Catéchèses Paul VI 20970

2 septembre L'INTELLIGENCE CHERCHE LA FOI

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Chers fils et filles,

Nous insistons sur le thème de la recherche de Dieu. Non pour renvoyer à une autre occasion les problèmes actuels graves et pressants, vers lesquels notre attention est également et aussi assidûment tournée, mais parce que nous pensons que la question de notre mentalité concernant la religion est toujours prioritaire ; d'abord en elle-même, pour les réalités suprêmes auxquelles elle se réfère : Dieu et l'homme ; puis aussi pour les conséquences théoriques et pratiques qui dépendent de cette première question de notre mentalité : elle est le point dont dépend tout le système idéologique humain ; et comme la nier est aujourd'hui à la mode, la négliger une habitude, l'ignorer (avec tant de sécularisme acharné) est presque une obligation, quasi la défense d'une émancipation acquise, nous croyons qu'il est nécessaire et intéressant d'en parler encore une fois : nous devons rechercher Dieu. C'est l'étrange prétention de tant de personnes de vouloir énoncer des sentences sur ce nom suprême et mystérieux de Dieu, comme si elles en connaissaient la vraie signification — vide, fausse, douteuse, immense, ou infaillible — sans jamais l'avoir honnêtement cherchée, consciencieusement étudiée ; de quelle science oserions-nous parler sans l'avoir d'abord étudiée ou du moins admise à partir d'un témoignage compétent ? La recherche de Dieu ! notre intention est apostolique ; c'est-à-dire : elle voudrait se référer aux conditions spirituelles de l'opinion publique, à la manière commune de penser des gens, des hommes d'aujourd'hui ; mais nous nous voyons obligé de nous arrêter sur les aspects personnels que la recherche de Dieu présente, non pour en faire ici un exposé très développé, mais seulement pour en indiquer quelques-uns afin de stimuler une réflexion utile.



La raison au service de la foi


Demandons-nous donc : comment cherche-t-on Dieu ? Cette question donne le vertige. Mais faisons tout de suite un effort pour être calmes, c'est-à-dire pour disposer notre esprit à l'utilisation ordonnée et efficace de ses facultés, pour expérimenter leur capacité face à cet acte extrêmement difficile de la recherche de Dieu.

Dieu n'est pas évident. Si nous le croyons évident pour nous, avec l'utilisation superficielle et intuitive de nos facultés de connaissance, nous nous illusionnons. Ceci explique pourquoi beaucoup de gens ne croient pas en Lui. Les conditions mentales de l'homme moderne ne sont habituellement prédisposées ni à une recherche consciente, ni à cette connaissance de Dieu, qui nous est possible. Nous avons dans notre cerveau trop d'éléments sensibles, figuratifs, imaginatifs, irréels, représentatifs, pour dépasser cette sphère d'expérience facile, agréable et confuse, pour chercher au-delà et au-dessus d'elle. Quand nous essayons de nous demander la raison, la signification, la valeur de cette expérience multiforme et commode, nous sommes aussitôt dépassés par une immensité d'idées et de noms ; la rationalité philosophique est si riche et si confuse, que beaucoup aujourd'hui se contentent de donner un ordre historique aux expressions de la pensée humaine, de les relier, tout au plus, au moyen d'un fil de processus mental : l'histoire de la pensée prend la place de l'évaluation rationnelle et réelle de la pensée elle-même. Et si au contraire nous occupons notre pensée à l'exploration de ce que nous appelons réel, nous nous arrêtons, avec un sentiment justifié de succès, à la rationalité scientifique ; la science nous donne une double suprématie, celle d'une connaissance sûre des choses, et celle de leur utilisation pratique, technique, économique : grande conquête, mais non suffisante à l'aspiration insatiable de la raison, qui veut en savoir plus : il ne lui suffit pas de savoir comment sont les choses, elle voudrait en savoir le pourquoi. Alors nous arrivons à cette première conclusion à laquelle — pensons-nous — personne ne devrait s'opposer : donnons à la raison sa voie, son mouvement naturel, sa force, son intégrité, sa fonction pleine et supérieure ; et elle nous portera à cette connaissance réfléchie de Dieu dont parle saint Paul : « à partir des choses visibles on peut avoir une connaissance partielle mais sûre du Dieu invisible » (cf.
Rm 1,20). Le Concile Vatican I nous le confirme ; il revendique justement pour la raison humaine la capacité de connaître quelque chose de Dieu moyennant la connaissance des choses créées (DENZ.-SCH. DS 3004).

En d'autres termes : il faut bien user de la raison, il faut lui restituer un fonctionnement logique, normal et efficace, il faut lui redonner confiance. Nous ne devons pas abuser d'une manière capricieuse de ce don, de « cet oeil » fait pour conquérir la vérité. La raison a une fonction irremplaçable dans la religion. Elle y a une place d'honneur, un rôle important. En tant qu'hommes nous devons en être fiers ; en tant que religieux, prudents et humbles : la raison est un instrument très précieux et délicat, mais valable et puissant, toujours en progrès. Le P. de Lubac dit bien quand il déclare « que l'homme, donc, ait l'audace de sa propre raison !... Quels que soient les méandres parcourus par sa pensée, qu'il sache à la fin remonter à la Source, qu'il sache atteindre le point focal » (Sur les chemins de Dieu, p. 15).



Une entreprise merveilleuse


Où arrivera notre recherche, guidée par la pure raison naturelle ? elle arrivera, oui, à un point très élevé, au-delà de la ligne de l'agnosticisme ; mais le but sera plus un désir qu'une satisfaction. Son effort sera plus un essai qu'une conquête. Il se traduira par une expression bien connue dans les écoles de religion : intellectus quaerens fidem, l'intellect cherche la foi, c'est-à-dire une connaissance, qui lui soit conférée par révélation. Entrons dans le domaine gratuit du surnaturel : « Si Dieu ne se fait maître, personne ne peut connaître Dieu... Il était impossible de connaître Dieu sans Dieu ; par son Verbe il enseigne aux hommes à connaître Dieu », ainsi parle S. Irénée (f 200 ; Adv. Haer. IV, 6, 4 ; 5, 1 ; PG 7,988), rappelant les paroles du Christ : « personne ne connaît le Père sinon le Fils et celui auquel le Fils voudra le révéler » (Mt 11,27) ; « Personne n'a jamais vu Dieu ; un Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui l'a fait connaître » (Jn 1,18). S. Thomas ouvre la Somme Théologique en affirmant « qu'était nécessaire pour le salut humain une certaine doctrine selon une révélation divine outre les sciences naturelles explorées par la raison humaine ». Le Christ est le Maître, le révélateur, la lumière : « Si vous vous attachez à ce que je vous ai dit, vous serez vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jn 8,31-32).

D'où la foi, et une nouvelle réflexion, un acte réfléchi de la raison sur cette science nouvelle et supérieure de Dieu ; voilà la théologie : fides quaerens intellectum, selon la célèbre expression de saint Anselme d'Aoste, archevêque de Cantorbéry († 1109). La foi a besoin du service de la raison ; elle ne l'étouffé pas, comme on le dit souvent ; elle ne la substitue pas (cf. DENZ.-SCH. DS 2751 DS 2756 DS 2813) ; mais elle l'associe à l'acceptation de la Parole de Dieu, elle l'élève et l'engage dans le labeur le plus difficile et exaltant : écouter, dans la mesure du possible, comprendre, explorer et exprimer la révélation, comme lumière, comme principe logique et dialectique de la rationalité la plus profonde et la plus vitale : credo ut intelligam. L'intelligence est mise à l'épreuve, aidée par tout l'homme, pas ses vertus morales qui rendent possible le passage de la phase spéculative de la pensée à la phase vitale ; faire de la vérité divine un principe de vie humano-divine. Non intratur in veritatem, nisi per caritatem on n'entre dans la vérité que par la charité, écrit Saint Augustin (Contra Faustum, 41, 31, 18 ; PL 42, 507).

Vous voyez, très chers fils, combien la recherche de Dieu devient grande et merveilleuse, et elle ne nous entraîne pas dans des spéculations vaines et obscures mais elle interprète, exerce et glorifie les aspirations les plus profondes et les plus authentiques de notre esprit. Personne n'en est exclu. Les petits sont au premier rang à cette école de Dieu (cf. Mt 11,25). Avec notre Bénédiction Apostolique.



9 septembre 1970 COMMENT L'HOMME PEUT-IL TROUVER DIEU ?

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Chers fils et filles,


Chercher Dieu est un devoir, disons-nous. Devoir qui est permanent et même prédominant pour nous hommes modernes, qui sommes remplis, jusqu'à sembler rassasiés, de tant de science, de tant de culture ; et c'est justement pour cela que nous avons une obligation et un besoin plus grands de chercher la raison supérieure et première de toutes les choses que nous connaissons, sous peine de ne plus comprendre leur sens, et de sombrer dans l'obscurité et enfin dans le désespoir, ou de condamner notre pensée à un indifférentisme médiocre et conventionnel. Ce devoir pressant, demeure et prédomine aussi parce qu'aujourd'hui il est négligé et nié. Il en est de même de la faim de Dieu, faim peut-être méconnue, mais qui envahit l'esprit humain indépendamment de lui, qui tend à se rassasier d'autres choses, nobles parfois, souvent ignobles, si bien que « après le repas il a encore plus faim qu'auparavant » (Dante, Inf. 1, 99).



Une recherche sans fin ?


Chercher, chercher toujours. Mais ici surgit une question spontanée : quand trouver Dieu ? Pouvons-nous aussi le trouver, nous, modernes, et comment ? Et si nous le trouvons, que se passe-t-il ? Sommes-nous satisfaits ou déçus, heureux ou malheureux ?

Voici donc une autre question qui fait partie de la grande discussion religieuse de tous les temps et tout autant du nôtre. Pouvons-nous trouver Dieu et comment ? Ou bien notre recherche est-elle sans fin, et sans résultat ? Faisons attention : notre recherche doit être sans fin, en cette vie, pèlerinage vers le but de la rencontre finale, pleine et éternelle, avec Dieu, quand « nous le verrons tel qu'il est » (
1Jn 3,2), « face à face » (1Co 13,12). Mais non sans résultat dès cette vie qui, par rapport à la connaissance et à la possession de Dieu, se déroule dans l'obscurité, comme en une nuit, non sans étoile, non sans la « lumen Christi » de la veille pascale. C'est-à-dire que, d'une certaine manière, dans une certaine mesure, nous pouvons trouver Dieu déjà dans cette condition actuelle de notre existence. Rappelons-le-nous bien : nous pouvons trouver Dieu. De certaines manières nous l'avons déjà trouvé.

Déjà trouvé : comment ? Ici se présentent les paroles célèbres de Pascal : « Tu ne me chercherais si tu ne me possédais déjà » (Le mystère de Jésus). Chercher c'est déjà trouver, c'est déjà avoir, si vraiment nous ne pouvons connaître Dieu sans Lui, sans sa lumière, naturelle ou surnaturelle (cf. Rm 1,11), intérieure ou extérieure (cf. S. thomas, in Ep. ad Rom. 1, 6). Dieu est déjà présent en celui et par celui qui le cherche. Si nous comprenons cela, nous pouvons déjà naviguer dans l'océan de la prière : « Dieu, mon Dieu, je veille et dès l'aube je soupire vers Toi » (Ps 61,1).



Vérité et identité de la connaissance


Mais cela ne suffit pas. Nous voulons quelque chose de plus. Trouver ce que cela signifie ? Cela signifie savoir avec certitude, connaître comme nous connaissons les choses de ce monde, manifestement, concrètement. Pouvons-nous trouver Dieu ainsi ? Oh ! qu'il est complexe le monde de notre connaissance ! Nous devons être conscients de l'impossibilité de trouver Dieu comme on trouverait autre chose. Dieu ne serait plus l'objet de notre recherche, s'il pouvait être trouvé concrètement comme nous connaissons les choses ; ce ne serait plus Dieu, ce serait une chose : « aucun nom ne s'adapte de manière convenable à Dieu », dit Saint Thomas, selon notre manière de concevoir les choses existantes (cf. Contra Gent., SCG 1,30). Nous devons nous rendre compte de l'ambiguïté dramatique des noms que nous attribuons à Dieu : d'une part nous pouvons affirmer par exemple : Dieu est bon, Dieu est vivant, Dieu est Père, par la bonté, la vitalité, la paternité qui lui sont propres ; mais nous devons en même temps nier qu'il est bon, vivant, père à la manière des êtres dont nous avons la connaissance ordinaire et que nous qualifions avec ces termes (ib. et De Potentia, 7, 2, ad I et II).

Voilà le point le plus difficile, mais aussi le plus fécond de notre itinéraire vers la découverte de Dieu. Cela mériterait un long discours sur la connaissance qu'on appelle analogique, c'est-à-dire vraie, mais non identique, que nous pouvons avoir de Dieu (cf. S. thomas I 13,1) ; et de même sur la manière d'affirmer la réalité divine en niant les limites dans lesquelles tout concept humain s'exprime (Dieu n'est pas fini, n'est pas corps, n'est pas mortel, etc. : c'est ce qu'on appelle la « via remotionis », c'est-à-dire une affirmation qui inclut la réalité que nous pouvons concevoir et exclut les limites que nous ne pouvons pas connaître) ; et de même la « via excellentiae », la manière d'attribuer à Dieu dans une mesure sublime les réalités positives que nous connaissons : Dieu est sage, infiniment sage ; Dieu est bon, infiniment bon, etc. C'est pour cela que lorsque nous voulons trouver Dieu, nous le voyons presque fuir dans le ciel profond du mystère infini justement au moment où nous espérions l'avoir atteint : Il demeure absolument transcendant, ineffable, mystérieux. S'il n'en était pas ainsi il ne s'agirait pas du vrai Dieu que nous espérons trouver. Nous pouvons reconnaître qu'il existe et connaître les attributs qui conviennent à son existence souveraine ; nous ne pouvons rien connaître de Lui de façon satisfaisante. Ainsi notre recherche ne sera pas un repos ; c'est une course qui ne finit jamais au long de cette vie.


L'expérience mystique


Alors ? Notre recherche est une défaite ? Nous ne le trouverons jamais ?

Non, il reste beaucoup à dire. Il y a un autre degré de recherche et de conquête de Dieu ; c'est plus que la connaissance rationnelle, c'est l'expérience spirituelle. L'expérience mystique, l'expérience vitale. Celle-ci aussi a son échelle, qui part des signes de la présence et de l'action divine que nous appelons miracles. Chose étrange : rien ne suscite autant de curiosité dans notre monde incrédule que le miracle ; seulement le monde le veut vrai, réel. Mais s'il est tel, la foule accourt. Ce sont les miracles qui ont attiré l'intérêt, la confiance et puis la foi des gens envers Jésus, dans la scène de l'Evangile. Un désir de miracle est au fond de chaque âme ; les critiques modernes sont sur leurs gardes pour en contester la véracité, la réalité ; mais en fait ils en ont peur, ce qui est presque un présage ; les profanes en sont plus avides et plus curieux ; les fidèles, oui, seraient heureux de voir un miracle, mais savent que c'est exceptionnel et rarissime, et que le Seigneur s'en sert pour se mettre en contact avec nous (cf. Zsolt Aradi, I miracoli, Vita e Pensiero 1961). Le Seigneur veut normalement nous conduire à lui non par la voie de ces expériences merveilleuses mais sensibles, mais par d'autres voies, spirituelles et morales, celle de la foi, celle de l'amour, celle de l'exemple des Saints où transparaît un rapport avec Dieu, celle de la voie autorisée de l'Eglise. Mais nous devons noter une autre forme, moins rare qu'on ne pourrait le penser, un autre degré vers le contact mystique avec Dieu : celui de la grâce gardée jalousement dans l'âme ; c'est la manifestation intérieure de Jésus, promise à qui l'aime vraiment ; Il a dit : « Je me manifesterai à lui » (Jn 14,21). C'est cette « lumière des coeurs », qui fait de la foi une lumière, une sécurité ; c'est l'inspiration de l'Esprit Saint, la motion que Dieu, dans l'économie de la grâce, exerce sur les âmes fidèles, spécialement sur celles vouées au silence intérieur, à la prière, à la contemplation. Il s'agit d'un don, ou d'un fruit de l'Esprit (Ga 5,22 Ep 5,9), d'un charisme qui répand dans le coeur un attrait irrésistible vers l'Etre vivant et Présent de Dieu. Sur ce plan de la rencontre mystique avec Dieu se développe une vie spirituelle rare, mais très variée et très riche, dont la fleur la plus belle et la plus caractéristique est la connaissance par l'amour. Nous décernerons dans quelque temps le titre de Docteur de l'Eglise à deux saintes, Thérèse d'Avila et Catherine de Sienne, qui ont atteint, souffert et joui de cette connaissance mystique et en ont laissé à l'Eglise et à l'humanité des documents admirables. De même beaucoup d'autres Saints ; rappelez-vous par exemple la vision de Saint Etienne (Ac 7,55), de Saint Pierre à Joppé (Ac 10,11), de Saint Paul ravi jusqu'au troisième ciel (2Co 12,4), de Saint Jean à Patmos, de Saint Augustin à Ostie, etc. La phénoménologie de la vie mystique, aussi bien sous l'aspect psychologique (cf. Plotin sec. III), que sous l'aspect théologique est très riche, et forme une branche spéciale de la théologie et de l'hagiographie. Mais elle semble concerner une catégorie particulière de personnes religieuses privilégiées.

Oui, mais cela suffit pour prouver que trouver Dieu est possible. Nous pourrions en venir à notre époque et trouver parmi nos contemporains des témoignages littéraires (cf. Bernanos), philosophiques (Bergson, Maritain) et vécus (cf. merton, A. frossard, Dieu existe, je l'ai rencontré, Fayard 1969), qui nous le confirment. Quant à nous, si nous voulons vraiment trouver par nos humbles forces, nous nous rappellerons la parole de Jésus à l'apôtre Philippe : « qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9). Avec notre Bénédiction Apostolique.

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Nous voulons adresser un mot spécial de bienvenue aux Pères capitulants de la Congrégation des Sacrés-Coeurs. Chers Pères de Picpus, que ce Chapitre spécial soit pour vous l’occasion de renouveler votre zèle apostolique, à l’exemple du Père Coudrin, votre fondateur, du Père Damien, l’apôtre des lépreux, du Père Mateo, le prédicateur de la dévotion au Sacré-Coeur. Vous êtes à l’oeuvre dans les cinq parties du monde: que partout vous y donniez avec générosité le convaincant témoignage d’hommes tout donnés à Celui qui emplit leur vie de son amour, le Dieu vivant. A tette intention, Nous vous donnons de tout coeur Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



16 septembre 1970 COMMENT PRESENTER LA RELIGION AUJOURD'HUI ?


Chers fils et filles,

La pensée qui conduit nos conversations sur la mentalité des hommes d'aujourd'hui par rapport à la religion, à la foi en Dieu et dans le Christ, est de découvrir comment et pourquoi aujourd'hui les hommes modernes sont areligieux ou irréligieux, alors que nous sommes convaincus que la religion catholique pourrait et devrait recevoir un meilleur accueil et une meilleure expression justement en vertu des raisons qui semblent justifier ces attitudes négatives et que nous pouvons résumer dans les objections courantes : le progrès de la culture et les transformations sociales. Nous sommes convaincus que notre foi est faite pour l'homme, pour l'homme contemporain encore plus que pour celui d'hier ; ce n'est pas une aliénation de la foi, ce n'est pas un artifice caduc, ce n'est pas une conception dépassée, ce n'est pas une science stérile et encombrante ; c'est une lumière, une plénitude, une vie, dont le besoin et la jouissance sont d'autant plus grands que l'homme qui en fait l'expérience libératrice et rédemptrice est plus avancé, cultivé, mûr, adulte, et avide de certitude (cf. J. daniélou, L'avenir de la religion, Fayard, Paris 1968).



L'homme devant la foi


Et alors se pose la grande question : comment se fait-il qu'il est si difficile aujourd'hui de faire accepter à l'homme moderne la religion ? N'est-ce pas une manifestation de décadence religieuse ? Les dispositions de la psychologie humaine ne sont-elles pas défavorables à la pensée de Dieu, à la religion, à la foi acceptée et vécue ? La question est trop vaste et complexe pour que nous puissions donner une réponse rapide et simple. Elle exigerait, tout d'abord, une analyse large et détaillée des conditions dans lesquelles se trouvent la société et les individus, pour exposer quelque chose de cette attitude négative et fréquente en face de la religion. Nous, maintenant, nous n'en parlerons pas ; mais comme on discute tellement de la « crise religieuse » actuelle, il sera bon que chacun y réfléchisse tout seul : pourquoi les gens semblent-ils devenir presque réfractaires à la religion ? En vertu de quelles idées, de quelles coutumes, de quels maîtres, de quels phénomènes, de quels milieux ? Nous proposons le problème à chacun de vous.



Rapprocher la parole de Dieu de la vie


Nous, au contraire, au cours de cette brève rencontre, nous proposons le problème sous un autre aspect, qui ne regarde pas tellement l'homme réticent, indifférent ou hostile au message religieux, mais, plutôt le maître qui le propose ; nous voulons parler de la manière, de la forme, de la méthode, du langage, du zèle, avec lesquels ce message est proposé. Cet aspect de la question religieuse est aujourd'hui très étudié. On se demande, pour tout dire en un mot : comment présenter la religion catholique aujourd'hui à notre génération ? C'est la question capitale du rapport entre la foi et l'homme, vue avant tout sous l'angle pédagogique : comment l'annoncer, comment la rendre compréhensible, acceptable, agréable, efficace, moderne ? Ne faudrait-il pas attribuer à la manière, une manière ancienne, obscure, détachée de la vie, contraire aux tendances et aux goûts de notre époque, à la manière d'enseigner et de prêcher la foi, le fait que celle-ci n'ait pas d'auditeurs et de fidèles ? Ne faudrait-il pas, peut-être, rénover le « Kérygma », c'est-à-dire l'annonce du message chrétien, si nous voulons qu'il trouve des auditeurs et des fidèles ?

Si nous en avions le temps, il nous faudrait nous arrêter sur ce point car, chacun le voit, l'importance du rapport entre la foi et l'homme est décisive, pour l'une et pour l'autre. Que fait

l'Eglise : l'évêque, le pasteur, le maître, l'apologiste, le catéchiste, le missionnaire, l'écrivain, le prédicateur, le théologien, si ce n'est une tentative constante de rapprocher la Parole de Dieu de la vie de l'homme, afin que celui-ci trouve son salut dans cette Parole ? Nous laissons ici de côté, un aspect très important mais mystérieux de la question : l'acceptation salvifique de la Parole de Dieu est une grâce ; nous entrons dans la problématique très délicate de la grâce, qui est un don vis-à-vis duquel la liberté humaine est responsable, mais non efficiente ; elle coopère mais n'opère pas, si bien que les paroles de Jésus restent terriblement vraies : il y a ceux qui regardent et ne voient pas, écoutent et ne comprennent pas (cf. Mt 13,13) ; sans la grâce, la prédication de la vérité » ne sert de rien à l'homme, dit Saint Augustin : nihil prodest homini omnis praedicatio veritatis (De Civ. Dei, XV, 6 : PL 41, 442). L'efficacité de l'effort religieux, accompli par qui que ce soit, reste un secret de Dieu.



Le paradoxe de la Croix demeure essentiel


Mais limitons-nous à noter la sagesse et le danger de l'effort de donner à l'enseignement religieux la mesure de l'attitude réceptive du disciple, que celui-ci soit une personne ou un peuple. La sagesse : ici réside tout le génie apostolique de l'Eglise, l'art de répandre, d'expliquer, de faire en quelque manière comprendre, de proportionner la doctrine du Seigneur à l'esprit et aussi à la mentalité du disciple, c'est-à-dire de l'homme qui a besoin d'instruction religieuse. Rendre compréhensible le rite, n'était-ce pas un des buts du Concile ? Un des buts de la réforme liturgique ? N'est-ce pas dans ce but que les langues parlées ont été introduites dans le culte et dans l'étude théologique ? N'est-ce pas le souci permanent de l'enseignement de la religion que de la présenter sous des formes et dans des termes accessibles et agréables, de l'adapter à l'âge, à la nature, à la culture de ceux à qui s'adresse l'exposition de la doctrine ? Ce devoir de tenir compte des capacités intellectives et spirituelles de ceux qui s approchent de la foi est si grand qu'il n'est jamais terminé ; et c est dans cette tâche continue de transmission — non sans utilité — de la doctrine religieuse que se manifeste cette « caritatem veritatis », cette charité de la vérité (2Th 2,10) propre à l'Eglise. Mais cette préoccupation de multiplier les moyens et les formes d'expression de l'enseignement religieux catholique obéit à une loi fondamentale : que l'intégrité de la doctrine ne soit pas violée. La vérité religieuse, sous forme d'expressions linguistiques diverses, contenue dans de brèves formules de catéchisme, ou divulguée dans des traités théologiques, interprétée selon l'un ou l'autre système philosophique, pourvu qu'elle soit toujours conforme à une saine raison (cf. Gravissimum educationis, GE 7 GE 10; etc.) doit toujours être authentique, et au moins virtuellement complète, même si elle est en face de conditions de vie humaine très différentes.

Mais cet effort, en soi très louable, de faire accepter la doctrine religieuse aux hommes de notre temps cache, et aujourd'hui met même en évidence un danger, une tentation multiple, que nous pouvons appeler relativisme doctrinal.

Il faut une foi pour notre temps, dit-on ; bien. Le Concile, spécialement dans la Constitution Gaudium et spes, toute entière tournée vers le resserrement des rapports entre l'Eglise et le monde, et désirant mettre en évidence les valeurs de la création, de l'homme considéré dans sa vie naturelle, du progrès moderne, nous enseigne que notre foi aujourd'hui encore est faite pour le salut de l'homme ; mais cela non parce qu'elle prend la mesure de la foi d'après les opinions des hommes, mais parce qu'elle marche, selon le Concile, avec sa croix paradoxale, scandale et folie pour le monde, force et sagesse de Dieu (1Co 1,20 ss), cette Croix, portée humblement et courageusement par les croyants aura encore aujourd'hui la vertu de convertir les hommes au salut du Christ. C'est ce que l'on attend des pasteurs et des fidèles du Peuple de Dieu ; de nous tous, persuadés que sans cette caractéristique de la vérité, la sûreté de la vérité religieuse, la fidélité, toute tentative d'en appeler d'autres à écouter le Christ serait vaine et précaire.

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Nous accueillons de tout coeur le pèlerinage de l’Union catholique des cheminots français de Strasbourg. Nous vous félicitons, chers Fils, de cette démarche que vous faites fidèlement au coeur de l’Eglise: qu’elle vous permette de porter ensuite, près de vos compagnons de travail et de vos familles, le témoignage de foi et de charité dont notre monde a tant besoin.

Nous sommes heureux de saluer aussi le groupe des pèlerins luxembourgeois, venus ici avec leur cher Pasteur, Monseigneur Jean Hengen, et Monsieur l’Ambassadeur du Luxembourg, pour fêter le centenaire de l’érection de leur diocèse par notre vénéré prédécesseur, le Pape Pie IX. Dans l’Eglise du Christ, continuez à apporter votre participation généreuse, et transmettez à votre Evêque, Monseigneur Léon Lommel, nos fraternelles salutations.

Enfin, comment taire Notre joie de rencontrer ce matin les Petites Soeurs de Jésus, avec leur méritante fondatrice, Soeur Magdeleine de Jésus, et leur nouvelle responsable, Soeur Annie de Jésus?Quarante-sept d’entre vous, chères Filles, venues des horizons les plus divers de notre globe, vous venez de faire votre profession perpétuelle, pour engager toute votre vie, avec Jésus, dans le sillage du Frère Charles de Foucauld, au milieu des pauvres et de ceux qui sont souvent loin de l’Eglise, dans un esprit de prière contemplative et d’amour universel. Quel bonheur de voir l’esprit de Dieu susciter aujourd’hui de telles vocations!

Nous rendons grâces à Dieu et Nous vous félicitons, vous et vos parents ici présents. Votre témoignage évangélique, qui ne connaît pas de frontière, est particulièrement précieux au sein de l’Eglise actuelle: partez heureuses et confiantes dans le Seigneur Jésus qui vous appelle à imiter sa vie de Nazareth. Nous saluons avec le même encouragement vos soeurs qui sont venues ressourcer leur vie spirituelle avec le cher Père Voillaume, et toutes vos soeurs de la Fraternité générale de «Tre Fontane», avec leurs Assistantes et Conseillères.

A tous et à toutes, Nous donnons de grand coeur Notre paternelle Bénédiction Apostolique.



30 septembre 1970 L'APPLICATION DE VATICAN II PASSE PAR LA REFORME INTERIEURE

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Chers fils et filles,


« Ce n'est pas en me disant Seigneur, Seigneur qu'on entrera dans le Royaume des cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les Cieux » (
Mt 7,21). Voilà une parole célèbre de Jésus-Christ, Notre Seigneur, que nous choisissons aujourd'hui comme thème de notre brève méditation, toujours tournés vers ce grand événement qu'est le Concile, qui ne doit pas être passé sous silence de nos jours mais doit imprimer un renouveau moral dans notre vie chrétienne.

C'était la pensée prédominante de notre vénéré Prédécesseur quand il convoqua le Concile : « ... de l'adhésion renouvelée, sereine et calme, à tout l'enseignement de l'Eglise dans sa plénitude et sa précision, tel qu'il resplendit encore dans les actes du Concile de Trente à celui de Vatican I, l'esprit chrétien, catholique et apostolique du monde entier attend un bond en avant vers une pénétration doctrinale et une formation des consciences, toujours plus conforme à la fidélité de la doctrine authentique, qui doit être cependant étudiée et exposée à travers les formes de recherche et de formulation littéraire propres à la pensée moderne » (AAS 1962, p. 792). C'est pourquoi le Concile veut avoir le caractère d'un magistère surtout pastoral.

Et la pensée de ce but moral du Concile revient souvent dans son enseignement. Ainsi par exemple dans le décret pour l'oecuménisme, qui semblerait en soi éloigné de buts directement personnels et moraux, il est dit : « il n'y a pas de vrai oecuménisme sans conversion intérieure » (Unitatis Redintegratio, UR 7).

De même dans la constitution sur la liturgie on parle de conversion et de pénitence comme conditions pour s'approcher du Christ dans la célébration des saints mystères (SC 9). Cette symbiose entre doctrine et conduite morale se retrouve dans tout l'évangile. Le Seigneur est maître de vérité et de vie en même temps ; il nous a instruit par la parole et les exemples, il ne nous a pas laissé de livre, mais une forme d'existence nouvelle, transmise et réalisée par une communauté guidée par un magistère et par un ministère (l'un et l'autre authentiques continuateurs de sa mission rédemptrice) et consistant en une vie surnaturelle dans la grâce, c'est-à-dire dans l'esprit de Jésus.



Il ne suffit pas de savoir, il faut faire


C'est ainsi que, si nous voulons accueillir l'influx du Concile, nous devons nous demander quelle application nous voulons en faire. Il ne suffit pas de savoir, il faut faire. Il y a deux manières de comprendre cette application : la première, disons en extension, c'est-à-dire par des déductions doctrinales et canoniques, dont nous ne voulons pas parler maintenant, entre autres parce que cette voie, si elle n'est pas guidée par le magistère de l'Eglise, peut aller au-delà des enseignements et des intentions du Concile ; la seconde, en profondeur, c'est-à-dire par la voie de réformes intérieures dans nos âmes et dans la vie de l'Eglise, de manière que le Concile ait son efficacité rénovatrice, surtout dans la conception de notre appartenance au Christ et à l'Eglise, dans la participation à la vie ecclésiale, soit dans la prière, soit dans l'action, dans le recours à notre conscience et à l'usage responsable de notre liberté, dans l'engagement à une sanctification personnelle et à la diffusion de l'esprit et de l'appel chrétiens, dans l'effort pour nous rapprocher de nos Frères chrétiens séparés, dans l'affrontement du christianisme avec le monde moderne, pour en reconnaître les valeurs positives et les besoins auxquels nous pouvons répondre et enfin, pour tout résumer, dans l'amour accru pour la sainte Eglise, corps mystique du Christ et son continuateur historique et vital, pour qui il a versé son sang rédempteur.

Nous pouvons distinguer en divers domaines et sous diverses formes cette application du Concile, en commençant par faire nôtres avec une confiance filiale les réformes extérieures juridiques, qui en sont authentiquement dérivées : la réforme liturgique, pour commencer, sans hésitations critiques et sans altérations arbitraires ; de même les réformes structurales de la communauté ecclésiale. Ce serait déjà un grand résultat du Concile si nous donnions tous notre adhésion, prompte et exacte, à ces innovations externes, mais tellement liées à notre renouveau comme à celui de l'Eglise. Voilà l'application canonique.


Application spirituelle...


Une autre application est l'application spirituelle. Le volume des Constitutions et des Décrets du Concile peut servir de livre de lecture spirituelle, de méditation. Il s'y trouve de très belles pages, de sagesse très dense, d'expérience historique et humaine, qui méritent cette réflexion capable de se transformer en nourriture pour l'âme. La Parole de Dieu y est tellement présente et tellement liée aux besoins humains de notre âge qu'elle nous invite tous à son école. Nous ne devrions pas perdre une pareille leçon, mais elle devrait éduquer les chrétiens d'aujourd'hui à la vocation du silence qui écoute, du coeur qui permet à la vérité du Seigneur de devenir esprit et vie dans notre existence. Même la forme, simple, claire, autorisée, de l'enseignement conciliaire est par elle-même une formation à l'esprit évangélique, au style pastoral, à l'imitation du Seigneur, qu'il propose comme modèle : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur » (Mt 11,29). C'est une application spirituelle.


... et théologique


Nous aurions une autre application, toujours dans la ligne morale, l'application théologique. L'action suit l'être ; et nous connaissons l'être par l'étude de la vérité. La vérité théologique préside à l'ordre moral. La conception de la vie, telle qu'elle nous est présentée dans le dessein du salut, exposé par la théologie du Concile, contient la loi supérieure que nous devons suivre. De la conception de ce que nous sommes comme chrétiens, naît l'obligation de ce que nous devons être pour correspondre à notre définition. De l'être dérive le devoir être, l'agir ; « faire la volonté du Père céleste », ce commandement de Jésus dont nous avons parlé, nous oblige aussi à l'expression religieuse, même si elle était sans contenu d'action conforme à la volonté divine. C'est pourquoi nous devons chercher les bases de la vie morale que le Concile, reflet de l'Evangile, nous expose, si nous voulons vous donner une application fidèle et heureuse du renouveau, de l'« aggiornamento ». Cet appel aux principes théologiques leur subordonne les préceptes de la vie morale, et les soumet à la critique, pour divers motifs ; ceux de la priorité : « il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Ac 5,29), d'où la valeur du martyre ; ceux de la suppression, comme il est advenu des prescriptions purement légales de la loi de Moïse, comme il résulte de l'enseignement de l'Eglise primitive et de S. Paul spécialement (cf. Ac 15 Ga 2,16) ; ou encore de la réforme possible de la loi civile, ou canonique, quand elle n'est pas l'expression de la loi naturelle, loi divine inscrite dans l'être humain (cf. Mt 5,17-20 Rm 2,14), restant toujours sauve l'obligation de l'obéissance aux règlements en vigueur dans la société civile (Rm 13,7) et dans la société ecclésiastique (He 13,17 Lc 16,10).

Le Seigneur n'a-t-il pas dit « la vérité vous libérera » ? (Jn 8,32 Ga 5,1). Oui. Mais cette vérité, libératrice des erreurs et des décisions arbitraires de l'ignorance et de l'arrogance humaines, lie ensuite en conscience et de manière plus forte, plus logique et plus responsable, la volonté qui la connaît et oblige l'homme à la loi de l'Esprit, c'est-à-dire de la grâce et de la charité, dont dérive l'engagement supérieur à l'union au Christ, à son imitation, à l'amour de Dieu et du prochain (Mt 22,39 Rm 13,9 Ga 5,14), à l'abnégation, au service du prochain, jusqu'à la sainteté.

La réflexion sur ce dessein de la vie morale authentique du chrétien nous est très recommandée par le Concile (LG 40 Optatam totius OT 16, etc.) ; elle sera un des meilleurs fruits du Concile, si nous la faisons nôtre. Elle ne sera pas brève, mais salutaire.

Avec notre Bénédiction Apostolique.


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L'Union Apostolique du Clergé

A vous qui êtes venus à Rome en congrès international et qui avez choisi la Ville éternelle pour vos assises dans l’intention de vous unir plus étroitement au Pape, en ce 50ème anniversaire de son Ordination sacerdotale, Nous voulons adresser un mot jailli du coeur.

Le prêtre d’aujourd’hui a droit à l’affection spéciale du Pape, à la première place, avec les évêques, successeurs des Apôtres. Devons-Nous répéter ici ce que Nous avons eu l’occasion de déclarer à plusieurs reprises ces derniers temps, notamment dans Notre Lettre au Cardinal Secrétaire d’Etat sur le célibat sacerdotal, à savoir toute l’admiration et la reconnaissance que Nous éprouvons en pensant à nos frères prêtres du monde entier, en suivant leur apostolat dans des conditions parfois héroïques de désintéressement, de pauvreté ou d’incompréhension? Vraiment, l’esprit du Christ éclate en eux: «Non veni ministrari sed ministrare» (Mt 20,28).

Le thème de votre réunion internationale est: «La physionomie spirituelle du prêtre dans les structures actuelles de l’Eglise». Voilà certes un sujet opportun en cette heure où un grand nombre de vos confrères s’inquiètent de leur «identité».

Qu’est-ce que le prêtre? N’est-il pas d’abord celui qui, sur appel d’en-haut, s’attache d’une manière totale et inconditionnelle à Jésus-Christ? Homme de l’autel et du mystère, par l’intermédiaire de qui la Rédemption du Christ opère efficacement dans le monde, il est aussi l’homme de la Parole de Dieu, «envoyé» par son Maître au monde concret des hommes pour y être témoin, docteur et pasteur. Ce deux fonctions en apparence sources de dualisme se fondent au service d’une seule et même oeuvre de salut, au coeur de l’Eglise, sacrement du salut.

Nous félicitons votre Union Apostolique pour avoir soutenu dans leur vocation tant de prêtres, avant la lettre du Concile Vatican II qui développe si nettement l’exigence de vie fraternelle qui s’attache à la mission sacerdotale (Cfr. Presbyterorum Ordinis PO 8).

Nous vous demandons d’être toujours plus attachés à la personne de Jésus-Christ, attachement alimenté avant tout à la source inépuisable de l’Eucharistie; d’être profondément liés à vos évêques, au-delà d’une adhésion juridique et disciplinaire, par une véritable communion spirituelle et vivante. Et de tout coeur Nous accordons à vos personnes, aux membres de l’Union Apostolique du Clergé et à tous ceux qui vous sont chers, Notre Bénédiction Apostolique.




Catéchèses Paul VI 20970