Catéchèses S. J-Paul II 25893

Mercredi 25 août 1993 - Les relations des prêtres avec leurs évêques

25893 (Jn 15,12-15)

1. La communion que Jésus a voulue entre ceux qui participent au sacrement de l'Ordre, doit se manifester de manière toute particulière dans les relations entres les prêtres et leur évêque. Le Concile Vatican II parle à ce propos d'une " communion hiérarchique ", qui découle de l'unité de la consécration et de la mission. Nous lisons : " Tous les prêtres, en union avec les évêques, participent à l'unique sacerdoce et à l'unique ministère du Christ ; c'est donc l'unité même de consécration et de mission qui réclame leur communion hiérarchique avec l'Ordre des évêques ; manifestée de manière excellente dans le cas de la concélébration liturgique, cette union avec les évêques est affirmée explicitement au coeur de la célébration de l'Eucharistie " (PO 7). Comme on peut le constater également ici, le ministère de l'Eucharistie est présenté à nouveau comme signe et fondement de l'unité. Le sacrement de l'Ordre est relié à l'Eucharistie, et il détermine la communion hiérarchique entre tous ceux qui participent au sacerdoce du Christ. Le Concile ajoute : " Tous les prêtres, par conséquent, tant diocésains que religieux, en raison de l'Ordre et du ministère, sont associés au corps épiscopal " (LG 28).

2. Ce lien entre les prêtres, quelles que soient leur qualification et leur fonction, et les évêques, est essentiel dans l'exercice du ministère presbytéral. Les prêtres reçoivent de l'évêque l'autorité sacramentelle et l'autorisation hiérarchique pour exercer ce ministère. Même les religieux reçoivent cette autorité et cette autorisation de l'évêque qui les a ordonnés prêtres et de celui qui administre le diocèse où ils exercent leur ministère. Même quand ils appartiennent à des Ordres exempts de la juridiction des évêques diocésains quant au régime interne, il reçoivent de l'évêque, conformément au droit canonique, le mandat et l'accord pour l'insertion et l'activité dans le cadre du diocèse, restant toujours sauve l'autorité par laquelle le Pontife romain, comme chef de l'Église, peut conférer aux ordres religieux et à d'autres Instituts le pouvoir de se régir selon leurs constitutions et de travailler à l'échelle universelle. Quant aux évêques, ils ont en leurs prêtres des " auxiliaires et des conseillers indispensables dans leur ministère et leur charge de docteurs, sanctificateurs et pasteurs du Peuple de Dieu " (PO 7).

3. Par ce lien entre prêtres et évêques, les prêtres sont " l'aide et l'instrument " de l'Ordre épiscopal, comme l'écrit la Constitution Lumen gentium (LG 28). Ils prolongent dans chaque communauté l'action de l'évêque, dont ils rendent la figure de pasteur présente, d'une certaine manière, dans les différents lieux.

Il est clair que le ministère du prêtre, en vertu de son identité pastorale et de son origine sacramentelle, s'exerce " sous l'autorité de l'évêque ". Toujours selon Lumen gentium, c'est sous cette autorité que les prêtres " apportent leur contribution au travail pastoral de tout le diocèse ", en sanctifiant et en gouvernant la portion du troupeau du Seigneur qui leur est confiée (ibid. LG LG 28)

Il est vrai que les prêtres représentent le Christ et agissant en son nom, en participant, selon leur degré de ministère, à sa fonction d'unique Médiateur. Mais ils peuvent agir uniquement comme collaborateurs de l'évêque, étendant ainsi le ministère du Pasteur diocésain au sein de la communauté locale.

4. Des relations riches de spiritualité entre évêques et prêtres se fondent sur ce principe théologique de la participation, dans le cadre de la communion hiérarchique. Lumen gentium l'énonce ainsi : " En raison de leur participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque, les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement. L'évêque, lui, doit considérer les prêtres, ses coopérateurs, comme des fils et des amis, tout comme le Christ appelle ses disciples non plus serviteurs, mais amis (cf. Jn Jn 15,15) " (Ibid. LG LG 28).

Ici aussi, l'exemple du Christ sert de modèle de comportement à la fois pour les évêques et les prêtres. Si Celui qui avait une autorité divine n'a pas voulu traiter ses disciples de serviteurs mais d'amis, l'évêque ne peut pas considérer ses prêtres comme des personnes à son service. Avec lui, ils servent le Peuple de Dieu. Et de leur côté, les prêtres doivent répondre à leur évêque comme le demande la règle de la réciprocité de l'amour dans la communion ecclésiale et sacerdotale : à savoir comme des amis et des " fils " spirituels. L'autorité de l'évêque et l'obéissance de ses collaborateurs, les prêtres, doivent donc s'exercer dans le cadre d'une vraie et sincère amitié.

Cet engagement se fonde non seulement sur la fraternité qui existe, en vertu du baptême, entre tous les chrétiens, et sur celle qui découle du sacrement de l'Ordre, mais sur la parole et l'exemple de Jésus qui, même dans le triomphe de la Résurrection, s'est penché de son incommensurable hauteur vers ses disciples, les appelant " mes frères " et déclarant que son Père est aussi le " leur " (Jn 20,17 Mt 28,10). Ainsi, selon l'exemple et l'enseignement de Jésus, l'évêque doit traiter les prêtres, qui sont ses collaborateurs, comme des frères et des amis, sans que son autorité de Pasteur et de supérieur ecclésiastique en soit diminuée. Un climat de fraternité et d'amitié favorise la confiance des prêtres, et leur volonté de coopérer avec les évêques, et de les rejoindre dans l'amitié et la charité fraternelle et filiale.

5. Le Concile traite même de quelques détails qui regardent les devoirs des évêques envers leurs prêtres. Qu'il suffise ici de les rappeler : les évêques doivent avoir à coeur, autant qu'ils le peuvent, le bien-être matériel et surtout spirituel de leurs prêtres ; promouvoir leur sanctification et se préoccuper de leur formation permanente, en examinant avec eux les problèmes concernant les besoins de leur travail pastoral et le bien du diocèse (cf. PO, PO 7).

De même, les devoirs des prêtres envers leurs évêques sont résumés dans ces termes : " Ils savent que les évêques sont revêtus de la plénitude du sacrement de l'Ordre ; ils doivent donc respecter en eux l'autorité du Christ, Pasteur suprême. Qu'ils aient pour leur évêque un attachement sincère, dans la charité et l'obéissance " (Ibid. PO PO 7).

Charité et obéissance : le binôme essentiel de l'esprit dans lequel on doit se comporter avec son évêque. Il s'agit d'une obéissance animée par la charité. L'intention fondamentale du prêtre, dans son ministère, ne peut qu'être celle de la coopération avec son évêque. S'il possède un esprit de foi, il reconnaît la volonté du Christ dans les décisions de l'évêque.

Il est compréhensible que, parfois, particulièrement lorsque s'affrontent des avis différents, l'obéissance puisse être plus difficile. Mais l'obéissance a été la disposition fondamentale de Jésus dans son sacrifice et elle a produit le fruit du salut reçu par le monde entier. De même, le prêtre qui vit de la foi sait qu'il est appelé à une obéissance qui, en mettant en pratique le commandement de Jésus sur l'abnégation, lui donne le pouvoir et la gloire de partager la fécondité rédemptrice du Sacrifice de la Croix.

6. Enfin, il faut ajouter que, comme tout le monde le sait, le ministère pastoral demande, aujourd'hui plus que jamais, la coopération des prêtres et donc leur union aux évêques, en raison de sa complexité et de son ampleur. Comme l'écrit le Concile, " l'union des prêtres avec les évêques est une exigence particulière de notre temps : à l'époque actuelle, bien des raisons font que les initiatives apostoliques doivent non seulement prendre des formes multiples, mais encore dépasser les limites d'une paroisse ou d'un diocèse. Aucun prêtre n'est donc en mesure d'accomplir toute sa mission isolément et comme individuellement ; il ne peut se passer d'unir ses forces à celles des autres prêtres sous la conduite des chefs de l'Église " (Ibid.).

C'est la raison pour laquelle les " Conseils presbytéraux " ont cherché à rendre systématique et organique la consultation des prêtres par les évêques (cf. Synode des évêques de 1971, II, I, 1 : Ench. Vat., IV, 1224). De leur côté, les prêtres participeront à ces Conseils dans un esprit de collaboration éclairé et loyal, avec l'intention de coopérer à l'édification du " Corps unique ". Et même, en particulier, dans leur rapports personnels avec leur évêque, ils se rappelleront une chose et ils l'auront surtout particulièrement à coeur à savoir : la croissance de chacun et de tous dans la charité, qui est le fruit du don de soi à la lumière de la Croix.



                                                                         Septembre 1993


Mercredi 1 septembre 1993 - Les relations des prêtres avec leurs confrères dans le sacerdoce

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(
Mc 6,7-10)

1. “ La communauté sacerdotale ” ou presbyterium, dont nous avons parlé dans les catéchèses précédentes, comporte, entre ceux qui en font partie, un réseau de relations réciproques qui se situent dans le contexte de la communion ecclésiale produite par le baptême. Le fondement plus spécifique de ces relations est la participation sacramentelle et spirituelle commune au sacerdoce du Christ, d’où dérive un sens spontané d’appartenance au presbyterium.

Le Concile l’a bien remarqué : “ Les prêtres, constitués dans l’ordre du presbytérat par l’Ordination, sont tous unis entre eux par une fraternité sacramentelle intime ; mais d’une façon spéciale ils forment un unique presbyterium dans le diocèse au service duquel ils sont affectés, en dépendance de son évêque ” (Presbyterorum ordinis PO 8). Par rapport à ce presbyterium diocésain, grâce à la connaissance mutuelle, à la proximité et aux habitudes de vie et de travail, ce sens de l’appartenance se développe davantage, qui suscite et alimente la communion fraternelle et qui l’ouvre dans la collaboration pastorale.

Les liens de la charité pastorale s’expriment dans le ministère et la liturgie, comme le remarque encore le Concile : “ Chaque membre de ce presbyterium est uni aux autres par des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et de fraternité : cela se manifeste liturgiquement, depuis l’antiquité, dans la cérémonie où les prêtres qui assistent à l’Ordination sont invités à imposer les mains avec l’évêque qui ordonne sur la tête du nouvel élu, ou encore quand ils célèbrent la sainte Eucharistie dans un même sentiment ” (Ibid.). En ces occasions, on a une représentation de la communion sacramentelle, mais aussi de la communion spirituelle, qui trouve dans la liturgie l’una vox pour proclamer devant Dieu et témoigner devant les frères de l’unité de l’esprit.

2. La fraternité sacerdotale s’exprime aussi dans l’unité du ministère pastoral, dans tout le grand éventail des tâches, des offices et des activités auxquelles les prêtres sont assignés. “ Même quand ils s’emploient à des tâches diverses, ils exercent toujours un unique ministère sacerdotal en faveur des hommes ” (Ibid . PO PO 8).

La diversité des tâches peut être importante. Ainsi par exemple, le ministère dans les paroisses et celui inter-paroissial ou supra-paroissial, les oeuvres diocésaines, nationales, internationales, l’enseignement dans les écoles, la recherche, l’analyse, l’enseignement dans les différents secteurs de la doctrine religieuse et théologique, tout apostolat sous forme de témoignage, avec parfois le fait de cultiver et enseigner quelque branche de ce qui peut être connu par l’homme ; et encore, la diffusion du message évangélique par les médias, l’art religieux dans ses multiples expressions, les nombreux services caritatifs, l’assistance morale aux différentes catégories de chercheurs ou de travailleurs ; et enfin, très actuelles et très importantes aujourd’hui, les activités oecuméniques. Cette variété ne peut pas créer des catégories ou des classes différentes car, pour les prêtres, il s’agit de tâches qui rentrent toujours dans le dessein de l’évangélisation. Nous disons avec le Concile qu’ “ il est évident que tous travaillent pour la même cause, à savoir l’édification du Corps du Christ, qui exige des fonctions multiples et des adaptations nouvelles, surtout de notre temps ” (Ibid . PO PO 8).

3. C’est la raison pour laquelle il est important que chaque prêtre soit disposé – et convenablement formé – à comprendre et à estimer l’oeuvre accomplie par ses frères dans le sacerdoce. C’est une question d’esprit chrétien et ecclésial, au-delà de l’ouverture aux signes des temps. Il devra être capable de comprendre, par exemple, qu’il y a une diversité de besoins pour l’édification de la communauté chrétienne, comme il y a une diversité de charismes et de dons ; il y a encore diversité dans les manières de concevoir et d’accomplir les oeuvres apostoliques, puisque dans le domaine pastoral de nouvelles méthodes de travail peuvent être proposées et employées, tout en demeurant toujours dans le cadre de la communion de foi et d’action de l’Église.

La compréhension réciproque est la base de l’aide mutuelle dans les différents domaines. Répétons-le avec le Concile : “ Il est très nécessaire que tous les prêtres, diocésains aussi bien que religieux, s’aident réciproquement, de manière à être toujours des coopérateurs de la vérité ” (Ibid PO 8). On peut s’aider réciproquement de différentes manières : cela va de la disponibilité à rendre service à un confrère dans le besoin au fait d’accepter de programmer le travail dans un esprit de coopération pastorale qui s’avère toujours plus nécessaire entre les différents organismes et groupes, y compris dans l’organisation globale de l’apostolat. À ce sujet, on gardera à l’esprit que la paroisse elle-même (comme parfois aussi le diocèse), tout en ayant son autonomie, ne peut être une île, en particulier à une époque comme la nôtre où abondent les moyens de communication, la mobilité des personnes, l’afflux en certains points d’attraction, et les nouvelles homologations de tendances, d’habitudes, de modes et d’horaires. Les paroisses sont des organes vivants de l’unique Corps du Christ, de l’unique Église, dans lesquels on accueille et on sert tant les membres de la communauté locale que tous ceux qui, pour une raison ou une autre, affluent à un moment donné, lequel peut représenter l’émergence de Dieu dans une conscience ou dans une vie. Naturellement, cela ne doit pas devenir une cause de désordre, ni d’irrégularités envers les lois canoniques, qui sont elles aussi au service de la pastorale.

4. Il faut souhaiter et favoriser un effort particulier de compréhension mutuelle et d’aide réciproque spécialement dans les rapports entre les prêtres plus âgés et les plus jeunes : les uns comme les autres sont tellement nécessaires à la communauté chrétienne, et tellement chers aux évêques et au Pape. C’est le Concile lui-même qui recommande aux anciens d’avoir de la compréhension et de la sympathie pour les initiatives des jeunes ; et aux jeunes de respecter l’expérience des anciens et de leur faire confiance ; aux uns et aux autres de se traiter avec une affection sincère, selon l’exemple donné par tant de prêtres d’hier et d’aujourd’hui (cf. Ibid . PO PO 8).

Que de choses monteraient du coeur aux lèvres, sur ces questions dans lesquelles se manifeste concrètement la “ communion sacerdotale ” qui relie les prêtres ! Nous nous contenterons de faire référence à celles suggérées par le Concile : “ Animés d’un esprit fraternel, que les prêtres ne négligent pas l’hospitalité (cf. He He 13,1-2), qu’ils pratiquent la bienfaisance et la communauté de biens (cf. He He 13,16), en ayant spécialement soin de ceux qui sont malades, affligés, surchargés de travail, isolés ou exilés, ainsi que de ceux qui sont persécutés (cf. Mt Mt 5,10) ” (Ibid . PO PO 8).

Tout pasteur, tout prêtre, quand il jette un regard sur sa vie passée, la trouve parsemée d’expériences du besoin de compréhension, d’aide, de coopération de la part de tant de confrères comme d’autres fidèles, que l’on retrouve sous les différentes formes de besoins à peine évoquées ; et de combien d’autres ! Qui sait s’il n’aurait pas été possible de faire davantage pour tous ces “ pauvres ”, aimés par le Seigneur et confiés par lui à la charité de l’Église ? Pour ceux également qui, comme nous le rappelle le Concile (Ibid PO 8), pouvaient être dans une période de crise. Même en ayant conscience d’avoir suivi la voix du Seigneur et de l’Évangile, nous devons nous proposer chaque jour de faire toujours davantage et toujours mieux pour tous.

5. Le Concile suggère également quelque initiative communautaire, afin de promouvoir l’aide réciproque en cas de besoin, et aussi de manière permanente et presque institutionnelle en faveur des confrères.

Il se réfère avant tout à des réunions fraternelles périodiques dans un but de détente et de repos, pour répondre à ce besoin humain de reprendre des forces physiques, psychiques et spirituelles ; le “ Seigneur et Maître ” Jésus, dans sa délicate attention à la situation des autres, en avait déjà tenu compte quand il avait invité les Apôtres : “ Venez vous-mêmes à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu ! ” (Mc 6,31). Cette invitation vaut également pour les prêtres à toute époque, et dans la nôtre plus que jamais, étant donné le harcèlement des occupations et leur complexité, y compris dans le ministère pastoral (cf. PO PO 8).

Le Concile encourage ensuite les initiatives qui visent à rendre possible et facile de façon permanente la vie commune des prêtres, même sous forme de cohabitation sagement instituée et ordonnée, ou au moins sous forme d’une communauté de table facilement accessible et praticable dans des lieux adaptés. Les raisons non seulement économiques et pratiques, mais aussi spirituelles, de ces initiatives, en harmonie avec les institutions de la première communauté de Jérusalem (cf. Ac Ac 2,46-47), sont évidentes et pressantes dans la situation actuelle de nombreux prêtres et prélats auxquels il faut porter attention et soin afin de soulager leurs difficultés et leurs peines (cf. PO PO 8).

“ Il faut aussi avoir une grande considération et encourager avec diligence les associations qui, sur la base de statuts reconnus par l’autorité ecclésiastique compétente, par un mode de vie convenablement ordonné et approuvé et par l’aide fraternelle, favorisent la sainteté des prêtres dans l’exercice du ministère et visent de ce fait à servir l’Ordre des prêtres tout entier ” (Ibid PO 8).

6. Cette dernière expérience, en de nombreux endroits, a été faite par de saints prêtres y compris dans le passé. Le Concile désire que cette expérience prenne la plus grande extension possible et il stimule en ce sens, et de nouvelles institutions n’ont pas manqué d’apparaître, dont le clergé et le peuple chrétien tirent un grand bénéfice. Leur floraison et leur efficacité sont proportionnelles à l’accomplissement des conditions fixées par le Concile, à savoir : la finalité de la sanctification sacerdotale, l’aide fraternelle entre les prêtres, la communion avec l’autorité ecclésiastique, au niveau diocésain ou à celui du Siège apostolique, selon les cas. Cette communion comprend des statuts approuvés comme règle de vie et de travail, sans lesquels les associés seraient presque inévitablement condamnés au désordre ou aux impositions arbitraires de quelque personnalité plus forte. C’est un vieux problème qui se pose à toute forme d’association et que l’on retrouve dans le domaine religieux et ecclésiastique. L’autorité de l’Église réalise sa mission de service en faveur des prêtres et de tous les fidèles en exerçant aussi cette fonction de discernement des valeurs authentiques, de protection de la liberté spirituelle des personnes et de garantie de la validité des associations, ainsi que de toute la vie de la communauté

Là aussi, il s’agit de mettre en pratique le saint idéal de la “ communion sacerdotale ”.



Mercredi 22 septembre 1993 - Les relations des prêtres avec les autres fidèles

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(
Mt 23,8-12)

1. La “ communauté sacerdotale ”, dont nous avons parlé à plusieurs reprises au cours de nos catéchèses précédentes, n’est pas isolée de la “ communauté ecclésiale ” mais appartient à son être intime : elle en est le coeur, dans une intercommunication constante avec tous les autres membres du Corps du Christ. Les prêtres sont au service de cette communion vitale en qualité de pasteurs, en vertu de l’Ordre sacramentel et du mandat que l’Église leur confère.

Au Concile Vatican II, l’Église a cherché à raviver chez les prêtres cette conscience de l’appartenance et de la participation, afin que chacun d’entre eux se souvienne que, même pasteur, il continue à être un chrétien qui doit se conformer à toutes les exigences de son baptême et vivre en frère de tous les autres baptisés, au service “ de l’unique et même Corps du Christ, dont la construction est la tâche de tous ” (Presbyterorum ordinis PO 9). Il est significatif que, sur la base de l’ecclésiologie du Corps du Christ, le Concile souligne le caractère fraternel des relations du prêtre avec les autres fidèles, comme il avait déjà affirmé le caractère fraternel des relations entre l’évêque et les prêtres. Dans la communauté chrétienne, les relations sont essentiellement fraternelles, comme l’a demandé Jésus dans “ son ” commandement que rappelle avec tant d’insistance l’apôtre saint Jean dans son Évangile et ses Lettres (cf. Jn Jn 13,14 Jn 15,12 Jn 15,17 1Jn 4,11 1Jn 4,21). Jésus lui-même a dit à ses disciples : “ Vous êtes tous frères ” (Mt 23,8).

2. Selon l’enseignement de Jésus, présider la communauté ne veut pas dire la dominer mais la servir. Lui-même nous a donné l’exemple du pasteur qui paît et sert son troupeau, et il a proclamé qu’il est venu non pour être servi mais pour servir (cf. Mc Mc 10,45 Mt 20,28). À la lumière de Jésus, Bon Pasteur et unique Seigneur et Maître (cf. Mt Mt 23,8), le prêtre comprend qu’il ne peut rechercher ni son honneur ni son intérêt propre, mais seulement ce qu’a voulu Jésus-Christ, en se mettant au service de son Royaume dans le monde. Il sait donc – et le Concile le lui rappelle – qu’il doit se comporter comme le serviteur de tous, dans un don de lui-même sincère et généreux, acceptant tous les sacrifices requis par le service et en se rappelant toujours que Jésus, unique Seigneur et Maître, est venu pour servir, qu’il l’a fait jusqu’à donner “ sa vie en rançon pour beaucoup ” (Mt 20,28).

3. Le problème des rapports des prêtres avec les autres fidèles dans la communauté chrétienne prend un relief particulier en ce qui concerne le laïcat qui, comme tel, a pris une importance spéciale à notre époque, par une conscience nouvelle du rôle essentiel que jouent les fidèles laïcs dans l’Église.

On sait combien les circonstances historiques ont favorisé la renaissance culturelle et l’organisation du laïcat, spécialement au XIXe siècle, et comment une théologie du laïcat s’est développée dans l’Église entre les deux guerres mondiales, qui a mené à un Décret spécial du Concile, Apostolicam actuositatem, et, plus fondamentalement encore, à cette vision communautaire de l’Église que l’on trouve dans la Constitution dogmatique Lumen gentium et à la place qu’elle reconnaît au laïcat.

Quant aux rapports des prêtres avec les laïcs, le Concile les envisage à la lumière de la communauté vivante, active et organique, que le prêtre est appelé à former et à diriger. Dans ce but, le Concile recommande aux prêtres de reconnaître et de promouvoir sincèrement la dignité des laïcs : dignité de personnes humaines, élevées par le baptême à la filiation divine et porteuses de dons de grâce qui leurs sont propres. Pour chacune d’entre elles, le don divin comporte un rôle propre dans la mission ecclésiale de salut, y compris dans des domaines – comme ceux de la famille, de la société civile, de la profession, de la culture – où les prêtres, d’ordinaire, ne peuvent pas exercer les rôles spécifiques des laïcs (cf. Presbyterorum ordinis PO 9). Les laïcs comme les prêtres doivent acquérir toujours davantage la conscience de cette spécificité, comme base d’un sens plus parfait de l’appartenance et de la participation ecclésiale.

4. Toujours selon le Concile, les prêtres doivent respecter la juste liberté des laïcs, en tant que fils de Dieu animés par l’Esprit Saint. Dans ce climat de respect de la dignité et de la liberté, on comprend l’exhortation du Concile aux prêtres : “ Ils doivent être prêts à écouter l’avis des laïcs ”, en tenant compte de leurs désirs et en profitant de leur expérience et de leur compétence dans l’activité humaine, pour reconnaître “ les signes des temps ”. Et encore les prêtres chercheront à discerner, avec l’aide du Seigneur, les charismes des laïcs, “ des plus modestes aux plus élevés ”, et ils feront en sorte de “ les reconnaître avec joie et de les fomenter avec diligence ” (ibid. PO 9).

Il est intéressant et important que le Concile observe et exhorte : “ Parmi ces dons de Dieu que l’on trouve en abondance chez les fidèles, ceux qui poussent à une vie spirituelle plus élevée méritent une attention spéciale ” (ibid. PO PO 9). Grâce à Dieu, nous savons que nombreux sont les fidèles qui – même dans l’Église d’aujourd’hui, et souvent même en dehors de ses organisations visibles – se consacrent ou désirent se consacrer à la prière, à la méditation, à la pénitence (au moins à celle du travail fatigant de chaque jour, accompli avec empressement et patience, et à celle de la vie en commun difficile), en ayant ou non des engagements directs dans l’apostolat militant. Ils ressentent souvent le besoin d’avoir un prêtre conseiller ou même directeur spirituel, qui les accueille, les écoute et les traite en clef d’amitié chrétienne, avec humilité et charité.

On dirait que la crise morale et sociale de notre temps, avec les problèmes qu’elle crée chez les individus comme dans les familles, fait ressentir plus fortement ce besoin d’une aide sacerdotale dans la vie spirituelle. On doit recommander vivement aux prêtres une redécouverte et un nouveau dévouement au ministère du confessionnal et de la direction spirituelle, en raison aussi des requêtes nouvelles des laïcs plus désireux de suivre la voie de la perfection chrétienne qu’a tracée l’Évangile.

5. Le Concile recommande aux prêtres de reconnaître, de promouvoir et de favoriser la coopération des laïcs à l’apostolat et au ministère pastoral dans le cadre de la communauté chrétienne, en n’hésitant pas à “ confier aux laïcs des charges au service de l’Église ” et en “ leur laissant leur liberté d’action et une marge convenable d’autonomie ” (ibid. PO PO 9). Nous sommes dans la logique du respect de la dignité et de la liberté des fils de Dieu, mais aussi du service évangélique : “ service de l’Église ”, dit le Concile. Il est bon de redire que tout cela suppose un vif sens de l’appartenance à la communauté et de la participation active à sa vie. Et, plus profondément encore, la foi et la confiance dans la grâce qui est à l’oeuvre dans la communauté et dans ses membres.

Ce que nous dit le Concile, à savoir que les prêtres “ sont placés au milieu des laïcs pour les conduire tous à l’unité de la charité ” (ibid. PO PO 9), pourra servir de point d’ancrage de la pratique pastorale en domaine. Tout tourne autour de cette vérité centrale et, en particulier, l’ouverture à tous et l’accueil de tous, l’effort constant pour garder ou rétablir l’harmonie, pour favoriser la réconciliation, pour promouvoir la compréhension mutuelle, pour créer un climat de paix. Oui, les prêtres doivent être, toujours et partout, des hommes de paix.

6. Le Concile confie aux prêtres cette mission de paix communautaire : paix dans la charité et dans la vérité. “ Ils ont donc à harmoniser les mentalités différentes, de telle manière que personne ne puisse se sentir étranger dans la communauté des fidèles. Ils protègent le bien commun, au nom de l’évêque, et sont en même temps des soutiens infatigables de la vérité, dans laquelle ils cherchent à conserver les fidèles, évitant qu’ils soient emportés “ à tout vent de doctrine ” selon la mise en garde de saint Paul (Ep 4,14). Ils doivent spécialement avoir soin de ceux qui ont abandonné la fréquentation des sacrements, voire même la foi, et comme de bons pasteurs ils auront conscience qu’ils ne doivent pas négliger de les rechercher ” (ibid. PO PO 9).

Leur sollicitude s’adresse donc à tous, à l’intérieur et à l’extérieur du bercail, selon les exigences de la dimension missionnaire que ne peut pas ne pas avoir, aujourd’hui, la pastorale. C’est selon cet horizon pastoral que chaque prêtre posera le problème des contacts avec les non croyants, ceux qui ne sont pas religieux, ceux même qui se déclarent athées. Il se sentira poussé vers tous par la charité pastorale ; il cherchera à ouvrir à tous les portes de la communauté. Ici, le Concile rappelle également aux prêtres l’attention envers “ les frères qui ne jouissent pas avec nous de la pleine communion ecclésiastique ”. C’est l’horizon oecuménique. Et, enfin, il termine par l’invitation à “ considérer comme particulièrement recommandés (à leur sollicitude pastorale) ceux qui ne connaissent pas le Christ, Sauveur de tous ” (ibid. PO PO 9). Faire connaître le Christ, lui ouvrir les portes des esprits et des coeurs, coopérer à son avènement toujours nouveau dans le monde : voilà la raison essentielle du ministère pastoral.

7. Il s’agit d’une consigne difficile, qui vient du Christ aux prêtres par l’intermédiaire de l’Église. Il est bien compréhensible que le Concile demande à tous les fidèles la collaboration qu’ils sont en mesure d’apporter, comme aide dans le travail et les difficultés, et plus encore comme compréhension et amour. Les fidèles sont l’autre terme du rapport de charité qui doit lier les prêtres à toute la communauté. L’Église, qui recommande à ses prêtres attention et soin des fidèles, demande aux fidèles, à leur tour, la solidarité à l’égard de leurs pasteurs : “ De leur côté, les fidèles doivent être conscients de la dette qu’ils ont envers les prêtres, ce pourquoi ils les traiteront avec un amour filial, comme leurs pasteurs et leurs pères ; et en partageant leurs préoccupations, qu’ils s’efforcent autant que possible d’aider leurs prêtres par la prière et l’action ” (ibid. PO 9).

C’est ce que redit le Pape à son tour, en adressant à tous les fidèles laïcs une demande pressante, au nom de Jésus, notre unique Seigneur et Maître : aidez vos pasteurs par la prière et l’action, aimez-les et soutenez-les dans l’exercice quotidien de leur ministère.



Janvier 1997





Mercredi, 29 Janvier 1997


29197 Chers Frères et Soeurs,

Nous possédons peu de détails sur l'enfance de Jésus. Saint Luc, vraisemblablement informé par la Vierge Marie, dit que "Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes" (
Lc 2,52). À Nazareth, le Fils et sa Mère vivaient dans une profonde intimité, tournés vers l'accomplissement du projet divin, même dans les occupations quotidiennes les plus humbles. Tout en se donnant aux tâches ordinaires, Marie demeurait sous le regard de Dieu et elle découvrait un peu mieux chaque jour le mystère de la personne de son Fils.

Pendant les trente premières années de sa vie, Jésus vécut de manière cachée à Nazareth. Sans accomplir d'action extraordinaire, il était déjà "aux affaires de son Père" (Lc 2,49), tandis que sa Mère avançait "dans le pèlerinage de la foi" (Lumen gentium LG 58) et dans l'espérance. La maison de Nazareth devint aussi le lieu de la charité: l'amour que le Christ allait répandre sur le monde brûlait déjà dans le coeur de Marie.

En contemplant la vie à Nazareth, nous sommes invités à repenser au mystère de notre existence qui est "cachée avec le Christ en Dieu" (Col 3,3). Cachée aux yeux des hommes, cette existence peut, à l'école de Marie, devenir rayonnante de l'amour et de la paix du Christ.
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J'accueille avec plaisir les pèlerins de langue française et j'adresse en particulier un cordial salut à Monsieur l'Ambassadeur Joseph Amichia et aux membres de l'Ambassade de Côte-d'Ivoire près le Saint-Siège. Que Monsieur Amichia soit vivement remercié pour les vingt-cinq ans qu'il a passés à Rome ! Je salue aussi avec affection le groupe de Pontcalec et tous les jeunes ici présents.

Que Dieu vous bénisse et vous garde tous les jours de votre vie !




Catéchèses S. J-Paul II 25893