Angelus Benoit XVI 342


VISITE PASTORALE AU DIOCÈSE DE SAINT-MARIN-MONTEFELTRO



Stade de Serravalle - République de Saint-Marin

Dimanche 19 juin 2011



343 Chers frères et soeurs, alors que nous nous apprêtons à conclure cette célébration, l’heure du milieu du jour nous invite à nous adresser en prière à la Vierge Marie. Dans cette terre aussi, notre Très Sainte Mère est vénérée dans divers sanctuaires, antiques et modernes. C’est à Elle que je vous confie tous, ainsi que toute la population de Saint-Marin et de Montefeltro, de manière particulière les personnes qui souffrent dans leurs corps et dans leur esprit. J’adresse en ce moment une pensée reconnaissante particulière à tous ceux qui ont coopéré à la préparation et à l’organisation de ma visite. Merci de tout coeur!

Je suis heureux de rappeler qu’aujourd’hui, à Dax, en France, est proclamée bienheureuse soeur Marguerite Rutan, fille de la charité. Pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle, elle travailla avec un grand engagement à l’hôpital de Dax, mais, au cours des persécutions tragiques qui suivirent la Révolution, elle fut condamnée à mort pour sa foi catholique et pour sa fidélité à l’Eglise.

Je participe spirituellement à la joie des Filles de la Charité et de tous les fidèles qui, à Dax, prennent part à la béatification de soeur Marguerite Rutan, témoin lumineux de l’amour du Christ pour les pauvres.

Enfin, je désire rappeler que l’on célèbre demain la Journée mondiale du réfugié. En cette circonstance, on célèbre cette année le soixantième anniversaire de l’adoption de la Convention internationale qui protège ceux qui sont persécutés et obligés de fuir de leur propre pays. J’invite donc les autorités civiles et chaque personne de bonne volonté à garantir un accueil et de dignes conditions de vie aux réfugiés, dans l’attente qu’ils puissent revenir dans leur patrie librement et en sécurité.



Dimanche 26 juin 2011


Chers frères et soeurs!

Aujourd’hui, en Italie et dans d’autres pays, nous célébrons le Corpus Domini, la fête de l’Eucharistie, le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur qu’Il a institué lors de la dernière Cène et qui constitue le trésor le plus précieux de l’Eglise. L’Eucharistie est comme le coeur battant qui donne vie à tout le corps mystique de l’Eglise: un organisme social totalement fondé sur le lien spirituel mais concret avec le Christ. C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul: «Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique» (1Co 10,17). Sans l’Eucharistie, l’Eglise, tout simplement, n’existerait pas. C’est l’Eucharistie, en effet, qui fait d’une communauté humaine un mystère de communion, capable de porter Dieu au monde et le monde à Dieu. L’Esprit Saint, qui transforme le pain et le vin en Corps et Sang du Christ, transforme aussi tous ceux qui le reçoivent avec foi en membres du Corps du Christ, si bien que l’Eglise est réellement sacrement d’unité des hommes avec Dieu et entre eux.

Dans une culture toujours plus individualiste qui est celle dans laquelle nous sommes plongés dans les sociétés occidentales et qui tend à se répandre dans le monde entier, l’Eucharistie constitue une sorte d’«antidote» qui oeuvre dans les esprits et dans les coeurs des croyants et sème continuellement en eux la logique de la communion, du service, du partage, en somme la logique de l’Evangile. Les premiers chrétiens, à Jérusalem, étaient un signe évident de ce nouveau style de vie parce qu’ils vivaient en fraternité et mettaient leurs biens en commun, afin qu’aucun ne soit dans l’indigence (cf. Ac Ac 2,42-47). De quoi tout cela dérive-t-il? De l’Eucharistie, c’est-à-dire du Christ ressuscité, réellement présent au milieu de ses disciples et opérant avec la force de l’Esprit Saint. Dans les générations suivantes aussi, à travers les siècles, l’Eglise, malgré les limites et les erreurs humaines, a continué à être dans le monde une force de communion. Pensons en particulier aux périodes les plus difficiles, d’épreuve: qu’a signifié par exemple, pour les pays soumis à des régimes totalitaires, la possibilité de se retrouver à la messe dominicale! Comme le disaient les anciens martyrs d’Abitène: Sine Dominico non possumus sans le Dominicum, c’est-à-dire sans l’Eucharistie dominicale, nous ne pouvons pas vivre. Mais le vide produit par la fausse liberté peut aussi être dangereux, et alors la communion avec le Corps du Christ est un remède de l’intelligence et de la volonté pour retrouver le goût de la vérité et du bien commun.

Chers amis, invoquons la Vierge Marie que mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II a défini comme «Femme eucharistique» (Ecclesia de Eucharistia EE 53-58). A son école, que notre vie aussi devienne pleinement «eucharistique», ouverte à Dieu et aux autres, capable de transformer le mal en bien par la force de l’amour, tendue vers l’unité, la communion, la fraternité.

344 A l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs, j’ai aujourd’hui aussi la joie d’annoncer la proclamation de plusieurs nouveaux bienheureux. Hier à Lubeck, ont été béatifiés Johannes Prassek, Eduard Müller et Hermann Lange tués par les nazis en 1943 à Hambourg. Aujourd’hui à Milan, c’est au tour de Don Serafino Morazzone, prêtre exemplaire en Lombardie (Lecco) entre le XVIIIe et le XIX e siècle; du P. Clemente Vismara, missionnaire héroïque de l’Institut pontifical des missions étrangères (pime) en Birmanie et d’Enrichetta Alfieri, soeur de la charité, surnommée l’«ange» de la prison milanaise de San Vittore. Louons le Seigneur pour ces témoins lumineux de l’Evangile!

En ce dimanche qui précède la solennité des saints Pierre et Paul, l’Italie célèbre la Journée pour la charité du Pape. Je souhaite remercier vivement tous ceux qui, par leur prière et leurs dons, soutiennent mon ministère apostolique et de charité. Merci ! Que le Seigneur vous récompense !

Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les anciens élèves de l’Institut Saint-Dominique de Rome. En ce jour, de nombreux pays célèbrent la Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Nous avons toujours à redécouvrir le don inouï de son Fils que Dieu nous fait dans l’Eucharistie en participant chaque dimanche à la messe. Faisons une large place à l’adoration eucharistique ! « Le Seigneur est là, dans le sacrement de son amour, il nous attend jour et nuit », répétait le saint Curé d’Ars. Puisons à cette source d’amour et de pardon la force de conformer toujours plus notre vie à l’Evangile ! Tant de chrétiens aujourd’hui lui rendent témoignage jusqu’au don de leur vie. Que notre prière fraternelle les soutienne sans relâche !





SOLENNITÉ DES SAINTS APÔTRES PIERRE ET PAUL


Mercredi 29 juin 2011




Chers frères et soeurs!

Pardon pour ce long retard. La messe en l’honneur des saints Pierre et Paul a été longue et belle. Et nous avons aussi pensé à ce bel hymne de l’Eglise de Rome qui commence par «O Roma felix!». Aujourd’hui, pour la solennité des saints Pierre et Paul, patrons de cette ville, nous chantons aussi: «Toi qui fus empourprée, ô bienheureuse Rome, du sang très précieux de ces deux si grands princes, ce n’est plus ton renom mais ce sont leurs mérites qui te font dépasser toute beauté au monde». Comme le chantent les hymnes dans la tradition orientale, les deux grands apôtres sont les «ailes» de la connaissance de Dieu qui ont parcouru la terre jusqu’à ses limites et se sont élevés au ciel; ils sont aussi les «mains» de l’Evangile de la grâce, les «pieds» de la vérité de l’annonce, les «fleuves» de la sagesse, les «bras» de la croix (cf. mhn, t. 5, 1899, p. 385). Le témoignage d’amour et de fidélité des saints Pierre et Paul éclaire les pasteurs de l’Eglise pour conduire les hommes à la vérité, les formant à la foi dans le Christ. Saint Pierre, en particulier, représente l’unité du collège apostolique. Pour cette raison, durant la liturgie célébrée ce matin dans la basilique vaticane, j’ai imposé à 41 archevêques métropolitains le pallium, qui manifeste la communion avec l’Evêque de Rome dans la mission de mener le peuple de Dieu au salut. Saint Irénée, évêque de Lyon, écrit que toute Eglise, c’est-à-dire les fidèles qui sont partout, doit converger vers l’Eglise de Rome propter potentiorem principalitatem [pour sa principauté caractéristique] parce la tradition qui vient des apôtres a toujours été protégée en elle» (Adversus haereses, III, 3, 2); c’était au iie siècle.

C’est la foi professée par Pierre qui constitue le fondement de l’Eglise: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» — lit-on dans l’Evangile de Matthieu (16,16). Le primat de Pierre est une prédilection divine comme l’est aussi la vocation sacerdotale: «cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon père qui est dans les cieux» (Mt 16,17). C’est ce qui arrive à celui qui décide de répondre à l’appel de Dieu par la totalité de sa vie. Je le rappelle volontiers aujourd’hui où je fête mon 60e anniversaire d’ordination sacerdotale. Merci pour votre présence, pour vos prières! Je vous suis reconnaissant, je suis surtout reconnaissant au Seigneur pour son appel et pour le ministère qu’il m’a confié, et je remercie ceux qui, en cette circonstance, m’ont manifesté leur proximité et soutiennent ma mission par la prière qui monte incessamment vers Dieu (cf. Ac Ac 12,5) de chaque communauté ecclésiale, se traduisant en adoration au Christ Eucharistie pour accroître la force et la liberté d’annoncer l’Evangile.

En cette circonstance, je suis heureux de saluer cordialement la délégation du patriarcat oecuménique de Constantinople présente aujourd’hui à Rome, selon une habitude significative, pour vénérer les saints Pierre et Paul et partager avec moi le désir de l’unité des chrétiens voulue par le Seigneur. Invoquons avec confiance la Vierge Marie, Reine des Apôtres, afin que chaque baptisé devienne toujours plus une «pierre vivante» qui construise le Royaume de Dieu.

345 A l'issue de l'Angélus

Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les délégations venues à l’occasion de la remise du pallium. Chers amis, la solennité des saints apôtres Pierre et Paul nous invite à accueillir et à suivre le Christ pour être aujourd’hui les missionnaires de l’Evangile. Renouvelons notre désir d’être, là où nous sommes, des artisans résolus et persévérants de l’unité pour que le monde croie! Je vous bénis de grand coeur.



Dimanche 3 juillet 2011


Chers frères et soeurs,

Aujourd’hui, dans l’Evangile, le Seigneur Jésus nous rappelle ces paroles que nous connaissons bien, mais qui nous émeuvent toujours: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger» (Mt 11,28-30). Quand Jésus parcourait les routes de Galilée annonçant le Royaume de Dieu et guérissant de nombreux malades, il ressentait de la compassion pour les foules, parce qu’elles étaient fatiguées et épuisées, comme «des brebis sans berger» (cf. Mt Mt 9,35-36). Ce regard de Jésus semble se prolonger jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à notre monde. Aujourd’hui encore, il se pose sur tant de personnes oppressées par des conditions de vie difficiles mais aussi dépourvues de points de référence valides pour trouver un sens et un but à leur existence. Des multitudes épuisées se trouvent dans les pays les plus pauvres, éprouvées par l’indigence; et dans les pays les plus riches aussi, il y a tant d’hommes et de femmes insatisfaits, et même malades de dépression. Nous pensons aux nombreux réfugiés et déplacés, à ceux qui émigrent en mettant leur vie en danger. Le regard du Christ se pose sur toutes ces personnes, et même sur chacun de ces enfants de son Père qui est aux cieux et il répète: «Venez à moi, vous tous…».

Jésus promet de donner à tous le «repos» mais pose une condition: «Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi, car je suis doux et humble de coeur». Qu’est-ce que ce «joug» qui au lieu de peser soulage, et au lieu d’écraser soutient? Le «joug» du Christ, c’est la loi de l’amour, et son commandement, qu’il a laissé à ses disciples (cf. Jn Jn 13,34 Jn 15,12). Le vrai remède aux blessures de l’humanité — matérielles comme la faim et les injustices, ou psychologiques et morales, provoquées par un faux bien-être — est une règle de vie fondée sur l’amour fraternel, qui a sa source dans l’amour de Dieu. Pour cela, il faut abandonner le chemin de l’arrogance de la violence utilisée pour se procurer des positions de pouvoir toujours plus grand, pour s’assurer le succès à tout prix. A l’égard de l’environnement aussi, il faut renoncer au style agressif qui a dominé ces derniers siècles et adopter une «douceur» raisonnable. Mais surtout, dans les rapports humains, interpersonnels, sociaux, la règle du respect et de la non-violence, c’est-à-dire de la force de la vérité, contre tout abus de pouvoir, est celle qui peut assurer un avenir digne de l’homme.

Chers amis, nous avons célébré hier une mémoire liturgique particulière de la Très Sainte Vierge Marie, en louant Dieu pour son Coeur Immaculé. Que la Vierge nous aide à «apprendre» de Jésus la vraie humilité, à prendre avec décision son joug léger, pour faire l’expérience de la paix intérieure, et devenir à notre tour capables de consoler d’autres frères et soeurs qui avancent péniblement sur le chemin de la vie.

A l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs, je m’unis à la joie de l’Eglise en Roumanie, en particulier de la Communauté Satu Mare, où aujourd’hui est proclamé bienheureux János Scheffler, qui fut évêque de ce diocèse et mourut martyr en 1952. Que son témoignage soutienne toujours la foi de ceux qui le rappellent avec affection, ainsi que des nouvelles générations.

346 Chers pèlerins francophones, de façon providentielle, alors que pour beaucoup débutent les vacances, les textes de ce dimanche nous orientent vers le repos et la sérénité. Il ne s’agit pas de partir en repos pour partir, mais bien de vivre d’une façon nouvelle nos relations avec nos proches, avec Dieu, en prenant du temps pour cela. Jésus nous invite à venir à Lui, à nous confier à Lui. La foi en sa présence nous apporte la sérénité de celui qui se sait toujours aimé du Père. Faisons une large place à la lecture de la Parole de Dieu, particulièrement de l’Evangile que vous ne manquerez pas de mettre dans vos bagages de vacances ! Bon pèlerinage à tous !

Je souhaite à tous un bon dimanche et un bon mois de juillet. Au cours des prochains jours je quitterai le Vatican pour me rendre à Castel Gandolfo. C’est de là, si Dieu le veut, que je guiderai l’Angélus de dimanche prochain. Merci! Bon dimanche et bonne semaine à tous.
Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 10 juillet 2011

Chers frères et soeurs!

Je vous remercie d’être venus pour le rendez-vous de l’Angelus ici, à Castel Gandolfo, où je suis arrivé depuis quelques jours. Je saisis volontiers cette occasion d’adresser une salutation cordiale aussi à tous les habitants de cette chère petite ville, en leur souhaitant un bon été. Je salue en particulier notre évêque d’Albano.

Dans l’Evangile de ce dimanche (Mt 13,1-23), Jésus s’adresse à la foule avec la célèbre parabole du semeur. C’est une page en quelque sorte «autobiographique», parce qu’elle reflète l’expérience même de Jésus, de sa prédication: il s’identifie au semeur, qui sème la bonne semence de la Parole de Dieu, et il se rend compte des différents effets obtenus, selon le type d’accueil qui est réservé à cette annonce. Il y a ceux qui écoutent la Parole de façon superficielle mais ne l’accueillent pas; il y a ceux qui l’accueillent sur le moment, mais qui ne sont pas constants et perdent tout; il y a ceux qui se laissent dominer par les préoccupations et les séductions du monde; et il y a ceux qui écoutent de façon réceptive comme la bonne terre: là, la Parole porte du fruit en abondance.

Mais cet Evangile insiste aussi sur la «méthode» de la prédication de Jésus, c’est-à-dire justement sur l’utilisation des paraboles. «Pourquoi leur parles-tu en paraboles?» demandent les disciples (Mt 13,10). Et Jésus répond en faisant une distinction entre eux et la foule: aux disciples, c’est-à-dire à ceux qui se sont déjà décidés pour lui, il peut parler du Royaume de Dieu ouvertement, en revanche, aux autres, il doit l’annoncer en paraboles, justement pour stimuler leur décision, la conversion de leur coeur; en effet, les paraboles, du fait de leur nature, requièrent un effort d’interprétation, interpellent l’intelligence, mais aussi la liberté. Saint Jean Chrysostome écrit: «Jésus a prononcé ces paroles dans l’intention d’attirer à lui ses auditeurs et de les stimuler en leur assurant que s’ils s’adressent à lui, il les guérira» (Commentaire de l’Evangile de Mt 45,1-2). Au fond, la vraie «Parabole» de Dieu, c’est Jésus lui-même, sa personne qui, sous le signe de l’humanité, cache et en même temps révèle sa divinité. De cette façon, Dieu ne nous oblige pas à croire en lui, mais il nous attire à lui par la vérité et la bonté de son Fils incarné: l’amour, en effet, respecte toujours la liberté.

Chers amis, demain, nous célébrerons la fête de saint Benoît, abbé et patron de l’Europe. A la lumière de cet Evangile, regardons vers lui comme un maître de l’écoute de la Parole de Dieu, une écoute profonde et persévérante. Nous devons toujours apprendre du grand patriarche du monachisme occidental à donner à Dieu la place qui lui revient, la première place, en lui offrant, par la prière du matin et du soir, les activités quotidiennes.

Que la Vierge Marie nous aide à être, à son exemple, «la bonne terre» où la semence puisse porter beaucoup de fruit.

347 À l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

Nous célébrons aujourd’hui ce que l’on appelle le «dimanche de la mer», c’est-à-dire la Journée pour l’apostolat en milieu maritime. J’adresse une pensée particulière aux aumôniers et aux volontaires qui se consacrent au soin pastoral des marins, des pêcheurs et de leurs familles. J’assure de ma prière également les marins qui sont malheureusement retenus en otage à cause d’actes de piraterie. Je souhaite qu’ils soient traités avec respect et humanité, et je prie pour leurs familles, afin qu’elles soient fortes dans la prière et ne perdent pas l’espoir d’être bientôt réunies avec les personnes qui leur sont chères.

En ce temps de vacances, chers pèlerins francophones, et particulièrement les choristes de la Basilique Notre-Dame de Lausanne, je vous invite à refaire vos forces en vous émerveillant devant les splendeurs de la Création. Parents, apprenez à vos enfants à observer la nature, à la respecter et à la protéger comme un don magnifique qui nous fait pressentir la grandeur du Créateur ! En parlant en paraboles, Jésus a utilisé le langage de la nature pour expliquer à ses disciples les mystères du Royaume. Que les images qu’il emploie nous deviennent familières ! Retenons que la réalité divine est cachée dans notre vie quotidienne comme le grain enfoui dans la terre. Á nous de lui faire porter du fruit ! Bon dimanche à tous !

BENOÎT XVI

Palais Apostolique de Castel Gandolfo

Dimanche 17 juillet 2011


Chers frères et soeurs,

Les paraboles de l'Evangile sont de brefs récits que Jésus utilise pour annoncer les mystères du Royaume des cieux. En utilisant des images et des situations de la vie quotidienne, le Seigneur «veut nous indiquer le véritable fondement de toute chose. Il nous montre... le Dieu qui agit, qui entre dans notre vie et qui veut nous prendre par la main» (Jésus de Nazareth, première partie, 2007). Par ce genre de discours, le divin Maître nous invite à reconnaître d'abord le primat de Dieu le Père: là où Il est absent, il ne peut rien y avoir de bon. C'est une priorité décisive pour tout. Royaume des cieux signifie justement seigneurie de Dieu et cela veut dire que sa volonté doit être considérée comme le critère guidant notre vie.

Le thème contenu dans l'Evangile de ce dimanche est justement le Royaume des cieux. Le «ciel» ne doit pas être vu seulement dans le sens de la hauteur qui nous domine, car cet espace infini possède aussi la forme de l'intériorité de l'homme. Jésus compare le Royaume des cieux à un champ de blé, pour nous faire comprendre qu'en nous a été semé quelque chose de petit et de caché qui possède toutefois une force vitale irrépressible. En dépit de tous les obstacles, la graine se développera et le fruit mûrira. Ce fruit sera bon uniquement si la terre de la vie est cultivée selon la volonté de Dieu. C'est pour cela que dans la parabole du bon grain et de l'ivraie (Mt 13,24-30), Jésus nous avertit qu'après l'ensemencement fait par le maître, «pendant que les gens dormaient», «son ennemi» est intervenu et a semé l'ivraie. Cela signifie que nous devons être disposés à préserver la grâce reçue le jour de notre baptême, en continuant à nourrir notre foi dans le Seigneur qui empêche le mal de s'enraciner. En commentant cette parabole, saint Augustin fait observer que «au départ, beaucoup sont de l'ivraie puis ils deviennent du bon grain», et il ajoute: «s'ils n'étaient pas tolérés patiemment, quand ils sont mauvais, ils n'arriveraient pas à ce changement louable» (Quaest. septend. in Ev. sec. Mt 12,4, PL 35, 1371).

Chers amis, le Livre de la Sagesse — dont est tirée aujourd'hui la première lecture — souligne cette dimension de l'Etre divin et dit: «Il n'y a pas de Dieu en dehors de toi, Seigneur, toi qui prends soin de toute chose... Ta force est à l'origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te rend patient envers toute chose» (Sg 12,13 Sg 12,16); et le Psaume 85 le confirme: «Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent...» (Ps 85, v. 5). Par conséquent, si nous sommes enfants d'un Père aussi grand et bon, essayons de Lui ressembler! C'était le but que poursuivait Jésus avec sa prédication; il disait en effet à ceux qui l'écoutaient: «Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait» (Mt 5,48). Tournons-nous avec confiance vers Marie que nous avons invoquée hier sous le titre de Très Sainte Vierge du Mont Carmel, afin qu'elle nous aide à suivre fidèlement Jésus et à vivre ainsi en véritables enfants de Dieu.




APPEL

348 Chers amis, avant tout un appel.

C'est avec une grande préoccupation que je suis les nouvelles en provenance de la région de la Corne de l'Afrique et en particulier de la Somalie, frappée par une très grave sécheresse qui a été suivie, dans certaines zones, par de fortes pluies, qui sont en train de provoquer une catastrophe humanitaire. Un nombre incalculable de personnes est en train de fuir cette terrible famine à la recherche de nourriture et d'aide.

Je souhaite que la mobilisation internationale se renforce pour que l'on envoie au plus vite des secours à nos frères et soeurs déjà durement éprouvés, parmi lesquels se trouvent de nombreux enfants. J'espère que ces populations souffrantes pourront compter sur notre solidarité et sur le soutien concret de toutes les personnes de bonne volonté.

La sécheresse dans la Corne de l’Afrique est en train de provoquer une très grave urgence humanitaire. Le nombre de personnes touchées s’élève à environ dix millions et l’on compte par centaines de milliers les réfugiés qui risquent de mourir en raison du manque des biens de première nécessité. Les zones les plus frappées sont la Somalie et le nord du Kenya.

Le Pape a voulu envoyer un signe de sa proximité en faisant parvenir, par l’intermédiaire du Conseil pontifical Cor Unum, la somme de 50.000 euros à S.Exc. Mgr Giorgio Bertin, administrateur apostolique de Mogadiscio (Somalie), qui est directement engagé dans l’aide aux populations civiles.

A l'issue de l'Angélus :

Chers pèlerins francophones, le temps des vacances est certainement propice à un enrichissement culturel et spirituel. A travers les innombrables sites et monuments que vous visitez, puissiez-vous découvrir la beauté de ce patrimoine universel qui nous relie à nos racines! Soyez attentifs à vous laisser questionner par le bel idéal qui animait les bâtisseurs de cathédrales et d’abbayes, quand ils édifiaient ces signes éclatants de la présence de Dieu sur notre terre. Que cet idéal devienne le vôtre et que l’Esprit Saint, qui voit le fond des coeurs, vous inspire de prier dans ces lieux en rendant grâce et en intercédant pour l’humanité du troisième millénaire! Je vous bénis de grand coeur, particulièrement les familles ici présentes!
Palais apostolique de Castel Gandolfo

Dimanche 24 juillet 2011



Chers frères et soeurs!

349 Aujourd’hui, dans la liturgie, la lecture de l’Ancien Testament nous présente la figure du roi Salomon, fils et successeur de David. Elle nous le présente au début de son règne, quand il était encore très jeune. Salomon hérita d’une charge très importante, et la responsabilité qui pesait sur ses épaules était très grande pour un jeune souverain. En premier lieu, il offrit à Dieu un sacrifice solennel – «mille holocaustes», dit la Bible. Alors le Seigneur lui apparut dans une vision nocturne et promit de lui donner ce qu’il aurait demandé dans la prière. C’est là que l’on vit la grandeur d’âme de Salomon: il ne demanda pas une longue vie, ni richesses, ni l’élimination de ses ennemis; il dit au contraire au Seigneur: «Donne à ton serviteur un coeur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal» (1R 3,9). Et le Seigneur l’exauça, si bien que Salomon devint célèbre dans le monde entier pour sa sagesse et ses jugements droits.

Il pria donc Dieu de lui donner «un coeur docile». Que signifie cette expression? Nous savons que le «coeur» dans la Bible n’indique pas seulement une partie du corps mais le centre de la personne, le siège de ses intentions et de ses jugements. Nous pourrions dire: la conscience. Un «coeur docile» signifie donc une conscience qui sait écouter, qui est sensible à la voix de la vérité, et qui est donc capable de discerner le bien du mal. Dans le cas de Salomon, la demande est motivée par la responsabilité de guider une nation, Israël, le peuple que Dieu a choisi pour manifester au monde son dessein de salut. Par conséquent, le roi d’Israël doit chercher à être toujours en harmonie avec Dieu, à l’écoute de sa Parole, pour guider le peuple sur les chemins du Seigneur, le chemin de la justice et de la paix. Mais l’exemple de Salomon vaut pour tout homme. Chacun de nous a une conscience pour être en quelque sorte «roi», c’est-à-dire pour exercer la grande dignité humaine d’agir selon une conscience droite en oeuvrant pour le bien et en évitant le mal. La conscience morale présuppose la capacité d’écouter la voix de la vérité, d’être dociles à ses indications. Les personnes appelées au devoir de gouverner ont naturellement une responsabilité supplémentaire, et ont donc — comme l’enseigne Salomon — encore plus besoin de l’aide de Dieu. Mais chacun a sa propre tâche à accomplir, dans la situation concrète où il se trouve. Une mentalité trompeuse nous suggère de demander à Dieu des choses ou des traitements de faveur; en réalité, la vraie qualité de notre vie et de la vie sociale dépend de la conscience droite de chacun, de la capacité de chacun et de tous à reconnaître le bien en le séparant du mal et de chercher patiemment à le mettre en oeuvre et contribuer ainsi à la justice et à la paix.

Demandons pour cela l’aide de la Vierge Marie, trône de la sagesse. Son «coeur» est parfaitement «docile» à la volonté du Seigneur. Tout en étant une personne humble et simple, Marie est une reine aux yeux de Dieu, et nous la vénérons comme telle. Que la Vierge Marie nous aide à nous former, nous aussi, avec la grâce de Dieu, une conscience toujours ouverte à la vérité et sensible à la justice pour servir le Royaume de Dieu.

A l'issue de l'Angélus

Chers frères et soeurs,

Malheureusement, nous parviennent encore une fois des nouvelles de mort et de violence. Nous éprouvons tous une douleur profonde pour les graves actes terroristes qui ont eu lieu vendredi dernier en Norvège. Prions pour les victimes, pour les blessés et pour leurs proches. Je voudrais encore répéter à tous cet appel pressant à abandonner pour toujours le chemin de la haine et à fuir les logiques du mal.
***


Je salue en particulier les fidèles réunis aux Combes, qui ont participé à la Messe présidée par le cardinal Tarcisio Bertone, mon secrétaire d’Etat, présent malgré le deuil familial qui le frappe. Je salue et remercie l’évêque d’Aoste, le recteur majeur des salésiens, ainsi que les autorités civiles et militaires de la région, les bienfaiteurs qui ont contribué à restructurer l’accueillante résidence. Je me rappelle avec une affection particulière du temps que j’ai passé dans ce lieu merveilleux, imprégné de l’amour de Dieu Créateur et sanctifié par la présence du bienheureux Jean-Paul II. J’adresse aux jeunes de la paroisse du bienheureux Giorgio Frassati de Turin et à toutes les personnes en villégiature un été serein.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, ici à Castel Gandolfo, et tout spécialement les membres du camp international des Scouts de la région de Cluses. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus compare le Royaume de Dieu à un trésor caché dans un champ. Comment le découvrir et l’acquérir ? Nous sommes invités à profiter de ce temps des vacances pour rechercher Dieu et lui demander de nous libérer tout ce qui nous encombre inutilement. Demandons donc au Seigneur un coeur intelligent et sage qui saura le trouver. Que l’exemple de la Vierge Marie, nous aide ! Bon dimanche à tous et bonnes vacances !
Palais apostolique de Castel Gandolfo

Dimanche 31 juillet 2011



350 Chers frères et soeurs!

L’Evangile de ce dimanche décrit le miracle de la multiplication des pains, que Jésus accomplit pour une multitude de personnes qui l’ont suivi pour l’écouter et être guéris de diverses maladies (cf. Mt
Mt 14,14). A la tombée du jour, les disciples suggèrent à Jésus de renvoyer la foule, afin qu’elle puisse se restaurer. Mais le Seigneur a une autre idée en tête: «Donnez-leur vous-mêmes à manger» (Mt 14,16). Mais ils n’ont rien d’autre «que cinq pains et deux poissons». Jésus accomplit alors un geste qui fait penser au sacrement de l’Eucharistie: Il «leva les yeux au ciel, bénit, puis, rompant les pains, il les donna aux disciples, qui les donnèrent aux foules» (Mt 14,19). Le miracle consiste dans le partage fraternel de quelques pains qui, confiés à la puissance de Dieu, non seulement suffisent pour tous, mais dont le nombre excède même, au point de remplir douze paniers. Le Seigneur sollicite les disciples afin que ce soit eux qui distribuent le pain pour la multitude; de cette façon, il les instruit et les prépare à la future mission apostolique: ils devront en effet apporter à tous la nourriture de la Parole de vie et du Sacrement.

Dans ce signe prodigieux se mêlent l’incarnation de Dieu et l’oeuvre de la rédemption. En effet, Jésus «descend» de la barque pour rencontrer les hommes (cf. Mt Mt 14,14). Saint Maxime le Confesseur affirme que le Verbe de Dieu «daigna, par amour pour nous, se faire présent dans la chair, dérivée de nous et conforme à nous, sauf dans le péché, et nous exposer l'enseignement avec des paroles et des exemples adaptés à nous» (Ambiguum 33: C). Le Seigneur nous offre ici un exemple éloquent de sa compassion pour les personnes. Il nous vient à l’esprit les nombreux frères et soeurs qui ces jours-ci, dans la Corne de l'Afrique, subissent les conséquences dramatiques de la famine, aggravées par la guerre et par le manque d'institutions solides. Le Christ est attentif aux besoins matériels, mais il veut donner plus, parce que l'homme a toujours «faim de quelque chose de plus, il a besoin de quelque chose de plus» (Jésus de Nazareth, Paris, 2007). Dans le pain du Christ est présent l'amour de Dieu; dans la rencontre avec Lui, «nous nous nourrissons, pour ainsi dire, du Dieu vivant lui-même, nous mangeons véritablement “le pain du ciel”» (ibid.).

Chers amis, «dans l'Eucharistie, Jésus fait de nous des témoins de la compassion de Dieu pour chacun de nos frères et soeurs. Autour du mystère eucharistique naît ainsi le service de la charité vis-à-vis du prochain» (Exhort. apost. post-syn. Sacramentum caritatis, n. 88) C’est ce dont témoigne également saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, dont l'Eglise fait mémoire aujourd'hui. Ignace choisit, en effet, de vivre «en recherchant Dieu en toutes choses, en L'aimant dans toutes les créatures» (cf. Constitutions de la Compagnie de Jésus, III, 1, 26). Confions notre prière à la Vierge Marie, afin qu'elle ouvre nos coeurs à la compassion à l’égard du prochain et au partage fraternel.

A l'issue de l'Angélus

La prière de cet Angelus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones présents ainsi que les personnes qui nous rejoignent par la radio ou la télévision. La Parole de Dieu nous rappelle combien l’eau et le pain sont nécessaires à chaque être humain. Jésus nous renvoie à notre propre responsabilité: celle de faire ce qui est en notre pouvoir pour venir en aide à ceux qui souffrent de la faim et de la soif. La tâche est immense. En ce temps des vacances, n’oublions pas les autres et n’ayons pas peur d’ouvrir nos mains et nos coeurs pour venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin. Que l’amour de la Vierge Marie vous accompagne. Dieu vous bénisse!

Angelus Benoit XVI 342