Discours 2005-2013 678

678 Monsieur l'ambassadeur, le peuple du Nigeria désire une démocratie vivante et vous avez mentionné certaines des priorités que votre pays a identifié comme des étapes nécessaires sur son chemin vers une croissance significative et un développement durable. Ils incluent la gouvernance démocratique et l'Etat de droit, la sécurité intérieure, et une administration efficace de la justice. Comme Votre Excellence le sait, la bonne gouvernance exigent que les élections soient clairement perçues comme libres, justes et transparentes. Elle dépend également de la sécurité intérieure, toujours fondée sur un idéal démocratique de respect des droits individuels et l'Etat de droit. Pour renforcer la construction de cet édifice de la démocratie, cela exige que les autorités publiques s'attaquent tout d'abord aux causes fondamentales du malaise social et, deuxièmement, de former le peuple aux vertus du respect et de la tolérance.

Je suis conscient que, par le passé, des heurts entre différents groupes ont été une source de préoccupation. Un conflit de ce genre peut souvent s'expliquer par une multitude de facteurs, y compris des erreurs d'administration, des injustices ponctuelles ou des tensions ethniques. A cet égard, je suis heureux de noter que ces dernières années les tensions semblent s'être atténuées. On peut y voir un véritable indicateur de progrès et un signe d'espoir pour l'avenir. Dans la promotion de la compréhension, de la réconciliation et de la bonne volonté entre les différents groupes, l'Eglise continue d'encourager l'esprit de communauté en travaillant à éradiquer les préjugés et en défendant l'ouverture à l'égard de tous. Elle s'attache tout particulièrement à promouvoir le dialogue interreligieux, dans l'espoir qu'une attitude de profonde solidarité entre les responsables religieux se traduira progressivement dans des expressions populaires d'acceptation pacifique, de compréhension mutuelle et de coopération dans toute la nation.

Une réalité préoccupante qu'on retrouve dans de nombreux pays aujourd'hui est celle de la violence criminelle. Homicide, enlèvement contre rançon et exploitation des femmes, des enfants et des travailleurs étrangers sont parmi les pires manifestations de cette pratique intolérable. L'insécurité, le stress et l'agressivité causés par la décomposition de la famille, le chômage, la pauvreté et le désespoir sont quelques-uns des facteurs sociaux et psychologiques qui expliquent ce phénomène. Une situation déjà fragile est aggravée par une une mentalité matérialiste envahissante et un recul du respect pour la personne humaine. Parfois, le sentiment de désespoir peut conduire les gens à rechercher de fausses solutions à leurs problèmes. Dans de telles circonstances, les jeunes doivent recevoir tous les encouragements possibles pour tenter d'améliorer leur situation à travers l'éducation, les activités extrascolaires, l'assistance aux autres dans le cadre du volontariat et, idéalement, des opportunités d'emploi. La corruption peut conduire au crime et à la violence, décourager l'entreprise et les investissements et miner la confiance dans les institution politiques, judiciaires et économiques de la nation. Le dynamisme dont le Nigeria a fait preuve dans la lutte contre la corruption et le crime et le renforcement de l'Etat de droit sont extrêmement importants et doivent être soutenus et mis en oeuvre avec équité et impartialité. Je prie pour que les hommes politiques et les travailleurs sociaux, les professionnels dans les domaines de l'économie, de la médecine et du droit, les officiers de police et les juges, et tous ceux qui sont impliqués dans la lutte contre le crime et la corruption travaillent ensemble avec diligence au service de la protection de la vie et des biens, soutenus par la coopération loyale de tous les citoyens. L'Eglise ne manquera pas d'apporter sa contribution spécifique en offrant une éducation intégrale basée sur l'honnêteté, l'intégrité et l'amour de Dieu et du prochain. Elle s'efforce de créer des opportunités pour les jeunes en difficulté, en leur rappelant toujours que "tout agir sérieux et droit de l'homme est espérance en acte" (Spe salvi ).

Monsieur l'ambassadeur, je vous souhaite le succès dans votre mission et je vous assure de la disponibilité des bureaux de la Curie romaine. Je me souviens avec gratitude de l'accueil chaleureux de mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, lors des deux occasions où il visita le Nigeria. Je prie pour que le fervent souvenir de ce messager de paix continue d'unir et d'inspirer le peuple nigérian. Puisse Dieu tout-puissant répandre sur Votre Excellence, votre famille et la nation que vous représentez d'abondantes et durables Bénédictions de bien-être et de paix!


AUX NOUVEAUX AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Jeudi 29 mai 2008

Excellences,

Je suis heureux de vous accueillir au moment de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs: la Tanzanie, l’Ouganda, le Libéria, le Tchad, le Bangladesh, la Biélorussie, la République de Guinée, le Sri Lanka et le Nigeria. Je vous remercie des paroles courtoises dont vous vous êtes faits les interprètes au nom de vos Chefs d’État. Je vous saurais gré de leur exprimer en retour mes salutations déférentes et mes souhaits les meilleurs pour leurs personnes et pour la haute mission qu’ils accomplissent au service de leur nation. Mes salutations s’adressent aussi à toutes les Autorités civiles et religieuses de vos pays, ainsi qu’à tous vos compatriotes. Votre présence aujourd’hui me donne également l’occasion d’exprimer aux communautés catholiques présentes dans vos pays mes pensées affectueuses et de les assurer de mes prières, pour qu’elles continuent avec fidélité et dévouement à témoigner du Christ, par l’annonce de l’Évangile et par leurs multiples engagements au service de tous leurs frères en humanité.

Dans le monde actuel, les responsables des Nations ont un rôle important, non seulement dans leur propre pays, mais dans les relations internationales, pour que toute personne, là où elle vit, puisse bénéficier de conditions d’existence décentes. Pour cela, la mesure primordiale en matière politique est la recherche de la justice, afin que soit toujours respectés la dignité et les droits de tout être humain, et que tous les habitants d’un pays puissent avoir part à la richesse nationale. Il en va de même sur le plan international. Mais, dans tous les cas, la communauté humaine est aussi appelée à aller au-delà de la simple justice, manifestant sa solidarité envers les peuples les plus pauvres, dans le souci d’un meilleur partage des richesses, permettant notamment aux pays qui ont des biens dans leur sol ou dans leur sous-sol d’en bénéficier en premier lieu. Les pays riches ne peuvent pas s’approprier, pour eux seuls, ce qui provient d’autres terres. Il est un devoir de justice et de solidarité que la Communauté internationale soit vigilante sur la distribution des ressources, dans une attention aux conditions propices au développement des pays qui en ont le plus besoin. De même, au-delà de la justice, il est nécessaire de développer aussi la fraternité, pour édifier des sociétés harmonieuses, où règnent la concorde et la paix, et pour régler les éventuels problèmes qui surgissent, par le dialogue et par la négociation, et non par la violence sous toutes ses formes, qui ne peut qu’atteindre les plus faibles et les plus pauvres d’entre les hommes. La solidarité et la fraternité relèvent en définitive de l’amour fondamental que nous devons porter à notre prochain, car toute personne ayant une responsabilité dans la vie publique est appelée à faire avant tout de sa mission un service de tous ses compatriotes et plus largement de tous les peuples de la planète. Pour leur part, les Églises locales ne manquent pas de faire tous les efforts possibles pour apporter leur concours au bien-être de leurs compatriotes, parfois dans des situations difficiles. Leur désir le plus cher est de poursuivre inlassablement ce service de l’homme, de tout homme, sans discrimination aucune.

Vos Chefs d’État viennent de vous confier une mission auprès du Saint-Siège qui, pour sa part, est particulièrement attentif au bien des personnes et des peuples. Au terme de notre rencontre, je tiens à vous adresser, Messieurs les Ambassadeurs, mes souhaits les meilleurs pour le service que vous êtes appelés à accomplir dans le cadre de la vie diplomatique. Que le Très-Haut vous soutienne, vous-mêmes, vos proches, vos collaborateurs et tous vos compatriotes dans l’édification d’une société pacifiée, et que descende sur chacun l’abondance des bienfaits divins.


À L'ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE ITALIENNE Jeudi 29 mai 2008



Chers frères et soeurs,

679 Pour la quatrième fois, j'ai la joie de vous rencontrer réunis lors de votre assemblée générale, pour réfléchir avec vous sur la mission de l'Eglise qui est en Italie et sur la vie de cette nation bien aimée. Je salue votre président, le cardinal Angelo Bagnasco, et je le remercie vivement pour les aimables paroles qu'il m'a adressées en votre nom à tous. Je salue les trois vice-présidents et le secrétaire général. Je salue chacun de vous, avec cette affection qui naît de savoir que nous sommes membres de l'unique Corps mystique et que nous participons ensemble à la même mission.

Je désire avant tout me féliciter avec vous d'avoir placé au centre de vos travaux la réflexion sur la façon de promouvoir la rencontre des jeunes avec l'Evangile et donc, de manière concrète, sur les questions fondamentales de l'évangélisation et de l'éducation des nouvelles générations. En Italie, comme dans beaucoup d'autres pays, on ressent profondément ce que nous pouvons définir comme une véritable "urgence éducative". En effet, quand, dans une société et dans une culture marquées par un relativisme envahissant et souvent agressif, les certitudes fondamentales, les valeurs et les espérances qui donnent un sens à la vie se font en apparence plus rares, on voit se diffuser facilement parmi les parents comme parmi les enseignants, la tentation de renoncer à son devoir, voire le risque de ne plus comprendre quel est son rôle et quelle est sa mission. Les enfants, les adolescents et les jeunes, même s'ils sont entourés de beaucoup d'attention et tenus à l'abri, de manière peut-être excessive, des épreuves et des difficultés de la vie, se sentent à la fin abandonnés devant les grandes questions qui naissent inévitablement en eux, comme devant les attentes et les défis qu'ils sentent peser sur leur avenir. Pour nous, évêques, pour nos prêtres, pour les catéchistes et pour toute la communauté chrétienne, l'urgence éducative prend un visage bien précis: celui de la transmission de la foi aux nouvelles générations. Même ici, et en particulier ici, nous devons tenir compte des obstacles introduits par le relativisme, par une culture qui met Dieu entre parenthèses et qui décourage tout choix vraiment exigeant et en particulier les choix définitifs, pour privilégier en revanche, dans tous les milieux de vie, l'affirmation de soi-même et les satisfactions immédiates.

Pour faire face à ces difficultés, l'Esprit Saint a déjà suscité dans l'Eglise de nombreux charismes et des énergies évangélisatrices, particulièrement présents et vivants dans le catholicisme italien. Il est de notre devoir d'évêques d'accueillir avec joie ces forces nouvelles, de les soutenir, de favoriser leur croissance, de les guider et de les orienter de manière à ce qu'elles se tiennent toujours à l'intérieur du grand cercle de la foi et de la communion ecclésiale. Nous devons en outre donner un profil d'évangélisation plus net aux nombreuses formes et occasions de rencontre et de présence que nous avons avec le monde des jeunes, dans les paroisses, dans les oratoires, dans les écoles - en particulier dans les écoles catholiques - et dans tant d'autres lieux de rassemblement. Les rapports personnels sont évidemment importants, notamment la confession sacramentelle et la direction spirituelle. Chacune de ces occasions est une possibilité qui nous est donnée de faire percevoir à nos jeunes le visage de ce Dieu qui est le véritable ami de l'homme. Les grands rendez-vous, ensuite, comme celui que nous avons vécu à Lorette en septembre dernier et comme celui que nous vivrons en juillet à Sydney, où seront présents également beaucoup de jeunes italiens, sont l'expression communautaire, publique et festive de cette attente, de cet amour et de cette confiance envers le Christ et envers l'Eglise qui demeurent enracinés dans l'âme des jeunes. Ces rendez-vous récoltent donc le fruit de notre travail pastoral quotidien et dans le même temps aident à respirer à pleins poumons l'universalité de l'Eglise et la fraternité qui doit unir toutes les nations.

Même dans le contexte social plus large, c'est justement cette urgence éducative actuelle qui fait grandir la demande d'une éducation qui soit véritablement ainsi: donc, de manière concrète, des éducateurs qui sachent être des témoins crédibles de ces réalités et de ces valeurs sur lesquelles il est possible de construire autant l'existence personnelle que des projets de vie communs et partagés. Cette demande, qui ressort du corps social et qui implique les enfants et les jeunes autant que les parents et les autres éducateurs, constitue déjà en elle-même la prémisse et le début d'un parcours de redécouverte et de reprise qui, sous une forme adaptée à l'époque actuelle, pose de nouveau en son centre la formation pleine et intégrale de la personne humaine. Comment ne pas prononcer, dans ce contexte, un mot en faveur de ces lieux spécifiques de formation que sont les écoles? Dans un Etat démocratique, qui s'honore de promouvoir la liberté d'initiative dans tous les domaines, l'exclusion d'un soutien adéquat à l'engagement des institutions ecclésiastiques dans le domaine scolaire ne semble pas justifié. Il est en effet légitime de se demander s'il ne serait pas utile à la qualité de l'enseignement de comparer de façon stimulante les centres de formation différents créés, dans le respect des programmes ministériels valables pour tous, par des forces populaires multiples, soucieuses d'interpréter les choix éducatifs des familles. Tout cela laisse penser qu'une telle comparaison ne manquerait pas de produire des effets bénéfiques.

Chers frères évêques italiens, en plus du domaine très important de l'éducation, c'est dans un certain sens dans sa situation globale, que l'Italie a besoin de sortir d'un période difficile, dans laquelle le dynamisme économique et social semble s'être affaibli, où la confiance dans l'avenir a diminué et le sens de l'insécurité s'est à l'inverse accru à cause des conditions de pauvreté de tant de familles, avec la conséquence que chacun tend à se refermer sur lui-même. C'est justement parce que nous sommes conscients de ce contexte que nous ressentons avec une joie particulière les signaux d'un nouveau climat, plus confiant et plus constructif. Celui-ci est lié à l'avancée de relations plus sereines entre les forces politiques et les institutions, en vertu d'une perception plus vivante des responsabilités communes pour l'avenir de la Nation. Et ce qui nous réconforte c'est que cette perception semble s'étendre au sentiment populaire, au territoire et aux catégories sociales. Le désir se répand en effet de reprendre le chemin, d'aborder et de résoudre ensemble tout au moins les problèmes les plus urgents et les plus graves, de donner naissance à une nouvelle saison de croissance économique mais également civile et morale.

Ce climat a évidemment besoin de se consolider et pourrait très vite disparaître, s'il ne trouvait pas d'écho dans des résultats concrets. Cependant, il représente déjà par lui-même une ressource précieuse, qu'il est du devoir de chacun, selon son rôle et ses responsabilités, de sauvegarder et de renforcer. En tant qu'évêques nous ne pouvons manquer d'apporter notre contribution spécifique afin que l'Italie connaisse une période de progrès et de concorde, en mettant à profit les énergies et les impulsions qui naissent de sa grande histoire chrétienne. A cette fin, nous devons avant tout dire et témoigner avec franchise à nos communautés ecclésiales et à tout le peuple italien que, même si les problèmes à affronter sont nombreux, la question fondamentale de l'homme d'aujourd'hui demeure la question de Dieu. Aucun autre problème humain et social ne pourra être vraiment résolu si Dieu ne revient pas au centre de notre vie. Ce n'est qu'ainsi, à travers la rencontre avec le Dieu vivant, source de cette espérance qui nous transforme de l'intérieur et qui ne déçoit pas (
Rm 5,5), qu'il est possible de retrouver une confiance forte et sûre dans la vie et donner consistance et vigueur à nos projets de bien.

Je souhaite vous répéter, chers évêques italiens, ce que je disais le 16 avril dernier à nos confrères des Etats-Unis: "En tant qu'annonciateurs de l'Evangile et guides de la communauté catholique, vous êtes également appelés à participer à l'échange d'idées sur la scène publique, pour aider à façonner des attitudes culturelles adaptées". Dans le cadre d'une laïcité saine et bien comprise, il convient donc de résister à toute tendance à considérer la religion, et en particulier le christianisme, comme un fait seulement privé: les perspectives qui naissent de notre foi peuvent au contraire offrir une contribution fondamentale à l'éclaircissement et à la résolution des problèmes sociaux et moraux de l'Italie et de l'Europe d'aujourd'hui. Il est donc juste que vous consacriez une grande attention à la famille fondée sur le mariage, pour promouvoir une pastorale adéquate aux défis qu'elle doit aujourd'hui affronter, pour encourager l'affirmation d'une culture favorable, et non hostile, à la famille et à la vie, comme pour demander également aux institutions publiques une politique cohérente et organique qui reconnaisse à la famille ce rôle central qu'elle tient dans la société, en particulier pour le renouvellement des générations, et l'éducation des enfants: l'Italie a un grand et urgent besoin de cette politique. Notre engagement pour la dignité et la protection de la vie humaine, dans toutes ses phases et sous toutes ses formes, de la conception et de la phase embryonnaire aux situations de maladie et de souffrance et jusqu'à la mort naturelle doit être également fort et constant. Nous ne pouvons fermer les yeux et nous taire devant la pauvreté, les détresses et les injustices sociales qui affligent une grande partie de l'humanité et qui exigent l'engagement généreux de tous, un engagement qui s'étend également aux personnes qui, même si elles ne sont pas connues, sont cependant dans le besoin. Naturellement, la disponibilité à aller à leur secours doit se manifester dans le respect des lois, qui assurent le déroulement correct de la vie sociale autant à l'intérieur d'un Etat que pour ceux qui y entrent. Il n'est pas nécessaire de rendre ce discours plus concret: vous et vos chers prêtres connaissez les situations concrètes et réelles parce que vous vivez parmi les populations.

C'est donc une extraordinaire chance pour l'Eglise qui est en Italie de pouvoir faire appel à des moyens d'information qui interprètent quotidiennement dans le débat public ses nécessités et ses préoccupations, de manière certes libre et autonome, mais dans un esprit de partage sincère. Je me réjouis donc avec vous du quarantième anniversaire de la fondation du journal Avvenire et je souhaite vivement qu'il puisse atteindre un nombre toujours plus grand de lecteurs. Je me réjouis de la publication de la nouvelle traduction de la Bible, et de l'exemplaire que vous m'avez offert et j'espère qu'elle sera publiée prochainement en édition de poche. Elle s'inscrit parfaitement dans la préparation du prochain Synode des évêques qui réfléchira sur: "La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise".

Très chers frères évêques italiens, je vous assure de ma proximité, avec un souvenir constant dans la prière, et je donne avec grande affection la Bénédiction apostolique à chacun d'entre vous, à vos Eglises et à toute la bien-aimée nation italienne.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU MYANMAR EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Vendredi 30 mai 2008

Mes chers frères évêques,

680 Je suis heureux de vous accueillir, évêques du Myanmar, qui êtes venus à Rome pour vénérer les tombes des saints apôtres et renforcer votre communion avec le successeur de Pierre. Notre rencontre aujourd'hui témoigne de l'unité, de la charité et de la paix qui nous réunissent et qui animent notre mission d'enseignement, de direction et de sanctification du peuple de Dieu (cf. Lumen gentium LG 22). Je suis reconnaissant des saluts cordiaux et de l'assurance des prières que Mgr Paul Grawng m'a exprimées en votre nom et au nom du clergé, des religieux et des laïcs de vos diocèses. Je souhaite vous répondre en retour avec des saluts cordiaux et avec la prière sincère que "le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière" (cf. 2Th 3,16).

L'Eglise qui est au Myanmar est connue et admirée pour sa solidarité avec les pauvres et les indigents. Cela a été particulièrement évident dans l'attention dont vous avez fait preuve après le cyclone Nargis. Les nombreuses agences et associations catholiques dans votre pays montrent que les personnes qui vous sont confiées ont écouté le cri de Jean Baptiste: "Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même" (Lc 3,11). J'ai confiance dans le fait que sous votre direction, les fidèles continueront à démontrer la possibilité d'établir "un lien heureux entre évangélisation et oeuvres de charité" (Deus caritas est ) de manière à ce que les autres "puissent éprouver leur richesse d'humanité" (ibid. n. 31; cf. 1P 4,8-11).

Au cours de ces jours difficiles, je sais combien le peuple du Myanmar est reconnaissant pour les efforts de l'Eglise en vue d'offrir un refuge et de fournir de la nourriture, de l'eau et des médicaments à ceux qui sont encore en difficulté. J'ai l'espoir que, suite à l'accord récemment signé sur les aides de la Communauté internationale, ceux qui sont prêts à aider seront à même de fournir le type d'assistance nécessaire et pourront accéder aux lieux où on en a le plus besoin. Dans ce moment difficile, je rends grâce à Dieu Tout-puisant qui nous a tous réunis (cf. 1Th 2,17), parce qu'il m'offre l'occasion de vous assurer encore une fois que l'Eglise universelle est spirituellement unie à ceux qui pleurent la perte d'êtres chers (cf. Rm 12,15), comme elle leur rappelle la promesse de réconfort et de consolation du Seigneur (cf. Mt 5,4). Que Dieu puisse ouvrir les coeurs de tous afin qu'un effort concerté puisse être fait pour faciliter et coordonner les actions d'assistance aux victimes et reconstruire les infrastructures du pays.

La mission de charité de l'Eglise resplendit d'une manière particulière à travers la vie religieuse, dans laquelle les hommes et les femmes se dévouent avec un coeur "sans partage" au service de Dieu et du prochain (cf. 1Co 7,34 cf. Vita consecrata ). Je suis heureux de noter qu'un nombre toujours croissant de femmes répondent à l'appel à la vie consacrée dans votre pays. Je prie afin que leur acceptation libre et radicale des conseils évangéliques en inspire d'autres à choisir la vie de chasteté, de pauvreté et d'obéissance pour le salut du royaume. Former les candidats au service de la prière et du travail apostolique demande un investissement de temps et de ressources. Les cycles de formation offerts par la Conférence religieuse catholique du Myanmar attestent de la coopération possible entre différentes communautés religieuses, avec le respect dû au charisme particulier de chacune, et répondent à la nécessité d'une formation académique, spirituelle et humaine saine.

Des signes semblables d'espérance peuvent être perçus dans le nombre croissant de vocations au sacerdoce. Ces hommes sont "appelés ensemble" et "envoyés pour annoncer" (cf. Lc 9,1-2), pour être des exemples de fidélité et de sainteté pour le peuple de Dieu. Remplis de l'Esprit Saint et guidés par votre sollicitude paternelle, que les prêtres accomplissent leurs devoirs sacrés dans l'humilité, la simplicité et l'obéissance (cf. Presbyterorum ordinis ). Comme vous le savez, cela demande une formation complète en harmonie avec la dignité de leur ministère sacerdotal. Je vous encourage donc à continuer de faire les sacrifices nécessaires pour assurer que les séminaristes reçoivent la formation intégrale qui leur permettra de devenir d'authentiques hérauts de la nouvelle évangélisation (cf. Pastores dabo vobis PDV 2).

Mes chers frères, la mission de l'Eglise de diffuser la Bonne Nouvelle dépend d'une réponse rapide et généreuse des fidèles laïcs à devenir les ouvriers de la vigne (cf. Mt 20, 1-16; 9, 37-38). Eux aussi ont besoin d'une formation chrétienne robuste et dynamique qui les aide à porter le message évangélique sur leur lieu de travail, en famille et dans la société en général (cf. Ecclesia in Asia ). Vos comptes-rendus font référence à l'enthousiasme avec lequel les laïcs organisent de nombreuses et nouvelles initiatives catéchétiques et spirituelles, en faisant souvent participer un grand nombre de jeunes. Alors que vous promouvez et suivez ces initiatives, je vous encourage à rappeler à ceux qui vous sont confiés de toujours se nourrir de l'Eucharistie à travers la participation à la liturgie et la contemplation silencieuse (cf. Ecclesia de Eucharistia EE 6). Des programmes efficaces d'évangélisation et de catéchèse doivent aussi être correctement élaborés et organisés s'ils veulent enseigner la vérité chrétienne et amener les personnes à l'amour du Christ. Il est souhaitable qu'ils fassent usage d'instruments appropriés comme des livrets et des supports audiovisuels pour compléter l'enseignement oral et fournir des points de référence communs pour la doctrine authentique de l'Eglise. Je suis certain que d'autres églises locales dans le monde feront au mieux pour vous fournir tout le matériel possible.

Votre participation active au premier congrès missionnaire asiatique a conduit à de nouvelles initiatives fondées sur la bonne volonté dans les relations avec les bouddhistes de votre pays. A cet égard, je vous encourage à développer des relations encore meilleures avec les bouddhistes pour le bien de vos communautés et de toute la nation.

Enfin, mes chers frères, je voudrais vous exprimer ma sincère reconnaissance pour la fidélité de votre ministère dans des circonstances et des moments difficiles qui vont au-delà de votre ministère. Le mois prochain, l'Eglise inaugurera une année jubilaire spéciale en l'honneur de saint Paul. Cet "Apôtre des nations" a été admiré au travers des siècles pour sa persévérance imperturbable dans les épreuves et les tribulations racontées d'une manière vivante dans ses lettres et dans les Actes des Apôtres (cf. 2Tm 1,8-13 Ac 27,13-44). Paul nous exhorte à garder notre regard fixé sur la gloire qui nous attend et à ne jamais désespérer dans la douleur et les souffrances du moment. Le don de l'espérance que nous avons reçu, et grâce auquel nous sommes sauvés (cf. Rm 8,24), nous donne la grâce et transforme notre vie (cf. Spe salvi ). Eclairé par l'Esprit Saint, je vous invite à rejoindre saint Paul en étant absolument certains que rien - ni la misère, ni la persécution, ni la famine, ni aucune des choses présentes ou à venir - ne peut nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus Christ Notre Seigneur (cf. Rm 8,35-39).

En vous confiant à l'intercession de Marie, Reine des Apôtres, je vous donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique, ainsi qu'au clergé, aux religieux et aux fidèles laïcs.


À S.E. M. ACISCLO VALLADARES MOLINA, NOUVEL AMBASSADEUR DU GUATEMALA PRÈS LE SAINT-SIÈGE


Samedi 31 mai 2008



Monsieur l'ambassadeur,

681 1. Je reçois avec joie les Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Guatemala près le Saint-Siège. Je suis heureux de vous adresser une cordiale bienvenue à l'occasion de cet acte solennel par lequel débute la mission qui vous a été confiée, et je vous exprime par la même occasion ma gratitude pour les paroles que vous m'avez adressées, ainsi que pour le salut déférent que m'a fait parvenir le président de votre noble pays, M. Alvaro Colom Caballeros. Je vous prie de lui transmettre mes meilleurs voeux, ainsi qu'à son gouvernement, en l'assurant de mes prières pour la sécurité, le progrès et la coexistence harmonieuse du bien aimé peuple guatémaltèque.

2. C'est cette année le vingt-cinquième anniversaire de la première visite pastorale que mon vénéré prédécesseur a effectuée dans cette belle terre "de l'éternel printemps". En cette mémorable occasion, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II a pu manifester la sollicitude avec laquelle le Saint-Siège a accompagné cette nation dans ses diverses épreuves, en se montrant particulièrement proche d'elle dans les moments les plus délicats, pour partager les inquiétudes de son peuple et, surtout, pour l'encourager à s'engager avec abnégation pour le bien commun.

Monsieur l'ambassadeur, je sais que les Guatémaltèques répondent à cette sollicitude par une profonde adhésion à l'évêque de Rome, ce qui contribue à resserrer les liens d'amitié qui unissent depuis longtemps votre pays au Saint-Siège, qui tient en grande considération ces bonnes relations et formule ses meilleurs voeux afin que les conditions dans lesquelles vit le Guatemala permettent des succès complets dans les différents domaines de la société et renforcent une base solide pour faire face à un avenir prometteur.

3. La récente visite ad limina des évêques guatémaltèques nous a offert une magnifique opportunité pour connaître de plus près la vitalité avec laquelle l'Eglise dans votre nation annonce l'Evangile, ouvre une route d'espérance et tend une main fraternelle à tous les citoyens, notamment les plus indigents.

Dans cette optique, l'Eglise partage l'inquiétude des autorités du Guatemala, comme Votre Excellence l'a fait remarquer, devant des phénomènes qui affligent une grande partie de la population, tels que la pauvreté et l'émigration. La riche expérience ecclésiale, accumulée au cours de l'histoire, peut contribuer à trouver les mesures pour faire face à ces problèmes dans une perspective humanitaire et pour renforcer la solidarité, indispensable pour atteindre des solutions effectives et durables. Dans ce sens, il faut ajouter aux indispensables programmes techniques et économiques les autres aspects qui promeuvent la dignité de la personne, la stabilité de la famille et une éducation qui tienne compte des valeurs humaines et chrétiennes les plus importantes. Il ne faut pas non plus oublier ceux qui ont dû abandonner leur terre, sans cesser de la garder dans leur coeur. C'est un devoir de gratitude et de justice envers ceux qui, de fait, sont aussi une source de ressources significatives pour la patrie qui les a vus naître.

4. Un autre défi pour le Guatemala est de trouver un remède à la malnutrition de nombreux enfants. Le droit à l'alimentation répond principalement à une motivation éthique, "car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger" (
Mt 25,35), qui pousse à partager les biens matériels en tant que signe de l'amour dont nous avons tous besoin. Comme je l'ai déjà indiqué à une autre occasion "l'objectif d'éradiquer la faim et, dans le même temps, de pouvoir compter sur une alimentation saine et suffisante, demande également des méthodes et des actions spécifiques qui permettent une exploitation des ressources respectant le patrimoine de la Création. OEuvrer dans cette direction constitue une priorité qui demande non seulement d'utiliser les bénéfices des résultats de la science, de la recherche et des technologies, mais également de tenir compte des cycles et du rythme de la nature observés par les habitants des zones rurales, ainsi que de protéger les coutumes traditionnelles des communautés autochtones, en mettant de côté les motivations égoïstes et exclusivement économiques" (Message au directeur de la F.A.O. à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation, 4 octobre 2007).

5. Ce droit fondamental à l'alimentation est intrinsèquement lié à la protection et à la défense de la vie humaine, roc solide et inviolable sur lequel se fonde tout l'édifice des droits de l'homme. On ne fera donc jamais assez d'efforts pour assister les mères, notamment celles qui se trouvent en grande difficulté, de manière à ce qu'elles puissent mettre au monde leurs enfants dans la dignité, en évitant l'injuste recours à l'avortement. Dans ce sens, sauvegarder la vie humaine, en particulier celle de l'enfant à naître, dont l'innocence et la vulnérabilité sont plus grandes, est un devoir toujours actuel, qui est lié, par sa nature même, au fait de garantir l'adoption des enfants à tous les moments par la légalité des procédures utilisées à ces fins.

6. Le fléau de la violence sociale s'aggrave souvent à cause du manque de dialogue et de cohésion au sein des foyers domestiques, des inégalités économiques criantes, des graves négligences et déficiences sanitaires, de la consommation et du trafic de drogue et de la plaie de la corruption. Je constate avec satisfaction les progrès qui ont été faits dans votre nation pour lutter contre ces tragédies, des efforts qui doivent se poursuivre, en encourageant la coopération de tous pour y mettre fin à travers le développement de valeurs justes et la lutte contre l'illégalité, l'impunité et la corruption.

7. Monsieur l'ambassadeur, avant de conclure cette rencontre, je voudrais me féliciter avec vous, avec votre famille et avec les autres membres de cette mission diplomatique, et vous adresser mes meilleurs voeux au moment où Votre Excellence assume à nouveau la haute responsabilité de représenter votre pays près le Saint-Siège. Soyez assuré que vous trouverez toujours l'aide dont vous aurez besoin dans votre tâche élevée auprès de mes collaborateurs.

Tandis que je confie à l'intercession de Nuestra Señora del Rosario le peuple et les autorités guatémaltèques, je supplie avec ferveur Dieu de bénir et d'accompagner le chemin que suit votre patrie, afin qu'en elle resplendissent toujours les étoiles de la paix, de la justice, de la prospérité et de la concorde fraternelle.



Discours 2005-2013 678