Messages 1978
Messages 1978
2 février
Chers Fils et chères Filles,
Une fois de plus, le Carême est revenu avec ses pressantes invitations ! Temps qui nous rapproche du Christ, le Carême à travers Lui, nous rapproche les uns des autres. Le Carême est un temps de communion, ce qui comporte aussi une mise en commun.
Nous restons impressionnés par la description que nous font les Actes des Apôtres de la vie communautaire dans l’Eglise primitive. « Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun » (Ac 2,44). Ce n’était pas un moyen artificiel, imaginé pour cimenter la cohésion de la jeune communauté de Jérusalem ; c’était bien plutôt l’expression du « seul coeur » (ibid. 4, 32) qui inspirait tous les gestes des croyants, les unissant dans le coeur même de Jésus.
Un des effets les plus marquants de cette unanimité, les Actes nous l’indiquent en disant qu’un partage constant des biens s’effectuait en fonction des besoins de chacun. Ainsi les premiers chrétiens ont-ils spontanément pratiqué le principe selon lequel les biens de ce monde sont destinés par le Créateur à la satisfaction des nécessités de tous sans exception. Le partage chrétien traduit dans les faits cette obligation naturelle, rendue infiniment plus pressante sous l’impulsion de la charité.
Partager, c’est donc une attitude chrétienne fondamentale. Dans les nombreuses initiatives de l’amour du prochain, depuis l’aumône et le service individuel jusqu’aux contributions collectives à la promotion des peuples matériellement défavorisés, le chrétien éprouve la joie de partager, de jouir en commun d’un patrimoine généreusement mis à la disposition de tous par Dieu.
On a dit qu’il est un art de donner et un art de recevoir; les chrétiens n’ont qu’un seul terme pour l’un et l’autre ; celui du partage fraternel. Ce partage, que le présent Carême nous le fasse pratiquer comme signe de communion avec tous les hommes, tous appelés à participer au Mystère de la Croix et de la Résurrection du Christ !
Et nous, au début de ce temps fort, reprenant le mot de Saint Paul aux premiers chrétiens, nous invitons chaque fidèle de la grande communion qu’est l’Eglise catholique « à mettre de côté ce qu’il aura pu épargner » (cf. 1Co 16,2) en esprit de pénitence et de charité, pour l’offrir à la collecte commune. Et tous ceux qui sont ainsi disposés à partager leurs biens avec leurs frères dépourvus du nécessaire, nous les bénissons au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !
19 mars
Dimanche des Rameaux : Paul VI aux jeunes
Une fois de plus les jeunes — ils étaient quarante mille — se sont recueillis, Place Saint-Pierre, autour du Pape pour relever son défi : édifier la société de l’amour. Ils étaient là, au moment où de pénibles et même atroces événements venaient d’endeuiller des familles et où un dirigeant politique, grand homme et grand chrétien, avait été enlevé au sortir de la messe où chaque jour il allait puiser la force de mener à bien sa mission. Paul VI, convalescent, les a bénis du haut de sa fenêtre, et pour ne pas les priver de sa parole de réconfort, d’encouragement et d’exhortation, il a rédigé un discours qu’il a fait lire par le Cardinal Poletti, son Vicaire pour le diocèse de Rome. En voici la traduction :
Très chers Jeunes,
Votre cri de joie : « Hosanna au Fils de David » s’est élevé vers le ciel comme un choeur puissant, tandis que les palmes et les rameaux d’olivier palpitaient, agités par vos mains.
Vous présentez ainsi un spectacle de paix, d’espérance, d’amour qui offre, en ce tragique moment que nous vivons, de sérieuses raisons de réconfort. De fait nous sommes tous encore bouleversés, troublés et effrayés parce qu’une nouvelle fois les forces destructrices de la société ont frappé de manière impitoyable et cynique. Il y a quelques jours, cinq citoyens qui trouvaient leurs moyens d’existence dans un modeste labeur ont été victimes d’une meurtrière barbarie. Une haute personnalité politique a été enlevée et, ainsi, un défi était lancé à l’Etat. A ce lâche et atroce comportement d’assassins anonymes vous répondez aujourd’hui par votre présence massive de catholiques qui refusent n’importe quel genre de violence et proclament le respect et l’amour universels.
Et alors — peut-on se demander — pourquoi tant de jeunes, de travailleurs et étudiants, qui vivent à la première personne les problèmes et les vicissitudes de cette année 1978, se sont-ils réunis en ce lieu pour chanter, pour prier, pour participer à une célébration liturgique ?
La réponse à cette interrogation légitime, vous la donnez par votre présence même : vous êtes venus pour revivre, pour renouveler, pour célébrer aujourd’hui l’entrée triomphale de Jésus dans la Ville Sainte, une entrée messianique, Signe de Passion, mais signe tout autant de son imminente et définitive glorification. Et vous entendez comme les habitants de Jérusalem, aller « à la rencontre de Jésus » (cf. Jn Jn 12,12), de Jésus le Messie, le Seigneur, vrai homme et vrai Dieu, le Fils bien-aimé du Père. Vous voulez faire un geste public et communautaire d’authentique foi, capable de renouveler intégralement votre vie.
Qui est ce Jésus à la rencontre duquel vous prétendez aller ? Depuis deux mille ans cette question fondamentale s’est plantée au coeur même de l’histoire et de la culture humaine ; mais c’est une question toute pareille à celle que se posaient en Palestine les contemporains de Jésus, auditeurs de sa parole et témoins de ses signes prodigieux : « Qui est donc celui-là » (Mc 4,4 Mt 21,10). Le « mystère » de Jésus inquiétait alors, et il continue à inquiéter les hommes d’aujourd’hui; des hommes qui ont répondu et qui répondent ou par un refus préconçu, ou par une indifférence aboulique ou, par contre, avec une ardente adhésion de foi qui implique et transforme la personne tout entière.
Pour nous et pour vous, très chers Jeunes, Jésus de Nazareth n’est pas simplement un grand génie religieux à placer à côté ou même au-dessus de ces nombreuses personnalités qui tout au long de l’histoire ont lancé à l’humanité un message sur Dieu ; il n’est pas simplement un grand prophète en qui la présence du divin se serait manifestée d’une manière particulière et surabondante ; il n’est ni un super-homme, ni un super-mystique dont l’action ou dont l’enseignement pourraient encore stimuler ou séduire des âmes particulièrement sensibles.
A la demande pressante de Jésus : « Et toi, qui dis-tu que je suis ? » nous répondons avec Simon Pierre : « Tu es le Christ, Fils du Dieu Vivant » (Mt 16,16), et avec Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28).
Jésus est Celui qui a le pouvoir d’affirmer à un pauvre paralytique : « Mon enfant, tes péchés te sont remis » (Mc 2,5) et puis le guérit pour authentifier sa bouleversante déclaration ; Il est Celui qui devant les Scribes et les Pharisiens stupéfaits, se déclara « maître même du sabbat » (Mc 2,28), ayant le pouvoir de revoir et de modifier du dedans la loi mosaïque (cf. Mt Mt 5,21 et ss.). Il est Celui qui affirme être « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14,6), « la résurrection et la vie » (Jn 11,25) de tous les hommes qui croiront en lui ; Il est Celui qui va au-devant de la mort en dominateur et qui, par sa Résurrection, bouleverse les plans mesquins des adversaires. Jésus de Nazareth est vraiment le centre de l’histoire comme l’a proclamé Saint Paul : « Il est l’image du Dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en Lui qu’ont été créées toutes choses, dans les deux et sur la terre, les visibles et les invisibles : tout a été créé par Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui » (Col 1,15-17).
A Jésus Christ, Verbe fait chair, Fils éternel de Dieu, notre humble adoration, notre foi inébranlable, notre sereine espérance, notre amour inconditionnel. Il vaut vraiment la peine, fils bien aimés, d’engager sa propre vie pour le suivre Lui, seulement Lui, même si l’on sait que cette décision entraînera des renoncements, des sacrifices, des risques, des incompréhensions. Mais, comme l’a écrit Pascal, Jésus Christ « est un Dieu dont on s’approche sans orgueil et sous lequel on s’abaisse sans désespérance» (Bl. Pascal, Pensées, 528).
Vous les jeunes, vous recherchez passionnément la joie, vous la cherchez chez autrui, dans les événements, dans les choses. Jésus vous promet la plénitude de sa joie (cf. Jn Jn 15,11 Jn 16,22-24 1Jn 1,4).
Vous cherchez l’authenticité et vous avez la duplicité en horreur; Jésus a démasqué l’hypocrisie de ceux qui voulaient exploiter l’homme, principalement dans ses relations avec Dieu (cf. Mt Mt 23,5-7 Mc 3,4). Vous voulez qu’on vous considère pour ce que vous êtes et non pour ce que vous possédez. Jésus a dit : « Gardez-vous bien de toute cupidité, car au sein même de l’abondance la vie d’un homme n’est pas assurée par ses biens » (Lc 12,15).
Vous avez peur de la solitude qui attriste le coeur et accentue l’individualisme égoïste. Jésus nous fait participer à la communion qui existe entre Lui et le Père (cf. Jn Jn 14,23 et ss.) et il ouvre grand notre coeur à l’amour pour tous les hommes, fils du même Père (cf. Jn Jn 15,12 et ss.).
Vous recherchez la délivrance du péché qui dégrade l’homme, la délivrance du mal, des conditionnements sociaux, des ténèbres de l’ignorance. Le Christ est la lumière qui illumine tout homme (Jn 1,9 Jn 8,12), il est notre délivrance (cf. Jn Jn 8,38 Ga 4,31).
Vous les jeunes, vous voulez transformer le monde, le rendre plus beau, plus juste : par son incarnation, sa passion et sa résurrection, le Christ a renouvelé la réalité, il nous a renouvelé nous-mêmes : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une créature nouvelle ; l’être ancien a disparu, un être nouveau est là » (2Co 5,17).
Que le Christ soit donc au centre de votre coeur, pour vous donner généreusement à autrui ; qu’il soit au centre de votre intelligence pour donner une perspective chrétienne à l’histoire et à la culture; au centre de votre vie de citoyens dans une société qui a besoin toujours plus des idées et des forces des jeunes : « Nous avons tout dans le Christ — a écrit Saint Ambroise — (...). Pour nous, le Christ est tout. Si tu désires soigner ta plaie, Lui, il est le médecin ; si tu brûles de fièvre, il est la source qui rafraîchit ; si tu es oppressé par ta faute, il est la justification ; si tu as besoin d’aide, il est la force ; si tu as peur de la mort, il est la vie ; si tu désires le ciel, il est la voie ; si tu fuis les ténèbres, il est la lumière ; si tu as besoin de nourriture, il est l’aliment » ( St Ambroise, La virginité XVI ; PL 16, 291).
Qu’il en soit ainsi, très chers jeunes gens ; oui, ainsi ; pour vous et pour tous les jeunes du monde !
24 mars
Le Saint Père, retenu au Vatican par les suites de sa grippe n’a pas pu participer directement à la cérémonie du Chemin de Croix au Colisée. A son issue, il s’est adressé à la foule depuis son bureau au Vatican. Voici la traduction de son message :
Au terme de ce Chemin de Croix, nous avons l’impression que nos mains sont encore liées au bois humble et lourd de la Croix de Jésus. Nous croyons entendre les dernières paroles du Christ, gravées dans la mémoire de ceux qui étaient présents, et par eux transmises telles qu’elles ont été prononcées : « Eli Eli, lama sabactani », ce qui signifie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). C’est textuellement, le début du Psaume 21, lequel exprime, non certes le désespoir, impossible chez le Christ, mais le tristesse désolée et sans limites de son âme au comble de la souffrance, son âme envahie par les affres d’une immense douleur humaine : Jésus prend sur lui cette souffrance et la représente, non sans quelque référence à sa cause profonde et originelle, le péché, dont lui, malgré son innocence, supportait les conséquences (cf. 1P 2,22-24), avec leur conclusion tragique et fatale, la mort (cf. Rm Rm 5,12). Jésus est écrasé par le poids insupportable du sort qui lui est réservé, celui de l’Agneau de Dieu (Jn 1, 29, 36), celui de la victime totale, celui de son sacrifice.
La stupeur nous fait suffoquer. Heureusement, notre regard se tourne vers l’intérieur et nous fait demander : mais pourquoi ? Et pour qui ? Nous souhaitons que tous ceux qui ont suivi ce chemin laissent leur conscience se sensibiliser librement ; nous souhaitons qu’ils éprouvent cet instant d’émotion et de sympathie, qui ne peut pas ne pas s’accompagner d’une première joie, celle de se savoir immensément aimés sans aucun mérite de leur part.
Tel est le mystère de la Croix. C’est le mystère de l’amour de Dieu, dans le Christ, pour nous, pour chacun de nous. Saint Paul ne cesse de le répéter : « Le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20). Et encore : « Le Christ vous a aimés et s’est livré pour vous » (Ep 5,2). « Alors que nous étions les ennemis de Dieu le Christ est mort pour nous » (Rm 5,10-11). Un amour prévenant (1Jn 15,13). Un amour libérateur (Ga 4,5), un amour gratuit (Ep 1,6). Un amour qui purifie, « dans le sang du Christ » (1Jn 1,7) !
Que chacun de nous fasse dans sa propre conscience l’expérience du Chemin de Croix. Que chacun se dise les paroles que nous venons de rappeler : Moi, j’ai été aimé jusqu’à la mort par le Christ ! Il m’a aimé, il s’est livré pour moi ! Que chacun essaie d’avoir vraiment conscience de cet amour vivant, personnel, infini du Christ, Fils du Dieu vivant, pour la personne que chacun de nous représente : Moi, j’ai été aimé par le Christ de cette façon. Et « moi », ce peut être n’importe qui : le pécheur, l’incrédule, le faible, le malheureux. Personne ne peut s’exclure. Chacun doit laisser la douce violence de l’amour du Christ pour lui, pour lui personnellement, l’envahir et le posséder. La victoire de la Croix est la victoire de l’amour du Christ. C’est l’aube de la lumière, c’est la floraison de la vie nouvelle qui verdoie sur l’arbre de la croix porteur de salut.
Redisons ensemble l’hymne devenue source d’émotion et de joie : Croix de notre salut, / arbre si glorieux, / qu’aucun autre dans la forêt / n’égale / par ses branches et son feuillage! / Il est doux pour nous, ce bois / sur lequel est suspendu le Seigneur du monde !
26 mars
Message pascal de Paul VI
Une foule immense (200000 personnes) se pressait place St-Pierre, le jour de Pâques, malgré un temps froid et pluvieux, pour célébrer avec le Pape Paul VI, successeur de Pierre, la Résurrection du Christ. La célébration eucharistique fut toute de ferveur et de concentration. La cérémonie terminée, Paul VI a gagné la Salle des Bénédictions. Du balcon, il a lu en italien le Message de Pâques dont nous donnons la traduction.
Fils très chers de l’Eglise de Dieu,
et vous tous,
Frères de l’humanité entière,
Nous rassemblons en cet instant ce qu’il nous reste encore d’énergie humaine et ce qui surabonde en nous de certitude surhumaine pour faire joyeusement écho auprès de vous à l’annonce qui traverse et renouvelle l’histoire du monde. Le Christ est ressuscité ! Oui, notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité de la mort et a inauguré une vie nouvelle, pour lui-même et pour l’humanité ! Il est venu à la rencontre des hommes, déconcertés par le grand prodige de sa nouvelle existence, avec le salut le plus simple et le plus merveilleux, celui de sa paix : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19-20), dit-il en réapparaissant à ses disciples. Nous, héritiers authentiques de ce bonheur, nous le saluons dans la merveille de la nouveauté inédite, dans notre conscience qui se réjouit de la surprenante réalité dans la joie d’une nouvelle présence du divin Maître qui nous oblige à ressentir sa victoire sur notre peureuse incrédulité, et à répéter avec un élan pareil à celui du disciple Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).
Et c’est ainsi que, tandis que nous célébrons la vérité et la gloire de ta Résurrection, ô Seigneur, la lumière nous inonde et nous envahit. Oui, nous savons, nous jouissons d’une assurance nouvelle, qui nous met en communion spirituelle et vivante avec Toi. Oui, nous croyons ! Nous pouvons t’offrir le don qui vient de Toi, ô Ressuscité, notre foi, la foi humble mais déjà glorieuse dont nous vivons, pour laquelle nous vivons, selon ce qui nous est enseigné et ce que nous mêmes, dans une certaine mesure, nous expérimentons en notre esprit : « Le juste vit par la foi » (Ga 3,11).
Ce fruit de la foi, Fils et Frères bien-aimés, doit être le fruit de notre Pâque. Il nous faut être « fermes dans la foi » (1P 5,9). Nous devons adhérer avec une confiance totale à la Parole de Dieu, qui nous vient par les voies de la Révélation. Nous devons en faire le centre de l’existence humaine, centre logique et actif (cf. Ga Ga 5,6). Nous qui avons la chance de nous dire croyants, nous devons dépasser le stade des opinions discutables, des idéologies bâties par la mentalité humaine et par des intérêts pratiques particuliers, pour reconnaître la foi dans les droits de la Parole de Dieu, même si ici-bas la connaissance que nous en avons est comme reflétée dans un miroir énigmatique (cf. 1Co 13,12). Un jour arrivera la révélation face à face ; mais pour le moment il nous faut être fidèles, avec une courageuse cohérence, à la norme de pensée et d’action qui, à travers le magistère authentique de l’Eglise, mère et maîtresse, arrive de la religion du Christ jusqu’à nous.
Oh ! N’ayons pas peur ! Cette sagesse surnaturelle n’affaiblit pas la liberté et le développement qui dérivent pour nous de la science et de l’expérience dues à notre effort naturel; au contraire, elle les renforce et les intègre dans la découverte du langage muet de la création. Elle résout dans un échange supérieur d’intelligence et d’amour la Parole nouvelle que le Père daigne adresser par la médiation de son Fils et dans l’Esprit Saint à l’humilité de notre vie pour l’associer à sa plénitude. Oh ! Ne craignons pas de faire du « Credo », qui nous est garanti par la résurrection du Christ, l’expression de notre espérance (cf. He He 11,1), et sachons surmonter ce fonds de doutes, de scepticisme, de négation qui s’est déposé dans la mentalité de tant d’hommes qui se disent modernes seulement parce qu’ils sont les fils de notre temps. Essayons plutôt de mériter pour notre paix, et même pour notre activité temporelle, la force lumineuse de la parole du Christ : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres » (Jn 8,32).
Tel est notre souhait de Pâques, Fils et Frères ! Puissiez-vous expérimenter, avec la certitude de la foi, la joie qui lui appartient en propre (Ph 1,23), afin que nous puissions faire nôtre cette prière suprême de l’Eglise : « « Ibi nostra fixa sint corda ubi vera sunt gaudia » : « Que nos coeurs soient fixés là où se trouvent les véritables joies ! » (cf. Oraison du XXI° dimanche ordinaire). Tel est notre souhait pascal, que nous confirmerons maintenant avec notre Bénédiction Apostolique.
4 avril
A l’occasion de la XV° Journée Mondiale de prière pour les Vocations qui aura lieu le 16 avril en coïncidence comme d’habitude avec le IV° Dimanche de Pâques, le Saint-Père a lancé le message suivant :
A tous nos Frères et Fils de l’Eglise Catholique,
Dans le climat de la joie pascale, qui s’ouvre dans l’attente, pleine de promesses, de la prochaine fête de la Pentecôte, nous célébrons encore une fois, comme nous le faisons depuis quinze ans, la Journée mondiale de prière pour les vocations.
Au cours de cette période assez longue, qui coïncide avec celle de notre pontificat, nous nous demandons combien, d’« ouvriers pour la moisson » (cf. Mt Mt 9,37 et ss. ; Lc 10,2), combien de « travailleurs de la vigne » (cf. Mt Mt 20,1 et s.) sont arrivés au soir de leur journée terrestre et se sont présentés au Seigneur, pour rendre compte de leur oeuvre et pour recevoir leur récompense ? Combien d’autres ont pris leur place ? Certainement beaucoup. Mais les vides ont-ils tous été comblés ? Est-ce que ceux qui s’engagent dans le ministère sacré réussissent partout à répondre aux nécessités spirituelles des populations toujours plus nombreuses ? Et ceux qui travaillent déjà dans les secteurs multiples et immenses que le Seigneur a confiés à Son Eglise, éprouvent-ils tous l’amour évangélique, le courage chrétien, la ferveur apostolique qui sont nécessaires pour remplir avec fidélité, générosité, efficacité, leur sublime mission ?
Ce sont là des interrogations inquiétantes, qui nous font expérimenter avec souffrance notre insuffisance au regard d’événements et de problèmes que nous sentons aussi considérables. Mais le bon Pasteur, dont la figure ressort dans la liturgie de ce dimanche, vient au-devant de nous et nous tend la main. Lui, il connaît nos difficultés ; il a dit en effet : « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ». C’est pour cela qu’il nous invite, et même qu’il nous commande : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Mt 9,37-38). Et de cette prière il nous a lui-même donné l’exemple puisque, avant de choisir les Apôtres, il passa la nuit en colloque avec son Père (cf. Lc Lc 6,12-13), et à la fin de la dernière Cène il éleva vers Lui sa prière sacerdotale (cf. Jn Jn 17).
Oui, le Seigneur nous a dit de prier, et nous prions. L’Eglise prie dans toutes les parties du monde, unie dans la même foi et la même invocation, élevant avec plus de ferveur encore, en cette Journée, sa supplication universelle qui ne s’interrompt jamais.
Cette prière doit nous faire comprendre et aimer plus profondément tout ce que le Seigneur a voulu dire sur le don exaltant et joyeux de la vocation. C’est lui qui a parlé à ceux qu’il a appelés les premiers. Il leur a enseigné beaucoup de choses. Il les a voulus proches de lui (cf. Mc Mc 3,13 et s.). Il les a éclairés sur leur vie et sur leur mission, quand il a adressé à ses disciples le message des béatitudes (cf. Mt Mt 5,1 et ss. ; Lc 6,20 et s.), son discours missionnaire (cf. Mt 10), et, en particulier, son testament sacerdotal, avant son sacrifice (cf. Jn Jn 13 Jn 14 Jn 15 Jn 16).
Nous voudrions maintenant vous demander, surtout à vous les jeunes : Connaissez-vous la pensée de Jésus à ce sujet ? Autrement dit, savez-vous bien pour quoi vous priez ? Vous priez pour les prêtres, pour les religieux, pour les missionnaires; mais connaissez-vous bien les réalités mystérieuses et merveilleuses du sacerdoce catholique, de la vie consacrée par les voeux, du don de soi au service des missions ? Si vous ne connaissez pas bien ces choses, comment pourriez-vous les aimer, comment pourriez-vous les faire vôtres et les ressentir comme idéaux de vie, auxquels il faudrait rester fidèles pour toujours ?
Eh bien, le texte évangélique d’aujourd’hui nous éclaire justement, avec ses images merveilleuses, sur ces dons de Dieu, et nous les fait mieux comprendre. Quand Jésus parle du « pasteur » et du bercail, il se présente lui-même comme Bon pasteur, et il présente la communauté des croyants, c’est-à-dire son Eglise, comme le bercail ouvert pour accueillir toute l’humanité (cf. Jn Jn 10, passim ; Constitution dogm. Lumen Gentium, LG 6,9). Or pour comprendre le sens et la valeur de toute vocation, il faut appliquer son esprit et son coeur à ces deux réalités : le Christ et l’Eglise. C’est là qu’est la lumière pour accueillir la vocation, et le soutien pour persévérer dans cette vocation profondément comprise, librement choisie, fortement aimée.
Regardez le Christ. Nous le disons spécialement à vous, les jeunes, avec une affection paternelle et une grande confiance. Regardez Jésus de Nazareth, fils de l’homme et Fils de Dieu, grand Prêtre du nouveau Peuple de Dieu, Pasteur éternel de son Eglise, qui a offert sa vie pour son troupeau, « prenant la condition d’esclave..., se rendant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » (cf. Ph Ph 2,7-8). Du Christ provient, comme d’une source pure, divine, le sacerdoce de la Nouvelle Alliance : aussi bien le sacerdoce commun des fidèles, en vertu du sacrement du baptême (cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium LG 10,11), que le sacerdoce ministériel, en vertu du sacrement de l’Ordre (cf. par exemple, ibid., nn. 10, 21, 28) ; de Lui provient le don des « conseils évangéliques de chasteté vouée à Dieu, de pauvreté et d’obéissance, fondés sur les paroles et les exemples du Seigneur » (ibid. n. 43) ; de Lui encore provient le mandat de la mission : « Allez et enseignez toutes les nations » (Mt 28,19), pour porter sa vérité et son salut au genre humain « jusqu’à la fin du monde » (ibid., 28, 20 ; cf. Constitution dogmatique Lumen Gentium, LG 17). Seule une intimité vécue, jour après jour, avec Lui, en Lui et par Lui, peut faire naître et accroître dans un coeur de jeune la volonté de se donner irrévocablement, sans compromis et sans fléchissement avec une joie toujours nouvelle et régénératrice, aux responsabilités d’être « ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu » (1Co 4,1), comme du reste la volonté de persévérer dans les engagements crucifiants, propres à la vocation chrétienne qui naît au baptême et se développe durant toute le vie. Regardez donc le Christ, toujours, pour établir avec lui un colloque décisif et fidèle.
D’autre part, regardez l’Eglise. Elle est le troupeau du Seigneur, qu’il a réuni et qu’il continue de guider, comme le bon Pasteur, modèle de tout pasteur. Elle est le bercail, que le Seigneur a édifié pour accueillir et défendre son troupeau; elle est la famille de Dieu, où grandissent ses fils en tout temps, en toute nation. Elle est l’Eglise visible et spirituelle, réalité histoire et mystère de foi, Eglise d’hier et d’aujourd’hui, de toujours ; comme l’a dit le Concile, « elle ne vise qu’un but : continuer, sous l’impulsion de l’Esprit consolateur, l’oeuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi ». (Constitution pastorale Gaudium et Spes, GS 3). Pour cette Eglise, Jésus a institué son sacerdoce ; dans cette Eglise, Jésus a suscité la vie consacrée dans la profession des conseils évangéliques ; à cette Eglise, Jésus a confié la tâche formidable de l’entreprise missionnaire pour le monde entier.
Nous vous le disons donc, à vous les jeunes, et aussi à ceux qui sont moins jeunes : cherchez à mieux connaître ces réalités et ces vérités, pour les aimer davantage, pour découvrir et vivre votre vocation, pour lui demeurer fidèles avec la grâce du Seigneur.
Mais nous devons aussi ajouter pour vous, pasteurs d’âmes, religieux, religieuses, missionnaires, éducateurs, pour vous théologiens, et pour vous experts en spiritualité, en pédagogie et en psychologie des vocations : faites connaître ces réalités, enseignez ces vérités, rendez-les compréhensibles, stimulantes, attrayantes, comme savait le faire Jésus, le Maître et le Pasteur. Que personne, par notre faute, n’ignore ce qu’il doit savoir, pour orienter, dans un sens différent et meilleur sa propre vie.
Concluons ensemble ces considérations en adressant au Christ lui-même notre humble prière:
Eclairés et encouragés par ta Parole, nous te prions, Seigneur, pour ceux qui ont déjà répondu à ton appel et qui en vivent maintenant. Pour tes évêques, tes prêtres, tes diacres ; également pour les religieux, Frères et Soeurs, qui te sont consacrés ; et encore pour tes missionnaires et pour ces laïcs généreux qui oeuvrent dans les ministères institués ou reconnus par la sainte Eglise. Soutiens-les dans les difficultés, réconforte-les dans leurs souffrances, assiste-les dans leur solitude, protège-les dans la persécution, affermis-les dans la fidélité !
Nous te prions, Seigneur, pour ceux qui commencent à ouvrir leur esprit à ton appel, ou qui déjà se préparent à le suivre. Que ta Parole les éclaire, que ton exemple les entraîne, que ta grâce les guide jusqu’aux ordres sacrés, jusqu’aux voeux religieux, jusqu’à l’envoi missionnaire.
Que ta Parole, Seigneur, les guide tous et les soutienne, afin qu’ils sachent orienter, conseiller et aider leurs frères avec cette force de conviction et d’amour que tu possèdes et que seul tu peux communiquer.
Confiant dans l’action de Dieu, « qui produit en nous le vouloir et le faire en vue de ses bienveillants desseins » (cf. Ph Ph 2,13), nous vous adressons à tous de grand coeur, et en particulier à ceux qui se préparent dans la prière et l’étude à collaborer plus directement à l’annonce de l’Evangile, en gage d’encouragement, notre bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 1er février 1978, quinzième de notre Pontificat.
23 avril
Message de Paul VI
Vénérables Frères et très chers Fils,
La Journée mondiale des communications sociales constitue un rendez-vous annuel important. Elle est consacrée, comme vous le savez bien, à une réflexion approfondie au sujet de la fonction et de l’usage des instruments qui servent aux communications sociales, et que les Pères du Concile n’ont pas hésité à définir « admirables ». En effet, qui peut évaluer l’influence que ces moyens modernes sont en mesure d’exercer sur l’opinion publique ? Ils en orientent les jugements et en conditionnent les choix grâce à leur profond impact et leur large diffusion, à des techniques toujours plus perfectionnées, à des temps d’usage toujours plus longs.
Ce n’est donc pas étonnant que l’Eglise suive avec un intérêt croissant les développements d’un phénomène culturel d’une aussi vaste portée et ne cesse d’attirer l’attention, avec une sollicitude maternelle, de ceux qui en sont protagonistes ou qui ont conscience de leurs responsabilités en ce domaine. Cette même préoccupation pastorale Nous a poussé à choisir comme thème du présent Message l’examen des attentes, des droits et des devoirs de ceux qu’on désigne comme les « usagers », c’est-à-dire des destinataires des communications sociales. Nous les considérons naturellement du point de vue qui Nous est propre : c’est-à-dire de celui du personnalisme chrétien, qui retrouve en chaque créature humaine une image vivante de Dieu (cf. Gn Gn 1,26) porteuse, par dessein providentiel, d’une destinée éternelle.
La première attente des « usagers » qui mérite d’être soulignée et mise en valeur, est l’aspiration à l’échange réciproque (cf. Encyclique Ecclesiam Suam AAS 56, 1964, p. 659). L’espace que les journaux et les émissions de radio et télévision réservent aux échanges avec leurs propres lecteurs, auditeurs et spectateurs ne correspond qu’en partie à ce désir légitime, car il s’agit toujours de cas isolés, alors que tous les « usagers » ressentent le besoin de pouvoir exprimer — d’une manière ou l’autre — leur propre opinion et d’offrir leur contribution d’idées et de propositions personnelles. Assurer cet échange, le favoriser et l’orienter vers des problèmes importants, permettrait aux « communicateurs » d’établir un contact continu et stimulant avec la société, et porter les « usagers » eux-mêmes à un niveau de correspondance active.
La seconde exigence est celle de la vérité : il s’agit ici d’un droit fondamental de la personne, fondé sur la nature humaine et intimement liée au droit de participation que l’évolution d’aujourd’hui tend à assurer à chacun des membres de la société. Cette aspiration concerne par ailleurs de manière directe les moyens d’information, dont les destinataires ont le droit d’attendre la rapidité, l’honnêteté, la recherche d’objectivité, le respect de la hiérarchie des valeurs et, s’il s’agit de spectacles, la présentation d’une image véridique de l’homme tant comme individu que comme partie d’un contexte social déterminé.
On ne peut pas non plus sous-estimer l’aspiration de l’homme moderne aux loisirs et à la détente en vue de la récupération de ses forces et de son équilibre psychique, mis à rude épreuve par les conditions souvent énervantes que la vie et le travail imposent aujourd’hui. Ce désir légitime ouvre des perspectives spirituelles, où la problématique religieuse et morale revêt une importance particulière. Les chrétiens savent que cette problématique, sous l’impulsion de l’Esprit, conduit l’homme à la plénitude de sa propre et suprême destinée.
Afin de donner satisfaction à ces aspirations, la collaboration active de la part de l’« usager » est nécessaire. Celui-ci doit assumer un rôle actif dans le processus de formation à la communication. Il ne s’agit pas de créer des groupes de pression, durcissant encore plus les affrontements et les tensions de notre époque, mais d’empêcher que, au lieu d’une « table ronde de la société » où tous aient un juste accès selon la propre préparation et l’importance des sujets dont ils s’occupent, la place ne soit occupée exclusivement par des groupes non représentatifs qui pourraient faire un usage unilatéral, intéressé, et restrictif des instruments à leur portée. Il est à souhaiter, au contraire, qu’entre « communicateurs » et « usagers », des rapports authentiques s’instaurent, c’est-à-dire que se réalise entre eux un véritable « colloque » (cf. Instruction Pastorale Communion et Progrès, AAS 63, 1971, n. 81, p. 623).
Cela signifie que vous devez vous-mêmes, chers lecteurs, auditeurs et spectateurs, apprendre le langage des moyens de communication sociale, même si cela est difficile, afin d’être capables de devenir des interlocuteurs valables. Il faut que vous puissiez bien choisir votre journal, les livres, les films, les programmes de radio et de télévision, conscients que de votre choix — tout comme d’un bulletin de vote — dépendra l’encouragement et le soutien, également économique, ou bien le refus d’un type déterminé de communication (cf. ibid., n. 82, p. 624). Il faut d’autre part tenir compte de la grande complexité de la réalité des communications modernes, où en raison de leur nature — et parfois par volonté explicite d’instrumentalisation — le vrai peut être mêlé au faux, le bien au mal. Il n’y a en effet aucune vérité, aucune chose sacrée, aucun principe moral, qui ne puisse être, directement ou indirectement, mis en question ou contesté au sein de l’ample échange des communications sociales. Vous devez donc faire preuve d’une capacité éveillée de discernement et confrontant les messages reçus aux authentique valeurs morales et religieuses en évaluant et en accueillant les éléments positifs, et en excluant par contre ceux qui sont négatifs.
Une triple capacité doit donc être acquise aujourd’hui par chaque usager désireux de pouvoir devenir citoyen adulte et responsable : la capacité de comprendre le langage des mass média, de choisir avec discernement et d’être capable de porter un bon jugement. Cette capacité détermine le dialogue avec le « communicateur ». Ce dialogue doit, ensuite, trouver les formes appropriées, correctes et respectueuses, bien que franches et fermes, pour intervenir selon que le demandent les circonstances.
Nous n’ignorons pas les difficultés quel chaque « usager », à commencer par le chrétien, rencontre pour s’assurer les capacités nécessaires à l’exercice de ses droits et devoirs, en conformité avec ses propres aspirations, dans la situation concrète du monde contemporain. Mais, s’il est vrai que l’avenir de la famille humaine dépendra, en grande partie, de l’usage qu’elle sera capable de faire de ses moyens modernes de communication, il est nécessaire de réserver à la formation des « usagers » une attention prioritaire tant au niveau du ministère pastoral, que, plus généralement, au niveau de toute éducation.
Une première éducation doit s’accomplir, en ce domaine, à l’intérieur de la famille. Comprendre, savoir choisir, et porter un jugement droit sur les moyens de communication sociale fait aujourd’hui partie intégrante de la formation à la vie. Il appartient aux parents d’aider leurs enfants à faire leurs choix, à formuler leurs jugements avec maturité, à dialoguer avec les « communicateurs ».
Cette formation doit se poursuivre à l’école. Le Concile Oecuménique Vatican II en fait une obligation explicite aux écoles catholiques de tous les degrés (cf. Décr. Inter Mirifica IM 16), ainsi qu’aux associations d’inspiration chrétienne de caractère éducatif, spécifiant en particulier : « pour atteindre plus efficacement un tel but, que soient insérés dans la catéchèse l’exposé et l’explication de la doctrine et de la discipline catholique en cette matière » (ibid.). Les éducateurs ne doivent pas oublier que leur activité pédagogique s’accomplit dans un contexte où de nombreux spectacles et émissions, touchant à la foi et aux principes moraux, atteignent quotidiennement leurs élèves, qui ont donc besoin de leurs continuelles explications ou rectifications par rapport aux choses lues, vues et entendues.
Les communautés locales de croyants, enfin, doivent aider leurs propres membres dans le choix, la compréhension, et le discernement. Nous faisons appel à la presse catholique, aux autres moyens à la disposition des diocèses, des paroisses et des Familles religieuses, afin qu’ils donnent le plus grand espace possible à l’information sur les programmes des communications sociales, qu’ils recommandent ou déconseillent en y apportant les motivations opportunes de façon à consentir aux fidèles de s’orienter, en pleine conformité à la doctrine et à la morale évangélique. Les chrétiens et en particulier les jeunes doivent clairement se rendre compte que leur sainteté de vie, l’intégrité de leur foi, la richesse de leur culture, et, par conséquent, la contribution qu’ils donneront au développement général de la société, dépendent des choix qu’ils feront.
L’Eglise peut et doit les informer et les aider, mais ne peut pas se substituer à leurs décisions personnelles et cohérentes.
Comme on le voit tout de suite, la tâche est complexe et extrêmement exigeante. Seule la collaboration généreuse de tous pourra obtenir non seulement que les moyens de communication sociale abandonnent les attitudes et expressions — qui se vérifient malheureusement parfois — qui s’inspirent à la violence, à l’érotisme, à la vulgarité, à l’égoïsme et à des intérêts particuliers injustifiés, mais que la communication sociale soit capable d’offrir une information ample, rapide et véridique, et, en ce qui concerne les spectacles, des loisirs sains, au plan culturel et spirituel, contribuant ainsi de manière efficace à cet humanisme plénier qui tient extrêmement à coeur à l’Eglise (Encyclique Populorum Progressio AAS 59, 1967, n. 42, p. 278, et n. 14, p. 264).
Désirant encourager l’effort de tous ceux qui se consacrent à cette tâche particulière, Nous invoquons sur eux-mêmes et sur tous ceux qui participeront à la célébration de la XII° Journée mondiale des communications sociales, l’abondance des dons de l’Esprit et Nous leur donnons de tout coeur la bienveillante bénédiction apostolique.
Donné au Vatican le 23 avril 1978, quinzième de notre Pontificat.
Messages 1978