Pie XII 1956 - R AD IOM ESSAGE AUX FEMMES ITALIENNES EN PÈLERINAGE A NOTRE-DAME DE LORETTE


ALLOCUTION AU COMITÉ DE L'UNION EUROPÉENNE OCCIDENTALE

(18 octobre 1956) 1






Le Souverain Pontife a reçu en audience à Castelgandolfo, le 18 octobre, les participants à la troisième réunion annuelle du Comité de la Santé publique. Il leur a adressé, en français, le discours suivant :

L'Union européenne occidentale constituée à Paris en octobre 1954, prévoyait une collaboration économique, sociale et culturelle entre les pays signataires ; et le Comité, auquel vous appartenez. Messieurs, joue un rôle important dans la réalisation du programme général que cette Union se propose, puisqu'il a pour but d'étudier les problèmes sanitaires, dont la solution rationnelle permettrait d'assurer et d'augmenter le bien-être des populations de vos pays.

Nous apprenons toujours avec plaisir l'établissement de nouveaux liens pacifiques internationaux, et quand ils sont, de plus, inspirés par des sentiments humanitaires, Nous en suivons avec sollicitude les développements et les succès. Aussi formons-Nous pour les heureux résultats de vos travaux les voeux les plus chaleureux.

L'élévation du niveau de vie des populations comprend de nombreux facteurs, parmi lesquels la santé est l'un des plus précieux. Aussi les gouvernements se préoccupent-ils, chacun selon ses moyens, de mener en ce domaine une politique avisée. Mais la question revêt aussi des aspects internationaux, qui se dégagent d'autant plus nettement, que l'on tend vers de plus fréquentes relations et une collaboration plus étroite entre les pays d'une même zone. Il s'agit d'abord de mettre au point des mesures de protection contre les dangers de propagation des germes — dangers qui croissent avec la multiplication des transports terrestres, maritimes et aériens — sans toutefois entraver ou ralentir les échanges plus qu'il n'est nécessaire. Mais il n'est pas rnoins important d'utiliser au maximum les nouvelles possibilités créées par la facilité des communications entre les pays. D'abord l'échange des informations permet de généraliser les méthodes les plus sûres, les techniques les plus efficaces, et d'éviter ainsi beaucoup d'hésitations et de pertes de temps. Les ressources thermales et climatiques des différentes régions peuvent être rendues plus facilement accessibles aux habitants de pays moins favorisés, et autoriser plusieurs catégories de malades à recevoir les soins appropriés à leur état. D'autre part, la science moderne, soucieuse d'employer l'énergie atomique à des fins pacifiques, en multiplie les applications à des fins sanitaires, en particulier dans la lutte contre le cancer, par la mise en service de puissants appareils de radiothérapie et par les isotopes radioactifs.

Dans tous ces domaines, comme dans celui de la protection civile, votre Comité peut rendre de notables services, en coordonnant les efforts sur le plan international pour en faire profiter un plus grand nombre de personnes. Après avoir étudié les possibilités concrètes, vous vous efforcez d'en préparer la réalisation, en formulant des recommandations destinées aux divers organes gouvernementaux intéressés, afin d'aboutir à des accords internationaux ou à des mesures parallèles susceptibles de résoudre les problèmes communs.

Nous Nous réjouissons de savoir que vous apportez à votre tâche une attention perspicace et un généreux dévouement, et Nous vous exhortons à y donner sans cesse le meilleur de vous-mêmes. Dans cette collaboration internationale que vous poursuivez, puissiez-vous tous, Messieurs, prendre une conscience plus vive de la grande fraternité humaine, aspirer toujours plus ardemment à l'unité parfaite, qui n'est pas de ce monde sans doute, mais à laquelle tous doivent concourir, en s'ouvrant toujours davantage aux besoins d'autrui, par l'intelligence et par le coeur, par le travail et l'autorité personnelle, par l'emploi de toutes les ressources capables de servir à la grande oeuvre de rapprochement, à laquelle vous consacrez votre activité.

Tels sont Nos voeux pour vous-mêmes et pour tous ceux que vous représentez ici. Nous demandons à Dieu de les accueillir et de les ratifier. En gage de quoi Nous vous accordons de grand coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AU CONGRÈS INTERNATIONAL POUR LA PRÉVENTION ET L'EXTINCTION DU FEU

(îg octobre 1956) 1






Le Saint-Père a reçu, le vendredi 19 octobre, en audience spéciale à la villa pontificale de Castelgandolfo, les participants au premier congrès mondial organisé par le Comité technique international de prévention et d'extinction du feu (C.T.I.F.). Il leur a adressé l'allocution suivante :

C'est la première fois, Messieurs, que vous avez l'occasion de vous réunir pour un congrès mondial organisé par le Comité technique international de prévention et d'extinction du feu. Et vous avez choisi pour cette importante manifestation la ville de Rome, déjà célèbre dans l'antiquité pour son corps de magistrats chargé d'assurer sa protection contre les incendies. Nous r sommes heureux, en vous recevant ici, de vous assurer de Notre bienveillance et de souhaiter que ce congrès donne une impulsion puissante à la collaboration internationale dans le domaine de la lutte contre le feu.

Les incendies furent de tout temps pour les cités un danger redoutable. L'histoire conserve le souvenir de nombreuses catastrophes spectaculaires, qui détruisirent des quartiers, et même parfois des villes entières. Si les matériaux de construction modernes rendent en général les immeubles moins inflammables qu'autrefois, par contre la multiplication des appareils de chauffage ou d'éclairage, qui utilisent le gaz, l'électricité, l'huile lourde, augmente naturellement les causes possibles d'incendie. Aussi s'avère-t-il nécessaire d'étendre de manière parallèle les mesures de prévention et d'entraîner des corps spéciaux permanents, munis des équipements les plus perfectionnés et aptes à faire face aux situations les plus critiques avec le maximum d'efficacité.

C'est avec plaisir que Nous accueillons à l'occasion de ce congrès les délégations de ces formations d'élite, si souvent appelées à déployer leur valeur dans les circonstances les plus difficiles. Car, si des prescriptions légales sévères ont rendu obligatoires certaines mesures de précaution, par exemple dans la construction des salles de spectacle et dans le maniement de matières inflammables, il n'est pas possible de supprimer totalement les sinistres, qui relèvent de phénomènes d'auto-combustion, de la malveillance, de défauts techniques dans les appareils ou les installations et surtout de la négligence. C'est ici peut-être que s'impose l'action la plus constante et la plus difficile, mais aussi la plus nécessaire, puisque selon certaines statistiques, plus de la moitié des sinistres sont dus à ce dernier motif. Le touriste insouciant, qui laisse tomber dans la forêt une allumette enflammée, ou l'usager qui entreprend une réparation de fortune à son installation électrique, ne se doutent pas des conséquences tragiques que peut entraîner un geste en apparence inoffensif.

Aussi faut-il constamment tenir en éveil l'attention du public, l'avertir du danger que comportent ces négligences et lui inculquer inlassablement les règles essentielles de la prudence en ce domaine. Pour onéreuse qu'elle soit, une telle action reste la condition indispensable d'une prévention efficace de l'incendie.

Lorsque malgré toutes les précautions, le feu éclate, le corps spécialisé doit entrer en action avec le maximum de rapidité, puisque de là dépend souvent le succès de son intervention. Vous savez quel travail de préparation est requis à cet effet, et les qualités physiques et morales, qui sont exigées des chefs responsables comme de leurs hommes. Bien souvent il y va du salut de vies humaines, que l'audace, la décision, le mépris de la mort peuvent seuls arracher aux flammes. Et même quand il n'y a pas de danger mortel, le pompier est souvent exposé aux accidents graves provoqués par les explosions ou l'écroulement des murailles. Ces interventions, exigées par l'intérêt de la communauté, sont rarement exemptes de péril sérieux et demandent chez ceux, qui y sont destinés, beaucoup d'habileté



et de courage, ainsi qu'un sens inné du dévouement. Nous nous réjouissons de pouvoir en cette occasion féliciter le « Corpo Nazionale dei Vigili dei Fuoco », dont le drapeau recevra la médaille d'or, qui récompense des services civils éminents et l'héroïsme déployé par cette valeureuse formation.

Nous sommes persuadé que ce congrès encouragera tous ceux qui, sur le plan international, s'intéressent à la prévention et à l'extinction des incendies. Avec les améliorations techniques, que provoquera l'échange des expériences et des informations sur les travaux accomplis dans divers pays, ira de pair un approfondissement des principes moraux qui justifient et encouragent cette forme de service public. Il est aussi une leçon tirée de la vie quotidienne, à laquelle Nous fait penser l'apôtre saint Paul, quand il avertit que « le feu éprouvera la qualité de l'oeuvre de chacun. Si l'oeuvre bâtie sur le fondement résiste, son auteur recevra une récompense ; si son oeuvre est consumée, il en subira la perte » (1Co 3, 13, 14).

Que de fois, Messieurs, en participant à une bataille acharnée contre l'élément déchaîné, n'avez-vous pas éprouvé un sentiment semblable ! De quel prix considérable se paie parfois le refus d'observer les normes dictées par la prudence et d'utiliser pour une construction des matériaux résistants ! N'en va-t-il pas de même au point de vue moral, dans la vie des individus, des familles, des sociétés ? Nous songeons en particulier au sort de tant de foyers, qui ont cru pouvoir bâtir une vie entière sur des sentiments d'un jour, ou faire fi des sages principes que dictent la raison et la foi chrétienne ; à tant de jeunes gens, qui subissent les suites regrettables d'une éducation négligée ; aux risques graves, auxquels s'exposent ceux qui, dans les institutions sociales et politiques, se fient à des théories fausses et incomplètes, ou qui font bon marché des droits essentiels de la personne humaine et de ses aspirations religieuses.

Que non seulement dans votre vie professionnelle, mais aussi sur tous les plans de votre activité, vous puissiez toujours employer des matériaux capables de résister à des épreuves souvent plus rudes que celle du feu, en particulier celles de la souffrance et de la mort, et toutes celles qui placent votre conscience devant le choix décisif du bien et du mal ! Si vous abordez cette lutte avec fermeté et constance, si grâce à l'aide divine vous en sortez vainqueurs, vous accéderez sans aucun doute à la plénitude du bonheur et de la joie promise aux coeurs sincères et fidèles.

En gage de cette faveur et des dons de Dieu que Nous demandons pour vous-mêmes, pour vos familles et tous ceux qui participent à vos efforts, Nous vous accordons bien volontiers Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES TECHNICIENS DE LA PHARMACIE

(21 octobre 1956) 1






Le dimanche 21 octobre, le Souverain Pontife a reçu en audience à Castelgandolfo les personnes ayant participé à Naples au congrès international organisé par l'« American Cyanamid Company-Lederle Laboratories Division » de New York. Il leur a adressé, en français, l'allocution que voici :

II Nous est agréable, Messieurs, de vous recevoir ici à l'occasion du congrès international, qui réunit à Naples les dirigeants et concessionnaires de la « Lederle Laboratories Division » de 1'« American Cyanamid Company ». Le secteur de cette société, à laquelle vous prêtez votre collaboration, comprend quarante-trois pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Océa-nie et leur fournit des médicaments réputés, à la production desquels ont travaillé une équipe très nombreuse de chercheurs et de vastes laboratoires équipés des installations les plus modernes. Vous-mêmes êtes chargés de diriger et de stimuler cet effort et les responsabilités, qui vous sont confiées, témoignent de votre esprit d'entreprise et de votre haute conscience professionnelle.

Le présent congrès a pour but d'examiner les problèmes particuliers, auxquels vous avez à faire face, chacun dans votre pays, et à tenter de les résoudre, en les confrontant avec les expériences faites ailleurs. Nous sommes certain que vos réunions portent leur fruit et que de vos discussions sortiront des indications précieuses, qui vous aideront à poursuivre plus efficacement votre tâche.

La fabrication et la diffusion des produits pharmaceutiques obéit sans doute aux mêmes lois économiques que toutes les autres activités industrielles et commerciales ; là comme ailleurs il faut conquérir le marché, s'y maintenir par la haute qualité des produits fournis, explorer constamment les possibilités d'expansion ultérieure. Il importe de ne point rester en retard sur les concurrents, de stimuler sans cesse la recherche scientifique, afin de pouvoir présenter au public des médicaments toujours meilleurs et plus efficaces, qui attireront une demande accrue. Mais plus encore qu'en d'autres activités économiques, l'aspect commercial de votre travail n'a de sens et de valeur que dans la mesure où il représente un véritable service social, nécessaire à la subsistance ou du moins à l'amélioration du niveau de vie d'un grand nombre d'hommes. La fabrication et la diffusion de médicaments d'une qualité éprouvée contribue à sauvegarder la santé de millions de personnes, ce bien plus précieux que toute richesse matérielle.

La médecine accomplit à l'époque présente d'incessants progrès dans la connaissance des maux du corps humain et de leurs causes. Mais il appartient à la pharmacie de préparer les remèdes capables d'enrayer les maladies et d'en vaincre les causes, sans toutefois provoquer d'autres dommages dans l'organisme. Problème ardu, que la marche rapide de la science oblige à reposer constamment en termes différents, à mesure que se révèle davantage la complexité inouïe des organes et des fonctions, la nature des agents chimiques, qui y sont à l'oeuvre, et la possibilité d'intervenir sur eux pour en bloquer ou en favoriser l'action. La chimie par ailleurs s'ingénie à analyser la structure des molécules, à la modifier, à la reconstruire même, et chaque année quantité de corps nouveaux, souvent éphémères, voient ainsi le jour dans les laboratoires. Choisir parmi eux ceux qui offrent des garanties de succès, les expérimenter longuement, vérifier avec soin leur toxicité pour l'organisme humain et, finalement, mettre au point les méthodes les plus rapides, les plus sûres et les plus économiques pour réaliser la production en masse : voilà les problèmes qui se posent couramment à l'industrie chimique pharmaceutique. Qui recueillera enfin le profit le plus tangible de tout ce travail sinon le malade, auquel les remèdes ainsi préparés apportent soulagement et guérison ?

L'importance du service, que vous rendez ainsi, doit vous



inspirer, Messieurs, la résolution de vous consacrer de tout coeur à votre tâche, non dans le seul but d'en retirer un profit légitime, mais avec la conscience de travailler pour le bien de l'humanité, de tant d'hommes, à qui vous pouvez apporter un secours apprécié et l'apaisement de leurs souffrances. Si des difficultés rendent pénible votre labeur, si parfois des sacrifices s'avèrent nécessaires, songez aux intérêts supérieurs qui y sont attachés, et en particulier aux avantages qu'en retireront ceux que leur condition sociale laisse dépourvus des commodités courantes, et même parfois des biens les plus nécessaires à la vie. Parmi les pays que vous représentez, certains ont dans le domaine de la santé publique de sérieux problèmes à résoudre. Il vous appartient de contribuer à leur solution dans toute la mesure, où votre puissante organisation le permet. Certains d'entre eux sont trop vastes, certes, pour que l'initiative privée puisse seule en venir à bout, mais du moins ne peut-elle jamais s'en désintéresser, quand elle dispose de ressources matérielles et techniques susceptibles d'apporter une aide appréciable.

Aussi sommes-Nous certain, Messieurs, que les progrès de votre société se traduiront par une élévation des conditions de santé des populations pour lesquelles vous travaillez, et Nous souhaitons de tout coeur que vous-mêmes, par votre désintéressement, votre sens moral, votre souci constant d'une collaboration généreuse au service de ceux qui en ont besoin, remplissiez dignement la tâche sociale qui vous incombe.

Nous prions la divine Providence de seconder vos efforts, et en gage de ses faveurs, Nous vous accordons à vous-mêmes, à vos collaborateurs et à vos familles Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU VENEZUELA

(23 octobre 1956) 1






Le mardi 23 octobre, le Souverain Pontife Pie XII a reçu en visite officielle, à Castelgandolfo, S. E. M. José Loreto Arismendi, ministre des Affaires étrangères de la République du Venezuela 2. Il a prononcé une allocution dont voici la traduction :

Il semble, Excellence, Messieurs et Mesdames, qu'un moment aussi solennel que celui-ci serait incomplet sans quelques paroles de Notre part, manifestant la satisfaction que Nous éprouvons pour votre aimable présence. Nous avons l'intention de répondre à celle-ci de la façon la plus complète, non seulement en raison de vos mérites personnels, mais aussi parce que vous représentez une nation spécialement aimée pour sa foi, nation enrichie des dons de la divine Providence et destinée à un grand avenir dans la communauté de la famille catholique et dans celle des nations.

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXVIII, 1956, p. 817 ; traduction française de VOsservatore Romano, du 2 novembre 1956.

2 Le ministre était accompagné de son épouse, Mme Eva Arismendi, de sa fille, Mlle Eva Mercedes Arismendi, et des personnalités de sa suite, auxquelles s'était joint S. E. M. G. Diaz Gonzalez, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Venezuela près le Saint-Siège, ainsi que le Conseiller de l'ambassade.




Placé comme une couronne naturelle au centre de l'Amérique du Sud, à un pas du lien étroit qui l'unit à celle du Nord, et dans le lieu même où les immensités de l'Atlantique se resserrent comme pour pouvoir mieux jouir des innombrables beautés et des richesses de la mer des Antilles, le Venezuela est fameux par ses admirables côtes abondantes en perles, par ses plaines



fécondes où se déroule l'impétueux Orénoque, par ses forêts si touffues qui couvrent comme d'un manteau les pentes de ses montagnes du nord, tandis qu'elles se teintent d'un ocre suave dans les plaines sans fin du haut plateau du sud, par son ciel lumineux, par la générosité avec laquelle son sol donne les fruits les plus estimés et les plus parfumés, par les minéraux précieux qu'il dissimule dans les entrailles de sa terre. Votre pays s'est imposé aujourd'hui à l'attention universelle par cette autre richesse que la main de Dieu a cachée, avec profusion, dans ses entrailles, cet « or noir » que la machine moderne exige et dévore, aujourd'hui, par torrents.

Ce sont des dons de Dieu certes, et des dons du Créateur d'autant plus évidents que la richesse jaillit elle-même du sol comme d'une source ; à la splendeur de ces dons, la créature doit répondre avec une égale générosité en offrant la parfaite et constante soumission de sa volonté à la loi divine, ces sentiments qui sont aussi les plus précieux de ses trésors.

Ces biens vous ont été donnés avec munificence par le Dispensateur de tout bien ; mais par cela même, ils doivent être utilisés selon son très haut dessein et de telle façon qu'ils servent non seulement au progrès matériel, mais aussi et davantage, à un développement spirituel, si vous ne voulez pas que la matière écrase l'esprit, avec toutes les funestes conséquences que cela comporte.

Ce sont des éléments très efficaces de progrès ; accordés non plus exclusivement à une personne, mais à une société, leur bienfait doit se répandre en toutes ses classes, afin que son évolution se fasse harmonieuse et bienfaisante. Cette société se rendra digne de prédilections divines si évidentes par son assiduité au travail, son respect de la moralité publique, son zèle à conserver l'intégrité et la stabilité de la famille, son effort pour assurer l'éducation civique, mais surtout religieuse et morale de ses enfants.

C'est précisément sur ce terrain que l'Eglise catholique, qui joua un rôle si important dans la formation de votre esprit, peut offrir une collaboration irremplaçable non seulement par ses centres d'éducation, mais aussi par l'instruction religieuse de votre jeunesse, à tous les degrés de l'enseignement. Et les bonnes relations qui existent entre le Siège apostolique et votre pays — relations que Nous désirons voir non seulement maintenues, mais même consolidées — Nous laissent espérer qu'il en sera ainsi, pour le plus grand bien spirituel et temporel de votre peuple.

Nous voudrions en trouver une garantie de plus, dans cette visite, Monsieur le Ministre, vous, dont la compétence est bien connue, comme aussi les nobles sentiments qui vous animent, héritage d'une famille illustre par ses traditions morales et religieuses.

Que le Seigneur bénisse donc Votre Excellence avec toute votre famille ici présente et les personnalités de votre suite. Qu'une particulière Bénédiction s'étende aussi sur Son Excellence Monsieur le Président de la République, sur vos collègues du gouvernement et sur tout le cher peuple vénézuélien, auquel Nous voulons souhaiter toujours toutes sortes de biens.


MESSAGE AUX ATHLÈTES CATHOLIQUES DES OLYMPIADES DE MELBOURNE

(24 octobre 1.956) 1






Le Pape a daigné adresser, en français, le message suivant aux athlètes catholiques qui disputent les olympiades de Melbourne :

Tandis que la grande cité de Melbourne ouvre déjà les portes de ses stades aux délégations sportives de toutes nations, qui prennent part aux Jeux Olympiques, vous avez tenu, chers fils, athlètes catholiques, à assister en grand nombre à la messe solennelle célébrée pour la circonstance, et que rehausse la présence des autorités religieuses et civiles du pays. C'est de grand coeur qu'en réponse à la requête qui Nous fut présentée, Nous vous adressons à cette occasion Notre salut paternel.

Il était d'ailleurs dans les usages de la Grèce antique — dont la tradition séculaire inspire encore les grandes compétitions sportives de notre temps — de préluder aux joutes du stade par une célébration de culte public. Si donc autrefois les athlètes helléniques inauguraient les fêtes d'Olympie par un acte cultuel, à combien plus forte raison convient-il qu'au début de vos Jeux internationaux vous vous tourniez, vous aussi, vers le Dieu unique et vrai pour lui faire l'hommage de vos forces juvéniles et reconnaître ses droits imprescriptibles sur nos corps et sur nos vies : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit..., et que vous ne vous appartenez pas ?... Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1Co 6, 19, 20).

A plusieurs reprises déjà, vous le savez, Nous Nous sommes plu à rappeler l'harmonie des rapports entre les principes chrétiens et les activités sportives. Il vous appartient, chers fils, au cours de ces Olympiades, de manifester dans vos actes

comment, sans rien perdre de sa valeur technique, le sport, école d'énergie et de maîtrise de soi, « doit être ordonné au perfectionnement intellectuel et moral de l'âme »2. Soyez les témoins de cet idéal spirituel et ainsi tout en défendant avec ardeur les couleurs de votre patrie, ayez à coeur de servir la cause de Dieu parmi vos frères.

Et puisque votre prochaine rencontre mondiale doit, dans quatre ans, vous conduire à Rome, c'est déjà dans cette agréable perspective que Nous vous adressons aujourd'hui ce message. Qu'il vous soit une nouvelle marque de l'intérêt que Nous portons à une saine pratique du sport et notamment à ces pacifiques compétitions internationales, qui, au sein d'un monde en proie à tant de divisions, favorisent, dans un esprit de fraternelle émulation, la connaissance réciproque et l'entente entre les peuples.

A vous tous, chers fils, qui participez aux Jeux Olympiques d'Australie, ainsi qu'aux personnalités et aux fidèles présents à cette solennelle cérémonie religieuse inaugurale, Nous accordons, en gage de Notre paternelle bienveillance, Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A UN- CROUPE DE REPRÉSENTANTS DES. CLASSES MOYENNES"



, , , , (.25 octobre 1956) 1





Recevant à Castelgandolfo/i'e jevtâi 25 ociùbre, les membres de f Institut international 4e». élusses moyèrlnes, \ë Saint-Père leur a adressé, en français, le 'Aieeguvê, surùant :

.... ¦f.^*r r ¦ • *rA t * . rt- '

En. accueillant aujourd'hui les membres de l'Institut international des classes, moyennes, Nous sommes heureux de combler un désir que, l'état de Notre santé n'avait pas permis de satisfaire il y a deux ans, lors, d'une précédente réunion.

1 D'après' le texte français de YOsseraatore Rcmano, du a novembre 1956.

2 A. A. S., 1931, vot. XXln, p. zto. *' ViiS., pi Z09.




L'Institut qui vous rassemble, Messieurs, a déjà traversé les vicissitudes d'un demi-siècle agité et déchiré par, deux guerres mondiales, dont fes répercussions furent particulièrement lourdes .pour vos milieux. Vous représente^ les grandes organisations nationales, et internationales de classes moyennes, c'est-à-dire cette « nombreuse et très importante fraction de l'humanité », dont l'encyclique Quadragesimo. anno 2, signalait la, situation particulière dans lfexposé des « profonds. changements subis depuis Léon XÏÏI par le régime économique » . Non pas que les classes moyenne?. constituent un élément nouveau dans la , société, bien au contraire ; mais parce que le développement du grand capitalisme d'une part, . et du salariat de .l'autre, ont provoqué un ensemble de réglementations et d'institutions, qui laissaient trop sauvent de côté une partie essentielle des citoyens de chaque.pays, ceux qui, en général, participent â la production par leur travail et leurs capitaux personnels1', lés artisans, les

commerçants autonomes, les petits et moyens industriels, la majorité des agriculteurs, les professions libérales, certaines catégories de fonctionnaires et de cadres, la plupart des rentiers. Une enquête de vaste envergure vient de vous apporter les derniers renseignements sur la notion même de classes moyennes et sur la situation de celles-ci dans les pays européens. Vous êtes préoccupés particulièrement par les conséquences des mesures fiscales appliquées tant aux petites et moyennes entreprises, qu'aux artisans, aux cadres, aux professions libérales dans les différents pays examinés. Votre désir est de jouer pour les catégories, qui vous intéressent, le rôle que le Bureau international du travail joue pour la classe ouvrière, d'être un centre de recherches et d'études pour l'ensemble des classes moyennes, car vos problèmes sont particuliers, comme votre rôle même dans la société.

La situation intermédiaire que vous occupez, la place numérique considérable que vous tenez dans la population, les vertus propres à vos milieux, font de vous un élément de modération et d'équilibre, qui risque d'être étouffé, si les charges dont il est grevé dépassent ses ressources réelles. La part de responsabilité personnelle que vous avez normalement dans vos activités, l'échelle le plus souvent familiale de vos entreprises, entretiennent et développent chez vous un sens du travail bien fait, de l'épargne et de la prévoyance, heureux fruits de l'autonomie relative, dont vous considérez à juste titre qu'elle fait partie essentielle de votre condition sociale. On a constaté que les pays où les classes moyennes étaient trop réduites et trop faibles, se trouvaient exposés aux excès politiques les plus graves et les plus violents. Vous êtes traditionnellement en faveur de la stabilité et des arbitrages basés sur la justice distributive. Ce rôle social vous caractérise ; et vous devez le remplir avec un sens élevé du bien général. L'existence d'Instituts nationaux et internationaux des classes moyennes permet précisément de dégager, en fonction de données aussi vastes et aussi complètes que possible, la part de libertés et la part de servitudes légitimes, qu'il convient respectivement d'accorder et d'imposer dans chaque pays, pour qu'un équilibre national et international se trouve paisiblement assuré.

Vous devez être aussi un facteur de santé morale, car vous avez, avec l'amour de la juste liberté, une haute idée de la dignité personnelle et le respect d'autrui, sans lesquels la vie so-




CLASSES MOYENNES



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ciale tourne à la lutte des passions égoïstes et aveugles. Puis-siez-vous aussi guider vos réflexions et vos démarches d'après les maximes de la sagesse enseignée par l'Evangile. L'heureux équilibre de la société n'a-t-il pas son fondement le plus solide dans un ordre moral, qui s'inspire non pas d'une logique froide et calculatrice, soucieuse avant tout d'une répartition équitable des biens matériels, mais de la justice et de la charité généreuse, à l'exemple du Christ, c'est-à-dire de l'amour désintéressé qui comporte l'oubli de soi, le renoncement et le sacrifice, et voit dans Dieu lui-même, l'unique moyen de faire régner, autant qu'il est possible en ce monde, plus de fraternité et de joie.

En souhaitant à votre rencontre romaine les plus fructueux résultats, Nous demandons à Celui, qui est pour tous les hommes la Voie, la Vérité et la Vie, de vous accorder sa lumière et sa force. Et, comme signe de Notre bienveillance paternelle, Nous vous accordons à tous ici présents, à vos familles et à vos amis, Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES DIRECTEURS D'AGENCES DE PRESSE

(26 octobre 1956) 1






Le vendredi 26 octobre, Sa Sainteté Pie XII a reçu en audience à Çastelgandolfo les dirigeants des grandes agences de presse d'Europe, qui venaient de tenir à Rome leur conférence générale. Il leur a adressé le discours suivant, en français :

Nous sommes heureux, Messieurs, de vous recevoir et de vous souhaiter la bienvenue à l'occasion du congrès des agences de presse.

Plusieurs fois déjà, depuis le temps où Nous étions Nonce apostolique en Allemagne, durant la première guerre mondiale jusqu'en 1929, Nous Nous sommes adressé à ceux qui s'occupent de la presse et aux journalistes ; en chacune de ces circonstances, Nous avons souligné l'importance et la responsabilité de leur profession. Mais pendant les trente ou quarante dernières années, cette importance, et par là aussi la responsabilité qui en découle, se sont accrues considérablement.

Les raisons de ce fait, vous les connaissez. Elles doivent être cherchées sans doute dans les relations qui unissent étroitement les gens de la presse à 1'« opinion publique ». Celle-ci, dit-on, est le sort du journaliste.



Le Saint-Père souligne la grande responsabilité des journalistes — pour le bien comme pour le mal — dans la formation de l'opinion publique.

L'« opinion publique » a toujours existé, même au moyen âge et dans l'antiquité. Ceux d'entre vous qui ont fait de


AGENCES DE PRESSE



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l'histoire évoqueront les libri de lire, le commentaire public de la lutte des investitures au XIe siècle. Mais deux circonstances devaient contribuer à faire de 1'« opinion publique » actuelle une puissance plus forte que jamais, pour le rrjéiikijf ou pour le pire, dans la vie des peuples : aujourd'hui là ^riwÉde masse, tous les hommes et même bon nombre de ferrifrtïfc prennent activement part à la vie publique. Qu'on songe seulement au suffrage universel. Et puis, pour créer cette opinion, 6n dispose maintenant de moyens qui dépassent de loin cefix des âges précédents. Déjà la presse à imprimer moderne est une merveille de mécanique. Et il faut y ajouter dès acquisitions techniques, dont on ne pouvait encore se faire la moindre idée au début du siècle dernier : la photo avec le film et la télévision, ainsi que la radio, qui vers 1920 était encore à ses débuts.

C'est principalement l'agence de presse, le journaliste, qui se servent de ces instruments pour former l'opinion. Grâce à eux leur parole atteint immédiatement des millions d'hommes, tout un peuple, toute l'humanité. Si donc il est vrai que l'individu forme 1'« opinion publique », bien qu'il en dépende aussi, ce principe vaut des agences de presse au suprême degré. Plus que l'homme de la rue, elles ont la possibilité de guider 1'« opinion publique » sur les chemins de la vérité et du droit. Mais elles peuvent aussi, au mépris de toute conscience, se mettre à la disposition d'une « opinion publique » pervertie par les erreurs et les préjugés et porter ainsi la responsabilité principale, lorsque celle-ci en vient à contaminer toute la vie sociali! Le siècle actuel fournit assez d'exemples et de noms pour illustrer ces deux aspects, le dernier surtout.

Telles sont aujourd'hui, Messieurs, l'importance et la responsabilité de votre profession.

Il rappelle que pour être fidèle à sa mission, le journaliste doit surmonter de nombreux obstacles.

Nous ne Nous dissimulons pas les obstacles qui Se dressent devant le journaliste, quand il veut être fidèle à sa tâche devant Dieu et devant les hommes soucieux de justice. D'abord la presse et la radio le tyrannisent, en lui fixant des échéances, et cette difficulté, la moins grave de toutes, est déjà bien suffisante. Il est trop souvent forcé par là de fournir aux rédactions impatientes des travaux inachevés, insuffisamment contrôlés, réfléchis, mûris.

La situation est incomparablement plus sérieuse, lorsque les professionnnels de la presse et de la radio ne peuvent pas disposer librement de ces puissants moyens de diffusion de la pensée, parce qu'ils dépendent d'autres mains plus fortes, d'organisations, de partis ou de bailleurs de fonds qui les régentent. Et finalement, le journaliste doit tenir compte de ce que ses lecteurs et ses auditeurs pensent et désirent, c'est-à-dire de 1'« opinion publique » elle-même, qu'il faut diriger dans le bon sens. S'il ne s'en préoccupait pas, il ne serait ni lu ni écouté, et faillirait aux exigences de sa profession.

L'idéal consiste donc à conserver l'objectivité la plus franche, sans perdre jamais le contact avec le public. Nous ne pouvons que vous exhorter à tendre toujours vers cet idéal, en tout cas, à ne jamais sacrifier la vérité, le précepte divin et le bien commun pour satisfaire les maîtres du jour ou le goût des lecteurs et des auditeurs. Si vous suivez cette ligne de conduite, vous aurez toujours l'appui de deux forces : la protection divine et l'approbation des hommes de bien et ces deux forces sont, en définitive, les plus décisives.

L'« opinion publique » est le sort du journaliste : faites que ce soit vrai en maîtrisant vous-mêmes, pour le profit du bien commun, ce sort, cette « opinion publique », qui se révèle toujours à quelque degré et parfois même dangereusement instable et passionnée. Vous en serez capables, si vous l'abordez avec une conviction personnelle, nette et déterminée, portant sur des vérités universelles, qui ne soient jamais purement historiques, même si elles prennent pour se manifester une forme historique, alors qu'elles sont essentiellement au-dessus du temps. Vous trouverez ces vérités dans ce qu'on nomme la philosophia perennis, dans la philosophie du réalisme critique, qui aboutit à l'affirmation inconditionnée de Dieu et de l'ordre de sa création. Faites-les pénétrer de plus en plus dans l'opinion publique. Tous les hommes, qui ont conservé leur rectitude de jugement, les acceptent sans réserve. C'est ainsi que vous maîtriserez votre sort et que vous rendrez de précieux services à votre nation, à votre patrie et à la grande famille des peuples.

Nous prions Dieu de vous accorder cette faveur et Nous implorons sur vous à cet effet sa toute-puissante Bénédiction.


Pie XII 1956 - R AD IOM ESSAGE AUX FEMMES ITALIENNES EN PÈLERINAGE A NOTRE-DAME DE LORETTE