Augustin, du mérite I-II-III - CHAPITRE XIII. CONCLUSION. - IL FAUT AVOIR LE PLUS GRAND SOIN DE BAPTISER LES ENFANTS.

CHAPITRE XIII. CONCLUSION. - IL FAUT AVOIR LE PLUS GRAND SOIN DE BAPTISER LES ENFANTS.


22. L'attaque dirigée contre l'Église dans ces derniers temps, la triste nouveauté à laquelle nous devons opposer la vérité des anciens jours, n'a qu'un seul but, en effet on voudrait faire croire que le baptême des enfants est tout a fait inutile. On n'ose le prononcer ouvertement, de peur que la coutume si salutairement enracinée dans l'Église ne soit impatiente à supporter ceux qui la violeraient si volontiers. Mais si c'est pour nous une loi de porter secours aux orphelins, combien plutôt devons-nous prendre courageusement en main la cause des petits enfants? Hélas! jusque sous la puissance de leurs parents ils resteraient plus délaissés et plus malheureux que les orphelins mêmes; car on leur refuserait la grâce de Jésus-Christ alors qu'ils ne peuvent l'implorer encore par eux-mêmes.


23. Un mot sur une autre assertion des adversaires. Il a existé, selon eux, ou même il existe encore des hommes en plein usagé de leur raison, et qui n'ont commis absolument aucun péché dans cette vie. Ah! qu'il en soit ainsi dans l'avenir, ce doit être l'objet de nos désirs, de nos efforts, de nos prières; mais que cette perfection ait jamais existé, il ne faut pas y avoir confiance. Pour qui la poursuit, en effet, cette perfection, et de ses désirs et de ses efforts; pour qui l'implore de ses humbles et dignes prières, les restes du péché s'effacent chaque jour, parce que nous disons en toute vérité: «Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardons à ceux qui nous ont offensés (1)». Mais, à l'exception unique du Saint des saints, tout homme, si saint qu'on le suppose, et bien que connaissant et pratiquant la volonté de Dieu, a toujours eu besoin absolument dans cette vie d'adresser à Dieu cette prière. Prétendre le contraire ici, c'est se tromper grandement; c'est se rendre incapable de plaire à celui-là même qu'on prétend louer; et, d'ailleurs, se croire ainsi parfait soi-même, c'est s'abuser et n'avoir plus en soi la vérité (2), par l'unique raison, d'ailleurs, que c'est croire le faux.

C'est donc à ce médecin, nécessaire non aux personnes saines mais aux malades, c'est à lui de connaître comment il nous guérira et nous rendra parfaits pour le salut éternel. Or, il ne détruit pas la mort, dans le siècle présent, en faveur même de ceux auxquels il remet les péchés; et pourtant la mort ne nous a été infligée qu'en punition du péché; il veut que, triomphant de la crainte que la mort inspire, la sincérité de leur foi ne recule pas devant un combat si redoutable. Et parce que ses justes pourraient s'enfler encore, il ne leur accordé point en certains cas l'aide qui perfectionnerait en eux ta justice. Ainsi veut-il nous convaincre qu'aucun homme vivant n'est complètement justifié devant lui (3); et que par suite nous devons toujours d'humbles actions de grâces à son indulgente miséricorde. Ainsi veut-il que la sainte humilité nous guérisse de la vaine enflure de l'orgueil, cause première de tous les vices: Mon premier plan ne voulait enfanter ici qu'une courte épître, et voici qu'il en vient de naître un livre de longue haleine: puisse-t-il être achevé comme il est enfin terminé!

1. Mt 6,12 - 2. 1Jn 1,8 - 3. Ps 113,2

Traduction de M. l'abbé COLLERY.






Augustin, du mérite I-II-III - CHAPITRE XIII. CONCLUSION. - IL FAUT AVOIR LE PLUS GRAND SOIN DE BAPTISER LES ENFANTS.