III Pars (Drioux 1852) 1720
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Nous devons ensuite nous occuper des effets de la pénitence : 1° quant à la rémission des péchés mortels; 2" quant à la rémission des péchés véniels ; 3" quant au retour des péchés pardonnés; 4° quant au recouvrement des vertus. — Sur la première de ces considérations il y a six questions à examiner : 1° Tous les péchés mortels sont- ils effacés par la pénitence? — 2° Peuvent-ils être effacés sans elle? — 3° Un péché peut-il être remis sans l'autre ? — 4° La pénitence enlève-t-elle la faute eu laissant subsister la peine qui lui est due ? — 5° Les restes des péchés subsistent-ils ? — 6° Est- ce un effet de la pénitence comme vertu ou comme sacrement d'enlever le péché ?
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1 Il semble que tous les péchés ne soient pas effacés par la pénitence. Car l'Apôtre dit (He 12,17) qu'Esau ne fut pas accessible à la pénitence, quoiqu'il l'eût demandée avec Iannes (2); et la glose ajoute (interi.) : Il ne trouva pas lieu de se faire pardonner et bénir par la pénitence. Et il est dit d'Antiochus (2M 9,13) : L'impie priait Dieu, dont il ne devait pas obtenir miséricorde. Il ne semble donc pas que tous les péchés soient effacés par la pénitence.
2 Saint Augustin dit dans son livre (De sermone Dom. in monte, lib. i, cap. 22) : Que le péché que l'on commet, lorsqu'après avoir connu Dieu par la grâce du Christ on attaque ses frères et on s'arme des torches de l'envie contre la grâce elle-même, est une faute si grave qu'on ne peut avoir l'humilité de la prière, quand même on serait forcé par sa conscience mauvaise à reconnaître son péché et à le proclamer. Tout péché ne peut donc être détruit par la pénitence.
3 Le Seigneur dit (Mt 12,32) : Celui qui aura dit une parole contre l'Esprit-Saint, il ne lui sera pardonné ni en ce monde, ni en l'autre. Tout péché ne peut donc être remis par la pénitence.
20 Mais c'est le contraire. Il est dit (Ez 18,22) : Je ne me souviendrai plus de toutes les iniquités qu'il a commises.
CONCLUSION. — La liberté de l'homme et l'efficacité de la grâce divine montrent qu'il n'y a pas de péché ici-bas qui ne puisse être effacé par la pénitence véritable.
(2) Ce passage de saint Paul s'entend plutôt de la pénitence d'Isaac que de celle d'Esai, et il signifie qu'Esau ne put obtenir de son père qu'il se repentît de la bénédiction qu'il avait donnée à Jacob, et qu'il ne put la lui faire rétracter, quoiqu'il lui eût demandé sa bénédiction avec larmes.
(1) Il est de foi que tous les péché» peuvent être remis par la pénitence : Si post susceptionem baptismi, dit le concile de Latran, quisquam prolapsus fuerit peccatum, per veram poenitentiam semper reparari potest. Eu établissant cette vérité saint Thomas réfute l'erreur des novaticns et des monlaiiisles qui ont prétendu le contraire.
21 Il faut répondre que si un péché ne pouvait être effacé par la pénitence, cela pourrait résulter de deux causes, ou de ce qu'on ne pourrait s'en repentir, ou de ce que la pénitence ne pourrait l'effacer. Les péchés des démons et des damnés ne peuvent être effacés par la pénitence pour le premier motif; parce que leur volonté se trouve affermie dans le mal, de telle sorte que le péché ne peut leur déplaire, comme faute; ils ne détestent que la peine qu'ils souffrent, et c'est pour cela qu'ils font une pénitence infructueuse, d'après ces paroles de l'Ecriture qui dit (Sg 5,3) qu'«'/s font pénitence et qu'ils gémissent dans les angoisses de leur coeur. Aussi celte pénitence n'est pas accompagnée de l'espérance du pardon, mais du désespoir. Il ne peut en être ainsi du péché de l'homme qui est ici-bas, dont le libre arbitre peut se porter vers le bien et vers le mal. C'est donc une erreur de dire que Ton fait dans ce monde des péchés dont on ne peut se repentir, parce que : 4° on détruirait par là le libre arbitre-, 2° on dérogerait à la vertu de la grâce par laquelle le coeur de tout pécheur peut être tourné au repentir, d'après ces paroles (Pr 21,1) : Le coeur du roi est dans la main de Dieu et il le tournera partout où il voudra. — C'est aussi une erreur de croire qu'on ne puisse effacer un péché par la pénitence véritable, parce que : 1° c'est une chose qui répugne à la miséricorde de Dieu, dont il est dit (Jl 2,43) qu'il est bon et miséricordieux, qu'il est patient et riche en miséricorde et qu'il l'emporte sur toute espèce de malice; car Dieu serait en quelque sorte vaincu par l'homme, si l'homme voulait qu'un péché fût effacé et que Dieu ne le voulût pas-, 2° ce serait déroger à la vertu de la passion du Christ par laquelle la pénitence opère, comme les autres sacrements, puisqu'il est écrit (1Jn 2,2) que le Christ a été victime de propitiation pour nos péchés, et non-seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux de tout le monde entier. On doit donc dire absolument que tout péché ici-bas peut être effacé par la pénitence véritable.
31 Il faut répondre au premier argument, qu'Esau ne s'est pas véritablement repenti ; ce qui est manifeste, puisqu'il disait (Gn 27,41) : Le temps de la mort de mon père viendra, et je tuerai mon frère Jacob. De même Antiochus n'a pas été véritablement pénitent (1)-, car il déplorait ses fautes, non parce qu'elles offensaient Dieu, mais à cause des souffrances corporelles qu'il endurait.
32 Il faut répondre au second, que ces paroles de saint Augustin doivent s'entendre ainsi : la tâche du péché est si grave qu'on ne peut avoir l'humilité nécessaire pour en obtenir le pardon, c'est-à-dire qu'on ne le peut facilement. C'est ainsi qu'on dit qu'on ne peut guérir celui qu'on ne peut guérir qu'à grande peine. Cependant cet effet peut être produit par la vertu de la grâce divine qui soulève quelquefois jusqu'au fond de la mer, selon l'expression du Psalmiste (Ps 67).
33 Il faut répondre au troisième, que cette parole ou le blasphème contre l'Esprit-Saint est Timpénitence finale, comme le dit saint Augustin (Lib. de verbis Dom. serm. xi, cap. 12 et 13), et cette impénitence est absolument irrémissible, parce qu'après la fin de cette vie il n'y a plus de rémission pour les péchés. Ou bien si on entend par le blasphème de l'Esprit-Saint le péché que Ton commet par malice, ou le blasphème lui-même de l'Esprit-Saint, on dit qu'il est irrémissible, c'est-à-dire qu'on ne peut le remettre facilement-, soit parce que ce péché n'a pas en lui-même de cause d'excuse, soit parce qu'on est puni pour ce péché en ce monde ci et dans l'autre, comme nous l'avons expliqué (2* 2", quest. xiv).
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1 Il semble que le péché puisse être remis sans la pénitence. Car la puissance de Dieu n'est pas moindre à l'égard des adultes qu'à l'égard des enfants. Or, il remet les péchés aux enfants sans la pénitence. Í1 le fait donc aussi aux adultes.
bien que d'une nécessité de précepte. C'est ce qu'exprime ainsi le concile de Trente (sess, xiv, cap. 1) : Fuit quidem poenitentia universis hominibus, qui se mortali aliquo peccato inquinassent , quovis tempore ad gratiam et justitiam assequendam necessaria, illis etiam qui baptismi sacramento ablui petivissent.
2 Dieu n'a pas enchaîné sa vertu aux sacrements. Or, la pénitence est un sacrement. Les péchés peuvent donc être remis par la vertu divine sans elle.
3 La miséricorde de Dieu est plus grande que celle de l'homme. Or, l'homme remet quelquefois son offense à un de ses semblables, sans que celui-ci se repente. D'où le Seigneur dit (Mt 5,44) : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Donc à plus forte raison Dieu remet son offense aux hommes qui ne se repentent pas.
Mais c'est le contraire. Le Seigneur dit (Jr 18) : Si cette nation fait pénitence du mal qu'elle a fait, je me repentirai du mal que j'ai, eu dessein de lui faire. Il semble donc au contraire que si l'homme ne fait pas pénitence, Dieu ne lui remette pas son péché.
CONCLUSION. — Aucun péché actuel ne peut être remis ici-bas sans la vertu de pénitence.
21 Il faut répondre qu'il est impossible que le péché mortel actuel soit remis sans la pénitence, si l'on parle de la pénitence qui est une vertu. Car le péché étant une offense contre Dieu, Dieu remet le péché de la même manière qu'il remet l'offense commise contre lui. Or, l'offense est directement opposée à la grâce; car on dit que quelqu'un est offensé à l'égard d'un autre par là même qu'il lui retire sa grâce. Mais, comme nous l'avons vu (I-II, quest. ex, art. 1), il y a cette différence entre la grâce de Dieu et la grâce de l'homme, c'est que la grâce de l'homme ne produit pas, mais qu'elle présuppose la bonté véritable ou apparente dans l'individu qu'elle gratifie ; au lieu que la grâce de Dieu produit la bonté dans l'homme qu'elle a pour objet, parce que la bonne volonté de Dieu, qu'on désigne sous le nom de grâce, est la cause de tout bien créé. Ainsi il peut se faire que l'homme remette l'offense à celui qui l'a offensé sans que la volonté de ce dernier subisse aucun changement; tandis qu'il ne peut se faire (1) que Dieu remette l'offense à quelqu'un sans que la volonté de celui-ci soit changée. Et comme l'offense du péché mortel provient de ce que la volonté de l'homme s'est détournée de Dieu pour se porter vers un bien qui est changeant, il s'ensuit qu'il est requis pour la rémission de l'offense faite contre Dieu que la volonté de l'homme se modifie au point de se tourner vers Dieu en détestant le mouvement qu'elle suivait précédemment, et en prenant la résolution de se corriger; ce qui appartient à l'essence de la pénitence considérée comme vertu. Et c'est pour cela qu'il est impossible que le péché soit remis à quelqu'un sans la pénitence, comme vertu. — Quant au sacrement de pénitence, il est produit, comme nous l'avons dit (quest. lxxxiv, art. 3), par le ministère du prêtre qui lie et qui délie, sans lequel Dieu peut remettre le péché (2), comme le Christ l'a remis à la femme adultère, d'après saint Jean (8), et à la femme pécheresse, d'après saint Luc (7), quoiqu'il ne leur ait pas remis leurs fautes sans la vertu de pénitence. Car, comme le dit saint Grégoire (Hom. xxxiii in Evang.), il les a intérieurement attirées à la pénitence par la grâce qu'elles ont reçue extérieurement par sa miséricorde.
Tous les théologiens reconnaissent que cela est impossible d'après la loi ordinaire de Dieu, mais ils se demandent s'il le pourrait faire absolument au moyen de sa puissance extraordinaire. Us sont partagés à cet égard.
31 Il faut répondre au premier argument, que dans les enfants il n'y a que le péché originel qui ne consiste pas dans un dérèglement actuel de la volonté, mais dans un dérèglement habituel de la nature, comme nous l'avons vu (i* 2", quest. lxxxii, art. 1). C'est pourquoi ce péché leur est remis avec une modification habituelle qui est produite par l'infusion de la grâce et des vertus, mais non avec une modification actuelle. Quant à l'adulte qui a des péchés actuels qui consistent dans le dérèglement actuel de la volonté, ses fautes ne lui sont pas remises, même dans le baptême (1), sans un changement actuel de la volonté qui s'opère par la pénitence.
(2) Dieu peut remettre à la vérité les péchés sans ce sacrement, mais depuis que le Christ l'a établi on ne peut être pardonné sans avoir au moins le désir de le recevoir.
32 Il faut répondre au second, que cette raison s'appuie sur la pénitence considérée comme sacrement.
33 Il faut répondre au troisième, que la miséricorde de Dieu a une vertu plus grande que celle de l'homme en ce qu'elle change la volonté de l'homme pour qu'il se repente ; ce que ne peut faire la miséricorde de l'homme.
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1 Il semble qu'un péché puisse être remis par la pénitence sans un autre. Car le Seigneur dit (Am 4,7) : f ai fait qu'il a plu sur une ville et qu'il n'a point plu sur une autre, qu'il a plu sur un endroit et que l'autre sur lequel il n'a. point plu a été stérile ; ce que saint Grégoire explique en disant (Sup. Ezech. hom. x): Lorsque celui qui hait son prochain se corrige des autres défauts, la même cité reçoit la pluie d'un côté et reste sèche de l'autre; parce qu'il y en a qui,* quand ils retranchent certains vices, persistent dans d'autres d'une manière grave. Un péché peut donc être remis par la pénitence sans qu'un autre le soit.
2 Saint Ambroise dit dans le psaume Beáti immaculati (post explic. versic. Exitus aquarum, etc.) que la première consolation, c'est que Dieu n'oublie pas d'avoir pitié; la seconde s'exerce par la punition, où, quoique la foi manque, la peine satisfait et relève. On peut donc être relevé d'un péché quoique le péché d'infidélité reste.
3 Quand il s'agit de choses qui n'existent pas ensemble nécessairement, l'une peut être enlevée sans l'autre. Or, les péchés, comme nous l'avons vu (la2ae, quest. Lxxm, art. 1), ne sont pas connexes, et par conséquent l'un d'eux peut exister sans l'autre. L'un d'eux peut donc être aussi remis sans l'autre par la pénitence.
4 Les péchés sont des dettes dont nous demandons la remise, quand nous disons dans l'oraison dominicale : Dimitte nobis debita nostra, etc. Or, l'homme remet quelquefois une dette sans une autre. Dieu remet donc aussi par la pénitence un péché sans l'autre.
5 Par l'amour de Dieu les péchés sont remis aux hommes, d'après ces paroles du prophète (Jr 31,3) : Je vous aime d'un amour éternel, c'est pour cela que je vous ai attiré par la compassion. Or, rien n'empêche que Dieu n'aime l'homme par rapport à une chose et qu'il soit son ennemi par rapport à une autre. C'est ainsi qu'il aime le pécheur quant à la nature et qu'il le hait quant à la faute. Il semble donc possible que Dieu remette par la pénitence un péché sans l'autre.
20 Mais c'est le contraire. Saint Augustin dit (alius auctor, De ver. et fais, poe- nit. cap. 9) : Il y en a qui se repentent d'avoir péché, mais non d'une manière complète, se réservant des choses dans lesquelles ils se délectent sans remarquer que le Seigneur a délivré du démon celui qui était tout à la fois muet et sourd, pour nous apprendre par là que nous ne sommes jamais guéris qu'autant que nous sommes délivrés de tous nos maux.
(2) Il est certain et reconnu par tous les théologiens qu'un péché mortel ne peut être remis sans les autres d'après la puissance ordinaire de Dieu, mais il y en a qui croient qu'il le pourrait d'après sa puissance absolue.
CONCLUSION. — Puisque aucun péché mortel ne peut être remis sans la grâce et la pénitence et que tout péché mortel répugne à la grâce et à la pénitence, il ne peut se faire qu'un péché soit remis par la vertu de pénitence sans l'autre.
21 Il faut répondre qu'il est impossible qu'un péché soit remis sans l'autre par la pénitence : 1° Parce qu'un péché est remis, selon que l'offense contre Dieu est effacée par la grâce. D'où nous avons vu (1* 2*, quest. cix, art. 7, et quest. cxjii, art. 2) que comme le péché ne peut être remis sans la grâce, et que tout péché mortel est contraire à la grâce et l'exclut, par conséquent il est impossible qu'un péché soit remis sans l'autre. 2° Parce que, comme nous l'avons montré (art. préc.), le péché mortel ne peut être remis sans la véritable pénitence à laquelle il appartient d'abandonner le péché selon qu'il est contre Dieu, ce qui est commun à tous les péchés mortels. Or, dès que la cause est la même, l'effet est le même aussi. Il ne peut donc pas être véritablement pénitent celui qui se repent d'un péché, sans se repentir d'un autre. Car s'il détestait ce péché, parce qu'il est contre Dieu qu'il aime par-dessus toutes choses (ce qui est requis pour la pénitence véritable), il s'ensuivrait qu'il se repentirait de tous ses péchés (1). D'où il résulte qu'il est impossible qu'un péché soit remis sans l'autre par la pénitence. 3° Parce que ce serait contraire à la perfection de la miséricorde de Dieu, dont les oeuvres sont parfaites, comme il est dit (Dt 32), et qui a par conséquent totalement pitié de celui qui est l'objet de sa miséricorde. Et c'est ce que dit saint Augustin (alius auctor loc. cit.). C'est une impiété et un défaut de foi que d'espérer un demi-pardon de celui qui est juste et qui est la justice.
31 Il faut répondre au premier argument, que ce passage de saint Grégoire ne doit pas s'entendre de la' rémission de la faute, mais de la cessation de l'acte ; parce que quelquefois celui qui a eu l'habitude de commettre plusieurs péchés, abandonne l'un sans abandonner l'autre, ce qui est produit à la vérité par le secours de Dieu, sans arriver toutefois jusqu'à la rémission de la faute.
32 Il faut répondre au second, que dans ce passage de saint Ambroise le mot fides ne peut pas s'entendre de la foi par laquelle on croit dans le Christ; parce que, comme le dit saint Augustin sur ces paroles ( Jean, Jn 15) : Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse pas parlé, ils n'auraient pas de péché,, c'est-à-dire ils ne seraient pas responsables de leur défaut de foi, car l'incrédulité est le péché qui renferme tous les autres. Mais le mot fides (2) se prend en cet endroit pour la conscience; parce que quelquefois, par les peines qu'on supporte patiemment, on obtient la rémission- d'un péché dont on n'avait pas conscience.
33 Il faut répondre au troisième, que les péchés, quoiqu'ils ne soient pas connexes quanta l'acte par lequel on se tourne vers le bien qui change, le sont cependant par rapport à l'acte par lequel on se détourne du bien immuable, qui est l'acte commun à tous les péchés mortels. Sous ce rapport ils ont la nature de l'offense qui doit être effacée par la pénitence.
34 Il faut répondre au quatrième, que la dette d'une chose extérieure, comme une dette d'argent, n'est pas contraire à l'amitié d'après laquelle on fait la remise de ce qui est dû. C'est pourquoi on peut remettre une dette sans en remettre une autre. Mais la dette du péché est contraire à l'amitié. C'est pour cela qu'une faute ou une offense n'est pas remise sans une autre. Car il paraît ridicule qu'on demande pardon à un homme d'une offense sans lui demander pardon d'une autre.
(1) Tous les péchés mortels sont communs dans le sens qu'ils supposent tous que l'âme se détourne de Dieu. Or, elle ne peut se tourner vers lui qu'autant qu'elle rétracte ce mouvement par des sentiments opposés.
(2) Dans le passage cité ce mot indique plutôt un défaut de confiance ; quoique les Juifs n'aient pas eu confiance, Dieu les a néanmoins délivrés; ce qui est une marque de sa miséricorde.
35 Il faut répondre au cinquième, que l'amour par lequel Dieu aime la nature de l'homme ne se rapporte pas au bien de la gloire dont il est privé par tout péché mortel ; au lieu que l'amour de la grâce par laquelle on obtient la rémission du péché mortel met l'homme en rapport avec la vie éternelle, d'après ces paroles (Rm 6,23) : La grâce de Dieu est la vie éternelle. Il n'y a donc pas de parité.
1724
1 Il semble que quand la faute a été remise par la pénitence, la peine ne subsiste plus. Car en écartant la faute, on écarte l'effet. Or, la faute est la cause de la peine qui lui est due; puisqu'on mérite la peine, parce qu'on a commis la faute. Donc, une fois que la faute a été remise, la peine qui lui est due ne doit plus subsister.
2 Comme le dit l'Apôtre (Rm 5), le don du Christ est plus efficace que le péché. Or, en péchant, l'homme encourt tout à la fois la faute et la peine qu'elle mérite. Donc, à plus forte raison, le don de la grâce remet-il tout à la fois la faute et enlève-t-il la peine qui lui est due.
3 La rémission des péchés est produite dans la pénitence par la vertu de la passion, d'après ces paroles de saint Paul (Rm 3,25) : Dieu l'a destiné pour être la victime de propitiation, par la foi qu'on aurait en son sang, à cause de la rémission des péchés passés. Or, la passion du Christ satisfait suffisamment pour tous les péchés, comme nous l'avons dit (quest. xlviii, xlix, et quest. lxxix, art. 5). Après la rémission de la faute, la peine qui lui était due ne subsiste donc plus.
20 Mais c'est le contraire. L'Ecriture rapporte (2S 12,13) que quand David pénitent eut dit à Nathan : J'ai péché contre le Seigneur, Nathan lui répondit : Le Seigneur a aussi transféré votre péché ; vous ne mourrez point, mais le fils qui vous est né sera frappé de mort; ce qui eut lieu en punition de la faute précédente, comme le dit le prophète (ibid.). Donc, quand la faute es4 remise, il reste encore à expier quelque chose de la peine qu'elle a méritée.
CONCLUSION. — Quoique la vertu de pénitence remette à l'homme la faute et qu'elle lui remette aussi la peine éternelle, il peut subsister encore quelque chose de la peine temporelle qu'il a méritée.
21 Il faut répondre que, comme nous l'avons vu (1" 2*, quest. lxxxvii, art. 4), il y a deux choses dans le péché mortel : le mouvement par lequel on se détourne du bien immuable, et l'acte par lequel on se tourne vers le bien qui change. De la part de l'acte par lequel on se détourne du bien immuable le péché mortel mérite la peine éternelle, de telle sorte que celui qui a péché contre le bien éternel soit puni éternellement. Par rapport au mouvement par lequel on se tourne d'une manière déréglée vers le bien qui change, le péché mortel mérite une certaine peine; parce que le dérèglement de la faute n'est ramené à Tordre de la justice que par le châtiment. Car il est juste que celui qui s'est laissé aller à sa volonté plus qu'il ne devait, souffre quelque chose contrairement à sa volonté ; parce qu'alors l'égalité est rétablie. D'où il est dit (Ap 18,7) : Multipliez ses tourments et ses douleurs en proportion de V orgueil et des délices auxquelles il s'est abandonné.
peccatori poenitenti ità culpam remitti et reatum poenoe aeterna deleri dixerit, ut nullus remaneat reatus poenoe temporalis exsolvenda, vel in hoc saeculo, vel in futuro in purgatorio, antequam ad régna caelorum aditus patere possit, anathema «ii(sess, vi, can. 3).
Mais le mouvement par lequel on se tourne vers le bien qui change étant fini, le péché n'est pas tellement coupable sous ce rapport qu'il mérite une peine éternelle. Par conséquent, si le mouvement vers le bien qui change est déréglé et qu'on ne se détourne pas de Dieu, comme dans les péchés véniels, le péché ne mérite pas une peine éternelle, mais une peine temporelle. Ainsi donc, quand le péché est remis par la grâce, le mouvement par lequel l'âme est détournée de Dieu est détruit, puisque l'âme est unie à Dieu par la grâce. Par conséquent la peine éternelle est simultanément effacée; mais il peut rester (1) à subir une peine temporelle.
31 Il faut répondre au premier argument, que le péché mortel implique deux choses : le mouvement par lequel on se détourne de Dieu, et celui par lequel on se porte vers le bien créé. Mais, comme nous l'avons vu (I-II quest. lxxi, art. C), le premier de ces mouvements est ce qu'il y a de formel et le second ce qu'il y a de matériel. Or, quand on enlève ce qu'il y a de formel dans une chose, on enlève son espèce, comme en enlevant la raison on détruit l'espèce humaine. C'est pourquoi on dit que le péché mortel est remis par là même que la grâce amis l'âme en union avec Dieu, et qu'elle a simultanément enlevé l'obligation de se soumettre à la peine éternelle. Mais ce qui est matériel existe, c'est-à-dire qu'il reste le mouvement déréglé vers le bien créé, et la peine temporelle qu'on doit souffrir pour ce mouvement (2).
C'est-à-dire qu'il faut que la contrition, la rémission, la satisfaction soient entières et parfaites, de manière qu'on ait satisfait complètement.
32 Il faut répondre au second, que, comme nous l'avons dit (1* 2', quest. cix, art. 7 et 8, et quest. exi, art. 2), il appartient à la grâce d'opérer dans l'homme en le justifiant du péché, et de coopérer avec lui pour faire le bien. La rémission de la faute et de la peine éternelle qui lui est due appartient donc à la grâce opérante, au lieu que la rémission de la peine temporelle appartient à la grâce coopérante, en ce sens que l'homme est délivré de cette peine lorsqu'il supporte patiemment ses souffrances avec le secours de la grâce divine. Ainsi, comme l'effet de la grâce opérante est avant celui de la grâce coopérante, de même la rémission de la faute et de la peine éternelle est avant la remise pleine et entière de la peine temporelle, et l'une et l'autre viennent de la grâce; mais la première vient de la grâce seule, la seconde de la grâce et du libre arbitre (3).
33 Il faut répondre au troisième, que la passion du Christ est par elle-même suffisante pour effacer non-seulement toute l'obligation de la peine éternelle, mais encore de la peine temporelle; et, selon le mode dont l'homme participe à la vertu de la passion du Christ, il reçoit la remise de la peine qu'il a méritée. Ainsi, dans le baptême, l'homme participe totalement à la vertu de la passion du Christ, selon que, par l'eau et l'esprit du Christ, it meurt avec lui au péché et qu'il est régénéré en lui pour une vie nouvelle. C'est pour cela que dans le baptême l'homme obtient la rémission de toute la peine qu'il a méritée. Mais dans la pénitence il obtient la vertu de la passion du Christ selon le mode de ses propres actes qui sont la matière de la pénitence, comme l'eau est la matière du baptême, ainsi que nous l'avons dit (quest. lxxxiv, art. 1 et 3). C'est pourquoi toute la peine qu'il mérite n'est pas remise immédiatement par le premier acte de pénitence qui lui obtient la rémission de la faute; mais il faut que tous les actes de la pénitence soient complets (4).
sacra littera docet, non tota semper dimittitur (sess. Vi, cap. 14).
(3) Ainsi la remise de la peine temporelle, exigeant la coopération du libre arbitre, si elle n'est pas complète et entière, ce n'est pas à cause de l'impuissance de la grâce, mais parce que le concours de l'homme n'a pas été suffisant.
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1 Il semble que, quand le péché mortel est remis, tous les restes du péché soient enlevés. Car saint Augustin dit (alius auctor, De ver. et fais, poenit. cap. 9) : Le Seigneur n'a jamais guéri quelqu'un sans le délivrer absolument. Ainsi il a guéri l'homme tout entier le jour du sabbat; car il a délivré son corps de toute infirmité et son âme de toute contagion. Or, les restes du péché appartiennent à l'infirmité du péché. Il ne paraît donc pas possible qu'après que la faute est remise les restes du péché subsistent.
2 D'après saint Denis (De div. nom. cap. 4), le bien est plus efficace que le mal, parce que le mal n'agit que par la vertu du bien. Or, l'homme en péchant encourt simultanément toute la souillure du péché. Donc à plus forte raison est-il délivré de tous les restes du péché quand il fait pénitence.
3 L'oeuvre de Dieu est plus efficace que l'oeuvre de l'homme. Or, les oeuvres de l'homme, en se rapportant au bien, effacent les restes du péché contraire. Donc à plus forte raison sont-ils effacés par la rémission de la faute, qui est l'oeuvre de Dieu.
21 Mais c'est le contraire. L'Evangile rapporte (Mare, 8) qu'un aveugle, guéri par le Seigneur, recouvra d'abord la vue d'une manière imparfaite ; d'où il dit : Je vois marcher des hommes qui sont comme des arbres; et ensuite il la recouvra parfaitement, de telle sorte qu'il voyait clairement toutes choses. Or, la guérison de cet aveugle signifie la délivrance du pécheur. Par conséquent, après la rémission de la faute par laquelle le pécheur recouvre la vue spirituelle, il y a encore en lui des restes de son péché passé.
CONCLUSION. — Rien n'empêche qu'après la rémission du péché mortel il ne reste dans l'âme, par rapport au mouvement déréglé qui la porte vers les biens changeants, des dispositions produites par les actes antérieurs et qu'on appelle des restes du péché.
21 Il faut répondre que le péché mortel, considéré par rapport au mouvement déréglé qui porte l'âme vers le bien qui change, produit en elle une disposition ou même une habitude, si l'acte se réitère fréquemment. Or, comme nous l'avons dit (art. préc.), la tâche du péché mortel est enlevée en tant que la grâce détruit le mouvement par lequel l'âme est éloignée de Dieu. Mais ce qui se rapporte à ce mouvement étant enlevé, ce qui regarde le mouvement par lequel l'âme se porte vers le bien qui change peut néanmoins subsister, puisqu'il arrive que l'une de ces choses subsiste sans l'autre, comme nous l'avons dit (art. préc.). C'est pourquoi rien n'empêche que, quand la faute est remise, il ne reste des dispositions produites par les actes antérieurs qu'on appelle les restes du péché (1). Toutefois elles sont affaiblies et diminuées de telle sorte qu'elles ne dominent plus sur l'homme (2) ; et alors ces restes subsistent plutôt par manière de dispositions que par manière d'habitudes, comme le foyer de la concupiscence subsiste aussi après le baptême.
sultent des fautes que l'on a commises auparavant; l'âme est d'autant moins apte à faire le bien que les fautes qu'on a commises sont plus graves, ou qu'on est resté plus longtemps dans le péché, ou qu'on a péché plus souvent.
31 Il faut répondre au premier argument, que Dieu guérit l'homme tout entier d'une manière parfaite ; mais que quelquefois il le fait subitement. C'est ainsi qu'il rendit immédiatement la santé parfaite a la belle-mère du disciple •Pierre, de telle sorte qu'elle se leva pour les servir, d'après l'Evangile (Luc. iv, 39); d'autres fois, il le fait successivement, comme nous l'avons dit (quest. xliv, art. 3ad2)au sujet de l'aveugle qui recouvra la vue(Mc 8). De même, il touche quelquefois spirituellement le coeur de l'homme d'une manière si vive, qu'il lui donne tout à coup, d'une manière parfaite, la santé spirituelle, non-seulement par la rémission de la faute, mais encore en enlevant tous les restes du péché, comme on le voit à l'égard de sainte Magdeleine (Lc 8). D'autres fois, il remet d'abord la faute par la grâce opérante, et il enlève ensuite successivement les restes du péché par la grâce coopérante (3).
32 Il faut répondre au second, que le péché produit quelquefois immédiatement une faible disposition, quand elle résulte d'un seul acte; d'autres fois il en produit une plus forte (4), selon qu'elle est l'effet de beaucoup d'actes.
33 Il faut répondre au troisième, que tous les restes du péché ne sont pas enlevés par un seul acte, parce que, comme le dit Aristote dans les Catégories (cap. De opposit.), l'homme pervers ramené à de meilleures habitudes fera quelque progrès pour s'amender, et, en multipliant ses bonnes actions, il parviendra à être bon par la vertu qu'il aura acquise. Mais la grâce divine produit ce changement d'une manière beaucoup plus efficace (5) par un acte ou par plusieurs.
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1 Il semble que la rémission de la faute ne soit pas un effet de la pénitence considérée comme vertu. Car la pénitence reçoit le nom de vertu selon qu'elle est le principe d'un acte humain. Or, l'acte humain n'opère pas pour la rémission de la faute, ce qui est un effet de la grâce opérante. La rémission de la faute n'est donc pas un effet de la pénitence comme vertu.
2 Uva d'autres vertus qui sont plus excellentes que la pénitence. Or, on ne dit pas que la rémission de la faute est l'effet d'une autre vertu. Il n'est donc pas non plus l'effet de la pénitence comme vertu.
3 La rémission de la faute ne s'obtient que d'après la vertu de la passion du Christ, suivant ces paroles (He 9,22) : Il n'y a pas de rémission sans effusion de sang. Or, la pénitence, comme sacrement, opère en vertu de la passion du Christ tel que le font les autres sacrements, ainsi qu'on le voit d'après ce que nous avons dit (quest. lxii, art. 4et5). La rémission de la faute n'est donc pas l'effet de la pénitence comme vertu, mais comme sacrement.
(1) C'est ce que l'expérience nous apprend ; car quand l'homme a pris sincèrement la résolution de quitter le péché , il lui reste néanmoins beaucoup à faire pour rompre avec ses habitudes et ses inclinations, et résister aux séductions du mal.
(2) Si l'homme succombe, il ne succombe pas nécessairement, parce qu'il était maître de prendre une détermination contraire.
(3) C'est ce qu'indique l'exemple de l'aveugle de l'Evangile qui ne recouvra la vue que successivement.
(4) Il y a une grande différence sous ce rapport entre celui qui commet une faute rarement et un habitudinaire.
(5) Elle est beaucoup plus efficace que la nature ne l'est relativement aux vertus acquises.
20 Mais c'est le contraire. La cause propre d'une chose est ce sans quoi elle ne peut exister. Car tout effet dépend de sa cause. Or, la rémission de la faute peut venir de Dieu sans le sacrement de pénitence, mais non sans la pénitence comme vertu, ainsi que nous l'avons dit (quest. lxxxiv, art. 5 ad 3, et quest. lxxxv, art. 2). Ainsi, avant les sacrements de la loi nouvelle, Dieu remettait aussi les péchés à ceux qui se repentaient. La rémission de la faute est donc principalement l'effet de la pénitence comme vertu.
CONCLUSION. — Puisque la vertu des chefs tient lieu de la forme dans le sacrement de pénitence et que les actes du pénitent tiennent lieu de matière, la rémission des fautes, quoiqu'elle n'existe pas sans l'acte de la vertu de pénitence, est plus principalement l'effet de la pénitence comme sacrement.
21 Il faut répondre que la pénitence est une vertu, selon qu'elle est le principe de certains actes humains (1). Les actes humains, qui viennent du pécheur, sont ce qui forme la matière dans le sacrement de pénitence. Or, tout sacrement produit son effet, non-seulement par la vertu de sa forme, mais encore par la vertu de sa matière ; car un sacrement se compose de ces deux choses, comme nous l'avons vu (quest. lx, art. 6 ad 2, et art. 7). Par conséquent, comme la rémission de la faute est produite dans le baptême, non-seulement par la vertu de la forme, mais encore par la vertu de la matière, c'est-à-dire de l'eau, et qu'elle l'est plus principalement par la vertu de la forme de laquelle l'eau reçoit sa vertu : de même la rémission de la faute est l'effet de la pénitence, mais elle est produite plus principalement par la vertu des chefs que possèdent les ministres, auxquels on rapporte ce qu'il y a de formel dans ce sacrement, comme nous l'avons dit (quest. lxxxiv, art. 3), et elle provient secondairement de la puissance des actes du pénitent, qui appartiennent à la vertu de pénitence, toutefois selon que ces actes se rapportent de quelque manière aux chefs de l'Eglise (2). Ainsi, il est évident que la rémission de la faute est un effet de la pénitence comme vertu, quoiqu'elle soit plus principalement un de ses effets comme sacrement.
31 Il faut répondre au premier argument, que l'effet de la grâce opérante est la justification de l'impie, comme nous l'avons dit (1* 2*, quest. cxiu). Dans cette justification il y a, comme nous l'avons vu (ibid. art. 1, 2 et 3), non-seulement l'infusion de la grâce et la rémission de la faute, mais encore le mouvement du libre arbitre vers Dieu qui est un acte de foi formée (3), et le mouvement du libre arbitre contre le péché qui est un acte de pénitence. Mais ces actes humains sont produits simultanément avec la rémission de la faute, comme des effets de la grâce opérante. Par conséquent la rémission de la faute n'a pas lieu sans l'acte de la vertu de pénitence, quoiqu'elle soit un effet de la grâce opérante.
(1) Ces actes sont la contrition, la confession et la satisfaction, qui sont la matière du sacrement.
(2) Ainsi quand on aurait véritablement la contrition de ses péchés, on ne pourrait en obtenir le pardon, si l'on n'avait pas la volonté de les soumettre aux defs de l'Eglise. C'est ce que le concile de Trente exprime ainsi (sess. XIV, cap. -S) : Docet sancta synodus etsi contritionem hanc aliquando perfectam esse contingat, hominemque Deo réconciliât, priusquam hoc poenitentia! sacramentum actu suscipiatur; ipsam nihilominùs reconciliationem ipsi contritioni sine sacramenti voto, quod in illo includitur, non 'esse adscribendam.
(5) Fides formata, qui est la foi animée par la charité par opposition à la foi morte (fides informis).
32 Il faut répondre au second, que dans la justification de l'impie il n'y a pas seulement un acte de pénitence, mais il y a encore un acte de foi, comme nous l'avons dit (in sol. praec. et 1*2", quest. cxiu, art. 4). C'est pourquoi la rémission de la faute n'est pas seulement un effet de la vertu de pénitence, mais elle est plus principalement l'effet de la foi et de la charité.
33 Il faut répondre au troisième, que l'acte de la vertu de pénitence est rapporté à la passion du Christ par la foi et par l'ordre qui le soumet aux chefs de l'Eglise : c'est pourquoi il produit, de ces deux manières, la rémission de la faute par la vertu de la passion du Christ (4).
Quant à ce que l'on objecte dans le sens contraire, il faut répondre que l'acte de la vertu de pénitence est tel que sans lui il ne peut y avoir rémission de la faute, parce qu'il est un effet inséparable de la grâce par laquelle la faute est remise principalement et qui opère dans tous les sacrements. C'est pourquoi on ne peut conclure de là qu'une chose, c'est que la grâce est une cause plus principale de la rémission de la faute que le sacrement de pénitence. Toutefois, il est à remarquer que sous la loi ancienne et sous la loi de nature, le sacrement de pénitence existait d'une certaine manière (2), comme nous l'avons dit (quest. lxxxiv, art. 7 ad 2).
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III Pars (Drioux 1852) 1720