Catéchèses S. J-Paul II 20182

L’unité des chrétiens - 20 janvier 1982

20182 Texte italien dans l'Osservatore Romano du 21 janvier. Traduction et titre de la DC.


1. La Semaine de l'unité des chrétiens rappelle l'attention de tous les baptisés sur leur engagement pour la reconstitution de la pleine unité, dans une plus fidèle réponse au dessein de Dieu sur son Église.

Je vous exhorte aujourd'hui, chers fils et chères filles de l'Église catholique, à vous unir à ce choeur immense de prières qui s'élève vers Dieu ces jours-ci.

Dans cette attitude d'attention à l'unité, cette Semaine qui est particulièrement consacrée à la prière ne trouve pas encore cette année les chrétiens pleinement unis. Les divergences n'ont pas encore été toutes dépasseés. Un sentiment teinté d'amertume envahit le coeur des chrétiens qui ont le souci et la responsabilité de cette unité. C'est comme la constatation d'une faiblesse intérieure, c'est l'expérimentation du mal qui demeure dans la communauté chrétienne.

Malgré cela, cette semaine nous offre des raisons valables et fondées de joie et d'espérance. Nous sommes en effet certains, comme nous en a avertis le Concile que « le maître des siècles, qui poursuit son dessein de grâce avec sagesse et patience à l'égard des pécheurs que nous sommes, a commencé en ces derniers temps de répandre plus abondamment dans les chrétiens divisés entre eux l'esprit de repentir et le désir de l'union » (Unitatis redintegratio,
UR 1).

2. Même cette année, nous devons remercier Dieu pour les progrès authentiques que la recherche de l'unité des chrétiens est en train de faire. Le dialogue poursuit son travail avec persévérance au niveau théologique. Des commissions mixtes qualifiées travaillent avec sérénité et objectivité aussi bien avec l'Église orthodoxe qu'avec les autres organisations mondiales des communautés ecclésiales issues de la Réforme. À travers les differents dialogues et par I'intermédiaire des contacts qui sont de plus en plus intenses, un réel développement est en train de s'opérer : d'une part, tout ce que nous avons en commun au sujet de la foi, de la doctrine et de la vie chrétienne ressort clairement ; d'autre part, les divergences qui restent encore — et que les dialogues doivent continuer à affronter et à débattre — sont vues avec une plus grande lucidité et sont libérées des halos de confusion que les polémiques du passé avaient créées. Ces dialogues, qui préparent le terrain, permettront ensuite aux autorités respectives d'en évaluer les conclusions et d'apprécier exactement le progrès réalisé et ce qui reste à faire. Pour tout cela et pour l'esprit de franchise, de fraternité et de loyauté qui croît entre les chrétiens, nous devons rendre grâce à Dieu qui éclaire les esprits, réchauffe les coeurs et renforce les volontés.

Les difficultés dans les rapports entre les chrétiens sont réelles. Il ne s'agit pas seulement de préjudices hérités du passé mais souvent de jugements divers enracinés dans de profondes convictions qui touchent la conscience. En outre, de nouvelles difficultés surgissent malheureusement. C'est précisement pour cela que la prière de demande est encore plus nécessaire pour que le Seigneur éclaire et guide son peuple pour rétablir cette unité intérieure, organique et visible qu'il veut pour ses disciples et pour laquelle il a lui- même prié (Jn 17).

Dans ce contexte, je demande vos prières et celles de tous les catholiques afin que, durant mon voyage en Grande- Bretagne, la visite à Canterbury, siège primatial de la communion anglicane, serve la grande cause de l'unité des chrétiens.

3. En outre la prière offre l'occasion plus propice pour que tous les baptisés participent à la recherche du rétablissement de la pleine unité. Tous ne peuvent pas participer au dialogue théologique, tous n'ont pas l'occasion d'établir des rapports personnels et directs avec les chrétiens des autres Églises et les autres communautés ecclésiales. Tous, cependant, peuvent exprimer leur participation à l'intention de l'Église dans cette recherche par une prière sincère et continue, qui comprend l'intention et la demande de l'unité des chrétiens. Je sais que cette préoccupation croît toujours plus chez les fidèles, dans les communautés religieuses, dans les paroisses, dans les monastères et particulièrement chez les cloîtrés. Je les remercie tous et je les invite à intensifier leurs prières.

Cette participation est l'expression de la conscience croissante que la division va à l'encontre de la volonté de Dieu, qu'elle nuit à la vie de l'Église et à sa mission dans le monde (Unitatis redintegratio, UR 1). Pour que cette participation soit convaincue et responsable, accueillant une préoccupation du Synode des évêques, j'ai attiré l'attention, dans l'exhortation apostolique Catechesi tradendae, sur la nécessité d'une profonde catéchèse comme instrument adéquat pour la formation oecuménique. « La catéchèse ne peut être étrangère à cette dimension oecuménique alors que tous les fidèles, selon leur capacité propre et leur situation dans l'Église, sont appelés à participer au mouvement vers l'unité. » (Catechesi tradendae, CTR 32) Une telle dimension suscite, en effet et alimente chez les fidèles un véritable désir de l'unité et, plus encore, il inspirera des efforts sincères en vue de la pleine unité.

4. Pour aider notre prière, le Secrétariat pour l'Unité des chrétiens et le Conseil oecuménique des Églises proposent, chaque annee, un thème commun.

Cette année, il a été proposé une intention féconde, oecuménique et en même temps, missionnaire : « Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur. » Le thème s'inspire du psaume 84 (83) que des générations et des générations de croyants ont répété et répètent avec insistance. Le thème met en perspective la communion avec Dieu, qui est l'élément essentiel et constitutif de la communion ecclésiale. Il met aussi en évidence l'aspect de cheminement, de pèlerinage, de mouvement vers cette communion.

Comme les anciens Israélites qui revenaient de l'exil trouvaient dans le temple, signe de la présence de Dieu, l'expression de leur unité comme Peuple de Dieu, ainsi, aujourd'hui, les chrétiens recherchent la pleine unité en présence du Seigneur, en obéissance à sa volonté.

Il faut reconstituer la pleine unité des chrétiens !

« Vous êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu » (cf. Ep 2,19), écrivait saint Paul aux chrétiens d'Éphèse. C'est pourquoi l'unité des chrétiens est comme l'unité d'une grande famille. Elle doit être animée par les mêmes caractéristiques essentielles de communion, de fraternité, de solidarité, d'unité. Cette communauté reste ouverte à tous les peuples, à tous les hommes, dans le but de faire de l'humanité tout entière une convivence pacifique et solidaire.

L'unité de la communauté chrétienne est donc ouverte à l'évangélisation, à l'annonce que l'humanité trouvera dans le Christ son salut et sa demeure de paix.

5. Je voudrais conclure cette rencontre par une prière litanique à laquelle je vous invite tous à répondre : « Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur. »

— Pour tous les baptisés, pour que par leur vie, ils annoncent ton règne à tous les hommes, prions.

— Pour les familles chrétiennes, pour qu'elles donnent un témoignage d'amour et d'unité, prions.

— Pour nos communautés chrétiennes, pour qu'elles soient toutes une demeure de fraternité, prions.

— Pour les chrétiens répandus à travers le monde, pour qu'ils soient un, prions.

— Pour tous les hommes, pour qu'ils trouvent dans ton Église la réconciliation et la paix, prions.

Prions. Seigneur notre Dieu, sauve ton peuple et bénis ton héritage. Garde toute ton Église dans la paix. Sanctifie ceux qui aiment ta demeure. Toi, en échange, glorifie-les par ta puissance et ne nous abandonne pas, nous qui espérons en toi. (De la liturgie byzantine.) Amen.



Aux fidèles de langue française

Chers Frères et Sœurs,

Je vous invite, j’invite tous les catholiques à participer intensément à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, sur le thème “Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur”. Nous faisons la constatation amère que toutes les divergences n’ont pas encore été surmontées. Certes il y a des progrès dont nous rendons grâce à Dieu; des commissions qualifiées y travaillent, et des contacts s’intensifient, dans la charité. Nous voyons mieux ce que nous avons en commun; nous sommes plus lucides sur les divergences, que nous pouvons débarrasser des polémiques du passé, mais qui s’enracinent aussi dans des convictions profondes de la conscience. Pour cela, il faut vraiment prier, supplier l’Esprit Saint, après avoir pris conscience, dans une catéchèse adéquate, que la division est contre la volonté de Dieu. Tout le monde ne peut pas participer au dialogue théologique, ni avoir des rapports directs avec les chrétiens des autres Eglises, mais tous peuvent et doivent prier. C’est en présence du Seigneur, dans l’obéissance à sa volonté, que se fait la marche vers l’unité.

A un groupe de plus de 30 religieux du Sacré-Coeur

Je salue spécialement les Frères du Sacré-Cœur, en les encourageant à bien se ressourcer au cours de leur longue session spirituelle. Vous pourrez ainsi reprendre, chers Frères, votre importante tâche d’éducation chrétienne, avec une disponibilité renouvelée, et mieux faire face aux besoins humains et spirituels des jeunes, leur permettant de rencontrer en vérité le Christ dans son Eglise. Je vous bénis, et je bénis de grand cœur aussi tous les pèlerins de langue française.



La résurrection dans saint Paul - 27 janvier 1982

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[9] Texte italien dans l'Osservatore Romano du 28 janvier. Traduction et titre de la DC.


1. Au cours des audiences précédentes, nous avons réfléchi sur les paroles du Christ sur « L'autre monde » qui apparaîtra à la résurrection des corps.

Ces paroles ont eu une résonance particulièrement intense dans l'enseignement de Paul. Entre la réponse donnée aux Sadducéens et transmise par les Évangiles synoptiques (cf.
Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,35-36) et l'apostolat de Paul, il y a eu avant tout le fait de la résurrection du Christ lui-même et une série de rencontres avec le Ressuscité, parmi lesquels il faut compter, comme dernier élément, l'événement arrivé près de Damas. Saul ou Paul de Tarse qui, converti, devient l'« apôtre des gentils », a eu aussi sa propre expérience postpascale, analogue à celle des autres apôtres. À la base de sa foi dans la résurrection, qu'il exprime surtout dans la première lettre aux Corinthiens (chapitre 15), se trouve certainement cette rencontre avec le Ressuscité qui devient l'origine et le fondement de son apostolat.

2. Il est difficile de reprendre ici et de commenter convenablement l'étonnante et la vaste argumentation du chapitre 15 de la première lettre aux Corinthiens dans tous ses aspects particuliers. Il est significatif que, tandis que le Christ, par les paroles rapportées par les Évangiles synoptiques, répondait aux Sadducéens qui « niaient qu'il y ait la résurrection » (Lc 20,27), Paul pour sa part réponde ou plutôt polémique (conformément à son tempérament) avec ceux qui contestent cela (1). Dans sa réponse (pré-pascale), le Christ ne se référait pas à sa propre resurrection mais à la réalité fondamentale de l'alliance vétérotestamentaire, à la réalité du Dieu vivant qui est à la base de la conviction sur la possibilité de la résurrection : le Dieu vivant « n'est pas un Dieu des morts mais des vivants » (Mc 12,27). Dans son argumentation post-pascale sur la résurrection future, Paul se refère surtout à la réalité et à la vérité de la résurrection du Christ. Bien plus, il défend même cette vérité comme le fondement de la foi dans son intégrité : « ... Si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et vaine aussi notre foi. Mais au contraire, le Christ est ressuscité des morts. » (1Co 15,14 1Co 15,20.)

3. Ici, nous nous trouvons sur la ligne même de la révélation : la résurrection du Christ est la parole dernière et la plus pleine de l'autorévélation du Dieu vivant qui est « le Dieu des vivants et non des morts » (Mc 12,27). Elle est la confirmation ultime et la plus pleine de la vérité sur Dieu qui, depuis l'origine, s'exprime à travers cette révélation. La résurrection est en outre la réponse du Dieu de la vie au caractère inévitable et historique de la mort à laquelle l'homme a été soumis à partir du moment de la rupture de la première alliance et qui est entrée dans son histoire avec le péché. Cette réponse au sujet de la victoire remportée sur la mort est illustrée par la première lettre aux Corinthiens (chapitre 15) avec une singulière perspicacité lorsqu'elle présente la résurrection du Christ comme le début de cet accomplissement eschatologique où par lui et en lui tout retournera au Père ou tout lui sera soumis, c'est-à-dire récapitulé définitivement pour que « Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28). Dans cette victoire définitive sur le peché, sur ce qui opposait la créature au Créateur, la mort se trouvera alors également vaincue. « Le dernier ennemi qui sera vaincu, c'est la mort. » (1Co 15,26)

4. C'est dans ce contexte que se trouvent insérées les paroles qui peuvent être considérées comme une synthèse de l'anthropologie paulinienne concernant la résurrection. Et c'est sur ces paroles qu'il nous convient de nous arrêter ici plus longtemps. Nous lisons en effet, dans la première lettre aux Corinthiens, 15, 42 46, au sujet de la résurrection des morts : « Semé corruptible, le corps ressuscite incorruptible ; semé méprisable, il ressuscite éclatant de gloire ; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force ; semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel. C'est ainsi qu'il est écrit : le premier homme, Adam, fut un être animal doué de vie, le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie. Mais ce qui est au premier, c'est l'être animal, ce n'est pas l'être spirituel ; il vient ensuite. »

5. Entre cette anthropologie paulinienne de la résurrection et celle qui ressort du texte des Évangiles synoptiques (Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,35-36), il existe une cohérence essentielle, sauf que le texte de la première lettre aux Corinthiens est plus développé. Paul approfondit ce qu'avait annoncé le Christ en pénétrant en même temps dans les différents aspects de cette vérité qui, dans les paroles transmises par les Évangiles synoptiques, avait été exprimée de manière concise et importante. Il est également significatif que, dans le texte paulinien, la perspective eschatologique de l'homme, basée sur la foi « dans la résurrection des morts », soit unie à la référence à l'« origine » et, également, à la conscience profonde de la situation « historique » de l'homme. L'homme auquel Paul s'adresse dans la première lettre aux Corinthiens et qui est en désaccord (comme les Sadducéens) avec la possibilité de la résurrection, a aussi son expérience (« historique ») du corps et il résulte très clairement de cette expérience que le corps est « corruptible », « faible », « animal », « méprisable ».

6. Cet homme qui est le destinataire de sa lettre — soit dans la communauté de Corinthe, soit aussi, je dirais, l'homme de tous les temps — Paul le confronte avec le Christ ressuscité, « le dernier Adam ». Ce faisant, il l'invite dans un certain sens à suivre les traces de son expérience post-pascale. En même temps, il rappelle « le premier Adam » ou plutôt il le conduit à s'adresser à « l'origine », à cette première vérité sur l'homme et le monde qui se trouve à la base de la revélation du mystère du Dieu vivant. Ainsi donc, Paul reproduit dans sa synthèse tout ce que le Christ avait annoncé quand il s'était référé, en trois moments différents, à « l'origine » dans l'entretien avec les pharisiens (cf. Mt 19,3-8 Mc 10,2-9) ; au « coeur » humain comme lieu de lutte avec la concupiscence à l'intérieur de l'homme pendant le Discours sur la Montagne (cf. Mt 5,27) ; et à la résurrection comme réalité de l' « autre monde » dans l'entretien avec les Sadducéens (cf. Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,35-36).

7. Au style de la synthèse de Paul appartient donc le fait que cette synthèse plonge ses racines dans l'ensemble du mystère révélé de la création et de la rédemption à partir de laquelle elle se développe et à la lumière de laquelle elle s'explique seulement. La création de l'homme selon le récit biblique est une vivification de la matière par l'esprit grâce auquel « le premier homme, Adam devient un être vivant » (1Co 15,45). Le texte paulinien répète ici les paroles du livre de la Genèse 2, 7, c'est-à-dire du second récit de la création de l'homme (récit yahviste). On sait par cette même source que cette « animation originelle du corps » a été suivie d'une corruption à cause du péché. Bien que dans ce passage de la première lettre aux Corinthiens l'auteur ne parle pas directement du péché originel, la série de définitions qu'il attribue au corps humain, en écrivant qu'il est corruptible faible animal méprisable », indique cependant suffisamment ce qui, selon la révélation, est la conséquence du péché, ce que le même Paul appellera ailleurs « l'esclavage de la corruption » (Rm 8,21). À cet « esclavage de la corruption » est soumise indirectement toute la création à cause du péché de l'homme, qui a été mis par le Créateur au milieu du monde visible pour qu'il le « domine » (cf. Gn 1,28). Ainsi le péché de l'homme a une dimension non seulement intérieure, mais également « cosmique ». Selon cette dimension, le corps — que Paul (en conformité avec son expérience) caractérise comme « corruptible faible animal méprisable » — exprime en lui l'état de la création après le péché. En effet, cette création « gémit encore maintenant dans les douleurs de l'enfantement » (Rm 8,22). Cependant, comme les douleurs de l'enfantement sont liées au désir de la naissance, à l'espérance d'un homme nouveau, ainsi toute la création attend « avec impatience la révélation des fils de Dieu et nourrit l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,19-21).

8. À travers ce contexte « cosmique » de l'affirmation contenue dans la lettre aux Romains — dans un certain sens, à travers le « corps de toutes les créatures » — nous cherchons à comprendre jusqu'au fond l'interprétation pau- linienne de la résurrection. Si cette image du corps de l'homme historique, si profondément réaliste et si adéquate à l'expérience universelle des hommes, cache en elle, selon Paul, non seulement « l'esclavage de la corruption » mais aussi l'espérance, semblable à celle qui accompagne les « douleurs de l'enfantement », cela vient de ce que l'apôtre prend également dans cette image la présence du mystère de la rédemption. La conscience de ce mystère se dégage précisément de toutes les expériences humaines que l'on peut définir comme « esclavage de la corruption ». Elle se dégage car la rédemption travaille dans l'âme de l'homme par les dons de l'Esprit : « ... Nous aussi qui possédons les prémisses de l'Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l'adoption comme fils, la rédemption de notre corps. » (Rm 8,23) La rédemption est la voie de la résurrection. La résurrection constitue l'accomplissement définitif de la rédemption du corps.

Nous reprendrons l'analyse du texte paulinien dans la première lettre aux Corinthiens dans nos réflexions ultérieures.

(1) Les Corinthiens étaient probablement travaillés par des courants de pensée issus du dualisme platonicien et du néopythagorisme de nuance religieuse, du stoïcisme et de l'épicurisme. Du reste, toutes les philosophies grecques niaient la résurrection du corps. Paul avait déjà expérimenté à Athènes la réaction des Grecs à la doctrine de la résurrection, pendant son discours devant l'aréopage (Ac 17,32).



Aux pèlerins de langue française

Chers Frères et Sœurs,

Dans mon discours en italien, j’ai commencé à analyser la doctrine de l’Apôtre Paul sur la résurrection des corps d’après la seconde épitre aux Corinthiens. J’ai noté que Saint Paul s’appuie sur la réalité de la résurrection du Christ, dont les Apôtres ont eu l’expérience et qui a révélé, pleinement et de façon définitive, “le Dieu des vivants”. J’ai évoqué comment Paul suppose la situation historique due au péché originel, lorsqu’il décrit notre corps comme corruptible, faible, “psychique”, par contraste avec le corps incorruptible, fort et spirituel de 1’“autre monde”. La perspective est à la fois personnelle et cosmique, et, avec l’image des douleurs de l’enfantement, le climat est celui de l’espérance ouverte par la pleine rédemption du corps.

* * *


C’est ave joie que je salue tous les pèlerins de langue française et, en particulier, un groupe de séminaristes et de laïcs venus de Belgique. A vous tous, à vos familles, et surtout aux malades, aux handicapés j’accorde bien volontiers ma Bénédiction Apostolique.




L’anthropologie paulinienne de la résurrection - 3 février 1982

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[10] Texte italien dans l’Osservatore Romano du 11 février. Traduction et titre de la DC.


1. Des paroles du Christ sur la future résurrection des morts qui sont rapportées par les trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), nous sommes passés à l'anthropologie paulinienne de la résurrection Nous analysons la première lettre aux Corinthiens au chapitre
1Co 15,42-49.

Selon les paroles de l'Apôtre, le corps humain apparaît à la résurrection « incorruptible, glorieux, plein de force, spirituel ». La résurrection n'est donc pas seulement une manifestation de la vie qui vainc la mort — presque un retour final à l'arbre de la vie dont l'homme a été éloigné au moment du péché originel. Elle est aussi une révélation des destins ultimes de l'homme dans toute la plénitude de sa nature psychosomatique et de sa subjectivité personnelle. Paul de Tarse, suivant les traces des autres apôtres, a expérimenté dans sa rencontre avec le Christ ressuscité l'état de son corps glorifié et, en se basant sur cette expérience, il annonce dans la Lettre aux Romains « la rédemption du corps » (Rm 8,23) et dans la Lettre aux Corinthiens (1Co 15,42-49) l'achèvement de cette rédemption dans la résurrection future.

2. La méthode littéraire employée ici par Paul correspond parfaitement à son style. Il se sert d'antithèses qui rapprochent en même temps ce qu'ils opposent et, de cette manière, sont utiles pour nous faire comprendre la pensée pauli- nienne sur la résurrection, tant dans sa dimension « cosmique » qu'en ce qui concerne la caractéristique interne même de l'homme « terrestre » et de l'homme « céleste ». En opposant en effet Adam et le Christ (ressuscité) ou le premier Adam et le dernier Adam, l'Apôtre montre dans un certain sens les deux pôles entre lesquels, dans le mystère de la création et de la rédemption, l'homme a été placé dans le cosmos. On pourrait dire également que l'homme a été « placé en tension » entre ces deux pôles dans la perspective des destins éternels concernant la nature humaine même, de l'origine jusqu'à la fin. Quand Paul écrit : « Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel » (1Co 15,47), il a dans l'esprit aussi bien l'homme Adam que le Christ comme homme. Entre ces deux pôles — entre le premier et le dernier Adam — se déroule le processus qu'il exprime dans les paroles suivantes : « Et de même que nous avons été à l'image de l'homme terrestre nous serons aussi à l'image de l'homme céleste. » (1Co 15,49)

3. Cet « homme céleste » — l'homme de la résurrection dont le prototype est le Christ ressuscité —n'est pas tellement une antithèse et une négation de 1' « homme de la terre » (dont le prototype est le « premier Adam »). Il est surtout son accomplissement et sa confirmation. Il est l'accomplissement et la confirmation de ce qui correspond à la constitution psychosomatique de l'humanité, dans le cadre des destins éternels, c'est-à-dire dans la pensée et dans le plan de Celui qui, dès l'origine, a créé l'homme à son image et à sa ressemblance.

L'humanité du « premier Adam », « homme de la terre », porte en elle, je dirais, une potentialité particulière (qui est capacité et aptitude) à recevoir tout ce que devient le « second Adam », l'Homme céleste c'est-à-dire le Christ : ce qu'il devient dans sa résurrection. Cette humanité à laquelle participent tous les hommes comme fils du premier Adam, avec l'héritage du péché — un héritage charnel —, est en même temps « corruptible » et porte en elle la potentialité de l'« incorruptibilité ».

Cette humanité qui se présente comme « méprisable » dans toute sa constitution psychosomatique, porte cependant en elle le désir intérieur de la gloire c'est-à-dire la tendance et la capacité de devenir « glorieuse » à l'image du Christ ressuscité. Enfin, cette même humanité dont l'Apôtre — conformément à l'expérience de tous les hommes — dit qu'elle est « faible » et qu'elle a un « corps animal », porte en elle l'aspiration à devenir « pleine de force » et « spirituelle ».

4. Nous parlons ici de la nature humaine dans son intégrité c'est-à-dire de l'humanité dans sa constitution psychosomatique. Paul, au contraire, parle du « corps ». Nous pouvons cependant admettre, sur la base du contexte immediat et du contexte antérieur, qu'il ne s'agit pas pour lui seulement du corps mais de l'homme tout entier dans sa corporéité et donc aussi de sa complexité ontologique. En effet, il n'y a aucun doute que si précisément dans tout le monde visible (cosmos), ce corps unique qu'est le corps humain, porte en lui la « potentialité de la résurrection », c'est-à-dire l'aspiration et la capacité de devenir définitivement « incorruptible, glorieux, plein de force, spirituel », cela arrive parce que, persistant depuis l'origine dans l'unité psychosomatique de l'être personnel, il peut accueillir et reproduire dans cette image « terrestre » et dans cette ressemblance de Dieu même l'image « céleste » du dernier Adam, le Christ. L'anthropologie paulinienne de la résurrection est cosmique et en même temps universelle. Tout homme porte en lui l'image d'Adam et tout homme est également appelé à porter en lui l'image du Christ, I'image du Ressuscité. Cette image est la réalité de l'« autre monde », la réalité eschatologique (saint Paul écrit « nous serons ») mais en même temps elle est déjà et d'une certaine manière une réalité de ce monde, étant donné qu'elle y a été révélée par la résurrection du Christ. C'est une réalité innée dans l'homme de « ce monde », réalité qui est en train de mûrir en lui pour l'achèvement final.

5. Toutes les antithèses qui se succèdent dans le texte de Paul aident à construire une ébauche valable de l'anthropologie de la résurrection. Cette ébauche est en même temps plus détaillée que celle qui ressort du texte des Évangiles synoptiques (Mt 22,30 Mc 12,25 Lc 20,34-35), mais d'autre part elle est, dans un certain sens, plus unilatérale. Les paroles du Christ rapportées par les Synoptiques ouvrent devant nous la perspective de la perfection eschatolo- gique du corps pleinement soumis à la profondeur divinisa- trice de la vision de Dieu « face à face » où il trouvera sa source inépuisable, aussi bien la « virginité » éternelle (liée à la signification sponsale du corps) que l' « intersubjectivité » éternelle de tous les êtres humains qui deviendront (comme hommes et femmes) participants de la résurrection. L'ébauche paulinienne de la perfection eschatologique du corps glorifié semble demeurer, plutôt dans le cadre de la même structure intérieure de l'homme-personne. Son interprétation de la résurrection future semblerait se rapporter au « dualisme » corps-esprit qui constitue la source du « système intérieur de forces » dans l'homme.

6. Ce « système de forces » subira un changement radical à la résurrection. Les paroles de Paul qui le suggèrent d'une manière explicite ne peuvent cependant pas être comprises et interprétées selon l'esprit de l'anthropologie dualiste (1), comme nous chercherons à le montrer dans la suite de notre analyse. Il nous faudra, en effet, consacrer encore une réflexion à l'anthropologie de la résurrection à la lumière de la première lettre aux Corinthiens.


(1) « Paul ne tient absolument pas compte de la dichotomie grecque «, âme et corps ». L'Apôtre recourt à une sorte de trichotomie où la totalité de l'homme est corps, âme et esprit. Tous ces termes sont mouvants et la division elle-même n'a pas de frontière fixe. Il y a insistance sur le fait que le corps et l'âme sont capables d'être « pneumatiques », spirituels. » (B. Rigaux, Dieu l'a ressuscité. Exégèse et théologie biblique, Gembloux, 1973, Duculot, p. 406-408.)



Aux pèlerins de langue française

Chers Frères et Sœurs,

J’ai continué aujourd’hui à méditer sur la perspective de la résurrection, selon la lettre de Saint Paul aux Corinthiens. L’apôtre oppose l’état du premier Adam, celui qui vient de la terre, à l’état du second Adam, celui qui vient du Ciel, soit le Christ ressuscité. L’état du ressuscité n’est pas simplement un triomphe sur la mort, mais un accomplissement et une confirmation: l’homme terrestre portait déjà dans son corps, c’est-à-dire dans sa nature humaine tout entière, cette capacité de devenir incorruptible, glorieux, plein de force et spirituel, dans le face à face avec Dieu. Pour Saint Paul, le système de forces soumettant l’esprit au corps subit un changement radical dans la résurrection. Ainsi se précise l’anthropologie sous-jacente à ce grand mystère.

* * *


Il m'est agréable, au cours de cette rencontre, de pouvoir adresser un salut affectueux à toutes les personnes de langue française, et, en particulier, à un groupe d’élèves architectes venus admirer à Rome les œuvres de leurs devanciers. A vous tous, je souhaite un bon séjour, je vous bénis de grand cœur, sans oublier ceux qui vous sont chers, spécialement les enfants, les malades et les vieillards!



La spiritualisation du corps - 10 février 1982

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[11] Texte italien dans l’Osservatore Romano du 4 février. Traduction et titre de la DC.


1. Des paroles du Christ sur la future résurrection des corps rapportées par les trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), nous sommes passés dans nos réflexions à ce qu'écrit Paul sur ce sujet dans la première lettre aux Corinthiens (chapitre XV). Notre analyse est surtout centrée sur ce que l'on pourrait appeler « l'anthropologie de la résurrection » selon saint Paul. L'auteur oppose l'état de l'homme « de la terre » (c'est-à-dire historique) à l'état de l'homme ressuscité en caractérisant de manière lapidaire et en même temps pénétrante le « système intérieur de force » spécifique à chacun de ces états.

2. Que ce système intérieur de force doive subir à la résurrection une transformation radicale, cela semble indiqué avant tout par l'opposition entre le corps « faible » et le corps « plein de force ». Paul écrit : « Semé corruptible, le corps ressuscite incorruptible ; semé méprisable, il ressuscite éclatant de gloire ; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force. » (
1Co 15,42-43) Pour utiliser le langage métaphysique, est donc « faible » le corps qui sort du sol temporel de l'humanité. La métaphore paulinienne correspond également à la terminologie scientifique qui définit l'origine de l'homme comme corps avec le même terme (semen). Si, aux yeux de l'apôtre, le corps humain qui sort de la semence terrestre est « faible », cela signifie non seulement qu'il est « corruptible », soumis à la mort et à tout ce qui y conduit, mais aussi qu'il est « un corps animal » (1). Au contraire, le corps « plein de force » que l'homme héritera du dernier Adam, le Christ, comme participant à la résurrection future, sera un corps « spirituel ». Il sera incorruptible et il ne sera plus menacé par la mort. Ainsi donc, l'antinomie « faible—plein de force » se réfère explicitement non pas tant au corps considéré à part qu'à toute la constitution de l'homme considérée dans sa corporéité. C'est seulement dans le cadre de cette constitution que le corps peut devenir « spirituel ». Et cette spiritualisation du corps sera la source de sa force et de son incorrruptibilité (ou immortalité).

3. Ce thème a déjà ses origines dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse. On peut dire que saint Paul voit la vérité de la résurrection comme une certaine restitu- tio in integrum, c'est-à-dire comme la réintégration et en même temps, la réalisation de la plénitude de l'humanité Elle n'est pas seulement une restitution car dans ce cas, la résurrection serait, dans un certain sens, un retour à cet état auquel participait l'âme avant le péché, en dehors de la connaissance du bien et du mal (cf. Gn 1-2). Mais un tel retour ne correspond pas à la logique interne de toute l'économie du salut, à la signification la plus profonde du mystère de la rédemption. La restitution dans l'intégralité, liée à la résurrection et à la réalité de 1'« autre monde » peut être seulement une introduction à une nouvelle plénitude. Celle-ci sera une plenitude qui présuppose toute l'histoire de l'homme, formée par le drame de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (cf. Gn 3) et, en même temps, pénétrée par le mystère de la rédemption.

Selon les paroles de la première lettre aux Corinthiens, l'homme chez qui prévaut la concupiscence sur la spiritualité, c'est-à-dire « le corps animal » (1Co 15,44) est condamné à la mort. Chez l'homme, au contraire, qui arrivera à une juste suprématie sur le corps et où la spiritualité l'emportera sur la sensualité, doit ressusciter un « corps spirituel ». Il est facile de comprendre que Paul a ici à l'esprit la sensualité comme somme des facteurs qui constituent la limitation de la spiritualité humaine, c'est-à-dire la sensualité comme force qui « lie » l'esprit (pas nécessairement au sens platonicien) par la restriction de sa propre faculté de connaître (de voir) la vérité et même de la faculté de vouloir librement et d'aimer dans la vérité. Il ne peut au contraire s'agir ici de cette fonction fondamentale des sens qui sert à libérer la spiritualité, c'est-à-dire de la simple faculté de connaître ou de vouloir, propre au composé psychosomatique du sujet humain. Du moment que l'on parle de la résurrection du corps, c'est-à-dire de l'homme dans son authentique corporéité, le « corps spirituel » devra par conséquent signifier précisément la parfaite sensibilité des sens, leur parfaite harmonisation avec l'activité de l'esprit humain dans la vérité et dans la liberté. Le « corps animal », qui est l'antithèse terrestre du « corps spirituel », montre au contraire la sensualité comme une force qui, souvent, porte préjudice à l'homme en ce que, en vivant « dans la connaissance du bien et du mal », il est sollicité par le mal et presque poussé vers lui.

5. On ne peut oublier qu'ici se trouve en question non pas tant le dualisme anthropologique qu'une antinomie de fond dont font partie non seulement le corps (comme matière dans Aristote), mais aussi l'âme, c'est-à-dire l'homme comme « être vivant » (cf. Gn 2,7). Ses éléments constitutifs sont, d'un côté, l'homme tout entier, I'ensemble de sa subjectivité psychosomatique en tant qu'il demeure sous l'influence de l'Esprit vivifiant du Christ et, d'autre part, le même homme en tant qu'il résiste et qu'il s'oppose à cet Esprit. Dans le second cas, l'homme est « corps animal » et ses oeuvres sont des oeuvres de chair. Si au contraire, il demeure sous l'influence de l'Esprit-Saint, l'homme est « spirituel » et il produit « le fruit de l'Esprit » (Ga 5,22).

6. Par conséquent, on peut dire que nous avons affaire à l'anthropologie de la résurrection, non seulement dans 1Co 15, mais que toute l'anthropologie et l'éthique de saint Paul sont pénétrées par le mystère de la résurrection grâce à laquelle nous avons définitivement reçu l'Esprit Saint. Le chapitre 15 de la première lettre aux Corinthiens constitue l'interprétation paulinienne de l'« autre monde » et de l'état de l'homme dans ce monde où chacun, par la résurrection du corps, participera pleinement au don de l'Esprit vivifiant, c'est-à-dire au fruit de la résurrection du Christ.

7. En terminant l'analyse de l'« anthropologie de la résurrection », selon la première lettre de Paul aux Corinthiens, il nous faut encore une fois tourner l'esprit vers ces paroles du Christ sur la résurrection et sur « l'autre monde » qui sont rapportées par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc.

Rappelons-nous que, répondant aux Sadducéens, le Christ a relié la foi en la résurrection à toute la révélation du Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob et de Moïse, qui « n'est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants » (Mt 22,32). En même temps, repoussant la difficulté avancée par ses interlocuteurs, il a prononcé les paroles significatives suivantes : « Quand ils ressusciteront des morts, ils ne prendront ni femme ni mari. » (Mc 12,25) C'est précisément à ces paroles — dans leur contexte immédiat — que nous avons consacré nos considérations précédentes, en passant ensuite à l'analyse de la première lettre de saint Paul aux Corinthiens (1Co 15).

Ces réflexions ont une signification fondamentale pour toute la théologie du corps : pour comprendre aussi bien le mariage que le célibat « pour le royaume de Dieu ». C'est à ce dernier sujet que seront consacrées nos analyses ultérieures.

(l) L'original grec utilise ici le terme psychikon Dans saint Paul, il apparaît seulement dans la première lettre aux Corinthiens (1Co 2,14 1Co 15,44 1Co 15,46) et pas ailleurs, probablement à cause des tendances prégnostiques des Corinthiens, et il a une signification péjorative. Par rapport au contenu, il correspond au terme « charnel » (cf. 2Co 1,12 2Co 10,4). Cependant, dans les autres lettres de Paul, la « psychè » et ses dérivés signifient l'existence terrestre de l'homme dans ses manifestations, le mode de vie de l'individu et enfin la personne humaine elle-même au sens positif (par exemple, pour indiquer l'idéal de vie de la communauté ecclésiale : miâ-i psychê-i = « dans un même esprit » (Ph 1,27) ; sympsychoi = « dans l'union de vos esprits » (Ph 2,2) ; isopsychon = « avec un même esprit » (Ph 2,20) ; (cf. R Jewett, Paul's anthropological terms. A study of their use in conflict settings, Leiden 1971, Brill, p. 2, 448-449).



Aux pèlerins d'expression française

Chers Frères et Sœurs,

Pour approfondir la théologie du corps, pour mieux comprendre le mariage et le célibat pour le Royaume des cieux, j’ai poursuivi en italien un commentaire de la lettre de Saint Paul aux Corinthiens sur la résurrection des corps. L’Apôtre y met en contraste le corps “corruptible”, “faible”, “charnel” de notre condition terrestre, avec le corps qui sera le fruit de la résurrection, incorruptible et plein de forces, parce que “spirituel”, participant à l’Esprit du Christ ressuscité. Ainsi l’homme ne reviendra pas seulement à la splendeur du projet de Dieu dans la première création, mais il sera introduit dans une nouvelle plénitude. Alors que, en ce monde, la concupiscence prévaut sur la spiritualité, limitant la faculté de connaître la vérité et de vouloir librement le bien, dans l’autre monde, les sens du corps ressuscité seront parfaitement harmonisés avec l’activité de l’esprit, sous l’action dé l’Esprit Saint.

Efforçons-nous de vivre déjà selon cet Esprit dont nous avons reçu les prémices.

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C’est avec ce souhait que je salue tous les pèlerins de langue française. Je suis particulièrement heureux de recevoir les élèves et les animateurs de l’Ecole de la Foi de Fribourg. Vous tenez, chez amis, à ne jamais séparer la prière et la vie fraternelle de la connaissance approfondie de l’Evangile, et c’est bien ainsi qu’on devient disciple du Christ, capable de porter témoignage de sa Bonne Nouvelle. Je souhaite qu’après votre stage, vous aidiez efficacement les personnes de votre entourage et vos communautés dans une catéchèse cohérente avec la vie.

Les congés scolaires en France ont aussi amené de nombreux élèves comme ceux du Lycée Saint-Michel de Paris et de plusieurs écoles ainsi que des séminaristes. Ouvrez votre cœur, chers jeunes, à cette riche histoire romaine et au témoignage des chrétiens en ce lieu, pour apporter à votre tour votre contribution à une société plus fraternelle et à des communautés chrétiennes plus ferventes. Je vous remercie tous de votre visite. Je recommande à votre prière mon tout prochain voyage en quatre pays d’Afrique, pour y affermir les jeunes Eglises.

Et moi je vous bénis de tout cœur, en cette veille de la fête de Notre-Dame de Lourdes.




Catéchèses S. J-Paul II 20182