Espérance Liban 62
62 Par la vie sacramentelle, par la prière régulière et par la lectio divina, les prêtres affermiront leur vie spirituelle, qui produira des fruits dans leur ministère au service du peuple de Dieu. Il convient qu’ils soient attentifs à la fonction d’enseignement, en particulier dans les homélies au cours desquelles la parole de Dieu doit être expliquée et actualisée, pour aider les fidèles à approcher le mystère chrétien et à vivre chaque jour les valeurs évangéliques.
Fréquemment, étant donné l’imbrication territoriale des différentes éparchies, les prêtres, qui relèvent de juridictions diverses, exercent leur ministère sur un même territoire. La collaboration et la coordination de leur apostolat supposent des rencontres régulières et des coopérations réelles. Ils ont aussi à développer leur esprit de collaboration avec les fidèles. «Les pasteurs sacrés savent fort bien quelle importante contribution les laïcs apportent au bien de toute l’Eglise. Ils savent qu’ils n’ont pas été institués par le Christ pour assumer à eux seuls toute la mission salvifique de l’Eglise à l’égard du monde, mais que leur charge éminente consiste à être les pasteurs des fidèles du Christ et à reconnaître leurs services et leurs charismes de façon que tous, chacun à sa manière, coopèrent unanimement à l’oeuvre commune » (174).
Des prêtres se soucient aussi de leur formation permanente par la lecture et par des rencontres. Je les encourage dans cette voie; j’invite aussi les évêques, en collaboration avec des personnes préparées à cette fin, à organiser et à développer des programmes d’enseignement théologique et pastoral qui enrichissent les prêtres dans leur service auprès des fidèles.
En ce qui concerne le dialogue oecuménique, les prêtres ont une place privilégiée, car ils ont des relations fréquentes avec les pasteurs des autres Eglises et Communautés ecclésiales. Leur ouverture oecuménique et leur aptitude à la collaboration et au dialogue, sans confusion et dans le respect des personnes, aideront les fidèles à instaurer à leur tour des relations chaleureuses avec leurs frères, qui feront avancer la cause de l’unité entre les Eglises.
Lorsque la paroisse se trouve dans une zone où vivent aussi des musulmans, l’attitude fraternelle d’ouverture et d’entraide des prêtres indiquera aux fidèles le chemin d’une convivialité réussie, conforme à la vocation propre du Liban (175).
Ces préoccupations qui importent dans une vie sacerdotale font clairement apparaître que les candidats au sacerdoce doivent recevoir non seulement une bonne formation intellectuelle, théologique, biblique et spirituelle, mais également une formation humaine qui les aide à acquérir une maturité personnelle et qui les rende attentifs à la complexité culturelle dans laquelle ils auront à exercer leur ministère (176).
174) Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 30.
175) Cf. Proposition 14.
176) Cf. Assemblée spéciale pour le Liban du Synode des Evêques, Instrumentum laboris, n. 51.
63 Le Concile oecuménique Vatican II a remis en vigueur le ministère diaconal permanent, que la tradition orientale a toujours conservé. Les diacres représentent le Christ en tant que Serviteur, plus particulièrement dans le service des pauvres, de la parole de Dieu et de la liturgie. En conséquence, ce ministère ordonné est à revaloriser. Il convient d’assurer aux candidats une formation appropriée et des moyens de subsistance adéquats selon leur situation personnelle (177).
177) Cf. Proposition 16.
64 Le renouveau voulu avec courage par les Pères synodaux va supposer de la part de chacun une réelle ouverture d’esprit et de coeur, pour développer la coordination et la collaboration entre tous les catholiques. Personne ne peut se dire détenteur exclusif de la mission, mais tous doivent laisser le Christ agir à travers eux pour qu’il n’y ait pas d’entraves aux dons et aux charismes des différents membres de l’Eglise catholique. Cela nécessite, entre toutes les instances ecclésiales, un réseau de communications d’autant plus indispensable que, au Liban, s’entrecroisent différentes éparchies catholiques et donc différentes juridictions. Cette difficulté peut être une grâce: elle pousse les responsables à se concerter, dans le respect de la diversité et des juridictions spécifiques: elle les invite aussi à édifier ensemble le Corps du Christ, en ayant un véritable sens ecclésial (178), sans s’attribuer pour eux seuls ou pour leur propre communauté confessionnelle le privilège de la mission sur un territoire déterminé, tout en étant soumis au Christ, qui est le Souverain Prêtre. Chaque personne ou chaque organisme ecclésial qui ne cherche pas la collaboration s’appauvrit et devient comme une branche morte qui empêche la vie de l’Esprit de circuler à travers l’ensemble de l’Eglise catholique au Liban.
178) Conseil des Patriarches catholiques d’Orient, IVe Lettre pastorale Mystère de l’Eglise (Noël 1996), nn. 51-53.
65 Fréquemment, des fidèles catholiques n’ont pas le sentiment d’appartenir à la communauté paroissiale de leur lieu de résidence. Certains restent attachés à la paroisse de leur lieu de naissance, même s’ils n’ont plus en réalité aucun contact. Les déplacements forcés, durant la guerre, ont également créé des situations ambiguës: les fidèles se sentent partagés entre le lieu où ils ont trouvé refuge et leur lieu d’origine. Dans les villes, le sens de la communauté paroissiale s’atténue de plus en plus. Les fidèles se contentent d’aller à la Messe dans l’église la plus proche, sans se rendre compte que participer aux Saints Mystères signifie aussi appartenir à un Corps, car l’Eucharistie édifie l’Eglise, unit l’Eglise du ciel et de la terre, est le signe de l’unité et de la charité (179). Les liens spirituels créés par l’écoute de la Parole et par la communion au même Pain portent des fruits de paix et de solidarité dans les relations humaines. Cependant, beaucoup de fidèles en sont venus à une conception individualiste de la foi chrétienne, sans une participation active à la vie de l’Eglise locale. Le prêtre risque alors de devenir celui qui assure la célébration des sacrements et qui accomplit les formalités nécessaires au moment du baptême, du mariage ou du décès, alors qu’il est avant tout celui qui anime la communauté chrétienne, en liaison avec les diacres et des laïcs compétents. Le pasteur doit avoir le souci de tout le troupeau, sans négliger les membres les plus faibles, ceux qui souvent ne se rendent pas à l’église, ceux qui sont mis en marge de la société et ceux qui sont malades et qui ont besoin d’être visités à domicile. J’exhorte volontiers les pasteurs à visiter les fidèles qui leur sont confiés pour être proches d’eux, resserrant ainsi les liens entre tous les membres de la communauté paroissiale, pour les accompagner dans leur vie spirituelle et pour les soutenir dans les épreuves.
179) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, nn. LG 3 LG 11 LG 17 LG 26.
66 Les paroisses sont les cellules de base du corps ecclésial. Elles sont des portions du peuple de Dieu qui, «d’une certaine manière, représentent l’Eglise visible établie dans le monde entier» (180); elles sont un lieu privilégié d’apostolat communautaire, car elles rassemblent en elles de multiples diversités humaines, sans distinction d’âge ni de rang social, pour les intégrer dans l’Eglise universelle. Par la pratique sacramentelle, de manière spéciale par l’Eucharistie et par la pénitence (181), les fidèles sont fortifiés pour la mission qui leur est confiée dans le monde, en particulier l’éducation religieuse des jeunes et le témoignage. Dans cet esprit, il s’avérera utile d’aider les chrétiens à approfondir le Catéchisme de l’Eglise catholique (182), qui présente «fidèlement et organiquement l’enseignement de l’Ecriture sainte, de la Tradition vivante dans l’Eglise et du Magistère authentique, de même que l’héritage spirituel des Pères, des saints et des saintes de l’Eglise, pour permettre de mieux connaître le mystère chrétien et de raviver la foi du peuple de Dieu» (183). Cet enseignement doit s’accompagner d’un effort permanent et conscient d’avoir à traduire le dogme chrétien et les directives du Magistère en fonction des situations déterminées, dans une culture spécifique, «par une application concrète et fidèle, au niveau de chaque Eglise et de toute l’Eglise. Il faut sans cesse revenir à cette source» (184) et à cette référence pastorale qu’est le Concile, en l’associant avec ses propres sources spirituelles et liturgiques, pour que la liturgie soit vraiment une confession de la foi reçue des Apôtres (185).
C’est pourquoi, avec leurs pasteurs, j’encourage les fidèles catholiques à approfondir leur foi, par l’étude, par la lecture de la Bible en famille, par la participation à des groupes bibliques, à des partages et à des veillées évangéliques dans les paroisses, dans les écoles, dans les universités et dans les mouvements ecclésiaux. Je demande que des retraites spirituelles, prenant appui sur la Parole de Dieu et sur le dogme chrétien, soient proposées pour jeunes et adultes (186). En effet, la plupart des fidèles acquièrent dans des domaines techniques et scientifiques des connaissances de plus en plus poussées. Leur connaissance du mystère chrétien doit pouvoir grandir pareillement, pour que leur vie spirituelle éclaire leur vie quotidienne. Dans le Liban moderne, il est important que la culture soit avant tout nourrie par la Parole de Dieu et par une foi approfondie, pour inspirer une réflexion chrétienne sur les problèmes fondamentaux auxquels l’homme et la société sont affrontés (187). Ainsi, les fidèles laïcs découvriront que leur participation à la vie de l’Eglise est essentielle, au niveau des paroisses, des mouvements ou de l’éparchie, en particulier dans les instances de décision comme le conseil pastoral de l’éparchie et les conseils paroissiaux (188).
180) Conc. oecum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie Sacrosanctum Concilium, n. SC 42.
181) Cf. Proposition 17.
182) Cf. Lettre apost. Tertio millennio adveniente, n. TMA 42: AAS 87 (1995), p. 32
183) Jean-Paul II, Const. apost. Fidei depositum (11 octobre 1992): AAS 86 (1994), p. 116.
184) Jean-Paul II, Allocution à Saint- Paul-hors-les-Murs (25 janvier 1985): La Documentation catholique 82 (1985), p. 283.
185) Cf. Jean-Paul II, Const. apost. Fidei depositum (11 octobre 1992): AAS 86 (1994), p. 116.
186) Cf. Proposition 3.
187) Cf. Ibid.
188) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 272-275; Conseil des Patriarches catholiques d’Orient, IVe Lettre pastorale Mystère de l’Eglise (Noël 1996), n. 59.
67 Lorsque plusieurs paroisses coexistent sur un même territoire, tout en conservant leur identité propre et leur indépendance, elles sont appelées à collaborer étroitement, ce qui sera un signe éloquent de l’unité de l’Eglise dans une communion inventive et dans le légitime respect des diversités, en particulier au sein de conseils paroissiaux inter- rituels (189). D’autre part, il n’y a pas toujours la possibilité d’avoir des curés à demeure pour chaque paroisse de chaque Eglise patriarcale. En fonction des besoins pastoraux concrets, il peut être demandé à un prêtre decélébrer les sacrements dans une autre tradition liturgique que la sienne, à condition d’y avoir été préparé convenablement et d’avoir reçu la permission des autorités compétentes.
De petites communautés paroissiales peuvent aussi trouver de grandes difficultés à construire leur propre église, tandis qu’il en existe déjà une ou plusieurs dépendant d’une autre éparchie dans le secteur. Durant la guerre, lorsque les nécessités l’imposaient, des églises ont été mises à la disposition des fidèles de différentes traditions liturgiques. Une telle hospitalité pourrait aujourd’hui s’étendre partout où cela semble souhaitable, donnant ainsi le témoignage d’un amour «en actes et en vérité» (1Jn 3,18).
Pour favoriser le partage des richesses humaines et spirituelles entre les communautés paroissiales et pour que les fidèles ne se sentent pas partagés entre leur appartenance paroissiale et leur engagement envers les frères de leur quartier, il est aussi souhaitable d’envisager, là où cela est possible, des associations interparoissiales. Elles favoriseraient le dialogue, la concertation, la collaboration, l’entraide matérielle, spirituelle et pastorale. Ainsi se développerait, entre les fidèles des différentes traditions un esprit de communion dont bénéficierait par mode de conséquence l’esprit communautaire, qui fait partie de l’âme libanaise.
68 Au sein d’une même éparchie, il est également important de promouvoir la collaboration entre les paroisses, en rendant les laïcs attentifs aux différents aspects de la vie ecclésiale diocésaine et universelle, par l’information et par l’invitation à un engagement chrétien concret. Cela se réalisera dans la mesure où les prêtres eux-mêmes se connaîtront et se rencontreront. Il est donc souhaité que les pasteurs vivent dans leurs paroisses en liaison étroite avec leurs confrères du même secteur et en bonne relation avec les diacres et les autres agents pastoraux (religieux, religieuses ou laïcs), tout en respectant leur fidélité à leurs appartenances ecclésiales respectives. Ces relations fraternelles pourront aussi s’étendre aux pasteurs des autres Eglises et Communautés ecclésiales, dans un esprit d’ouverture oecuménique. Ainsi, seront véritablement donnés des signes visibles d’unité entre les différentes communautés ecclésiales, unité à laquelle aspirent légitimement les jeunes chrétiens libanais (190).
189) Cf. Proposition 18; Conseil des Patriarches catholiques d’Orient, IVe lettre pastorale Mystère de l’Eglise (Noël 1996), n. 47.
190) Cf. ibid.
69 «L’éparchie est une portion du peuple de Dieu qui est confiée à un évêque pour qu’il la conduise avec la collaboration de son presbytérium, de telle sorte que, adhérant à son Pasteur et rassemblée par lui dans l’Esprit grâce à l’Evangile et à l’Eucharistie, elle constitue une Eglise particulière, dans laquelle réside et agit vraiment l’Eglise du Christ, une, sainte, catholique et apostolique» (191). Elle se compose d’un ensemble de paroisses et il est donc logique que les questions rencontrées au niveau des paroisses soient analogues à celles que l’on retrouve à ce niveau. Plusieurs évêques de différentes Eglises sui juris ont juridiction sur un même territoire, ce qui nécessite aussi un esprit de concertation, de coordination et de coopération (192). Pour le bien pastoral du peuple de Dieu, il conviendrait d’envisager de réorganiser la répartition géographique des éparchies, en fonction des besoins et, autant que faire se peut, en harmonie avec les divisions administratives, par souci d’efficacité et d’une meilleure coordination du service pastoral.
Dans le domaine pratique, je fais mien le souhait des Pères synodaux que les curies des éparchies et des patriarcats soient correctement organisées et bien équipées. Ceux qui sont appelés à y travailler, prêtres, diacres ou laïcs, devront se rappeler que leur fonction est une mission d’Eglise et un service du peuple chrétien, et que, en bons serviteurs, ils devront être attentifs à ne pas dévier de la rectitude spirituelle et morale, et à ne pas utiliser leur fonction à des fins politiques ou de promotion personnelle ou familiale. Les curies trouveront aussi les moyens pour collaborer, afin de mieux servir l’Eglise au Liban (193). Dans cet esprit, il serait bon que les prêtres, et de manière spéciale les prêtres diocésains, soient étroitement associés à leur évêque, car ils sont «les coopérateurs prudents de l’ordre épiscopal» et leurs rapports sont «fondés sur les liens de la charité surnaturelle» (194). Cette charité fraternelle et cette collaboration seront particulièrement visibles et effectives au sein du conseil presbytéral que doit avoir toute éparchie (195).
191) Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 177, § 1; cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Eglise Christus Dominus, n. CD 11.
192) Cf. ibid., can. CIC 202.
193) Cf. Proposition 19.
194) Conc. oecum. Vat. II, Décret Christus Dominus, n. CD 28.
195) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 264-270.
70 Les Eglises patriarcales représentent pour l’Eglise universelle et pour l’Eglise au Liban une richesse indéniable, en raison des très antiques traditions spécifiques — liturgiques, théologiques et spirituelles — déjà présentes dès les premiers Conciles oecuméniques et durant le premier millénaire du christianisme (196). Ces traditions sont en grande partie partagées par les Eglises orthodoxes. L’Eglise voulue par le Christ est mystère d’unité dans la diversité, sacrement de la Communion (Koinônia) dont la Trinité sainte est la source, le modèle et la fin. Au niveau d’une Eglise patriarcale, cette communion se manifeste avant tout dans la collégialité épiscopale, impliquant la coresponsabilité effectivement réalisée dans le synode des évêques de l’Eglise patriarcale (197). Elle est visible aussi grâce à une franche collaboration entre tous les membres de l’Eglise patriarcale. Pour que cette coopération dans le service pastoral soit effective, je demande aux patriarches et au synode des évêques de chaque patriarcat d’étudier la possiblité de créer un conseil pastoral au niveau de la curie patriarcale et d’envisager la réorganisation des curies dans chaque patriarcat et dans chaque éparchie (198). La communion s’exprime aussi par les liens entre les Eglises patriarcales et l’ensemble de l’Eglise, liens qui sont aujourd’hui réglés par le Code des Canons des Eglises Orientales, car toutes «ont également été confiées au gouvernement pastoral du Souverain Pontife» (199).
Depuis 1990, a été promulgué le nouveau Code des Canons des Eglises orientales, qui manifeste la sollicitude du Saint-Siège à l’égard des Eglises patriarcales et son souci de mettre en valeur les traditions catholiques d’Orient, dans la tranquillitas ordinis, «assignant le primat à l’amour, à la grâce et au charisme» et rendant plus aisé «dans la vie le développement organique de la société ecclésiale et celui de toutes les personnes qui en font partie» (200). Il importe donc que ce Code soit appliqué avec sérénité, dans un esprit d’équité et de justice envers tous les fidèles placés sous les différentes juridictions patriarcales. Il appartient tout d’abord aux patriarches, à l’Assemblée des Patriarches et des Evêques catholiques au Liban, aux synodes des évêques des Eglises patriarcales et à chaque évêque, de veiller à la bonne administration de la justice (201). Je demande aussi à tous ceux qui travaillent dans les tribunaux de s’attacher à exercer leur mission ecclésiale dans le respect des valeurs morales propres à leurs fonctions et avec une parfaite intégrité, en ayant soin de servir l’Eglise. Ce sera un témoignage de l’amour que l’Eglise porte à ses membres et un élément important de la crédibilité des Eglises locales, car la justice et la charité vont de pair (202).
196) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. LG 23; Décret Orientalium Ecclesiarum, n. OE 7.
197) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 102-113.
198) Cf. Proposition 19.
199) Jean-Paul II, Allocution pour la présentation aux Pères du Synode du nouveau Code des Canons des Eglises orientales (25 octobre 1990), n. 2: La Documentation catholique 87 (1990), p. 1084; cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret Orientalium Ecclesiarum, n. OE 3.
200) Jean-Paul II, Const. apost. Sacrae disciplinae leges: AAS 75 (1983), p. XI, texte repris par la Constitution apostolique Sacri canones: AAS 82 (1990), pp.1042-1043.
201) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 1062.
202) Cf. S. Ephrem le Syrien, Hymne 26: PO 30, pp. 142-143.
71 Reprenant les urgences pastorales soulignées par les Pères synodaux, j’encourage en premier lieu les pasteurs et les fidèles à donner tous leurs soins au développement de la catéchèse. «Le but spécifique de la catéchèse [est] de développer, avec le secours de Dieu, une foi initiale, de promouvoir en plénitude et de nourrir quotidiennement la vie chrétienne des fidèles de tous les âges» (203). Ainsi, il y a une catéchèse adaptée à chaque âge de la vie, à chaque catégorie sociale de fidèles, à ceux qui se sont éloignés de l’Eglise et de la foi et qui désirent y revenir, pour que chacun puisse entendre publier les merveilles de Dieu dans sa langue et en être le témoin dans sa culture (cf. Ac 2,11). Tout en transmettant un savoir, la catéchèse a essentiellement pour but de «mettre quelqu’un non seulement en contact mais en communion, en intimité avec Jésus Christ: lui seul peut conduire à l’amour du Père dans l’Esprit et nous faire participer à la vie de la Trinité Sainte» (204).
Il s’agit ici d’une des premières responsabilités de l’Eglise, qui nécessite la mobilisation de l’ensemble des fidèles, chacun avec les dons qui lui sont propres. La responsabilité en incombe à chacune des Eglises patriarcales et à leurs instances hiérarchiques, en coopération étroite les unes avec les autres. La coordination s’impose donc et l’Assemblée des Patriarches et Evêques catholiques au Liban (APECL), instance de collaboration, peut jouer un rôle de tout premier plan.
La catéchèse doit d’abord être concrètement assurée par les parents, au sein de la famille, car ils sont les premiers éducateurs de leurs enfants (205). L’école tient aussi une place importante, quoique limitée; en effet, elle ne peut assurer l’intégration du jeune dans sa tradition liturgique propre, car les élèves qui fréquentent les écoles appartiennent le plus souvent à diverses Eglises particulières. La paroisse aura donc la charge d’aider et de seconder les parents dans l’enseignement religieux, de favoriser l’intégration des jeunes dans l’Eglise locale et d’assurer aux adultes une catéchèse adaptée. J’invite donc les parents et les pasteurs à remplir cette mission d’enseignement de la foi avec un très grand soin, car ce qui est semé dans l’enfance porte du fruit tout au long de l’existence. C’est dans cet esprit que la hiérarchie catholique au Liban a souhaité que la communion solennelle, encore pratiquée dans plusieurs écoles catholiques, soit plutôt célébrée dans les paroisses. Des mouvements chrétiens de jeunes et d’adultes, et des centres de formation chrétienne peuvent aussi apporter un précieux concours à la démarche de la catéchèse.
203) Jean-Paul II, Exhort. apost. Catechesi tradendae, n. CTR 20: AAS 71 (1979), p. 1293.
204) Ibid., n. CTR 5: AAS 71 (1979), p. 1281.
205) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 627.
72 En raison de leur vocation conjugale et familiale, les parents ont à exercer leur responsabilité d’éducateurs de la foi, de la prière et des vertus humaines, morales et sociales auprès de leurs enfants (206). Cette éducation commence dès le plus jeune âge des enfants; elle s’accomplit déjà lorsque les membres d’une famille s’aident les uns les autres à croître dans la foi et dans le respect des valeurs humaines essentielles, grâce à leur témoignage humble, silencieux et persévérant de vie chrétienne, quotidiennement vécue selon l’Evangile. De plus, les parents auront à coeur de poursuivre dans le cadre familial, imprégné d’amour et de respect, la formation plus méthodique reçue ailleurs. Cela marquera les enfants de manière décisive. Les parents en retireront eux-mêmes des fruits évidents pour leur vie personnelle et pour l’approfondissement de leurs liens de confiance avec leurs enfants (207). Mais, afin qu’ils puissent répondre à leur vocation de parents, ils ont le droit d’être aidés par des institutions paroissiales ou éparchiales qui leur donnent la formation nécessaire dans un cadre approprié.
206) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Familiaris consortio, nn. FC 36-37 FC 60: AAS 74 (1982), pp. 126-129; 152-153.
207) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Catechesi tradendae, n. CTR 68: AAS 71 (1979), pp. 1333-1334.
73 Dans les écoles catholiques, la catéchèse a besoin de programmes bien articulés, inspirés duCatéchisme de l’Eglise catholique, enracinés dans les traditions particulières des Eglises orientales, ouverts à la dimension oecuménique et répondant aux besoins spécifiques des jeunes. Les personnes qui sont chargées d’assurer la catéchèse reçoivent une mission importante de la part de l’Eglise. Elles seront donc choisies avec soin et formées de manière appropriée, pour accompagner les jeunes dans leur croissance humaine et spirituelle, avec patience, pédagogie et souci de transmettre le message chrétien et de les aider à trouver des réponses à leurs interrogations fondamentales concernant le sens même de leur existence. Le catéchiste est plus qu’un enseignant: il est un témoin de la foi de l’Eglise et un exemple de vie morale. Il conduit chaque jeune à découvrir le Christ et l’oriente vers sa paroisse, afin qu’il s’enracine dans l’Eglise locale (208).
Durant les années de formation, l’école constitue aussi une communauté croyante, qui permet aux jeunes et aux éducateurs de faire une expérience de communion entre les différentes Eglises patriarcales, leur donnant ainsi le désir de participer à une communauté chrétienne tout au long de leur vie. Les liens entre les paroisses et les écoles favoriseront l’intégration des jeunes dans la vie paroissiale, sans pour autant porter atteinte au dynamisme chrétien des établissements scolaires, car, il y a une évidente complémentarité entre les lieux ecclésiaux. Ceux qui ont la charge de la direction des écoles catholiques auront soin de développer dans la communauté éducative de leur établissement un climat de foi et un sens des valeurs humaines et morales, dans le respect de ceux qui ne partagent pas leurs convictions et leur culture chrétienne, mais sans que pour autant on taise les valeurs chrétiennes qui fondent le système éducatif. Ils veilleront donc à ce qu’un temps suffisant soit accordé pour la catéchèse aux élèves catholiques, que soient mis à disposition des moyens adaptés. De même, on fera en sorte que puisse être assurée la catéchèse dans les écoles publiques et dans les écoles non catholiques.
Les paroisses, quant à elles, s’attacheront à développer l’accueil des jeunes, leur donnant la possibilité de participer activement à la liturgie, aux sacrements et aux activités paroissiales, et leur assurant les moyens et les locaux nécessaires dans des centres paroissiaux. Car les jeunes ont besoin de se rencontrer et de nouer des liens entre eux, avec des prêtres et des adultes responsables (209). Les prêtres ont aussi une très grande responsabilité dans le domaine de lacatéchèse des adultes, en premier lieu par l’intermédiaire de l’homélie dominicale.
208) Cf. Proposition 23.
209) Cf. Proposition 17.
74 Les mouvements chrétiens sont un bien précieux pour l’Eglise catholique au Liban. Leurs membres y font l’expérience d’une vie fraternelle et d’une vie chrétienne authentiques. En effet, tout en conservant le caractère propre et spécifique de leurs mouvements, les responsables vérifieront en permanence que les critères d’ecclésialité de leurs associations laïques sont respectés (210). Ils veilleront à ce que leurs membres reçoivent une formation humaine et religieuse approfondie et permanente afin qu’ils développent leur amour pour le Christ et pour l’Eglise (211), et qu’ils demeurent organiquement reliés à leurs paroisses respectives (212), donnant ainsi le témoignage d’une communion solide et forte dans leur conviction, ainsi que d’«une estime mutuelle de toutes les formes d’apostolat dans l’Eglise» (213). En esprit d’obéissance aux patriarches et aux évêques, les mouvements devront veiller à ce que leurs activités soient en harmonie avec le patrimoine spécifique des Eglises au service desquelles ils oeuvrent. La reconnaissance d’un mouvement par le Saint-Siège est une invitation à participer à la vie et à la mission de l’Eglise, en s’engageant dans la société humaine et dans la vie pastorale locale, mais dans le respect de l’autorité des pasteurs et en harmonie avec les Eglises particulières et les traditions liturgiques spécifiques, dans une réelle communion missionnaire (214).
210) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, n. CL 30: AAS 81 (1989), pp. 446-448.
211) Cf. Proposition 24.
212) Cf. Propositions 14; 17; 18; 23.
213) Conc. oecum. Vat. II, Décret sur l’apostolat des laïcs, Apostolicam actuositatem, n. AA 23.
214) Cf. Conc. oecum. Vat. II, Décret Apostolicam actuositatem, n. AA 23; Exhort. apost. post-synodale Christifideles laici, nn. CL 25 CL 30-32: AAS 81 (1989), pp. 436-437; 446-452.
75 Les universités et les instituts catholiques doivent veiller à leur identité spécifique, qui est de garantir une présence chrétienne dans le monde universitaire (216), en promouvant, à la lumière de la foi catholique, une réflexion de haut niveau académique dans les différentes disciplines du savoir humain, et une forme d’enseignement qui repose sur la culture chrétienne et sur une vision intégrale de l’homme conforme au patrimoine anthropologique, moral et théologique de l’Eglise. Elles doivent sans cesse être attentives aux caractéristiques essentielles de leur catholicité: l’inspiration chrétienne de la communauté universitaire, une réflexion continuelle sur les trésors de la connaissance humaine à la lumière de la foi catholique, la fidélité au Magistère et l’engagement de l’institution dans le service du peuple de Dieu et de tous les hommes (217). Les Instituts religieux ont accompli et accomplissent un travail de qualité, pour que se développe une culture en harmonie avec la foi et que l’université catholique remplisse son rôle dans l’Eglise et à l’égard de la société, favorisant aussi le dialogue inter-culturel.
Différents instituts supérieurs en sciences religieuses et en philosophie proposent aux fidèles une formation exégétique, théologique, philosophique et spirituelle, selon l’enseignement du Magistère de l’Eglise. Ils mettent à la portée d’un grand nombre de chrétiens les disciplines qui leur permettront de faire grandir leur vie spirituelle, de donner un témoignage plus profond dans la vie quotidienne et de posséder un niveau d’études religieuses qui puisse être en harmonie avec leurs études profanes. Les chrétiens sont ainsi invités à une véritable intelligence de la foi, à une découverte sérieuse de la parole de Dieu, des vérités dogmatiques et des multiples traditions liturgiques et spirituelles, ainsi qu’à la reconnaissance des principes éthiques fondamentaux (218).
215) Cf. Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 640 CIO 646-647.
216) Cf. Jean-Paul II, Const. apost. sur les Universités catholiques Ex corde Ecclesiae, nn. 12-37: AAS 82 (1990), pp. 1482-1496.
217) Cf. Jean-Paul II, Const. apost. Ex corde Ecclesiae, n. 12: loc. cit., p. 1482; Code des Canons des Eglises orientales, can. CIO 641.
218) Cf. Ibid., n. 15: loc. cit., p. 1484.
76 L’Eglise a toujours eu aussi le souci de participer à la formation humaine et professionnelle des jeunes, par un enseignement universitaire et technique de qualité, pour les préparer à exercer une profession, car le travail est une des dimensions fondamentales de l’existence humaine (219). Dans le même temps, l’enseignement contribue à édifier la personnalité des jeunes et à augmenter leur culture, à leur faire découvrir une manière chrétienne de vivre dans le monde, dans le travail, dans les loisirs et dans la vie quotidienne, c’est-à-dire développer en eux une véritable spiritualité du travail. Cela les préparera de manière bénéfique à être des témoins du Christ par l’exemple qu’ils donneront et par les valeurs qu’ils sauront transmettre à ceux qui les entourent.
A travers l’enseignement des disciplines scientifiques et techniques, il s’agit de cultiver et de promouvoir une formation scientifique approfondie et le goût de la recherche, qui fassent des jeunes des personnes compétentes dans leur domaine; une telle démarche permet aussi de proposer une culture et une véritable anthropologie chrétienne et un art de vivre en chrétien fondé sur les valeurs essentielles et sur les principes de la doctrine sociale de l’Eglise. La formation professionnelle et le travail humain ont une incidence sur les différents domaines de l’existence, dans la vie personnelle des travailleurs, dans la vie familiale et dans la vie sociale. «Le résultat de tout cela est que l’homme lie son identité humaine la plus profonde à l’appartenance à sa nation, et qu’il voit aussi dans son travail un moyen d’accroître le bien commun élaboré avec ses compatriotes, en se rendant compte ainsi que, par ce moyen, le travail sert à multiplier le patrimoine de toute la famille humaine, de tous les hommes vivant dans le monde» (220). Selon leur nature, leur statut et leurs objectifs particuliers, les institutions catholiques d’enseignement supérieur «apportent leur propre contribution à l’Eglise et à la société, soit par la recherche, soit par l’éducation ou la formation professionnelle » (221).
219) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Laborem exercens, n. LE 4: AAS 73 (1981), pp. 584-586.
220) Ibid., n. LE 10: loc. cit., pp. 601- 602.
221) Jean-Paul II, Const. apost. Ex corde Ecclesiae, n. 10: AAS 82 (1990), p. 1481.
Espérance Liban 62