II-II (Drioux 1852) Qu.187 a.4
Objections: 1. Il semble qu'il ne soit pas permis aux religieux de vivre d'aumônes. Car l'Apôtre ordonne (1Tm 5,16) que les veuves qui ont de quoi se sustenter ne vivent pas des aumônes de l'Eglise, afin que l'Eglise puisse suffire à celles qui sont véritablement veuves. Et saint Jérôme dit au pape Damase (ut. cit. quest. CLxxxv, art. 7, arg. 3) que ceux qui peuvent vivre de leur patrimoine, s'ils reçoivent quelque chose de ce qui appartient aux pauvres, commettent certainement un sacrilège, et, par suite de cet abus, mangent et boivent leur jugement. Or, les religieux peuvent vivre du travail de leurs mains, s'ils se portent bien. Il semble donc qu'ils pèchent en mangeant les aumônes des pauvres.
2. Vivre aux dépens des fidèles, c'est une récompense accordée à ceux qui prêchent l'Evangile, en retour de leurs fatigues ou de leur travail, d'après ces paroles (Mt 10,10) : L'ouvrier est digne de sa nourriture. Or, il n'appartient pas aux religieux de prêcher l'Evangile ; mais cette fonction appartient principalement aux prélats, qui sont pasteurs et docteurs. Les religieux ne peuvent donc pas licitement vivre des aumônes des fidèles.
3. Les religieux sont dans un état de perfection. Or, il est plus parfait de faire l'aumône que de la recevoir. Car il est dit (Ac 20,35) : Qu'on est plus heureux de donner que de recevoir. Ils ne doivent donc pas vivre d'aumônes, mais ils doivent plutôt faire l'aumône du produit de leur travail manuel.
4. 11 appartient au religieux d'éviter ce qui est un obstacle à la vertu et une occasion de péché. Or, l'acceptation de l'aumône produit une occasion de péché et empêche la vertu d'agir. Ainsi, à l'occasion de ces paroles de saint Paul (2Th 3, Ut nosmetipsos formam daremus vobis, la glose dit, L'oisif qui mange souvent à la table d'autrui doit nécessairement aduler celui qui le nourrit. L'Ecriture dit, Ne recevez pas de présents qui aveuglent les plus éclairés et pervertissent les paroles des justes. Et le Sage observe , Que celui qui emprunte est l'esclave de celui qui prête; ce qui est contraire à la religion. Aussi, à propos de ces mêmes paroles , Ut nosmetipsos, etc., la glose dit: Notre religion appelle les hommes à la liberté. Il semble donc que les religieux ne doivent pas vivre d'aumônes.
\Viclcf a renouvelé cette erreur qui a été condamnée par le concile de Constance.
(I) Saint Thomas expose tous les arguments de Guillaume de Saint-Amour sur cette question et les réfute (Contra impugnantes relig. cap. 7).
5. Les religieux sont tenus principalement d'imiter la perfection des apôtres. Aussi saint Paul dit (Ph 1,15) : Tout ce que nous sommes de parfaits, soyons dans ce sentiment. Or, il ne voulait pas vivre aux dépens des fidèles, pour en enlever l'occasion aux faux apôtres, comme il le dit lui-même (2Co 11), et pour ne pas scandaliser les faibles, comme on le voit ailleurs (1Co 9).Il semble donc que, pour les mêmes motifs, les religieux doivent s'abstenir de vivre d'aumônes. C'est ce qui fait dire à saint Augustin (Lib. de oper. monach. cap. 28) : Eloignez de vous ce trafic honteux, où votre dignité se trouve compromise et qui est un scandale pour les faibles, et montrez aux hommes que vous ne cherchez pas une vie facile dans l'oisiveté, mais que vous voulez gagner le royaume de Dieu par la voie pénible et étroite.
En sens contraire Mais c'est le contraire. Saint Grégoire rapporte (Dialog. lib. ii, cap. 1 ) que saint Benoit, étant resté trois ans dans une caverne, se nourrit de ce que lui donnait le moine Romain, après avoir abandonné sa maison et ses parents. Et quoique ce saint ait été très-robuste, on ne voit pas qu'il ait gagné sa vie du travail de ses mains. Les religieux peuvent donc licitement vivre d'aumônes.
CONCLUSION. — Les religieux peuvent vivre d'aumônes sans tirer profit du travail des mains, surtout s'ils se livrent à des oeuvres religieuses dans l'intérêt du prochain.
Réponse Il faut répondre qu'il est permis à chacun de vivre de ce qu'il a ou de ce qui lui est dû. Or, on devient possesseur d'une chose par suite de la libéralité de celui qui la donne. C'est pourquoi les religieux et les clercs, dont les monastères ou les Eglises ont reçu de la munificence des princes ou des fidèles de quoi se sustenter, peuvent en vivre licitement, sans travailler des mains; et cependant il est certain qu'ils vivent d'aumônes. Par conséquent, si les fidèles font aux religieux quelques dons mobiliers, ceux-ci peuvent également en vivre d'une manière licite. Car il est insensé de dire que l'on peut recevoir à titre d'aumônes de grandes possessions, mais qu'on ne peut recevoir du pain ou une modique somme d'argent. Mais parce que ces bienfaits paraissent avoir été accordés aux religieux pour qu'ils puissent plus librement se livrer aux actes de religion, auxquels ceux qui leur administrent ces secours désirent avoir part, l'usage de ces dons deviendrait illicite si les religieux cessaient d'exercer ces actes; car ils frustreraient par là, autant qu'il est en eux, l'intention de ceux qui leur ont accordé ce bienfait (1). — Mais une chose peut être due à quelqu'un de deux manières : 1° à cause de la nécessité, qui rend toutes choses communes, comme le dit saint Ambroise ( Collig. ex serm. lxiv ). C'est pourquoi, si les religieux sont dans la nécessité, ils peuvent licitement vivre d'aumônes. Cette nécessité peut exister de trois manières: 1° par suite de la faiblesse du corps; d'où il résulte qu'on ne peut gagner sa vie en travaillant des mains. 2° Si ce que leur travail manuel produit ne suffit pas à leur entretien. C'est ce qui fait dire à saint Augustin (Lib. de oper. monach. cap. 17) que les bonnes oeuvres des fidèles ne doivent pas manquer de venir en aide aux besoins des serviteurs de Dieu qui travaillent des mains, afin que le temps qu'ils emploient à se perfectionner intérieurement, ne pouvant pas être consacré aux oeuvres corporelles , ne les fasse pas tomber dans l'indigence. 3° Par égard pour les habitudes anciennes de ceux qui n'avaient pas coutume de travailler des mains. C'est pourquoi le même docteur ajoute (ibid. cap. 21) : Que s'ils avaient dans le monde de quoi vivre facilement sans travailler, et qu'ils aient distribué tous leurs biens aux pauvres pour se donner à Dieu, ii faut croire à leur infirmité et la tolérer. Car ceux qui ont été élevés délicatement ne peuvent pas ordinairement supporter les fatigues des travaux corporels. — 2° Une chose peut être due à quelqu'un en raison des services qu'il rend, soit temporels, soit spirituels, d'après ces paroles de l'Apôtre (1Co 9,11) : Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une grande chose que nous recueillions une part de vos biens temporels ? Sous ce point de vue les religieux peuvent vivre d'aumônes, comme de choses qui leur sont dues, et cela de quatre manières : 1° S'ils prêchent d'après l'autorisation des prélats. 2° S'ils sont ministres de l'autel ; parce que, selon l'expression de saint Paul (1Co 9,13) : Ceux qui servent à l'autel ont part à ce qui est offert sur l'autel. C'est ainsi que le Seigneur a ordonné en faveur de ceux qui annoncent l'Evangile, qu'ils vivent de l'Evangile. C'est pour cela que saint Augustin dit [Lib. de oper. monach. cap. 21) : S'ils évangélisent, je l'avoue, ils ont le pouvoir de vivre aux dépens des fidèles ; s'ils servent à l'autel et qu'ils dispensent les sacrements, ils ne s'arrogent pas ce droit, mais ils le revendiquent à juste titre. Et il en est ainsi, parce que le sacrifice de l'autel, en quelque lieu qu'il soit offert, est commun à tout le peuple des fidèles. 3° S'ils s'appliquent à 1 e- tude de l'Ecriture sainte dans l'intérêt général de l'Eglise entière. C'est ce qui faire dire à saint Jérôme contre Vigilance (cap. 5) : Dans la Judée, non- seulement parmi nous, mais encore parmi les Hébreux, c'est une coutume qui s'est maintenue jusqu'aujourd'hui, que ceux qui méditent la loi de Dieu jour et nuit, et qui n'ont pas sur terre d'autres possessions que Dieu lui-même, soient entretenus avec les secours qu'ils reçoivent des synagogues et de tous les fidèles. 4° S'ils ont donné au monastère les biens temporels qu'ils avaient, ils peuvent vivre des aumônes faites à la maison qu'ils habitent. D'où saint Augustin observe ( ibid. cap. 25) que ceux qui abandonnent ou distribuent tout ce qu'ils ont, et qui veulent, par une pieuse et salutaire humilité, être comptés au nombre des pauvres du Christ, la charité fraternelle et la chose commune doivent se charger de subvenir à leur entretien. S'ils travaillent des mains, ils sont très-dignes d'éloges; mais s'ils ne veulent pas le faire, qui oserait les y contraindre? On ne doit pas considérer, ajoute le même docteur, en quels monastères ou en quel lieu un religieux a donné tout ce qu'il avait à ses frères ; car tous les chrétiens ne forment qu'une seule et même république. — Mais s'il y a des religieux qui, sans nécessité et sans rien faire d'utile, veulent, dans leur oisiveté, vivre des aumônes que l'on fait aux pauvres, ceci ne leur est pas permis. Aussi saint Augustin dit (Lib. de oper. monach. cap. 22) : Souvent, parmi ceux qui font profession de servir Dieu, il y en a qui sortent d'une condition servile, qui ont quitté la vie des champs, les travaux des artisans ou ceux du peuple. A l'égard de ceux-là, il n'est pas évident s'ils sont venus dans l'intention de servir Dieu, ou s'ils ont voulu échapper à une vie pauvre et laborieuse pour jouir de la nourriture et du vêtement sans inquiétude, et s'ils n'ont pas cherché à se faire honorer par ceux qui avaient coutume de les mépriser et de les dédaigner auparavant. Pour se faire exempter du travail, ils ne peuvent alléguer la faiblesse de leur corps, puisque les habitudes de leur vie passée sont là pour les convaincre. Ensuite le même docteur ajoute (cap. 25) : S'ils ne veulent pas travailler, qu'ils ne mangent pas ; car les riches ne s'abaissent pas vers la piété pour que les pauvres s'élèvent jusqu'à l'orgueil. En effet, il ne convient d'aucune manière qu'en cette vie, où les sénateurs travaillent, les artisans deviennent oisifs; et que là où viennent ceux qui étaient en possession de vastes domaines, après avoir renoncé à toutes leurs jouissances, de simples campagnards mènent une vie délicate.
(1) Cajétan examine si dans ce cas les religieux leur part abus, mais il n'y a pas usurpation, puis- ne sont pas tenus à restituer, et il se prononce qu'il n'y a pas eu un contrat de justice entre eux avec raison pour la négative, parce qu'il y a de et le donateur.
Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que ces passages doivent s'entendre du temps de la nécessité, quand on ne pourrait pas subvenir autrement aux pauvres. Car alors on serait tenu, non-seulement de ne plus recevoir d'aumônes, mais encore de donner de ses biens, si l'on avait quelque chose, pour sustenter les indigents.
2. Il faut répondre au second, que la prédication appartient de droit aux prélats, mais elle peut être confiée aux religieux par commission : et ainsi quand ils travaillent dans le champ du maître ils peuvent vivre de ce qu'il produit, d'après ces paroles de saint Paul (2Tm 2,6) : Il faut d'abord que le laboureur qui travaille reçoive quelque chose des fruits : ce que la glose (lj (or diu.) explique en disant qu'il s'agit là du prédicateur qui dans le champ de l'Eglise cultive les coeurs des fidèles au moyen de la parole de Dieu. Ceux qui servent les prédicateurs peuvent aussi vivre de la parole de Dieu. Ainsi, à l'occasion de ces paroles [Rom. 15) : Si les gentils ont participé aux richesses spirituelles des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels, la glose dit (interl.) qu'il s'agit là des Juifs qui ont envoyé de Jérusalem des prédicateurs. Il y a encore d'autres causes pour lesquelles on peut avoir droit de vivre aux dépens des fidèles, comme nous l'avons dit (in corp. art.).
3. Il faut répondre au troisième, que, toutes choses égales d'ailleurs, il est plus parfait de donner que de recevoir. Cependant il est mieux de donner ou d'abandonner tout ce que l'on a pour le Christ et de recevoir peu de chose pour le soutien de sa propre vie, que de donner quelque chose en particulier aux pauvres, comme on le voit d'après ce que nous avons dit (quest. clxxxvi, art. 3 ad 6).
4. Il faut répondre au quatrième, que quand on reçoit des présents pour augmenter ses richesses, ou qu'on reçoit sa nourriture de quelqu'un qui ne la doit pas, sans utilité et sans nécessité, il y a là une occasion de péché; ce qui n'a pas lieu pour les religieux, comme on le voit d'après ce que nous avons dit (in corp. art.).
5. Il faut répondre au cinquième, que quand il y a nécessité évidente et utilité pour que des religieux vivent d'aumônes sans travailler des mains, les faibles ne s'en scandalisent pas, il n'y a que les méchants qui se scandalisent à la façon des pharisiens. Mais le Seigneur nous apprend à mépriser ce scandale (Mt 15). S'il n'y avait pas nécessité évidente et utilité, il pourrait en résulter un scandale pour les faibles ; ce qu'on devrait éviter. Le même scandale peut cependant s'élever au sujet de ceux qui jouissent, sans rien faire, de biens qui sont communs.
Objections: 1. Il semble qu'il ne soit pas permis aux religieux de mendier. Car saint Augustin dit (Lib. de oper. monach. cap. 28) : L'ennemi a, dans sa ruse, dispersé de toutes parts une foule d'hypocrites cachés sous l'habit de moines et qui parcourent toutes les provinces. Puis il ajoute : Tous demandent ; tous exigent ou le profit d'une indigence lucrative, ou le prix d'une sainteté simulée. Il semble donc qu'on doive condamner la vie des religieux mendiants.
2. Saint Paul dit (1Th 4,2) : Tavaillez de vos mains ainsi que nous vous l'avons ordonné, afin que vous vous conduisiez honnêtement envers ceux qui sont hors de l'Eglise et que vous ne désiriez rien de personne. Sur ces paroles la glose (ord. Petri Lombardi) s'explique ainsi : C'est pourquoi il faut travailler et ne pas vivre dans l'oisiveté, parce que le travail est honnête et qu'il est en quelque sorte une lumière pour les infidèles; vous ne désirerez point ce qui est à autrui, bien loin de demander ou de prendre quelque chose.
(M) Cette glose est tirée d'Haymon et non de Straho ; mais la glose suivante est anonyme.
(2) Les ordres mendiants ont été attaqués par les pauvres de Lyon, les vaudois, Guillaume de Saint-Amour, Wiclef et Luther ; mais ils ont été autorisés par l'Eglise, qui a condamné leurs adversaires. -
A l'occasion de ces autres paroles (2Th 3) : Si quelqu'un ne veut pas travailler, etc., la glose dit encore (ord. Aug. lib. de oper. monach. cap. 3) : L'Apôtre veut que les serviteurs de Dieu travaillent corporellement pour avoir de quoi vivre, afin que la nécessité ne les force pas à demander. Or, demander, c'est mendier. Il semble donc qu'il soit défendu de mendier, en négligeant le travail des mains.
3. Ce qui est défendu dans la loi et ce qui est contraire à la justice ne convient pas aux religieux. Or, il a été défendu dans la loi divine de mendier, car il est dit (Dent, 15, 4) : Il n'y aura ni mendiant, ni indigent parmi vous. Et le Psalmiste dit (Ps 36,25) : Je n'ai point vu le juste abandonné ni ses enfants mendier leur pain. D'après le droit civil on punit un mendiant qui est valide, comme on le voit (Cod. de mendicantibus). Il ne convient donc pas aux religieux de mendier.
4. La honte a pour objet un acte honteux, comme le dit saint Jean Da- mascène (De fid. orth. lib. ii, cap. 15). Or, saint Ambroise dit (De offic. lib. i, cap. 30) que ceux qui sont de bonne naissance rougissent de demander. La mendicité est donc honteuse et par conséquent elle ne convient pas aux religieux.
5. Il appartient surtout à ceux qui'prêchent l'Evangile de vivre d'aumônes, d'après l'ordre du Seigneur, comme nous l'avons dit (art. préc.). Cependant il ne leur appartient pas de mendier, car sur ces paroles (2Tm 1) : Laborantem agricolam, etc., la glose dit (ordin.) : L'Apôtre veut que celui qui évangélise sache qu'en recevant le nécessaire de ceux pour lesquels il travaille, il ne mendie pas, mais il exerce un droit. Il semble donc qu'il n'appartienne pas aux religieux de mendier.
En sens contraire Mais c'est le contraire. Il convient aux religieux de vivre à l'imitation du Christ. Or, le Christ a mendié (1), d'après ces paroles de David (Ps 39,18) -.Je mendie et je suis pauvre. La glose observe (ord. Cassiod.) que le Christ a ainsi parlé de lui à cause de la forme d'esclave qu'il avait revêtue : et plus loin elle ajoute : un mendiant, c'est celui qui demande à un autre ; un pauvre, celui qui ne se suffit pas. Ailleurs le Psalmiste dit encore (Ps 69) : Je suis indigent et pauvre, d'après la glose (interl, et ordin. Cas- siodor.)-, indigent, c'est-à-dire je demande; pauvre, c'est-à-dii;?( e ne me suffis pas à moi-même, parce que je ne possède pas les richesses de ce monde. Et saint Jérôme dit dans une de ses lettres : Prenez garde que pendant que votre Seigneur mendie, vous n'amassiez des richesses. Il est donc convenable que les religieux mendient.
CONCLUSION. — Il est permis non-seulement aux religieux, mais encore à tous les fidèles de mendier par humilité, pour l'exemple et dans des vues d'intérêt général, mais non pour favoriser l'oisiveté ou par amour du gain.
Réponse Il faut répondre qu'à l'égard de la mendicité on peut considérer deux choses. L'une relativement à l'acte lui-même qui se trouve joint à une certaine abjection. Car ils paraissent être les derniers des hommes ceux qui ne sont pas seulement pauvres, mais qui sont encore tellement dans l'indigence, qu'ils sont forcés de recevoir des autres leur nourriture. A ce point de vue, il y en a qui ont raison de mendier par humilité, comme ils assument sur eux d'autres choses ignominieuses à titre de remède efficace contre l'orgueil qu'ils veulent éteindre en eux ou dans les autres par leur exemple. Car, comme l'infirmité qui résulte d'un excès de chaleur est très-efficacernent guérie par des choses qui sont d'une froideur excessive, de même le penchant à l'orgueil est parfaitement redressé par ce qui paraît être une humiliation profonde. C'est pourquoi il est dit (Decr. de poen. dist. ii, cap. Si quis semel ) : On s'exerce à l'humilité en se soumettant aux charges les plus viles et en se livrant aux emplois que l'on honore le moins ; car c'est ainsi que l'on peut corriger le vice de l'arrogance et de la vaine gloire. C'est pourquoi saint Jérôme (Epist, ad Oceanum) loue Fabiola du désir qu'elle avait de donner toutes ses richesses par amour pour le Christ, et de ne plus vivre que d'aumônes. C'est ce que fit saint Alexis, qui, après avoir donné tout ce qu'il avait à cause de Jésus-Christ, se réjouissait de recevoir l'aumône de la part de ses serviteurs. On lit aussi dans les Vies des Pères (lib. v, libel. vi, n° 3) que saint Arsène rendit grâces à Dieu de l'avoir mis dans la nécessité de demander l'aumône. C'est pour cela qu'on donne quelquefois pour pénitence, à l'occasion de fautes graves, de faire un pèlerinage en mendiant (I). Mais parce que l'humilité, aussi bien que les autres vertus, doit se pratiquer avec discernement, il faut avoir soin de mendier pour s'humilier, de manière à ne pas se laisser souiller par la cupidité ou par toute autre passion déshonorante. — 2° On peut considérer la mendicité relativement à ce que l'on acquiert en mendiant. A cet égard, on peut être porté à mendier pour deux motifs. D'abord par le désir d'avoir des richesses ou de vivre dans l'oisiveté. Cette sorte de mendicité est défendue. Ensuite on peut le faire par nécessité ou dans un but utile; par nécessité, comme quand on ne peut avoir de quoi vivre qu'autant qu'on mendie; par utilité, comme quand on se propose quelque chose d'utile qu'on ne peut faire sans les aumônes des fidèles. C'est ainsi qu'on demande des aumônes pour la construction d'un pont ou d'une église, ou pour d'autres oeuvres qui sont d'une utilité générale ; c'est ainsi que les écoliers demandent pour pouvoir se livrer à l'étude de la sagesse (2). De cette manière la mendicité est permise aux séculiers aussi bien qu'aux religieux.
(1) Le Christ a mendié pendant les trois jours il demanda un ûne pour entrer à Jérusalem (Luc. où il fut séparé de ses parents ; quand il dit à la xix), et un lieu pour célébrer la Pàque [ibid. Samaritaine (Jn 4) : Da mihi bibere ; quand xxii).
Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que saint Augustin parle expressément en cet endroit de ceux qui mendient par cupidité.
2. Il faut répondre au second, que la première glose parle de la demande que l'on fait par cupidité, comme on le voit d'après les paroles de l'Apôtre; l'autre glose parle de ceux qui sans utilité demandent ce qui leur est nécessaire pour vivre dans l'oisiveté ; mais il ne vit pas dans l'oisiveté celui qui vit utilement de quelque manière que ce soit.
3. Il faut répondre au troisième, que, d'après ce précepte de la loi divine, il n'est pas défendu à quelqu' un de mendier ; mais il est défendu aux riches d'être tellement attachés à leurs richesses qu'ils forcent par là même les indigents à mendier. La loi civile impose une peine aux mendiants valides qui ne mendient ni dans des vues d'utilité, ni par nécessité.
4. Il faut répondre au quatrième, qu'il y a deux sortes de turpitude : l'une qui résulte du crime, l'autre d'un défaut extérieur. Ainsi il est honteux à l'homme d'être infirme ou pauvre. La honte qui s'attache à la mendicité ne se rapporte pas à la faute, mais elle peut appartenir à l'humilité, comme nous l'avons dit (in corp. art.).
qu'il n'obéisse en cela qu'à nn sentiment d'humilité.
(2) Cet usage du moyen âge se retrouve encore actuellement en Espagne.
(I) Les théologiens reconnaissent qu'un homme qui serait riche peut néanmoins s'imposer l'humiliation de faire un voyage en mendiant, pourvu
5. Il faut répondre au cinquième, que ceux qui prêchent ont le droit de recevoir la nourriture de ceux qu'ils évangélisent; si cependant ils vont demander en mendiant leur nécessaire, non comme une chose due, mais comme une faveur, il y a en cela une plus grande humilité.
Objections: 1. Il semble qu'il ne soit pas permis aux religieux de se servir de vêtements plus viis que les autres. Car, d'après l'Apôtre (1Th 5), nous devons nous abstenir de tout ce qui a l'apparence du mal. Or, l'état misérable des vêtements a une apparence de mal ; car le Seigneur dit (Mt 7, ib) : Prenez garde an x faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis ; et à l'occasion de ces paroles (Ap 6) : Ecce equus pallidus, etc., la glose dit (ordin.) : Le diable voyant qu'il ne peut réussir ouvertement ni par les tribulations, ni par les hérésies, envoie de faux frères qui, sous l'habit religieux, jouent le rôle du cheval roux et du cheval noir en pervertissant la foi. Il semble donc que les religieux ne doivent pas porter de viis vêtements.
2. Saint Jérôme dit à Népotien : Ne faites usage ni d'habits trop viis, ni de vêtements trop éclatants. Vous devez fuir également le luxe et la mal propreté , parce que l'un sent les délices et l'autre la vaine gloire. Par conséquent, la vaine gloire étant un péché plus grave que l'usage des jouissances, il semble que les religieux, qui doivent tendre à la perfection, soient plutôt obligés d'éviter les vêtements viis que les habits précieux.
3. Les religieux doivent surtout s'appliquer aux oeuvres de pénitence. Or, dans les oeuvres de pénitence, on ne doit pas avoir recours aux signes extérieurs de tristesse, mais plutôt aux signes de joie; car le Seigneur dit (Mt 6,16) : Quand vous jeûnez, ne devenez pas tristes comme les hypocrites ; puis il ajoute : Lorsque vous jeûnez, parfumez-vous la tête et lavez- vous le visage. Et saint Augustin, expliquant ce passage, dit (De serm. Domini, lib. n, cap. 12) : D'après cela on doit principalement remarquer qu'il peut y avoir de l'orgueil non-seulement dans l'éclat et la pompe des choses corporelles, mais encore dans la dégradation la plus triste, et cet orgueil est d'autant plus dangereux qu'il trompe en se faisant passer pour de la soumission envers Dieu. Il semble donc que les religieux ne doivent pas faire usage de vêtements viis.
En sens contraire Mais c'est le contraire. L'Apôtre dit (He 11,37) : Ils se sont couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres. La glose ajoute (interl.) : Comme Elie et les autres prophètes. Et on lit dans le Droit ( Decr. xxi, q. 4, cap. Omnis jactantia) : S'il s'en trouve qui se moquent de ceux qui portent des habits viis et religieux, qu'on les corrige. Car, dans les temps anciens, tous les saints portaient des vêtements simples et abjects.
CONCLUSION. — Il est permis aux religieux de porter par humilité, mais non par orgueil, des habits plus viis que les autres.
Réponse Il faut répondre que, comme le dit saint Augustin (De doct. christ, lib. 1, cap. 12), pour toutes les choses extérieures, ce n'est pas leur usage qui est répréhensible, mais la passion de celui qui s'en sert. Pour le bien discerner, il faut observer que l'on peut considérer un habit vii et négligé de deux manières : 1° On peut le considérer comme un signe de la disposition ou de l'état de l'individu. C'est ainsi que, d'après l'Ecriture (Si 19,27) : Le vêtement de l'homme fait connaître ce qu'il est. D'après cela, un habit abject est quelquefois le signe de la tristesse. Ainsi les hommes qui sont dans la tristesse ont l'habitude de porter des vêtements très-négligés, tandis qu'au contraire, dans les jours de fête et de joie, ils en mettent de plus élégants. C'est pour cela que les pénitents prennent de mauvais habits, comme on le voit par l'exemple de Jonas (1), qui se revêtit d'un sac, et par celui d'Achab (H. Reg. xxi;, qui se couvrit le corps d'un cilice. D'autres fois c'est un signe de mépris que l'on a pour les richesses et le faste du monde. C'est pour ce motif que saint Jérôme dit au moine Rusticus : De mauvais vêtements sont les marques d'une belle âme ; qu'un habit vii prouve le mépris qu'on fait du siècle, mais de telle sorte que l'esprit ne s'enorgueillisse pas et qu'il n'y ait pas désaccord entre les habits et le langage. Sous ces deux rapports, il convient aux religieux d'avoir de pauvres vêtements; parce que leur ordre est un état de pénitence et de mépris pour la gloire du monde. — On peut vouloir rectifier ce symbole pour trois fins. En effet, 1° On peut avoir pour but son humiliation propre. Car, comme le coeur de l'homme est exalté par l'éclat des vêtements, de même il est humilié par leur abjection. Ainsi à l'égard d'Achab, qui avait couvert son corps d'un cilice, le Seigneur dit à Elie : N'avez-vous pas vu Acliab humilié devant moi (1S 21,29). 2° On peut agir ainsi pour servir d'exemple aux autres. C'est pourquoi, à l'occasion de ces paroles de l'Evangile (Matth, m) : Il avait un vêtement de peaux de chameaux, la glose dit (ordin.) : Celui qui prêche la pénitence en porte l'habit. 3° On peut le faire par vaine gloire. C'est ainsi que saint Augustin observe (Lib. ii de serm. Dom. in mont. cap. 12) qu'on peut mettre son orgueil dans les vêtements les plus sordides. Quand on fait usage de vêtements viis pour les deux premiers motifs, on est louable; si on le fait pour le dernier, on est blâmable. — On peut aussi considérer les vêtements viis et grossiers selon qu'ils ont pour cause l'avarice ou la négligence ; ils sont alors condamnables.
(I) Vovez sur cette question ce que nous avons dit plus haut sur la modestie dans les habits (pag. 465).
Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que la grossièreté des vêtements n'a pas par elle-même une apparence de mal, mais elle a plutôt une apparence de bien, puisqu'elle indique le mépris de la gloire de ce monde. D'où il résulte que les méchants cachent leur malice sous des habits grossiers. C'est ce qui fait dire à saint Augustin (Lib. ii de serm. Dom. in monte, cap. 24) que les brebis ne doivent pas pour cela haïr leur vêtement, parce que le plus souvent les loups l'empruntent pour se cacher.
2. Il faut répondre au second, que saint Jérôme parle en cet endroit des vêtements grossiers que l'on porte par vaine gloire (1).
3. Il faut répondre au troisième, que, d'après l'enseignement du Seigneur, quand il s'agit de bonnes oeuvres on ne doit rien faire pour être vu; ce qui arrive principalement quand on fait quelque chose de nouveau. C'est pourquoi saint Chrysostome dit (alius auctor sup. Matth, hom. x1 , in oper. imper f.) : Que celui qui prie ne fasse rien d'extraordinaire qui attire les regards des hommes, soit en criant, soit en se frappant la poitrine, soit en étendant les mains, parce que par toutes ces nouveautés on attire sur soi les regards de tout le monde. Cependant toute nouveauté qui attire les regards des hommes n'est pas répréhensible : elle peut être bonne ou mauvaise. D'où saint Augustin dit (Lib. ii de serm. Dom. in monte, cap. 12) que quand quelqu'un qui fait profession de la foi du Christ attire sur lui les regards de tout le monde par son extérieur grossier et sordide, lorsqu'il le fait volontairement, sans y être contraint, on peut voir d'après toutes ses autres actions s'il agit ainsfpar mépris pour le luxe, ou s'il le fait par amour- propre. Or, ceux qui paraissent le moins obéir en cela à l'ambition, ce sont les religieux qui portent un habit grossier, comme le si^ne <ie ieur profession par laquelle ils manifestent le mépris qu'ils ont pour le monde.
(I) Tel était le vêtement de Diogène, dont on a dit avec raison que l'orgueil perçait à travers les trous de son manteau.
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Maintenant nous avons à nous occuper de la différence des ordres religieux. — A ce sujet huit questions se présentent : 1° Y a-t-il différents ordres religieux ou n'y en a-t-il qu'un seul ? — 2° Un ordre peut-il être établi pour des oeuvres de la vie active ? — 3° Un ordre peut-il avoir pour but de faire la guerre P — 4° Peut-on établir un ordre pour prêcher et pour remplir d'autres fonctions semblables? — 5° Peut-on en établir un pour étudier? — 6° L'ordre qui a pour but la vie contemplative l'empor- te-t-il sur celui qui a pour but la vie active ? — 7° L'ordre est-il moins parfait quand on possède quelque chose en commun ? — 8° L'ordre des solitaires est-il préférable à celui des religieux qui vivent en société ?
Objections: 1. Il semble qu'il n'y ait qu'un seul ordre religieux. Car il ne peut y avoir de diversité dans ce que l'on possède totalement et parfaitement; c'est pour cela qu'il ne peut y avoir qu'un seul bien souverain, comme on le voit (part. I, quest. vi, art. 2, 3 et 4). Or, d'après ce que dit saint Grégoire (Sup. Ezech. hom. xx), quand on a voué à Dieu tous ses biens, toute sa vie, tous ses sentiments, c'est un holocauste sans lequel il ne peut pas y avoir d'ordre religieux. Il semble donc que les ordres religieux ne soient pas multiples, mais qu'il n'y en ait qu'un seul.
2. Les choses qui sont communes dans leur essence ne diffèrent que par accident. Or, sans les trois voeux essentiels de religion, il n'y a pas d'ordre religieux, comme nous l'avons vu (quest. clxxxvi, art. 6 et 7). Il semble donc que les ordres religieux ne diffèrent pas d'espèce, mais seulement par accident.
3. L'état de perfection convient aux religieux et aux évêques, comme nous l'avons vu (quest. clxxxv, art. 5 et 7). Or, l'épiscopat ne change pas d'espèce, mais il est un partout où il existe. C'est pourquoi saint Jérôme dit à Evagrius : Partout où il y a un évêque, que ce soit à Rome, à Eugu- bium, à Constantinople ou à Rhégio, il a le même mérite et le même sacerdoce. Pour la même raison, il n'y a donc qu'un seul ordre religieux.
4. L'Eglise doit empêcher tout ce qui peut amener de la confusion. Or, la diversité des ordres religieux paraît jeter une sorte de confusion dans le peuple chrétien, comme le dit une décrétale (cap. Ne nimia, de religios. domib.). Il semble donc qu'il ne doive pas y avoir divers ordres religieux.
En sens contraire Mais c'est le contraire. Il est dit (Ps 44,10) qu'il appartient à l'ornement de la reine de briller par sa variété.
CONCLUSION. — Il n'y a pas qu'un seul ordre religieux, mais il y en a plusieurs qui se distinguent par la diversité de leurs exercices spirituels et de leurs oeuvres de charité.
Réponse Il faut répondre que, comme on le voit d'après ce que nous avons dit (quest. préc. art. 1 et 2, et quest. clxxxvi, art. 7), l'état religieux est un exercice par lequel on travaille à la perfection de la charité. Or, il y a divers devoirs de charité auxquels l'homme peut se livrer ; et il y a aussi différentes manières de s'y exercer. C'est pourquoi on peut distinguer les ordres religieux à un double point de vue : 4° Selon la diversité des fins qu'ils se proposent : ainsi un ordre a pour but de donner l'hospitalité aux pèlerins, un autre de visiter les captifs ou de les racheter. 2° Il peut y avoir différence dans les ordres selon la diversité des exercices : c'est ainsi que dans l'un on châtie le corps par l'abstinence des aliments, dans l'autre on le fait en s'exerçant à des travaux manuels, ou en allant les jambes et les pieds nus ou de toute autre manière. Mais parce que la fin est ce qu'il y a de principal dans chaque chose, la diversité des ordres qui repose sur la diversité des fins auxquelles ils se rapportent est beaucoup plus profonde que celle qui résulte de la diversité des exercices.
(I) La distinction des ordres religieux remonte saint Augustin (De mor ib. Eccles. cap. 51), par aux premiers siècles , car il en est fait mention Cassien (Collât, xv1, et xiv, cap. 4). par saint Jérôme (Epist, ad Eustochium\ par
Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que ce qu'il y a de commun à tous les ordres, c'est qu'on doit se donner tout entier au service de Dieu : par conséquent sous ce rapport les ordres religieux ne diffèrent pas entre eux, de telle sorte que l'on se réserve dans l'un une chose et dans l'autre une autre ; mais ils diffèrent selon les différentes choses par lesquelles l'homme peut servir Dieu, et selon qu'il peut s'y disposer de différentes manières.
2. Il faut répondre au second, que les trois voeux essentiels de religion appartiennent à la vie religieuse, comme des choses principales (1) auxquelles tout le reste se rapporte, ainsi que nous l'avons vu (quest. clxxxii, art. 7 corp. et ad 2). Mais on peut se disposer de différentes manières à observer chacune de ces choses; par exemple on se dispose à observer le voeu de continence au moyen de la solitude, de l'abstinence, par les rapports mutuels et par une foule d'autres choses semblables. D'après cela il est évident que les voeux essentiels, tout communs qu'ils sont, n'empêchent pas la diversité des ordres, soit à cause de la diversité des dispositions ou des moyens, soit à cause de la diversité des fins, comme on le voit d'après ce que nous avons dit ( in corp. et quest. clxxxv, art. 7 ad 2).
3. Il faut répondre au troisième, que pour ce qui appartient à la perfection, l'évêque joue le rôle de l'agent et les religieux celui du patient, comme nous l'avons vu (quest. clxxxiv, art. 7). Or, l'agent dans l'ordre naturel est d'autant plus un qu'il est plus élevé, tandis que le patient est au contraire plus multiple. 11 est donc conforme à la raison qu'il n'y ait qu'un seul état épiscopal, mais qu'il y ait plusieurs ordres religieux.
4. Il faut répondre au quatrième, que la confusion est opposée à la distinction et à l'ordre. Par conséquent la multiplicité des ordres produirait la confusion, si l'on distinguait différents ordres relativement à la même fin et aux mêmes moyens, sans nécessité et sans utilité (2). Pour obvier à cet inconvénient, on a eu raison de décréter qu'on ne pourrait établir aucun ordre nouveau, sans l'autorisation du souverain pontife.
II-II (Drioux 1852) Qu.187 a.4