Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU PRIEUR GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES CARMES
Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat,
chers époux!
1. Je suis heureux de vous recevoir à l'occasion de la XV Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Famille. Je vous adresse à tous mon salut cordial. Je remercie de tout coeur le Cardinal Alfonso López Trujillo, Président du Conseil pontifical, pour les aimables paroles à travers lesquelles il a interprété les sentiments des personnes présentes. J'étends mon remerciement à chacun de vous et à tous ceux qui, à titres divers, travaillent dans ce dicastère, accomplissant avec générosité et compétence un devoir si important pour l'Eglise et pour la société, au service de la famille, sanctuaire domestique de la vie. Beaucoup a été fait ces dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire. Je vous encourage à ne pas perdre courage face à l'ampleur des défis actuels, mais à poursuivre sans arrêt votre engagement en vue de préserver et de promouvoir le bien inestimable du mariage et de la famille.C'est de cet effort que dépend en grande partie le destin de la société et l'avenir même de l'évangélisation.
Le thème proposé pour cette Assemblée plénière est particulièrement actuel: Pastorale familiale et couples en difficulté. Il s'agit d'un thème vaste et complexe, dont vous n'entendez traiter que quelques aspects, ayant déjà eu l'occasion de l'examiner dans d'autres circonstances. Je voudrais à cet égard vous offrir certains éléments de réflexion et d'orientation.
2. Dans un monde de plus en plus sécularisé, il est plus que jamais important que la famille croyante prenne conscience de sa vocation et de sa mission. Son point de départ, dans tout contexte et toute condition, est de sauvegarder et d'intensifier la prière, une prière incessante au Seigneur, afin que sa foi croisse et soit toujours plus vigoureuse. Comme je l'ai écrit dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae: "La famille qui est unie dans la prière demeure unie" (RVM 41).
Il est vrai que, lorsque l'on traverse des moments particuliers, la contribution de la science peut offrir une aide précieuse, mais rien ne pourra substituer une foi ardente, personnelle et confiante, qui s'ouvre au Seigneur qui a dit: "Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau" (Mt 11,28).
Précisément lorsque s'intensifient la fragilité et la faiblesse, la rencontre avec le Christ vivant, Seigneur de l'Alliance, représente une source indispensable d'énergie et de renouveau. Voilà pourquoi il est nécessaire d'avoir recours à une vie spirituelle intense en ouvrant son âme à la Parole de vie. Il faut qu'au plus profond de notre coeur, retentisse la voix de Dieu, qui, si elle semble parfois se taire, résonne en réalité constamment dans nos coeurs et nous accompagne le long du chemin marqué par la souffrance, comme cela eut lieu avec les deux pèlerins d'Emmaüs.
Une sollicitude particulière doit être réservée aux jeunes époux, afin qu'ils ne se découragent pas face aux problèmes et aux situations conflictuelles. La prière, la pratique fréquente du sacrement de la Réconciliation, la direction spirituelle, ne doivent jamais être abandonnées en pensant les remplacer par d'autres techniques de soutien humain et psychologique. Il ne faut jamais oublier ce qui est essentiel, c'est-à-dire vivre en famille sous le regard tendre et miséricordieux de Dieu.
La richesse de la vie sacramentelle, dans le cadre d'une famille qui participe à l'Eucharistie chaque dimanche (cf. Dies Domini, n. 81) et sans aucun doute le meilleur antidote pour affronter et surmonter les obstacles et tensions.
3. Cela est encore plus nécessaire lorsque prolifèrent des styles de vie et que se diffusent des modes et des cultures qui mettent en doute la valeur du mariage, en arrivant même à considérer comme impossible le don réciproque des époux jusqu'à la mort, dans une fidélité joyeuse (cf. Lettre aux Familles LF 10). La fragilité augmente si domine une mentalité de divorce, que le Concile a dénoncée avec vigueur, car elle conduit souvent à des séparations et à des ruptures définitives. Une éducation sexuelle mal conçue nuit également à la vie de la famille. Lorsque manque une préparation intégrale au mariage, qui respecte les étapes progressives de la croissance des fiancés (cf. Familiaris consortio FC 66), les possibilités de préserver la famille se réduisent.
En revanche, il n'est pas de situation difficile qui ne puisse être affrontée de façon adéquate lorsque l'on cultive un climat cohérent de vie chrétienne. L'amour lui-même, blessé par le péché, est également un amour racheté (cf. CEC, CEC 1608). Il est clair que si manque la vie sacramentelle, la famille cède plus facilement aux pièges, car elle se retrouve sans défense.
Comme il est important de favoriser le soutien familial pour les couples, en particulier les jeunes, de la part de familles spirituellement et moralement solides! Il s'agit d'un apostolat fécond et nécessaire en particulier en ce moment de l'histoire.
4. Je voudrais ajouter, à cet égard, une considération sur le dialogue qui doit être cultivé dans le processus de formation avec les enfants. On manque souvent de temps pour vivre et dialoguer en famille. Souvent, les parents se sentent peu préparés et ont même peur d'assumer, comme il est de leur devoir, la tâche de l'éducation intégrale de leurs enfants. Il peut arriver que ceux-ci, précisément à cause de l'absence de dialogue, rencontrent de graves difficultés à trouver chez leurs parents des modèles authentiques à imiter et aillent chercher ailleurs des modèles et des styles de vie qui se révèlent souvent trompeurs et nuisibles à la dignité de l'homme et du véritable amour. La banalisation de la sexualité, dans une société saturée d'érotisme, et le manque de référence à des principes éthiques, peuvent gâcher la vie des enfants, des adolescents et des jeunes en empêchant leur éducation à un amour responsable et mûr et le développement harmonieux de leur personnalité.
5. Très chers frères et soeurs! Je vous remercie de l'attention que, au cours de votre Assemblée plénière, vous consacrez à un thème aussi actuel et qui me tient tant à coeur. Que Dieu vous aide à vous concentrer sur ce qui est le plus utile pour la famille aujourd'hui. Poursuivez en outre votre travail avec enthousiasme dans la préparation de la Rencontre mondiale des Familles, qui se tiendra à Manille en janvier prochain. Je souhaite de tout coeur que ce rassemblement, que j'ai convoqué à l'occasion de la célébration du Jubilé des Familles, et pour lequel j'ai choisi comme thème: La famille chrétienne: une bonne nouvelle pour le troisième millénaire, favorise la croissance de l'élan missionnaire des familles dans le monde.
Je confie tout cela à Marie, Reine de la Famille. Qu'Elle vous accompagne et vous protège toujours. Je vous bénis avec affection, ainsi que ceux qui collaborent avec vous au service du véritable bien de la famille.
Vénérés frères dans l'épiscopat!
1. "Le Christ a aimé l'Eglise: il s'est livré pour elle, afin de la sanctifier" (Ep 5,25).
J'ai à coeur de rappeler cette affirmation de la Lettre aux Ephésiens en vous recevant aujourd'hui, Evêques du Maranhão, en saisissant cette occasion pour partager avec vous la richesse du ministère pastoral qui nous a été confié par le Christ. En vous rencontrant personnellement ces jours derniers, je me suis profondément réjoui de votre zèle apostolique, dont la source et le modèle est le don de soi du Christ, rapporté par saint Paul.
Je vous embrasse cordialement, bien-aimés frères, et j'embrasse en particulier parmi vous ceux qui ont commencé leur service pastoral ces dernières années. Je remercie des paroles qu'il m'a adressées en votre nom, Mgr Affonso Felippe Gregory, Evêque d'Imperatriz et Président de la Région Nord Est 5, qui a présenté la situation actuelle des communautés chrétiennes qui vous sont confiées et dont je conserve un souvenir plein de reconnaissance, lié à ma deuxième visite pastorale dans votre pays.
2. La mission fondamentale de l'Evêque est celle d'évangéliser, une tâche qui doit être accomplie non seulement de façon individuelle, mais également en tant qu'Eglise; il s'agit d'une mission qui se réalise dans la triple fonction d'enseigner, de sanctifier et de gouverner.
En tant que vicaires et légats du Christ, vous êtes tout d'abord appelés à offrir l'annonce claire et vigoureuse de l'Evangile, de façon à ce qu'elle s'exprime dans toute l'existence du chrétien, quelle que soit la situation. On doit l'annoncer par la parole, sans laquelle la valeur apostolique des bonnes actions diminue ou se perd. On doit l'annoncer à travers les oeuvres de charité, témoignages vivants de la foi, en n'oubliant pas les oeuvres de miséricorde spirituelle à côté des oeuvres matérielles. Il ne faut pas hésiter à associer la Parole du Christ aux activités caritatives parce que l'on aurait peur de ne pas respecter les convictions des autres. Ce n'est pas de la charité que de laisser nos frères sans connaître la vérité; ce n'est pas de la charité que de nourrir les pauvres ou de rendre visite aux malades en leur offrant uniquement des ressources humaines sans leur transmettre la Parole qui sauve. "Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant pour lui grâces au Dieu Père!" (Col 3,17).
3. Comme on le sait, le Maranhão a participé aux débuts de l'histoire de l'évangélisation du Brésil car, dans la deuxième moitié du XVII siècle, son Eglise était suffragante de la Province ecclésiastique de Bahia. Dès le début, votre Etat devint le centre du rayonnement de l'action missionnaire de grandes familles religieuses - jésuites, capucins, mercédaires, etc. - dont un grand nombre offrent, aujourd'hui encore, leur collaboration à l'action pastorale de la plupart de vos diocèses. C'est de ce fait que dérive le sentiment de gratitude élevé au Tout-Puissant, pour l'oeuvre d'évangélisation qui y a été accomplie, et que le Successeur de Pierre désire promouvoir avec "grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ" (Rm 1,7).
L'Evangile prêché avec fidélité par les pasteurs, en tant que "maîtres de la foi" et défenseurs de la vérité qui libère, est un élément qui marquera toujours, comme un dénominateur commun, chacune de nos rencontres. Les difficultés que vous rencontrez dans l'accomplissement de votre tâche pastorale ne me sont pas inconnues: le manque d'emplois et de logements touchant de nombreuses personnes (je pense concrètement aux problèmes liés aux migrations intérieures de la campagne vers les villes), les problèmes relatifs à l'éducation de base et à la santé, à de nombreux secteurs de la société qui, liés aux autres déséquilibres sociaux et à la présence agressive des sectes, constituent des facteurs qui engendrent l'incertitude au moment de définir vos priorités pastorales.
Tout en tenant compte des délicats problèmes sociaux existant dans vos régions, il est nécessaire de ne pas limiter l'action pastorale à la dimension temporelle et terrestre. Il n'est pas possible d'envisager, par exemple, les défis lancés à l'Eglise du Brésil en se limitant à quelques questions, importantes mais circonstantielles, relatives à la politique locale, à la concentration de la terre, à l'environnement ou à d'autres facteurs. Revendiquer pour l'Eglise un modèle de participation à caractère politique où les décisions soient votées par la "base", limitée aux pauvres et aux marginaux de la société, mais privé de la présence de tous les secteurs du Peuple de Dieu, dénaturerait sa signification rédemptrice originelle voulue par le Christ.
4. Le Fils de Dieu lui-même, envoyé par le Père, confia aux Apôtres la mission d'instruire "toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, et leur apprenant à observer tout ce qu'il a prescrit" (cf. Mt 28,19-20). Cette mission solennelle du Christ d'annoncer la Vérité salvifique de la foi fut transmise par les Apôtres aux Evêques, leurs successeurs, appelés à l'apporter jusqu'aux extrémités de la terre (cf. Ac 1,8) "en vue de la construction du Corps du Christ" (Ep 4,12) qui est l'Eglise.
Les Evêques sont appelés par l'Esprit Saint à jouer le rôle des Apôtres, en tant que pasteurs des Eglises particulières. Il sont donc revêtus d'une autorité propre qui "n'est nullement effacée par le pouvoir suprême et universel; au contraire, elle est affermie, renforcée et défendue par lui" (Lumen gentium LG 27). Avec le Souverain Pontife, et sous son autorité, les Evêques ont pour mission de perpétuer l'oeuvre du Christ, Pasteur éternel. De fait, notre Sauveur donna aux Apôtres et à leurs Successeurs le mandat et le pouvoir d'enseigner à toutes les nations, de sanctifier les hommes dans la vérité et de les gouverner (cf. Christus Dominus CD 2).
Avant de réfléchir sur la triple dimension de la mission pastorale, je désire tout d'abord souligner le centre vers lequel toutes vos activités doivent converger: "Le mystère du Christ à la base de la mission de l'Eglise" (Lettre encyclique Redemptoris hominis, n. 11). Celui qui, d'une certaine façon, participe à la mission de l'Eglise doit se développer dans une fidèle adhésion au mandat reçu. Cela vaut tout d'abord pour les Evêques qui ont été, pour ain-si dire, "insérés" de façon particulière dans le mystère du Christ. Revêtus de la plénitude du sacrement de l'Ordre, l'Evêque est appelé à proposer et à vivre le mystère intégral du Maître (cf. Christus Dominus CD 12) dans le diocèse qui lui est confié. C'est le mystère qui contient des "richesses insondables" (Ep 3,8). Conservons ce trésor!
5. Dans le triple ministère des Evêques, comme l'enseigne le Concile Vatican II, la prédication de l'Evangile ressort de manière particulière. Les pasteurs doivent tout d'abord être "les hérauts de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples" (Lumen gentium LG 25). En tant que "fidèle dispensateur de la parole de vérité" (2Tm 2,15), nous devons transmettre en même temps ce que nous-mêmes recevons: non pas notre pauvre parole, bien qu'elle soit sage, car nous ne prêchons pas nous-mêmes, mais la Vérité révélée qui doit être transmise avec fidélité, conformément aux enseignements de l'Eglise.
En ce qui concerne le ministère de l'enseignement, vous vivez dans un climat culturel comportant des problèmes difficiles à résoudre en raison de l'analphabétisme des adultes et des enfants, bien que les chiffres du dernier recensement aient révélé une augmentation encourageante de la durée des études parmi la population la plus pauvre.
Par ailleurs, les indices relatifs à la fragilité du mariage, à la violence sur les enfants et la malnutrition sont toujours présents, il faut y ajouter les problèmes du logement, du manque de réformes de base dans de nombreux secteurs et l'influence évidente, parfois négative, des moyens de communication sociale. En particulier, lorsque ces derniers sont poussés par la mentalité aujourd'hui très diffuse d'exclure de la vie publique les interrogations à propos des vérités ultimes, en reléguant la foi religieuse et les convictions sur les valeurs morales dans le domaine privé. On court ainsi le risque de voir exister des courants qui exercent une forte influence sur la pensée et sur le comportement humain, en excluant le fondement moral chrétien de la société.
Chers frères, vous savez que le devoir fondamental de l'Evêque, en tant que pasteur, est d'inviter les membres des Eglises particulières qui lui sont confiées, à accepter dans toute sa plénitude l'enseignement de l'Eglise à propos des questions de la foi et de la morale. Nous ne devons pas nous décourager si, parfois, l'annonce de la parole n'est accueillie qu'en partie. Avec l'aide du Christ, qui a vaincu le monde (cf. Jn 16,33), la façon la plus efficace d'y remédier est de continuer "à temps et à contre temps" (2Tm 4,2) à diffuser sereinement, mais courageusement, l'Evangile.
Je forme ces voeux en pensant en particulier aux jeunes de votre Etat, qui constituent, par exemple dans la capitale, la moitié de la population. En exerçant le ministère ecclésial de l'enseignement, en union avec vos prêtres et vos collaborateurs de la catéchèse, prêtez une attention particulière à la formation de la conscience morale, qui doit être respectée comme "sanctuaire" de l'homme seul face à Dieu, dont la voix retentit dans l'intimité du coeur (cf. Gaudium et spes GS 16). Toutefois, avec une égale ferveur rappelez à vos fidèles que la conscience est un tribunal exigeant, dont le jugement doit toujours se conformer aux normes morales révélées par Dieu et proposées de façon autorisée par l'Eglise, avec l'assistance de l'Esprit Saint.
Un enseignement clair et univoque sur ces thèmes ne pourra avoir qu'une influence positive sur le retour nécessaire au Sacrement de la Réconciliation, qui est aujourd'hui malheureusement délaissé, même dans les régions catholiques de votre pays.
6. A propos de l'exercice de la mission de sanctifier, "l'évêque doit être considéré comme le grand prêtre de son troupeau; la vie chrétienne de ses fidèles découle et dépend de lui en quelque manière" (Sacrosanctum Concilium SC 41). C'est pourquoi il est, pour ainsi dire, le premier liturgiste de son diocèse et le principal dispensateur des Mystères de Dieu, en organisant, en promouvant et en diffusant la vie liturgique dans l'Eglise particulière qui lui est confiée (cf. Christus Dominus CD 15).
A ce propos, je vous recommande vivement les deux sacrements fondamentaux de la vie chrétienne: le Baptême et l'Eucharistie. Après avoir été élevé à la Chaire de Pierre, j'ai approuvé l'Instruction sur le Baptême des enfants, dans laquelle l'Eglise a confirmé la pratique baptismale concernant les enfants, qu'elle a toujours pratiquée. Dans vos Eglises locales, on insiste à juste titre sur l'exigence d'administrer le Baptême uniquement dans le cas où l'on a l'espérance fondée que l'enfant soit éduqué dans la foi catholique, de façon à ce que le sacrement puisse fructifier (cf. Code de Droit canonique, CIC 868,2). Parfois, cependant, les normes de l'Eglise sont interprétées de façon restrictives, en négligeant le bien le plus profond des âmes. Il arrive alors que, dans certaines circonstances, l'on demande aux parents de reculer, voire que l'on refuse même le Baptême des enfants. Il est juste que les parents et les parrains soient préparés de manière adaptée au baptême des enfants, mais il est également important que le premier sacrement de l'initiation chrétienne soit en particulier considéré comme un don gratuit de Dieu le Père, car "à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu" (Jn 3,5).
En raison de l'exigence, justifiée en soi, de préparer les parents et les parrains, la bonté et la prudence pastorale ne doivent pas manquer. On ne peut pas exiger des adultes de bonne volonté ce pour quoi on ne leur a pas donné une motivation adaptée. Lorsque le Baptême est demandé, on peut en profiter pour commencer à offrir une catéchèse aux parents, qui les rendra capables de mieux comprendre le sacrement et de donner ainsi une éducation chrétienne au nouveau membre de la famille. Quoi qu'il en soit, on ne doit jamais éteindre la mèche qui brûle encore, mais il faut créer de nouveaux processus d'évangélisation, adaptés au monde d'aujourd'hui et aux nécessités de la population. L'Evêque est le premier responsable afin que tous les prêtres, diacres et agents de pastorale fassent preuve de tout le zèle nécessaire, et de toute la bonté et la patience possibles avec les populations les moins instruites.
Une autre tâche fondamentale de votre ministère sacerdotal consiste à réaffirmer le rôle vital de l'Eucharistie comme "source et sommet de toute la vie chrétienne" (Lumen gentium LG 11). Dans la célébration du sacrifice eucharistique, le service des Evêques et des prêtres atteint non seulement son point culminant, mais la vie de tous les autres membres du Corps du Christ y trouve également son centre dynamique. Le manque de prêtres et leur répartition inégale, d'une part, et la réduction inquiétante du nombre de ceux qui fréquentent régulièrement la Messe dominicale, de l'autre, constituent un défi constant pour vos Eglises. Il est évident que cette situation requiert une solution provisoire, afin de ne pas laisser la communauté à l'abandon et risquer un appauvrissement spirituel progressif. C'est pourquoi le caractère sacramentel incomplet de ces fonctions liturgiques, présidées par des personnes non ordonnées (laïcs ou religieux), devrait inciter toute la communauté paroissiale à prier avec une plus grande ferveur, afin que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson (cf. Mt 9,38).
7. Pour finir, je désire souhaite m'arrêter sur la mission de gouverner qui vous a été confiée. En exerçant cette tâche, vous avez sans aucun doute à l'esprit l'image du Bon Pasteur, qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (cf. Mt 20,28).
C'est pourquoi, à cet égard, je vous recommande vivement les prêtres de vos Eglises locales, pour lesquels, en tant qu'Evêques, vous constituez "le principe visible et le fondement de l'unité" (Lumen gentium LG 23). Veiller sur vos prêtres est un service très exigeant, en particulier lorsque les fruits du travail pastoral tardent à venir, et que l'on peut éprouver la tentation de céder au découragement et à la tristesse. De nombreux pasteurs ont l'impression de ne pas travailler dans une vigne évangélique, mais dans une steppe aride.
Je connais le poids des engagements quotidiens liés à votre ministère. Toutefois, je rappelle avec une sollicitude paternelle les paroles claires et pleines de sensibilité du Concile Vatican II: "En raison de cette communion dans le même sacerdoce et le même ministère, les évêques doivent donc considérer leurs prêtres comme des frères et des amis, et se préoccuper, autant qu'ils le peuvent, de leur bien, matériel d'abord, mais surtout spirituel... Qu'ils sachent les écouter volontiers, les consulter même, et parler avec eux de ce qui concerne les exigences du travail pastoral et le bien du diocèse" (Presbyterorum ordinis PO 7). "Les évêques doivent entourer d'une miséricorde active les prêtres qui se trouvent d'une façon ou d'une autre en danger ou qui ont défailli sur quelque autre point" (Christus Dominus CD 16).
8. Vénérés frères, face à l'immensité de la mission qui vous a été confiée, ne vous laissez jamais vaincre par la lassitude ou par le découragement, car le Seigneur ressuscité chemine avec vous et rend vos efforts féconds. Il est vrai que les urgences pastorales sont nombreuses, mais les ressources humaines et spirituelles sur lesquelles vous pouvez compter sont également importantes. C'est à vous que revient la tâche de conduire ce Peuple de Dieu à la plénitude de la réponse fidèle au dessein divin.
Que Marie vous accompagne sur ce chemin, difficile mais enthousiasmant. A chacun de vous, ainsi qu'aux prêtres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles de vos communautés, je donne de tout coeur ma Bénédiction.
Au Vénéré Frère
le Cardinal Fiorenzo ANGELINI
Président émérite du Conseil pontifical pour
la Pastorale des Services de la Santé
1. La célébration à Rome du VI Congrès annuel, promu par l'Institut international de Recherche sur le Visage du Christ, m'offre l'occasion, Monsieur le Cardinal, de vous transmettre mon salut cordial et de vous exprimer ma profonde satisfaction pour la nouvelle contribution que la rencontre ne manquera pas d'apporter à l'étude de cet important sujet. Avec une tenacité exemplaire et un enthousiasme croissant, en vous appuyant sur la collaboration de la Congrégation bénédictine de grand mérite des Soeurs Réparatrices du Saint-Visage de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous continuez ainsi, Vénéré Frère, à inviter d'illustres chercheurs de toutes les parties du monde, riches d'une préparation culturelle des plus variées, à approfondir un thème d'une portée évangélisatrice aussi importante. En effet, le "Royaume de Dieu n'est pas un concept, une doctrine, un programme que l'on puisse librement élaborer, mais il est avant tout une Personne qui a le visage et le nom de Jésus de Nazareth, image du Dieu invisible" (Lettre enc. Redemptoris missio RMi 18, AAS 83, 1991, 282).
Je ne peux pas manquer de vous manifester, Monsieur le Cardinal, ma reconnaissance et mon estime pour avoir choisi, cette année, comme thème d'approfondissement de la doctrine, de la spiritualité et de la dévotion au Saint Visage du Christ, le Magistère et le ministère pastoral que j'ai accomplis à ce sujet: un magistère et un ministère qui, depuis la première Encyclique Redemptor hominis (4 mars 1979), jusqu'aux plus récents documents, a fortement privilégié cette référence particulière à la Personne du Christ.
Au terme du grand Jubilé de l'An 2000, je répétais: "L'Eglise n'a-t-elle pas reçu la mission de faire briller la lumière du Christ à chaque époque de l'histoire, d'en faire resplendir le visage également aux générations du nouveau millénaire? Notre témoignage se trouverait toutefois appauvri d'une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d'abord nous-mêmes à contempler son Visage" (Lettre apostolique Novo millennio ineunte NM 6 janvier 2001, n. 16).
2. En favorisant avec zèle et intelligence la contribution de tant d'illustres chercheurs, théologiens, écrivains et artistes à l'étude du Visage du Christ, l'Institut international de Recherche apporte une contribution importante, d'une autorité reconnue, à la présentation de la figure humaine et divine du Christ, au profit du progrès des connaissances tant au niveau de la réflexion théologique qu'au niveau de la pratique pastorale.
Sur le plan de la réflexion théologique, étant donné que "le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné" (Gaudium et spes GS 22), l'étude sur le Visage du Christ, préfiguré dans les Psaumes et dans les Prophètes et décrit avec une grande richesse d'expressions dans le Nouveau Testament, devient un chemin et une introduction à une connaissance christologique et anthropologique toujours plus approfondie. En outre, sur le plan de la pratique pastorale, dans le Visage du Christ, souffrant et ressuscité, l'Eglise, maîtresse d'humanité, reconnaît le visage le plus vrai et le plus profond de l'homme auquel le Christ offre la rédemption et le salut. La contemplation du Visage du Christ reprend et repropose donc une théologie vécue des saints, que nous pouvons considérer comme le témoignage le plus lumineux de la véritable sequela de Jésus et comme le soutien le plus valable pour une catéchèse chrétienne efficace dans notre temps.
Monsieur le Cardinal, la valeur oecuménique de la contemplation du Visage du Christ ne peut pas non plus nous échapper: dans la recherche toujours plus approfondie de ces traits saints, Orient et Occident se rencontrent et s'intègrent, comme le démontrent les contributions à cet égard, illustrées dans les Congrès que l'Institut international de Recherche sur le Visage du Christ a consacrés à ce thème.
3. En formant le souhait que ce VI Congrès sur le Visage du Christ soit lui aussi fécond de fruits de bien, je vous prie, Monsieur le Cardinal, de vous faire l'interprète de ma présence spirituelle aux travaux du Congrès, en transmettant mon salut et mes voeux aux illustres rapporteurs, aux participants et à tous ceux qui, sous les formes les plus diverses, accomplissent l'activité et les initiatives de cet Institut international. En particulier, veuillez transmettre mon encouragement affectueux aux Soeurs de la Congrégation bénédictine des Soeurs Réparatrices du Saint Visage de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui avec un dévouement louable, vous accompagnent dans votre action toujours zélée.
En confiant, Vénéré Frère, à l'intercession céleste de la Très Sainte Vierge, votre travail et celui de tous ceux qui, de diverses façons, prennent part au Congrès, je donne à tous de tout coeur une Bénédiction apostolique particulière.
Du Vatican, le 19 octobre 2002.
IOANNES PAULUS II
Très chers frères et soeurs!
1. Je suis très heureux de vous accueillir à nouveau ce matin. Je vous salue tous avec affection. Je salue en particulier les Cardinaux, mes confrères dans l'Episcopat et dans le sacerdoce, les religieux et les religieuses.
Nous sommes au mois d'octobre, un mois consacré de manière particulière à la récitation du Rosaire, "une prière aimée de nombreux saints" (Lett. ap. Rosarium Virginis Mariae, n. 1). Dans ce contexte, nous voulons réfléchir encore une fois sur les "grandes choses" accomplies par Dieu à travers les nouveaux bienheureux, que l'Eglise nous présente comme des modèles à imiter et qui sont nos puissants intercesseurs auprès de Dieu.
2. Je suis heureux d'accueillir les pèlerins qui sont venus d'Ouganda, accompagnés par le Cardinal Emmanuel Wamala, ainsi que d'autres lieux d'Afrique et d'autres régions du monde pour célébrer la béatification du bienheureux Daudi Okelo et du bienheureux Jildo Irwa. Comme nous l'observions hier, ces deux jeunes catéchistes sont un exemple lumineux de fidélité au Christ, d'engagement dans la vie chrétienne et de dévouement généreux au service du prochain. Avec une solide espérance en Dieu et une foi profonde dans la promesse de Jésus d'être toujours avec eux, ils décidèrent d'apporter la Bonne Nouvelle du salut à leur concitoyens, en acceptant pleinement les difficultés et les dangers qu'ils savaient devoir affronter. Puisse leur témoignage servir à vous affermir dans le témoignage véritablement chrétien que vous cherchez à apporter, dans tous les aspects de votre vie. A travers leur intercession, puisse l'Eglise être un instrument toujours plus efficace de bonté et de paix en Afrique et dans le monde. Que Dieu bénisse l'Ouganda!
3. Je m'adresse à présent aux pèlerins du diocèse de Trévise, accompagnés par leur Evêque, Mgr Paolo Magnani, qui se réjouissent de l'élévation à la gloire des autels d'un de leurs pasteurs zélé et éclairé, Andrea Giacinto Longhin. A leurs côtés, je salue également avec affection les bien-aimés Frères mineurs capucins.
Mgr Longhin consacra une grande attention à la formation du clergé. Dans son testament spirituel, il voulut réserver une pensée particulière à ses prêtres, en les exhortant ainsi: "Faites-vous, faites-vous saints!". Il se montra toujours pour eux un père attentif et prévenant, comme il le fut pour tous ses fidèles, en particulier les humbles et les pauvres.
La fécondité du ministère épiscopal du bienheureux Longhin s'exprima notamment à travers les trois visites pastorales accomplies dans le diocèse, la célébration du Congrès eucharistique et du Congrès catéchétique, la réalisation de ce qui peut véritablement être considéré comme son chef d'oeuvre: le Synode diocésain. Ainsi continue-t-il à être un exemple très actuel de véritable évangélisation.
4. Une profonde ardeur missionnaire distingue également la vie et la spiritualité du bienheureux Marcantonio Durando. Je suis heureux de saluer le Cardinal Severino Poletto, Archevêque de Turin, ainsi que les pères de la Congrégation de la Mission et tous ceux qui appartiennent à la grande famille religieuse de saint Vincent qui se réjouit que l'un de ses membres les plus illustres soit inscrit dans l'Album des bienheureux.
Il fut défini par l'un de ses confrères "le saint Vincent d'Italie", et il resplendit d'une extraordinaire charité, qu'il sut insuffler à toutes les oeuvres auxquelles il prit part: de l'activité de guide de la communauté, aux missions populaires; de l'animation des Filles de la Charité, à l'initiative des "Miséricordes", une véritable anticipation des centres modernes d'écoute et d'assistance pour les pauvres; jusqu'à la fondation des "Soeurs nazaréennes", avec pour tâche l'assistance permanente des malades à domicile.
Combien avons-nous besoin encore aujourd'hui de ce rappel profond des racines de la charité et de l'évangélisation! A l'exemple du bienheureux Marcantonio, sachons nous mettre au service des pauvres et des plus démunis qui, malheureusement, ne manquent pas non plus dans la société actuelle du bien-être.
5. Chers pèlerins venus célébrer la la béatification de Marie de la Passion, je suis heureux de vous accueillir. Je salue la Supérieure générale des Franciscaines Missionnaires de Marie, ainsi que la nouvelle équipe de conseillères. Chères soeurs, je rends grâce pour votre vocation qui unit contemplation et mission et pour le témoignage précieux de vos communautés internationales, signe de fraternité et de réconciliation pour les peuples. Je vous encourage à y faire grandir toujours plus l'amour fraternel, dans un climat empreint de joie et de simplicité franciscaines. Je vous invite à poursuivre, avec charité et dans la vérité, le dialogue entrepris avec les cultures. Puissiez-vous, en approfondissant la riche spiritualité de votre fondatrice, faire découvrir aux jeunes la joie de se donner tout entier au Christ! Aux fidèles présents, aux Franciscaines Missionnaires de Marie, aux personnes qui oeuvrent avec elles et à celles qui bénéficient de leur apostolat, j'accorde de tout coeur la Bénédiction apostolique.
6. Je salue enfin les pèlerins venus à Rome, avec leur Evêque, Mgr Antonio Mattiazzo, pour la béatification de Liduina Meneguzzi, en particulier les chères Soeurs de saint François de Sales, plus connues sous le nom de Soeurs salésiennes. La dimension la plus vivante et la plus concrète qui transparaît de l'existence de Soeur Liduina, est une âme profondément missionnaire. En Afrique, elle se fit "toute pour tous" dans la charité, en assistant les blessés, en encourageant les affligés et en réconfortant les mourants.
Soeur Liduina nous encourage à aimer la vie de son premier bourgeon à son crépuscule naturel; à respecter chaque personne humaine, en trouvant dans le don généreux et désintéressé de soi la réponse à l'amour de Dieu. Tel est le message chargé de joie et d'optimisme par lequel la nouvelle bienheureuse nous invite à nous ouvrir généreusement à l'action de la grâce de Dieu.
7. Très chers frères et soeurs! Que les nouveaux bienheureux entraînent et soutiennent notre chemin vers le Seigneur. Que nous accompagne également la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie que, en particulier en ce mois d'octobre, nous invoquons avec la récitation du Rosaire.
Tout en confiant vos personnes et toutes vos activités à l'intercession céleste de la Vierge et des nouveaux bienheureux, je vous bénis de tout coeur, ainsi que ceux qui vous sont chers et ceux que vous rencontrez dans votre service missionnaire et caritatif.
Discours 2002 - MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II AU PRIEUR GÉNÉRAL DE L'ORDRE DES CARMES