Catéchèses Benoît XVI 13100

Mercredi 13 octobre 2010 - Bienheureuse Angèle de Foligno

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Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui je voudrais vous parler de la bienheureuse Angèle de Foligno, une grande mystique médiévale ayant vécu au XIIIe siècle. D’habitude, on est fasciné par les sommets de l’expérience d’union avec Dieu qu’elle a atteints, mais on ne prend sans doute pas assez en compte ses premiers pas, sa conversion, et le long chemin qui l’a conduite du point de départ, «la grande crainte de l’enfer», jusqu’au but ultime, l’union totale avec la Trinité. La première partie de la vie d’Angèle n’est certainement pas celle d’une disciple fervente du Seigneur. Née aux alentours de 1248 dans une famille aisée, elle devint orpheline de père et fut éduquée par sa mère de façon plutôt superficielle. Elle fut très tôt introduite dans les milieux mondains de la ville de Foligno, où elle connut un homme, qu’elle épousa à l’âge de 20 ans et dont elle eut des enfants. Sa vie était insouciante, au point de mépriser ceux que l’on appelait les «pénitents» — très répandus à l’époque —, c’est-à-dire ceux qui, pour suivre le Christ, vendaient leurs biens et vivaient dans la prière, dans le jeûne, dans le service à l’Eglise et dans la charité.

Plusieurs événements, comme le violent tremblement de terre de 1279, un ouragan, l’antique guerre contre Pérouse et ses dures conséquences, ont une influence sur la vie d’Angèle, qui prend progressivement conscience de ses péchés, jusqu’à accomplir un pas décisif: elle invoque saint François, qui lui apparaît en vision, pour lui demander conseil en vue d’une bonne confession générale à accomplir: nous sommes en 1285, Angèle se confesse à un frère à San Feliciano. Trois ans plus tard, la voie de la conversion prend un nouveau tournant: la dissolution des liens affectifs, étant donné qu’en quelques mois, à la mort de sa mère suit celle de son mari et de tous ses enfants. Elle vend alors ses biens et, en 1291, rejoint le Tiers-Ordre de saint François. Elle meurt à Foligno le 4 janvier 1309.

Le Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, qui rassemble la documentation relative à notre bienheureuse, rapporte cette conversion; elle en indique les instruments nécessaires: la pénitence, l’humilité et les épreuves; et elle en rapporte les étapes, la succession des expériences d’Angèle, commencées en 1285. En se les rappelant, après les avoir vécues, elle tenta de les raconter à travers le frère confesseur, qui les transcrivit fidèlement, en s’efforçant ensuite de les diviser en étapes, qu’il appela «étapes ou mutations», mais sans réussir à les mettre entièrement en ordre (cf. Le Livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, Cinisello Balsamo 1990, p. 51). La raison en est que pour la bienheureuse Angèle, l’expérience d’union implique de façon totale les sens spirituels et corporels, et ce qu’elle «comprend» pendant ses extases demeure, pour ainsi dire, uniquement une «ombre» dans son esprit. «J’entendis véritablement ces paroles — confesse-t-elle après une extase mystique — mais ce que j’ai vu et compris, et ce qu’il [c’est-à-dire Dieu] me montra, je ne sais ni ne peux le dire en aucune façon, bien que je révèlerais volontiers ce que je compris à travers les paroles que j’entendis, mais ce fut un abîme absolument ineffable». Angèle de Foligno présente son «vécu» mystique sans l’élaborer avec son esprit, car il s’agit d’illuminations divines qui se communiquent à son âme de façon imprévue et inattendue. Le frère confesseur lui-même a des difficultés à rapporter de tels événements, «notamment à cause de sa grande et admirable réserve à l’égard des dons divins» (ibid., p. 194). A la difficulté d’Angèle d’exprimer son expérience mystique s’ajoute également la difficulté pour ses interlocuteurs de la comprendre. Une situation qui montre clairement que l’unique et véritable Maître, Jésus, vit dans le coeur de chaque croyant et désire en prendre entièrement possession. Comme chez Angèle, qui écrivait à l’un de ses fils spirituels: «Mon Fils, si tu voyais mon coeur, tu serais absolument contraint de faire toutes les choses que Dieu veut, parce que mon coeur est celui de Dieu et le coeur de Dieu est le mien». Ici retentissent les paroles de saint Paul: «Je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi» (
Ga 2,20).

Etudions alors certains «pas» seulement du riche cheminement spirituel de notre bienheureuse. Le premier, en réalité, est une prémisse: «Le premier pas est la connaissance du péché — comme elle le précise —, par elle l’âme craint fort d'être damnée en enfer. En ce pas l'âme pleure amèrement» (Le livre de la bienheureuse Angèle de Foligno, p. 39). Cette «crainte» de l'enfer répond au type de foi qu'Angèle avait au moment de sa «conversion»; une foi encore pauvre de charité, c'est-à-dire de l'amour de Dieu. Repentir, peur de l’enfer, pénitence ouvrent à Angèle la perspective du douloureux «chemin de la croix» qui, du huitième au quinzième pas, la conduira ensuite sur le «chemin de l'amour». Le frère confesseur raconte: «La fidèle me dit alors: J'ai eu cette révélation divine: “Après ce que vous avez écrit, faites écrire que quiconque veut conserver la grâce ne doit pas détourner les yeux de l'âme de la Croix, tant dans la joie que dans la tristesse que je lui accorde ou je lui permets”» (ibid., p. 143). Mais dans cette phase encore, Angèle «ne sent pas l'amour»; elle affirme: «l'âme éprouve de la honte et de l'amertume et elle ne fait pas encore l'expérience de l'amour, mais de la douleur» (ibid., p. 39), et elle est insatisfaite.

Angèle sent qu'elle doit donner quelque chose à Dieu pour réparer ses péchés, mais lentement, elle comprend qu'elle n'a rien à lui donner, bien plus, qu’elle n'«est rien» devant lui; elle comprend que ce ne sera pas sa volonté qui lui donnera l'amour de Dieu, parce que cela ne peut rien lui donner d'autre que son «néant», le «non amour». Comme elle le dira: seul «l'amour vrai et pur, qui vient de Dieu, est dans l'âme et fait en sorte qu'elle reconnaisse ses propres défauts et la bonté divine. […] Cet amour porte l'âme dans le Christ et elle comprend avec assurance qu'il ne peut exister ou n'y avoir aucune tromperie. A cet amour, rien de ce monde ne peut se mêler» (ibid., p. 124-125). S'ouvrir uniquement et totalement à l'amour de Dieu, qui a sa plus haute expression dans le Christ: «O mon Dieu — prie-t-elle — rends moi digne de connaître le très haut mystère, que ton très ardent et ineffable amour mit en oeuvre, avec l'amour de la Trinité, c’est-à-dire le très haut mystère de ta très sainte incarnation pour nous. […]. Oh incompréhensible amour! Au-dessus de cet amour, qui a permis que mon Dieu se soit fait homme pour me faire Dieu, il n'y a pas d'amour plus grand» (ibid.,p. 295). Toutefois, le coeur d’Angèle porte pour toujours les blessures du péché; même après une bonne confession, elle se trouvait pardonnée et encore accablée par le péché, libre et conditionnée par le passé, absoute mais en manque de pénitence. Et la pensée de l'enfer l'accompagne également parce que plus l'âme progresse sur le chemin de la perfection chrétienne, plus elle se convaincra non seulement d'être «indigne», mais de mériter l'enfer.

Et voici que, sur son chemin mystique, Angèle comprend en profondeur la réalité centrale: ce qui la sauvera de son «indignité» et de «l'enfer qu'elle mérite», ce ne sera pas son «union avec Dieu» et sa possession de la «vérité», mais Jésus crucifié, «sa crucifixion pour moi», son amour. Dans le huitième pas, elle dit: «Je ne comprenais pas encore si le bien le plus grand était ma libération des péchés et de l’enfer et la confession et la pénitence, ou bien sa crucifixion pour moi» (ibid., p. 41). C'est l'équilibre instable entre amour et douleur, ressenti dans tout son difficile chemin vers la perfection. C'est précisément pour cela qu'elle contemple de préférence le Christ crucifié, parce que dans cette vision, elle voit réalisé l'équilibre parfait: sur la croix, il y a l'homme-Dieu, dans un acte suprême de souffrance qui est un acte suprême d'amour. Dans la troisième Instruction, la bienheureuse insiste sur cette contemplation et affirme: «Lorsque nous voyons avec plus de perfection et de pureté, nous aimons avec d'autant plus de perfection et de pureté. […] C'est pourquoi, plus nous voyons le Dieu et homme Jésus Christ, plus nous sommes transformés en lui à travers l'amour. […] Ce que j'ai dit de l'amour […] je le dis aussi de la douleur: lorsque l'âme contemple l'ineffable douleur de Dieu et homme Jésus Christ, elle souffre d’autant et se transforme en douleur» (ibid., p. 190-191). Se fondre, se transformer dans l’amour et dans les souffrances du Christ crucifié, s'identifier avec lui. La conversion d'Angèle, qui commença avec la confession de 1285, n'arrivera à maturité que lorsque le pardon de Dieu apparaîtra à son âme comme le don gratuit d'amour du Père, source d'amour: «Il n'y a personne qui ne puisse avancer d'excuses — affirme-t-elle — parce quiconque peut aimer Dieu, et il ne demande rien d'autre à l'âme que de l'aimer, parce qu'il l'aime et il est son amour» (ibid., p. 76).

Dans l’itinéraire spirituel d’Angèle, le passage de la conversion à l’expérience mystique, de ce qui peut être exprimé à l’inexprimable, a lieu à travers le Crucifix. C’est le «Dieu-homme passionné», qui devient son «maître de perfection». Toute son expérience mystique revient donc à tendre à une parfaite «ressemblance» avec Lui, à travers des purifications et des transformations toujours plus profondes et radicales. Angèle se donne entièrement à cette merveilleuse entreprise, corps et âme, sans s’épargner les pénitences, les épreuves du début à la fin, désirant mourir avec toutes les douleurs souffertes par le Dieu-homme crucifié, pour être transformée totalement en Lui: «O fils de Dieu — recommandait-elle — transformez-vous totalement dans le Dieu-homme passionné, qui vous aima tant qu’il daigna mourir pour vous d’une mort ignominieuse et avec une douleur totalement ineffable et de manière très pénible et amère. Cela uniquement par amour pour toi, ô homme!» (ibid., p. 247). Cette identification signifie également vivre ce que Jésus a vécu: la pauvreté, le mépris, la douleur car — comme elle l’affirme —, «à travers la pauvreté temporelle, l’âme trouvera les richesses éternelles; à travers le mépris et la honte, elle obtiendra l’honneur suprême et la très grande gloire; à travers la pénitence, faite avec peine et douleur, elle possédera avec une infinie douceur et consolation le Bien Suprême, Dieu éternel» (ibid., p. 293).

De la conversion à l’union mystique avec le Christ crucifié, à l’inexprimable. Un chemin très élevé, dont le secret est la prière constante: «Plus tu prieras — affirme-t-elle — plus tu seras illuminé; plus tu seras illuminé, plus profondément et intensément tu verras le Bien Suprême, l’Etre suprêmement bon; plus profondément et intensément tu le verras, plus tu l’aimeras; plus tu l’aimeras, plus il te délectera; et plus il te délectera, plus tu le comprendras et tu deviendras capable de le comprendre. Par la suite, tu arriveras à la plénitude de la lumière, car tu comprendras ne pas pouvoir comprendre» (ibid., p. 184).

Chers frères et soeurs, la vie de la bienheureuse Angèle commence par une existence mondaine, assez éloignée de Dieu. Mais ensuite, la rencontre avec la figure de saint François et, finalement, la rencontre avec le Christ crucifié réveille l’âme en raison de la présence de Dieu, du fait que ce n’est qu’avec Dieu que la vie devient vie véritable, car elle devient, dans la douleur pour le péché, amour et joie. La bienheureuse Angèle nous parle ainsi. Aujourd’hui, nous courrons tous le danger de vivre comme si Dieu n’existait pas: il semble si éloigné de la vie actuelle. Mais Dieu a mille façons, une pour chacun, d'être présent dans l’âme, de montrer qu’il existe et me connaît et m’aime. Et la bienheureuse Angèle veut nous rendre attentifs à ces signes avec lesquels le Seigneur touche notre âme, attentifs à la présence de Dieu, pour apprendre ainsi la vie vers Dieu et avec Dieu, dans la communion avec le Christ crucifié. Prions le Seigneur afin qu’il nous rende attentif aux signes de sa présence, qu’il nous enseigne à vivre réellement. Merci.
* * *


Je salue cordialement les pèlerins venus de Guadeloupe, du diocèse d’Arras et de celui d’Évry accompagné par Mgr Michel Dubost. Je salue aussi les choristes de la cathédrale de Saint-Malo et les paroissiens de Malonne, en Belgique. Que la bienheureuse Angèle de Foligno soit pour vous un exemple et un guide spirituel qui vous conduira vers le Christ. Bon pèlerinage et que Dieu vous bénisse!

Que la bienheureuse Angèle de Foligno nous aide à comprendre que le bonheur véritable se trouve dans l’amitié avec le Christ, crucifié par amour pour nous. Je continue à recommander avec espérance les mineurs de la région d’Atacama, au Chili. Je vous remercie beaucoup et que Dieu vous bénisse.





Place Saint-Pierre

Mercredi 20 octobre 2010 - Elisabeth de Hongrie

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Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de l’une des femmes du Moyen Age ayant suscité le plus d’admiration; il s’agit de sainte Elisabeth de Hongrie, appelée également Elisabeth de Thuringe.

Elle naquit en 1207; les historiens débattent sur son lieu de naissance. Son père était André II, riche et puissant roi de Hongrie qui, pour renforcer les liens politiques, avait épousé la comtesse allemande Gertrude d’Andechs-Merania, soeur de sainte Edwige, elle-même épouse du duc de Silésie. Elisabeth vécut à la cour de Hongrie les quatre premières années de son enfance uniquement, avec sa soeur et ses trois frères. Elle aimait le jeu, la musique et la danse; elle récitait fidèlement ses prières, et manifestait déjà une attention particulière pour les pauvres, qu’elle aidait au moyen d’une bonne parole ou d’un geste affectueux.

Son enfance heureuse fut brusquement interrompue lorsque, de la lointaine Thuringe, arrivèrent des chevaliers pour la conduire à son nouveau domicile, en Allemagne centrale. Selon la coutume de l’époque, en effet, son père avait établi qu’Elisabeth devienne princesse de Thuringe. Le Landgrave ou comte de cette région était l’un des souverains les plus riches et influents d’Europe au début du XIIIe siècle, et son château était un centre de splendeur et de culture. Mais derrière les fêtes et la gloire apparente se cachaient les ambitions des princes féodaux, souvent en guerre entre eux, et en conflit avec les autorités royales et impériales. Dans ce contexte, le Landgrave Herman accueillit bien volontiers les fiançailles entre son fils Ludovic et la princesse hongroise. Elisabeth quitta sa patrie pourvue d’une riche dot et d’une importante suite, composée notamment de ses demoiselles de compagnie personnelles, dont deux demeureront ses amies fidèles jusqu’à la fin. Ce sont elles qui nous ont laissé de précieuses informations sur l’enfance et la vie de la sainte.

Après un long voyage, ils arrivèrent à Eisenach, pour monter ensuite vers la forteresse de Wartburg, l’imposant château dominant la ville. C’est là que furent célébrées les fiançailles de Ludovic et Elisabeth. Au cours des années qui suivirent, tandis que Ludovic apprenait le métier de chevalier, Elisabeth et ses compagnes étudiaient l’allemand, le français, le latin, la musique, la littérature et la broderie. Bien que les fiançailles aient été décidées pour des raisons politiques, entre les deux jeunes gens naquit un amour sincère, animé par la foi et le désir d’accomplir la volonté de Dieu. A l’âge de 18 ans, Ludovic, après la mort de son père, commença à régner sur la Thuringe. Mais Elisabeth devint l’objet de critiques voilées, car sa façon de se comporter ne correspondait pas à la vie de la cour. Ainsi, la célébration du mariage se déroula elle aussi sans faste, et les dépenses pour le banquet furent en partie dévolues aux pauvres. Dans sa profonde sensibilité, Elisabeth voyait les contradictions entre la foi professée et la pratique chrétienne. Elle ne supportait pas les compromis. Un jour, en entrant dans l’église en la fête de l’Assomption, elle enleva sa couronne, la déposa devant la croix et demeura prostrée au sol, le visage couvert. Lorsque sa belle-mère lui reprocha son geste, elle répondit: «Comment moi, misérable créature, puis-je continuer de porter une couronne de dignité terrestre, lorsque je vois mon Roi Jésus Christ couronné d’épines?». Elle se comportait devant Dieu comme envers ses sujets. Dans les Dépositions des quatre demoiselles de compagnie, nous trouvons ce témoignage: «Elle ne consommait aucune nourriture sans s’assurer auparavant qu’elle provenait des propriétés et des biens légitimes de son époux. Tout en s’abstenant des biens procurés de façon illicite, elle se prodiguait pour dédommager ceux qui avaient subi une violence» (nn. 25 et 37). Un véritable exemple pour tous ceux qui occupent des rôles de guide: l’exercice de l’autorité, à tous les niveaux, doit être vécu comme un service à la justice et à la charité, dans la recherche constante du bien commun.

Elisabeth pratiquait assidûment les oeuvres de miséricorde: elle donnait à boire et à manger à ceux qui frappaient à sa porte, elle procurait des vêtements, elle payait les dettes, elle prenait soin des malades et enterrait les morts. En descendant de son château, elle se rendait souvent avec ses servantes dans les maisons des pauvres, apportant du pain, de la viande, de la farine et d’autres aliments. Elle remettait la nourriture personnellement et contrôlait avec attention les vêtements et les lits des pauvres. Ce comportement fut rapporté à son mari, qui non seulement n’en fut pas ennuyé, mais qui répondit aux accusateurs: «Tant qu’elle ne vend pas le château, j’en suis content!». C’est dans ce contexte que se situe le miracle du pain transformé en roses: alors qu’Elisabeth marchait sur la route avec son tablier rempli de pain pour les pauvres, elle rencontra son mari qui lui demanda ce qu’elle portait. Elle ouvrit son tablier et, au lieu du pain, apparurent des roses magnifiques. Ce symbole de charité est présent de nombreuses fois dans les représentations de sainte Elisabeth.

Son mariage fut profondément heureux: Elisabeth aidait son mari à élever ses qualités humaines à un niveau surnaturel, et lui, en échange, protégeait sa femme dans sa générosité envers les pauvres et dans ses pratiques religieuses. Toujours plus admiratif en raison de la foi profonde de son épouse, Ludovic, se référant à son attention envers les pauvres, lui dit: «Chère Elisabeth, c’est le Christ que tu as lavé, nourri et dont tu as pris soin». Un témoignage clair de la façon dont la foi et l’amour envers Dieu et envers le prochain renforcent la vie familiale et rendent l’union matrimoniale encore plus profonde.

Le jeune couple trouva un soutien spirituel chez les frères mineurs, qui, à partir de 1222, se diffusèrent en Thuringe. Parmi eux, Elisabeth choisit le frère Roger (Rüdiger) comme directeur spirituel. Lorsqu’il lui raconta l’épisode de la conversion du jeune et riche marchand François d’Assise, Elisabeth s’enthousiasma encore plus sur son chemin de vie chrétienne. A partir de ce moment-là, elle fut encore davantage décidée à suivre le Christ pauvre et crucifié, présent chez les pauvres. Même lorsque son premier fils naquit, suivi de deux autres, notre sainte ne négligea jamais ses oeuvres de charité. En outre, elle aida les frères mineurs à construire à Halberstadt un couvent, dont frère Roger devint le supérieur. La direction spirituelle d’Elisabeth passa, ainsi, à Conrad de Marbourg.

Une dure épreuve fut l’adieu à son mari, à la fin de juin 1227, lorsque Ludovic iv s’associa à la croisade de l’empereur Frédéric II, rappelant à sa femme qu’il s’agissait d’une tradition pour les souverains de Thuringe. Elisabeth répondit: «Je ne te retiendrai pas. Je me suis entièrement donnée à Dieu et à présent je dois aussi te donner». Mais la fièvre décima les troupes et Ludovic tomba malade et mourut à Otrante, avant même d’embarquer, en septembre 1227, à l’âge de vingt-sept ans. Elisabeth, ayant appris la nouvelle, ressentit une telle souffrance qu’elle se retira dans la solitude, mais ensuite, fortifiée par la prière et réconfortée par l’espérance de le revoir au Ciel, elle recommença à s’intéresser aux affaires du royaume. Mais une autre épreuve l’attendait: son beau-frère usurpa le gouvernement de la Thuringe, se déclarant le véritable héritier de Ludovic et accusant Elisabeth d’être une femme pieuse incompétente pour gouverner. La jeune veuve, avec ses trois enfants, fut chassée du château de Wartburg et se mit à la recherche d'un lieu où trouver refuge. Seules deux de ses servantes demeurèrent à ses côtés, l'accompagnèrent et confièrent les trois enfants aux soins des amis de Ludovic. En voyageant de village en village, Elisabeth travaillait là où elle était accueillie, elle assistait les malades, elle filait et elle cousait. Au cours de ce calvaire supporté avec beaucoup de foi, avec patience et dévouement à Dieu, certains parents qui lui étaient restés fidèles et considéraient comme illégitimes le gouvernement de son beau-frère, réhabilitèrent son nom. Ainsi Elisabeth, au début de l'année 1228, put recevoir un revenu approprié pour se retirer dans le château de famille à Marbourg, où habitait aussi son directeur spirituel Conrad. C'est lui qui rapporta au Pape Grégoire IX le fait suivant: «Le Vendredi saint de 1228, les mains posées sur l'autel dans la chapelle de sa ville de Eisenach, où elle avait accueilli les frères mineurs, en présence de plusieurs frères et de parents, Elisabeth renonça à sa propre volonté et à toutes les vanités du monde. Elle voulait renoncer aussi à toutes ses possessions, mais je l'en dissuadais par amour des pauvres. Peu après, elle construisit un hôpital, elle recueillit les malades et les invalides et elle servit à sa table les plus misérables et les plus abandonnés. L’ayant moi-même réprimandée à ce propos, Elisabeth répondit qu'elle recevait des pauvres une grâce spéciale et l’humilité» (Epistula magistri Conradi, 14-17).

Nous pouvons percevoir dans cette affirmation une certaine expérience mystique semblable à celle vécue par saint François: le Poverello d'Assise déclara en effet dans son testament, qu'en servant les lépreux, ce qui auparavant lui était amer fut transmué en douceur de l'âme et du corps (Testamentum, 1-3). Elisabeth passa les trois dernières années de sa vie dans l'hôpital qu'elle avait fondé, servant les malades, veillant avec les mourants. Elle essayait toujours d'accomplir les services les plus humbles et les travaux répugnants. Elle devint ce que nous pourrions appeler aujourd'hui une femme consacrée dans le monde (soror in saeculo) et forma, avec d'autres amies, vêtues de gris, une communauté religieuse. Ce n'est pas par hasard qu'elle est la patronne du Tiers Ordre régulier de saint François et de l'Ordre franciscain séculier.

En novembre 1231, elle fut frappée par de fortes fièvres. Lorsque la nouvelle de sa maladie se propagea, une foule de gens accourut lui rendre visite. Après une dizaine de jours, elle demanda que les portes fussent fermées, pour demeurer seule avec Dieu. Dans la nuit du 17 novembre, elle s'endormit doucement dans le Seigneur. Les témoignages sur sa sainteté furent si nombreux qu’à peine quatre ans plus tard, le Pape Grégoire IX la proclama sainte et, la même année, fut consacrée la belle église construite en son honneur à Marbourg.

Chers frères et soeurs, dans la figure de sainte Elisabeth, nous voyons que la foi et l'amitié avec le Christ créent le sens de la justice, de l'égalité entre tous, des droits des autres et créent l'amour, la charité. Et de cette charité naît aussi l'espérance, la certitude que nous sommes aimés par le Christ et que l'amour du Christ nous attend et ainsi nous rend capables d'imiter le Christ et de voir le Christ dans les autres. Sainte Elisabeth nous invite à redécouvrir le Christ, à l'aimer, à avoir la foi et trouver ainsi la vraie justice et l'amour, ainsi que la joie d'être un jour plongés dans l'amour divin, dans la joie de l'éternité avec Dieu, Merci.
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Je salue les pèlerins francophones, en particulier, les jeunes, les collégiens et les étudiants présents venus d’Alsace, de Bretagne, du Languedoc et de Paris. Je salue cordialement les pèlerins venus de loin, de l’Île de la Réunion et du Canada qui vient de célébrer la canonisation de l’admirable Frère André, plein de foi et de simplicité. Je n’oublie pas les confirmés de Fribourg en Suisse. Que Dieu vous bénisse et bon pèlerinage à tous!
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ANNONCE D'UN CONSISTOIRE POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX


J'annonce maintenant avec joie que, le 20 novembre prochain, se tiendra un Consistoire au cours duquel je nommerai de nouveaux membres du Collège cardinalice. Les cardinaux ont la tâche d’aider le Successeur de l'Apôtre Pierre dans l'accomplissement de sa mission de principe et de fondement perpétuel et visible de l'unité de la foi et de la communion dans l'Eglise (cf. Lumen gentium LG 18).

Voici les noms des nouveaux cardinaux:

1. Mgr Angelo Amato, S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints;

2. S.B. Antonios Naguib, patriarche d'Alexandrie des Coptes (Egypte);

3. Mgr Robert Sarah, président du Conseil pontifical «Cor Unum»;

4. Mgr Francesco Monterisi, archiprêtre de la Basilique pontificale Saint-Paul-hors-les-Murs;

5. Mgr Fortunato Baldelli, pénitentier majeur;

6. Mgr Raymond Leo Burke, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique;

7. Mgr Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens;

8. Mgr Paolo Sardi, vice camerlingue de la Sainte Eglise romaine;

9. Mgr Mauro Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé;

10. Mgr Velasio De Paolis, C.S., président de la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège;

11. Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture;

12. Mgr Medardo Joseph Mazombwe, archevêque émérite de Lusaka (Zambie);

13. Mgr Raúl Eduardo Vela Chiriboga, archevêque émérite de Quito (Equateur);

14. Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa (Rép. démocratique du Congo);

15. Mgr Paolo Romeo, archevêque de Palerme (Italie);

16. Mgr Donald William Wuerl, archevêque de Washington (Etats-Unis d'Amérique);

17. Mgr Raymundo Damasceno Assis, archevêque d’Aparecida (Brésil);

18. Mgr Kazimierz Nycz, archevêque de Varsovie (Pologne);

19. Mgr Albert Malcolm Ranjith Patabendige Don, archevêque de Colombo (Sri Lanka);

20. Mgr Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising (Allemagne).

J’ai en outre décidé d'élever à la dignité cardinalice deux prélats et deux ecclésiastiques, qui se sont distingués par leur générosité et leur dévouement au service de l'Eglise.

Il s’agit de:

1. Mgr José Manuel Estepa Llaurens, archevêque émérite aux armées (Espagne);

2. Mgr Elio Sgreccia, ancien président de l'Académie pontificale pour la vie (Italie);

3. Mgr Walter Brandmüller, ancien président du Comité pontifical des sciences historiques (Allemagne);

4. Mgr Domenico Bartolucci, ancien maître directeur de la Chapelle musicale pontificale (Italie).

Dans la liste des nouveaux cardinaux se reflète l'universalité de l'Eglise; en effet, ils proviennent de diverses régions du monde et ils accomplissent diverses tâches et services pour le Saint-Siège ou au contact direct avec le Peuple de Dieu en tant que pères et pasteurs d'Eglises particulières.

Je vous invite à prier pour les nouveaux cardinaux, en demandant l'intercession particulière de la Très Sainte Mère de Dieu, afin qu'ils accomplissent de manière féconde leur ministère dans l'Eglise.





Place Saint-Pierre

Mercredi 27 octobre 2010 - Sainte Brigitte de Suède

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Chers frères et soeurs,

En la veille fervente du grand Jubilé de l’An 2000, le vénérable serviteur de Dieu Jean-Paul II proclama sainte Brigitte de Suède co-patronne de toute l’Europe. Ce matin, je voudrais présenter sa figure, son message, et les raisons pour lesquelles cette sainte femme a beaucoup à enseigner — aujourd’hui encore — à l’Eglise et au monde.

Nous connaissons bien les événements de la vie de sainte Brigitte, car ses pères spirituels rédigèrent sa biographie pour promouvoir son procès de canonisation immédiatement après sa mort, en 1373. Brigitte était née 70 ans auparavant, en 1303, à Finster, en Suède, une nation du nord de l’Europe qui, depuis trois siècles, avait accueilli la foi chrétienne avec le même enthousiasme que celui avec lequel la sainte l’avait reçue de ses parents, des personnes très pieuses, appartenant à de nobles familles proches de la maison régnante.

Nous pouvons distinguer deux périodes dans la vie de cette sainte.

La première est caractérisée par son mariage heureux. Son mari s’appelait Ulf et était gouverneur d’un important territoire du royaume de Suède. Le mariage dura vingt-huit ans, jusqu’à la mort d’Ulf. Huit enfants furent issus de ce mariage, dont la deuxième, Karin (Catherine) est vénérée comme sainte. Cela est un signe éloquent de l’engagement éducatif de Brigitte à l’égard de ses enfants. D’ailleurs, sa sagesse pédagogique fut appréciée au point que le roi de Suède, Magnus, l’appela à la cour pour une certaine période, dans le but d’introduire sa jeune épouse, Blanche de Namur, à la culture suédoise.

Brigitte, qui reçut une direction spirituelle d’un religieux érudit qui l’introduisit à l’étude des Ecritures, exerça une influence très positive sur sa famille qui, grâce à sa présence, devint une véritable «Eglise domestique ». Avec son mari, elle adopta la Règle des Tertiaires franciscains. Elle pratiquait avec générosité des oeuvres de charité envers les pauvres: elle fonda également un hôpital. Auprès de son épouse, Ulf apprit à améliorer son caractère et à progresser dans la vie chrétienne. Au retour d’un long pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, accompli en 1341 avec d’autres membres de sa famille, les époux formèrent le projet de vivre dans l’abstinence; mais peu de temps après, dans la paix d’un monastère dans lequel il s’était retiré, Ulf conclut sa vie terrestre.

Cette première période de la vie de Brigitte nous aide à apprécier ce que nous pourrions définir aujourd’hui comme une authentique «spiritualité conjugale»: ensemble, les époux chrétiens peuvent parcourir un chemin de sainteté, soutenus par la grâce du sacrement du mariage. Souvent, comme ce fut le cas dans la vie de sainte Brigitte et d’Ulf, c’est la femme qui, avec sa sensibilité religieuse, sa délicatesse et sa douceur, réussit à faire parcourir à son mari un chemin de foi. Je pense avec reconnaissance à de nombreuses femmes qui, jour après jour, illuminent aujourd’hui encore leur famille par leur témoignage de vie chrétienne. Puisse l’Esprit du Seigneur susciter aujourd’hui également la sainteté des époux chrétiens, pour montrer au monde la beauté du mariage vécu selon les valeurs de l’Evangile: l’amour, la tendresse, l’aide réciproque, la fécondité dans l’engendrement et l’éducation des enfants, l’ouverture et la solidarité envers le monde, la participation à la vie de l’Eglise.

Devenue veuve, Brigitte commença la deuxième période de sa vie. Elle renonça à contracter un autre mariage pour approfondir l’union avec le Seigneur à travers la prière, la pénitence et les oeuvres de charité. Les veuves chrétiennes peuvent donc trouver elles aussi chez cette sainte un modèle à suivre. En effet, à la mort de son mari, Brigitte, après avoir distribué ses biens aux pauvres, tout en ne choisissant jamais la consécration religieuse, s’installa au monastère cistercien d’Alvastra. C’est là que commencèrent les révélations divines, qui l’accompagnèrent pendant tout le reste de sa vie. Celles-ci furent dictées par Brigitte à ses secrétaires-confesseurs, qui les traduisirent du suédois en latin et les rassemblèrent dans une édition de huit livres, intitulés Revelationes (Révélations). A ces livres s’ajoute un supplément, qui a précisément pour titre Revelationes extravagantes (Révélations supplémentaires).

Les Révélations de sainte Brigitte présentent un contenu et un style très variés. Parfois, la révélation se présente sous forme de dialogue entre les Personnes divines, la Vierge, les saints et également les démons; des dialogues dans lesquels Brigitte intervient elle aussi. D’autres fois, en revanche, il s’agit du récit d’une vision particulière; et d’autres encore racontent ce que la Vierge Marie lui révèle à propos de la vie et des mystères de son Fils. La valeur des Révélations de sainte Brigitte, qui fut parfois objet de certains doutes, fut précisée par le vénérable Jean-Paul II dans la Lettre Spes Aedificandi: «En reconnaissant la sainteté de Brigitte, l'Eglise, sans pour autant se prononcer sur les diverses révélations, a accueilli l'authenticité globale de son expérience intérieure» (n. 5).

De fait, en lisant ces Révélations, nous sommes interpellés sur des thèmes importants. Par exemple, on retrouve fréquemment la description, avec des détails très réalistes, de la Passion du Christ, pour laquelle Brigitte eut toujours une dévotion privilégiée, contemplant dans celle-ci l’amour infini de Dieu pour les hommes. Sur les lèvres du Seigneur qui lui parle, elle place avec audace ces paroles émouvantes: «O mes amis, j’aime si tendrement mes brebis, que, s’il était possible, j’aimerais mieux mourir autant de fois pour chacune d’elles de la mort que je souffris pour la rédemption de toutes, que d’en être privé» (Revelationes, Livre I, c. 59). La maternité douloureuse de Marie, qui en fit la Médiatrice et la Mère de miséricorde, est aussi un thème qui revient souvent dans les Révélations.

En recevant ces charismes, Brigitte était consciente d’être la destinataire d’un don de grande prédilection de la part du Seigneur: «Or, vous, ma fille — lisons-nous dans le premier livre des Révélations —, que j'ai choisie pour moi [...] aimez-moi de tout votre coeur [...] mais plus que tout ce qui est au monde» (c. 1). Du reste, Brigitte savait bien, et elle en était fermement convaincue, que chaque charisme est destiné à édifier l’Eglise. C’est précisément pour ce motif qu’un grand nombre de ses révélations étaient adressées, sous formes d’avertissements parfois sévères, aux croyants de son temps, y compris les autorités politiques et religieuses, pour qu’elles vivent de façon cohérente leur vie chrétienne; mais elle faisait toujours cela avec une attitude de respect et en pleine fidélité au Magistère de l’Eglise, en particulier au Successeur de l’apôtre Pierre.

En 1349, Brigitte quitta définitivement la Suède et se rendit en pèlerinage à Rome. Elle entendait non seulement prendre part au Jubilé de 1350, mais elle désirait aussi obtenir du Pape l'approbation de la Règle d'un Ordre religieux qu'elle entendait fonder, consacré au Saint Sauveur, et composé de moines et moniales sous l'autorité de l’abbesse. Cela ne doit pas nous surprendre: il existait au Moyen-Age des fondations monastiques avec une branche masculine et une branche féminine, mais pratiquant la même règle monastique, qui prévoyait la direction d'une Abbesse. De fait, dans la grande tradition chrétienne, une dignité propre est reconnue à la femme, et — toujours à l'exemple de Marie, Reine des Apôtres — une place propre dans l'Eglise qui, sans coïncider avec le sacerdoce ordonné, est tout aussi importante pour la croissance spirituelle de la Communauté. En outre, la collaboration d'hommes et de femmes consacrés, toujours dans le respect de leur vocation spécifique, revêt une grande importance dans le monde d'aujourd'hui.

A Rome, en compagnie de sa fille Karin, Brigitte se consacra à une vie d'intense apostolat et de prière. Et de Rome, elle partit en pèlerinage dans divers sanctuaires italiens, en particulier à Assise, patrie de saint François, pour lequel Brigitte a toujours nourri une grande dévotion. Enfin, en 1371, elle couronna son plus grand désir: le voyage en Terre Sainte, où elle se rendit en compagnie de ses fils spirituels, un groupe que Brigitte appelait «les amis de Dieu».

A cette époque-là, les Papes se trouvaient en Avignon, loin de Rome: Brigitte se tourna vers eux avec une grande tristesse, afin qu'ils reviennent au siège de Pierre, dans la Ville éternelle.

Elle mourut en 1373, avant que le Pape Grégoire XI ne rentre définitivement à Rome. Elle fut enterrée provisoirement dans l'église romaine «San Lorenzo in Panisperna», mais en 1374, ses enfants Birger et Karin la ramenèrent dans leur patrie, au monastère de Vadstena, siège de l'Ordre religieux fondé par sainte Brigitte, qui connut immédiatement une remarquable expansion. En 1391, le Pape Boniface IX la canonisa solennellement.

La sainteté de Brigitte, caractérisée par la multiplicité des dons et des expériences que j'ai voulu rappeler dans ce bref portrait biographique et spirituel, fait d'elle une éminente figure dans l'histoire de l'Europe. Originaire de Scandinavie, sainte Brigitte témoigne de la manière dont le christianisme a profondément imprégné la vie de tous les peuples de ce continent. En la déclarant co-patronne de l’Europe, le Pape Jean-Paul II a souhaité que sainte Brigitte — qui vécut au XIVe siècle, lorsque la chrétienté occidentale n'était pas encore frappée par la division — puisse intercéder efficacement auprès de Dieu, pour obtenir la grâce tant attendue de la pleine unité de tous les chrétiens.

Chers frères et soeurs, nous voulons prier à cette même intention, qui nous tient beaucoup à coeur, et pour que l'Europe sache toujours se nourrir à ses propres racines chrétiennes, tout en invoquant la puissante intercession de sainte Brigitte de Suède, fidèle disciple de Dieu et co-patronne de l'Europe. Merci de votre attention.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes et les groupes paroissiaux! Je vous exhorte, chers époux chrétiens, à montrer au monde la beauté du mariage vécu selon les valeurs évangéliques. Quant à vous, chers jeunes, ayez à coeur de nourrir votre foi chrétienne pour la faire grandir. Bon pèlerinage à tous, avec ma bénédiction !


Catéchèses Benoît XVI 13100