Discours 1978 31
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Le pape à des pèlerins d'Ernakulam
Le 14 novembre dernier, Jean Paul II a reçu en audience un groupe de religieux et de fidèles de l'archidiocèse d'Ernakulam (Inde), venus en pèlerinage à Rome pour Jeter le vingt-cinquième anniversaire de l'ordination épiscopale de leur archevêque, le cardinal Joseph Parecattil.
Chers Amis en le Christ,
Ce mois-ci, le cardinal Joseph Parecattil commémorera le vingt-cinquième anniversaire de son ordination épiscopale et c'est pour moi un grand plaisir de célébrer cet événement en recevant un groupe de fidèles d'Ernakulam.
Votre présence ici est en fait une représentation de votre archidiocèse tout entier : du clergé, des religieux et des laïcs, entourant votre archevêque et, dans la foi et dans l'amour unis à l'Église universelle, sous Jésus-Christ, le «Chef des Pasteurs» (1P 5,4). Le sublime mystère de l'Église locale est présenté ici dans toute sa beauté et l’Évêque de Rome trouve une grande joie dans votre présence et un immense réconfort spirituel dans l'amour filial que vous lui témoignez en tant que successeur de Pierre.
Mon plus vif désir est que votre visite à ce siège de Pierre et le renouvellement de votre acte de foi près de sa tombe en la Basilique, vous laissent un vivant souvenir pour tout le reste de votre existence. L'édification de l'Église est entièrement liée à la profession de Pierre au sujet de la divinité du Seigneur Jésus : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Toute notre ecclésiologie tire sa signification de cette grande réalité ; notre vocation de chrétiens est de proclamer par l'authenticité de notre vie ce que nous acceptons avec foi.
Un évêque est appelé d'une manière particulière à donner témoignage de la foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, Fils de Dieu et Fils de Marie. C'est ce qu'a fait pendant un quart de siècle le cardinal Joseph Parecattil et je désire aujourd'hui, en votre présence, lui rendre honneur, à lui et à l’épiscopat qui est le grand don que Dieu a fait pour garantir que la foi de son Église sera transmise, soutenue et nourrie.
Mes salutations vous accompagneront, cardinal Parecattil, et chacun de vous, à Ernakulam. Dans l'amour du Seigneur, j'embrasse tous les membres de la communauté ecclésiale, spécialement ceux qui souffrent ou sont affligés de quelque manière. Je vous assure que l'Église vous est reconnaissante pour les vocations sacerdotales et religieuses qui sont nées dans vos milieux et pour les fruits de justice et de sainteté que vous avez montrés dans votre vie chrétienne.
Fortifiés par la grâce de Dieu et « les yeux fixés sur Jésus, le Chef de notre foi qui mène à la perfection » (He 12,2) :voilà ma prière pour Ernakulam, en cette joyeuse circonstance et pour toujours.
Avec ma bénédiction apostolique.
15 novembre 1978
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Chers jeunes gens,
J'ai accueilli bien volontiers le désir que m'ont exprimé vos supérieurs de m'entretenir avec vous, élèves des écoles anti-incendie de Rome dans cette cour Saint-Damase, pour vous adresser quelques mots de satisfaction et d'éloges pour ce que vous « êtes » et pour ce que vous « faites ».
— Vous « êtes » des jeunes enthousiastes et généreux qui désirent, comme vos aînés l'ont déjà fait les années précédentes, avec mon vénéré prédécesseur le pape Paul VI, témoigner au nouveau pape votre foi en Dieu et votre confiance en l'Église. Pour ceci, je vous remercie et vous exprime toute ma sympathie et toute ma solidarité.
— Vous « faites » des exercices pratiques pour vous entraîner, dans la discipline du corps et de l'esprit, à rendre à la communauté un précieux service pour la défense et la sécurité des citoyens, parfois au prix de grands dangers ; eh bien, sachez unir à l'exercice des vertus humaines, propres à votre future profession, l'idéal noble et ennoblissant qui vous fait découvrir, dans le frère en danger ou dans le besoin, le Christ lui-même (cf. Mt Mt 25,31-46).
Je souhaite également que, lorsque vous retournerez chez vous après votre stage, vous puissiez réaliser toutes ces bonnes intentions dans la vie privée et dans la vie publique : dans la formation des futures familles auxquelles vous pensez déjà et dans votre insertion dans la société, comme de braves et honnêtes citoyens, aimant le progrès, la justice, la paix et le respect mutuel.
Avec ces voeux, je salue et remercie de nouveau les officiers du Commando, l’aumônier-chef et vous tous, chers jeunes gens qui êtes l'espérance de l'Église et de la société et je vous donne à tous ma bénédiction que je désire étendre à vos amis, à vos parents et à tous ceux qui vous sont chers.
15 novembre 1978
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Jean Paul II et les jeunes
Onze mille enfants étaient réunis mercredi dernier 15 novembre en la basilique Saint-Pierre pour participer à une des deux audiences générales de ce jour. Cela devient une habitude, sinon une nécessité, tellement nombreuse est la foule qui désire voir et entendre le nouveau pape.
Voici, en traduction, ce que leur a dit Jean Paul II :
Aujourd'hui cette patriarcale Basilique Vaticane est de nouveau bondée d'une jeunesse joyeuse qui offre à mes yeux et surtout à mon coeur un spectacle grandiose et exaltant.
Je vous remercie, chers jeunes gens et jeunes filles, chers jeunes des écoles, des paroisses et des associations catholiques, pour la joie et le réconfort que vous me procurez par votre présence si nombreuse qui confirme combien vivement vous ressentez le problème religieux et moral, un problème qui répond aux aspirations profondes de l'esprit.
Je désire vous assurer que je suis de près vos problèmes, vos difficultés ; je partage vos aspirations ; je désire vous accompagner le long de votre chemin.
Je l'ai déjà répété en diverses circonstances : vous, les jeunes, vous êtes l'espérance de l'Église et de la société. Cette affirmation, si évidente à première vue, a cependant besoin d'une pause de réflexion.
D'abord, les adultes, les parents, les éducateurs, les hommes responsables de l'Église et de la société, sont-ils vraiment convaincus de l'espérance que vous représentez ? Les raisons de leur angoisse, découlant de quelques-unes des expressions de vie de la jeunesse actuelle, pourraient avoir affaibli en eux un peu de cette confiance qui est pourtant source d'intelligence et intense activité en vue de votre formation.
Et vous, chers jeunes, vous sentez-vous vraiment, profondément, l'espérance et la joyeuse promesse de demain ? Certes, il ne suffit pas de la conscience d'un âge à ses débuts pour donner ce sentiment de confiance intérieure qui permet de regarder l'avenir avec la tranquille certitude de pouvoir transformer les forces opérant dans le monde, pour édifier une coexistence vraiment digne de l'homme.
Être jeune, signifie vivre en soi une incessante nouveauté d'esprit, alimenter une continuelle recherche du bien, libérer une impulsion pour se rendre toujours meilleur, réaliser une persévérante volonté du don de soi-même. Qui va permettre tout cela ? L'homme aurait-il en lui-même la vigueur d'affronter avec ses propres forces les embûches du mal, de l'égoïsme et, disons-le clairement, celles désagrégeantes du « prince de ce monde », toujours zélé pour donner à l'homme, d'abord une fausse idée de son autonomie et le conduire ensuite, à travers l'insuccès, dans le gouffre du désespoir.
Au Christ, l’éternellement jeune, au Christ vainqueur de toute expression de mort, au Christ qui, dans l’Esprit-Saint, communique la continuelle et impétueuse vie du Père, nous devons tous recourir, jeunes et adultes, afin de fonder et d'assurer l'espérance du futur que vous construisez mais qui se trouve déjà en puissance dans l'aujourd'hui.
Jésus-Christ doit vaincre. Chaque fois que sa grâce détruit en nous les forces du mal, II renouvelle notre jeunesse, élargit les horizons de notre espérance, fortifie les énergies de notre confiance.
La victoire du Christ dans nos coeurs exige l'exercice de la vertu de force, la troisième vertu cardinale que nous avons choisie pour thème de l'audience générale d'aujourd'hui.
Cette vertu, qui nous permet d'affronter les dangers et de supporter les adversités — comme l'affirme saint Thomas d'Aquin — permet à l'homme de combattre courageusement, d'« agir contre », pour les idéaux de la justice de l'honnêteté et de la paix par lesquels vous vous sentez vivement attirés. On ne peut penser à construire un monde nouveau sans être fort et courageux, sans surmonter les fausses idées à la mode, les critères de violence du monde, les suggestions du mal. Tout ceci nous impose de franchir le mur de la peur pour apporter notre témoignage au Christ et offrir en même temps — les deux réalités se superposent — une image de l'homme vrai qui s'exprime uniquement dans l'amour, dans le don de soi.
A vous aussi je veux montrer l'exemple de force d'un jeune garçon de 18 ans, saint Stanislas Kostka, patron des jeunes, qui, pour suivre sa propre vocation à l'état religieux et bien qu'il fût de santé délicate et de nature sensible, affronta l'opposition de son milieu, échappa à la poursuite des siens, et accomplit, en cachette, à pied, le voyage de Vienne à Rome, afin de pouvoir entrer au noviciat des Jésuites et répondre ainsi à l'appel du Seigneur. Sa tombe, en l'église Saint-André au Quirinal, est principalement ce mois-ci, un but de pieuses visites pour des phalanges de jeunes.
Voilà, chers jeunes, suivre le Christ, édifier l'homme en vous et s'employer à l'édifier en autrui, cela comporte de courageuses intentions et la force tenace de les mettre en oeuvre, cherchant aussi un soutien mutuel dans ces formes d'association qui permettent d'unir vos forces, d'approfondir et d'échanger vos convictions, de vous encourager par une aide affectueuse et réciproque.
Confiez-vous à la grâce du Seigneur qui crie en vous et pour nous : « Courage ! ».
C'est le Christ qui remportera la victoire sur le monde. Voulez-vous vous mettre de son côté et affronter avec lui ce combat de l'amour, animés d'une invincible espérance et de force courageuse ?
Vous ne serez pas seuls : tout le monde sera avec vous, et le Pape tout autant, lui qui vous aime et vous bénit.
15 novembre 1978
Avec une toute particulière intensité d'affection, j'adresse maintenant mon salut aux membres du Conseil supérieur des OEuvres missionnaires pontificales qu'accompagné en cette audience le Préfet de la Sacrée Congrégation pour l'évangélisation des peuples, Son Éminence le cardinal Agnelo Rossi.
Votre présence, très chers fils, m'offre l'occasion d'exprimer, avec ma gratitude pour votre geste de sincère dévotion, la haute considération que je nourris pour l'activité intelligente et zélée que vous exercez avec un dévouement admirable au service de la cause missionnaire. Pour le croyant, ceci doit être la cause qui l'emporte sur toutes les autres parce qu'elle concerne le destin éternel des hommes, parce qu'elle répond au mystérieux dessein de Dieu sur la signification de la vie et de l'histoire de l'humanité, parce qu'elle habilite les diverses cultures à poursuivre efficacement l'objectif d'un humanisme vrai et plein.
Continuez donc, avec un dévouement continu, invariable, votre travail d'animation missionnaire, en étroite liaison, d'une part, avec les Conférences épiscopales de vos pays respectifs et de l'autre, avec la Congrégation de Propaganda Fide à qui incombe la charge d'ordonner les efforts de tous vers des objectifs communs.
Que l'Esprit du Christ vous illumine et vous soutienne, en même temps que tous ceux que vous représentez ici, dans cette oeuvre délicate et de très grande importance pour la vie de l'Église. Le pape est à vos côtés avec sa prière et avec sa bénédiction.
16 novembre 1978
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Le jeudi 16 novembre, le Saint-Père a reçu en audience les membres de l'Union Internationale des Supérieures Générales.
Chères Soeurs,
" Ecce quam bonum et iucundum habitare fratres in unum... ". Vous aimez ce psaume et vous le vivez en ce moment. Le temps où les Congrégations religieuses se rencontraient peu, pour des raisons géographiques et d'autres peut-être, est presque révolu. Dieu soit loué ! Et vous aussi mes Soeurs, soyez félicitées : de diverses manières, vous témoignez d'un unique trésor confié par le Christ lui-même à son Église, le trésor incomparable des conseils évangéliques !
Assurément votre Union Internationale des Supérieures générales sort tout juste de l'enfance. Elle n'a que treize ans ! Mais elle a déjà porté de bons fruits. Le nouveau Pape, comme son très méritant prédécesseur Paul VI qui vous a accueillies tant de fois, voudrait qu'elle en porte davantage encore. La célèbre parabole de la vigne et du vigneron doit être souvent présente à mon esprit et au vôtre (Jn 15,1-8).
Votre rencontre avait pour thème « Vie religieuse et humanité nouvelle ». C'est un thème fondamental, très ancien et très actuel. Si tout le peuple de Dieu est appelé à devenir une humanité nouvelle dans le Christ et par le Christ (Constitution Lumen Gentium, ch. 5), les chemins d'accès à cette humanité nouvelle, autrement dit à la sainteté, sont divers et doivent le demeurer. Précisément, le chapitre VI de Lumen Gentium, sans effectuer la moindre ségrégation entre les membres du Peuple de Dieu qui contredirait le projet rédempteur du Christ Jésus — projet de sainteté et d'unité pour le monde — éclaire toujours votre route. Depuis le Concile, les Congrégations religieuses ont en effet multiplié les temps et les moyens d'approfondissement des valeurs religieuses essentielles. Elles les ont bien remises dans le sillage de la consécration première, ontologique, ineffaçable, qu'est le baptême. Et toutes les religieuses se sont comme transmis un mot de passe : « Soyons d'abord des chrétiennes ! », un certain nombre lui préférant ou lui adjoignant celui-ci : « Soyons d'abord des femmes ! ». Il est évident que les deux ne s'excluent pas. Ces formules frappantes ont trouvé un écho favorable dans une grande partie du peuple de Dieu. Mais le positif d'une telle prise de conscience ne saurait dispenser d'une vigilance continue et avisée. Le trésor des conseils évangéliques et l'engagement, mûri et sans retour, à en faire la charte d'une existence chrétienne ne sauraient être relativisés par une opinion publique, fût-elle ecclésiale. L'Église et, disons, le monde lui-même ont plus que jamais besoin d'hommes et de femmes qui sacrifient tout, pour suivre le Christ à la manière des apôtres. Et à tel point que le sacrifice de l'amour conjugal, des possessions matérielles, de l'exercice totalement autonome de la liberté, devient incompréhensible sans l'amour du Christ. Ce radicalisme est nécessaire pour annoncer de manière prophétique, mais toujours très humble, cette humanité nouvelle selon le Christ, totalement disponible à Dieu et totalement disponible aux autres hommes. Toute religieuse doit témoigner du primat de Dieu et consacrer chaque jour un temps suffisamment long à se tenir devant le Seigneur, pour lui dire son amour et surtout se laisser aimer par Lui. Toute religieuse doit signifier chaque jour, par son mode de vie, qu'elle choisit la simplicité et les moyens pauvres pour tout ce qui concerne sa vie personnelle et communautaire. Toute religieuse doit chaque jour faire la volonté de Dieu et non la sienne, pour signifier que les projets humains, les siens et ceux de la société, ne sont pas les seuls plans de l'histoire, mais qu'il existe un dessein de Dieu requérant le sacrifice de la liberté propre. Ce véritable prophétisme des conseils évangéliques, vécu jour après jour, et tout à fait possible avec la grâce de Dieu, n'est pas une leçon orgueilleuse donnée au peuple chrétien, mais une lumière absolument indispensable à la vie de l'Église — tentée parfois de recourir aux moyens de puissance — et même indispensable à l'humanité qui erre sur les chemins séduisants et décevants du matérialisme et de l'athéisme.
Et si vraiment votre consécration à Dieu est une réalité aussi profonde, il n'est pas sans importance d'en porter de façon permanente le signe extérieur que constitue un habit religieux simple et adapté : c'est le moyen de vous rappeler constamment à vous-mêmes votre engagement qui tranche sur l'esprit du monde ; c'est un témoignage silencieux mais éloquent ; c'est un signe que notre monde sécularisé a besoin de trouver sur son chemin, comme d'ailleurs beaucoup de chrétiens ou même de non chrétiens le désirent. Je vous demande d'y bien réfléchir.
Voilà mes Soeurs, le prix de votre participation réaliste à l'annonce et à l'édification de cette « humanité nouvelle ». Car l'homme ne peut être comblé, au-delà des biens terrestres nécessaires à sa vie et hélas ! si mal partagés, que par la connaissance et l'amour de Dieu, inséparables de l'accueil et l'amour de tous les hommes, surtout des plus pauvres humainement et moralement. Toutes les recherches, toutes les transformations de vos Congrégations doivent être effectuées dans cette optique, sinon vous travaillez en vain !
Tout cela, mes Soeurs, c'est l'idéal vers lequel vous tendez personnellement, et vers lequel vous entraînez maternellement et fermement vos compagnes de route évangélique. Pratiquement, vous le savez mieux que d'autres, vous vous heurtez de temps en temps à d'inévitables contingences : soit les rapides mutations sociales d'un pays, soit le petit nombre et le vieillissement de vos sujets, soit encore le vent des recherches et des expériences interminables, les requêtes des jeunes, etc. Soyez accueillantes à toutes ces réalités. Prenez-les au sérieux, jamais au tragique. Cherchez calmement des solutions progressives, claires, courageuses. Tout en demeurant vous-mêmes, cherchez avec d'autres. Par-dessus tout, soyez filles de l'Église, non seulement en paroles mais en actes ! Dans la fidélité toujours renouvelée au charisme de leurs fondateurs, les Congrégations doivent en effet s'efforcer de correspondre à l'attente de l'Église, aux engagements que l'Église, avec ses Pasteurs, estime les plus urgents aujourd'hui pour faire face à une mission qui a tant besoin d'ouvriers qualifiés. Une garantie de cet amour exemplaire de l'Église — inséparable de l'amour du Christ Jésus — c'est votre dialogue avec les responsables de vos Églises locales, avec une volonté de fidélité et de dévouement à ces Églises, ce sont aussi vos rapports confiants avec notre Congrégation pour les Religieux et les Instituts séculiers. Chères Soeurs, le capital de générosité de vos Congrégations est immense. Employez ces forces à bon escient. Ne permettez pas qu'elles se dispersent inconsidérément.
Je vous demande de traduire à chacune de vos soeurs, quelle que soit sa place dans la congrégation dont vous avez la responsabilité, l'affection du Pape mais aussi l'espérance qu'il met en elle pour le renouveau d'une exigeante pratique des conseils évangéliques, pour le témoignage signifiant de toutes les communautés religieuses dont la foi ardente, le souffle apostolique, et bien sûr les relations interpersonnelles feraient dire à ceux qui cherchent des chemins nouveaux, dans notre société harassée par le matérialisme, la violence et la peur : « Nous avons trouvé un modèle à imiter... ». Oui, mes Soeurs, dans l'Église elle-même, sur les traces de sainte Catherine d'Avila entre tant et tant d'autres, vous pouvez montrer la place qui revient à la femme.
Que l'Esprit-Saint agisse puissamment en vous ! Avec Marie, qui lui fut parfaitement docile, vivez dans l'écoute de la Parole de Dieu et mettez-la en pratique, jusqu'à la Croix. Que votre don total au Christ soit toujours une source de joie, de dynamisme, de paix ! A vous toutes, à toutes celles que vous représentez, notre bénédiction apostolique.
17 novembre 1978
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Aux évêques canadiens en visite « ad limina»
Le Saint-Père a reçu en audience les évêques du Canada, le vendredi 17 novembre dans l'après-midi; cette audience était la conclusion d'entretiens personnels entre le pape et chacun de ces évêques au cours des journées précédentes. Voici notre traduction du discours prononcé, en partie en anglais et en partie en français, par Jean Paul II :
Chers Frères en Nôtre-Seigneur Jésus-Christ,
C'est une source féconde de force pastorale de nous rassembler au nom de Jésus et dans l'unité de son Église. Pour moi personnellement c'est une joie réelle de vous accueillir à titre de frères dans l'épiscopat, de membres participants de l'Évangile, de pasteurs d'une grande partie du Peuple de Dieu au Canada. Vos diocèses ont une importance immense pour l'Église universelle et pour moi-même qu'un insondable dessein de Dieu a placé sur le Siège de Pierre pour être le serviteur de tous.
Selon le Concile Vatican II, la notion exacte d'un diocèse est celle d'une « portion du peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu'avec l'aide de son presbyterium, il en soit le pasteur : ainsi le diocèse, lié à son pasteur et à l'Eucharistie, constitue une Église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l'Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique» (Christus Dominus, CD 11). C'est le mystère de l'amour de Dieu sur lequel nous réfléchissons aujourd'hui : l'évêque comme pasteur d'une Église particulière dans laquelle demeure l'unité catholique.
Cette unité est effectuée et assurée par l'Évangile et par l'Eucharistie. En effet, le Concile nous rappelle que « parmi les charges principales des évêques la prédication de l'Évangile est la première» (Lumen Gentium, LG 25). L'évêque trouve son identité dans l'évangélisation qu'il donne en se faisant le héraut de cet Évangile dont saint Paul nous dit qu'il est « une force de Dieu pour le salut de tout croyant » (Rm 1,16). Au plus haut niveau de notre ministère d'évangélisation se trouve l'Eucharistie, que nous reconnaissons avec foi, selon le Concile, comme « la source et le sommet de toute évangélisation » (Presbyterorum ordinis, PO 5).
De la parole de Dieu et de son institution suprême dans l'Eucharistie nous retirons joie et force pour être père et frère et ami de nos prêtres qui ont la tâche vitale de collaborer avec nous dans la communication du mystère du Christ. Que la joie qu'engendré l'Évangile dans nos propres vies soit contagieuse pour le ministère de nos prêtres et qu'elle les aide à réaliser combien le Christ a besoin d'eux dans sa mission de salut. Nous-mêmes, au tombeau de Pierre, nous demandons humblement la grâce de remplir notre responsabilité à l'égard du troupeau tout entier avec une force renouvelée et un amour pastoral toujours plus grand. C'est avec la force de l'Évangile du Christ que nous confrontons toutes les situations pastorales et tous les problèmes qui sont liés à notre ministère. C'est seulement sur cette base que nous pouvons bâtir l'Église qui est le germe et le commencement du royaume de Dieu sur la terre et le levain de toute là société. C'est dans la force de la Parole de Dieu que nous trouvons le courage de promouvoir la justice, de témoigner de l'amour, d'exalter le caractère sacré de la vie et de proclamer la dignité de la personne humaine et sa destinée transcendante. Bref, avec la force de l'Évangile, nous avançons avec sérénité et confiance pour proclamer « les insondables richesses du Christ » (Ep 3,8). Du fait de cette centralité de la Parole de Dieu nous sommes appelés à donner une priorité pastorale absolue à la garde effective et à l'enseignement du dépôt de la foi. A cet égard, saint Paul nous rappelle constamment à la vigilance apostolique : « Je t'adjure devant Dieu et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, au nom de son apparition et de son règne : proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire » (2Tm 4,1-3).
En même temps, comme évêque, nous recevons un appel pressant, le souci pastoral profond de la discipline sacrée qui est commune à l'Église entière (cf. Lumen Gentium, LG 23). Ceci comporte le besoin d'une sensibilité à l'action délicate et souveraine de l'Esprit-Saint dans la vie de nos populations et une conscience humble du fait que cette action est accomplie d'une façon spéciale par l'intermédiaire des évêques. Ce sont eux qui, en union avec le collège épiscopal tout entier et avec Pierre qui en est la tête, ont reçu la promesse de l'assistance du Saint-Esprit pour pouvoir mener effectivement les fidèles au salut.
En ce moment, dans la vie de l'Église, il y a deux aspects particuliers de la discipline sacramentelle qui méritent l'attention spéciale de l'Église universelle et je voudrais les mentionner pour aider les évêques en tout lieu. Ces matières constituent une part de la discipline générale dont la responsabilité première revient au Saint-Siège et au sujet desquelles le Pape désire soutenir ses frères dans l'épiscopat et proposer une parole d'encouragement et une orientation pastorale pour le bien spirituel des fidèles. Ces deux sujets sont la pratique de la première confession avant la première communion et la question de l'absolution générale.
A la suite d'un début d'expérimentation en cours, Paul VI, en 1973, a réitéré la discipline de l'Église latine au sujet de la première confession. Dans un esprit de fidélité exemplaire, de nombreux évêques, prêtres, diacres, religieux, enseignants et catéchistes se sont employés à expliquer l'importance d'une discipline confirmée par l'autorité suprême de l'Église et à l'appliquer au bénéfice des fidèles. Les communautés ecclésiales étaient affermies dans leur certitude que l'Église universelle donnait une assurance renouvelée dans un domaine pastoral où, précédemment, il existait une honnête divergence d'opinion. Je vous suis reconnaissant de votre vigilance personnelle à ce sujet et je vous demande de continuer à expliquer le souci de l'Église de maintenir cette discipline universelle, si riche de profondeur doctrinale et confirmée par l'expérience de si nombreuses Églises locales. En ce qui concerne les enfants qui ont atteint l'âge de raison, l'Église est heureuse de garantir la valeur pastorale qui leur fait expérimenter l'expression sacramentelle de la conversion avant d'être initiés au partage eucharistique du Mystère Pascal.
Comme pasteur suprême, Paul VI a manifesté une profonde sollicitude similaire à propos de la grande question de la conversion sous son aspect sacramentel de confession individuelle. Au cours d'une visite ad limina, au début de cette année, il s'est étendu assez longuement sur les normes pastorales qui règlent l'usage de l'absolution générale (Discours du 20 avril 1978, aux Évêques des États-Unis). Il a montré que ces normes, de fait, sont liées au solennel enseignement du Concile de Trente sur le précepte divin de la confession individuelle. Une fois encore il a indiqué le caractère tout à fait exceptionnel de l'absolution générale. En même temps, il demandait aux évêques d'aider leurs prêtres « à avoir une estime toujours plus grande de leur splendide ministère de confesseurs... D'autres tâches, en raison du manque de temps, doivent être retardées, ou même abandonnées, mais pas le confessionnal ». Je vous remercie de ce que vous avez fait et de ce que vous ferez pour montrer l'importance de la sage discipline de l'Église dans ce domaine qui est si intimement lié à la tâche de réconciliation. Au nom du Seigneur Jésus, donnons l'assurance, en union avec l'Église entière, à tous nos prêtres, de l'efficacité surnaturelle d'un ministère qui s'exerce avec persévérance dans la confession auriculaire dans une fidélité au commandement du Seigneur et à l'enseignement de son Église. Et une fois encore assurons tout le peuple des grands bienfaits qui découlent de la confession fréquente. Je suis vraiment convaincu par les paroles de mon prédécesseur Pie XII : « Ce n'est pas sans une inspiration du Saint-Esprit que cette pratique a été introduite dans l'Église » (AAS 35, 1943, p. 235).
Nôtre-Seigneur Jésus-Christ lui-même a insisté sur l'indissolubilité qui est essentielle au mariage. Son Église ne doit pas permettre que son enseignement en cette matière soit obscurci. Elle serait infidèle à son Maître si elle n'insistait pas sur le fait, comme Il l'a fait lui-même, que quiconque divorce de son ou de sa partenaire dans le mariage commet un adultère (Me 10, 11-12). L'union inséparable entre le mari et la femme est un grand mystère ou un signe sacramentel en rapport avec le Christ et l'Église. C'est en préservant la clarté de ce signe que nous manifesterons le mieux l'amour qu'il signifie : l'amour surnaturel qui unit le Christ et l'Église et qui lie ensemble le Christ et ceux qu'il sauve.
Et dans toutes vos activités apostoliques soyez assurés de mon amour fraternel. Je suis uni à vous et à votre clergé — pour qui je prie chaque jour — et je rends grâce à Dieu des nombreuses grâces qu'il a accordées au peuple de vos diocèses : leur sens renouvelé d'une solidarité collective dans la mission de l'Église, les signes récents d'un renouveau spirituel, un goût croissant pour la parole de Dieu, une compréhension plus profonde de leur responsabilité sociale, le courage de la jeunesse pour répondre à l'appel du Christ. Que le renouveau que nous désirons tous comporte également une préservation et un renforcement du grand héritage canadien au service de l'Évangile, en particulier pour le recrutement de missionnaires en grand nombre à travers l'Église pour y prêcher l'Évangile du Christ. Que la paix et la joie du Christ Jésus vous soient puissamment communiquées dans votre ministère pastoral et celui de vos bien-aimés prêtres. Et puissions-nous tous trouver notre encouragement et notre persévérance dans la pleine réalisation de « notre communion qui est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1,3).
Mettant joyeusement vos pas dans les pas de vos Prédécesseurs, vous êtes venus, chers Frères, vous agenouiller sur la tombe de l'Apôtre Pierre, comme je l'ai fait moi-même tant de fois, venant de Cracovie.
Cette démarche personnelle et communautaire, toujours émouvante, comporte, un sens très profond, un engagement extrêmement exigeant. Nous savons tous qu'en dépendance du Christ, qui est la seule Pierre angulaire, l'humble pêcheur de Galilée a été appelé par Jésus lui-même le Roc de l'Église. C'est ce Roc qui permet au Peuple de Dieu de grandir à travers le temps et l'espace sur des bases solides, c'est-à-dire sur la foi essentielle, de demeurer en lien profond et permanent avec le Christ Source de Vie, de maintenir et de reconstruire l'unité entre les disciples de résister à l'usure du temps et aux courants extérieurs — et parfois internes — de dissolution et de désagrégation. Oh ! certes, l'Esprit-Saint est toujours à l'oeuvre, et je me réjouis avec vous des renouveaux inattendus, des approfondissements réels que vous constatez dans vos communautés. Ils sont les fruits de l'Esprit. Mais les Pasteurs que nous sommes doivent demeurer vigilants, clairvoyants, dans l'espérance et l'humilité. Les forces de dissolution et de désagrégation sont aussi à l'oeuvre. La parabole du bon grain et de l'ivraie est toujours actuelle. C'est pour cela que nous devons, nous d'abord, les Pasteurs, professer haut et clair la foi, la doctrine de l'Église, toute la doctrine de l'Église. C'est pour cela qu'il nous faut adhérer et entraîner hardiment l'adhésion des fidèles à la discipline sacramentelle de l'Église, garante de la continuité et de l'authenticité de l'action salvatrice du Christ, garante de la dignité et de l'unité du culte chrétien, et finalement garante de la véritable vitalité du Peuple de Dieu. Voilà ce que requiert le service — qui nous est commun — du salut des âmes. Voilà ce qu'impliqué avant tout la visite « ad limina Apostolorum ».
Que le Seigneur Jésus vous aide lui-même à devenir, avec Pierre, le roc sur lequel s'édifient vos communautés. Mon service, à moi, est de continuer à vous affermir. Je vous accompagnerai par la prière dans votre ministère. Priez aussi pour moi. Et bénissons ensemble toutes vos chères communautés diocésaines.
18 novembre 1978
Le pape parle aux membres du secrétariat pour l'unité des chrétiens
Chers Frères dans l'épiscopat,
Chers Fils,
II me semble très significatif qu'à peine un mois après mon accession au siège de Rome, je puisse vous recevoir, vous qui êtes venus de cinq continents pour prendre part à la réunion plénière du Secrétariat pour la promotion de l'unité des chrétiens. En effet, la restauration de l'unité entre tous les chrétiens était l'un des buts principaux du deuxième Concile du Vatican (cf. Décret Unitatis Redintegratio, UR 1) et, dès mon élection, je me suis engagé formellement à promouvoir l'exécution de ses normes et de ses orientations, considérant que c'était là pour moi un devoir primordial. Votre présence ici aujourd’hui a donc une valeur symbolique. Elle manifeste que l'Église catholique, fidèle à l'orientation prise au Concile, non seulement veut continuer à avancer sur la voie qui mène vers la restauration de l'unité, mais désire, dans la mesure de ses moyens et en pleine docilité aux suggestions de l'Esprit-Saint (cf. Unitatis Redintegratio, UR 24), intensifier à tous les niveaux sa contribution à ce grand « mouvement » de tous les chrétiens (cf. Unitatis Redintegratio, UR 4).
Un mouvement ne s'arrête pas, ne doit pas s'arrêter avant d'avoir atteint son but. Or nous ne sommes pas encore arrivés même si nous devons remercier Dieu du chemin parcouru depuis le Concile. Vous êtes précisément réunis pour faire le point, pour voir où nous en sommes. Après ces années d'efforts multiples animés par une immense bonne volonté et une inlassable générosité, nourris de tant de prières et de sacrifices, il était bon de faire ce tour d'horizon pour évaluer les résultats obtenus et discerner les meilleures voies pour continuer à progresser. Car c'est de cela qu'il s'agit. Il faut, comme l'apôtre nous le conseille, être tout entier tendu en avant pour poursuivre notre course (cf. Ph Ph 3,13), avec une foi qui ignore la peur car elle sait en qui elle croit et sur qui elle compte. Mais notre hâte d'arriver, l'urgence de mettre un terme à l'intolérable scandale de la division des chrétiens, nous imposent d'éviter « toute légèreté, tout zèle imprudent qui pourraient nuire au progrès de l'unité » (Unitatis Redintegratio, UR 24). On ne guérit pas un mal en administrant des analgésiques mais en s'attaquant à ses causes. En particulier, je voudrais rappeler ici que le Concile était persuadé que l'Église se manifeste principalement dans le rassemblement de tous les siens pour la célébration d'une même eucharistie autour de l'autel unique où préside l'évêque entouré de son presbyterium et de ses ministres (cf. Constitution Sacrosanctum Concilium, SC 41). Même si une telle célébration eucharistique solennelle ne peut se réaliser que rarement dans notre monde moderne, il n'en reste pas moins vrai que dans chaque célébration eucharistique c'est toute la foi de l'Église qui entre en acte ; c'est la communion ecclésiale dans toutes ses dimensions qui se manifeste et se réalise. On ne peut en dissocier arbitrairement les composantes. Agir ainsi serait faire preuve de cette légèreté que le Concile nous demande d'éviter. Ce serait ne pas percevoir toutes les richesses, les exigences et les étroites relations de l'Eucharistie et de l'unité de l'Église. Je sais que, plus nous nous retrouvons comme frères dans la charité du Christ, plus il nous est pénible de ne pouvoir participer ensemble à ce grand mystère. N'ai-je pas dit que les divisions entre chrétiens deviennent intolérables ? Cette souffrance doit nous stimuler à surmonter les obstacles qui nous séparent encore de l'unanime profession de la même foi, de la réunification, par un même ministère sacramentel, de nos communautés divisées. On ne peut se dispenser de résoudre ensemble ces questions qui ont divisé les chrétiens. Ce serait une charité bien mal éclairée qui voudrait s'exprimer aux dépens de la vérité. Rechercher la vérité dans la charité était un principe qu'aimait répéter le premier Président du Secrétariat, le vénéré Cardinal Béa, dont vous avez célébré ces jours-ci le dixième anniversaire de la mort. Depuis treize ans déjà, en étroite et confiante collaboration avec nos frères des autres Églises, le Secrétariat se consacre à cette recherche d'un accord sur les points qui nous divisent encore, en même temps qu'il s'efforce de promouvoir, à l'intérieur de l'Église catholique, une mentalité, un esprit, une fidélité conformes aux désirs du Concile et sans lesquels les résultats positifs obtenus dans les divers dialogues ne pourraient être reçus par le peuple fidèle. Il faut rappeler ici que le Concile demandait qu'un effort particulier soit fait dans l'enseignement de la théologie et la formation de la mentalité des futurs prêtres (cf. Unitatis Redintegratio, UR 10). C'est particulièrement important de nos jours où cet enseignement ne peut pas ignorer les travaux des dialogues en cours. Comment, une fois engagés dans le ministère, ces prêtres pourraient-ils trouver, sous la direction de leur évêque, la manière pastoralement responsable et prudente d'informer le peuple fidèle sur les dialogues et leur progrès, si eux-mêmes n'y avaient pas été initiés durant leur période de formation ? En effet, il ne doit pas y avoir de décalage, et encore moins d'opposition, entre l'approfondissement de l'unité de l'Église par son renouveau et la recherche de la restauration de l'unité entre les chrétiens divisés. Il s'agit de cette même unité pour laquelle le Christ a prié et qui est réalisée par l'Esprit-Saint ; il doit donc y avoir une incessante interaction entre les deux aspects inséparables d'un même effort pastoral qui doit être celui de toute l'Église. Vous le savez, vous qui venez de vos diocèses pour nous aider à expliciter à la lumière de vos expériences, tout ce qu'impliqué le Concile dans le domaine de l'unité, et en vue de faire face aux exigences nées des circonstances nouvelles que le progrès même du mouvement oecuménique a créées. Je vous remercie de tout coeur d'être venus et de m'avoir donné ce temps dont je sais combien il est précieux.
A ceux qui achèvent leur service de l'unité comme membres du Secrétariat, je veux exprimer ma gratitude d'une manière toute particulière et espérer qu'ils seront dans leurs diocèses et leurs Conférences épiscopales des promoteurs avisés et ardents de l'engagement oecuménique au plan local et régional. Les constants efforts et la vigilance de tous sont requis pour promouvoir et approfondir sans cesse cette unité qui est au coeur du ministère de l'Église. L'Église n'est-elle pas « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain ? » (Constitution Lumen Gentium, LG 1). Servir l'Église c'est servir le Christ dans son dessein de « réunir dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52), de tout renouveler et récapituler en lui afin qu'il puisse tout soumettre à son Père et que nous soyons tous, dans l'Esprit, éternellement à la louange de sa gloire. Ce service est grand ! Il mérite toutes nos énergies. Il dépasse vraiment nos propres forces. Il exige notre continuelle prière. Que le Seigneur vous inspire et vous fortifie. En son nom je vous bénis.
22 novembre 1978
Discours 1978 31