Bible chrétienne Pentat. 1324
1324 Gn 23)
— La fin de la vie d'Abraham se noue à celle d'Isaac, héritier de la Promesse: entre la mort de Sara (ch. 23) et celle d'Abraham (ch. 25); le mariage d'Isaac et Rébecca (ch. 24); entre ce mariage et la naissance d'Ésaiï et Jacob, la mort d'Abraham.
La Promesse a donc reçu un accomplissement minimum. La mort de Sara fait ressortir qu'Abraham reste ’hôte et pèlerin' sur cette Terre promise (v. 4) comme depuis le premier jour de sa ’conversion' (12,4-9*; de même encore Jacob, Gn 47,9); et nous retrouvons donc ici la suite d'He 11,8-9, donné alors en parallèle (/ Bf; cf. // He 11,13-16 / Cq).
Mais Abraham et Sara n'ont pas été frustrés pour autant, non seulement par la destinée promise à leur Descendance, mais parce qu'ils trouvent dans la mort même le véritable accomplissement de la Promesse (puisque celle-ci est en définitive eschatologique) : Dieu est bien leur. Il a préparé pour eux ‘la Cité permanente' où ils ne soient plus ’hôtes et étrangers' mais pierres vives (Ep 2,19-22, déjà cité en 12,5*), béatitude éternelle où ils sont donc désormais, pour toujours, vivants (// Mt 22,31).
Gn 23,6-19 — L'acquisition de la sépulture témoigne surtout de la noblesse tant d'Abraham que de ses hôtes. Le patriarche est vénéré comme « Prince de Dieu » par ces « fils de Hèt » au milieu desquels il a vécu (v. 6) (ce ne sont probablement pas des Hittites, mais plutôt ces Hatti, sémites occidentaux, qui seront bientôt vaincus par les Hittites). C'est-à-dire que ces païens ont reconnu en Abraham non seulement un’homme de Dieu', menant cette vie exemplaire recommandée par saint Pierre aux croyants vivants parmi ceux qui ne partagent pas leur foi (// 1P 2), mais un ‘Prince'.
De fait, la transaction a quelque chose de princier : cercle des fils de Hèt, à la porte de la ville, agora orientale (v. 10; cf. Rt Rt 4), courtoisie de la première offre (v. 6), subtilité dans la fixation d'un prix indiqué sans être vraiment demandé (v. 11-15), mais dont Abraham ’entend' ce que parler veut dire, et paie sans marchander (v. 16).
Gn 23,17-18 — Insistance, par trois fois avec le v. 1, sur l'emplacement de Makpéla, en face de Mambré, qui est Hébron: ce premier établissement des patriarches en Terre promise, depuis lors toujours tenu en vénération par la double descendance d'Abraham. C'est le’Haram el Khalil', comme l'appellent les musulmans, du titre dont ils saluent Abraham el-khalil er-Rahman, ‘l'ami du Miséricordieux’ (cf. Jc Jc 2,23, « et il fut appelé l'ami de Dieu » / Cn).
1325 Gn 24)
— Après l'institution, si sobre, du mariage au Paradis terrestre (2,23-24 / N), on apprécie que la Genèse s'étende avec une complaisance marquée sur la recherche de l'Épouse, pour Isaac, le Fils de la Promesse. C'est qu'y apparaît le thème des Noces dont les Prophètes ont révélé qu'elles étaient ‘à l'image et ressemblance' de l'union (l'Alliance,’berith') que Dieu cherchait à contracter avec nous. Le Christ affirmera être l'Époux, envoyé par le Père chercher tous les hommes pour les inviter aux noces éternelles (// Mt 22,1-3).
Celles-ci répondent si bien à l'attente secrète de notre coeur que c'est aussi le thème principal des contes populaires universels, racontant inlassablement Cendrillon recherchée par le Fils de Roi (ou à l'inverse, le pauvre épousant la fille du Prince). Aussi, bien entendu, la tradition chrétienne a souligné les parallèles entre la recherche puis la rencontre de Rébecca et d'isaac, avec mention ici et là d'un ’puits' (24,11 *), et celle du Christ avec la femme de Samarie, au puits de Jacob...
D. barsotti: L'Apocalypse (p. 308): L’amour nuptial est le seul, chez les humains, qui puisse — de très loin — nous révéler ce qu'est l'amour de Dieu pour l'homme... Mais comment l'amour nuptial exprime-t-il la nouveauté de la création future? L'épouse est celle à qui l'époux se donne tout entier, à qui il ne donne pas seulement ses biens, mais lui-même, de sorte que l'épouse en vient à posséder l'époux comme son bien. C’est précisément cela, la vie du ciel: l'homme entre en possession de Dieu, qui ne lui donne plus seulement les choses, mais tout lui-même. Dieu devient la richesse de l'âme, devient sa vie.
Gn 24,1 — La Promesse de 12,2 est accomplie: béni en tout, qu'Abraham devienne source de bénédiction, en mariant Isaac pour qu'il assure la suite de la Descendance.
Gn 24,2 — Son serviteur, ancien dans la maison : Il n'est pas nommé ici. Mais la tradition l'a assimilé non sans vraisemblance avec cet Éliézer auquel Abram craignit un moment de devoir laisser l'Héritage (15,2-3). À travers lui se profile déjà le Serviteur annoncé en Isaïe. Le Christ en réclamera le titre: « Au milieu de vous, je suis comme celui qui sert » (Lc 22,27 — vtb). Que déjà Isaac soit manifestement figure du Christ — et comme victime du sacrifice (Gn 22) et comme l'Époux de l'Église (ch 24) — n'a rien qui puisse nous détourner de voir dans le rôle d'Éliézer en ce chapitre une préfiguration du Christ, Envoyé de son Père en quête de l'Épouse-Humanité à sauver: De même qu'un symbole peut être à significations multiples, ainsi la même réalité peut être signifiée à partir de plusieurs symboles. Le Christ est annoncé à la fois par Éliézer et Isaac, tout comme il est à la fois vraie Lumière, vrai Pain, vrai Pasteur, etc...
/ 1Co 3,23-4,4 — Pourtant, par crainte d'un parallélisme trop abrupt entre Éliézer et le Christ-Serviteur — dont on trouverait l'annonce à foison dans Is 40-55, mais qui risquerait de lutter contre celui, plus fondamental
encore, d'Isaac et de Jésus comme Époux — nous avons préféré donner ici comme répondant d'Éliézer pour nous, l'Apôtre que le Christ nous délègue (Mc 10,42-45 Jn 13,14-17).
Je te fais jurer par Yahvé : Le geste demandé (v. 2 et 9) montre bien que la transmission de la vie prend valeur sacrée, parce que dans la génération humaine, il y a plus que la reproduction d'un corps, fût-il animé, davantage même qu'une hérédité toute physique: à travers tout cela, se transmet la vocation de l'homme à Dieu, fruit de l'amour éternel de Dieu pour cette Descendance. Et c'est pourquoi l'Église continue de refuser toute solution relative à la régulation des naissances qui ne tiendrait compte que des projets de la raison ( et a fortiori de l'égoïsme) des parents ou de la société. Comme toute vie, celle qui naît de l'union naturelle de l'homme et de la femme appartient au Créateur de la nature, et ne peut être artificieusement empêchée ni, encore moins, avortée.
Gn 24,3-8 Déjà se pose la délicate question du choix de la femme, pour ces patriarches appelés, par leur vocation divine, à rester « étrangers » au milieu de populations’étrangères', païennes. Ce n'est donc pas question de pureté raciale, mais de fidélité religieuse. On le voit bien dans l'insistance plus grande encore d'Abraham à ce qu'lsaac ne soit pas ramené à cette Cité terrestre d'où la vocation de Dieu lui a demandé de sortir, pour gagner la Cité céleste (v. 6. Cf. 26,34-35 * ; 27,46 et // ).
Yahvé... enverra Lui-même son Ange. C'est encore le « Dieu pourvoira » de 22,8 *. Son Ange: l'Ange de Yahvé ( 16,7 * ) et plus directement encore, comme on va le voir, que le compagnon qui, tel Raphaël guidant Tobie vers une autre Sara, conduisait Éliézer vers Rébecca.
Gn 24,10 — Pourquoi Éliézer, et non pas Isaac lui-même? — Abraham n'adjure pas Isaac, ne l'envoie pas chercher lui-même une épouse; car plus tard le Christ, lui non plus, ne devait pas rassembler l'Eglise autour de sa présence visible... Aller chercher l'épouse dans la terre et la parenté d'Abraham, c’est considérer la foi par laquelle sont justifiés les fils d'Abraham.
Éliézer ne se fia pas à lui-même pour choisir la jeune fille ; mais selon la foi de son maître il crut que Dieu se souviendrait d'Abraham, et il plaça en Dieu toute l'espérance de son choix (Rupert de Deutz : De Trinitate VI, 39; PL 167,436).
Gn 24,11 — Près d'un puits d'eau, à l'heure du soir: Double mention qui va se retrouver aux v. 62-63 *. Si dans le temps et l'espace, il y a un écart entre la rencontre d'Éliézer et celle d'Isaac avec Rébecca, des signes analogues nous invitent à ne voir qu'une même rencontre, spirituelle, des hommes avec le Christ, à la fois Serviteur et Époux.
chrysostome : Hom 48 sur Gn (pg 54,436-440) :... « Seigneur, Dieu de mon maître Abraham... »; c'est le Seigneur du monde entier, et Éliézer l'appelle du nom de son maître, « Seigneur, Dieu de mon maître Abraham ! » mais quoi d'étonnant, s'il l'appelle «le Dieu d'Abraham »? Dieu lui-même, montrant quel prix il attache à la vertu des justes, dira; «Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob ».
Et vois quelle est la sagesse du serviteur: d'après la qualité de l'accueil, il reconnaîtra la qualité de la jeune fille; Si elle incline vers moi son outre, et déclare encore qu'elle veut abreuver mes chameaux, elle montrera ainsi la candeur de son âme et la douceur de son hospitalité.
Remarquez: ce n'est pas rien, que cette tendre jeune fille sortie pour puiser de l'eau désaltère non seulement l'étranger inconnu, mais encore tous ses chameaux. Elle révèle ainsi la simplicité de son coeur. Elle donne plus qu'on ne lui demande, elle ne trouve pas qu'on la fatigue, elle se hâte d'incliner son outre vers le voyageur; et vite, elle vide sa cruche dans l'abreuvoir puis court au puits, et elle tire de l'eau pour tous les chameaux. Tous les mots disent qu'elle est vive et alerte. Le sage serviteur « apprenait à la connaître », et se taisait. Quand il lui demanda ; « De qui es-tu la fille, et y a-t-il de la place chez ton père? », elle montra encore l'ingénuité de son coeur: de même qu'elle avait puisé de l'eau plus qu'on ne lui en demandait, elle donna non seulement le nom de son père mais celui de son aïeul, pour qu Éliêzer ait de la joie à les savoir; et interrogée sur un lieu de campement elle ajouta: « Non seulement il y a de la place, mais beaucoup de foin et de fourrage». Le serviteur, admirant cette large hospitalité et tout joyeux de savoir qu'il n'allait pas chez des inconnus, adora le Seigneur et rendit grâces. Au verset 28, la jeune fille court encore, pour tout raconter à ses parents, et au verset 29 Laban court, lui aussi, souhaiter la bien venue : Viens, en tre ! J'ai tout préparé ! Béni soit le Seigneur !
Gn 24,17 // Ap 22,17 — Ce verset de l'Apocalypse, de portée évidemment bien plus générale, ne s'en applique pas moins merveilleusement ici, puisque c'est une figure de la rencontre entre la soif de l'humanité, pressentant sa vocation divine, et cet appel qui se manifeste à travers l'inspiration de l'Esprit et la prédication de l'Église:Epouse. Rébecca, comme la femme de Samarie de l'épisode parallèle de l'Évangile (Jn 4), préfigure donc ici plus particulièrement l'Église comme chargée de transmettre la Bonne Nouvelle (cf. textes patristiques, aux v. 61-66*). Tandis qu'Éliézer ne figure ici que l'homme en recherche de l'Eau Vive. Il ne reprendra son rôle de Serviteur, tenant-lieu de l'Époux, qu'à partir du v. 22. Il est remarquable (et noté par Augustin, cité plus loin) que le même retournement de situation se produise en Jn 4, où le Christ, d'abord demandeur, se propose ensuite comme l'offrant (v. 7 et 10).
Gn 24,21 — Réalisation par avance de la promesse du // Is 65,24 Is 65,
Gn 24,22 // Ez 16 Ap 21 plus loin Is 61 / Cx et Ps 45 / Cy — À l'homme nu, ou même à l'Adam terrestre couvert de « tuniques de peau » (3,21 *), il faut revêtir le vêtement nuptial, indispensable pour être admis dans l'intimité de Dieu (Mt 22,11-12) — encore bien plus qu'à Joseph, présenté à Pharaon, Gn 41,14 Le rite du baptême impose au nouveau chrétien ce voile blanc, signe qu'il doit « dépouiller le vieil homme... pour se renouveler en revêtant l'Homme nouveau créé selon Dieu, dans la justice, la sainteté et la vérité » (Ep 4,22-24).
Gn 24,26-27 — Sa bienveillance: C'est la’hésèd', qui évoque déjà la fidélité de Dieu à son Alliance. Il y a donc une sorte de redondance dans l'expression (fréquente) ’hésèd we'émèt' pour indiquer la surabondance de Y émet, la fidélité proprement dite, comme attribut essentiel de Dieu. « Dieu de tendresse, miséricorde, grâce et fidélité », ainsi Dieu s'est nommé dans sa révélation à Moïse d'Exode 34,6*. Que de sottises ignardes accumulées sur le ‘Dieu cruel de l’A.T.’ ! ...
À la différence des chapitres précédents, où Dieu chaque fois se faisait voir ou entendre directement d'Abraham, il est notable cependant que cette fois Sa présence (« son Ange », du v. 7) ressorte seulement de la conduite providentielle du voyage, à laquelle Éliézer, en bon serviteur du Père des croyants, ne cesse de faire appel (v. 12-14 ; 21-27 ; 48-56), et que reconnaîtront à leur tour Laban et Bétuel (v.50).
Gn 24,28-33 // Pr 18,22 Pr 19,14 (traduit suivant la version de la Septante) — L'hospitalité empressée de Rébecca (voir v. 12-20* chrysostome,), qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle d'Abraham en 18,6-8*, désigne en elle sa future belle-fille, « L'Épouse qui convenait » au Fils de la Promesse.
Autant les Livres Sapientiaux mettront en garde contre la femme étrangère, provoquante ou méchante, autant ils feront l'éloge de la fidélité conjugale avec « l'épouse de ta jeunesse », gracieuse, sage et bonne: « Faute de clôture le domaine est livré au pillage / Sans une femme, l'homme gémit et va à la dérive » (Si 36,21-25). Ainsi Adam au Paradis terrestre même, attendait secrètement son Eve (2,20-24). La réciproque n'étant pas moins vraie.
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// Is 61,1U; Ps 45 — Deux aes auxquels on aurait ajouté Le Cantique des Cantiques, si sa longueur l'avait permis.
Gn 24,50 — La réponse de Laban et Bétuel témoigne de la même ‘obéissance de la foi' que celle de Job — encore plus difficile et vertueuse dans le malheur (Jb 1,21).
Gn 24,54-56 — Ici encore, comparer avec Tb 10,7-9 Tb 10,
Gn 24,58 — Elle répondit:’J'irai'. Il est vrai que la décision est bien laissée à la jeune fille. Mais traduire’à la moderne': « Je veux bien » le cri littéral : « J'irai », est à la fois une erreur sur le caractère de Rébecca, tel qu'il apparaîtra au ch. 27, et une perte de sens spirituel. J'irai, c'est rejoindre la vocation d'Abraham: «Sors de ta parenté... Marche en ma présence» (12,1 * et 17,1 *).
Gn 24,61-66 — La rencontre d’Isaac et de Rébecca: Plus que jamais nous sommes au coeur de la préfiguration mystique des noces du Christ et de l'Église. Il est temps de laisser parler la tradition chrétienne:
Rupert de Deutz : De Trinitate vi, 44 (PL 167,443) : Rébecca et ses compagnes sont la figure de l'Église. L'Écriture propose un cortège de vierges pour enfanter des fils au Christ. Car le Christ a précédé, et c'est ce qu expriment ces paroles: « Isaac habitait dans la terre du midi, et il était sorti pour méditer dans la campagne ». Cette terre du midi est celle d'où son père l'avait amené pour l'immoler. L'Écriture décrit ici le zèle d’Isaac, méditant sur l'Alliance du Dieu d'Abraham son père, et recherchant pour cette raison la solitude. En effet, elle dit ailleurs: « Il est bon pour l'homme de porter le joug depuis la jeunesse: il s'assiéra solitaire, car c'est le Seigneur qui impose le joug » (Lm 3,27-28). Au sens mystique, le Seigneur Jésus méditait dans la solitude.
Ce n'est pas la chair et le sang, c'est Dieu lui-même qui avait préparé cette jeune fille pour son serviteur plein de foi, et cela en considération de l'espérance d'Abraham qui avait dit: « Le Seigneur Dieu du ciel enverra son Ange devant toi, afin que tu prennes en cet endroit une épouse pour mon fils ».
« Rébecca se couvrit de son voile... » Quand elle avait dit: «J'irai! », était-ce simplement l'ardeur naturelle de la jeunesse qui parlait? Non, puisqu'en apercevant Isaac elle se hâte de voiler sa beauté. Mais plutôt, prévenue par une touche divine, elle choisissait d'avoir à pérégriner avec la foi d'Abraham et d'Isaac, elle choisissait de chercher la Cité future plutôt que de posséder celle d'ici-bas.
bède le vénérable: Comm. in Pentateuchum, Gn 24 (PL 91,246): Rébecca est la figure de l'Église. Au déclin du jour, Isaac vint dans la campagne: au déclin du monde le Christ vint, et pour ainsi dire sortit dans la campagne, car Lui qui est l'Invisible il se rendit visible pour l'Église. Il la trouva au puits de la Vision, c'est-à-dire dans la contemplation de la vérité, et dans le baptême de l'eau où elle se purifie pour être unie à son Époux dans la gloire, l'éternité et le Royaume.
Gn 24,62-63 — Origène : Hom 10 sur , Rébecca venait chaque jour au puits; chaque jour elle tirait de l'eau. C'est parce qu'elle venait chaque jour qu'elle rencontra le serviteur d'Abraham et qu'elle épousa Isaac. Il y a là une doctrine spirituelle qui nous enseigne à venir chaque jour au puits des Écritures, aux eaux de l'Esprit, à puiser toujours et à en rapporter notre pleine charge à la maison, comme le faisait Rébecca. Elle ne puisa pas seulement pour sa maison, mais encore pour le serviteur d'Abraham et même Pour ses chameaux, «jusqu'à ce qu'ils cessent de boire », dit l'Écriture.
toi pa
Cette page est pleine de mystère: le Christ veut t'épouser. Il s'adresse à ar le prophète en disant: « Je t'épouserai pour l'éternité, je t'épouserai en fidélité et miséricorde, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2,21-22). Parce que le Christ veut t'épouser, il t'envoie son serviteur qui est la parole prophétique ; et si tu ne commences pas par le recevoir, tu ne pourras pas épouser le Christ, . .
Peut-être diras-tu: Si Éliézer représente la prophétie, n'est-ce pas à lui de donner à boire à Rébecca, et non l'inverse? Pensons au Seigneur Jésus: il est l'eau vive, et il dit à la Samaritaine : « Donne-moi à boire ».
... Rébecca suit le serviteur, qui la conduit à Isaac ; l’Église suit la parole prophétique, qui la conduit au Christ. Et où le trouve-t-elle? Près d'un puits. Toujours un puits. C'est près d'un puits que l'on trouve Rébecca, et c'est près d'un puits qu'à son tour elle trouve Isaac ... C'est encore près d'un puits que Jacob trouve Rachel, que Moïse trouve Cippora... Les noces des patriarches représentent l'union de l'âme avec le Verbe de Dieu. Cette union de l'âme avec le Verbe ne peut se réaliser autrement que par l'étude des Livres Saints, dont les puits sont l'image. Quiconque vient à ces puits percevra leur sens spirituel, et il aura des noces dignes de Dieu...
Mais venons-en aux Évangiles: quand le Seigneur lui-même est fatigué de la route, où cherche-t-il le repos? « Il arriva près d'un puits, dit l'Ecriture, et il s'assit sur le bord ». Vois comme les mystères de l'Ancien et du Nouveau Testament concordent: c'est auprès des puits que l'on trouve des épouses, et c'est dans « le bain de l'eau » que ï Église s'unit au Christ.
Origène : Comm. sur Jn xm, 7 76 (SC 222,130) : Par les paroles du Christ, la Samaritaine reçut l'eau vive, et déjà celle-ci jaillissait pour elle en vie éternelle: comment se serait-elle empressée d'aller évangéliser les gens de sa ville, si elle n'avait déjà participé à l'eau du salut?
D. Barsotti: Il Dio di Abramo (p. 290): Il serait difficile de nier qu'avant même Origène, saint Jean pensait à l'union d'Isaac et de Rébecca en racontant la rencontre de Jésus et de la Samaritaine. Jésus, comme Éliézer, rencontre la femme en dehors de la Terre Sainte; il la rencontre au puits, et il lui adresse les mêmes paroles: « Donne-moi à boire ». En échange de l'eau qu'il demande, il promet à la femme des dons beaucoup plus importants, comme Éliézer donnant des bijoux d'or à Rébecca.
Augustin: In Jn xv, 12,33 (PL 35,1514-1522): « Et venit mulier ». vint une femme samaritaine ... Cette femme est la figure de l'Église, de l'Église pas encore justifiée, mais qui bientôt le serait. Elle vint sans rien savoir, et elle le trouva ... Puisque cette femme est l'image de l'Église, il est normal qu'elle vienne de chez les étrangers — car l'Église viendra de chez les Gentils. Reconnaissons-nous en cette femme; et en elle, rendons grâces à Dieu pour nous-mêmes. Elle crut en Celui-là même qui nous propose en elle l'image de notre rédemption...
« Donne-moi à boire ... Si tu savais le don de Dieu! » Il demande à boire, et il promet de donner de quoi se désaltérer. On dirait qu'il est dans le besoin et qu'il va recevoir, mais il afflue et il rassasiera. Le Don de Dieu, c'est l'Esprit Saint; mais le Seigneur parle encore à mots couverts, et c'est peu à peu qu'il pénètre le coeur. Déjà il enseigne: « Si tu savais ... tu demanderais, et il te donnerait l'eau vive ». On appelle couramment « eau vive » celle qui jaillit de la source. L'eau recueillie dans une citerne ou conduite loin de la source ne peut plus s'appeler l'eau vive. «Eau vive », celle que l'on recueille en son jaillissement même. Déjà le Christ est l'eau vive dans le coeur de cette femme.
... Elle courut à la ville et dit aux habitants: « Venez ... N'est-il pas le Christ? » Quand le Seigneur avait dit: « Donne-moi à boire », c'est la foi de cette femme qu'il cherchait. Beaucoup de Samaritains crurent en lui: « Nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde ». Avant de connaître le Christ par sa présence, ils l'ont connu par les paroles de cette femme ; ainsi en est-il aujourd'hui. Le Christ est annoncé par les chrétiens: c'est l'Église qui l'annonce, comme la femme de Samarie. Et les étrangers viennent au Christ.
chrysostome: Hom 44 sur Gn (pg 54,406): La Samaritaine vint puiser de l'eau matérielle, et en réalité elle puisa des fleuves d'eau vive à la source spirituelle. De retour à la maison, elle accomplit la parole du Seigneur: «L'eau que je donnerai deviendra source jaillissante en vie éternelle» (Jn 4,14). La femme de Samarie fut remplie de cette source divine et spirituelle, et elle n'en retint pas les flots; mais, comme elle en débordait, elle répandit sur les habitants de sa ville la grâce du don qui lui était fait; et cette femme étrangère remplit l'office d'un précurseur.
Gn 24,63 — Isaac sortit pour méditer dans la campagne, vers le soir: Hapax. La racine verbale porte plutôt à traduire:’méditer', peut-être pour pleurer sa mère (v. 67). Mais la traduction adoptée depuis Dhorme (bj, Osty, tob):’se promener', a l'avantage de rappeler Gn 3,8, où Dieu se promène aussi ’à la brise du soir', recherchant l'homme après le Péché Originel: or le Christ est bien « sorti du Père » (Jn 16,28) pour réparer la rupture du péché par ses noces avec tous les hommes et son sacrifice...
Gn 24,67 — Quelle beauté! En trois phrases, quelle plénitude de sens, à faire pâlir de jalousie tous les romanciers ! C'est pourtant, au-delà de toute comparaison romanesque, l'annonce figurée de la plus haute prophétie d'Isaïe: « Tu seras la joie de ton Dieu » (// Is 62,5 / Dx).
la mort d'abraham (Gn 25,7-11) — Gn 25,9 — Makpêla: cf. 23,17-18*. Isaac et Ismaël: réunis par leur père, pour leur père — comme juifs, chrétiens et musulmans ont à retrouver leur fraternité dans leur ascendance commune dans le ‘Père des croyants', si diverses qu'aient été les vicissitudes historiques de leurs voies respectives.
Gn 25,11 — La fin de ce verset amorce la suite de l'histoire d'Isaac, par le rappel chargé de sens du puits de ’Dieu voit' (cf. 16,13-14), déjà mentionné à propos de la rencontre d'Isaac et de Rébecca (24,62) annonçant celle de Jésus et de l'Église (24,62*).
// Si 44,19-21 — Bilan, inspiré, de la destinée d'Abraham: l'Alliance, la fidélité du croyant jusque dans l'épreuve du sacrifice d'Isaac, à quoi Dieu a répondu en réalisant même ce qui paraissait hyperbolique dans ses premières Promesses: la multiplication de sa Descendance dans les trois seules religions strictement monothéistes de l'histoire, et leur diffusion « jusqu'aux extrémités de la terre »,de façon qu'à toutes les nations soit offerte cette bénédiction*.
Cette portée durable, éternelle de la vocation d'Abraham comme Père des croyants, et par conséquent aussi sa Présence à tous les âges de l'histoire, Jésus l'affirme en toute occasion: Si Dieu se nomme « le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, Lui, le Dieu des vivants » (Mc 12,26-27), c'est qu'ils vivent au Royaume de Dieu (Lc 13,28), et qu'Abraham reçoit « en son sein » paternel (Lc 16,22) ceux en qui le Christ retrouve de « vrais fils et filles d'Abraham » (Lc 13,16 Lc 19,9).
Mais surtout, au terme de la controverse où II dénie cette filiation d'Abraham aux pharisiens hypocrites qui refusaient de croire en Lui, Jésus conclut par cette déclaration stupéfiante: « Abraham votre père a tressailli de joie, à la pensée de voir mon jour. Il l'a vu et s'est réjoui » (// Jn 8,56 / Bp). Affirmation inconcevable et matériellement fausse dans une perspective seulement temporelle. Mais l'Évangile et toute la Bible sont Parole de Dieu précisément pour nous apprendre à voir les choses dans sa perspective à Lui, qui est éternelle. Aussi la tradition chrétienne a beaucoup médité cette affirmation mystérieuse (cf. 21,9-20, Origène; 22, chrysostome in fine, etc.).
Augustin: In Jn xliv, 16 (PL 35,1712): «Abraham vit mon jour et se réjouit »: par les yeux du coeur, il vit la Lumière ineffable, le Verbe éternel, la Splendeur qui se reflète dans les coeurs purs, la Sagesse sans défaut, le Dieu qui demeure auprès du Père, mais qui viendrait un jour dans la chair sans quitter le sein du Père.
divo barsotti: Il Dio di Abramo (p. 261): Abraham est un nouvel Adam. S'il ne réalise pas parfaitement le retour en Eden, il le commence. L'histoire d'Abraham n'est pas seulement une certaine répétition — sans le péché — de la création: elle est la figure la plus fidèle, l'authentique prophétie de la nouvelle création qui s'accomplira dans le Christ.
La terre de Canaan est la figure du paradis. Abraham y entre, et retrouve la félicité de voir Dieu, de converser familièrement avec lui. Il surmonte l'épreuve à laquelle Dieu le soumet; il n'est pas chassé du paradis où Dieu l'a fait entrer; il y meurt, et en mourant il entre en possession de la grotte de Makpéla. Cette grotte est le gage, la promesse et l'espérance de la possession pleine et définitive de la Terre de Dieu pour toute sa descendance. Et dans la grotte seront ensevelis Abraham et Sara, Isaac et Rébecca, Lia et Jacob ; tous, en mourant, se donnent rendez-vous à Makpéla, se réunissent en ce petit coin de terre, arrhes d'un don plus grand. Là se termine le chemin de l'homme. Plus que Béthel, Makpéla est la porte du ciel...
(p. 276-77) L'histoire d'Abraham enseigne que le contact constant avec Dieu s'accompagne toujours d'une grandeur d'âme, même dans l'ordre humain. L'habitude de vivre avec Dieu pose sur l'âme un sceau d'une noblesse particulière que les hommes sont contraints de reconnaître: Abimélek demande l'amitié d'Abraham, les fils de Hèt le saluent « comme un prince de Dieu au milieu d'eux» (Gn 23,5-6). En Abraham il semble que l'homme réalise vraiment la perfection à laquelle Dieu l'avait appelé.
... Dans l'âme généreuse d'Abraham, on ne trouve aucune trace d'égoïsme ou de mesquinerie. Et précisément cette grandeur naturelle est le signe d'une vie religieuse profonde. Car après le péché, l'homme n'a d'autre moyen d'être vraiment homme que de redevenir l'ami de Dieu.
1400 Gn 25-35)
D. Barsotti: Il Dio di Abramo (p. 286 ss): Le Zohar voit dans les trois patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, les degrés d'une révélation progressive et presque une incarnation et manifestation des divers attributs de Dieu. Pour Philon, Isaac est le type de la vertu parfaite. Nous ne pouvons suivre ces interprétations, et cependant nous croyons que la volonté de trouver dans les trois patriarches le type d'une perfection religieuse n'est pas sans fondement... La Genèse s'étend surtout sur Abraham et Jacob; entre les deux, Isaac reste un mystère. La Genèse, peut-on dire, parle de lui et n'en parle pas. Elle raconte sa naissance, à titre d'accomplissement de la Promesse faite à Abraham; puis son sacrifice, parce qu'il constitue l'épreuve à laquelle Dieu soumet Abraham ; elle parle de son mariage, mais Isaac ne paraît qu'à la fin du récit; et enfin elle narre comment devenu vieux il bénit Jacob, mais là encore le récit est ordonné à un autre: à Jacob. L'unique page qui soit vraiment écrite pour lui est celle des difficultés avec Abimélek, où se manifeste visiblement la bénédiction de Dieu, et enfin l'alliance conclue avec Abimélek et ratifiée par le banquet rituel (Gn 26). Si cette page est la seule où Isaac ait un relief personnel, nous pouvons penser que même si elle paraît insignifiante au premier abord, elle est pourtant au centre de toute la Genèse.
La promesse de Dieu s'accomplit dans la naissance d'Isaac, et c'est de lui que la bénédiction divine descend sur les douze tribus, en passant par Jacob. Donc l'histoire d'Abraham tend à Isaac comme à son sommet et à son terme; puis, second versant; l'histoire de Jacob et de tout Israël dépend de lui.
L'unique page où Isaac soit mis en relief personnellement s'ouvre par un commandement divin: Ne descends pas en Egypte, mais demeure au pays que je te dirai. Reste en ce pays. Je serai avec toi, et je te bénirai, car je te donnerai, à toi et à ta descendance, toutes ces régions; et j'accomplirai le serment que j'ai juré à Abraham ton père... Et Isaac demeura à Gérar (Gn 26,2-3).
... L'histoire d'Abraham commence par un voyage vers la Terre Sainte; Jacob, quant à lui, est obligé de s'en éloigner par la fuite. Isaac naît dans la Terre de Canaan et y meurt.
Le rôle important que joue dans l'histoire d'Isaac sa permanence dans la Terre Sainte est souligné par un texte de la Genèse, quand Éliézer dit à Abraham : « Si la femme ne veut pas venir avec moi, devrai-je ramener ton fils au pays d'où tu es sorti? » Abraham répond: « Garde-t-en bien! Le Dieu du ciel qui m'a dit: ’À ta descendance je donnerai ce pays' enverra son ange devant toi », etc... (Gn 24,5-8). Incontestablement cette demeure ininterrompue dans la Terre sacrée est ce qui distingue et définit Isaac par rapport aux autres patriarches. Il semble que pour l'auteur inspiré, Isaac représente vraiment le point culminant de la Genèse; en conséquence, toute son histoire est figure prophétique d'un âge parfait, l'ère messianique, et Isaac lui-même est figure du Christ. Dans la vie d'Isaac, qui est au centre du livre, toute la Genèse apparaît comme une histoire prophétique.
La stabilité d'Isaac dans la Terre sacrée est une figure de l'accomplissement de la promesse.
Tout, en Isaac, est figure: sa naissance — et quand Luc raconte la naissance de Jésus, avec les paroles des anges qui annoncent aux bergers une grande joie (Lc 2,10), ou quand Jésus, dans l'Évangile de Jean, dit qu’Abraham a vu son jour et a exulté (Jn 8,56), il semble que les deux Evangélistes aient présente à l'esprit la naissance d'Isaac — le sacrifice (saint Paul pense au sacrifice d'Isaac quand il décrit la mort du Christ, Rm 8,32); le mariage (et Origène, puis saint Ambroise fonderont à la fois sur ce chapitre 24 de la Genèse et sur le Cantique des cantiques le thème de l'union nuptiale; ils décriront le rapport de l'homme à Dieu et l'union du Christ avec l'Église ou avec l'âme en commentant le récit des noces d'Isaac et de Rébecca).
C'est peut-être en vue de la perfection même de la figure, que l'histoire d'Isaac dans la Genèse est réduite à si peu de chose. La perfection, dans la figure, est un point, un sommet à peine entrevu, une limite qui aussitôt rejointe a déjà disparu. Aussitôt après Isaac, l'histoire humaine reprend son cours normal, avec ses détours, ses essais: elle tend laborieusement à l'accomplisse-ment final.
L'histoire d'Isaac tient sa valeur de ce qu'elle est figure du Christ. Si dans l'économie de l'accomplissement, Isaac nous intéresse moins qu'Abraham et Jacob, dans l'économie prophétique par contre, il l'emporte sur tous. Dans toute la Genèse — on pourrait même dire dans toute l'histoire d'Israël — nul ne laisse transparaître Jésus autant qu'Isaac, le fils de la promesse, la victime du sacrifice, l'époux.
Le mariage d'Isaac avec Rébecca est le fait central de la vie personnelle d'Isaac sur la terre de Dieu. De même, dans l'ère messianique le plus grand des biens que l'homme obtiendra de Dieu sera son union nuptiale avec lui.
ambroise: De Isaac, c. 1 et ") (PL 14,501-503 et 506): En Isaac, nous avons la figure de la naissance du Christ et de sa Passion. Une vieille femme stérile l'enfante, en vertu de la promesse de Dieu, afin que dans la suite nous puissions croire que Dieu a le pouvoir défaire enfanter même une vierge; et il fut offert en victime, lui, le fils unique, de manière à accomplir le sacrifice sans être enlevé à son père. Son nom même manifeste qu'il est figure du Christ et annonce sa grâce, car « Isaac » signifie rire et joie. Or, qui ne sait que le Christ est notre joie totale, lui qui ayant souffert les terreurs de la douleur et de la mort, est devenu « rémission des péchés » pour tous les hommes? Dans le récit de la Genèse, « Isaac » est à la fois le nom du patriarche et un signal du Christ: l'un est nommé, l'autre annoncé... C'est pour lui, le Christ, que le Père acquit une épouse venant de loin. C'est lui, le doux et l'humble qui à l'approche de Rébecca — Rébecca veut dire « Passion » — sortit, c'est-à-dire se fit homme (Gn 24,63*).
Le véritable Isaac est plénitude de grâce et source de joie. Vers cette source venait Rébecca, pour remplir son amphore. L'Église, ou l'âme, descend en effet puiser à la fontaine du Seigneur. Or quelle est cette fontaine? « Ils m'ont abandonné, moi, la source d'eau vive » (Jr 2,13). L'âme du prophète y courait: « Mon âme a soif du Dieu vivant » (Ps 41,3) — pour étancher sa soif au torrent de la connaissance divine.
... Aussi bien le patriarche apercevant le mystère de Dieu — quand il voit Rébecca belle de la beauté du mystère du Verbe — que Rébecca elle-même, apercevant le véritable Isaac, la vraie joie, la vraie béatitude, s'écrient: « Qu'il me baise du baiser de sa bouche » (Ct 1,1).
Gn 25,11 — Dieu bénit Isaac... Isaac habita près du puits de ‘Dieu voit’ : Origène: Hom 11 sur Gn f sc 7bis p. 286-290): Voyons comment Dieu bénit Isaac et quelle est cette bénédiction. Il habita, dit l'Écriture, au Puits de la Vision. Le Puits de la Vision, telle est la bénédiction d'Isaac. Dieu veuille nous donner cette bénédiction, et que nous ayons le bonheur d'habiter au Puits de la Vision! ... Si quelqu'un peut savoir et comprendre toutes les visions racontées dans la Loi et les Prophètes, celui-là habite au Puits de la Vision. Considère quelle grande bénédiction Isaac reçut du Seigneur, lui qui habita au Puits de la Vision — bienheureux, quant à nous, si nous pouvons seulement passer près de là: illuminés par la divine miséricorde, à peine pouvons-nous soupçonner quelque chose de chaque vision; mais lui, il demeura dans la vision. Cependant, si j'en perçois une lueur, j'estimerai être resté un jour près de ce Puits de Vision; et si j'ai pu atteindre non seulement le sens littéral mais encore quelque chose selon l'esprit, je croirai y avoir passé deux jours. Si le sens moral m'est abordable, alors cela fera trois jours. Et même si je ne puis tout comprendre mais m'applique aux Écritures divines et médite nuit et jour dans la Loi de Dieu sans m'en déprendre, cherchant, examinant, réfléchissant, et surtout priant Dieu, implorant l'intelligence auprès de Celui qui enseigne à l'homme la science, alors il me semble que j'habiterai au Puits de la Vision ... Hâtez-vous donc avec moi, pour que cette bénédiction du Seigneur se répande sur vous aussi, que grâce à elle vous puissiez habiter au Puits de la Vision : que le Seigneur ouvre vos yeux et que vous puissiez voir le Puits de la Vision et en tirer cette eau vive qui deviendra en vous source jaillissante en vie éternelle. Veux-tu que je t'en montre un, qui ne s'est jamais éloigné du Puits de la Vision? C'est l'Apôtre Paul, lui qui disait: Nous contemplons à visage découvert la gloire du Seigneur. Toi donc, si tu scrutes sans cesse les prophètes, si tu cherches toujours, si tu désires savoir de plus en plus, si tu médites avec persévérance, tu recevras la bénédiction du Seigneur et tu habiteras au Puits de la Vision. Le Seigneur Jésus t'apparaîtra sur le chemin, il t'ouvrira les Écritures et tu diras: Notre coeur n'était-il pas embrasé, tandis qu'il nous ouvrait les Écritures ?
Bible chrétienne Pentat. 1324