Irénée adv. Hérésies Liv.5 ch.7

507 Que nos corps doivent ressusciter, non en vertu de leur substance, mais par la puissance de Dieu, l'Apôtre le dit aux Corinthiens: "Le corps n'est pas pour l'impudicité, mais il est pour le Seigneur, comme le Seigneur est pour le corps, et Dieu qui a ressuscité le Seigneur nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance 1Co 6,13-14." 7 1 De même donc que le Christ est ressuscité dans la substance de sa chair et a montré à ses disciples les marques des clous ainsi que l'ouverture de son côté Jn 20,20 Jn 20,25 Jn 20,27 - autant de preuves que c'était bien sa chair qui était ressuscitée d'entre les morts -, de même, dit l'Apôtre, "Dieu nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance 1Co 6,14".

Il dit derechef aux Romains: "Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels Rm 8,11." Quels sont-ils donc, ces "corps mortels"? Seraient-ce les âmes? Mais les âmes sont incorporelles, en regard des corps mortels. Car Dieu "insuffla dans la face" de l'homme "un souffle de vie, et l'homme devint âme vivante Gn 2,7": or ce souffle de vie est incorporel. On ne peut non plus dire l'âme mortelle, puisqu'elle est souffle de vie. Aussi David dit-il: "Et mon âme vivra pour lui Ps 22,31", persuadé qu'il est que la substance de cette âme est immortelle. On ne peut non plus prétendre que le "corps mortel" dont il s'agit serait l'Esprit. Dès lors, que reste-t-il à dire, sinon que le "corps mortel" est l'ouvrage modelé par Dieu, autrement dit la chair, et que c'est bien de celle-ci que l'Apôtre déclare que Dieu la vivifiera? Car c'est elle qui meurt et se décompose, et non l'âme ou l'Esprit. Mourir, en effet, c'est perdre la manière d'être propre au vivant, devenir sans souffle, sans vie, sans mouvement, et se dissoudre dans les éléments dont on a reçu le principe de son existence. Or ceci ne peut arriver ni à l'âme, puisqu'elle est souffle de vie, ni à l'Esprit, puisqu'il n'est pas composé, mais simple, qu'il ne peut se dissoudre et qu'il est lui-même la vie de ceux qui participent à lui. La preuve est donc faite que c'est bien la chair qui subit la mort: une fois l'âme sortie, la chair devient sans souffle et sans vie et se dissout peu à peu dans la terre d'où elle a été tirée. C'est donc bien elle qui est mortelle. C'est également d'elle que l'Apôtre dit: "Il vivifiera aussi vos corps mortels Rm 8,11."


La chair ressuscitera incorruptible, glorieuse, spirituelle

C'est pourquoi il dit à son sujet dans la première aux Corinthiens: "Ainsi en va-t-il pour la résurrection des morts: semée dans la corruption, la chair ressuscitera dans l'incorruptibilité 1Co 15,42." Car, dit-il, "ce que tu sèmes, toi, n'est vivifié que s'il meurt d'abord 1Co 15,36. 2 Or qu'est-ce qui, à l'instar du grain de froment, est semé et pourrit dans la terre, sinon les corps qu'on dépose dans cette terre même où l'on jette aussi la semence? Et c'est pourquoi l'Apôtre dit: "Semée dans l'ignominie, elle ressuscitera dans la gloire 1Co 15,43." Quoi de plus ignominieux qu'une chair morte? En revanche, quoi de plus glorieux que cette même chair une fois ressuscitée et ayant reçu l'incorruptibilité en partage? "Semée dans la faiblesse, elle ressuscitera dans la puissance 1Co 15,43." La faiblesse dont il s'agit est celle de la chair, qui, étant terre, s'en va à la terre Gn 3,19; mais la puissance est celle de Dieu, qui la ressuscite d'entre les morts. "Semée corps psychique, elle ressuscitera corps spirituel 1Co 15,44." Sans aucun doute possible, l'Apôtre nous apprend par là que ce n'est ni de l'âme ni de l'Esprit qu'il parle, mais des corps morts. Tels sont bien en effet les corps "psychiques", c'est-à-dire participant à une âme: lorsqu'ils la perdent, ils meurent; puis, ressuscitant par l'Esprit, ils deviennent des corps spirituels, afin de posséder, par l'Esprit, une vie qui demeure à jamais.


508

L'Esprit donné dès ici-bas aux croyants comme arrhes de la résurrection future

"Car présentement, dit l'Apôtre, nous ne connaissons qu'en partie, et nous ne prophétisons qu'en partie, mais alors ce sera face à face 1Co 13,9 1Co 13,12." C'est ce que Pierre dit lui aussi: "Lorsque vous verrez Celui en qui, sans le voir encore, vous croyez, vous tressaillirez d'une joie inexprimable 1P 1,8. Car notre face verra la face de Dieu, et elle tressaillira d'une joie inexprimable, puisqu'elle verra Celui qui est sa joie. 8 1 Mais présentement, c'est une partie seulement de son Esprit que nous recevons, afin de nous disposer à l'avance et de nous préparer à l'incorruptibilité, en nous accoutumant peu à peu à saisir et à porter Dieu. C'est ce que l'Apôtre nomme "arrhes" - c'est-à-dire une partie seulement de l'honneur qui nous a été promis par Dieu -, lorsqu'il dit dans l'épître aux Éphésiens: "C'est en lui que vous aussi, après avoir entendu la parole de vérité, l'Évangile de votre salut, c'est en lui qu'après avoir cru vous avez été marqués du sceau de l'Esprit Saint de la promesse, qui est les arrhes de votre héritage Ep 1,13-14." Si donc ces arrhes, en habitant en nous, nous rendent déjà spirituels et si ce qui est mortel est absorbé par l'immortalité 2Co 5,4 - car "pour vous, dit-il, vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous Rm 8,9" -, et si, d'autre part, cela se réalise, non par le rejet de la chair, mais par la communion de l'Esprit - car ceux auxquels il écrivait n'étaient pas des êtres désincarnés, mais des gens qui avaient reçu l'Esprit de Dieu "en qui nous crions: Abba, Père Rm 8,15" -; si donc, dès à présent, pour avoir reçu ces arrhes, nous crions: "Abba, Père", que sera-ce lorsque, ressuscités, nous le verrons face à face 1Co 13,12? lorsque tous les membres, à flots débordants, feront jaillir un hymne d'exultation, glorifiant Celui qui les aura ressuscités d'entre les morts et gratifiés de l'éternelle vie? Car, si déjà de simples arrhes, en enveloppant l'homme de toute part en elles-mêmes, le font s'écrier: "Abba, Père", que ne fera pas la grâce entière de l'Esprit, une fois donnée aux hommes par Dieu? Elle nous rendra semblables à lui et accomplira la volonté du Père, car elle parfera l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu Gn 1,26.


"Spirituels" et "charnels"

2 Ceux donc qui possèdent les arrhes de l'Esprit et qui, loin de s'asservir aux convoitises de la chair, se soumettent à l'Esprit et vivent en tout selon la raison, l'Apôtre les nomme à bon droit "spirituels 1Co 2,15 1Co 3,1", puisque l'Esprit de Dieu habite en eux Rm 8,9. Car des esprits sans corps ne seront jamais des hommes spirituels, mais c'est notre substance - c'est-à-dire le composé d'âme et de chair - qui, en recevant l'Esprit de Dieu, constitue l'homme spirituel.

Quant à ceux qui repoussent le conseil de l'Esprit pour s'asservir aux plaisirs de la chair, vivre contrairement à la raison et se livrer sans frein à leurs convoitises, ceux-là, qui n'ont aucune inspiration du divin Esprit, mais vivent à la façon des porcs et des chiens, l'Apôtre les nomme à bon droit "charnels 1Co 3,3", parce qu'ils n'ont de sentiments que pour les choses charnelles Rm 8,5.

Déjà les prophètes, pour ce même motif, les avaient comparés aux animaux dépourvus de raison. Ainsi, à cause de leur conduite contraire à la raison, ils disaient: "Ils sont devenus des étalons en rut, chacun d'eux hennissant vers la femme de son prochain Jr 5,8", et encore: "L'homme, alors qu'il était comblé d'honneur, s'est rendu semblable aux bêtes de somme Ps 49,13 Ps 49,21": par sa propre faute, en effet, l'homme se rend semblable aux bêtes de somme, dès lors qu'il ambitionne une vie contraire à la raison. Nous-mêmes, d'ailleurs, avons coutume de dire pareils à des bêtes et semblables à des brutes les hommes de cette sorte.

3 La Loi, de son côté, avait exprimé tout cela par avance d'une façon symbolique - car elle figurait l'homme à partir des animaux -, en déclarant purs tous ceux d'entre eux qui ont un ongle double et ruminent, et en mettant à part comme impurs tous ceux à qui font défaut ces deux choses ou l'une d'entre elles Lv 11,2 s; Dt 14,3 s. Quels sont donc les hommes purs? Ce sont ceux qui, par la foi, font route d'une manière stable vers le Père et le Fils - car telle est la stabilité de ceux qui ont un ongle double - et qui méditent les oracles de Dieu jour et nuit Ps 1,2 Ps 119,148, de façon à être ornés de bonnes oeuvres - car telle est la vertu de ceux qui ruminent -. Impurs, par contre, sont ceux qui n'ont pas un ongle double et ne ruminent pas, c'est-à-dire qui n'ont pas la foi en Dieu et ne méditent pas ses oracles: telle est l'abomination des païens. Quant aux animaux qui ruminent, mais n'ont pas un ongle double, ils sont impurs eux aussi: c'est là l'image des juifs, qui ont bien les oracles de Dieu dans leur bouche, mais ne fondent pas la stabilité de leur racine sur le Père et le Fils; c'est d'ailleurs pourquoi leur race glisse facilement, car ceux des animaux qui n'ont qu'un ongle glissent facilement, tandis que ceux qui ont un ongle double sont plus stables, du fait que les ongles se succèdent l'un à l'autre au fur et à mesure de la marche et que l'un des ongles ne cesse de soutenir l'autre. Pareillement impurs sont les animaux qui ont un ongle double, mais ne ruminent pas: c'est là le symbole de presque tous les hérétiques et de ceux qui ne méditent pas les oracles de Dieu et ne sont pas ornés d'oeuvres de justice. C'est à leur adresse que le Seigneur dit: "Pourquoi me dites-vous "Seigneur, Seigneur", et ne faites-vous pas ce que je dis Lc 6,46 ?" Car les gens de cette sorte disent croire au Père et au Fils, mais ils ne méditent pas les oracles de Dieu de la manière qui convient et ne sont pas ornés d'oeuvres de justice; bien au contraire, comme nous l'avons dit, ils ont embrassé la façon de vivre des porcs et des chiens, se livrant à l'impureté, à la gloutonnerie et à toutes les autres formes de l'insouciance.

Tous ces gens-là donc, qui à cause de leur incrédulité ou de leurs dérèglements n'obtiennent pas le divin Esprit, qui par des caractères divergents rejettent loin d'eux le Verbe vivifiant, qui vivent au gré de leurs convoitises d'une manière contraire à la raison, - ces gens-là, c'est à juste titre que l'Apôtre les a nommés "charnels 1Co 3,3" et "psychiques 1Co 2,14", que les prophètes les ont tenus pour pareils à des bêtes et de nature bestiale, que la coutume les a caractérisés comme semblables à des brutes et dépourvus de raison, et que la Loi les a déclarés impurs.




IV. VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE : LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU



509

"La chair et le sang"

9 1 C'est ce qui a été dit aussi ailleurs par l'Apôtre en ces termes: "La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu 1Co 15,50", texte que tous les hérétiques allèguent dans leur folie et à partir duquel ils s'efforcent de prouver qu'il n'y a pas de salut pour l'ouvrage modelé par Dieu. Car ils ne comprennent pas que trois choses, ainsi que nous l'avons montré, constituent l'homme parfait: la chair, l'âme et l'Esprit. L'une d'elles sauve et forme, à savoir l'Esprit; une autre est sauvée et formée, à savoir la chair; une autre enfin se trouve entre celles-ci, à savoir l'âme, qui tantôt suit l'Esprit et prend son envol grâce à lui, tantôt se laisse persuader par la chair et tombe dans des convoitises terrestres. Ceux donc qui n'ont pas l'élément qui sauve et forme en vue de la vie, ceux-là sont et se verront appeler à bon droit "sang et chair", puisqu'ils n'ont pas l'Esprit de Dieu en eux. C'est d'ailleurs pourquoi ils sont dits "morts" par le Seigneur - "Laissez, dit-il, les morts ensevelir leurs morts Lc 9,60" -, car ils n'ont pas l'Esprit qui vivifie Jn 6,63 l'homme.

2 Mais ceux qui craignent Dieu, qui croient à l'avènement de son Fils et qui, par la foi, établissent à demeure dans leurs coeurs l'Esprit de Dieu, ceux-là seront justement nommés hommes "purs Mt 5,8", "spirituels 1Co 2,15 1Co 3,1 et "vivant pour Dieu Rm 6,11", parce qu'ils ont l'Esprit du Père qui purifie l'homme et l'élève à la vie de Dieu.


Faiblesse de la chair et promptitude de l'Esprit

Car si, au témoignage du Seigneur, "la chair est faible", de même aussi "l'Esprit est prompt Mt 26,41", c'est-à-dire capable d'accomplir tout ce qu'il désire. Si donc quelqu'un mélange la promptitude de l'Esprit, en manière d'aiguillon, à la faiblesse de la chair, ce qui est puissant l'emportera nécessairement sur ce qui est faible: la faiblesse de la chair sera absorbée par la force de l'Esprit, et un tel homme ne sera plus charnel, mais spirituel, à cause de la communion de l'Esprit. Ainsi les martyrs rendent-ils témoignage et méprisent-ils la mort, non selon la faiblesse de la chair, mais selon la promptitude de l'Esprit. Car la faiblesse de la chair, ainsi absorbée, fait éclater la puissance de l'Esprit; l'Esprit, de son côté, en absorbant la faiblesse, reçoit en lui-même la chair en héritage. Et c'est de ces deux choses qu'est fait l'homme vivant: vivant grâce à la participation de l'Esprit, homme par la substance de la chair.


Image de ce qui est terrestre et image de ce qui est céleste

3 Donc, sans l'Esprit de Dieu, la chair est morte, privée de vie, incapable d'hériter du royaume de Dieu, le sang est étranger à la raison, pareil à une eau que l'on aurait répandue à terre. C'est pourquoi l'Apôtre dit: "Tel a été l'homme terrestre, tels sont aussi les hommes terrestres 1Co 15,48." Mais, là où est l'Esprit du Père, là est l'homme vivant: le sang, animé par la raison, est gardé par Dieu en vue de la vengeance Ap 6,10 Ap 19,2; la chair, possédée en héritage par l'Esprit, oublie ce qu'elle est, pour acquérir la qualité de l'Esprit et devenir conforme au Verbe de Dieu. C'est pourquoi l'Apôtre dit: "Tout comme nous avons porté l'image de ce qui est terrestre, portons aussi l'image de ce qui est céleste 1Co 15,49." Quel est ce "terrestre"? L'ouvrage modelé. Et quel est ce "céleste"? L'Esprit. De même donc, veut-il dire, que, privés de l'Esprit céleste, nous avons vécu autrefois dans la vétusté de la chair Ep 2,3, en désobéissant à Dieu, de même, maintenant que nous avons reçu l'Esprit, "marchons dans une nouveauté de vie Rm 6,4", en obéissant à Dieu. Ainsi donc, parce que nous ne pouvons être sauvés sans l'Esprit de Dieu, l'Apôtre veut nous exhorter à conserver cet Esprit de Dieu par la foi et par une vie chaste, de peur que, faute d'avoir part à ce divin Esprit, nous ne perdions le royaume des cieux: voilà pourquoi il proclame que la chair à elle seule, avec le sang, ne peut hériter du royaume de Dieu.


La chair possédée en héritage par l'Esprit

4 A vrai dire, en effet, la chair n'hérite point, mais est possédée en héritage, selon ce que dit le Seigneur: "Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre en héritage Mt 5,5": ainsi sera donc possédée en héritage, dans le royaume, la terre dont provient la substance de notre chair. C'est pourquoi il veut que le temple soit pur, pour que l'Esprit de Dieu puisse s'y complaire, comme l'époux dans son épouse. De même donc que l'épouse ne peut épouser, mais peut être épousée, quand l'époux vient la prendre, de même la chair comme telle et à elle seule ne peut hériter du royaume de Dieu, mais elle peut être reçue en héritage, dans le royaume, par l'Esprit. Car c'est le vivant qui hérite des biens du mort, et autre chose est hériter, autre chose être possédé en héritage: l'héritier est le maître, il commande, il dispose de son héritage à son gré; l'héritage, au contraire, est soumis à l'héritier, il lui obéit, il est sous sa domination. Quel est donc le vivant? L'Esprit de Dieu. Et quels sont les biens du mort? Les membres de l'homme qui se dissolvent dans la terre. Ce sont eux qui sont reçus en héritage par l'Esprit, en étant transférés par lui dans le royaume des cieux. C'est d'ailleurs pour cela que le Christ est mort, afin que le Testament de l'Evangile, étant ouvert et lu au monde entier, rende d'abord libres les esclaves du Christ, puis les constitue héritiers de ses biens, par là même que l'Esprit les recevrait en héritage, comme nous venons de le montrer: car c'est le vivant qui hérite et c'est la chair qui est possédée en héritage. De peur donc que nous ne perdions la vie en perdant l'Esprit qui nous possède en héritage, et afin de nous exhorter à cette communion de l'Esprit, l'Apôtre dit à bon droit les paroles déjà citées: "La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu 1Co 15,50." C'est comme s'il disait: "Ne vous y trompez pas 1Co 6,9 1Co 15,33 Ga 6,7 ! Si le Verbe de Dieu n'habite pas en vous et si l'Esprit du Père ne vient pas en vous, et si vous menez une vie vaine et quelconque, alors, comme n'étant rien d'autre que chair et sang, vous ne pourrez hériter du royaume de Dieu."


510

La greffe de l'Esprit

10 1 II parle ainsi de peur que, en complaisant à la chair, nous ne rejetions la greffe de l'Esprit: car "alors que tu n'étais, dit-il, qu'un olivier sauvage, tu as été enté sur un olivier franc et rendu participant de la sève de cet olivier Rm 11,17 Rm 11,24". Si donc un olivier sauvage, après avoir été enté sur un olivier franc, demeure ce qu'il était auparavant, à savoir un olivier sauvage, "il est coupé et jeté au feu Mt 7,19"; si, au contraire, il garde sa greffe et se transforme en olivier franc, il devient un olivier fertile, ayant été comme planté dans le jardin du roi. Ainsi en va-t-il des hommes: si, par la foi, ils progressent vers le meilleur, reçoivent l'Esprit de Dieu et produisent les fruits de celui-ci, ils seront spirituels, ayant été comme plantés dans le jardin de Dieu Ez 31,8 Ap 2,7, mais s'ils rejettent l'Esprit et demeurent ce qu'ils étaient auparavant, préférant relever de la chair plutôt que de l'Esprit, on dira à juste titre à leur sujet que "la chair et le sang n'hériteront pas du royaume de Dieu 1Co 15,50": c'est comme si l'on disait qu'un olivier sauvage ne sera pas admis dans le jardin de Dieu. L'Apôtre a donc admirablement montré notre nature et toute l' "économie" de Dieu là où il parle de la chair et du sang, ainsi que de l'olivier sauvage.

Si, en effet, un olivier est négligé et abandonné quelque temps dans le désert, il se met à produire des fruits sauvages et devient, de lui-même, un olivier sauvage; par contre, si cet olivier sauvage est entouré de soins et enté sur un olivier franc, il reviendra à la fertilité primitive de sa nature. Il en va de même des hommes: s'ils s'abandonnent à la négligence, ils produisent ces fruits sauvages que sont les convoitises de la chair et ils deviennent, par leur faute, stériles en fruits de justice - car c'est pendant que les hommes dorment que l'ennemi sème les broussailles de l'ivraie Mt 13,25, et c'est pourquoi le Seigneur a enjoint à ses disciples de veiller Mt 24,42 Mt 25,13 -; mais si ces hommes, stériles en fruits de justice et comme étouffés par les broussailles, sont entourés de soins et reçoivent en guise de greffe la parole de Dieu, ils reviennent à la nature primitive de l'homme, celle qui fut créée à l'image et à la ressemblance de Dieu Gn 1,26.

2 D'autre part, si l'olivier sauvage vient à être enté, il ne perd pas la substance de son bois, mais change la qualité de son fruit et reçoit un autre nom, car il n'est plus et ne se voit plus appeler olivier sauvage, mais olivier fertile: de même l'homme qui est enté par la foi et reçoit l'Esprit de Dieu ne perd pas la substance de sa chair, mais change la qualité de ce fruit que sont ses oeuvres et reçoit un autre nom qui signifie sa transformation en mieux, car il n'est plus et ne se voit plus appeler chair et sang, mais homme spirituel. Par contre, si l'olivier sauvage ne reçoit pas la greffe, il demeure sans utilité pour son propriétaire en raison de sa nature sauvage et, en tant qu'arbre stérile, "il est coupé et jeté au feu Mt 7,19": de même l'homme qui ne reçoit pas la greffe de l'Esprit qui s'opère par la foi demeure cela même qu'il était auparavant, à savoir chair et sang, et ne peut en conséquence hériter du royaume de Dieu.


"Vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit"

C'est donc avec raison que l'Apôtre dit: "La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu 1Co 15,50", et encore: "Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu Rm 8,8": par là, il ne rejette pas la substance de la chair, mais il attire l'infusion de l'Esprit - et c'est pourquoi il dit: " Il faut que cet élément mortel revête l'immortalité, et que cet élément corruptible revête l'incorruptibilité 1Co 15,53" -. Il dit encore: " Quant à vous, vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous Rm 8,9." Et il montre cela plus clairement encore, en disant: "Le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en vous Rm 8,10-11." Il dit encore dans cette même épître aux Romains: "Si, en effet, vous vivez selon la chair, vous mourrez... Rm 5,13" Par là, il n'entendait pas repousser loin d'eux la vie dans la chair - lui-même était dans la chair, lorsqu'il leur écrivait -, mais retrancher les convoitises de la chair, qui donnent la mort à l'homme. Et c'est pourquoi il ajoute: "... mais mourir les ouvres de la chair, si, par l'Esprit, vous faites vous vivrez: car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu Rm 8,13-14."


511

Oeuvres de la chair et fruits de l'Esprit

11 1 Ces oeuvres, qu'il nomme charnelles, Paul a fait connaître quelles elles sont, prévoyant les sophismes des incrédules et s'expliquant lui-même afin de ne pas laisser de sujet de recherche à ceux qui scruteraient sa pensée avec incrédulité. Il s'exprime ainsi dans l'épître aux Galates: "Les ouvres de la chair sont manifestes: ce sont l'adultère, la fornication, l'impureté, le libertinage, l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, la discorde, la jalousie, les emportements, les cabales, les dissensions, les factions, les envies, les beuveries, les orgies et autres choses semblables :je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent de telles actions n'hériteront pas du royaume de Dieu Ga 5,19-21." Il proclame ainsi de façon plus explicite, pour ceux qui veulent l'entendre, ce que signifie la parole: "La chair et le sang n'hériteront pas du royaume de Dieu 1Co 15,50": car ceux qui commettent ces actions, se conduisant vraiment selon la chair Rm 8,4 2Co 10,2, ne sauraient vivre pour Dieu Rm 6,10. A l'opposé, il ajoute les actions spirituelles qui donnent la vie à l'homme, autrement dit la greffe de l'Esprit, en disant: "Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance, la chasteté: contre de telles choses il n'y a pas de loi Ga 5,22-23." De même donc que celui qui aura progressé vers le meilleur et produit le fruit de l'Esprit sera sauvé de toute manière à cause de la communion de l'Esprit, de même celui qui demeure dans les ouvres de la chair que nous avons dites sera réputé vraiment charnel, puisqu'il ne reçoit pas l'Esprit de Dieu, et il ne pourra en conséquence hériter du royaume des cieux.


"Les injustes n'hériteront pas du royaume de Dieu"

L'Apôtre lui-même en témoigne encore, lorsqu'il dit aux Corinthiens: "Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront pas du royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les rapaces n'hériteront du royaume de Dieu. Voilà ce que certains d'entre vous ont été; mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et dans l'Esprit de notre Dieu 1Co 6,9-11." Il montre ainsi très clairement ce qui perd l'homme, à savoir de persévérer à vivre selon la chair Rm 8,13, et, à l'opposé, ce qui sauve l'homme, à savoir - ce sont ses propres termes - "le nom de notre Seigneur Jésus-Christ et l'Esprit de notre Dieu". 2 De la sorte, pour avoir ici même énuméré les oeuvres de la chair, qui se font en dehors de l'Esprit et qui donnent la mort, il pourra, en conséquence de ce qu'il vient de dire, s'écrier à la fin de son épître en manière de résumé: "De même que nous avons porté l'image de ce qui est terrestre, portons aussi l'image de ce qui est céleste. Car je vous le déclare, frères: la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu 1Co 15,49-50." La phrase "De même que nous avons porté l'image de ce qui est terrestre..." a le même sens que celle-ci: "Voilà ce que certains d'entre vous ont été; mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et dans l'Esprit de notre Dieu". Quand donc avons-nous porté l'image de ce qui est terrestre? Lorsque les oeuvres de la chair que nous avons dites s'accomplissaient en nous. Et quand avons-nous porté l'image de ce qui est céleste? Lorsque, dit-il, "Vous vous êtes lavés", en croyant "au nom du Seigneur" et en recevant son Esprit. Or, en nous lavant de la sorte, nous nous sommes débarrassés, non de la substance de notre corps ni de l'image qu'est l'oeuvre modelée, mais de notre ancienne vie de vanité. Dans ces membres donc en lesquels nous périssions du fait que nous accomplissions les oeuvres de la corruption, dans ces mêmes membres nous sommes vivifiés dès lors que nous accomplissons les oeuvres de l'Esprit.


512

"Souffle de vie" et "Esprit vivifiant"

12 1 Car, comme la chair est capable de corruption, elle l'est aussi d'incorruptibilité, et, comme elle est capable de mort, elle l'est aussi de vie. Ces choses se cèdent mutuellement la place, et l'une et l'autre ne sauraient demeurer au même endroit, mais l'une est expulsée par l'autre et, du fait que l'une est présente, l'autre est détruite. Si donc la mort, en s'emparant de l'homme, a expulsé de lui la vie et a fait de lui un mort, à bien plus forte raison la vie, en s'emparant de l'homme, expulsera la mort et rendra l'homme vivant pour Dieu Rm 6,11. Car, si la mort a fait mourir l'homme, pourquoi la Vie, en survenant, ne le ferait-elle pas revivre? Comme le dit le prophète Isaïe: "Dans sa puissance, la mort a dévoré"; et encore: "Dieu essuiera toute larme de tout visage ."

Or la première vie a été expulsée parce qu'elle avait été donnée par le moyen d'un simple souffle et non par le moyen de l'Esprit. 2 Car autre chose est le "souffle de Vie Gn 2,7", qui fait l'homme psychique, et autre chose l'"Esprit vivifiant 1Co 15,45", qui le rend spirituel. Et c'est pourquoi Isaïe dit: Ainsi parle le Seigneur, qui a fait le ciel et l'a fixé, qui a affermi la terre et ce qu'elle renferme, qui a donné le souffle au peuple qui l'habite et l'Esprit à ceux qui la foulent aux pieds Is 42,5": il affirme par là que le souffle a été donné indistinctement à tout le peuple qui habite la terre, tandis que l'Esprit l'a été exclusivement à ceux qui foulent aux pieds les convoitises terrestres. C'est pourquoi le même Isaïe, reprenant la distinction que nous venons de dire, dit encore: "Car l'Esprit sortira d'auprès de moi, et tout souffle c'est moi qui l'ai fait Is 57,16": il range de la sorte l'Esprit dans une sphère à part, aux côtés de Dieu, qui, dans les derniers temps, l'a répandu Ac 2,17 sur le genre humain par la filiation adoptive; mais il situe le souffle dans la sphère commune, parmi les créatures, et il le déclare chose faite. Or ce qui a été fait est autre que Celui qui l'a fait. Le souffle est donc chose temporaire, tandis que l'Esprit est éternel. Le souffle connaît un instant de vigueur, il demeure un moment, puis il s'en va, laissant privé de souffle l'être en lequel il se trouvait auparavant, l'Esprit, au contraire, après avoir enveloppé l'homme du dedans et du dehors, demeure toujours avec lui et, dès lors, jamais ne l'abandonnera.

"Mais, dit l'Apôtre à l'adresse des hommes que nous sommes, ce qui apparaît d'abord, ce n'est pas le spirituel, mais d'abord le psychique, puis le spirituel 1Co 15,46". Rien de plus juste, car il fallait que l'homme fût d'abord modelé, qu'après avoir été modelé il reçût une âme Gn 2,7, et qu'ensuite seulement il reçût la communion de l'Esprit. C'est pourquoi aussi "le premier Adam a été fait âme vivante, mais le second Adam a été fait Esprit vivifiant 1Co 15,45". De même donc que celui qui avait été fait âme vivante, en inclinant vers le mal, a perdu la vie, ainsi ce même homme, en revenant au bien et en recevant l'Esprit vivifiant, retrouvera la vie.

3 Car ce n'est pas une chose qui était morte et une autre qui est rendue à la vie, de même que ce n'est pas une chose qui était perdue et une autre qui est retrouvée, mais, cette brebis même qui était perdue, c'est elle que le Seigneur est venu chercher Mt 18,11 s. Qu'est-ce donc qui était mort? De toute évidence, la substance de la chair, qui avait perdu le souffle de vie et était devenue sans souffle et morte. C'est elle que le Seigneur est venu rendre à la vie, afin que, comme nous mourons tous en Adam parce que psychiques, nous vivions tous dans le Christ parce que spirituels 1Co 15,22, après avoir rejeté, non l'ouvrage modelé par Dieu, mais les convoitises de la chair, et avoir reçu l'Esprit Saint.


"Faites mourir vos membres terrestres..."

Comme le dit l'Apôtre dans son épître aux Colossiens: "Faites donc mourir vos membres terrestres... Col 3,5" Quels sont-ils, ces membres? Lui-même les énumère: "... la fornication, l'impureté, les passions, la convoitise mauvaise et l'avarice qui est une idolâtrie Col 3,5." Voilà ce dont l'Apôtre prêche le rejet, et c'est à propos de ceux qui commettent de tels actes qu'il affirme qu'ils ne peuvent, comme n'étant que "chair et sang", hériter du royaume des cieux Ga 5,21 1Co 15,50: car leur âme, pour avoir incliné vers ce qui est inférieur et être descendue vers les convoitises terrestres, est désignée par ces noms mêmes de "chair" et de "sang".

Et c'est tout cela que l'Apôtre nous commande une nouvelle fois de rejeter, lorsqu'il dit dans la même épître: "Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques... Col 3,9" Ce disant, il n'entend nullement répudier l'antique ouvrage modelé: sans quoi nous devrions nous tuer et rompre tout lien avec la vie d'ici-bas ! 4 Au reste, l'Apôtre lui-même nous écrit tandis qu'il est cet homme qui a été modelé dans le sein maternel et qui est sorti de celui-ci Ga 1,15, et il affirme, dans son épître aux Philippiens, que "vivre dans la chair est le fruit d'une oeuvre Ph 1,22". Or le fruit de l'oeuvre de l'Esprit, c'est le salut de la chair: car quel pourrait être le fruit visible de l'Esprit invisible, sinon de rendre la chair mûre et capable de recevoir l'incorruptibilité? Si donc "vivre dans la chair est le fruit d'une oeuvre", l'Apôtre ne méprise assurément pas la substance de la chair lorsqu'il dit: "Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques... Col 3,9", mais il entend signifier le rejet de notre ancienne manière de vivre, vieillie et corrompue Ep 4,22. Et c'est pourquoi il poursuit: "... et ayant revêtu l'homme nouveau, qui se renouvelle dans la connaissance selon l'image de Celui qui l'a créé Col 3,10." En disant "qui se renouvelle dans la connaissance", il indique que cet homme-là même qui se trouvait antérieurement dans l'ignorance, c'est-à-dire qui ignorait Dieu, se renouvelle par la connaissance de celui-ci: car c'est la connaissance de Dieu qui renouvelle l'homme. Et en disant "selon l'image de Celui qui l'a créé", il signifie la récapitulation de cet homme qui, au commencement, avait été fait à l'image de Dieu .


Guérisons et résurrections opérées par le Christ

5 Que l'Apôtre était bel et bien celui-là même qui était né du sein maternel, c'est-à-dire l'antique substance de la chair, lui-même le dit dans son épître aux Galates: "Mais, quand il plut à Celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère et appelé par sa grâce de révéler en moi son Fils pour que je l'annonce parmi les gentils... Ga 1,15-16" Ce n'était donc pas un autre qui était né du sein maternel, ainsi que nous l'avons déjà dit, et un autre qui annonçait la bonne nouvelle du Fils de Dieu; mais celui qui était auparavant dans l'ignorance et persécutait l'Église Ga 1,13, celui-là même, après qu'une révélation lui fut venue du ciel et que le Seigneur se fut entretenu avec lui, comme nous l'avons montré au troisième livre, annonçait la bonne nouvelle du Fils de Dieu, Jésus-Christ, crucifié sous Ponce Pilate, son ignorance antérieure ayant été abolie par sa connaissance subséquente.

Il en alla de lui comme de ces aveugles que guérit le Seigneur: ceux-ci rejetèrent leur cécité, pour recouvrer dans son intégrité la substance de leurs yeux et voir dorénavant par ces yeux mêmes par lesquels ils ne voyaient pas jusque-là; la cécité était seulement abolie par la vue, mais la substance des yeux était conservée, afin que, voyant désormais par ces yeux par lesquels ils ne voyaient pas, ils rendent grâces à Celui qui leur avait fait recouvrer la vue. De même aussi ceux dont le Seigneur guérit la main desséchée Mt 12,9 s et absolument tous ceux qu'il guérit n'échangèrent pas contre d'autres leurs membres nés du sein maternel dès le principe, mais recouvrèrent ces membres mêmes pleins de santé.

6 Car l'Artisan de toutes choses, le Verbe de Dieu, celui-là même qui a modelé l'homme au commencement, ayant trouvé son ouvrage abîmé par le mal, l'a guéri de toutes les manières possibles, tantôt en restaurant tel ou tel membre particulier à la manière dont il avait été modelé au commencement, tantôt en rendant d'un seul coup à l'homme une parfaite santé et intégrité afin de se le préparer en vue de la résurrection. Et, de vrai, quel motif aurait-il eu de guérir les membres de chair et de les rétablir dans leur forme première, si ce qu'il guérissait ne devait pas être sauvé? Car, si l'avantage ainsi octroyé par lui n'était que temporaire, il n'accordait pas une bien grande faveur à ceux qu'il guérissait. Ou encore, comment les hérétiques peuvent-ils dire que la chair ne peut recevoir de lui la vie, alors qu'elle a reçu de lui la guérison? Car la vie s'acquiert par la guérison, et l'incorruptibilité, par la vie. Celui qui donne la guérison donne donc aussi la vie, et celui qui donne la vie procure aussi l'incorruptibilité à l'ouvrage par lui modelé.


Irénée adv. Hérésies Liv.5 ch.7