Catéchisme C. Trente 2504

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§ IV. - QUELS SONT LES MINISTRES DE CE SACREMENT

Quant à celui qui doit être le Ministre de l'Extrême-Onction, le même Apôtre qui a promulgué cette institution de Notre-Seigneur, nous l'apprend quand il dit: [823] " Que le malade fasse venir les Prêtres " ; et par ce mot il n'entend point les plus avancés en âge, comme l'a très bien expliqué le Concile de Trente, ni ceux qui occupent le premier rang parmi le peuple, mais les Prêtres, qui ont été légitimement ordonnés par les Evêques eux-mêmes avec l'imposition des mains. C'est donc aux Prêtres que l'administration de ce Sacrement a été confiée, non à tout Prêtre indistinctement, ainsi que l'a décrété la sainte Eglise, mais seulement au propre Pasteur qui a juridiction sur le malade, ou à un autre Prêtre autorisé par lui à exercer cette Fonction. - Mais gardons-nous d'oublier que le Prêtre, dans ce Sacrement comme dans tous les autres, agit au nom de Jésus-Christ et de la sainte Eglise son épouse.

[823] Jc 5,14.


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§ V. - DES eFFETS DE L'EXTRÊME-ONCTION.

Il faut aussi développer avec beaucoup de soin les avantages que nous retirons de ce Sacrement, afin que si les Fidèles n'ont point d'autre motif pour désirer de le recevoir, ils v soient portés du moins par leur utilité personnelle, puisque telle est notre nature, que nous faisons tout dépendre de notre intérêt. Les Pasteurs enseigneront donc qu'à ce Sacrement se trouve attachée une grâce qui remet les péchés, et même directement les péchés légers ou véniels, comme on les appelle communément ; car, pour les fautes mortelles, elles sont effacées par le sacrement de Pénitence. L'Extrême-Onction n'a pas été instituée directement pour remettre ces sortes de fautes ; le Baptême et la Pénitence seuls ont la vertu de produire cet effet.

Un second avantage de l'Extrême-Onction, c'est de guérir l'âme de cette langueur et de cette infirmité qu'elle a contractées par ses péchés, et de la délivrer de tous les autres restes de ses fautes. Or le temps le plus propre pour opérer cette guérison, c'est celui d'une maladie grave où la vie est en danger. Rien n'est plus naturel à l'homme que de craindre la mort, surtout lorsqu'il se rappelle ses péchés passés, et que sa conscience les lui reproche plus vivement. " Ils se souviendront de leurs crimes en tremblant, dit l'Ecriture, et leurs iniquités se lèveront contre eux pour les accuser. " [824]

Une autre pensée, un autre souci qui tourmente encore violemment les malades, c'est que bientôt il leur faudra paraître devant le tribunal de Dieu, qui prononcera sur eux, dans sa justice infinie, la sentence qu'ils auront méritée. Souvent il arrive que, sous le coup de cette terreur, les Fidèles se troublent étrangement. Or rien n'est p:us propre à faire rentrer l'âme dans la tranquillité à l'heure de la mort, que d'éloigner d'elle toute tristesse, de lui faire attendre avec un coeur plein de joie la venue du Seigneur, et de la disposer à Lui rendre volontiers le dépôt qui lui était confié, dès qu'il le redemandera. Et précisément l'Extrême-Onction possède la vertu de délivrer les Fidèles de cette anxiété, et de remplir leurs coeurs d'une pieuse et sainte joie.

Elle nous procure en outre un autre avantage qui peut passer à bon droit pour le plus grand de tous. tant que nous vivons, l'ennemi du genre humain ne cesse de méditer notre défaite et notre ruine. Mais jamais toutefois. pour nous perdre entièrement et nous ôter s'il est possible toute espérance en la miséricorde de Dieu ; il ne redouble ses efforts avec plus d'énergie que lorsqu'il sent approcher notre dernier jour. Aussi les Fidèles sont-ils heureux, de trouver dans ce Sacrement des armes et des forces pour abattre son ardeur et son impétuosité, et pour lui résister victorieusement. Avec l'Extrême-Onction, en effet, l'espérance en la bonté de Dieu ranime et relève le courage du malade, qui se sent rassuré, et qui supporte dès lors avec plus de patience et de force les douleurs qu'il endure, de même qu'il évite plus aisément les pièges et les artifices du démon qui cherche à le perdre.

Enfin un dernier effet de l'Extrême-Onction, c'est de rétablir la santé du corps, quand cela est avantageux aux malades. nos jours la guérison du corps s'obtient moins souvent, croyons bien que cela ne provient point de l'impuissance du Sacrement, mais de ce que la plupart de ceux qui reçoivent l'Extrême-Onction ou qui l'administrent ont une Foi trop faible. Nous lisons dans l'Evangile que [825] Notre Seigneur fit peu de miracles parmi les siens, à cause de leur incrédulité. Au reste on peut bien dire aussi que la Religion chrétienne, depuis qu'elle a jeté dans les coeurs de plus profondes racines, a moins besoin du secours des miracles que dans le temps oh elle ne faisait que de naître. Néanmoins il faut à cet égard stimuler fortement la Foi des Fidèles: et quoi qu'il plaise à Dieu d'ordonner dans sa Sagesse par rapport à la santé du corps, ils doivent conserver la ferme espérance que par la vertu de l'Huile sainte ils obtiendront la santé de l'âme, et qu'ils éprouveront, s'ils viennent à mourir, la vérité de cet oracle sacré: [826] " Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur ! "

Nous avons exposé en peu de mots ce qui regarde l'Extrême-Onction ; mais si les Pasteurs développent chacun de nos points principaux, d'une manière plus étendue, et avec tout le zèle que le sujet demande, il est hors de doute que les Fidèles retireront de cet enseignement les avantages les plus considérables pour leur avancement dans la piété.

[824] Sg 4,20.
[825] Mt 13,58.
[826] Ap 14,13.


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Chapitre vingt-sixième - Du sacrement de l'Ordre

Si l'on veut examiner avec attention la nature et l'essence des autres Sacrements, on reconnaîtra aisément qu'ils dépendent tous du sacrement de l'Ordre ; puisque sans lui, les uns ne pourraient jamais ni exister, ni être administrés, et que les autres demeureraient privés de toutes cérémonies solennelles, ainsi que d'un certain culte et de certains rites religieux. C'est donc un devoir pour les Pasteurs, lorsqu'ils traitent la matière des Sacrements, d'expliquer avec le plus grand soin tout ce qui concerne le sacrement de l'Ordre.



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§ I. - IL eST UTILE D'EXPLIQUER AUX FIDÈLES LE SACREMENT DE L'ORDRE.

Cette explication leur sera très utile à eux-mêmes d'abord, puis aux autres ecclésiastiques, et même aux simples Fidèles: à eux-mêmes, parce qu'en traitant cette matière ils seront plus portés à réveiller en eux la Grâce qu'ils ont reçue dans ce Sacrement: aux autres ecclésiastiques appelés comme eux à l'héritage du Seigneur, parce qu'ils se sentiront animés du même zèle, et qu'en même temps ils pourront acquérir la connaissance des choses qui leur sont nécessaires pour s'élever plus facilement aux Ordres supérieurs: enfin aux simples Fidèles, d'abord parce qu'ils comprendront combien ils doivent respecter les Ministres de la Religion, et ensuite parce que cette explication pourra souvent être entendue de personnes qui ont l'intention ou le désir de faire entrer leurs enfants dans l'Etat ecclésiastique, ou d'embrasser eux-mêmes ce genre de vie de leur propre mouvement. Or il ne serait pas convenable de laisser ces personnes dans l'ignorance des choses qui regardent particulièrement cette vocation.

En premier lieu, il faut enseigner aux Fidèles quelle est l'excellence et la dignité de ce Sacrement, considéré dans son degré le plus élevé, c'est-à-dire dans le Sacerdoce. En effet si nous admettons - et il le faut bien - que les Evêques et les Prêtres sont comme les interprètes et les ambassadeurs de Dieu, chargés de nous enseigner en son nom la Loi divine et les règles de notre conduite, en un mot de tenir sur la terre la place de Dieu Lui-même, il est évident qu'on ne saurait imaginer des Fonctions plus nobles que les leurs. Ainsi l'Ecriture leur donne-t-elle quelquefois, et à juste titre, les noms d'anges et même de dieux, parce qu'ils exercent en quelque sorte au milieu de nous la Puissance même du Dieu immortel.

Dans tous les temps le Sacerdoce a été entouré des plus grands honneurs ; mais les Prêtres du nouveau testament l'emportent infiniment sur tous ceux qui les ont précédés.

Le pouvoirs qu'ils ont de consacrer et d'offrir le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et celui de remettre les péchés, dépasse toutes nos conceptions humaines. On ne peut rien trouver de comparable sur la terre. Enfin, comme notre Sauveur a été envoyé par son Père, comme les Apôtres et les disciples à leur tour ont été envoyés par Jésus-Christ dans le monde entier ; ainsi tous les jours les Prêtres sont envoyés avec les mêmes pouvoirs, pour travailler à la perfection des saints, à l'oeuvre du Ministère, à l'édification du Corps de notre Seigneur. [827]

On ne doit donc imposer témérairement à personne le fardeau de Fonctions si augustes. Ceux-là seuls doivent en être revêtus qui peuvent le soutenir par la sainteté de leur vie, par leur science, leur Foi et leur prudence. " Que nul ne vienne (donc) s'attribuer d lui-même cet honneur s'il n'y est appelé de Dieu comme Aaron " [828] c'est-à-dire s'il n'y a été appelé par les Ministres légitimes de l'Eglise. Quant aux téméraires qui osent s'ingérer et s'introduire d'eux-mêmes dans ce ministère, il ne faut pas manquer de faire observer que Dieu les avait en vue, quand Il disait: [829] " Je n'envoyais point ces Prophètes, et ils couraient. " Il n'y a rien tout à la fois de plus pitoyable et de plus misérable que ces intrus, ni de plus funeste à l'Eglise.

Et comme dans tout ce que l'on entreprend, il est de la plus haute importance de se proposer une bonne fin, puisque c'est de la bonté de la fin que dépend en grande partie la bonté des actes, la première recommandation à faire à ceux qui veulent entrer dans les Ordres, c'est qu'ils n'aient en vue rien qui soit indigne de si hautes Fonctions. - Ce point demande à être traité avec un soin d'autant plus grand que de nos jours, les Fidèles ont l'habitude de manquer d'une manière plus grave à cet égard. - Les uns en effet n'embrassent l'Etat ecclésiastique que pour se procurer ce qui est nécessaire à la nourriture et au vêtement, ils ne cherchent que le gain dans le Sacerdoce, comme font la plupart de ceux qui prennent les métiers les plus vulgaires. Il est bien vrai comme l'enseigne l'Apôtre, d'après la loi naturelle et la Loi divine, que [830] " celui qui sert à l'Autel, doit vivre de l'Autel ", cependant c'est un grand sacrilège d'approcher de l'Autel en vue du profit qui en résulte. D'autres sont

conduits au Sacerdoce par la soif des honneurs et par l'ambition. Il en est enfin qui ne recherchent les Ordres que pour s'enrichir ; et la preuve c'est que, si vous ne leur offrez quelque bénéfice considérable, ils ne songent même pas à recevoir un seul des Ordres sacrés. Ce sont ceux-là que notre Sauveur appelle des mercenaires, et dont le Prophète Ezéchiel disait: [831] " Ils se paissent eux-mêmes, et non leurs brebis. " Leur bassesse et leur avidité a déshonoré l'Etat ecclésiastique aux yeux des Fidèles, qui le regardent maintenant presque comme la profession la plus vile et la plus méprisable. Aussi ne tirent-ils point d'autre fruit de leur Sacerdoce, que celui que recueillit Judas de son apostolat, c'est-à-dire leur perte éternelle.

Il n'y a donc que ceux qui, étant légitimement appelés de Dieu, embrassent la carrière ecclésiastique dans le seul but de travailler à sa Gloire, il n'y a que ceux-là dont on peut affirmer qu'ils entrent vraiment par la porte dans l'Eglise [832].

Ce n'est pas dire toutefois que l'obligation d'honorer Dieu en toutes choses ne soit pas commune à tous les hommes. tous en effet ont été créés pour honorer Dieu et Le servir ; et les Fidèles surtout, qui ont reçu -la Grâce du Baptême, doivent remplir ce devoir de tout leur coeur, de tout leur esprit et de toutes leurs forces. Mais ceux qui veulent recevoir le sacrement de l'Ordre, doivent se proposer non seulement de chercher la Gloire de Dieu en toutes choses, (obligation qui leur est évidemment commune avec le reste des hommes, et spécialement avec les Fidèles), mais encore de Le servir dans la sainteté et la justice, [833] en remplissant l'un ou l'autre des ministères de l'Eglise. Dans une armée, tous les soldats obéissent aux ordres du Général. Cependant ils n'ont pas tous les mêmes fonctions à remplir ; l'un est Capitaine, l'autre Commandant. De même tous les Fidèles doivent faire tous leurs efforts pour vivre dans la piété et l'innocence, (vertus qui honorent vraiment Dieu) ; et cependant il faut aussi que ceux qui sont engagés dans les Ordres exercent certaines Fonctions et certains Ministères particuliers. Ainsi ils offrent les saints Mystères pour eux-mêmes et pour tout le peuple ; ils enseignent la Loi de Dieu ; ils exhortent et forment les Fidèles à l'observer avec joie et empressement ; ils administrent les Sacrements de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui nous donnent la Grâce, la conservent et l'augmentent en nous: enfin pour tout dire en un mot, ils vivent séparés de tout le reste du peuple, pour remplir le plus grand et le plus excellent de tous les ministères.

Ces explications une fois données, les Pasteurs passeront à celles qui se rattachent, à proprement parler, à la nature même du Sacrement, afin que les Fidèles qui désirent entrer dans l'Etat ecclésiastique, sachent bien à quel genre de dignité ils sont appelés, et quelle est l'étendue de la puissance que Dieu a donnée à son Eglise et à ses Ministres.

[827] Ep 4,12.
[828] He 5,4.
[829] Jr 23,21.
[830] 1Co 9,13.
[831] Ez 34,1.
[832] Jn 10,12.
[833] Lc 1,74.


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§ II. - DE LA PUISSANCE eCCLÉSIASTIQUE.

La puissance ecclésiastique est double ; elle se partage 1° en pouvoir d'Ordre, 2° en pouvoir de Juridiction.

Le pouvoir d'Ordre a pour objet le Corps adorable de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte eucharistie.

Le pouvoir de Juridiction s'exerce tout entier sur son Corps mystique. C'est à lui qu'il appartient de gouverner le peuple chrétien, de le conduire et de le diriger dans la voie de la céleste et éternelle félicité.

Le pouvoir d'Ordre n'a pas seulement la vertu et la propriété de consacrer l'Eucharistie ; il prépare encore les coeurs à recevoir ce Sacrement, il les en rend dignes, et, en général, il s'étend à tout ce qui peut avoir quelque rapport avec l'Eucharistie.

Nos Saints Livres parlent de ce pouvoir en beaucoup d'endroits. Mais nulle part il n'est exprimé plus clairement, ni d'une manière plus expresse, que dans Saint Matthieu et dans Saint Jean [834 - Jn 20,21]. " Comme mon Père m'a envoyé. dit Notre-Seigneur, ainsi je vous envoie: recevez le Saint-Esprit: les péchés seront remis d ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux d qui vous les retiendrez. " Ailleurs, il disait: [835 - Mt 18,18] " En vérité Je vous le dis ; tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans Ie ciel. " Ces deux textes pourront jeter une lumière très grande sur la Vérité que nous exposons, si les Pasteurs ont soin de les expliquer d'après la doctrine et l'autorité des saints Pères. Combien une telle puissance ne l'emporte-t-elle pas sur celle qui fut accordée sous la loi de nature aux hommes chargés du soin des choses sacrées ! Car l'âge qui précéda la Loi écrite, eut, lui aussi, son sacerdoce et son pouvoir spirituel, puisqu'il est certain qu'il avait sa loi: loi et sacerdoce tellement inséparable, au témoignage de l'Apôtre, que le changement de l'une entraîne nécessairement le changement de l'autre. Guidés par un instinct, ou plutôt par une inspiration naturelle, les hommes de ce temps-là sentaient qu'ils devaient honorer Dieu, et, par une conséquence nécessaire, ils durent, dans chaque pays, confier à quelques personnes choisies le soin des choses saintes et du service divin: ce qui constitue par le fait une sorte de pouvoir spirituel.

Chez les Juifs, on vit aussi un pouvoir sacerdotal, bien supérieur, il est vrai, à celui dont les Prêtres étaient revêtus sous la loi de nature, et cependant infiniment moins excellent que la puissance spirituelle de la Loi Evangélique ; puissance toute céleste, qui surpasse celle des Anges mêmes, qui d'ailleurs vient, non de Moise, mais de Jésus-Christ, Prêtre selon l'ordre de Melchisédech, et non selon l'Ordre d'Aaron. Oui, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, possédant le pouvoir de conférer la Grâce et de remettre les péchés, a laissé à son Eglise ce même pouvoir, en le limitant il est vrai dans son exercice, et en l'attachant aux Sacrements.

C'est pour exercer ce pouvoir que des Ministres particuliers ont été institués et consacrés avec des Cérémonies solennelles. Cette Consécration a reçu le nom de sacrement de l'Ordre ou de sainte Ordination. Et si les saints Pères ont cru devoir employer cette expression dont la signification est très étendue, c'est que précisément ils voulaient faire mieux apprécier la dignité et l'excellence des Ministres de Dieu.

L'Ordre en effet, à prendre ce mot dans sa force et dans son acception propre, est un arrangement de choses supérieures et de choses inférieures, disposées entre elles de telle sorte que l'une se rattache à l'autre. Par conséquent, puisque dans ce ministère il y a plusieurs degrés et plusieurs fonctions différentes, et que tout est distribué et arrangé selon un ordre déterminé, le nom d'Ordre lui a été très bien et très justement appliqué.



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§ III. - L'ORDRE eST UN VRAI SACREMENT.

Que l'Ordre, ou l'Ordination sacrée, soit un véritable Sacrement de l'Eglise, le saint Concile de Trente le prouve par ce raisonnement que nous avons déjà employé plusieurs fois: le Sacrement est le signe d'une chose sacrée ; or ce qui se fait extérieurement dans cette Consécration signifie la grâce et la puissance qui sont accordées à celui que l'on ordonne. Il est donc bien évident d'après cela que l'Ordre est un vrai Sacrement dans toute la rigueur du terme. Aussi quand l'Evêque ordonne un Prêtre, il lui présente le Calice avec le vin et l'eau, et la Patène avec le pain en disant: Recevez le pouvoir d'offrir le Sacrifice, etc... Car l'Eglise a toujours enseigné que ces paroles, jointes à la matière, confèrent réellement le pouvoir de consacrer l'Eucharistie, et qu'elles impriment dans l'âme un caractère qui porte avec lui la grâce nécessaire pour s'acquitter dignement et légitimement de cette Fonction. Ainsi le déclare l'Apôtre lui-même [836 1Tm 2,1-7]: " Je vous avertis, dit-il à Timothée, de ressusciter la grâce de Dieu qui est en vous par l'imposition de mes mains ; car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit de force, d'amour et de sagesse. "

Ainsi, pour nous servir des expressions du saint Concile, l'exercice d'un Sacerdoce si sublime étant une chose toute divine, il était de toute convenance, pour y attacher plus de dignité et lui attirer plus de vénération, qu'il y eût dans l'Eglise plusieurs sortes de Ministres de rangs différents, et destinés à assister les Prêtres, chacun selon ses fonctions propres. Voilà pourquoi ces fonctions sont distribuées de telle sorte que ceux qui ont reçu la tonsure cléricale, sont élevés ensuite aux Ordres supérieurs, en passant par les Ordres inférieurs.

Il faudra donc enseigner, et l'Eglise catholique l'a toujours fait, que ces Ordres sont au nombre de sept, désignés sous les noms de Portier, de Lecteur, d'Exorciste, d'Acolyte, de Sous-Diacre, de Diacre et de Prêtre. Et c'est avec une grande sagesse que ces Ordres ont été établis en pareil nombre. Il est facile de le prouver par les différents ministères qui sont nécessaires pour célébrer le Saint Sacrifice de la Messe, et pour administrer la Sainte eucharistie. Car c'est pour ces deux fins qu'ils ont été spécialement institués. Ces Ordres se divisent en majeurs, et en mineurs. Les Ordres majeurs, qu'on appelle aussi Ordres sacrés, sont la Prêtrise, le Diaconat et le Sous-diaconat. Les Ordres mineurs sont ceux d'Acolyte, d'Exorciste, de Lecteur et de Portier. Nous allons dire un mot de chacun d'eux, afin que les Pasteurs puissent les expliquer, surtout à ceux qui, selon eux, seraient appelés à les recevoir.


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§ IV. - DE LA tONSURE.

Parlons d'abord de la tonsure, qui est comme une préparation à la réception des Ordres. (Car c'est ainsi qu'il faut l'envisager). Or on prépare au Baptême par les exorcismes, au Mariage par les Fiançailles. De même aussi ceux à qui on coupe les cheveux, en les consacrant à Dieu, sont introduits par là dans la voie du sacrement de l'Ordre: car cette Cérémonie est la figure des dispositions que doit avoir celui qui désire se vouer aux ministères sacrés.

Le nom de Clerc qu'on reçoit alors pour la première fois vient de ce que le tonsuré commence à prendre le Seigneur pour sa portion et pour son héritage. Ainsi chez les Hébreux, ceux qui étaient attachés au culte divin, ne devaient avoir aucune part dans le partage de la terre promise, d'après l'ordre même du Seigneur qui leur avait dit [837 - Nb 18,20]: " C'est Moi qui suis ta portion et ton héritage. "Et, bien que ces paroles puissent s'appliquer à tous les Fidèles sans exception, il est certain qu'elles conviennent particulièrement à ceux qui se sont consacrés au service de Dieu.

On coupe les cheveux de telle sorte que la tonsure forme une couronne, qu'il faut conserver toujours, et qui doit être plus grande à mesure que l'on avance dans les Ordres. L'Eglise enseigne que cet usage lui vient des Apôtres ; il en est fait mention dans les Pères les plus anciens et les plus considérables, tels que Saint Denys l'Aréopagite, Saint Augustin, et Saint Jérôme.

On dit même que Saint Pierre, le prince des Apôtres, fut le premier qui introduisit cette coutume, en mémoire de la couronne d'épines qui fut placée sur la tête de notre Sauveur, afin que ce qui avait servi à l'humiliation et au tourment de Jésus-Christ, dans les mains des impies, fût pour les Apôtres un signe d'honneur et de gloire. C'était en même temps un moyen de rappeler aux Ministres de l'Eglise qu'ils doivent s'étudier à imiter Notre-Seigneur et à le représenter en toutes choses.

Quelques-uns veulent que la tonsure soit la marque de la dignité royale qui semble l'apanage réservé à ceux que Dieu appelle à Le prendre pour leur héritage. Car ce que l'Apôtre Saint Pierre attribue au peuple chrétien tout entier, quand il dit [838 - 1P 2,9]: " Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte ", convient bien mieux encore, et d'une manière toute particulière - on le comprend aisément - aux Ministres de la Sainte Eglise.

Il en est d'autres qui prétendent que la tonsure ou couronne des Clercs est le signe de la vie plus parfaite dont ils font profession. (La figure circulaire étant la plus parfaite de toutes les figures). Enfin quelques autres pensent que la tonsure marque le mépris des choses de ce monde et l'abandon de tous les soins terrestres, parce qu'elle retranche une partie des cheveux qui sont en effet quelque chose de superflu dans le corps humain.


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§ V. - DES ORDRES MINEURS.

Après la tonsure, le premier degré pour entrer dans les Ordres, c'est l'Ordre des Portiers. Le Portier a pour Fonction de garder les clefs et la porte de l'Eglise, et d'empêcher d'entrer ceux qui n'en sont pas dignes. Autrefois il assistait au Saint Sacrifice de la Messe pour veiller à ce que personne n'approchât trop près de l'Autel, et ne vînt troubler le Prêtre occupé à célébrer les saints Mystères. On lui confiait encore d'autres charges comme on peut le voir par les Cérémonies qui s'observent à son Ordination. L'Evêque en effet prend les clefs sur l'Autel, les met entre les mains de celui qu'il institue Portier, et lui dit: " Conduisez-vous comme devant rendre compte à Dieu des choses qui sont enfermées sous ces clefs. " Dans l'ancienne Eglise, la dignité de cet Ordre était très grande. On le voit par les objets qui se gardaient alors dans les temples. Les Portiers réunissaient la charge de trésorier à celle de Gardien du tabernacle et des vases sacrés. Aujourd'hui encore d'ailleurs ces Fonctions sont des plus honorables dans l'Eglise.

Le second degré de l'Ordre est celui de Lecteur. La fonction de Lecteur est de lire dans l'Eglise, d'une voix claire et distincte, les Livres de l'Ancien et du nouveau testament, et surtout ceux qui se récitent pendant la Psalmodie de la nuit. Autrefois il était encore chargé d'enseigner aux Fidèles les premiers éléments de la Religion chrétienne. C'est pourquoi l'Evêque, quand il l'ordonne, lui remet en présence du peuple le Livre où sont renfermées les choses qui regardent ce ministère, et lui dit: " Recevez et transmettez la parole de Dieu ; si vous remplissez fidèlement et avec fruit votre ministère, vous aurez part avec ceux qui ont dignement annoncé la parole divine dés le commencement. "

Le troisième Ordre est celui des Exorcistes. Ils ont le pouvoir d'invoquer le nom du Seigneur sur ceux qui sont possédés par des esprits immondes. C'est pourquoi l'Evêque, en les ordonnant, leur présente le Livre où sont contenus les exorcismes, et prononce en même temps ces paroles: " Prenez ce Livre, et gardez-le dans votre mémoire, et recevez le pouvoir d'imposer les mains sur les énergumènes, tant ceux qui sont baptisés, que ceux qui sont encore catéchumènes. "

Enfin le quatrième et dernier des Ordres mineurs est celui des Acolytes. Ils accompagnent les Ministres supérieurs, Diacres et Sous-Diacres, dans le service de l'Autel, et ils ont pour charge de les aider. En outre ils portent et gardent des cierges allumés, pendant la Messe, et surtout pendant la lecture de l'Evangile, ce qui leur a fait donner aussi le nom de Céroféraires, et voici le rite que l'Evêque a coutume d'observer pour leur Ordination. D'abord il les instruit des devoirs de leur charge, puis il donne à chacun d'eux un flambeau allumé, en disant: " Recevez ce chandelier avec ce cierge, au nom du Seigneur, et sachez que vous êtes chargé d'allumer les Cierges de l'Eglise. " Ensuite il leur présente vides les burettes dans lesquelles on met le vin et l'eau du sacrifice, et il ajoute: " Recevez au nom du Seigneur ces burettes, pour servir l'eau et le vin nécessaires à la Consécration de l'Eucharistie de notre Seigneur. "



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§ VI. - DES ORDRES MAJEURS.

Des Ordres mineurs et non sacrés dont nous venons de parler, on peut s'élever légitimement et parvenir aux Ordres majeurs et sacrés. Au premier degré de ces Ordres, on rencontre le Sous-Diacre dont les Fonctions, comme le nom l'indique, sont de servir le Diacre à l'Autel. C'est lui qui doit préparer les linges sacrés, les vases, le pain et le vin nécessaires à la célébration du Sacrifice. Aujourd'hui c'est lui qui présente l'eau à l'Evêque et au Prêtre, lorsqu'ils se lavent les mains à la Messe. C'est à lui également de réciter l'Epître, qui était lue autrefois par le Diacre. Il assiste aux saints Mystères comme témoin, et il est chargé de veiller à ce que personne ne vienne troubler le Célébrant.

Ces différentes Fonctions qui appartiennent au Sous-Diacre sont toutes indiquées dans les Cérémonies sacramentelles de son Ordination. Et d'abord l'Evêque l'avertit qu'une chasteté perpétuelle est imposée au Sous-Diaconat: il déclare que personne ne doit être admis à cet Ordre, sans avoir la volonté sincère de se soumettre à l'obligation du Célibat ; puis après avoir récité solennellement les Litanies des Saints, il énumère et il expose les obligations et les charges du Sous-Diacre.

Ensuite chacun des Ordinands reçoit des mains de l'Evêque le Calice et la Patène ; et pour leur faire comprendre que le Sous-Diacre doit servir le Diacre, l'Archidiacre leur fait toucher les burettes pleines de vin et d'eau, un bassin avec un linge pour s'essuyer les mains. En même temps l'Evêque prononce ces paroles: " Voyez quel ministère vous est confié. Je vous conjure de vous montrer digne de plaire à Dieu. "

On ajoute encore d'autres Prières. Et enfin, quand l'Evêque a revêtu le Sous-Diacre des ornements sacrés pour chacun desquels il y a des paroles et des cérémonies particulières, il lui donne le Livre des Epîtres en disant: " Recevez le Livre des Epîtres, avec le pouvoir de les lire dans la sainte Eglise de Dieu, tant pour les vivants que pour les morts. "

Le second des Ordres sacrés, c'est le Diaconat, dont les fonctions sont beaucoup plus étendues et ont toujours été regardées comme beaucoup plus saintes. Le Diacre doit toujours être à côté de l'Evêque ; garder sa personne pendant qu'il prêche ; le servir, lui et le Prêtre, dans la célébration du sacrifice comme dans l'administration des Sacrements, et de plus lire l'Evangile à la Messe. Autrefois il avertissait de temps en temps les Fidèles de se rendre attentifs aux saints Mystères. Il distribuait aussi le Sang du Seigneur dans les Eglises où les Chrétiens avaient l'habitude de recevoir l'Eucharistie sous les deux espèces. En même temps la dispensation des biens ecclésiastiques lui était confiée et il devait fournir à chacun ce qui lui était nécessaire pour son entretien. C'est encore au Diacre, comme l'oeil de l'Evêque en quelque sorte, de voir quels sont ceux qui dans les temps marqués vont aux Sacrifices et aux Sermons, et ceux qui y manquent ; ensuite il doit en rendre compte à l'Evêque, afin qu'il puisse exhorter, avertir, reprendre, blâmer, soit en particulier, soit en public, suivant qu'il le jugera plus utile et plus convenable.

Le Diacre lit aussi les noms des Catéchumènes et il présente à l'Evêque ceux qui doivent être admis au sacrement de l'Ordre. Enfin, à défaut de l'Evêque et du Prêtre, il peut encore expliquer l'Evangile, mais non pas du haut de la chaire, afin qu'il soit bien compris que cette Fonction n'appartient pas proprement à son ministère.

On doit au reste prendre les plus grandes précautions pour ne pas élever des indignes à ce degré de l'Ordre. Saint Paul nous le montre dans son Epître à Timothée en lui exposant ce que doivent être les moeurs, la vertu et l'intégrité du Diacre. Nous le voyons aussi par les rites et les cérémonies solennelles qui se pratiquent à son Ordination. Les prières de l'Evêque sont plus longues et plus augustes que pour l'ordination du Sous-Diacre. Il ajoute pour lui de nouveaux ornements sacrés. Il lui impose les mains, comme nous lisons que les Apôtres le firent, en instituant les premiers Diacres. Enfin il lui remet le Livre des Evangiles en disant: " Recevez, au nom du Seigneur, le pouvoir de lire l'Evangile dans l'Eglise de Dieu, pour les vivants et pour les morts. "



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§ VII. - DU SACERDOCE.

Le troisième et le plus élevé des Ordres sacrés, c'est le Sacerdoce. Ceux qui en sont revêtus sont désignés communément sous deux noms distincts par les Pères des premiers siècles. Tantôt ils sont appelés Prêtres, d'un mot grec qui signifie anciens: et cela non seulement à cause de la maturité de l'âge si nécessaire pour cet Ordre, mais beaucoup plus encore à cause de leur savoir, de leur prudence et de la gravité de leurs moeurs. Car il est écrit: [Sg 4,8] " La vieillesse vénérable n'est point celle qui se compte par le nombre des années et la longueur du temps ; c'est la prudence qui est la vieillesse de l'homme, et la vie sans tache est une longue vie. "

Tantôt, on les nomme Sacerdotes, mot latin qui veut dire ou qu'ils sont consacrés à Dieu, ou bien qu'ils administrent les Sacrements, et qu'ils sont chargés de toutes les choses sacrées et divines.

Mais comme les saintes Lettres distinguent deux Sacerdoces, l'un intérieur et l'autre extérieur, il est nécessaire de les caractériser tous deux, afin que les Pasteurs puissent expliquer de quel Sacerdoce il est ici question.

Ainsi lorsqu'on dit des Fidèles purifiés par l'eau du Baptême qu'ils sont prêtres, c'est d'un Sacerdoce intérieur que l'on veut parler. Dans le même ordre d'idées, tous les justes sont prêtres, qui ont l'esprit de Dieu en eux, et qui sont devenus par un bienfait de la Grâce, membres vivants du souverain Prêtre qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, ils immolent à Dieu, sur l'autel de leur coeur, des hosties spirituelles, toutes les fois que, éclairés par la Foi et enflammés par la Charité, ils font des oeuvres bonnes et honnêtes qu'ils rapportent à la gloire de Dieu. C'est pourquoi nous lisons dans l'Apocalypse: [Ap 1,5] " Jésus-Christ nous a lavés de nos péchés dans son Sang, et Il nous a faits rois et prêtres pour Dieu son Père. " C'est aussi ce qui a fait dire au prince des Apôtres: [1P 2,5] " vous êtes posés sur Lui comme des pierres vivantes, pour former un édifice spirituel et un Sacerdoce saint afin d'offrir à Dieu des sacrifices spirituels qui lui soient agréables par Jésus-Christ. " C'est encore pour cette raison que l'Apôtre nous exhorte [Rm 12,1] " à offrir à Dieu nos corps comme une hostie vivante, sainte et agréable à ses yeux, et à Lui rendre un culte spirituel. " Enfin, longtemps auparavant, David avait dit: [Ps 50,19] " le sacrifice que Dieu demande est une âme brisée de douleur, vous ne dédaignerez pas, ô mon Dieu, un coeur contrit et humilié. " Tout cela, évidemment, se rapporte au Sacerdoce intérieur.

Quant au Sacerdoce extérieur, il n'appartient point à tous les Fidèles, mais seulement à certains hommes qui ont reçu l'imposition des mains d'une manière légitime ; qui ont été ordonnés et consacrés à Dieu avec les Cérémonies solennelles de la Sainte Eglise, et qui, par le fait, se trouvent dévoués à un ministère sacré, et d'une nature toute particulière.

Cette distinction des deux Sacerdoces peut déjà se remarquer dans l'ancienne Loi. David, comme nous venons de le montrer, a parlé du Sacerdoce intérieur. D'autre part personne n'ignore combien le Seigneur fit d'ordonnances relatives au Sacerdoce extérieur, par le ministère de Moïse et d'Aaron. Il y a plus, Il attacha au service du temple la tribu de Lévi tout entière, et Il défendit par une Loi d'admettre à ces Fonctions sacrées aucun homme d'une autre tribu. Ainsi le roi Osias, ayant usurpé le ministère sacerdotal, fut frappé de lèpre par le Seigneur en punition de sa témérité et de son sacrilège. Et comme nous découvrons dans la Loi Evangélique cette même distinction d'un double Sacerdoce, il importe d'avertir les Fidèles qu'il s'agit ici du Sacerdoce extérieur, conféré seulement à certains hommes. Lui seul, en effet, appartient au sacrement de l'Ordre.




Catéchisme C. Trente 2504