Discours 2005-2013 134

134 Votre expérience de diplomates ne peut pas ne pas confirmer que, même dans les relations internationales, la recherche de la vérité réussit à faire apparaître les diversités jusque dans leurs plus subtiles nuances, et les exigences qui s’ensuivent, et pour cela même aussi les limites à respecter et à ne pas dépasser, pour la protection de tous les intérêts légitimes des parties. Cette même recherche de la vérité vous porte également à affirmer avec force ce que tous ont en commun, qui appartient à la nature même des personnes, de tout peuple et de toute culture, et qui doit être pareillement respecté. Quand ces aspects, distincts et complémentaires – la diversité et l’égalité –, sont connus et reconnus, alors les problèmes peuvent se résoudre et les dissensions s’apaiser selon la justice; des ententes profondes et durables sont possibles. Tandis que, lorsque l’un de ces aspects est méconnu ou que l’on n’en tient pas compte, c’est alors que se font jour l’incompréhension, le conflit, la tentation de la violence et des abus de pouvoir.

Avec une évidence presque exemplaire, ces considérations me semblent applicables en ce point névralgique de la scène mondiale que reste la Terre Sainte. L’État d’Israël doit pouvoir y exister pacifiquement, conformément aux normes du droit international; le Peuple palestinien doit également pouvoir y développer sereinement ses institutions démocratiques pour un avenir libre et prospère.

De telles considérations peuvent s’appliquer de manière plus large dans le contexte mondial actuel, où l’on parle non sans raison du danger d’un choc des civilisations. Ce danger est rendu plus aigu par le terrorisme organisé, qui s’étend désormais au niveau planétaire. Les causes en sont nombreuses et complexes, les causes idéologiques et politiques, mêlées à des conceptions religieuses aberrantes, n’en sont pas les moindres. Le terrorisme n’hésite pas à frapper des personnes innocentes, sans aucune distinction, ou à mettre à exécution des chantages inhumains, suscitant la panique de populations entières, dans le but de contraindre les responsables politiques à satisfaire les desseins des terroristes eux-mêmes. Aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle, qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu.

L’engagement pour la vérité de la part des diplomaties, tant au niveau bilatéral que multilatéral, peut apporter une contribution essentielle, car les diversités indéniables qui caractérisent des peuples de différentes parties du monde et leurs cultures peuvent se rassembler non seulement dans une coexistence tolérante, mais dans un projet d’humanité plus haut et plus riche. Au cours des siècles passés, les échanges culturels entre judaïsme et hellénisme, entre monde romain, monde germanique et monde slave, de même qu’entre monde arabe et monde européen, ont fécondé la culture et favorisé les sciences et les civilisations. Il devrait en être de nouveau ainsi aujourd’hui – et dans une mesure plus grande encore! –, les possibilités d’échange et de compréhension réciproque étant de fait beaucoup plus favorables. C’est pourquoi il faut avant tout souhaiter aujourd’hui que soit supprimé tout obstacle à l’accès à l’information par la presse et par les moyens informatiques modernes, et que s’intensifient en outre les échanges entre enseignants et étudiants des disciplines humanistes des universités des diverses régions culturelles.

Le deuxième énoncé que je voudrais proposer est le suivant: l’engagement pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la liberté. La grandeur singulière de l’être humain a sa racine ultime en ceci: l’homme peut connaître la vérité. Et l’homme veut la connaître. Mais la vérité peut seulement être atteinte dans la liberté. Cela vaut pour toutes les vérités, comme il ressort de l’histoire des sciences; mais cela est vrai de manière éminente pour les vérités dans lesquelles est en jeu l’homme lui-même en tant que tel, les vérités de l’esprit: celles qui concernent le bien et le mal, les grandes finalités et perspectives de vie, la relation à Dieu. Car on ne peut les atteindre sans qu’en découlent de profondes conséquences pour la conduite de sa propre vie. Et une fois librement faites siennes, ces vérités ont ensuite besoin d’espaces de liberté pour pouvoir être vécues dans toutes les dimensions de la vie humaine.

C’est ici que s’insèrent naturellement l’activité de tous les États, de même que l’activité diplomatique entre les États. Dans les développements actuels du droit international, on perçoit avec une sensibilité croissante qu’aucun Gouvernement ne peut se dispenser du devoir de garantir à ses citoyens des conditions de liberté appropriées, sans compromettre, même pour cela, sa crédibilité comme interlocuteur dans les questions internationales. Et cela est juste: car dans la sauvegarde des droits inhérents à la personne en tant que telle, internationalement garantis, on ne peut pas ne pas évaluer de manière prioritaire l’espace donné aux droits à la liberté à l’intérieur de chaque État, aussi bien dans la vie publique que privée, tant dans les relations économiques que politiques, tant dans les relations culturelles que religieuses.

À ce sujet, vous savez bien, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, que l’activité de la diplomatie du Saint-Siège est, par nature, tournée vers la promotion, dans les différents domaines où la liberté doit se réaliser, de l’aspect de la liberté de religion. Malheureusement, dans certains États, même parmi ceux qui peuvent aussi se vanter de traditions culturelles multiséculaires, cette liberté, loin d’être garantie, est même gravement violée, en particulier en ce qui concerne les minorités. À ce propos, je voudrais simplement rappeler ce qui a été établi clairement dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Les droits fondamentaux de l’homme sont les mêmes sous toutes les latitudes; et, parmi eux, une place de premier plan doit être reconnue au droit à la liberté de religion, parce qu’il concerne le rapport humain le plus important, le rapport à Dieu. À tous les responsables de la vie des Nations, je voudrais dire: si vous ne craignez pas la vérité, vous ne devez pas craindre la liberté. Le Saint-Siège, qui demande partout pour l’Église catholique des conditions de vraie liberté, le demande pareillement pour tous.

Je voudrais en venir à un troisième énoncé: l’engagement pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation. À la connexion indispensable entre l’engagement pour la vérité et la paix, on soulève une objection: les convictions différentes sur la vérité donnent lieu à des tensions, à des incompréhensions, à des débats, d’autant plus forts que les convictions elles-mêmes sont plus profondes. Au long de l’histoire, elles ont donné lieu à de violentes oppositions, à des conflits sociaux et politiques, et même à des guerres de religion. Cela est vrai, et l’on ne peut le nier; mais cela a toujours eu lieu en raison d’une série de causes concomitantes, qui n’ont que peu ou rien à faire avec la vérité ni avec la religion, et toujours en fait parce qu’on veut tirer profit de moyens en réalité inconciliables avec le pur engagement pour la vérité, ni avec le respect de la liberté demandée par la vérité. Et en ce qui la concerne de manière spécifique, l’Église catholique condamne les graves erreurs accomplies dans le passé, tant de la part d’une partie de ses membres que de ses institutions; et elle n’a pas hésité à demander pardon. L’engagement pour la vérité l’exige.

La demande de pardon et le don du pardon, qui est dû également – parce qu’est valable pour tous l’avertissement de Notre Seigneur: «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter la pierre» (cf.
Jn 8,7) – sont des éléments indispensables pour la paix. La mémoire en demeure purifiée, le coeur rasséréné, et le regard sur ce que la vérité exige pour développer des pensées de paix devient limpide. Je ne peux pas ne pas rappeler les paroles éclairantes de Jean-Paul II: «Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon» (Message pour la Journée mondiale pour la Paix, 1er janvier 2002). Avec humilité et un grand amour, je le répète aux responsables des Nations, en particulier de celles où les blessures physiques et morales des conflits sont les plus brûlantes, et où le besoin de la paix est le plus impérieux. Ma pensée se tourne spontanément vers la terre où est né Jésus Christ, le Prince de la Paix, qui a eu pour tous des paroles de paix et de pardon; elle se tourne vers le Liban, dont la population doit retrouver, avec aussi le soutien de la solidarité internationale, sa vocation historique en faveur de la collaboration sincère et fructueuse entre les communautés de foi différente; elle se tourne vers tout le Moyen Orient, en particulier vers l’Iraq, berceau de grandes civilisations, endeuillé quotidiennement au cours de ces années par des actes terroristes sanglants. Elle se tourne vers l’Afrique, et surtout vers les pays de la région des Grands Lacs, où se ressentent encore les tragiques conséquences des guerres fratricides des années passées; elle se tourne vers les populations sans défense du Darfour, touchées par une férocité abominable, avec des répercussions internationales dangereuses; elle se tourne vers tant d’autres terres, dans diverses parties du monde, qui sont le théâtre de conflits sanglants.

Parmi les grandes tâches de la diplomatie, il faut assurément entendre celle de faire comprendre à toutes les parties en conflit que, si elles aiment la vérité, elles ne peuvent pas ne pas reconnaître leurs erreurs – et non seulement celles des autres –, ni refuser de s’ouvrir au pardon, demandé et accordé. L’engagement pour la vérité – qui leur tient certainement à coeur – les convoque à la paix, à travers le pardon. Le sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la paix. Devant cette exigence fondamentale de l’humanité, puisse la Commission de consolidation de la paix, récemment créée par l’ONU, y répondre efficacement grâce à la coopération pleine de bonne volonté de la part de tous.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je voudrais vous présenter un dernier énoncé: l’engagement pour la paix ouvre à des espérances nouvelles. C’est presque la conclusion logique de ce que j’ai cherché à illustrer jusqu’à présent. Car l’homme est capable de vérité ! Il l’est sur les grands problèmes de l’être, comme sur les grands problèmes de l’agir: dans la sphère individuelle et dans les relations sociales, au niveau d’un peuple comme de l’humanité entière. La paix, vers laquelle son engagement peut et doit le porter, n’est pas seulement le silence des armes; bien plus, elle est une paix qui favorise la formation de nouveaux dynamismes dans les relations internationales, dynamismes qui, à leur tour, se transforment en facteurs de maintien de la paix elle-même. Et ils ne sont tels que s’ils répondent à la vérité de l’homme et de sa dignité. Et c’est pourquoi on ne peut parler de paix là où l’homme n’a même pas l’indispensable pour vivre dans la dignité. Je pense ici aux foules innombrables de gens qui souffrent de la faim. Elle n’est pas une paix, la leur, même si ces populations ne sont pas en guerre: de la guerre, elles sont même des victimes innocentes. Viennent aussi spontanément à l’esprit les images bouleversantes des grands camps de personnes déplacées ou de réfugiés – en diverses parties du monde –, rassemblés dans des conditions précaires pour échapper à des conditions pires encore, mais ayant besoin de tout. Ces êtres humains ne sont-ils pas nos frères et nos soeurs ? Leurs enfants ne sont-ils pas venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Ma pensée se tourne aussi vers tous ceux que des conditions de vie indignes poussent à émigrer loin de leur pays et de leurs proches, dans l’espoir d’une vie plus humaine. Nous ne pouvons pas oublier la plaie du trafic de personnes, qui reste une honte pour notre temps.

135 Face à ces «urgences humanitaires», de même qu’à d’autres problèmes dramatiques de l’homme, de nombreuses personnes de bonne volonté, diverses institutions internationales et des organisations non gouvernementales ne sont pas restées inactives. Mais on demande un effort accru de toutes les diplomaties pour repérer avec vérité et pour dépasser, avec courage et générosité, les obstacles qui s’opposent encore à des solutions efficaces et dignes de l’homme. Et la vérité veut qu’aucun des États prospères ne se soustraie à ses responsabilités et à son devoir d’aide, puisant avec une plus grande générosité dans ses propres ressources. Sur la base des données statistiques disponibles, on peut affirmer que moins de la moitié des immenses sommes globalement destinées aux armements serait plus que suffisante pour que l’immense armée des pauvres soit tirée de l’indigence, et cela de manière stable. La conscience humaine en est interpellée. Pour les populations qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, plus en raison de situations qui dépendent des relations internationales politiques, commerciales et culturelle qu’en raison de circonstances incontrôlées, notre engagement commun dans la vérité peut et doit donner de nouvelles espérances.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Dans la naissance du Christ, l’Église voit se réaliser la prophétie du psalmiste: «Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent; la vérité germera de la terre, et du ciel se penchera la justice» (
Ps 84 [85], 11-12). Dans son commentaire de ces paroles inspirées, le grand saint Augustin, Père de l’Église, se faisant l’interprète de la foi de toute l’Église, s’écrie: «La Vérité a germé de la terre: le Christ, qui a dit: Je suis la Vérité, est né de la Vierge» (Sermon pour Noël, n. 185).

C’est de cette vérité que l’Église vit toujours; et c’est de cette vérité qu’elle est illuminée et qu’elle se réjouit tout particulièrement en ce moment de son année liturgique. Et, à la lumière de cette vérité, mes paroles veulent être, devant vous et pour vous qui représentez la majeure partie des nations du monde, en même temps un témoignage et un souhait: dans la vérité la paix !

Dans cet esprit, je vous adresse à tous mes souhaits les plus cordiaux de bonne année.


AUX ADMINISTRATEURS DE LA RÉGION DU LATIUM DE LA VILLE ET DE LA PROVINCE DE ROME Salle Clémentine Jeudi 12 janvier 2006



Mesdames et Messieurs!

Je suis heureux de vous recevoir pour le traditionnel échange de voeux au début de cette nouvelle année, qui est également la première de mon ministère d'Evêque de Rome et de Pasteur universel de l'Eglise. Cela constitue en effet une occasion propice de confirmer et de renforcer ces liens, mûrs et consolidés à travers deux millénaires d'histoire, qui lient le Successeur de Pierre et la ville de Rome, sa province et la région du Latium. Je présente mes salutations cordiales et respectueuses au Président de l'Assemblée régionale du Latium, M. Pietro Marrazzo, au Maire de Rome, M. Walter Veltroni, et au Président de la Province de Rome, M. Enrico Gasbarra, en les remerciant des paroles courtoises qu'ils m'ont adressées, également au nom des collectivités locales qu'ils dirigent. Avec eux, je salue les Présidents de chacune des Assemblées et vous tous ici réunis.

Je ressens tout d'abord le besoin d'adresser, à travers vous, l'expression de mon affection et de ma sollicitude pastorale à tous les citoyens et les habitants de Rome et du Latium. Je le fais en reprenant les paroles prononcées par mon vénéré Prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, à l'occasion de sa visite au Capitole, le 15 janvier 1998: "Rome, le Seigneur t'a confié la tâche d'être dans le monde "prima inter Urbes", un phare de civilisation et de foi. Sois à la hauteur de ton glorieux passé, de l'Evangile qui t'a été annoncé, des martyrs et des saints qui ont glorifié ton nom. Rome, ouvre les richesses de ton coeur et de ton histoire millénaire au Christ! N'aie pas peur, Il n'humilie pas ta liberté et ta grandeur. Il t'aime et souhaite te rendre digne de ta vocation civile et religieuse, afin que tu continues à distribuer tes trésors de foi, de culture et d'humanité à tes fils et aux hommes de notre temps" (Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XXI/1, 1998, p. 119). Les populations de Rome et du Latium ont démontré avec une extraordinaire et touchante évidence, au cours des mois de la maladie et lors de la mort de Jean-Paul II, l'intensité de leur réponse d'amour à l'amour du Pape. Je souhaite, en la circonstance actuelle, vous manifester ma plus vive gratitude, éminentes Autorités, ainsi qu'aux Institutions que vous représentez, pour la grande contribution que vous avez su offrir dans l'accueil des millions de personnes venues à Rome du monde entier, pour rendre l'ultime salut au regretté Souverain Pontife, également ensuite à l'occasion de mon élection sur la Chaire de Pierre.

En vérité, Rome et le Latium, comme du reste toute l'Italie et l'humanité tout entière, ont vécu pendant ces journées une profonde expérience spirituelle, de foi et de prière, de fraternité et de redécouverte des biens qui rendent notre vie digne et riche de signification. Une telle expérience ne doit pas non plus demeurer privée de fruits dans le contexte de la communauté civile, de ses devoirs et de ses multiples responsabilités et relations. Je pense en particulier à ce terrain très sensible, et décisif pour la formation et le bonheur des personnes, comme pour l'avenir de la société, que représente la famille. Depuis trois ans désormais, le diocèse de Rome a placé la famille au centre de son engagement pastoral, pour l'aider à affronter les motifs de crise et de méfiance largement présents dans notre contexte culturel, en prenant une conscience plus claire et plus convaincue de sa nature et de ses devoirs. Comme je l'affirmais en effet le 6 juin dernier, en intervenant au Congrès que le diocèse a consacré à ces thématiques: "Mariage et famille ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l'homme et la femme plonge ses racines dans l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu'à partir de là". Et j'ajoutais ensuite: "Le mariage comme institution n'est donc pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, l'imposition d'une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie; il s'agit au contraire d'une exigence intrinsèque du pacte de l'amour conjugal". Il ne s'agit pas de normes particulières de la morale catholique, mais de vérités élémentaires qui concernent notre humanité commune: il est essentiel de les respecter pour le bien de la personne et de la société. Elles interpellent donc également les représentants publics et vos compétences en matière de réglementation, dans une double direction. D'un côté, il est plus que jamais opportun de prendre des mesures qui puissent apporter un soutien aux jeunes couples pour former une famille et à la famille elle-même pour procréer et éduquer ses enfants: à ce sujet, viennent immédiatement à l'esprit des problèmes tels que ceux du coût des logements, des crèches et des écoles maternelles pour les enfants les plus petits. D'un autre côté, c'est une grave erreur d'occulter la valeur et les fonctions de la famille légitime fondée sur le mariage, en attribuant aux autres formes d'union des reconnaissances juridiques impropres, qui ne reposent, en réalité, sur aucune exigence sociale effective.

136 Tout autant de zèle et d'énergie doivent être mis au service de la protection de la vie humaine naissante: il faut être attentif à ce que les femmes attendant un enfant qui se trouvent dans des conditions difficiles ne manquent pas d'aides concrètes et éviter d'introduire des médicaments qui cachent dans une certaine mesure la gravité de l'avortement, qui est un choix contraire à la vie. Dans une société qui vieillit, l'assistance aux personnes âgées et toutes les problématiques complexes concernant les soins de santé des citoyens prennent de plus en plus d'importance. Je souhaite vous encourager dans les efforts que vous accomplissez à cet égard et souligner que, dans le domaine médical, les développements scientifiques et technologiques permanents, ainsi que les efforts pour limiter les coûts, doivent être encouragés tout en demeurant bien fermes sur le principe supérieur de la place centrale de la personne du malade. Une attention particulière est requise par les nombreux cas de souffrance et de maladie psychique, également afin de ne pas abandonner sans aides appropriées les familles qui doivent souvent affronter des situations extrêmement difficiles. Je me réjouis du développement qu'ont connu ces dernières années les diverses formes de collaboration entre les Collectivités publiques de Rome, de la Province et de la Région et les organisations de bénévolat ecclésial, dans l'oeuvre visant à soulager les pauvretés anciennes et nouvelles qui affligent malheureusement une part importante de la population, et en particulier de nombreux immigrés.

Illustres autorités, je vous assure de ma proximité et de ma prière quotidienne, pour vous et pour l'exercice de vos hautes responsabilités. Que le Seigneur illumine vos intentions de bien et vous donne la force de les accomplir. Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à chacun de vous la Bénédiction apostolique, que j'étends volontiers à vos familles et à tous ceux qui vivent et qui travaillent à Rome, dans sa province et dans tout le Latium.


AUX MEMBRES DU CHEMIN NÉOCATÉCHUMÉNAL Aula Paul VI Jeudi 12 janvier 2006

Chers frères et soeurs!

Merci de tout coeur de votre visite, qui m'offre l'occasion d'adresser également un salut particulier aux autres membres du Chemin néocatéchuménal présents à travers le monde. J'adresse une pensée à chacune des personnes présentes, à commencer par les vénérés Cardinaux, Evêques et prêtres. Je salue les responsables du Chemin néocatéchuménal: Monsieur Kiko Argüello, que je remercie pour les paroles qu'il m'a adressées en votre nom, Madame Carmen Hernández et le Père Mario Pezzi. Je salue les séminaristes, les jeunes et en particulier les familles qui s'apprêtent à recevoir le "mandat" missionnaire spécial de se rendre dans différentes nations, en particulier en Amérique latine.

Il s'agit là d'une tâche qui vient s'inscrire dans le contexte de la nouvelle évangélisation, dans laquelle la famille joue justement un rôle plus que jamais important. Vous avez demandé que ce soit le Successeur de Pierre qui vous le remette, ainsi que cela advint déjà avec mon vénéré Prédécesseur Jean-Paul II le 12 décembre 1994, parce que votre action apostolique entend s'inscrire au coeur de l'Eglise, en totale harmonie avec ses directives et en communion avec les Eglises particulières où vous irez oeuvrer, en valorisant pleinement la richesse des charismes que le Seigneur a suscités à travers les initiateurs du Chemin. Chères familles, le crucifix que vous recevrez sera votre inséparable compagnon de route, tandis que vous proclamerez à travers votre action missionnaire qu'il n'y a de salut qu'en Jésus Christ, mort et ressuscité. Vous serez ses témoins doux et joyeux en parcourant dans la simplicité et la pauvreté les routes de tous les continents, soutenus par la prière incessante et l'écoute de la Parole de Dieu et nourris par la participation à la vie liturgique des Eglises particulières auxquelles vous êtes envoyées.

L'importance de la liturgie et, en particulier, de la Messe dans l'évangélisation a été à plusieurs reprises mise en évidence par mes Prédécesseurs, et votre longue expérience peut parfaitement confirmer que la place centrale du mystère du Christ célébré dans les rites liturgiques constitue une voie privilégiée et indispensable pour construire des communautés chrétiennes vivantes et persévérantes. C'est précisément pour aider le Chemin néocatéchuménal à rendre encore plus incisive son action évangélisatrice en communion avec tout le Peuple de Dieu que la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements vous a récemment remis en mon nom certaines normes concernant la Célébration eucharistique, après la période d'expérimentation qu'avait concédée le Serviteur de Dieu Jean-Paul II. Je suis certain que vous observerez attentivement ces normes, qui reprennent ce qui est prévu dans les livres liturgiques approuvés par l'Eglise. Grâce à l'adhésion fidèle à chaque directive de l'Eglise, vous rendrez encore plus efficace votre apostolat en harmonie et en pleine communion avec le Pape et les Pasteurs de chaque diocèse. Et ce faisant, le Seigneur continuera de vous bénir par d'abondants fruits pastoraux.

En effet, ces dernières années, vous avez pu réaliser de nombreuses choses, et de nombreuses vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont nées au sein de vos communautés. Aujourd'hui, toutefois, c'est plus particulièrement vers les familles que se tourne notre attention. Plus de 200 d'entre elles vont bientôt être envoyées en mission; ce sont des familles qui partent sans soutiens humains importants, mais en comptant avant tout sur l'assistance de la Providence divine. Chères familles, vous pouvez témoigner à travers votre histoire que le Seigneur n'abandonne pas ceux qui s'en remettent à Lui. Continuez à diffuser l'Evangile de la vie. Où que vous conduise votre mission, laissez-vous éclairer par la parole réconfortante de Jésus: "Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît" et encore: "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, demain s'inquiètera de lui-même" (Mt 6,33-34). Dans un monde qui cherche des certitudes humaines et des garanties terrestres, montrez que le Christ est le rocher solide sur lequel construire l'édifice de sa propre existence et que la confiance placée en lui n'est jamais vaine. Que la Sainte Famille de Nazareth vous protège et soit votre modèle. Je vous assure de ma prière ainsi que tous les membres du Chemin néocatéchuménal, tandis que je donne à chacun de vous la Bénédiction apostolique.


AUX "SEDIARI" PONTIFICAUX Salle du Consistoire Vendredi 13 janvier 2006



Chers amis,

137 Je suis heureux de vous accueillir et j'adresse à chacun de vous mon salut cordial, que j'étends à vos chères épouses, avec mes voeux de toutes sortes de biens pour l'année qui vient de commencer. J'ai l'occasion de vous voir presque quotidiennement dans l'accomplissement de mon ministère, en particulier lorsque je reçois des personnalités et des groupes. La rencontre d'aujourd'hui constitue cependant l'occasion propice de vous rencontrer tous ensemble, dans une atmosphère familiale, pour vous exprimer ma satisfaction et ma reconnaissance pour la contribution que vous apportez au bon déroulement des audiences et des célébrations pontificales. Zèle, courtoisie et discrétion sont les traits qui doivent vous caractériser dans votre travail, en manifestant concrètement votre amour pour l'Eglise et votre dévouement au Successeur de Pierre.

La charge de "Sediario" pontifical est une charge ancienne, qui a évolué au cours des siècles selon diverses modalités, liées aux usages et aux nécessités des temps, et qui s'est consolidée avec l'affirmation du rôle particulier de l'Eglise de Rome et de son Evêque. Comme le nom lui-même le rappelle, votre tâche est liée depuis toujours au Siège de Pierre. On retrouve en effet des traces du Collège des "Sediari" dès le XIV siècle. Ils furent chargés de différentes fonctions, sous la direction du Préfet des Sacrés Palais apostoliques ou du Majordome, des fonctions qui, bien que sous des formes différentes, perdurent encore largement aujourd'hui.

Chers amis, tout cela doit vous conduire à voir dans votre activité, au-delà de ses aspects transitoires et passagers, la valeur du lien avec le Siège de Pierre. Votre travail s'inscrit donc dans un contexte où tout doit parler à tous de l'Eglise du Christ, et doit le faire de manière cohérente, en imitant celui qui "n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (
Mc 10,45). C'est dans cette optique que doivent être envisagées les récentes réformes accomplies par mes vénérés Prédécesseurs, en particulier le Pape Paul VI, à qui revint la mise en oeuvre des nouvelles instances conciliaires. Le cérémonial a été simplifié, pour le ramener à une plus grande sobriété, davantage en harmonie avec le message chrétien et les exigences des temps.

Chers amis, mon souhait est que vous puissez toujours être, au Vatican comme chez vous, dans votre paroisse et dans chaque milieu, des personnes serviables et attentives à votre prochain. Il s'agit d'un enseignement précieux pour vos enfants et vos petits-enfants, qui apprendront à partir de votre exemple comment le fait d'être au service du Saint-Siège comporte tout d'abord une mentalité et un style de vie chrétiens. Dans l'atmosphère familiale de notre rencontre, je désire vous assurer d'une prière spéciale pour vos intentions et pour celles de vos proches, en invoquant sur tous la protection maternelle de la Très Sainte Vierge Marie et de saint Pierre. Que le Seigneur vous aide toujours à accomplir votre travail dans un esprit de foi et d'amour sincère pour l'Eglise. A vous tous ici présents, et à vos proches, je donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.


AUX DIRIGEANTS ET AUX PERSONNEL DE L’INSPECTORAT GÉNÉRAL DE LA SÉCURITÉ PUBLIQUE ITALIENNE AUPRÈS DU VATICAN Salle Clémentine Samedi 14 janvier 2006



Monsieur le Préfet,
Monsieur le Questeur,
Monsieur le Directeur,
Chers fonctionnaires et agents!

C'est une belle tradition, qui se renouvelle chaque année, que cette rencontre du Pape avec vous, chers amis, qui avec dévouement et professionnalisme êtes au service des pèlerins et êtes chargés de garantir la sécurité sur la Place Saint-Pierre et aux alentours du Vatican. En outre, nous avons ce matin l'occasion opportune d'échanger des voeux cordiaux et fervents au début de cette nouvelle année, que je vous souhaite à tous sereine et féconde. J'ai la joie de vous accueillir pour la première fois en tant que Successeur de l'Apôtre Pierre, même si par le passé j'avais presque quotidiennement l'occasion de vous rencontrer sur la Place ou aux alentours et j'ai toujours pu constater en personne combien est digne d'éloges votre travail difficile. C'est donc avec affection que je souhaite à chacun de vous une cordiale bienvenue et que je vous adresse mes salutations, que j'étends volontiers à vos familles respectives et à toutes les personnes qui vous sont chères. Je voudrais en particulier saluer votre Directeur général, M. Vincenzo Caso, qui est depuis quelques mois à la tête de l'Inspectorat, en le remerciant des paroles courtoises qu'il m'a adressées au nom des personnes présentes et de ceux qui font partie de votre communauté professionnelle particulière. Je voudrais également adresser un salut respectueux au Préfet, M. Salvatore Festa.

138 Vous êtes les gardiens de l'ordre et de la sécurité: une tâche qui exige une préparation technique et professionnelle associée à une grande patience, une vigilance constante, à la courtoisie et à l'esprit de sacrifice. Tous ceux qui travaillent dans les divers bureaux du Saint-Siège, les pèlerins et les touristes qui viennent rencontrer le Pape ou prier à Saint-Pierre savent qu'ils peuvent compter sur votre assistance discrète et efficace. Vous êtes pour eux de silencieux et attentifs "anges gardiens" qui veillent jour et nuit sur cette zone. Comment ne pas rappeler, par exemple, le grand effort déployé par votre Inspectorat et par la Police, avec le soutien des Forces armées italiennes et d'autres organismes, durant les jours difficiles de la maladie, de la mort et des funérailles du bien-aimé Pape Jean-Paul II? Vous avez été tout aussi efficaces à l'occasion de mon élection sur la Chaire de Pierre. Je profite de la rencontre d'aujourd'hui pour renouveler mes remerciements les plus sincères et ceux de mes collaborateurs à tous ceux qui, en ces circonstances historiques, ont offert leur contribution afin que tout se déroule dans l'ordre et la sérénité, et le monde entier a pu admirer l'efficacité de l'organisation mise en place.

Cela conduit à voir combien il est important de travailler toujours en harmonie et dans un esprit de sincère coopération de la part de tous. Les familles, les communautés, les différents groupes, les nations et le monde entier seraient meilleurs si, comme dans un corps sain et bien structuré, chaque membre accomplissait avec conscience et altruisme son devoir, aussi petit ou grand soit-il. Chers amis, ouvrons notre coeur au Christ et accueillons avec confiance son Evangile, précieuse règle de vie pour ceux qui sont à la recherche du sens véritable de l'existence humaine. Ayons recours à la Vierge Marie afin que, Mère attentive, elle protège chacun de vous, vos familles, votre travail et qu'elle veille sur l'Italie au cours de l'année 2006 qui vient de débuter. Avec ces sentiments, j'invoque sur vous et sur les personnes qui vous sont chères l'abondance des dons célestes, tout en vous donnant, de tout coeur, une Bénédiction apostolique particulière.



Discours 2005-2013 134