Catéchèses S. J-Paul II 11100

Mercredi 11 Octobre 2000

11100
  Chers Frères et Soeurs,

L’Eucharistie est le sacrifice de louange parfait, la source et le sommet de toute vie chrétienne, où tous les fidèles offrent au Père la victime divine, et s’offrent eux-mêmes à Dieu avec elle (cf. Lumen gentium
LG 11). Dans l’Eucharistie, se réalise le sacrifice rédempteur du Christ, réellement présent. Jésus, le serviteur évoqué par le livre d’Isaïe, porte le péché du monde et donne sa vie pour le salut de la multitude. Il accomplit l’alliance, rétablissant totalement la relation entre Dieu et l’homme.

L’Eucharistie est aussi une louange, l’action de grâce du Christ à son Père; par elle, l’Église s’unit au Fils de Dieu et se fait ainsi la voix de l’humanité rachetée. De cette manière, une profonde communion d’amour relie Dieu et l’homme, relie le Christ, crucifié et ressuscité pour tous, et le disciple appelé à se donner totalement à lui.
* * *


Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les fidèles du diocèse de Créteil avec leur évêque, Mgr Labille, les lecteurs du magazine Le Pèlerin, le groupe de fidèles du Viêt-Nam et le groupe oecuménique de Grèce. Que votre pèlerinage jubilaire ravive votre foi et fasse de vous des témoins du Christ ressuscité et des artisans de paix au milieu de vos frères! À tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 18 octobre 2000

18100
Lecture:
Jn 6,53-58

1. "Nous sommes devenus le Christ. En effet, s'il est la tête et nous ses membres, l'homme total est lui et nous" (Augustin, Tractatus in Jn 21,8). Ces paroles fortes de saint Augustin exaltent la communion intime qui, dans le mystère de l'Eglise, se crée entre Dieu et l'homme, une communion qui, sur notre chemin historique, trouve son signe le plus élevé dans l'Eucharistie. Les impératifs: "Prenez et mangez... Buvez-en..." (Mt 26,26-27) que Jésus adresse à ses disciples dans la salle à l'étage supérieur d'une maison de Jérusalem, le dernier soir de sa vie terrestre (cf. Mc Mc 14,15), sont riches de signification. La valeur symbolique universelle du banquet offert dans le pain et dans le vin (cf. Is Is 25,6), renvoie déjà à la communion et à l'intimité. Des éléments supplémentaires plus explicites exaltent l'Eucharistie comme banquet d'amitié et d'alliance avec Dieu. Celle-ci, en effet, - comme le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique, - est "à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur" (CEC 1382).


2. De même que dans l'Ancien Testament, le sanctuaire mobile du désert était appelé "tente du colloque", c'est-à-dire de la rencontre entre Dieu et son peuple et des frères de foi entre eux, l'antique tradition chrétienne a appelé "synaxe", c'est-à-dire "réunion", la célébration eucharistique. En celle-ci "se révèle la nature profonde de l'Eglise, communauté de ceux qui ont été convoqués à la synaxe pour célébrer le don de Celui qui est à la fois offrant et offert: participant aux Saints Mystères, ils deviennent "consanguins" du Christ, anticipant l'expérience de la divinisation dans le lien désormais inséparable qui unit dans le Christ divinité et humanité" (Orientale lumen, n. 10).

Si nous voulons approfondir le sens authentique de ce mystère de communion entre Dieu et les fidèles, nous devons revenir aux paroles de Jésus lors de la dernière Cène. Celles-ci renvoient à la catégorie biblique de l'"alliance", évoquée précisément à travers la liaison entre le sang du Christ et celui du sacrifice versé sur le Sinaï: "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance" (Mc 14,24). Moïse avait déclaré: "Ceci est le sang de l'Alliance" (Ex 24,8). L'Alliance qui, au Sinaï, unissait Israël au Seigneur par un lien du sang, préannonçait la nouvelle alliance, dont dérive - pour utiliser une expression des Pères grecs - comme une consanguinité entre le Christ et le fidèle (cf. Cyrille Alexandrin, In Johannis Evangelium XI; Jean Chrysostome, In Matthaeum hom. LXXXII, 5).


3. Ce sont surtout les théologies johanniques et pauliniennes qui exaltent la communion du croyant avec le Christ dans l'Eucharistie. Lors du discours dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus dit explicitement: "Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais" (Jn 6,51). Le texte tout entier de ce discours vise à souligner la communion vitale qui s'établit, dans la foi, entre le Christ pain de vie et celui qui en mange. En particulier apparaît le verbe grec typique du quatrième Evangile pour indiquer l'intimité mystique entre le Christ et le disciple, ménein, "rester, demeurer": "Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui" (Jn 6,56 cf. Jn 15,4-9).


4. Le terme grec de la "communion", koinonìa, apparaît ensuite dans la réflexion de la première Epître aux Corinthiens, où Paul parle des banquets sacrificiels de l'idôlatrie, les qualifiant de "table des démons" (1Co 10,21), et exprime un principe valable pour tous les sacrifices: "Ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec l'autel?" (10, 18). L'Apôtre donne un exemple positif et lumineux de ce principe en rapport avec l'Eucharistie: "La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas en communion (koinonía) au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas en communion (koinonía) au corps du Christ? [...] Tous, nous participons à ce pain unique" (1Co 10,16-17). "La participation à l'Eucharistie, sacrement de la Nouvelle Alliance, est le plus haut degré de l'assimilation au Christ, source de "vie éternelle", principe et force du don total de soi" (Veritatis splendor VS 21).


5. Cette communion avec le Christ engendre donc une transformation intime du fidèle. Saint Cyrille Alexandrin décrit de façon efficace cet événement, en montrant son retentissement dans l'existence et dans l'histoire: "Le Christ nous forme selon son image de façon à ce que les traits de sa nature divine resplendissent en nous à travers la sanctification, la justice et une vie bonne et conforme aux vertus. La beauté de cette image resplendit en nous qui sommes dans le Christ, lorsque nous nous montrons des hommes bons dans les oeuvres" (Tractatus ad Tiberium Diaconum sociosque, II, Responsiones ad Tiberium Diaconum sociosque in In divi Johannis Evangelium, vol. III, Bruxelles 1965, p. 590). "En participant au sacrifice de la Croix, le chrétien communie à l'amour oblatif du Christ, il est rendu apte et il est engagé à vivre la même charité à travers toutes les attitudes et tous les comportements de sa vie. Dans l'existence morale, on voit aussi à l'oeuvre le service royal du chrétien" (Veritatis splendor VS 107). Ce service royal a ses racines dans le baptême et sa floraison dans la communion eucharistique. La voie de la sainteté, de l'amour, de la vérité est, donc, la révélation au monde de notre intimité divine, réalisée dans le banquet eucharistique.

Laissons notre désir de la vie divine offerte en Christ s'exprimer avec les accents chaleureux d'un grand théologien de l'Eglise arménienne, Grégoire de Narek (X siècle): "Ce n'est pas de ses dons, mais du Donateur que j'ai toujours la nostalgie. Ce n'est pas la gloire à laquelle j'aspire, mais c'est le Glorifié que je désire embrasser [...] Ce n'est pas le repos que je cherche, mais le visage de Celui qui donne le repos que je demande en suppliant. Ce n'est pas du banquet nuptial, mais du désir de l'époux que je me languis" (XII Prière).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 18 octobre 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Pèlerinage du diocèse de Clermont-Ferrand, avec Mgr Hyppolite Simon; groupes de pèlerins des diocèses de Paris; d'Autun-Chalon et Mâcon; de Perpignan; de la Réunion; Paroisse Saint-Raymond, Le Pradet, Toulon; Centre de formation pour les Auxiliaires de l'Apostolat, à Lourdes; Equipes Notre-Dame, du Mans; Association des Amis de Sainte-Rita, Le Cailar; Membres de l'"Ordre des Palmes académiques"; groupes de pèlerins de Paris; de Revest-du-Bion; de Lassigny.

De Suisse: Jeunes des paroisses de Lutry et de Cully; paroisse de Montreux; paroisse Notre-Dame, de Nyons.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

Chers Frères et Soeurs,

Dans le Christ, nous sommes un seul corps. Le mystère de l’union intime entre le Sauveur et l’Eglise se manifeste particulièrement dans l’Eucharistie, qui est le banquet sacré de communion au corps et au sang du Seigneur, ainsi que le repas d’amitié et d’alliance avec Dieu. Dans la célébration eucharistique, nous sommes convoqués pour célébrer le don divin et nous devenons "les ‘consanguins’ du Christ, anticipant l’expérience de la divinisation dans le lien désormais inséparable qui unit dans le Christ divinité et humanité" (Orientale lumen, n. 10). Dans l’Evangile de Jean, par le verbe ‘demeurer’, le discours sur le pain de vie invite à l’intimité mystique entre Jésus et ses disciples. Dans la première lettre aux Corinthiens, l’Apôtre Paul parlera de la communion. Cette relation au Christ produit une transformation profonde chez les fidèles, qui reçoivent l’amour divin et deviennent capables de vivre comme le Maître. Dans la vie morale, cela constitue "le service royal du chrétien" (Veritatis splendor VS 107).

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, notamment les fidèles du diocèse de Clermont avec leur évêque, Mgr Simon, des Auxiliaires de l’Apostolat de diocèses d’Afrique, des membres de l’Ordre des Palmes académiques, des jeunes Suisses des paroisses de Lutry et Cully, dont quelques nouveaux confirmés. Ma pensée rejoint toutes les familles qui ont été éprouvées par la perte d’un être cher à cause des inondations de dimanche dernier. Aux blessés et aux secouristes, j’adresse mes voeux les meilleurs. À tous, j’accorde une affectueuse Bénédiction apostolique.





Mercredi 25 Octobre 2000

25100 Lecture: Jn 6,48-51

1. "Dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste" (Sacrosanctum concilium SC 8 Gaudium et spes GS 38). Ces mots si clairs et essentiels du Concile Vatican II nous présentent une dimension fondamentale de l'Eucharistie: le fait qu'elle soit "futurae gloriae pignus", gage de la gloire future, selon une belle expression de la tradition chrétienne (cf. SC SC 47). "Ce sacrement - observe saint Thomas d'Aquin - ne nous introduit pas immédiatement dans la gloire, mais nous donne la force de parvenir à la gloire et c'est pour cette raison qu'il est appelé "viatique"" (Summa Th. III, 79, 2 ad I). La communion avec le Christ que nous vivons à présent, alors que nous sommes des pèlerins et des voyageurs sur les routes de l'histoire, anticipe la rencontre suprême du jour où "nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est" (1Jn 3,2). Elie, qui lors de sa marche dans le désert s'effondre privé de forces sous un genévrier et qui est ranimé par un pain mystérieux jusqu'à atteindre le sommet de la rencontre avec Dieu (cf. 1R 19,1-8), est un symbole traditionnel de l'itinéraire des fidèles, qui trouvent dans le pain eucharistique la force pour marcher vers le but lumineux de la ville sainte.


2. Tel est également le sens profond de la manne préparée par Dieu dans le désert du Sinaï, "nourriture des anges" capable de procurer toutes sortes de délices, et de satisfaire tous les goûts, manifestation de la douceur de Dieu envers ses fils (cf. Sg Sg 16,20-21). Ce sera le Christ lui-même qui fera apparaître cette signification spirituelle de l'épisode de l'Exode. C'est lui qui nous fait goûter dans l'Eucharistie la double saveur de nourriture du pèlerin et de nourriture de la plénitude messianique dans l'éternité (cf. Is Is 25,6). Pour emprunter une expression consacrée à la liturgie du sabbat hébraïque, l'Eucharistie est un "avant-goût de l'éternité dans le temps" (A. J. Heschel). Comme le Christ a vécu dans la chair tout en demeurant dans la gloire de Fils de Dieu, de même, l'Eucharistie est une présence divine et transcendante, communion avec l'éternel, signe de la "compénétration de la cité terrestre et de la cité céleste" (GS 40). L'Eucharistie, mémorial de la Pâque du Christ, est de par sa nature porteuse de l'éternité et de l'infini de l'histoire humaine.


3. Cet aspect qui ouvre l'Eucharistie à l'avenir de Dieu, tout en la laissant ancrée dans la réalité présente, est illustré par les paroles que Jésus prononce à propos de la coupe de vin, au cours de la dernière Cène (cf. Lc Lc 22,20 1Co 11,25). Marc et Matthieu évoquent dans ces mêmes paroles l'alliance dans le sang des sacrifices du Sinaï (cf. Mc Mc 14,24 Mt 26,28 Ex 24,8). Luc et Paul, en revanche, révèlent l'accomplissement de la "nouvelle alliance" annoncée par le prophète Jérémie: "Voici venir des jours - oracle de Yahvé - ou je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une alliance nouvelle. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères" (31, 31-32). En effet, Jésus déclare: "Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang". Le terme "nouveau", dans le langage biblique, indique d'habitude le progrès, la perfection définitive.

Ce sont encore Luc et Paul qui soulignent que l'Eucharistie est l'anticipation de l'horizon de lumière glorieuse propre au règne de Dieu. Avant la Dernière Cène, Jésus déclare: "J'ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir; car je vous le dis: jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu. Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâce et dit: "Prenez ceci et partagez entre vous; car je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu"" (Lc 22,15-18). Paul rappelle lui-aussi explicitement que la cène eucharistique est orientée vers la dernière venue du Seigneur: "Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne" (1Co 11,26).


4. Le quatrième évangéliste, Jean, exalte cette orientation de l'Eucharistie vers la plénitude du Royaume de Dieu dans le célèbre discours sur le "pain de vie" que Jésus tient dans la synagogue de Capharnaüm. Le symbole qu'il a pris comme point de référence biblique est, comme on l'a déjà mentionné, celui de la manne offerte par Dieu à Israël en pèlerinage dans le désert. A propos de l'Eucharistie, Jésus affirme solennellement: "Qui mangera ce pain vivra à jamais [...] Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour [...] Voici le pain descendu du ciel; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais" (Jn 6,51 Jn 6,54 Jn 6,58). La "vie éternelle", dans le langage du quatrième Evangile, est la vie divine elle-même, qui dépasse les frontières du temps. L'Eucharistie, étant communion avec le Christ, est donc participation à la vie de Dieu qui est éternelle et qui vainc la mort. C'est pourquoi Jésus déclare: "Or c'est la volonté de celui qui m'a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné mais que je ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle" (Jn 6,39-40).


5. Sous cette lumière - comme le disait de façon suggestive un théologien russe, Sergej Bulgakov - "La liturgie est le ciel sur la terre". C'est pourquoi, dans la Lettre apostolique Dies Domini, en reprenant les paroles de Paul VI, j'ai exhorté les chrétiens à ne pas négliger "cette rencontre, ce banquet que le Christ nous prépare dans son amour. Que la participation y soit à la fois très digne et festive! C'est le Christ, crucifié et glorifié, qui passe au milieu de ses disciples, pour les entraîner ensemble dans le renouveau de sa résurrection. C'est le sommet, ici-bas, de l'Alliance d'amour entre Dieu et son peuple: signe et source de joie chrétienne, relais pour la fête éternelle" (n. 58; cf. Gaudete in Domino, conclusion).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 25 octobre 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De divers pays: Groupe de Frères maristes; Fédération internationale de Bobsleigh et de Tobogganing.

De France: Groupes de pèlerins des diocèses d'Annecy; de Luçon, de Paris; Paroisse de Pourrières; Etoile Notre-Dame, de Mayenne; Collège Sainte-Marie de la Providence, de Rochefort; Association "France-Italie"; Association "La Renaissance de Saint-Pierre", de La Martinique.

De Suisse: Harmonie "La Concordia", de Fribourg; Jeunes des paroisses de La Gruyère.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

Chers Frères et Soeurs,

En ces temps où nous sommes des pèlerins sur les routes de l'histoire, la communion avec le Christ que nous vivons dans l'Eucharistie anticipe la rencontre que nous aurons avec lui lorsque "nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu'il est" (1Jn 3,2). Dans le pain eucharistique nous trouvons la force pour marcher vers ce but lumineux.

L'Eucharistie est donc la nourriture de la route et la nourriture de la plénitude messianique dans l'éternité. Elle est présence divine et transcendante, communion avec l'éternel, signe de la "compénétration de la cité terrestre et de la cité céleste" (GS 40). L'Eucharistie, mémorial de la Pâque du Christ, introduit de l'éternité et de l'infini dans l'histoire humaine. Elle est tournée vers l'ultime venue du Seigneur et tendue vers la plénitude du règne de Dieu. Communion au Christ, l'Eucharistie est donc participation à la vie de Dieu qui est éternelle et qui triomphe de la mort. Ainsi, on peut dire avec le théologien russe Sergej Bulgakov : "La liturgie est le ciel sur la terre".

Je suis heureux d'accueillir les pèlerins francophones présents ce matin. Je salue en particulier les Frères maristes, les membres de l'Association France-Italie ainsi que les personnes âgées de La Martinique. Je souhaite que votre pèlerinage jubilaire vous aide à grandir dans la connaissance du Christ et à vivre dans la fidélité à son Evangile. A tous je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 8 novembre 2000

8110
Lecture: 1Co 10,16-17


1. "O sacrement de la piété! O signe de l'unité! O lien de la charité!". L'exclamation de saint Augustin dans son commentaire de l'Evangile de Jean (In Johannis Evangelium 26, 13) reprend et synthétise les paroles que Paul a adressées aux Corinthiens et que nous venons d'entendre: "Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous formons est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain" (1Co 10,17). L'Eucharistie est le sacrement et la source de l'unité ecclésiale. Et cela a été répété depuis les origines de la tradition chrétienne, en se fondant précisément sur le signe du pain et du vin. Ainsi, dans la Didachè, un écrit rédigé à l'aube du christianisme, il est affirmé: "De même que ce pain rompu était auparavant dispersé sur les monts et, qu'une fois rassemblé, il est devenu une seule réalité, que ton Eglise se rassemble ainsi des extrémités de la terre dans ton royaume" (9, 1)

2. Saint Cyprien, Evêque de Carthage, faisant écho à ces paroles au IIIème siècle, affirme: "Les sacrifices mêmes du Seigneur mettent en lumière l'unanimité des chrétiens cimentée par une solide et indivisible charité. Car, lorsque le Seigneur appelle son corps le pain composé par l'union de nombreux grains de blé, il indique notre peuple rassemblé, qu'il nourrit; et lorsqu'il appelle son sang le vin pressé des nombreuses grappes et grains de raisin et mêlés ensemble, il indique de la même façon notre troupeau composé d'une multitude unie ensemble" ( Magnum 6). Ce symbolisme eucharistique en relation avec l'unité de l'Eglise revient fréquemment chez les Pères et les théologiens scolastiques: "Le Concile de Trente en a résumé la Doctrine en enseignant que notre Sauveur a laissé l'Eucharistie à son Eglise "comme symbole de son unité et de la charité avec laquelle il désira que tous les chrétiens soient intimement unis entre eux"; c'est pourquoi elle est le "symbole de cet unique corps, dont il est la tête"" (Paul VI, Mysterium fidei , Ench. Vat., 2, 424; cf. Conc. Trid., Décret sur la Très Sainte Eucharistie, préambule et c. 2). Le Catéchisme de l'Eglise catholique résume cela de façon claire: "Ceux qui reçoivent l'Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps: l'Eglise" (CEC 1396).

3. Cette doctrine traditionnelle est profondément enracinée dans l'Ecriture. Paul, dans le passage déjà cité de la première Epître aux Corinthiens, la développe en partant d'un thème fondamental, celui de la koinonía, c'est-à-dire de la communion qui s'instaure entre le fidèle et le Christ dans l'Eucharistie. "La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas communion (koinonía) au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion (koinonía) au corps du Christ?" (1Co 10,16). Cette communion est décrite plus précisément dans l'Evangile de Jean, comme une relation extraordinaire d'"intériorité réciproque": "lui en moi et moi en lui". En effet, déclare Jésus dans la synagogue de Capharnaüm: "Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui" (Jn 6,56).

C'est un thème qui sera également souligné dans les discours de la Dernière Cène grâce au symbole de la vigne: le sarment n'est verdoyant et ne porte du fruit que s'il est greffé sur le pied de la vigne, dont il reçoit lymphe et soutien (Jn 15,1-7). Autrement, il ne s'agit que d'une branche sèche et destinée au feu: aut vitis aut ignis, "ou la vigne ou le feu", commente de façon lapidaire saint Augustin (In Johannis Evangelium 81, 3). On définit ici une unité, une communion, qui se réalise entre le fidèle et le Christ présent dans l'Eucharistie, sur la base de ce principe que Paul formule ainsi: "Ceux qui mangent les victimes ne sont-ils pas en communion avec l'autel" (1Co 10,18).

4. Cette communion-koinonía de type "vertical", car elle s'unit au mystère divin, engendre dans le même temps une communion-koinonía que nous pourrions dire "horizontale", c'est-à-dire ecclésiale, fraternelle, capable d'unir par un lien d'amour tous les participants à la même table. "Parce qu'il n'y a qu'un pain - nous rappelle Paul - , à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce corps unique" (1Co 10,17). Le discours sur l'Eucharistie anticipe la profonde réflexion ecclésiale que l'Apôtre développera dans le chapitre 12 de cette même Lettre, lorsqu'il parlera du corps du Christ dans son unité et sa multiplicité. La célèbre description de l'Eglise de Jérusalem, offerte par Luc dans les Actes des Apôtres décrit elle aussi cette unité fraternelle ou koinonía, en la reliant à la fraction du pain, c'est-à-dire à la célébration eucharistique (cf. Ac Ac 2,42). Il s'agit d'une communion qui s'accomplit dans les événements concrets de l'histoire: "Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle (koinonía), à la fraction du pain et aux prières [...] Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun" (Ac 2,42-44).

5. On renie donc la signification profonde de l'Eucharistie, lorsqu'on la célèbre sans tenir compte des exigences de la charité et de la communion. Paul est sévère avec les Corinthiens, car lorsqu’ils se rassemblent, "ce n'est plus le Repas du Seigneur" (1Co 11,20) qu'ils prennent, à cause des divisions, des injustices, des égoïsmes. Dans ce cas l'Eucharistie n'est plus agape, c'est-à-dire expression et source d'amour. Et celui qui y participe de façon indigne, sans qu'elle débouche sur la charité fraternelle, "mange et boit sa propre condamnation" (1Co 11,29). "Si en effet la vie chrétienne s'exprime dans l'accomplissement du plus grand commandement, c'est-à-dire dans l'amour de Dieu et du prochain, cet amour trouve sa source précisément dans le saint sacrement, qui est appelé communément sacrement de l'amour" (Dominicae coenae, n. 5). L'Eucharistie rappelle, rend présente et engendre cette charité.

Reprenons alors l'appel de l'Evêque et martyr Ignace, qui exhortait à l'unité les fidèles de Philadelphie en Asie mineure: "La chair de notre Seigneur Jésus-Christ est une seule, le calice dans l'unité de son sang est un seul, l'autel est un seul, de même que l'Evêque est un seul" ( Philadelphenses, n. 4). Et, avec la liturgie, nous prions Dieu le Père: "Quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ" (Prière eucharistique III).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 8 novembre 2000, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De divers pays: Groupe de l'Union internationale des Chemins de Fer.

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Vannes; paroisse Sainte Jeanne d'Arc, de Versailles; groupe Légions de Marie.

Chers Frères et Soeurs,

L’Eucharistie est par excellence le sacrement et la source de l’unité de l’Eglise, comme cela est clairement rappelé dans l’Ecriture et dans toute la tradition. “Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous formons est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain” (1Co 10,17). Dans l’Eucharistie, le Christ nous invite à nous enraciner dans la vie de communion avec Lui. Cette relation d’intériorité réciproque que saint Paul nomme la koinonia est en même temps communion au mystère divin et lien d’unité entre tous ceux qui prennent part à la table du Seigneur, les invitant à vivre dans l’amour.

“Ceux qui reçoivent le Corps du Christ sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ réunit les fidèles en un seul corps: l’Eglise” (Catéchisme de l’Eglise catholique, CEC 1396). Incorporés à l’Eglise par le Baptême et sans cesse renouvelés dans ce don par la réception du Corps du Christ, nous réalisons le sens profond de l’Eucharistie, union profonde avec le Sauveur, qui nous pousse à vivre les exigences de la charité, en particulier envers nos frères les plus pauvres. Ainsi, nous pouvons dire avec saint Augustin, “O sacrement de la piété ! O signe de l’unité ! O lien de la charité !”(In Ioannis Evangelium 26, 13).


Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier les membres de l’Union internationale des Chemins de Fer. Que leur pèlerinage jubilaire soit une occasion de vivre davantage en communion avec le Christ et son Eglise ! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 15 novembre 2000

15110
  Lecture:
Jn 17,20-21

1. Dans le programme de cette année jubilaire ne pouvait manquer la dimension du dialogue oecuménique et du dialogue interreligieux, comme je l'ai déjà indiqué dans Tertio millennio adveniente (cf. nn. TMA TMA 53 et 55). La ligne trinitaire et eucharistique que nous avons développée dans les précédentes catéchèses nous conduit à présent à nous arrêter sur ce thème, en prenant tout d'abord en considération le problème de la recomposition de l'unité entre chrétiens. Nous le faisons à la lumière du récit évangélique sur les disciples d'Emmaüs (cf. Lc Lc 24,13-35), en observant la façon dont les deux disciples, qui s'éloignaient de la communauté, furent poussés à accomplir le chemin en sens inverse et à la retrouver.


2. Les deux disciples tournaient le dos au lieu où Jésus avait été crucifié, car cet événement constituait pour eux une cruelle déception. C'est pour la même raison qu'ils s'éloignaient des autres disciples et retournaient, pour ainsi dire, à l'individualisme. "Ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé" (Lc 24,14), sans en comprendre le sens. Ils ne comprenaient pas que Jésus était mort "afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés" (Jn 11,52). Ils ne voyaient que l'aspect terriblement négatif de la croix, qui ruinait leurs espérances: "Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël" (Lc 24,21). Jésus ressuscité s'approche d'eux et marche avec eux, "mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître" (Lc 24,16), car du point de vue spirituel, ils se trouvaient dans les ténèbres les plus obscures. Jésus s'engage alors avec une admirable patience à les ramener à la lumière de la foi, au moyen d'une longue catéchèse biblique: "Commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait" (Lc 24,27). Leur coeur commença à brûler (cf. Lc Lc 24,32). Ils prièrent leur mystérieux compagnon de rester avec eux. "Et il advint, comme il était à table avec eux, qu'il prît le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux" (Lc 24,30-31). Grâce à l'explication lumineuse des Ecritures, ils étaient passés des ténèbres de l'incompréhension à la lumière de la foi et étaient devenus capables de reconnaître le Christ ressuscité "à la fraction du pain" (Lc 24,35).

L'effet de ce changement profond fut un élan à repartir sans attendre et à revenir à Jérusalem pour rejoindre "les Onze et leurs compagnons" (Lc 24,33). Le chemin de foi avait rendu possible l'union fraternelle.


3. Le lien entre l'interprétation de la Parole de Dieu et l'Eucharistie apparaît également ailleurs dans le Nouveau Testament. Jean, dans son Evangile, relie cette parole à l'Eucharistie lorsque dans le discours de Capharnaüm, il nous présente Jésus qui évoque le don de la manne dans le désert en le réinterprétant de façon eucharistique (cf. Jn Jn 6,32-58). Dans l'Eglise de Jérusalem, l'assiduité à l'écoute de la didaché, c'est-à-dire l'enseignement apostolique fondé sur la Parole de Dieu, précédait la participation à la "fraction du pain" (Ac 2,42).

A Troas, lorsque les chrétiens se réunirent autour de Paul pour "rompre le pain", Luc rapporte que le rassemblement commença par de longs discours de l'Apôtre (cf. Ac Ac 20,7), certainement pour nourrir la foi, l'espérance et la charité. Il ressort clairement de tout cela que l'union dans la foi est la condition préliminaire à la participation commune à l'Eucharistie.

Avec la liturgie de la Parole et l'Eucharistie - comme nous le rappelle le Concile Vatican II en citant saint Jean Chrysostome (In Joh. hom. 46) - "les fidèles, unis à l'Evêque, trouvent accès auprès de Dieu le Père par son Fils, Verbe incarné, mort et glorifié, dans l'effusion de l'Esprit Saint. Ils entrent de la sorte en communion avec la Très Sainte Trinité et deviennent "participants de la nature divine" (2P 1,4). Ainsi donc, par la célébration de l'Eucharistie du Seigneur dans ces Eglises particulières, l'Eglise de Dieu s'édifie et grandit, la communion entre elles se manifestant par la concélébration" (Unitatis redintegratio UR 15). Ce lien avec le mystère de l'unité divine engendre donc un lien de communion et d'amour entre ceux qui sont assis à l'unique table de la Parole et de l'Eucharistie. La table unique est le signe et la manifestation de l'unité. "En conséquence, la communion eucharistique est inséparablement liée à la pleine communion ecclésiale et à son expression visible" (La recherche de l'unité - Directoire oecuménique 1993, n. 129).


4. Sous cette lumière, on comprend comment les divisions doctrinales existant entre les disciples du Christ rassemblés dans les diverses Eglises et Communautés ecclésiales limitent le plein partage sacramentel. Le Baptême est, toutefois, la racine profonde d'une unité fondamentale qui lie les chrétiens malgré leurs divisions. Donc, si la participation à la même Eucharistie demeure exclue pour les chrétiens encore séparés, il est possible d'introduire dans la Célébration eucharistique, dans des cas spécifiques prévus par le Directoire oecuménique, des signes de participation qui expriment l'unité déjà existante et qui vont dans la direction de la pleine communion des Eglises autour de la table de la Parole et du Corps et du sang du Seigneur. Ainsi, "dans des occasions exceptionnelles et pour une juste cause, l'Evêque du diocèse peut permettre qu'un membre d'une autre Eglise ou Communauté ecclésiale y tienne la charge de lecteur" (n. 133). De même "lorsqu'une nécessité l'exige ou qu'un véritable bien spirituel le suggère et pourvu que soit évité tout danger d'erreur ou d'indifférentisme", parmi les catholiques et les chrétiens orientaux une certaine réciprocité est licite pour les sacrements de la pénitence, de l'Eucharistie et de l'onction des malades (cf. nn. 123-131).


5. Toutefois, l'arbre de l'unité doit croître jusqu'à sa pleine expansion, comme le Christ l'a invoqué dans la grande prière du Cénacle, ici proclamée en ouverture (cf. Jn Jn 17,20-26 Unitatis redintegratio UR 22). Les limites dans l'intercommunion devant la table de la Parole et de l'Eucharistie doivent se transformer en un appel à la purification, au dialogue, au chemin oecuménique des Eglises. Ce sont des limites qui nous font ressentir plus fortement, précisément dans la Célébration eucharistique, le poids de nos divisions et de nos contradictions. L'Eucharistie constitue ainsi un défi et une provocation placée au coeur même de l'Eglise pour nous rappeler l'intense et extrême désir du Christ: "Afin que tous soient un" (Jn 17,11 Jn 17,21).

L'Eglise ne doit pas être un corps aux membres divisés et qui souffrent, mais un organisme vivant et fort qui avance en étant soutenu par le pain divin, comme il est annoncé dans l'épisode du chemin d'Elie (cf. 1R 19,1-8), jusqu'au sommet de la rencontre définitive avec Dieu. C'est là que s'accomplira finalement la vision de l'Apocalypse: "Et je vis la cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux" (21, 2).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 15 novembre 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Vannes; Association "Dans les pas de l'Immaculée, de Lourdes; Fraternité Notre-Dame du Sacré-Coeur d'Issoudun.

De Belgique: Groupe de pèlerins.

Du Canada: Groupe de pèlerins.

Du Viêt-nam: Groupe de pèlerins

Chers Frères et Soeurs,

La vie de foi et le partage eucharistique conduisent à la communion d'amour et à l'unité entre ceux qui sont assis à l'unique table de la Parole et de l'Eucharistie. La communion eucharistique est donc liée à la pleine communion ecclésiale et à son expression visible.

À cette lumière, on comprend que les divisions doctrinales qui existent entre les disciples du Christ rassemblés dans les diverses Eglises et communautés ecclésiales limitent le plein partage sacramentel et excluent encore la participation à une même Eucharistie. Toutefois, le Baptême est la source d'une unité fondamentale qui lie les chrétiens malgré leurs divisions. Aussi les limites de l'intercommunion doivent-elles se transformer en un appel à la purification, au dialogue, au cheminement oecuménique. Elles nous font sentir plus intensément le poids de nos déchirures et de nos contradictions. L'Eucharistie est un défi et une provocation au coeur même de l'Eglise pour lui rappeler le désir intense du Christ : "Qu'ils soient un".

Je salue cordialement les francophones présents ce matin. Je suis heureux d'accueillir en particulier les pèlerins du diocèse de Vannes, avec leur Evêque, Mgr François-Mathurin Gourvès, ainsi que ceux qui viennent de plusieurs diocèses du Viêt-Nam. Que votre pèlerinage jubilaire vous permette d'ouvrir largement vos coeurs à l'amour du Seigneur et de vos frères ! À tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.




Catéchèses S. J-Paul II 11100