Augustin sur la montagne 1062

CHAPITRE XX. CORRECTION FRATERNELLE.

1062 Mt 5,39
62. Je pense que ces trois exemples renferment toute espèce d'injustice. En effet nous divisons en deux catégories tous tes actes d'improbité dont nous pouvons être victimes: ceux qui ne peuvent pas être réparés et ceux qui peuvent l'être. Dans,le premier cas on cherche ordinairement un soulagement dans la vengeance. Mais à quoi sert de rendre coup pour coup? La partie du corps, qui a été blessée, est-elle guérie pour autant? Mais l'âme enflée d'orgueil cherche de telles consolations: l'âme saine et forte n'y trouve point de plaisir; bien plus, elle aime mieux supporter avec bonté la faiblesse d'un autre, que de chercher dans le mal d'autrui un allégement à la senne, qui d'ailleurs n'existe pas.

1063 63. Du reste on ne défend point ici la vengeance qui peut corriger: elle fait même partie de la miséricorde, et n'empêche pas d'être disposé à tout souffrir de la part de celui qu'on voudrait voir meilleur. Mais personne n'est apte à exercer cette espèce de vengeance que celui chez qui l'amour est assez puissant pour dominer (281) la haine dont brûlent ordinairement ceux qui désirent se venger. Il n'est pas à craindre que les parents prennent en haine leur petit enfant qu'ils ont frappé parce qu'il a commis une faute dont ils veulent prévenir le retour. C'est certainement sur le modèle de Dieu le Père lui-même qu'on nous propose le type de la charité parfaite, quand on nous dit plus bas: «Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous persécutent;» et cependant c'est de lui que le prophète a dit: «Car le Seigneur châtié celui qu'il aime, et il frappe de verges tout fils qu'il reçoit (1).» Et le Seigneur dit aussi: «Le serviteur qui n'a pas connu la volonté de son maître et fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups: mais le serviteur qui connaît là volonté de son maître et fait des choses dignes de châtiment, recevra un grand nombre de coups (2).» On demande donc simplement que celui-là seul exerce la vengeance, qui en a le pouvoir selon l'ordre des choses; et qu'il l'exerce comme l'exerce un père à l'égard d'un petit enfant qu'il ne saurait haïr, à cause de son âge: Et cet exemple convient parfaitement pour faire comprendre qu'il est quelquefois meilleur de se venger d'une faute par affection que de la laisser impunie, et cela dans le désir, non d'affliger le coupable par là punition, mais de lui être utile par la conversion: tout en se tenant prêt cependant à supporter patiemment, s'il le faut, plus d'injustices encore de la part de celui qu'on désire voir corrigé, soit qu'on ait le pouvoir de le réprimer, soit qu'on ne l'ait pas.

1
Pr 3,12. - 2 Lc 12,43-47 .

1064 64. Or de grands hommes, des saints, quoique convaincus que la mort qui sépare l'âme du corps n'est point à redouter, mais se conformant aux dispositions de ceux qui la craignent, ont puni certaines fautes de mort, tant, pour imprimer la terreur aux vivants que dans l'intérêt même des coupables, à qui la mort était moins sensible que leur péché qui aurait pu s'aggraver s'ils avaient vécu. Et ce jugement, inspiré de Dieu, n'était pas sans fondement. C'est ainsi qu'Elie fit mourir beaucoup d'hommes soit de sa propre main (1R 18,40), soit en attirant sur eux le feu du ciel (2R 1,10): et beaucoup de grands hommes, d'hommes divins, ont agi de la sorte, non inconsidérément, mais dans le même esprit et pour le bien de l'humanité. Les disciples ayant un jour rappelé au Seigneur cet exemple d'Elie, pour lui demander ainsi le pouvoir d'attirer le feu du ciel sur ceux qui leur avaient refusé l'hospitalité, le Seigneur blâma, non l'action du saint prophète, mais le désir de se venger, inspiré par l'ignorance (1), en leur faisant remarquer que c'était la haine, et non le désir de corriger les coupables, qui les animait. Plus tard, quand il leur eut appris ce que c'est qu'aimer le prochain comme soi-même; quand il leur eut, selon sa promesse, envoyé le Saint-Esprit, dix jours après son ascension (2), les exemples de pareilles vengeances ne manquèrent pas, quoique beaucoup plus rares que sous l'ancienne loi. Alors, en effet, on agissait le plus souvent sous l'empire de la crainte.: et maintenant, devenus libres, les chrétiens trouvaient leur principal aliment dans la charité. Nous lisons dans les Actes dès Apôtres, qu'Ananie et sa femme tombèrent morts à la parole de (Apôtre Pierre, qu'ils ne ressuscitèrent pas et furent ensevelis (3).

1 Lc 9,52-56. - 2 Ac 2,1-4. - 3 Ac 5,1-10.

1065 65. Que si certains hérétiques (4), ennemis de l'ancien Testament, rejettent l'autorité de ce livre, qu'ils écoutent l'Apôtre Paul (ils le lisent comme nous) parler d'un pécheur qu'il a livré à Satan pour la mort de sa chair, «afin que son âme soit sauvée (5).» S'ils ne veulent pas voir ici une mort réelle, ce qui ne peut-être douteux, qu'ils conviennent du moins que l'Apôtre a exercé une vengeance quelconque au moyen de Satan, non par esprit de haine, mais par charité, comme l'indiquent ces paroles: «Afin que son âme soit sauvée.» Ou encore, ils trouveront une preuve de ce que nous, avançons dans des livres auxquels ils attribuent une grande autorité; car ils y liront que l'apôtre Thomas, ayant demandé le genre de mort le plus affreux pour un homme qui l'avait frappé de sa main, tout en priant Dieu d'épargner son âme dans l'autre vie, celui-ci fut tué par un lion; et un chien, ayant séparé sa main du reste du corps, l'apporta sur la table, où l'apôtre prenait son repas. Nous ne sommes pas obligés de croire à ce livre, qui n'est pas dans le canon de l'Eglise catholique: mais il est lu et considéré comme l'exposition de la plus pure vérité par nos adversaires; et ces adversaires, frappés de je ne sais quel aveuglement, s'insurgent contre tous les actes de vengeance corporelle mentionnés dans l'ancien Testament, ne comprenant absolument rien à l'esprit ni 282 aux temps dans lesquels ces faits ont eu lieu.

- 4 Les Manichéens. - 5
Ac 5,5.


1066 66. Les chrétiens tiendront donc pour règle dans l'espèce d'injustices qui s'expient par la vengeance: que le sentiment de l'injure ne doit pas dégénérer en haine, mais que le coeur, compatissant pour la faiblesse, doit être disposé à souffrir davantage encore, à ne point négliger la correction et à employer, suivant la circonstance, le conseil, l'autorité ou la force. Il y a un autre genre d'injustice qui peut se réparer entièrement, et on en reconnaît deux espèces . celle où la réparation a lieu en argent, et l'autre où elle se fait par action. A la première se rapporte ce qui a été dit de la tunique et du manteau, à la seconde la contrainte de marcher mille pas et le conseil d'en ajouter deux mille: puisque, d'un côté, on peut restituer un vêtement, et, de l'autre, rendre au besoin un service à celui qui en a rendu un premier. A moins que nous ne comprenions, dans l'exemple de la joue frappée méchamment, toute espèce d'injustice qui ne peut s'expier que par vindicte; et sous celui du vêtement, tous les torts qu'on peut réparer autrement. Alors ces paroles: «Si quelqu'un veut t'appeler en justice, A auraient été ajoutées pour indiquer que ce qui est enlevé par une sentence du juge ne constitue par un acte de violence susceptible de vindicte. Puis, des deux espèces réunies, s'en formerait une troisième qui pourrait se réparer avec ou sans vengeance. En effet celui qui exige par force et en dehors de l'arrêt du juge, un service qu'on ne lui doit point, par exemple qui contraint sans droit quelqu'un à faire mille pas avec lui et lui impose une démarche injustement et malgré lui: celui-là peut ou être puni, ou rendre un service de même genre, si la victime l'exige. Mais dans tous ces cas, le Seigneur nous apprend que le chrétien doit être plein de patience et de miséricorde, et entièrement disposé à souffrir encore davantage.

1067 67. Et comme c'est peu de chose de ne pas nuire, si l'on ne rend aussi service autant que possible, le Seigneur continue et dit: «Donne à qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut t'emprunter. - Donne à qui te demande,» et non pas tout ce qu'on te demande, mais seulement ce que l'honnêteté et la justice te permettent d'accorder. Quoi! si l'on vous demandait de l'argent pour tâcher de nuire à quelqu'un? si on vous sollicitait à la fornication? et tant d'autres choses de ce genre que je passe sous silence? Il est évident que vous ne devez accorder que ce qui ne peut nuire ni à vous ni à un autre, autant qu'il est possible à l'homme de le savoir et de le croire: et quand la justice vous oblige à refuser ce qu'on vous demande, indiquez-en les motifs pour ne pas renvoyer le solliciteur à vide. Par là vous donnerez réellement à quiconque vous demandera, non pas toujours ce qu'il demandera, mais parfois quelque chose de mieux: vous l'aurez corrigé, en lui faisant sentir l'injustice de sa demande.

1068 68. Quant à ces paroles: «Ne te détourne point de celui qui veut t'emprunter, A elles se rapportent à la disposition de l'âme. Car Dieu aime celui qui donne avec joie (2Co 9,7). Or quiconque reçoit, emprunte, même quand il ne doit pas rendre; car comme Dieu rend avec usure aux miséricordieux, celui qui accorde un bienfait, place à intérêt. Ou si on entend ici par emprunteur seulement celui qui reçoit pour rendre, il faudra dire que le Seigneur a eu en vue ces deux manières de prêter. En effet ou nous faisons bénévolement cadeau de ce que nous donnons, ou nous prêtons pour qu'on nous rende. Et, le plus souvent, les hommes qui sont disposés à donner dans l'espoir de la récompense divine, sont peu disposés à prêter, comme s'il n'avaient rien à attendre de Dieu, vu que c'est l'emprunteur qui doit rendre ce qu'il emprunte. C'est donc avec raison que le Seigneur nous engage à pratiquer ce genre de service, en nous disant: «Ne te détourne point de celui qui veut t'emprunter,» c'est-à-dire ne détourne pas ta volonté de celui qui demande à emprunter, sous prétexte que ton argent ne rapportera rien, et que Dieu ne t'en tiendra aucune compte, puisque c'est à l'emprunteur à te le rendre car, quand tu agis sur l'ordre de Dieu, il est impossible que ton action reste stérile aux yeux de Celui qui te la commande.


CHAPITRE XXI. LA JUSTICE DES PHARISIENS, ACHEMINEMENT VERS LA PERFECTION.

1069 Mt 5,43-46

69. Le Seigneur ajoute ensuite: «Vous avez entendu qu'il a été dit: Vous aimerez votre prochain et vous haïrez votre ennemi. Mais moi je vous dis: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous persécutent; afin que vous soyez (283) les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains ne le font-ils pas aussi? Et si vous saluez vos frères seulement, que faites-vous de surcroît? Les païens ne le font-ils pas aussi? Soyez donc parfaits comme votre Père qui est aux cieux, est parfait.» En effet qui pourrait accomplir les commandements donnés plus haut, sans cet amour qu'on exige de nous, même pour nos ennemis et nos persécuteurs? Or.la perfection de la miséricorde, qui pourvoit aux intérêts de toute âme en peine, ne peut aller au delà de l'amour d'un ennemi; aussi le Seigneur conclut-il partes mots: «Soyez donc parfaits comme votre Père qui est aux cieux est parfait.» Il est bien entendu que Dieu est parfait comme Dieu et l'âme comme âme.

1070 70. Nous voyons par là qu'il y avait déjà un certain progrès dans la justice des Pharisiens, qui était celle de l'ancienne loi, en ce que beaucoup d'hommes haïssent ceux-mêmes qui les aiment, comme des fils débauchés par exemple détestent leurs parents qui répriment leurs écarts; par conséquent celui qui aime son prochain, bien qu'il haïsse son ennemi, est monté d'un degré. Mais sur l'ordre de Celui qui est venu non abolir, mais accomplir la loi, il portera la bienveillance et la bonté jusqu'à la perfection, s'il va jusqu'à aimer son ennemi. Car le premier degré, bien qu'il soit déjà quelque chose, est cependant si petit qu'il peut être commun avec les publicains. Quant à ces expressions de la loi: «Tu haïras ton ennemi,» il faut les entendre non d'un ordre donné au juste, mais d'une concession faite au faible.

1071 71. Ici s'élève une difficulté qu'il est impossible de passer sous silence: c'est qu'on trouve en beaucoup d'endroits de l'Ecriture des textes qui semblent, quand on ne les étudie pas sérieusement et prudemment, contredire l'ordre du Seigneur qui nous exhorte à aimer nos ennemis, à faire du bien à ceux qui nous. haïssent et à prier pour ceux qui nous persécutent. En effet, on voit dans les prophéties de nombreuses imprécations qui peuvent passer pour des malédictions; comme par exemple . «Que leur table soit pour eux un piège (Ps 68,23),» et toute la suite du texte puis ces paroles: «Que ses enfants deviennent orphelins, et son épouse, veuve;» et tout ce que le prophète dit, plus haut et plus bas, dans ce psaume à l'adresse de Judas. On trouve çà et là, beaucoup d'autres passages dans les Ecritures qui semblent contraires à ce commandement du Seigneur, et à celui-ci de l'Apôtre: «Bénissez et ne maudissez pas (1);» car il est écrit . du Seigneur lui-même qu'il a maudit les villes qui n'ont pas reçu sa parole (2); et l'Apôtre dont nous avons parlé, a dit en parlant d'un certain personnage: «Le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres (3).»

1 Rm 12,14. - 2 Mt 2,20-24 Lc 15,13-15. - 3 2Tm 4,14.

1072 72. Mais la réponse est facile. Le prophète expose, sous forme d'imprécation, ce qui doit arriver; il n'exprime point un voeu ni un désir, mais une prévision de l'avenir. Ainsi du Seigneur, ainsi de l'Apôtre; on ne trouve point dans leurs paroles l'expression d'un souhait, mais une prédiction. En effet quand le Seigneur dit: «Malheur à toi, Capharnaüm,» il veut simplement annoncer à cette ville quelque événement malheureux, punition de son infidélité, ce qui n'était point chez lui un désir de malveillance, mais une vue de la divinité. L'Apôtre à son tour ne dit pas: Que le Seigneur lui rende; mais: «Le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres;» ce qui est une prédiction, et non une imprécation. C'est ainsi encore qu'à l'aspect de l'hypocrisie des Juifs dont nous avons déjà parlé, et dont il voyait la ruine imminente, il disait: «Le Seigneur te frappera, muraille blanchie.» Les prophètes ont l'habitude de prédire l'avenir sous la forme d'imprécation, comme aussi souvent ils prophétisent l'avenir sous la figure du passé; ainsi par exemple: «Pourquoi les nations ont-elles frémi et les peuples ont-ils formé de vains complots (4)?» Le psalmiste ne dit pas: Pourquoi les nations frémiront-elles, et les peuples formeront-ils de vains complots, bien qu'il n'ait pas en vue de rappeler le passé, mais d'annoncer l'avenir. «Tel est encore ce passage: Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort (5);» il ne dit pas non plus: Ils se partageront mes vêtements, ils tireront ma robe au sort . Cependant personne ne trouve à redire à ces formes de langage, excepté celui qui ne comprend pas que cette variété de figures n'affaiblit en rien la vérité et favorise singulièrement les élans du coeur.

- 4
Ps 2,2. - 5 Ps 21,19.

284

CHAPITRE XXII. OBJECTION. - PÉCHER CONTRE LE SAINT-ESPRIT. - VENGEANCE DEMANDÉE PAR LES MARTYRS.

1073 Mt 5,44

73. Mais le point principal de la difficulté, c'est ce passage de l'apôtre saint Jean: «Si quelqu'un sait que son frère a commis un péché qui ne va pas à la mort, qu'il prie, et le Seigneur donnera la vie à celui dont le péché ne va pas à la mort. Mais il y a un péché qui va à la mort: ce n'est pas pour celui-là que je dis qu'on doive prier (Jn 5,16).» Evidemment l'apôtre indique ici qu'il y a des frères pour lesquels nous ne sommes pas obligés de prier, tandis que le Seigneur nous ordonne de prier même pour nos persécuteurs. Cette difficulté ne peut se résoudre qu'autant que nous conviendrons qu'il y a chez des frères certains péchés plus graves que la persécution même d'un ennemi. Or on peut prouver par de nombreux témoignage des divines Ecritures que c'est aux chrétiens que s'applique ce nom de frères. On le voit très-clairement par ce texte de l'Apôtre: «Car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle, et la femme infidèle est sanctifiée par le frère.» Il n'a pas ajouté: nôtre; mais il a pensée qu'on verrait clairement que sous le nom de frère il désignait un chrétien uni à une femme infidèle. Aussi ajoute-t-il peu après: «que si l'infidèle se sépare, qu'il se sépare: car notre frère ou notre soeur n'est plus asservie en ce cas (1Co 7,14-15).» Je pense donc que ce péché d'un frère, qui va à la mort, a lieu lorsqu'après avoir connu Dieu par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ on porte atteinte à l'union fraternelle et qu'au mépris de la grâce de la réconciliation on est tourmenté par les feux de la jalousie (3). Or ce péché ne va point à la mort, s'il ne détruit pas la charité fraternelle, mais se borne à refuser; par l'effet d'une certaine faiblesse, les bons offices qui se doivent à un frère. C'est pourquoi le Seigneur a dit sur la croix: «Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font (Lc 23,34);» parce qu'ils n'avaient point encore reçu la grâce du Saint-Esprit, ils n'étaient point encore initiés aux saintes. doctrines de l'union fraternelle. Le bienheureux Etienne, dans les Actes des Apôtres, prie pour ceux qui le lapident (Ac 7,59), parce qu'ils ne croyaient point encore au Christ et qu'ils ne résistaient point à l'esprit de communauté. Et, je pense, Paul l'apôtre ne prie pas pour Alexandre, parce qu'il était déjà du nombre, des frères, et que comme il brisait par jalousie le lien fraternel, son péché allait à la mort. Quant à ceux qui n'avaient pas rompu le lien d'amour, mais avaient succombé à la crainte, l'Apôtre prie pour qu'on leur pardonne. Voici en effet ce qu'il dit: «Alexandre; l'ouvrier en airain, m'a fait beaucoup de mal; le Seigneur lui rendra selon ses oeuvres: évite-le, car il a fortement combattu nos paroles.» Puis il mentionne ceux pour qui il prie en disant: «Dans ma première défense, personne ne m'a assisté; au contraire tous m'ont abandonné: qu'il ne leur soit point imputé (2Tm 4,14-16).»

3 Rét.l. 1,ch. 19,7. - 4 . - 5 .

1074 74. C'est cette différence de péchés qui sépare Judas qui trahit, de Pierre qui renie son Maître, (non qu'il ne faille pardonner à celui, qui se repent, car ce serait aller contre l'ordre du Seigneur qui ordonne d'accorder toujours le pardon à un frère qui le demande (2);) mais parce que le crime de Judas était tel, qu'il ne pouvait s'humilier jusqu'à la prière, bien que sa conscience coupable fût forcée de reconnaître et, d'avouer sa faute. En effet après avoir dit: «J'ai, péché en livrant un. sang innocent,» il est plus facilement poussé. à se pendre de désespoir, qu'à demander humblement son pardon (3). Ainsi faut-il bien savoir à, quelle espèce de repentir Dieu accorde le pardon. Il y a bien des gens qui avouent plus vite encore leurs foules, et qui s'irritent contre eux-mêmes au point de faire croire qu'ils sont vivement fâchés d'avoir fait le mal; et cependant ils ne s'abaissent pas jusqu'à s'humilier, jusqu'à avoir le coeur brisé et à demander pardon. Il faut croire que cet état de leur âme est le résultat de l'énormité de leur péché et tient déjà de la damnation.

- 2
Lc 18,6. - 3 Mt 27,4-5.


1075 75. C'est peut-être là pécher contre l'Esprit-Saint, c'est-à-dire, briser le lien de la charité fraternelle par malice et par jalousie.après avoir reçu la grâce du Saint-Esprit: espèce de péché quine se remet, dit le Seigneur, ni en ce monde ni en l'autre. Là-dessus on peut demander si les Juifs ont péché contre le Saint-Esprit, en disant que le Seigneur chassait les démons au nom de Béelzébud le prince des démons: à supposer que cette injure s'adressât au Sauveur lui-même, puisqu'il dit de lui ailleurs: «S'ils ont appelé le père de famille Béelzébud combien plus ceux 285 de sa maison (1)?» Ou bien devons-nous croire qu'obéissant à un violent sentiment d'envie, payant d'ingratitude des bienfaits si sensibles, bien qu'ils ne fussent pas encore chrétiens, ils ont péché contre le Saint-Esprit, à raison même de leur extrême jalousie? On ne peut pas le conclure des paroles du Seigneur. Car quoiqu'il ait dit, en cet endroit même: «Quiconque aura pro. nonce une mauvaise parole contre le Fils de l'homme, elle-lui sera remise: mais quiconque aura dit un mot contre le Saint-Esprit, il ne lui sera remis ni en ce siècle ni dans le siècle à venir;» cependant on peut admettre que c'était là une exhortation adressée à ses auditeurs pour les engager à se rendre à la grâce et à ne plus commettre, après l'avoir reçue, les péchés dont ils s'étaient rendus coupables jusqu'alors Pour le moment ils avaient blasphémé contre le Fils de l'homme, et ils pouvaient en obtenir le pardon à condition de se convertir, de croire en lui- et de recevoir le Saint-Esprit. Mais si, après l'avoir reçu, ils venaient à briser le lien de- fraternité par jalousie, à combattre,la grâce obtenue, leur faute alors n'aurait été remise ni en ce siècle ni dans le siècle à venir. Si en effet le Seigneur les eût regardés comme condamnés sans espoir, il ne leur eût pas adressé l'avertissement qu'il leur donne ensuite: «Ou rendez l'arbre bon et son fruit bon; ou rendez l'arbre mauvais et son fruit mauvais (2)».

1
Ap 3,10. - 2 Rm 6,12.

1076 76. Comprenons donc que le précepte d'aimer nos ennemis, de faire le bien à ceux qui nous naissent, de prier pour ceux qui nous persécutent, n'exige pas que nous prions pour certains péchés de nos frères: autrement, par ignorance, nous mettrions la divine Ecriture en contradiction avec elle-même; ce qui ne peut pas être. Mais s'il en est pour qui on ne doit pas prier, en est-il contre qui on doive prier? Jusqu'ici je ne suis pas encore assez éclairé là-dessus. On dit en général: «Bénissez et ne maudissez pas;» et encore: «Ne rendant à personne le mal pour le mal (3).» Mais ne pas prier pour quelqu'un ce n'est pas prier contre lui; car il se peut que vous voyez son châtiment assuré, son salut absolument désespéré; et si vous ne priez pas pour lui, ce n'est point par haine, mais parce que vous êtes convaincu que vous ne lui seriez point utile, et que vous ne voulez pas que votre prière soit repoussée par le Juge souverainement juste. Mais que dire de ceux contre qui nous savons- que des saints ont- prié, non dans l'espoir d'obtenir leur correction, car alors ils eussent prié pour eux, mais en vue de leur damnation éternelle; non encore, comme le prophète, contre celui . qui, a, livré -le Seigneur: car, comme nous l'avons dit, c'était, plutôt prédiction de l'avenir que désir, de punition; ni enfin, comme l'Apôtre, contre Alexandre, ainsi que nous l'avons suffisamment expliqué; mais comme les martyrs, mentionnés dans l'Apocalypse, qui demandent à être vengés t, bien que le premier. d'entr'eux ait demandé grâce pour ceux qui .le lapidaient?

- 3
1Co 9,26-27.

1077 77. Que cette difficulté ne nous ébranle pas. En effet qui oserait affirmer que ces saints, ornés de la pourpre, crient vengeance contre les hommes, et non contre le règne du péché? Car la vraie vengeance des martyrs, vengeance pleine de justice et de miséricorde, c'est la destruction du règne de péché, sous lequel ils ont tant souffert. C'est là que tendent les efforts de l'Apôtre, quand il dit: «Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel z.» Or le règne du péché est détruit et renversé en partie par la correction des bons, quand la chair est soumise -à, l'esprit; en partie par la damnation de-ceux, qui persévèrent dans le péché, quand la justice les met si bien à leur place qu'ils ne peuvent, plus nuire aux justes qui règnent avec le Christ. Voyez l'apôtre Paul 1 Ne semble-t-il pas venger sur lui-même Etienne le martyr, quand il se dit Je combats, mais non comme frappant l'air; «mais je châtie mon corps et le réduis en servitude 3.» Car il terrassait, il affaiblissait, et après la victoire, il réglait en lui précisément ce qui avait servi à persécuter Etienne et les autres chrétiens. Qui donc nous prouvera que ce n'est point une vengeance de cette espèce que les saints martyrs demandent au Seigneur, eux qui ont pu, dans le but de se venger, demander la fin de ce monde où ils ont souffert tant de malheurs? En priant, ainsi, on prie pour ceux de ses ennemis qui sont susceptibles de guérison, et non contre ceux qui n'ont pas voulu se guérir: parce que Dieu en punissant ceux-ci n'est point un méchant bourreau, mais un juge souverainement juste. N'hésitons donc point à aimer nos ennemis, à faire du bien à ceux qui nous haïssent et à prier pour ceux qui nous persécutent.

286

CHAPITRE XXIII. LES FILS ADOPTIFS DE DIEU . - CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE.

1078 Mt 5,45

78. Quant à ce qui suit sous forme de conséquence: «Afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux,» il faut l'entendre dans le sens de ces paroles de saint Jean: Il leur a donné le pouvoir d'être faits enfants de Dieu (Jn 1,12).» Car naturellement il n'a qu'un Fils, lequel ne peut absolument pas pécher; et nous, en vertu du pouvoir que nous avons reçu, nous devenons enfants de Dieu, en tant que nous accomplissons ses préceptes. C'est pourquoi l'Apôtre appelle adoption notre vocation à l'héritage éternel, par laquelle nous pouvons être les cohéritiers du Christ (Rm 8,17 Ga 4,5). Nous devenons donc enfants par la régénération spirituelle, et nous sommes adoptés pour le royaume de Dieu, non en qualité d'étrangers, mais comme ses créatures et les oeuvres de ses mains; en sorte que, par un premier bienfait, sa toute-puissance nous a fait être quand nous n'étions pas, et par un second bienfait, il nous a adoptés pour nous faire jouir avec de lui de la gloire éternelle, en qualité d'enfants et dans la proportion de nos mérites. Aussi ne dit-il pas: Faites cela parce que vous êtes les enfants; mais:Faites cela pour que vous soyez les enfants

1079 79. Or, en nous appelant ainsi par son Fils unique, il nous appelle à lui ressembler. Car, comme il est dit ensuite: Le Père fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et les injustes.» Soit donc que vous entendiez ici par soleil, non cet astre visible aux yeux du corps, mais cette sagesse dont il est dit: «Elle est la splendeur de la lumière éternelle (Sg 7,26);» et encore: «Le soleil de justice s'est levé pour moi,» et ailleurs Mais pour vous qui craignez le nom du Seigneur, le soleil de justice se lèvera (Ml 3,2);» et que la pluie soit pour vous la diffusion de la doctrine de vérité, puisque celle-ci a en effet apparu aux bons et aux méchants et que le Christ a été évangélisé aux uns comme aux autres: soit que vous préfériez voir ici le soleil qui brille non seulement aux yeux corporels des hommes, mais à ceux des animaux, et la pluie qui fait croître les productions destinées au soutien de notre corps, interprétation qui me semble la plus probable; en sorte que le soleil spirituel ne se lèverait plus que pour les bons et les saints, ainsi que s'en plaignent les méchants dans le livre intitulé la Sagesse de Salomon: «Et le soleil ne s'est pas levé pour nous (Sg 5,6);» et que la pluie spirituelle ne tomberait plus que sur les bons, les méchants étant figurés par la vigne dont il est dit: «J'ordonnerai aux nuées de ne plus répandre leur rosée sur elles (Is 5,6):» quelle que soit, dis-je, celle de ces deux interprétations que vous adoptiez, on y voit toujours l'effet de la grande bonté de Dieu, qu'il nous est ordonné d'imiter si nous voulons être ses enfants. Car quel est l'homme, assez ingrat pour ne pas reconnaître quel soulagement nous procurent en cette vie ce flambeau visible et la pluie matérielle? Et ce soulagement, nous voyons qu'il est commun ici-bas aux justes et aux pécheurs. Le Christ ne dit pas seulement: «Qui fait lever le soleil sur les bons et sur les méchants;» mais: «Son soleil,» c'est-à-dire celui qu'il a fait, qu'il a fixé et qu'il a tiré du néant, comme on l'écrit dans la Genèse de tous les luminaires (Gn 1,16) Lui qui peut bien appeler sien tout ce qu'il a créé de rien afin de nous apprendre avec quelle libéralité il veut que nous donnions à nos ennemis ce que nous n'avons pas créé nous-mêmes, mais reçu de sa munificence.

1080 80. Or qui peut être prêt à supporter des injures de la part des faibles, dans la mesure qui est utile à leur salut; à aimer mieux souffrir l'injustice d'un autre que de rendre la pareille; à accorder à quiconque lui demande, ou l'objet demandé si cela est possible, ou s'il ne le peut raisonnablement, au moins un bon conseil, un coeur bienveillant; à ne point se détourner de celui qui veut lui emprunter; à aimer des ennemis, à faire du bien à ceux qui le haïssent, à prier pour ceux qui le persécutent? Oui, qui donc accomplit tout cela, sinon l'homme pleinement, parfaitement miséricordieux? Ce seul conseil mis en pratique suffit à soulager le malheur, avec l'aide de Celui qui a dit: «J'aime mieux la miséricorde que le sacrifice (Os 6,6).» Mais il me semble à propos de terminer ici ce volume déjà bien long, et de laisser les lecteur un peu respirer et reprendre des forces pour méditer ce qui doit faire le sujet d'un autre livre.




LIVRE SECOND.


SECONDE PARTIE DU SERMON (1).

1 Mt 6-7.

CHAPITRE PREMIER. POUR VOIR DIEU IL EST NÉCESSAIRE QUE LE COEUR SOIT PUR.

2001
Mt 6,1
1. Après la miséricorde, dont l'étude termine notre premier livre, vient la pureté du coeur, par où nous commençons le second livre. Or la pureté du coeur est en quelque sorte celle de l'oeil destiné à voir Dieu, et que l'on doit avoir soin de tenir simple autant que l'exige la dignité de l'objet qu'il peut contempler. Mais il est difficile que dans cet oeil en grande partie purifié, il ne se glisse pas quelque saleté provenant des choses mêmes qui accompagnent ordinairement nos bonnes actions, comme la louange humaine, par exemple. S'il est dangereux de mal vivre, qu'est-ce que bien vivre et renoncer à la louange; sinon être ennemi du monde qui est d'autant plus misérable que la vie régulière lui déplaît davantage? Si donc ceux parmi lesquels vous vivez ne vous louent pas quand vous faites le bien, ils sont dans l'erreur; s'ils vous louent, vous êtes en danger, À moins que votre coeur ne soit si simple et si pur. que, dans le bien que vous Mites, vous n'ayez point en vue les louanges des hommes; que vous ne soyez plus disposé à féliciter ceux qui goûtent et approuvent le bien, qu'à vous féliciter vous-même, quoique vous meniez une vie régulière quand même on ne vous en louerait pas; et enfin, à moins que vous ne compreniez crue l'éloge qu'on fait de vous n'est utile à celui qui le fait, qu'autant qu'il rapporte l'honneur de votre bonne conduite, non à vous mais à Dieu, dont toute âme fidèle est le temple très-saint et qu'il veut accomplir ce que dit David: «Mon âme se glorifiera dans le Seigneur; que ceux qui ont le coeur doux écoutent et soient dans l'allégresse (Ps 23,3).» C'est donc le propre de celui qui a l'oeil pur de faire le bien sans égard aux louanges des hommes, sans les avoir en vue dans le bien qu'il fait, c'est-à-dire de ne jamais faire le bien pour plaire aux hommes. En effet on pourra simuler le bien, si l'on se propose seulement d'être loué, car, l'homme ne pouvant lire au fond du coeur, ses éloges peuvent tomber à faux. Ceux qui agissent ainsi, c'est-à-dire qui simulent le bien, ont le coeur double. Celui-là a donc seul le coeur simple, c'est-à-dire pur, qui s'élève au dessus des louanges humaines; qui en faisant le bien, n'a en vue et ne cherche à plaire qu'à Celui qui pénètre les consciences. Et tout ce qui sort de sa conscience pure est d'autant plus louable qu'il a moins en vue les louanges humaines.

2002 2. «Prenez donc garde, dit le Seigneur, de ne pas faire votre justice devant les hommes, pour être vus d'eux;» c'est à dire prenez garde de pratiquer la justice pour que les hommes vous voient et de chercher là votre satisfaction. «Autrement vous n'aurez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux;» non pas précisément si vous êtes vus des hommes, mais si vous faites le bien pour en être vus. En effet qu'en serait-il de ce qui a été dit au commencement de ce sermon: «Vous êtes la lumière du monde? une ville ne peut être cachée, quand elle est située sur une montagne; et on n'allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison; qu'ainsi donc votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres?» Mais ce n'est point là que le Seigneur fixe le but, car il ajoute: «et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux (1).» Et ici, comme il défend de se proposer ce but, c'est-à-dire de faire le bien pour être vu des hommes, après avoir dit: «Prenez garde de faire votre justice devant les hommes, pour être vus d'eux,» il n'ajoute rien: ce qui prouve qu'il n'a pas défendu de faire le bien devant les hommes, mais de le faire pour être vu d'eux, c'est-à-dire de viser à cette fin, de fixer là son but.

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Mt 5,14-16.

2003 3. En effet l'Apôtre nous dit: «Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais point serviteur du Christ (Ga 1,10),» bien qu'il dise ailleurs Complaisez à tous en toutes choses, comme je le fais moi-même (1Co 10,32). Pour ceux qui ne savent (288) pas comprendre, il y a là une contradiction pourtant en disant qu'il ne plaît pas aux hommes, il veut dire qu'il ne fait pas le bien pour leur plaire, mais pour plaire à Dieu, à l'amour duquel il voulait amener tous les hommes en cherchant à leur plaire. Il avait donc raison de dire qu'il ne plaisait pas aux hommes, parce qu'en cela il n'avait en vue que de plaire à Dieu: et il n'avait pas moins raison de recommander de plaire aux hommes, non pour chercher là une récompense à de bonnes actions, mais parce qu'on ne petit plaire à Dieu sans se présenter comme modèle à ceux qu'on veut sauver, et que personne n'est tenté d'imiter celui qui ne lui plait pas. Ainsi comme il ne serait point déraisonnable de dire: En prenant la peine de chercher un vaisseau, ce n'est pas un vaisseau, mais une patrie, que je, cherche; de même l'Apôtre pouvait dire: En cherchant à plaire aux hommes, ce n'est pas aux hommes, mais à Dieu que je plais: car, mon but n'est pas là, mais je tends à être imité par ceux que je veux sauver. C'est ainsi qu'il dit en parlant des oblations faites pour les saints «Non que je recherche vos dons, mais je désire le fruit qui en résultera (Ph 4,17);» c'est-à-dire en recherchant vos dons, ce ne sont pas vos dons que je recherche, mais les fruits qui en résulteront pour vous. Car c'était là un indice du progrès qu'ils avaient faits dans les voies du Seigneur, puisqu'ils offraient de bon coeur ce que l'Apôtre leur demandait, non pour son plaisir, mais pour entretenir les liens de la charité.

2004 4. Quant à ce que le Seigneur ajoute: «Autrement vous n'aurez point de récompense de votre Père qui est dans les cieux;» cela prouve simplement que nous devons nous tenir en garde pour ne pas chercher la récompense de nos bonnes oeuvres dans les louanges humaines, c'est-à-dire pour ne pas nous imaginer que nous puissions y trouver le bonheur.



Augustin sur la montagne 1062