Discours 2004 - Jeudi 27 mai 2004
Votre Excellence,
Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui, tandis que vous présentez les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République démocratique socialiste du Sri Lanka près le Saint-Siège. Je vous remercie des salutations cordiales que vous me transmettez de la part du Président Chandrika Bandaranaike Kumaratunga, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre mes meilleurs voeux, ainsi que l'assurance de mes prières afin que Dieu tout-puissant accorde au peuple du Sri Lanka tout entier un avenir de paix et de prospérité.
Votre Excellence, vous avez souligné l'importance de la reprise des pourparlers de paix, de la promotion du dialogue et de la négociation en vue de parvenir à une résolution politique de l'agitation civile persistante au Sri Lanka. En effet, le cessez-le-feu actuel représente une occasion précieuse pour les deux parties en conflit de réfléchir afin d'édifier la confiance et une paix durable, fondées sur le respect pour les différences et un engagement à la réconciliation, à la justice et à la solidarité. Je souhaite que les progrès accomplis dans le processus de paix servent également d'encouragement à la Communauté internationale, en vue d'offrir un soutien et une aide, alors que le Sri Lanka doit affronter la tâche délicate de la reconstruction et de la poursuite d'un développement solide au bénéfice du peuple tout entier.
Dans ce contexte, j'apprécie beaucoup votre référence à la longue tradition du Sri Lanka de tolérance et de diversité religieuse en tant que don précieux qui doit être protégé et promu. En collaboration avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, les fidèles des diverses religions ont un rôle particulier à jouer dans la promotion de la réconciliation, de la justice et de la paix dans tous les domaines de la société. Précisément grâce à leurs convictions communes en ce qui concerne le caractère sacré de la création, la dignité de chaque personne, et l'unité de toute la famille humaine, ils sont appelés à oeuvrer ensemble afin de jeter les bases spirituelles d'une authentique harmonie sociale. Je renouvelle le voeu que j'ai exprimé au cours de ma visite pastorale au Sri Lanka afin que tous poursuivent sur "cette voie, qui est certainement celle qui est le plus en accord avec son histoire et le génie de son peuple" (Discours lors de la cérémonie de départ, Colombo, 21 janvier 1995). Une société multiethnique et multireligieuse comme le Sri Lanka trouvera certainement dans ses riches traditions culturelles et spirituelles l'inspiration nécessaire pour édifier l'unité dans la diversité, dans un esprit de solidarité qui reconnaît les valeurs et la contribution de chacun de ses membres.
Bien que la communauté catholique du Sri Lanka forme une minorité, elle est pleinement engagée à poursuivre cet objectif et s'efforce, à travers ses écoles et ses Institutions caritatives d'être un instrument de paix, en enseignant la tolérance et le respect, en particulier aux jeunes qui sont l'avenir de la nation. L'Eglise désire apporter sa contribution au processus de paix actuel. En tant que citoyens du Sri Lanka, les catholiques attendent à juste titre que leurs libertés religieuse et civile soient pleinement garanties, y compris leur droit à proposer aux autres la vérité salvifique qu'ils ont reçue et embrassée. La liberté religieuse, en tant qu'expression de la dignité inviolable de la personne humaine dans sa recherche de vérité, est sans nul doute la base de tous les autres droits humains. Cette liberté qui, comme vous l'avez souligné, inclut également le droit à adopter la religion ou la croyance de son choix, est reconnue depuis longtemps comme un droit humain fondamental par la Communauté internationale et a été inscrit dans la Constitution de votre pays.
C'est précisément au nom de la liberté religieuse que l'Eglise catholique, en accomplissant sa mission, déplore fermement toutes sortes de violence perpétrées contre les autres au nom de la religion. De même, elle rejette toute forme de prosélytisme, entendu comme la tentative de violer la liberté de conscience d'une autre personne à travers la contrainte morale ou financière. De tels actes représentent une atteinte contre la véritable nature de la religion, qui est comprise comme "une source inépuisable de respect mutuel et d'harmonie entre les peuples; bien plus, [...] le véritable antidote contre la violence et les conflits" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002, n. 14). Je profite de cette occasion pour réaffirmer ma conviction selon laquelle le dialogue respectueux et la coopération constante entre les responsables religieux et les autorités civiles demeurent la meilleure façon de parvenir à une solution durable des questions délicates soulevées par les actes de fanatisme et l'agression associée à certaines personnes et groupes, tout en garantissant dans le même temps les exigences de justice et l'exercice de la liberté religieuse.
Votre Excellence, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière tandis que vous vous apprêtez à exercer vos hautes responsabilités. Je suis assuré que l'accomplissement de vos fonctions diplomatiques contribuera à renforcer davantage les relations amicales existant entre le Sri Lanka et le Saint-Siège. Sur vous et sur tous ceux que vous servez, j'invoque cordialement des Bénédictions de sagesse, de joie et de paix de Dieu tout-puissant.
Votre Excellence,
C'est avec plaisir que je vous accueille au Vatican aujourd'hui, et que j'accepte les Lettres de Créance qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Suriname près le Saint-Siège. J'apprécie beaucoup votre référence à la volonté du Président Venetiaan en vue d'une coopération étroite entre votre pays et le Saint-Siège, et je vous prie de bien vouloir lui transmettre mes salutations cordiales. J'offre au gouvernement et au peuple du Suriname l'assurance de mes prières pour la paix et la prospérité de la nation.
Les relations diplomatiques de l'Eglise font partie de sa mission de service à la famille humaine et visent de façon spécifique à promouvoir la paix et l'harmonie entre les peuples du monde. Ce sont là des conditions essentielles pour progresser sur la voie du bien commun et du développement intégral des personnes et des nations, qui ne peuvent être atteints que si la dignité propre à chaque être humain est protégée par les structures législatives d'une nation et affirmée par ses Institutions civiles.
Dans votre pays, Monsieur l'Ambassadeur, dont les traditions culturelles et religieuses sont particulièrement riches, l'importance de reconnaître la dignité humaine naturelle de tout individu est évidente. Sans une défense vigoureuse et la promotion des valeurs communes enracinées dans la nature même de la personne humaine, la coexistence pacifique des communautés de diverses origines ethniques et religieuses serait privée d'une base solide. De plus, dans des situations de pluralisme culturel et religieux, il est de plus en plus évident que la compréhension mutuelle et le respect des différences jouent un rôle vital pour sauvegarder l'unité nationale nécessaire au véritable progrès et pour assurer que le spectre redouté du conflit interreligieux et interethnique ne réapparaisse. A cet égard, je suis heureux de noter les contributions louables apportées par le Conseil des Eglises chrétiennes et le Conseil interreligieux, établis il y a longtemps, tous deux particulièrement actifs pour aider la société du Suriname à se développer plus étroitement en conformité avec la dignité et les droits de ses citoyens.
Comme vous l'avez souligné, le Suriname, ainsi que le reste de la communauté mondiale, doit faire face aux problèmes urgents du monde actuel, toujours plus mondialisé, et du nouvel ordre international naissant. Bien que la mondialisation en elle-même soit un phénomène neutre, je n'ai pas hésité à faire part de mes préoccupations face à une mondialisation qui aggrave les conditions des personnes dans le besoin, qui ne contribue pas suffisamment à résoudre les situations liées à la faim, à la pauvreté et aux inégalités sociales, et qui ne préserve pas l'environnement naturel. Pour combattre ces injustices, la Communauté internationale doit s'efforcer de garantir que la mondialisation soit éthiquement responsable, en traitant tous les peuples comme des partenaires égaux et non pas comme des instruments passifs. De cette façon, la mondialisation peut servir toute la famille humaine, ne bénéficiant plus uniquement à quelques privilégiés, mais en contribuant au progrès du bien commun pour tous (cf. Assemblée plénière de l'Académie pontificale des Sciences sociales, 2 mai 2003).
Un sens accru d'interdépendance économique, politique et culturelle exige une solidarité croissante entre les nations développées et les nations en voie de développement. Un signe certain de l'engagement positif de la Communauté internationale au bien commun, que cette solidarité soutient, est la reconnaissance croissante du besoin urgent de soulager la pauvreté, partout où elle se trouve (cf. Lettre apost. Novo Millennio Ineunte NM 14). Pour sa part, le Saint-Siège continuera de soutenir les objectifs du Millénaire pour le Développement, ainsi que les nouvelles initiatives telles que le Projet de Financement international, qui se propose comme double objectif de financer les projets de développement durable et d'atteindre l'objectif de consacrer 0,7 % du PNB à l'assistance. La réduction de la dette écrasante qui paralyse de nombreux pays en voie de développement est essentielle, si l'on veut que leur potentiel économique soit exploité.
L'exercice de la solidarité exige également un effort sincère au sein de chaque société (cf. Lettre encyclique Sollicitudo Rei Socialis, n. 39). Si le progrès international authentique doit être accompli en suivant la voie de la collaboration équitable, alors aux gestes concrets d'assistance de la part des nations riches doivent correspondre une transparence et une responsabilité politiques de la part de ceux qui reçoivent ces dons. Un gouvernement responsable, le maintien de la loi et de l'ordre dans le pays, ainsi que la participation de tous les secteurs de la société en vue de soutenir les Institutions civiles engagées dans le développement authentique de la nation, représentent des éléments qui ont tous un rôle particulier à jouer pour contribuer à une culture de la paix et de la collaboration. Voilà certaines des conditions nécessaires pour attirer dans votre nation les investissements en vue de stimuler la croissance économique nécessaire et permettre aux Surinamiens vivants à l'étranger de rentrer dans leur patrie avec une perspective d'emploi et un avenir certain.
Pour sa part, l'Eglise catholique au Suriname doit, de même, continuer d'aider à atteindre les objectifs de la paix et de la prospérité. Fidèle à sa mission spirituelle et humanitaire, elle joue un rôle actif dans les initiatives interreligieuses et multiculturelles qui visent à servir le bien-être de la population. A travers ses nombreuses églises, ses infrastructures médicales et ses programmes de développement communautaires, l'Eglise cherche à édifier un avenir meilleur pour le pays. Dans le cadre de ce service, elle ne recherche ni pouvoir, ni privilège, mais uniquement la liberté d'exprimer sa foi et son amour dans des oeuvres de bien, de justice et de paix.
Monsieur l'Ambassadeur, tandis que vous entrez dans la communauté diplomatique accréditée près le Saint-Siège, je vous assure de l'assistance des divers bureaux et organismes de la Curie Romaine. Puisse votre mission servir à renforcer les liens de compréhension et de coopération entre le Suriname et le Saint-Siège, qui se sont approfondis depuis l'établissement des relations diplomatiques, il y a dix ans. Sur vous et sur vos concitoyens, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.
Monsieur l'Ambassadeur,
1. J’accueille avec plaisir Votre Excellence au Vatican à l'occasion de la présentation des Lettres qui L'accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Tunisienne près le Saint-Siège.
Je vous remercie des paroles aimables que vous m'avez transmises de la part de Son Excellence Monsieur Zine Le Abidine Ben Ali, Président de la République, et je vous saurais gré de lui exprimer en retour mes voeux cordiaux pour sa personne et pour ses compatriotes. Je demande au Très-Haut de soutenir les efforts de tous les Tunisiens pour édifier une société toujours plus fraternelle et solidaire, où chaque citoyen puisse bénéficier du progrès et réaliser ses justes aspirations à vivre dans la justice et dans la paix.
2. Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, la longue tradition de tolérance et d’accueil qui caractérise la Tunisie ainsi que le profond attachement de votre pays à la cause de la paix. Devant la situation internationale actuelle, marquée par la violence intolérable du terrorisme et ébranlée par l’instabilité de plusieurs régions du monde, notamment celle du Moyen-Orient, il est urgent d’unir les efforts des hommes de bonne volonté en faveur de la paix. Le Saint-Siège ne ménage aucune peine pour y parvenir, rappelant notamment à chacun des membres de la communauté internationale ses propres responsabilités en la matière. Comme je l’ai souvent affirmé, seul le recours aux négociations, dans un dialogue franc et exigeant, pourra permettre aux adversaires et aux belligérants de trouver des chemins nouveaux pour résoudre les conflits et pour restaurer une situation de justice et de respect mutuel. J’en appelle donc une nouvelle fois aux personnes qui ont une autorité dans le processus de la guerre. Elles doivent se rappeler que leur première mission est de faire aux hommes et aux peuples le don de la paix, pour que chacun puisse envisager son avenir et celui de sa famille avec confiance et sérénité. La violence et la guerre, nous ne le savons que trop, ne peuvent pas résoudre les conflits. Au contraire, elles engendrent le plus souvent des blessures et des dommages tels qu’ils suscitent des haines durables entre les personnes et les peuples et ruinent, parfois pour longtemps, toute possibilité de dialogue et de respect.
Je me réjouis de la large convergence de vues, que vous avez vous-même soulignée, entre votre pays et le Saint-Siège sur cette question, et je souhaite que nos efforts mutuels soient la source d’avancées significatives pour la paix du monde, car il n’est pas possible de rester passifs devant les drames qui déchirent le monde présent et qui pèsent si lourdement sur les générations à venir. Je pense particulièrement au conflit qui dure depuis tant d’années en Terre sainte et qui blesse gravement la conscience de tous les croyants.
3. La longue expérience de la foi chrétienne dans son dialogue avec les sociétés humaines au long de l’histoire lui a appris que la religion, dans sa véritable essence, est un puissant vecteur d’humanisation pour l’homme. Elle l’invite au respect du Créateur et de sa création ; elle lui découvre sa dignité de créature appelée à soumettre le monde, en orientant son histoire selon les desseins de Dieu, en cherchant toujours la vérité et en se conduisant selon les exigences de la justice et du droit. Ces caractéristiques d’un comportement “humain” s’appliquent aux relations entre les personnes et entre les groupes, au sein de la société, mais elles valent aussi pour les rapports entre les nations, dans l’ordre international. Comme je l’ai rappelé dans mon dernier Message pour la Journée mondiale de la paix, “le droit est la première route à suivre pour atteindre la paix. Les peuples doivent être éduqués au respect de ce droit. Mais on n’arrivera pas au terme du chemin si la justice n’est pas complétée par l’amour. Justice et amour apparaissent parfois comme des forces antagonistes. Ils ne sont en vérité que les deux faces d’une même réalité” (n. 10).
4. Nul doute que les différentes religions, en particulier le christianisme et l’islam, aient beaucoup à faire encore, à la place qui est la leur, pour établir entre elles un vrai dialogue, respectueux et fécond, pour dénoncer toute manipulation de la religion au service de la violence, et pour convaincre les hommes, et notamment les responsables politiques, de s’engager dans des perspectives nouvelles pour édifier la fraternité et une paix juste et durable entre tous. Je me réjouis donc de l’engagement de votre pays en faveur de l'instauration d'un dialogue sincère entre les cultures et entre les religions. C’est là un objectif important, qui doit permettre l'établissement de relations plus solidaires entre les communautés humaines et religieuses.
5. À sa place, la modeste communauté catholique qui vit en Tunisie n’a pas d’autre ambition que de témoigner de la dignité de l’homme, créé à l’image de Dieu, et de se mettre fraternellement à son service. Permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saluer, par votre intermédiaire, son pasteur, l’Évêque de Tunis, et tous les fidèles catholiques qui la composent. Engagés notamment dans des tâches d’éducation mais aussi de santé, ils travaillent et veulent continuer à travailler avec coeur au développement du pays, et ils s’attachent à poursuivre un dialogue de la vie, ouvert et loyal, avec les croyants musulmans. Je les encourage à grandir dans l’amour mutuel, à se montrer accueillants à leurs frères qui viennent d’autres Églises, témoignant ainsi de leur sens de la fraternité et de leur amour pour la paix.
6. Au moment où vous inaugurez votre noble mission au service de la paix et des bonnes relations entre votre pays et le Saint-Siège, je veux vous assurer, Monsieur l’Ambassadeur, de mes voeux chaleureux et du soutien de mes collaborateurs. Vous serez toujours le bienvenu au Vatican, où vous trouverez auprès d’eux l’aide dont vous pourrez avoir besoin. Sur votre personne, sur votre famille et sur tout le personnel de votre Ambassade, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.
Monsieur l'Ambassadeur,
Je vous souhaite une cordiale bienvenue, tandis que vous venez au Vatican pour présenter les Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Nigeria près le Saint-Siège. Non seulement votre présence ici aujourd'hui me rappelle l'accueil chaleureux et enthousiaste que j'ai reçu au cours de mes visites pastorales dans votre pays en 1981 et en 1998, mais les cordiales salutations que vous me transmettez de la part de S.E. M. le Président Obasanjo ravivent également la mémoire de notre rencontre amicale ici, au Vatican, au cours de l'année du Jubilé 2000. Je vous prie de transmettre mes meilleurs voeux à S.E. Monsieur le Président, et de l'assurer de mes prières pour le bien-être de la nation.
Je suis heureux de vous entendre évoquer l'engagement de votre pays à la bonne gouvernance et à la consolidation de la démocratie. En effet, ayant accompli la transition importante du régime militaire à un gouvernement civil, le défi qui se présente à vous à l'heure actuelle consiste à édifier et à renforcer votre jeune démocratie, en accroissant la participation de toutes les couches de la population à une organisation de la vie publique représentative et garantie de façon juridique. Une condition essentielle à cet égard est la nécessité que l'autorité politique soit exercée avec transparence et de façon responsable. La vie publique, que ce soit au niveau national ou international, doit être guidée par "quatre exigences précises de l'esprit humain: la vérité, la justice, l'amour et la liberté" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003, n. 3). J'encourage le Nigeria à s'engager toujours plus en vue de ce courageux effort démocratique, entrepris avec un sens profond et un esprit de service à l'égard de son peuple.
En effet, il existe un lien indissoluble entre la paix et la vérité, qui doit être reconnu si l'on veut que les hommes et les femmes vivent dans la liberté, la justice et la sécurité. "L'honnêteté de l'information, l'équité des systèmes juridiques, la transparence des procédures démocratiques, donnent aux citoyens le sens de la sécurité, la disposition à dépasser les controverses par des moyens pacifiques et la volonté d'une entente loyale et constructive qui constituent les vraies prémices d'une paix durable" (ibid., n. 8). Lorsque les personnes comprennent mieux la signification et les conséquences des événements dans leur vie et dans le monde, elles sont mieux préparées pour apporter des contributions efficaces à la paix, en particulier à travers l'utilisation correcte des structures de la société et des mécanismes juridiques, politiques et économiques en vue de servir le bien commun.
Bien sûr, tandis que la République fédérale recherche une stabilité et une unité nationales toujours plus grandes sur la voie d'une démocratisation accrue de la société et des Institutions, les défis ne manquent pas. Le courage moral et la sagesse politique sont nécessaires, par exemple, pour gérer de façon efficace les explosions de violence dans la région du delta du Niger, ainsi que les tensions politiques et ethniques dans la région du Nord-Ouest et les problèmes de la corruption, de la pauvreté et de la maladie. A travers un engagement résolu en vue d'oeuvrer de façon inlassable et constante pour la cause de la paix, pour la défense de la dignité humaine et des droit humains, pour le développement intégral de chaque individu, ces défis pourront être surmontés et la voie sera préparée pour une conscience accrue du destin commun et de l'interdépendance qui lie tous les Nigérians, et même tous les peuples, en tant que membres d'une unique famille humaine. Le Nigeria est apparu toujours davantage comme un pays prédisposé à servir la cause de la paix et du développement à travers des Institutions internationales telles que l'Union africaine et les Nations unies. J'encourage les dirigeants du Nigeria à être constants dans leur solidarité à l'égard des autres nations afin que le rêve d'un monde libre et juste puisse devenir une réalité.
Dans le service de la paix, qui est également le service de la vérité, la religion a un rôle fondamental à jouer. Elle apporte la plus efficace des contributions dans ce domaine en se concentrant sur les éléments qui lui sont propres: "L'ouverture à Dieu, l'enseignement d'une fraternité universelle et la promotion d'une culture de la solidarité" (ibid., n. 9). Or, lorsque des communautés ou des peuples de différentes convictions religieuses ou cultures vivent dans la même région, il peut parfois arriver que des tensions apparaissent ou s'aggravent, ce qui, à cause des fortes passions en jeu, peut déboucher sur des conflits violents. C'est pour cette raison qu'il est d'une importance fondamentale de rappeler que "le recours à la violence au nom de son propre credo religieux constitue une déformation des enseignements mêmes des grandes religions. Comme l'ont répété nombre de fois les divers responsables religieux, moi aussi je redis que l'usage de la violence ne peut jamais trouver de justifications religieuses fondées ni promouvoir la croissance du sentiment religieux authentique" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 1999, n. 5).
L'Eglise catholique qui est au Nigeria est engagée en vue du progrès pacifique de la nation, en particulier à travers sa présence dans les domaines de l'éducation, de la santé et des services sociaux. La garantie concrète du droit à la liberté religieuse permettra aux catholiques de continuer d'oeuvrer en vue du progrès spirituel et matériel de la société. A cet égard, je suis certain que le gouvernement remplira son engagement en vue de répondre aux difficultés auxquelles les missionnaires étrangers doivent faire face pour renouveler leur visa. Je forme également le voeu fervent que les tensions entre les diverses communautés ethniques et religieuses, qui atteignent des sommets de violence et parfois même de meurtres dans certaines parties du pays, s'aplaniront par un dialogue sincère et des efforts en vue de la réconciliation, de la compréhension mutuelle et de la coopération.
Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que votre mission servira à renforcer les liens d'amitié qui existent entre votre pays et le Saint-Siège. Tandis que vous prenez vos fonctions, je vous offre mes meilleurs voeux dans la prière, et je vous donne l'assurance que les différents bureaux de la Curie romaine sont prêts à vous assister dans l'accomplissement de vos fonctions. Sur vous et sur le bien-aimé peuple du Nigeria, j'invoque cordialement une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.
Excellences,
1. Je vous accueille avec joie à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays: Suriname, Sri Lanka, Mali, Yémen, Zambie, Nigéria et Tunisie. Je vous remercie de m’avoir transmis les paroles courtoises de vos Chefs d’État, vous demandant en retour de leur exprimer mes voeux déférents pour leurs personnes et pour leur haute mission au service de leurs pays. À travers vous, je salue aussi les Responsables de la société civile et les Autorités religieuses de vos nations, et tous vos compatriotes. Je profite de votre présence au Vatican pour adresser mes voeux fervents à la communauté catholique de vos pays respectifs et mes souhaits cordiaux à tous vos concitoyens.
2. De tous les continents parviennent en permanence des informations inquiétantes sur la situation des droits de l’homme, faisant apparaître que des personnes, hommes, femmes, enfants, sont torturées et profondément bafouées dans leur dignité, contrairement à la Déclaration universelle des Droits de l’homme (cf. article 5). C’est l’humanité tout entière qui est ainsi blessée et bafouée. Parce que tout homme est notre frère en humanité, nous ne pouvons pas nous taire devant de telles exactions, qui ne sont pas tolérables. Il appartient à tous les hommes de bonne volonté, qu’ils aient des responsabilités ou qu’ils soient simples citoyens, de tout faire pour le respect de tout être humain.
3. Aujourd’hui, j’en appelle à la conscience de nos contemporains. En effet, c’est la conscience des hommes qui doit être éduquée, pour que cessent à tout jamais les violences insupportables qui pèsent sur nos frères en humanité et que tous les hommes se mobilisent pour le respect des droits les plus fondamentaux de toute personne. Nous ne pourrons vivre dans la paix et notre coeur ne pourra demeurer en paix tant que tous les hommes ne seront pas traités dignement. C’est notre devoir d’être solidaires de tous. La paix ne pourra advenir si nous ne nous mobilisons pas tous, en particulier vous qui êtes diplomates, pour que chaque homme de la planète soit respecté. Seule la paix permet d’espérer en l’avenir. Pour cela, votre mission est d’être au service des relations fraternelles entre les personnes et entre les peuples.
4. Je forme donc pour vos gouvernements et pour tous les habitants de vos pays, ainsi que pour toute l’humanité, des voeux de paix. Au moment où vous commencez votre noble mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes souhaits les meilleurs, invoquant l’abondance des Bénédictions divines sur vous-mêmes, sur vos familles, sur vos collaborateurs et sur les nations que vous représentez.
Monsieur le Président, Messieurs!
J'apprécie particulièrement le geste courtois, qui vous a conduit aujourd'hui dans cette maison. Son intention est de témoigner des sentiments d'attention réciproque et des intenses rapports que Saint-Pétersbourg et le Siège apostolique ont entretenus au cours des trois siècles écoulés depuis de la fondation de la ville. Soyez les bienvenus!
Monsieur le Président, je vous remercie pour les aimables paroles que vous m'avez adressées au nom également des personnes présentes, et de toute l'Assemblée législative de votre splendide ville, située sur les rives de la Neva. J'accepte avec reconnaissance la médaille commémorative de votre troisième centenaire, que vous me remettez aujourd'hui.
A Saint-Pétersbourg, porte qui introduit au grand pays de la Fédération russe, tout parle du fécond dialogue culturel, spirituel, artistique et humain entre l'Occident et l'Orient d'Europe. Je forme le voeu que cette attitude constructive d'ouverture continue d'exercer son influence positive, au bénéfice de la compréhension réciproque entre les peuples de traditions humaines, religieuses et spirituelles diverses.
En invoquant sur vous et sur vos concitoyens l'abondance des Bénédictions de Dieu, je forme des voeux de prospérité sereine et de paix à l'égard de la ville bien-aimée de Saint-Pétersbourg.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs!
1. Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue, ainsi qu'à la délégation qui vous accompagne. Votre visite d'aujourd'hui prend place après l'acte solennel de l'échange des Instruments de ratification de l'Accord qui est intervenu entre la Slovénie et le Saint-Siège sur plusieurs thèmes juridiques d'intérêt commun. Tout en vous remerciant des aimables paroles que vous m'avez adressées, je vous demande de transmettre mes salutations à Monsieur Janez Drnovsek, Président de la République.
2. L'Accord qui est entré aujourd'hui en vigueur témoigne de l'engagement de la République de Slovénie en vue de maintenir de bonnes relations avec le Siège apostolique. Ces relations sont fondées sur le respect mutuel et sur la collaboration loyale au service de tous les habitants de votre pays, qui est entré depuis peu dans l'Union européenne. Je sais que la Slovénie souhaite contribuer à l'engagement commun de faire de l'Europe une véritable famille des peuples dans un contexte de liberté et de coopération mutuelle, tout en sauvegardant son identité culturelle et spirituelle.
Monsieur le Premier ministre, je suis certain que la Slovénie pourra offrir cette contribution de manière efficace, parce qu'elle peut également s'appuyer sur les valeurs chrétiennes, qui font partie intégrante de son histoire et de sa culture. Puisse-t-elle toujours rester fidèles à ces valeurs!
3. J'adresse encore une fois ma pensée affectueuse et l'assurance de ma prière constante au bien-aimé peuple slovène, auquel, avec une grande joie, j'ai rendu deux fois visite. Que Dieu l'aide à progresser constamment sur le chemin du développement et de la paix. Que Dieu bénisse la bien-aimée Slovénie!
C'est avec ces sentiments que je vous donne, à vous et à vos concitoyens, ma Bénédiction.
Chers frères Evêques,
1. C'est avec joie et affection fraternelle que je vous souhaite la bienvenue, Evêques des provinces ecclésiastiques d'Indianapolis, de Chicago et de Milwaukee, à l'occasion de votre visite quinquennale ad limina Apostolorum. Puissent ces jours de réflexion et de prière au coeur de l'Eglise vous confirmer dans votre témoignage à Jésus Christ "le même hier, aujourd'hui et à jamais" (He 13,8) et à la "parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir l'édifice et procurer l'héritage parmi tous les sanctifiés" (Ac 20,32).
Dans mes réflexions actuelles avec vous et avec vos frères Evêques sur l'exercice de la charge pastorale, je désire à présent passer de la mission de sanctification confiée aux Successeurs des Apôtres à la mission prophétique qu'ils accomplissent en tant que "hérauts de la foi et docteurs authentiques qui prêchent la foi" (cf. Lumen gentium LG 25) dans la communion de tout le Peuple de Dieu. Il existe, en effet, une relation intrinsèque entre sainteté et témoignage chrétien. A travers la renaissance dans le Baptême, "tous les chrétiens deviennent un sacerdoce saint et royal, offrant des sacrifices spirituels à Dieu par Jésus Christ et proclamant les hauts faits de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (Presbyterorum ordinis PO 2 cf. 1P 2,9). Chaque chrétien, dans le déroulement de cette mission prophétique, a pris la responsabilité personnelle de la vérité divine révélée dans le Verbe incarné, transmise dans la tradition vivante de l'Eglise et rendue manifeste dans l'effort des croyants pour diffuser la foi et transformer le monde à travers la lumière et de la force de l'Evangile (cf. Redemptor hominis RH 19).
2. Cette "responsabilité de la vérité" exige de l'Eglise un témoignage direct et crédible du Dépôt de la Foi. Elle demande une compréhension correcte de l'acte de foi lui-même en tant qu'assentiment plein de grâce à la Parole de Dieu qui éclaire la conscience et renforce l'esprit pour qu'il s'élève vers la contemplation de la vérité non créée, afin que, connaissant et aimant Dieu, les hommes et les femmes puissent également parvenir à la pleine vérité sur eux-mêmes (cf. Fides et ratio FR 1, Préambule). Une proclamation efficace de l'Evangile dans la société contemporaine occidentale devra affronter directement la mentalité diffuse d'agnosticisme et de relativisme, qui a suscité des doutes sur la capacité de la raison à connaître cette vérité, qui elle seule est en mesure de répondre à la recherche inlassable de signification de la part du coeur humain. Dans le même temps, elle doit défendre fermement l'Eglise dans la mesure où celle-ci est, dans le Christ, le ministre authentique de l'Evangile et "la colonne et le support" de sa vérité salvifique (cf. 1Tm 3,15 Lumen gentium LG 8).
C'est pourquoi, la nouvelle évangélisation exhorte à une présentation privée d'ambiguïté de la foi comme vertu surnaturelle à travers laquelle nous sommes unis à Dieu et réussissons à partager sa connaissance, en réponse à sa Parole révélée. La présentation d'une interprétation biblique authentique de l'acte de foi, soulignant à la fois les dimensions de connaissance et de confiance, contribuera à dépasser des approches purement subjectives et facilitera une appréciation plus profonde du rôle de l'Eglise, en proposant de façon autorisée "la foi qui doit régler la pensée et la conduite" (cf. Lumen gentium LG 25). Un élément essentiel du dialogue ecclésial avec la société contemporaine doit également être une présentation correcte, dans la catéchèse et la prédication, du rapport entre foi et raison. Cela débouchera sur une compréhension plus féconde des dynamiques spirituelles de la conversion, telles que l'obéissance à la Parole de Dieu, la disponibilité aux "mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus" (Ph 2,5) et la sensibilité au sensus fidei surnaturel grâce auquel "le Peuple de Dieu s'attache indéfectiblement "à la foi transmise aux saints une fois pour toutes"" (Lumen gentium LG 12).
3. La Parole de Dieu ne doit pas être enchaînée (cf. 2Tm 2,9), elle doit au contraire retentir dans le monde dans toute sa vérité libératrice comme parole de grâce et de salut. En effet, si le "nouvel Adam, le Christ, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation" (Gaudium et spes GS 22), alors tous les efforts de l'Eglise doivent se concentrer et se diriger sur cet unique but: faire connaître et aimer le Christ partout en tant que "chemin, vérité et vie" (Jn 14,5). Cela demandera un profond renouvellement du sens missionnaire prophétique de tout le Peuple de Dieu et la mobilisation consciente des ressources de l'Eglise comme entité dans une évangélisation permettant à chaque chrétien de donner raison de l'espérance qui est en lui (cf. 1P 3,15) et à l'Eglise de parler avec courage et d'une voix unanime en affrontant les grandes questions morales et spirituelles qui interpellent les hommes et les femmes de notre temps.
L'Eglise qui est aux Etats-Unis, avec son réseau impressionnant d'institutions caritatives et éducatives, doit répondre au défi d'une évangélisation de la culture, en mesure de tirer de la sagesse de l'Evangile "du neuf et du vieux" (Mt 13,52). Elle est appelée à répondre aux nécessités et aux aspirations religieuses profondes d'une société qui court toujours davantage le danger d'oublier ses racines spirituelles et qui cède le pas à une vision du monde purement matérialiste et sans âme. Relever ce défi demandera cependant une lecture réaliste et exhaustive des "signes des temps", de façon à élaborer une présentation convaincante de la foi catholique et à préparer particulièrement les jeunes au dialogue avec les autres jeunes à propos du message chrétien et de son importance pour l'édification d'un monde plus juste, humain et pacifique. C'est surtout l'heure des fidèles laïcs qui, en raison de leur vocation spécifique visant à façonner le monde séculier selon l'Evangile, sont appelés à accomplir la mission prophétique de l'Eglise en évangélisant les divers milieux de la vie familiale, sociale, professionnelle et culturelle (cf. Ecclesia in America ).
4. Dans ces réflexions sur la mission prophétique de l'Eglise, je ne peux manquer d'exprimer ma satisfaction pour les efforts accomplis par les Evêques américains depuis le Concile Vatican II, que ce soit personnellement ou à travers la Conférence épiscopale catholique des Etats-Unis, contribuant à un débat riche et respectueux sur d'importantes questions qui concernent la vie de votre nation. La lumière de l'Evangile a ainsi éclairé des questions sociales controversées telles que le respect pour la vie humaine, les problèmes de justice et de paix, l'immigration, la défense des valeurs familiales, et la sainteté du mariage. Ce témoignage prophétique, s'appuyant sur des arguments tirés non seulement des convictions religieuses que les catholiques partagent avec beaucoup d'autres Américains, mais également des principes de la juste raison et du droit, est un service significatif au bien commun dans une démocratie comme la vôtre.
Chers frères Evêques, dans l'exercice quotidien de votre ministère d'enseignement, je vous encourage à garantir que la spiritualité de communion et de mission trouve ses expressions dans un engagement sincère de la part de chaque croyant et de chaque institution ecclésiale pour la proclamation de l'Evangile comme "la seule réponse pleinement valable aux problèmes et aux espoirs que la vie suscite en chaque homme et en toute société" (Christifideles laici CL 34). Professer la religion catholique exige de chaque fidèle un témoignage concret de la vérité de l'Evangile et les qualités objectives de la loi morale. Alors que vous vous prodiguez pour accomplir votre mission d'apôtres chargés d'annoncer la parole, d'insister à temps et à contretemps, d'admonester, de réprimander, d'exhorter (cf. 2Tm 4,2), puissiez-vous être toujours davantage unis dans l'Esprit, en oeuvrant inlassablement pour permettre aux brebis du troupeau qui a été confié à votre sollicitude pastorale d'être des témoins de l'espérance, des hérauts du Royaume de Dieu et des artisans de la civilisation de l'amour, qui répond aux aspirations les plus profondes du coeur humain!
Avec ces sentiments, je vous confie, ainsi que tout le clergé, les religieux et les fidèles laïcs de vos Eglises particulières à l'intercession pleine d'amour de la Bienheureuse Vierge Marie et je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en gage de joie et de paix dans le Seigneur.
Discours 2004 - Jeudi 27 mai 2004