Ars Procès informatif 1557

TEMOIN – CLAUDE-LEON ROUSSAT – 7 octobre 1864

1557 (1557) Session 170 - 7 octobre 1864 à 2h de l’après midi



(1558) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti et gravitate perjurii, praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais autant que mon âge me le permet la nature du serment que je viens de faire.



Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Claude-Léon Roussat. Je suis né à St Laurent le neuf mars mil huit cent cinquante-six. Mon père s’appelle Jean-Marie Roussat et ma mère Marguerite Fournier. Je vis chez mes parents.



Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai pas encore fait ma première communion.



Juxta quartum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été en justice.



Juxta quintum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai pas encouru les peines ecclésiastiques.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Personne ne m’a instruit de ce que j’avais à dire. Je n’ai pas lu les Articles du Postulateur.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’aime bien le Curé d’Ars, je le prie tous les jours et je désire bien qu’il soit canonisé.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandam et explicandam ipsius sanationem, omissis coeteris interrogatoriis, statim deventum fuit ad interrogatorium vigesimum septimum super quo respondit:



(1559) Je me rappelle avoir été malade ; j’avais des crises, je souffrais beaucoup. On fit venir Mr Carteron pour me guérir. Je continuais à souffrir. Mes parents me conduisirent à Lyon chez Mr Barrier. Ses remèdes ne me guérirent pas non plus. Mes parents m’y conduisirent une seconde fois. Le médecin ordonna des choses qu’on ne fit pas, parce qu’on avait peur que ça me fît mourir. Je devenais toujours plus malade. Le lundi de Pâques mes parents voulaient me mener à Ars, mais Mr le Curé ne voulut pas. J’y suis allé avec eux et Mr le Curé plus tard. Nous arrivâmes à Ars à la fin de la cérémonie de la bénédiction de la première pierre. Ma mère et Mr le Curé me présentèrent à Monseigneur qui me bénit, m’embrassa et me dit: « Va mon petit, tu guériras. » Ma mère me porta ensuite au tombeau du Curé d’Ars qu’elle me fit toucher de la main droite. On me porta ensuite chez Michel et je lui donnai vingt sous, pour qu’il priât pour moi. Chez Pertinand, où nous étions allés pour manger, j’ai fait partir des allumettes avec ma main droite. Le lendemain à déjeuner, j’ai fait signe qu’on m’ôtât ma serviette. Je sautai à bas de ma chaise et je me mis à courir. Je me rappelai qu’en déjeunant à Guéreins Mr le Curé avait trouvé très bon le saucisson que maman avait apporté et qu’elle lui en avait promis un quand nous serions revenus; je la pris par la main et je la menai dans la chambre où il y en avait. Je lui fis signe de m’en donner un et je le portai en courant chez Mr le Curé avec son parapluie qu’il avait oublié chez nous. Il se mit à pleurer en me voyant et m’embrassa. Maman me ramena chez nous. Puis après je courus dans les prés pour m’amuser. Je ne parlais pas bien et j’épelais les mots comme en classe. On me ramena à Ars à la fin de la neuvaine et j’ai bien parlé depuis. Je n’ai plus été malade. Beaucoup de monde sont venus me voir chez nous pour savoir comment j’étais guéri.



(1560) Qua responsione accepta, omissis coeteris interrogatiis completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices delegati, et per me Notarium Actuarium de mandato dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa, qua per ipsum bene audita et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Ita pro veritate deposui.



Léon Roussat





TEMOIN – MARIE-ANTOINETTE GOBET – 7 octobre 1864



(1557) Suite de la Session 170 - 7octobre1864 à 2h de l’après midi


1560 (1560) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti et gravitate perjurii praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la nature et la force du serment que je viens de faire et la gravité du parjure dont je me rendrais coupable si je ne disais pas toute la vérité.



Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Marie-Antoinette Gobet, femme Nyd. Je suis née à Lournand, diocèse d’Autun, le onze septembre mil huit cent trente-six. Mon père s’appellait Claude Gobet et ma mère se nomme Antoinette Muzard. Je vis avec mon mari qui exerce la profession de coiffeur.



(1561) Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’approche plusieurs fois des sacrements dans le courant de l’année. Ma dernière communion est du mois d’août passé.



Juxta quartum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été traduite en justice.



Juxta quintum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais encouru ni peines ni censures ecclésiastiques.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Personne de vive voix ou par écrit ne m’a instruite de ce que j’avais à dire dans cette cause. Je n’ai lu aucun des Articles du Postulateur. Je ne dirai que l’exacte vérité.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’ai depuis longtemps une grande confiance au Curé d’Ars. Je suis convaincue de sa sainteté et, pour la gloire de Dieu et l’exaltation de la sainte Eglise, je désire vivement qu’il soit un jour béatifié et canonisé.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandam sanationem pueri dicti Leonis Roussat e vico Sti Laurentii vulgo les Mâcon omissis itaque coeteris interrogatoriis statim deventum fuit ad interrogatorium vigesimum septimum super quo respondit:



Je connais depuis cinq ans la famille Roussat. J’ai été témoin, dès le principe, de la maladie du petit Léon. Souvent je lui ai vu prendre ses crises nerveuses. Je sais qu’on a inutilement eu recours aux soins du docteur Carteron de Mâcon et à ceux de Mr Barrier, major de l’hôpital de Lyon. Les remèdes prescrits par ces messieurs n’eurent aucun résultat heureux. Au contraire le mal du jeune Léon empirait de jour en jour. Les crises devenaient et plus nombreuses et plus fortes. Il ne pouvait plus prendre aucune (1562) nourriture solide. On ne lui servait plus que de la bouillie de farine jaune et bien souvent il avait grand peine à l’avaler.



Les quinze derniers jours environ il perdait toute sa salive. Une paralysie qui jusque là n’avait été que transitoire au moment des crises, devint générale et permanente. Il perdit même assez longtemps l’usage de la parole. Ayant appris que le père de l’enfant en revenant de Lyon la dernière fois avait proposé à sa femme de le conduire à Ars, je les exhortais beaucoup à exécuter ce dessein et j’offris de les accompagner. Je m’unis à la neuvaine que la famille fit en l’honneur du Curé d’Ars et qui n’eut pas encore de résultat. Le dernier jour de la neuvaine nous devions porter l’enfant à Ars mais son état était si alarmant que ce voyage n’eut pas lieu, crainte de le perdre en route. Cependant neuf jours après, quoique le mal n’eût rien perdu de son intensité nous nous décidâmes à partir pour Ars avec Mr le Curé qui allait assister à la bénédiction de la première pierre de la nouvelle église. L’enfant commença à manger à Guéreins où nous nous étions arrêtés pour déjeuner. Nous arrivâmes à Ars comme la cérémonie finissait. Léon fut porté à Monseigneur par sa mère qu’accompagnait Mr le Curé. Je sais que le prélat embrassa, bénit l’enfant, recommandant de faire une neuvaine en l’honneur du Curé d’Ars, à laquelle il s’associerait et pour laquelle il prescrivit la récitation d’une dizaine de chapelet chaque jour. Puis il ajouta en finissant: « Va, mon petit, tu guériras. » Nous nous rendîmes à l’église pour prier sur le tombeau du Curé d’Ars, on le fit toucher à l’enfant. De là nous fûmes chez Michel le paralytique afin de le prier de prendre part à la neuvaine et Léon put de la main droite lui donner un franc de monnaie. A l’hôtel nous le vîmes également avec bonheur commencer à se servir un peu de ses mains. Il s’amusa même à frotter avec la main droite des allumettes phosphoriques qu’il jetait loin de lui enflammées. Au retour il y eut une légère crise entre Ars et Belleville. Nous arrivâmes, la nuit bien avancée à St Laurent. Léon reposa d’un sommeil tranquille et le lendemain je le vis avec un inexprimable bonheur, ainsi que sa famille et les habitants de St Laurent, courir en parfaite santé. Tous remarquèrent avec surprise son teint vermeil. La parole seulement ne lui était pas encore rendue. A peine si le soir il put articuler avec beaucoup de peine deux ou trois mots en les syllabant. Plus nous avancions dans la neuvaine plus la langue de ce cher enfant se déliait et quand au neuvième jour nous allâmes à Ars en action de grâces, la guérison fut complète. La santé du jeune Léon est depuis, des (1563) plus brillantes, comme tout le monde peut en rendre témoignage parmi nous.



Qua responsione accepta, omissis coeteris interrogatoriis, completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices delegati et per me Notarium Actuarium de mandato dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa, qua per ipsum bene audita et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Quibus perctis, injunctum fuit praedicto testi, ut se subscriberet, prout ille statim, accepto calamo se subscripsit ut immediate sequitur.



Ita pro veritate deposui



Marie Antoinette Gobet femme Nyd



TEMOIN – FRANCOIS BREMOND – 8 octobre 1864

1565 (1565) Session 171 - 8 octobre 1864 à 8h du matin



(1567) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti, et gravitate perjurii, praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la nature et la force du serment que je viens de faire et la gravité du parjure dont je me rendrais coupable si je ne disais la vérité.



(1568) Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle François Brémond. Je suis né à St Laurent-lès-Mâcon, le vingt sept mars mil huit cent trente-trois. Mon père se nomme Claude Brémond et ma mère Pierrette Cuzin. J’exerce la profession de charpentier et je vis honorablement de mon travail.



Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je ne fais pas régulièrement mes Pâques.



Juxta quartum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été traduit en justice.



Juxta quintum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je ne sache pas avoir encouru aucune peine ecclésiastique.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Personne de vive voix ou par écrit ne m’a instruit de ce que je devais dire dans cette cause. Je n’ai lu aucun des Articles du Postulateur. Je ne dirai que la vérité.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’ai une grande vénération pour le Curé d’Ars et je désire sa Canonisation pour le bien de tous.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandam et explicandam factum sanationis pueri nomine Leonis Roussat e vico Sti Laurentii vulgo les Mâcon omissis coeteris interrogatoriis statim deventum est ad vigesimum septimum super quo respondit:



J’ai toujours connu la famille Roussat et je suis lié d’amitié avec le père de Léon. J’atteste que j’ai vu cet enfant atteint de crises nerveuses de plus en plus intenses. Je l’ai vu sur son lit dans un état de rigidité, je lui tenais les bras. La figure était décomposée, les yeux hagards et tournés. Avant le départ de la famille et de l’enfant pour Ars où je devais moi-même les conduire, la maladie de Léon s’était tellement aggravée qu’il avait perdu l’usage de la parole, de tous ses membres et qu’il était tombé dans un état de paralysie complète. Mes occupations m’empêchèrent d’aller à Ars.



Je certifie avoir vu l’enfant au retour du pèlerinage courir et marcher. La parole ne lui était pas encore parfaitement rendue; (1569) ce ne fut qu’après le second voyage à Ars, fait en action de grâces que l’usage de la parole fut pleinement rendu à l’enfant, comme tous les habitants de St Laurent et moi pûmes dès le premier moment et peuvent aujourd’hui en juger encore. Ma conviction et celle de tout le monde est que le bon Dieu a daigné miraculeusement guérir Léon par la puissante intercession de son Serviteur le Curé d’Ars.



Qua responsione accepta, omissis coeteris interrogatoriis, completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices delegati, et per me Notarium Actuarium de mandato Dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa, qua per ipsum bene audita et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Ita pro veritate deposui



François Brémond



TEMOIN - PIERRE DUMONT – 8 octobre 1864


(1565) Suite de la Session 171 – 8 octobre 1864 à 8h du matin.


1569 (1569) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti, gravitate perjurii, praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la nature et la force du serment que je viens de faire et la gravité du parjure dont je me rendrais coupable si je ne disais pas toute la vérité.



Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Pierre Dumont. Je suis né à St Laurent-lès-Mâcon le vingt six juillet mil huit cent trente-(et)-un. Mon père se nommait Christophe Dumont et ma mère Françoise Broudchout. Je suis sabotier de mon état et je remplis la fonction de sacristain à l’église de St Laurent



(1570) Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je remplis mes devoirs de chrétien. J’ai communié à Pâques.



Juxta quartum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été traduit en justice.



Juxta quintum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je ne sache pas avoir encouru aucune peine ecclésiastique.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Personne de vive voix ou par écrit ne m’a instruit de la manière dont je devais déposer dans cette cause. Je n’ai lu aucun Article du Postulateur. Je ne dirai que la vérité.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je regarde le Curé d’Ars comme un grand saint, je l’invoque et je désire vivement sa Béatification pour la gloire de Dieu et l’exaltation de sa sainte Eglise.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandum factum sanationis pueri nomine Leonis Roussat e vico Sti Laurenti vulgo les Mâcon omissis coeteris interrogatoriis statim deventum est ad vigesimum septimum super quo respondit:



Je connais beaucoup la famille Roussat, j’ai eu des rapports avec elle dès l’enfance et nous sommes voisins. J’ai vu le jeune Léon pendant ses premières années en bonne santé. En mil huit cent soixante-deux cet enfant tomba gravement malade par suite de crises nerveuses. Je l’ai vu perdre sa vigueur et finir par tomber dans un état de paralysie complète. A peine si la main gauche pouvait faire encore quelques mouvements. On porta Léon à Ars sur le tombeau du Serviteur de Dieu et au retour j’ai vu Léon, que tous les médecins n’avaient pu guérir, revenir à la santé et dès le lendemain du pèlerinage à Ars, courir au presbytère et dans les rues de St Laurent. La parole ne lui était pas parfaitement rendue encore, mais au neuvième jour de la neuvaine, ayant été reconduit à Ars, il en revint parlant parfaitement. Depuis lors la santé de Léon Roussat a été des plus brillantes et tous les habitants de la paroisse pourraient aujourd’hui rendre témoignage comme moi et de la maladie et de la guérison de cet enfant. Je sais qu’on avait eu recours au Curé d’Ars et qu’on avait fait une neuvaine en l’honneur de Serviteur de Dieu pour obtenir cette guérison vraiment merveilleuse.



Qua responsione accepta omissis coeteris interrogatoriis, completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi (1571) Judices delegati, et per me Notarium Actuarium de mandato dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa, qua per ipsum bene audita et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Quibus peractis, injunctum fuit praedicto testi, ut se subscriberet, prout ille statim, accepto calamo se subscripsit ut immediate sequitur.



Ita pro veritate deposui.



Pierre Dumont



TEMOIN – ADELAIDE JOLY – 10 octobre 1864

1575
(1575) Suite de la Session 172 - 10 octobre 1864 à 9h du matin



(1583) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti, et gravitate perjurii, praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la nature et la force du serment que je viens de faire.



Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Adélaïde Joly. Je suis née à St Claude, diocèse de ce nom. J’ai douze ans. Mon père est mort, il s’appelait Joly et ma mère se nomme Maria Gousset. Je suis depuis cinq ans dans l’établissement des orphelines des filles de la Charité de la paroisse de St Jean de Lyon.



Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je me confesse tous les trois mois. Je n’ai pas encore fait ma première communion.



Praetermittuntur quartum et quintum interrogatorium quod nihil ad testum attinent.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Personne ne m’a indiqué ce que je dois déposer. Je (1584) dirai ce que je sais personnellement.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’aime beaucoup le Curé d’Ars; j’ai une grande confiance en lui et une profonde reconnaissance pour la grâce qu’il m’a obtenue et je désire que l’Eglise le mette au plus tôt au nombre de ses saints.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandam et explicandam suam sanationem omissis coeteris interrogatoriis statim deventum est ad vigesimum septimum super quo respondit:



J’éprouvais au bras gauche, au mois de février mil huit cent soixante-(et)-un une vive douleur. Je ne le remuais qu’avec peine, parce que l’articulation du coude était engorgée. Je le fléchissais avec une grande difficulté. On le suspendit au cou, avec une bande, en le courbant, ce qui me fit bien souffrir. Quand on ôta la bande, je ne pouvais plus le redresser. Les Soeurs commencèrent à employer un onguent, sans obtenir aucun résultat. On me conduisit d’abord à un chirurgien, qui ordonna des remèdes. On suivit ses indications, mais mon bras ne guérissait pas. Quelque temps après, on me mena chez le même médecin, qui me dit que je ne guérirais pas et qu’il fallait faire une mécanique, pour maintenir le bras près du corps, afin que je puisse coudre. Je ne pouvais ni porter le bras à la bouche, ni m’en servir pour manger. Alors les Soeurs nettoyèrent le bras et mirent dessus un cordon de l’un des souliers du Curé d’Ars et tout le monde se mit à faire une neuvaine à laquelle je m’associai. Le septième jour je ne sentais plus de douleur. Ma soeur voulut voir le bras, elle le trouva guéri. Mais les Soeurs de la Charité ne voulurent le voir que le neuvième jour. Ce jour-là, elles ôtèrent le cordon et la bande qui le retenait et je remuais dans tous les sens le bras gauche comme le bras droit. Nous fîmes une neuvaine d’action de grâces. J’allai à Ars avec Mme la Supérieure pour remercier le bon Dieu et depuis lors je me suis très bien portée toujours et mon bras n’a plus eu de mal.



Qua responsione accepta, omissis coeteris interrogatoriis completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices delegati, et per me Notarium Actuarium de mandato Dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ad ipso emissa, qua per ipsum bene audita (1585) et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Hic testis exhibuit medici Dni Berne attestationem datam die prima mensis maii anni millesimi octingentisimi sexagesimi secundi qua visa et inspecta illius tenorem in fine hujus sessionis registrari mandaverunt Rmi Judices delegati.



Quibus peractis, injunctum fuit praedicto testi, ut se subscriberet, prout ille statim, accepto calamo se subscripsit ut immediate sequitur.



Ita pro veritate deposui.



Adelaïde Joly


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Tenor attestationis medici in statu puellae Adelaïdis Joly.



Je soussigné, Chirurgien en chef de la Charité, certifie avoir vu le 21 octobre une jeune fille atteinte de tumeur blanche au début du coude.

L’huile de foie de morue, 45gr mélange fortifiant, ont été seuls employés. Aujourd’hui toute lésion a disparu.



Lyon, 1 mai 1862

Docteur Berne



TEMOIN – SOEUR MARIE-ANNE-AGNES CALLAMAND - 10 octobre 1864


(1575) Session 172 – 10 octobre 1864 à 9h du matin


1579 (1579) Juxta primum interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti et gravitate perjurii praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la nature et la force du serment que je viens de faire et la gravité du parjure dont je me rendrais coupable si je ne disais pas toute la vérité.



Juxta secundum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Marie-Anne-Agnès Callamand. Je suis née à Marseille, le dix neuf janvier mil huit cent dix. Mon père se nommait Jean Joseph Callamand et ma mère Marie Anne Bauza. Ils étaient excellents chrétiens. Je suis Religieuse de la Congrégation des filles de la Charité de St Vincent de Paul. Je suis directrice de l’établissement des pauvres, des orphelines et des vieillards des paroisses de St Jean et de St Georges de Lyon. Je n’ai eu pour héritage de ma famille que les bons exemples qu’elle m’a légués.



(1580) Juxta tertium interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je me confesse tous les huit jours et pour les communions je suis la règle de ma Congrégation. J’ai eu le bonheur de communier hier.



Juxta quartum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été accusée ou traduite en justice.



Juxta quintum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais encouru de peines ecclésiastiques.



Juxta sextum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai été instruite par personne de vive voix ou par écrit sur ce que je devais déposer ou passer sous silence. Je n’ai point lu les Articles du Postulateur, je ne déposerai que ce que j’ai vu moi-même ou entendu.



Juxta septimum interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’ai une profonde vénération pour le Serviteur de Dieu et une grande confiance en lui, je désire vivement sa Béatification pour le seul motif de la gloire de Dieu.



Et quoniam praedictus testis accitus fuit ad confirmandum factum sanationis puellae nomine Adélaïdis Joly degentis in orphanotrophio cui praeest Lugduni, omissis coeteris interrogatoriis statim deventum est ad vigesimum septimum interrogatorium, super quo respondit:



En septembre mil huit cent soixante-(et)-un, ma Soeur Marguerite, directrice de nos jeunes orphelines, m’amena Adélaïde Joly, l’une d’elles, âgée de neuf ans. Elle avait l’articulation du coude du bras gauche engorgée. Les Soeurs de la pharmacie ainsi que moi jugèrent qu’il s’était formé une ankylose. Nous aimions beaucoup cette enfant parce qu’elle est très pieuse. La Soeur Marguerite la conduisit à Mr Berne, chirurgien en chef de l’hospice de la Charité de Lyon. Il jugea le mal incurable et décida qu’il fallait lui faire faire un appareil qui la forcerait à plier le bras, qu’elle ne pouvait plus ni (1581) allonger ni plier. Il était courbe, le coude était très gros et le reste du bras ne prenait plus de nourriture; elle ne pouvait se servir de ce membre ni pour travailler, ni pour jouer avec ses petites compagnes. Elle éprouvait des douleurs violentes qui lui arrachaient des pleurs. Avant de faire confectionner l’appareil, nos Soeurs de la pharmacie pensèrent devoir essayer d’un onguent qui avait été employé avec succès au début des maladies de ce genre, mais plusieurs mois de traitement furent inutiles.



En mars mil huit cent soixante-deux, une demoiselle qui venait de perdre sa mère et qui était de la paroisse de St Jean, nous dit que celle-ci avait reçu de l’une de ses amies une paire de souliers du Curé d’Ars et qu’elle les avait donnés à une pauvre fille, qui lui en demandait une paire. Elle s’en était défaite avec peine, pensant que le bon Curé d’Ars ne la désapprouverait pas. La pauvre fille qui logeait dans un grenier au sixième étage de la maison de cette dame, les mit dans un coin parce qu’elle ne les trouvait pas assez bons. En quittant le logement elle y laissa les souliers et Mlle Lavie, c’est le nom de la demoiselle, vint nous les offrir, pensant nous faire plaisir. Nous les reçûmes avec bonheur, parce que nous les regardions comme une précieuse relique. En les voyant, nous nous extasiâmes sur la pauvreté du Saint Curé. La Soeur Marguerite se sentit inspirée de me demander la courroie d’un des souliers et me dit: “Ma Soeur, donnez-moi une courroie, je suis sûre que Mr le Curé va nous guérir Adélaïde. Nous ferons une neuvaine avec bien de la ferveur et vous verrez qu’il la guérira.” Je lui dis: “Eh bien ! faites” et je lui remis le précieux objet. Il y avait là un missionnaire Lazariste, Mr Meillier, supérieur de la maison d’Angers, qui sans m’en demander la permission s’empara de l’autre courroie et ne voulut plus me la rendre en disant que plus tard, lui aussi, pourrait bien s’en servir.



La neuvaine fut commencée, après avoir enlevé l’onguent (1582) et bien nettoyé le bras: la courroie fut mise à nu sur le bras de l’enfant et recouverte d’un morceau de flanelle avec défense aux enfants d’y toucher avant la fin de la neuvaine. Mais sa soeur, jeune fille espiègle, s’apercevant le septième jour que l’enfant allait mieux, eut la curiosité de défaire le linge et vit le bras guéri. Elle courut porter la nouvelle à la Soeur Marguerite, qui blâma son impatience et ne voulut rien voir avant les neuf jours. Le dernier jour, la Soeur ayant constaté la guérison me conduisit la jeune fille; je fus saisie de reconnaissance lorsque faisant mouvoir le bras dans tous les sens, je m’assurai que non seulement il était parfaitement libre, mais encore qu’il était dans le même état que l’autre sans aucune trace de maigreur. La tumeur et l’ankylose avaient entièrement disparu. Nous commençâmes une neuvaine d’action de grâces. Quelque temps après je fis conduire l’enfant au docteur. Il examina le bras, le trouva parfaitement guéri et dit à la Soeur : “Qu’avez-vous fait? Cette enfant est guérie ” Il parut très étonné. “Avez-vous employé les remèdes que j’avais indiqués? - Non Monsieur. - Avez-vous mis l’appareil? - Non Monsieur. - Qu’avez-vous donc fait? - Vous connaissez le Curé d’Ars et sa réputation de sainteté. Avant d’employer les remèdes que vous aviez prescrits, nous avons fait une neuvaine au Serviteur de Dieu. Nous avons appliqué sur le bras la courroie d’un de ses souliers et le septième jour il était guéri. C’est un miracle. - Je ne dis pas que c’est un miracle. - Mr le Docteur, nous ne demandons pas que vous certifiiez que c’est un miracle, mais que vous ayez l’obligeance de déclarer par écrit, l’état du bras et la nature de la maladie. - Pour cela il n’y a pas de difficulté.” Et en effet il nous a remis un certificat que nous avons envoyé à Mgr l’Evêque de Belley. L’enfant depuis le jour de sa guérison n’a plus ressenti aucune douleur et continue à aller très bien encore aujourd’hui dix octobre mil huit cent soixante-quatre. Cette guérison a laissé de profondes traces dans notre maison parmi les Soeurs et parmi les enfants (1583) et a singulièrement augmenté notre confiance au Serviteur de Dieu. Depuis lors à l’acte de présence de Dieu que nous faisons à chaque heure, les enfants ajoutent une invocation au saint Curé d’Ars, conçue en ces termes: “Bienheureux Curé d’Ars, priez pour nous.”



Qua responsione accepta, omissis coeteris interrogatoriis, completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices delegati, et per me Notarium Actuarium de mandato Dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa, qua per ipsum bene audita et intellecta, illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Ita pro veritate deposui.



Marie Anne Agnès Callamand





Léonide Joly – 10 octobre 1864

1589 (1589) Session 173 - 10 octobre 1864 à 3h de l’après-midi



(1590) Juxta primum Interrogatorium, monitus testis de vi et natura juramenti, et gravitate perjurii, praesertim in causis Beatificationis et Canonizationis, respondit:



Je connais la gravité et la nature du serment que je viens de prêter.



Juxta secundum Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je m’appelle Léonide Joly. Je suis née à St Claude, diocèse de ce nom, le huit mai mil huit cent quarante-huit. Mon père se nommait Emile Joly, ma mère s’appelle Maria Gausset. Je suis depuis cinq ans dans l’établissement des orphelines, dirigé par les filles de la Charité, dans la paroisse de St Jean à Lyon.



Juxta tertium Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je me confesse et je communie tous les quinze jours. J’ai communié la dernière fois le vingt-six septembre, jour de la fête de St Vincent de Paul.



Juxta quartum Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais été ni accusée, ni traduite en justice.



Juxta quintum Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Je n’ai jamais encouru de peines ecclésiastiques.



Juxta sextum Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



Ce que je vais déposer, je le sais personnellement.



Juxta septimum Interrogatorium, testis interrogatus respondit:



J’ai une grande affection pour le Curé d’Ars et beaucoup de confiance en lui. En désirant sa béatification je n’ai d’autre but que la gloire de Dieu.



Et quoniam praedictus testis, accitus fuit ad confirmandum factum sanationis, sororis suae Adelaïdis (1591) Joly omissis coeteris Interrogatoriis statim deventum est ad vigesimum septimum super quo interrogatus respondit:



J’habillais ma soeur lorsqu’elle se levait le matin. Je m’aperçus qu’elle se plaignait et qu’elle pleurait. Je lui en demandai la raison et elle me répondit qu’elle avait des douleurs dans le bras. Je lui dis que c’était parce qu’elle se couchait de ce côté. Je regardai le bras et je n’aperçus rien. Au mois de septembre mil huit cent soixante-(et)-un, la sous-maîtresse en visitant les ouvrages des orphelines, remarqua que ma soeur tenait son bras sur son genou et que son travail n’était pas très bien fait. Elle lui dit: “Petite paresseuse, travaillez donc.” Toutes les orphelines alors se mirent à pleurer. La sous-maîtresse vit que ma soeur ne remuait pas le bras: nous lui dîmes qu’elle avait mal au bras. Notre maîtresse, Soeur Marguerite, la conduisit elle-même au chirurgien en chef de la Charité. Il ordonna des remèdes qui furent employés inutilement pendant six mois. On la conduisit une seconde fois auprès du docteur qui dit qu’elle était estropiée pour toute sa vie, et qu’il fallait faire une mécanique pour bander le bras et le tenir dans une position où elle pût travailler autant que possible. Alors nos maîtresses, abandonnant les prescriptions du médecin, nous firent faire une neuvaine en l’honneur du saint Curé d’Ars, après avoir appliqué sur le bras malade un cordon de ses souliers. Le septième jour, Adélaïde me dit: « Léonide, mon bras ne me fait plus mal. » Comme j’étais sa soeur, je me permis de regarder le bras et je vis qu’elle pouvait le remuer avec facilité. Je montai vite vers la maîtresse pour lui annoncer cette bonne nouvelle. Elle me blâma parce que j’avais agi sans sa permission. Le neuvième jour, notre maîtresse débanda elle-même le bras, qu’elle trouva parfaitement guéri. La guérison a persévéré jusqu’à présent. Toute la communauté fut heureuse de cet événement et invoque depuis lors le Curé d’Ars à toutes les heures de la journée.



Qua responsione accepta omissis coeteris Interrogatoriis completum esse examen praedicti testis decreverunt Rmi Judices Delegati et per me Notarium Actuarum de mandato Dominationum suarum Rmarum perlecta fuit integra depositio ab ipso emissa qua per ipsum bene audita et intellecta illam in omnibus confirmavit et propria manu se subscripsit ut sequitur.



Léonide Joly




Ars Procès informatif 1557