Discours 2002 - Lundi 28 octobre 2002
1. Je suis particulièrement heureux de vous adresser mon salut cordial, à vous tous qui participez à la septième Séance publique des Académies pontificales, qui sont engagées avec une grande générosité, chacune dans son propre domaine de recherche et d'initiative, à promouvoir de façon efficace un nouvel humanisme chrétien pour le troisième millénaire.
J'adresse une pensée affectueuse à Monsieur le Cardinal Paul Poupard, Président du Conseil de coordination entre les Académies pontificales, et je le remercie des nobles paroles qu'il a voulu m'adresser au nom des participants. Avec lui, je salue Messieurs les Cardinaux et les Ambassadeurs ici présents, les Evêques et les prêtres, ainsi que toutes les personnes présentes.
2. Cette assemblée des Académies pontificales est consacrée à la réflexion mariologique et a été préparée par l'Académie pontificale mariale internationale et par l'Académie pontificale de l'Immaculée. J'adresse un salut particulier aux deux présidents, aux brillants intervenants, ainsi qu'aux Académiciens présents.
Pour le thème de cette Séance, Marie "aurore lumineuse et guide sûre" de la nouvelle évangélisation, vous avez voulu reprendre les paroles par lesquelles je concluais ma Lettre apostolique Novo millennio ineunte, en confiant à Marie, Mère de Dieu et de tous les croyants, l'avenir du nouveau millénaire et le chemin de l'Eglise. Une fois de plus, j'ai voulu la désigner comme "Etoile de la nouvelle évangélisation", pour qu'elle soit vraiment, dans le coeur et dans l'esprit de chaque disciple du Seigneur, l'étoile qui illumine et guide sur le chemin vers le Christ.
3. Qui, plus que Marie, que la Vierge Mère, peut nous aider et nous encourager dans cette tâche? Qui plus qu'elle peut nous apprendre à contempler et à aimer ce Visage qu'elle a fixé avec un immense amour et un dévouement total, de l'instant de sa naissance jusqu'à l'heure de la Croix, puis à l'aube de la Résurrection? L'Evangile de Luc nous dit, au moins par deux fois, que Marie "conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur" (Lc 2,19 Lc 2,51). Le coeur de Marie est un précieux écrin dans lequel sont conservées pour nous aussi les richesses du Christ.
S'il est vrai, comme l'affirme le Concile Vatican II dans la Constitution Gaudium et spes, qu'il n'y a que dans le mystère du Christ que s'éclaircit pleinement le mystère de l'homme (cf. GS GS 22), et donc également le mystère de cette fille exceptionnelle de la famille humaine que fut Marie (cf. Lett. enc. Redemptoris Mater RMA 4), il n'en est pas moins vrai que sur le visage du Christ et dans les traits de son humanité se reflètent les particularités de sa mère, son style d'éducation, sa façon d'être et de sentir. C'est pourquoi, si nous voulons contempler en profondeur le visage du Christ, nous devons faire appel à Marie qui, en accueillant le projet de Dieu, a "façonné" de manière très singulière le Fils, en accompagnant pas à pas sa croissance.
Nous pouvons donc nous aussi accueillir l'invitation que saint Bernard adresse au plus grand des poètes, Dante Alighieri: "Je regarde désormais dans le visage qui le plus rappelle celui / du Christ, car seule sa clarté / peut te disposer à voir le Christ" (Par. XXXII, 85-87). Marie est vraiment l'aurore lumineuse de la nouvelle évangélisation, la guide sûre du cheminement de l'Eglise dans le troisième millénaire.
4. L'engagement théologique, culturel et spirituel de tous ceux qui, à commencer par vous, chers académiciens de l'Académie pontificale mariale internationale, et l'Académie pontificale de l'Immaculée, réfléchissent sur la figure de la Très Sainte Vierge Marie, pour la connaître de manière toujours plus approfondie, revêt donc une grande importance. Cela suppose également une recherche interdisciplinaire qui développe la réflexion mariologique, en explorant de nouvelles sources, en plus des sources plus traditionnelles, pour en tirer des éléments supplémentaires d'approfondissement théologique. Je pense, par exemple, aux saints et à leur expérience personnelle, ou à l'art chrétien, qui a toujours trouvé en Marie un de ses sujets de prédilection, et à la piété populaire qui, en privilégiant la dimension "affective", nous a laissé des témoignages importants sur la mission de Marie dans la vie de l'Eglise.
Le cent-cinquantième anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de Marie offrira une occasion propice d'intensifier cet engagement. Les deux Académies pontificales mariales, chacune dans son domaine d'activité propre et avec ses compétences spécifiques, sont appelées à apporter toute leur contribution, afin que cet anniversaire soit l'occasion d'un effort théologique, culturel et spirituel renouvelé pour transmettre aux hommes et aux femmes de notre temps le sens et le message le plus authentique de cette vérité de foi.
5. Très chers frères et soeurs, chacun de vous sait désormais que j'ai voulu instituer le Prix des Académies pontificales pour encourager l'engagement des jeunes étudiants et des institutions qui consacrent leur activité à la promotion de l'humanisme chrétien. En acceptant la proposition du Conseil de coordination entre les Académies pontificales, je suis heureux de remettre ainsi, en cette solennelle occasion, ce Prix à Mme Rosa Calì, pour sa thèse de doctorat intitulée Les textes anti-mariologiques dans l'exégèse des Pères de Nicée à Chalcédoine. Je souhaite, en outre, offrir en signe d'estime et d'encouragement une médaille du Pontificat au Père Stanislaw Bogusz Matula et à Soeur Philomena D'Souza, pour les précieuses études qu'ils ont menées.
Enfin, en concluant cette Séance solennelle, je voudrais dire à tous les académiciens à quel point j'apprécie l'activité qu'ils accomplissent, et exprimer le souhait d'un engagement renouvelé et courageux dans le domaine théologique, spirituel et pastoral tertio millennio ineunte. Avec ces sentiments, je confie chacun de vous à la protection maternelle de la Vierge Marie, et j'accorde de tout coeur à chacun de vous une Bénédiction apostolique particulière.
La VII Séance publique des Académies pontificales s'est déroulée sur le thème "Marie "aurore lumineuse et guide sûre" de la nouvelle évangélisation". Elle a été ouverte solennellement par l'allocution du Card. Paul Poupard, Président du Conseil pontifical de la Culture et du Conseil de coordination entre les Académies pontificales. Le Cardinal a approfondi l'aspect de l'"inculturation de la figure de la Vierge Marie", en réaffirmant que ce n'est qu'à travers un engagement culturel convaincu et aux ramifications profondes qu'il "sera possible d'annoncer, de communiquer et de transmettre, dans les différentes cultures, à côté des vérités fondamentales de la foi chrétienne, tout ce qui concerne également la Mère de Dieu, pour que sa figure continue à être, véritablement et de manière efficace, significative pour l'existence chrétienne, comme elle l'a été durant les deux derniers millénaires".
La Séance a été organisée par les deux Académies qui ont au coeur de leur activité la figure de Marie: l'Académie pontificale mariale internationale et l'Académie pontificale de l'Immaculée. Au nom des deux Académies organisatrices, S.Exc. Mgr Angelo Comastri, Prélat de Lorette et Vice-Président de l'Académie pontificale de l'Immaculée, et le Père Stefano De Fiores, mariologue, conseiller de l'Académie pontificale mariale internationale, ont approfondi le thème de réflexion.
La Séance s'est conclue avec la remise, par le Pape Jean-Paul II, du Prix des Académies pontificales à Mme Rosa Calì, pour sa thèse de doctorat sur "Les textes anti-mariologiques dans l'exégèse des Pères de Nicée à Chalcédoine". Le Pape a également remis une médaille du Pontificat - "en signe d'estime et d'encouragement" pour les études qu'ils ont menées - au Père Stanislaw Bogusz Matula et à Soeur Philomena D'Souza.
Chers Missionnaires de Mariannhill,
Je vous salue avec affection dans le Seigneur, à l'occasion de votre Chapitre général, et j'adresse mon encouragement chaleureux au Supérieur général nouvellement élu, le Père Dieter Gahlen. Au début du troisième millénaire chrétien, la Congrégation des Missionnaires de Mariannhill, tout comme l'Eglise en général, est confrontée au défi de "repartir du Christ" (cf. Novo Millennio ineunte, chap. III). En accord avec le thème choisi pour votre Chapitre général: "Examiner notre identité et notre spiritualité à l'aube d'une nouvelle ère", votre chemin vers l'avenir est un chemin de renouveau authentique de votre vie consacrée, dans une nouvelle ère de croissance spirituelle et apostolique (cf. Repartir du Christ, n. 19).
Votre Congrégation est le fruit des nombreux dons accordés par le Seigneur à votre fondateur, l'Abbé Franz Pfanner. Ces dons continuent de façonner votre Communauté et, comme j'y avais invité les Instituts de Vie consacrée dans mon Exhortation apostolique post-synodale Vita consecrata, vous êtes vous aussi appelés à "retrouver avec courage l'esprit entreprenant, l'inventivité et la sainteté" de votre fondateur "en réponse aux signes des temps qui apparaissent dans le monde actuel" (VC 37). En effet, ce n'est qu'à travers une fidélité renouvelée à votre charisme fondateur que votre Congrégation pourra faire face avec confiance à la mission d'annoncer le message salvifique de l'Evangile dans un monde de plus en plus globalisé, qui est frappé, de nombreuses façons, par une "crise de sens" et par "une forme de pensée ambiguë" (Fides et ratio FR 81).
C'est pour cette raison que les paroles de Jésus à Pierre d'"avancer en eaux profondes" ("Duc in altum", Lc Lc 5,4) doivent également retentir dans votre vie de missionnaires. Dans la nouvelle ère qui s'ouvre, vous devez être de véritables missionnaires et de véritables saints, car la sainteté est au coeur de votre vocation (cf. Redemptoris missio RMi 90). Comme l'avait bien compris votre fondateur, la sainteté doit être activement recherchée et invoquée. C'est ce qu'il soulignait dans sa devise: Currite ut Comprehendatis - "je vais droit de l'avant, tendu de tout mon être, et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus" (Ph 3,13-14). L'Abbé Pfanner, fervent constructeur du Royaume, un homme qui persévéra avec courage face aux obstacles, vous exhorte à aller "de l'avant dans l'espérance" (Novo Millennio ineunte NM 58) alors que vous répondez à l'appel de Dieu en Jésus-Christ.
Fidèle à la tradition bénédictine-trappiste sur laquelle votre vie consacrée est fondée, votre apostolat missionnaire fleurira et portera du fruit dans la mesure où il sera solidement enraciné dans le principe "Ora et Labora". C'est également de cette manière que vous obtiendrez ce qui est décrit dans votre Instrumentum laboris comme "l'équilibre du missionnaire contemplatif, le témoin qui demeure plongé dans la prière même au coeur de l'urgence de son engagement actif". Je vous exhorte donc à intensifier votre formation sous cet aspect crucial de votre vocation. La prière et la contemplation ne peuvent être considérées comme allant de soi. Il faut apprendre à prier pour pouvoir converser avec le Christ comme des amis intimes (cf. Novo Millennio ineunte NM 32), et la contemplation quotidienne du visage du Christ renforcera en vous la réalité de votre consécration.
Mes très chers frères dans le Christ, dans un monde où le drame humain est trop souvent marqué par la pauvreté, la division et la violence, la "sequela Christi" exige que les personnes consacrées répondent avec courage à l'appel de l'Esprit à une conversion permanente. Pour donner une nouvelle vigueur à la dimension prophétique de leur vocation (cf. Repartir du Christ, n. 1). En tant que missionnaires, votre témoignage du Christ signifie qu'il vous faut vous charger de la Croix, par amour du Seigneur et de votre prochain. Tel est le coeur d'une proclamation authentique de l'Evangile. L'Eglise compte sur votre engagement et votre enthousiasme pour la mission ad gentes, confiante dans le fait que vous contribuerez "de manière particulièrement profonde au renouveau du monde" (Vita consecrata VC 25).
Que la Bienheureuse Vierge Marie, votre Patronne, qui a présenté le Christ comme Lumière des Nations, continue à être votre guide dans tous vos efforts missionnaires. Qu'Anne, sa mère, dont vous avez toujours été de fidèles disciples, aux côtés des nombreux témoins de votre Institut, vous protège et vous encourage le long du chemin vers la sainteté. En vous assurant de mon souvenir dans mes prières, j'accorde de tout coeur à toute la communauté des Missionnaires de Mariannhill, ma Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 26 octobre 2002
IOANNES PAULUS II
Monsieur le Maire,
Messieurs les Représentants de la Ville de Rome!
1. Je suis heureux de vous accueillir à l'occasion de cette audience spéciale pour la remise du titre de Citoyen d'honneur, qu'au nom du bien-aimé peuple de Rome, vous avez décidé de me conférer. Je vous salue en particulier, Monsieur le Maire, et je vous remercie pour les sentiments que vous avez exprimés dans l'aimable discours que vous m'avez adressé. A vos côtés, je salue les administrateurs et les représentants des institutions de cette ville, que j'ai appris à connaître et à apprécier depuis novembre 1946, lorsque je suis arrivé ici comme étudiant. Le lien affectif qui s'est alors noué s'est renforcé en moi durant les vingt-quatre dernières années, au cours desquelles j'ai ressenti chaque jour la proximité et la chaleur de ses habitants.
2. Rome, héritière d'une culture millénaire au sein de laquelle s'est greffée la semence féconde de l'annonce évangélique, ne doit pas uniquement préserver des trésors du passé. Elle est consciente d'avoir un devoir fondamental à accomplir également pour l'avenir, au service de l'humanité d'aujourd'hui et de demain.
Certes, les problèmes ne manquent pas. L'engagement de tous est nécessaire afin de remettre à la postérité le riche patrimoine civil, moral et spirituel de Rome, sur lequel les nouvelles générations puissent s'appuyer au moment où elles s'ouvrent avec confiance à la vie. Dans ce domaine aussi, l'Eglise continuera, comme elle l'a toujours fait, d'accomplir son devoir, dans le respect de ses propres compétences et de celles d'autrui, en recherchant sans cesse, à travers un dialogue sincère, les ententes souhaitables avec la Magistrature de la Ville sur des sujets et des problèmes spécifiques.
3. Monsieur le Maire, votre présence aujourd'hui suscite en moi les mêmes sentiments que ceux éprouvés le 15 janvier 1998, quand il me fut donné de me rendre en visite au Capitole et que je pus m'adresser, dans la Salle du Conseil municipal, aux représentants des citoyens réunis en séance extraordinaire, et saluer ensuite de la Mairie le peuple romain.
L'Evêque de Rome se sent honoré de pouvoir répéter aujourd'hui, avec une richesse de signification particulière, les paroles de l'Apôtre Paul: "Civis romanus sum" (cf. Ac Ac 22,27). Tout en répétant combien j'apprécie le geste qui a été accompli aujourd'hui, j'invoque l'intercession de Marie, Salus populi romani, et des saints Pierre et Paul sur tous ceux qui habitent dans cette ville merveilleuse qui est la nôtre. J'accompagne ces sentiments de ma Bénédiction, que j'étends avec affection à tous mes concitoyens.
Monsieur l'Ambassadeur,
1. Je suis heureux d'accueillir Votre Excellence au Vatican pour la présentation des Lettres qui L'accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume de Belgique près le Saint-Siège et je La remercie vivement de m'avoir transmis le message courtois de Sa Majesté le Roi Albert II. Je Lui saurais gré de bien vouloir exprimer en retour à Sa Majesté mes voeux les meilleurs pour sa personne, pour la Reine Paola, pour la Reine Fabiola et le Prince Philippe, ainsi que pour tout le peuple belge.
2. Comme vous l'avez évoqué, la Belgique a été partie prenante du projet européen dès ses origines et l'a toujours soutenu activement dans les étapes successives de son développement, permettant ainsi au vieux continent, qui avait connu tant de déchirures et de guerres fratricides au long de son histoire, de se donner les moyens d'une paix solide et d'une coopération fructueuse entre les Nations qui le composent. L'Union européenne représente aujourd'hui sur la scène internationale une instance de dialogue et de coopération, qui constitue un appel évident pour beaucoup de peuples du monde qui aspirent au développement et à la paix. Je me réjouis de savoir que votre pays encourage et appuie le processus d'élargissement en cours, de manière à permettre l'intégration progressive des pays d'Europe centrale et de l'Est dans l'Union, promesse d'un avenir nouveau pour tous.
Vous le savez, Monsieur l'Ambassadeur, la construction européenne, qui se réalise peu à peu sous nos yeux, a besoin de la volonté et de la détermination des Autorités, avec le désir de fonder l'Union sur des valeurs communes prenant acte des racines chrétiennes des différents peuples, qui sont une réalité incontournable de l'histoire et de la culture européennes. En effet, l'apport décisif du christianisme et de la vision chrétienne de l'homme à l'histoire et à la culture de différents pays fait partie du trésor commun, et il apparaîtrait pourtant logique que cela soit inscrit dans le projet de la Convention européenne. De plus, il est important que soit reconnue l'existence et la liberté d'action des Églises et des confessions religieuses, comme c'est d'ailleurs déjà le cas dans les constitutions de beaucoup de pays européens.
3. Devant les graves tensions que connaît notre monde au début de ce nouveau millénaire, il faut aux responsables des nations une grande détermination pour lutter efficacement contre le terrorisme, pour réduire les oppositions entre les peuples par les voies du dialogue et de la concertation, mais aussi pour combattre les nombreuses injustices qui suscitent le ressentiment, la haine ou la violence. Je tiens à saluer à cet égard, Monsieur l'Ambassadeur, l'attention renouvelée de votre nation vis-à-vis des pays du continent africain, notamment ceux de la région des Grands Lacs avec lesquels elle a gardé des liens économiques et culturels forts, et qui ont connu et connaissent encore de graves tensions. Il est bon que des pays comme le vôtre s'emploient à aider ces jeunes États à surmonter leurs crises internes et les conflits qui les opposent, en les accompagnant dans la mise en place de structures politiques, économiques et sociales, notamment par la formation de cadres, et en les incitant à pratiquer un dialogue exigeant mais constructif entre toutes les parties en présence. Le Saint-Siège apprécie cette contribution à la paix ainsi que les efforts de solidarité dont fait preuve votre pays envers les plus pauvres sur le plan international.
4. L'Église a toujours prêté une grande attention à la jeunesse, en suscitant beaucoup d'oeuvres consacrées à cet apostolat. C'est particulièrement vrai en Belgique, où les catholiques participent activement à l'éducation des enfants et des jeunes, et où les écoles confessionnelles sont très nombreuses. L'actualité récente a montré d'une manière souvent dramatique la nécessité, dans nos sociétés développées, de protéger les enfants et de s'assurer que l'éducation était bien au service du développement intégral de leurs personnes, que ce soit dans les familles ou à l'école. Il importe pour cela de condamner avec la plus grande vigueur les abus sexuels à l'égard des jeunes. Il faut aussi poursuivre une politique audacieuse de soutien auprès des familles, pour les aider dans leur tâche éducative, notamment en soutenant l'institution du mariage. En tant que lien fondamental entre un homme et une femme, le mariage permet à la famille d'être le lieu stable et équilibré de l'épanouissement des enfants, qui se construisent à partir des liens affectifs en référence aux figures paternelle et maternelle. Il est nécessaire aussi de rappeler et d'honorer la responsabilité des éducateurs, reconnaissant la charge difficile qu'ils assument au nom de la société tout entière, dans la formation humaine, morale et spirituelle des citoyens de demain. Forte de sa longue expérience en ce domaine, l'Église souhaite continuer d'apporter sa loyale contribution à cette tâche exigeante et exaltante de la société tout entière.
5. L'homme, créé par Dieu et appelé à partager sa vie divine, a toujours été au centre de la vision chrétienne du monde, et c'est pourquoi l'Église respecte et défend le don de la vie. Comment pourrait-elle taire sa vive inquiétude et sa réprobation devant les lois votées récemment dans différents pays, qui rendent légale l'euthanasie active, se faisant ainsi les maîtres de la vie et de la mort ? Dans une société où trop souvent seules la bonne santé et la rentabilité semblent compter, il importe de porter un autre regard sur les personnes faibles ou en fin de vie ; en particulier, on apprécie la mise en place et le développement des soins palliatifs pour tous les malades dont la situation le requiert, soins qui permettent de soulager la douleur et d'accompagner dans la dignité ceux qui vont mourir. La reconnaissance du caractère sacré et inviolable de toute personne humaine, qui lui est donné par le Créateur, est en effet le seul véritable rempart contre les violations toujours possibles de sa dignité et de ses droits. Une société qui prendrait le risque de remettre en cause de tels fondements s'exposerait à de bien graves dangers, notamment celui de faire dépendre du seul consensus, toujours sujet à évolution, le droit des personnes et les valeurs fondamentales.
Le respect de tout être humain, à chaque étape de son existence, est d'ailleurs un élément essentiel dans l'éducation à la paix et à la justice, et je souhaite que les responsables politiques, mais aussi les éducateurs et tous ceux qui sont chargés d'éveiller la responsabilité des citoyens, mesurent la profondeur des enjeux et se mobilisent pour la cause de la vie. L'Église, quant à elle, ressent le devoir impérieux d'intervenir, à temps et à contretemps, comme dit l'Apôtre, pour faire entendre la Parole de l'Évangile de la vie et pour éclairer les consciences.
6. Par votre entremise, je voudrais saluer la communauté chrétienne de Belgique et ses pasteurs, et leur apporter mes encouragements. J'apprécie l'attention que vous portez au travail missionnaire accompli par des prêtres et des laïcs issus de Belgique qui, à l'image du Père Damien, ont été les témoins de l'amour de Dieu jusqu'aux extrémités de la terre. Qu'il me soit permis d'évoquer aussi la figure de Mgr Jean Huard, qui vient de nous quitter. Devant la situation de sécularisation grandissante de la société, les catholiques doivent aujourd'hui retrouver, sans peur et sans complexe, la force du témoignage en paroles et en actes. Je sais qu'ils sont fortement engagés dans la vie sociale, auprès de la jeunesse, auprès des migrants, des handicapés, des personnes en difficulté. Je les invite à poursuivre cet engagement au service de leurs compatriotes. Je les encourage encore à travailler, dans tous ces domaines, de concert avec les chrétiens d'autres confessions, pour affermir les liens qui les unissent déjà et pour montrer que l'Esprit d'unité est à l'oeuvre. Qu'ils ne craignent pas de rendre témoignage au Christ, source de leur foi, Homme nouveau, et vrai visage de l'amour de Dieu !
7. Monsieur l'Ambassadeur, vous inaugurez aujourd'hui la noble mission de représenter la Belgique auprès du Saint-Siège. Veuillez accepter mes voeux les meilleurs pour son heureuse réussite et soyez sûr de toujours trouver ici, auprès de mes collaborateurs, un accueil attentif et une compréhension cordiale !
Sur Votre Excellence, sur sa famille, sur les membres de l'Ambassade et sur tous ses compatriotes, j'invoque de grand coeur l'abondance des Bénédictions de Dieu.
Novembre 2002
Dans ces Grottes vaticanes
nous confions
à la miséricorde du Père
avant tout les victimes
du tremblement de terre qui
a frappé le sud de l'Italie
et en particulier
les nombreux enfants
qui ont perdu la vie,
leurs parents
et leurs familles.
Nous prions également pour tous ceux dont le tombeau se trouve en ces lieux et qui attendent la résurrection de la chair: en particulier les Souverains Pontifes, qui ont accompli leur service de Pasteurs de l'Eglise universelle, afin que du ciel, ils participent à la liturgie éternelle.
Très chers frères et soeurs!
1. Je suis heureux d'accueillir aujourd'hui, en même temps que les membres du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux, les Délégués nationaux désignés par les Autorités ecclésiales respectives afin de prendre part à l'Assemblée plénière qui se déroule au cours de ces journées à Rome. Je salue cordialement chacun de vous et, en particulier, le Cardinal Jozef Tomko, Président du Comité susmentionné, que je remercie des paroles cordiales qu'il m'a adressées au nom des personnes présentes. J'étends mon salut au Cardinal Juan Sandoval Iñiguez, Archevêque de Guadalajara, ville dans laquelle se déroulera le prochain Congrès eucharistique international.
Votre Assemblée a consacré une attention particulière à ce Congrès, dont le thème sera: "L'Eucharistie, Lumière et Vie du nouveau millénaire".Le millénaire a commencé depuis peu, mais l'on voit déjà clairement combien la lumière de Jésus-Christ et la vie qu'Il offre dans l'Eucharistie est nécessaire pour l'humanité tout entière et pour l'Eglise.
Ce début ne manque pas, en effet, d'ombres menaçantes. Il est donc nécessaire de présenter à nouveau à l'humanité la "lumière véritable, qui éclaire tout homme, [qui vient] dans le monde" (Jn 1,9), le Verbe incarné qui a voulu rester avec nous d'une façon aussi significative que celle de l'Eucharistie. Dans ce Sacrement, Jésus est présent à travers le don de lui-même "pour la vie du monde" - "pro mundi vita" -, et donc également pour la vie de notre monde tel qu'il est, avec ses lumières et ses ombres. L'Eucharistie est l'expression sublime de l'amour de Dieu incarné, un amour constant et efficace.
2. Le but principal du Comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux est celui de "faire toujours mieux connaître et aimer le Seigneur Jésus dans son mystère eucharistique, centre de la vie de l'Eglise et de sa mission pour le salut du monde" (Statuts). Il s'agit d'un objectif très élevé que le Comité poursuit, d'une part, en promouvant la célébration périodique des Congrès eucharistique, et, de l'autre, en encourageant les initiatives visant à développer la dévotion à l'égard du Mystère eucharistique. A travers votre travail apostolique, vous réalisez l'enseignement du Concile Vatican II, qui présente l'Eucharistie comme "la source et le sommet de toute la vie chrétienne" (Lumen gentium LG 11).
Les Congrès eucharistiques internationaux ont désormais une longue histoire dans l'Eglise et ils ont pris toujours plus clairement la caractéristique de la "Statio Orbis", qui souligne la dimension universelle de cette célébration. En effet, il s'agit toujours d'une fête de la foi autour du Christ Eucharistie à laquelle participent non seulement les fidèles d'une Eglise particulière ou d'une seule nation mais, autant que possible, de diverses parties du monde. C'est l'Eglise qui se rassemble autour de son Seigneur et de son Dieu.
A ce propos, l'oeuvre des Délégués nationaux, nommés par les Autorités respectives des Eglises de l'Occident et de l'Orient, est plus que jamais importante. Ils sont appelés à sensibiliser leurs Eglises sur le thème du Congrès international, en particulier au cours de sa période de préparation, afin qu'il devienne un événement fondamental à partir duquel se déverseront dans les Eglises particulières des fruits de vie et de communion.
3. L'Eucharistie occupe la place centrale dans l'Eglise, car c'est elle qui "fait l'Eglise". Comme l'affirme le Concile Vatican II, en rapportant les paroles du grand Augustin, elle est "sacramentum pietatis, signum unitatis, vinculum caritatis" - "sacrement de piété, signe d'unité, lien de charité" (Sacrosanctum Concilium SC 47). Et saint Paul dit: "Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique" (1Co 10,17). L'Eucharistie est source d'unité dans l'Eglise. Le Corps eucharistique du Seigneur alimente et soutient le Corps mystique.
Les Congrès eucharistiques internationaux contribuent également à cette finalité purement ecclésiale. La participation des fidèles de diverses provenances à un tel événement eucharistique symbolise, en effet, l'unité et la communion. Les Délégués nationaux peuvent emporter dans leurs communautés l'esprit de ferveur eucharistique et de communion que l'on vit en ce temps de profonde adoration, de contemplation, de réflexion et de partage. Le Congrès, vécu en profondeur, est un feu pour forger des animateurs de communautés eucharistiques vivantes et évangélisatrices des groupes qui ne connaissent pas encore la profondeur de l'amour qui se cache dans l'Eucharistie.
4. Très chers frères et soeurs, l'apostolat eucharistique auquel vous consacrez vos efforts constitue certainement une réponse à l'invitation du Seigneur: "Duc in altum!". Persévérez dans celle-ci avec application et passion, en animant et en diffusant la dévotion eucharistique dans toutes ses expressions. Dans votre service ecclésial, laissez-vous toujours guider par un authentique esprit de communion, en favorisant la collaboration effective entre le Comité eucharistique pontifical et les Comités nationaux.
J'accompagne ces voeux de l'assurance de ma prière et de la Bénédiction apostolique, que je vous donne de tout coeur, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères.
Soixante participants ont pris part à l'Assemblée plénière, qui s'est tenue à Rome du 5 au 7 novembre 2002, en présence des Délégués nationaux de tous les continents, afin de préparer le prochain Congrès eucharistique international, qui aura lieu à Guadalajara, au Mexique, du 10 au 17 octobre 2004, sur le thème: "L'Eucharistie, lumière et vie du nouveau millénaire".
Le Comité pour les Congrès eucharistiques internationaux, présidé par le Cardinal Jozef Tomko, fut institué en 1879 par le Pape Léon XIII. Par la suite, en 1986, Jean-Paul II lui accorda le titre de pontifical. Parmi les nouveaux statuts, approuvés en cette même année, l'objectif principal du Comité est "de faire toujours mieux connaître, aimer et servir Notre Seigneur Jésus-Christ dans son mystère eucharistique, centre de la vie de l'Eglise et de sa mission pour le salut du monde". Parmi les diverses compétences du Comité pontifical se trouvent également les suggestions présentées au Saint-Père concernant la date et le lieu du Congrès. Le Comité offre en outre son assistance au Comité local et aux Délégués nationaux chargés de la préparation et de la réalisation des Congrès eucharistiques internationaux.
A la rencontre était présent le Cardinal mexicain Juan Sandoval Iñiguez, Archevêque de Guadalajara, ville où se déroulera le prochain Congrès.
Discours 2002 - Lundi 28 octobre 2002