il l'exerce sur un arbre... Chrysostome, Jérôme, Victor, ont pensé que cette leçon était très à propos, pour que les disciples comprissent bien que Jésus allait à la mort librement, sans user de son pouvoir pour écraser ses ennemis...
Jésus évite de tirer du triste sort du figuier aucune conclusion sur celui qui menace Jérusalem (à l'opposé de ce qui se passera en 12,10) ; c'est que le dessèchement n'est pas une parabole-allégorie, mais une preuve de son pouvoir. Pour une fois, il lui a plu de faire un miracle qui ne fût pas directement de bienfaisance, mais qui pût servir à ses disciples d'utile leçon.
r. fontaine: Extraits de sa note manuscrite, que nous reproduisons ici en hommage à l'aide inappréciable qu'il nous a apportée, pour les Évangiles comme pour le Pentateuque (cf. Bc 1P 1 1P 6): Il est évident que Jésus savait le temps de la maturité des figues! Son geste ne peut être que symbolique : Nul ne sait ni le jour ni l'heure... Le Jugement de Dieu peut survenir à tout moment. Ce n est pas seulement une leçon pour les Juifs mais pour toute créature humaine.
En relisant attentivement dans saint Marc les chap. 11, 12, et 13, je m'aperçois que l'histoire du figuier est comme la trame symbolique qui éclaire les dernières journées du Messie : il y a une unité que semble nier la Bible de Jérusalem.
1) Dans un climat d'enthousiasme populaire qui acclame Jésus entrant à Jérusalem, le Messie inspecte le Temple. Le lendemain, il donne la grande leçon : un figuier est maudit en un temps de l'année où cet arbre ne donne pas de fruits. C'est une occasion de malédiction. Qui est le figuier ? Qui est maudit ? Ce ne peut être que les chefs religieux de la nation, les responsables de la religion en Israël : ceux qui aussi condamneront bientôt le Messie calomnié, les maîtres de la prière < fausse >, v. 17. « Quant à vous, dit Jésus aux disciples, que votre foi en Dieu soit pure et totale, et votre prière vaudra auprès de Dieu », v. 24 et 25.
2) Le chap. 12, parabole de la vigne : elle révèle en d'autres termes l'infidélité d'Israël dans ses chefs : cette parabole est analogue à l'histoire du figuier.
3) Enfin le commencement de la fin et la grande tribulation de Jérusalem sont donnés par la parabole du figuier dont les feuilles commencent à pousser (13,28-30). Ici la preuve est donnée que Jésus connaissait bien les présages donnés par cet arbre aux différentes époques de l'année. Or ces présages (v. 28) sont expliqués comme concernant la première génération chrétienne, avec la ruine de Jérusalem. C'est comme si Jésus disait aux disciples : « Quant à vous, soyez prêts pour le Jugement ». Et Jésus insiste là-dessus. Finalement la grande leçon est donnée par le Messie : « Veillez ! » Je le répète : « Veillez ». C'est le mot clé qui explique le sens des chapitres 11, 12, et 13, avec leur mélange d'histoire et de symboles.
En somme, l'apologue du figuier a donné l'occasion de trois leçons :
1) Israël est condamné : « Personne ne mangera plus de ton fruit ».
2) pour les disciples : la puissance de la prière, la puissance de la foi.
3) La saison où poussent les feuilles de figuier est l'image de l'annonce de la fin d'un monde (v. 28 § 29), tout au moins l'annonce d'un événement qu'il faut attendre en veillant, v. 35.36.37.
Augustin: Enarr. in psalmos, Ps 34 (PL 36,336 et 334; Vives 12, p. 120-121 ; 118): Le Christ voulait-il manger, lorsqu'il cherchait des fruits sur le figuier, et s'il en eût trouvé, en eût-il mangé? Le Christ voulait-il boire, lorsqu'il dit à la Samaritaine : « Donne-moi à boire » ? Et lorsqu'étant sur la croix, il dit : « J'ai soif » ? De quoi le Christ avait-il faim, de quoi avait-il soif, si ce n'est de nos bonnes oeuvres?
... En retour de ses bienfaits, les hommes rendaient à son âme « la stérilité » (Ps 35,12) ...À peine trouva-t-il sur la croix un seul larron, qui fut comme un fruit offert à sa faim.
Cette stérilité, le Seigneur l'a maudite dans le figuier sur lequel il ne trouva pas de fruits...
antoine de PADOUE : Homélie (Lecture pour le jour de sa fête, u, p. 1484) : Nous sommes pleins de paroles mais vides d'actions ; à cause de cela le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n'a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles... Que les paroles se taisent et que les actions parlent.
Mt 21,21-22; Mc 11,22-24) — Exhortation à la foi dans l'efficacité de la prière (nous avons à y croire, précisément parce que ce n'est pas évident), comme au § 171 — Mt 17,19-21*. Cf. aussi Jc 1,5-8. Saint Paul précisera pourtant que même cette foi extrême ne serait rien, sans la charité (1Co 13,2).
Mc 11,25-26) — La reprise, sous forme négative au v. 26, du v. 25, ne se trouve que dans la Vulgate. Mais elle correspond à Mt 6,14-15, où ce commentaire de F avant-dernière demande du Pater se trouvait également sous sa double forme, positive et négative § 62 .
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Bible chrétienne Evang. - § 270. La parabole des mines : Lc 19,11-27.