Angelus Benoit XVI 119

119

Dimanche 17 juin 2007

Chers frères et soeurs,


Il y a huit siècles, la ville d'Assise aurait eu du mal à imaginer le rôle que la Providence lui destinait, un rôle qui fait d'elle aujourd'hui une ville aussi renommée dans le monde, un vrai "lieu de l'âme". Ce qui lui a conféré ce caractère, c'est l'événement qui s'est produit ici, et qui l'a marquée d'un signe indélébile. Je me réfère à la conversion du jeune François, qui, après 25 ans de vie médiocre et rêveuse, marquée par la recherche de joies et de succès mondains, s'est ouvert à la grâce, est rentré en lui-même et a reconnu progressivement dans le Christ l'idéal de sa vie. Mon pèlerinage aujourd'hui à Assise veut rappeler cet événement à la mémoire, pour en revivre la signification et la portée.

Je me suis arrêté avec une émotion particulière dans la petite église Saint-Damien, où François a entendu du Crucifié la parole programmatique: "Va, François, répare ma maison" (2 Cel I, 6, 10: FF 593). C'était une mission qui commençait avec la pleine conversion de son coeur, pour devenir ensuite levain évangélique jeté à pleines mains dans l'Eglise et dans la société. A Rivotorto, j'ai vu le lieu où, selon la tradition, étaient relégués ces lépreux dont le saint s'est approché avec miséricorde, en commençant ainsi sa vie de pénitent, et aussi le sanctuaire où est rappelée la pauvre demeure de François et de ses premiers frères. Je me suis rendu dans la basilique Sainte-Claire, la "pianticella", la "petite plante" de François, et, cet après-midi, après la visite à la cathédrale d'Assise, je m'arrêterai à la Portioncule, d'où François a guidé, à l'ombre de Marie, les pas de sa fraternité en expansion, et où il a rendu son dernier soupir. Là, je rencontrerai les jeunes, afin que le jeune François, converti au Christ, parle à leur coeur.

En cet instant, depuis la basilique de Saint-François, où repose sa dépouille mortelle, je désire surtout faire miens ses accents de louange: "Très Haut, Tout puissant, bon Seigneur, à toi les louanges, la gloire, et l'honneur, et toute bénédiction" ( Frère Soleil 1: FF263). François d'Assise est un grand éducateur de notre foi et de notre louange. En tombant amoureux de Jésus Christ, il a rencontré le visage du Dieu-amour, il en est devenu le chantre passionné, comme un vrai "jongleur de Dieu". A la lumière des Béatitudes évangéliques, on comprend la douceur avec laquelle il sut vivre les relations avec les autres, en se présentant à tous avec humilité, et en se faisant témoin et artisan de paix.

De cette Ville de la paix, je désire adresser une salutation aux représentants des autres confessions chrétiennes et des autres religions qui, en 1986, ont accueilli l'invitation de mon vénéré Prédécesseur à vivre ici, dans la patrie de saint François, une Journée mondiale de prière pour la paix. Je considère de mon devoir de lancer d'ici un appel pressant et empreint de tristesse afin que cessent tous les conflits armés qui ensanglantent la terre, que se taisent les armes et que partout la haine cède le pas à l'amour, l'offense au pardon et la discorde à l'union! Nous sentons spirituellement présents ici tous ceux qui pleurent, souffrent et meurent à cause de la guerre et de ses tragiques conséquences, en quelque partie du monde que ce soit. Notre pensée va particulièrement à la Terre Sainte, tant aimée de saint François, à l'Irak, au Liban, à tout le Moyen Orient. Les populations de ces pays connaissent depuis trop longtemps désormais, les horreurs des combats, du terrorisme, de la violence aveugle, l'illusion que la force puisse résoudre les conflits, le refus d'écouter les raisons de l'autre, et de lui rendre justice. Seul un dialogue responsable et sincère, renforcé par le généreux soutien de la Communauté internationale, pourra mettre fin à tant de douleur et redonner la vie et la dignité aux personnes, aux institutions, et aux peuples.

Que saint François, homme de paix, obtienne du Seigneur que se multiplient ceux qui acceptent de se faire "instruments de sa paix", à travers les mille petits actes de la vie quotidienne; que ceux qui ont des rôles de responsabilité soient animés par un amour passionné pour la paix, et par une volonté indomptable de l'atteindre, en choisissant des moyens adaptés pour l'obtenir. Que la Vierge sainte, que le Poverello a aimée d'un coeur tendre et qu'il a chantée avec des accents inspirés, nous aide à découvrir le secret de la paix dans le miracle d'amour qui s'est accompli dans son sein avec l'incarnation du Fils de Dieu.







Place Saint-Pierre

Dimanche 24 juin 2007

Chers frères et soeurs,


Aujourd'hui, 24 juin, la liturgie nous invite à célébrer la solennité de la Nativité de saint Jean-Baptiste dont la vie est entièrement orientée vers le Christ, comme celle de Marie, sa mère. Jean- Baptiste a été le précurseur, la "voix" envoyée pour annoncer le Verbe incarné. Par conséquent, commémorer sa naissance signifie en réalité célébrer le Christ, accomplissement des promesses de tous les prophètes dont Jean-Baptiste a été le plus grand, appelé à "préparer le chemin" devant le Messie (cf. Mt Mt 11,9-10).

120 Tous les Evangiles entament la narration de la vie publique de Jésus par le récit de son baptême dans le fleuve du Jourdain par Jean. Saint Luc donne un cadre historique solennel à l'entrée en scène de Jean-Baptiste. Mon livre "Jésus de Nazareth" part également du Baptême de Jésus dans le Jourdain, un événement qui eut un retentissement immense à l'époque. Les gens accouraient de Jérusalem et de toutes les régions de Judée pour écouter Jean-Baptiste et se faire baptiser par lui dans le fleuve, après avoir confessé leurs péchés (cf. Mc Mc 1,5). La réputation du prophète qui baptisait grandit au point que ces nombreuses personnes se demandaient si c'était lui le Messie. Mais l'évangéliste précise qu'il nia de manière catégorique: "Je ne suis pas le Christ" (Jn 1,20). Il reste de toute façon le premier "témoin" de Jésus, ayant reçu une indication du Ciel à son sujet: "Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint" (Jn 1,33). Ceci se produisit précisément lorsque Jésus, ayant reçu le baptême, sortit de l'eau: Jean vit l'Esprit descendre sur Lui comme une colombe. Ce fut alors qu'il "connut" la réalité tout entière de Jésus de Nazareth, et commença à le "manifester à Israël" (Jn 1,31), en le désignant comme Fils de Dieu et rédempteur de l'homme: "Voici l'agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde" (Jn 1,29).

En tant que prophète authentique, Jean rendit témoignage à la vérité sans compromis. Il dénonça les transgressions des commandements de Dieu, même lorsque leurs auteurs en étaient les puissants. Ainsi, lorsqu'il accusa Hérode et Hérodiade d'adultère, il le paya de sa vie, scellant par le martyre son service au Christ qui est la Vérité en personne. Invoquons son intercession, ainsi que celle de la Très Sainte Vierge Marie, afin que de nos jours également, l'Eglise sache demeurer fidèle au Christ et témoigner avec courage de sa vérité et de son amour pour tous.

A l'issue de l'Angelus

Ce dimanche, qui précède la solennité des saints Pierre et Paul, est également en Italie la "Journée pour la charité du Pape". Chers fidèles italiens, je vous suis vivement reconnaissant pour la prière et le soutien solidaire avec lesquels vous participez à l'action évangélisatrice et caritative du Successeur de Pierre dans le monde entier.

Aux pèlerins francophones réunis ce matin pour la prière de l'Angelus, j'adresse une cordiale bienvenue. Je les invite à être d'ardents témoins de l'Evangile, vivant au quotidien le service de leurs frères, et préparant, à la suite de saint Jean-Baptiste, les chemins du Seigneur. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Place Saint-Pierre

Solennité des saints Pierre et Paul

Vendredi 29 juin 2007

Chers frères et soeurs,


La célébration eucharistique en l'honneur des saints Apôtres Pierre et Paul, patrons de Rome et "piliers" de l'Eglise universelle, vient de se terminer dans la Basilique vaticane. Comme chaque année, en cette circonstance solennelle, les Archevêques métropolitains que j'ai nommés au cours de l'année écoulée et auxquels j'ai imposé le pallium, symbole liturgique exprimant le lien de communion qui les unit au Successeur de Pierre, sont rassemblés à Rome. Je renouvelle mon salut le plus cordial aux chers frères métropolitains, vous invitant tous à prier pour eux et pour les communautés confiées à leurs soins pastoraux. Par ailleurs, à l'occasion de la solennité d'aujourd'hui, l'Eglise de Rome et son Evêque ont, cette année encore, la joie d'accueillir la délégation envoyée par le Patriarcat oecuménique de Constantinople. Je renouvelle mon salut le plus cordial aux vénérés frères qui composent la délégation, un salut que je transmets avec affection, à travers eux, à Sa Sainteté Bartholomaios I.

121 La fête des Apôtres Pierre et Paul nous invite, de manière très particulière, à prier intensément et à agir avec conviction pour la cause de l'unité de tous les disciples du Christ. L'Orient et l'Occident chrétiens sont très proches l'un de l'autre et peuvent déjà compter sur une communion presque pleine, comme le rappelle le Concile Vatican II, phare qui guide les pas du chemin oecuménique. Nos rencontres, les visites réciproques, les dialogues en cours ne sont donc pas de simples gestes de politesse, ou des tentatives de trouver des compromis, mais le signe d'une volonté commune de faire tout notre possible afin de parvenir le plus rapidement possible à cette pleine communion que le Christ implore dans sa prière au Père après la Dernière Cène: "Ut unum sint".Parmi ces initiatives figure également "l'Année de saint Paul", que j'ai voulu annoncer hier soir, dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, précisément près de la tombe de l'Apôtre Paul. Il s'agit d'une année jubilaire qui lui est consacrée. Coïncidant avec le bimillénaire de sa naissance, elle s'ouvrira le 28 juin 2008 et se conclura le 29 juin 2009. Je forme le voeu que les différentes manifestations qui seront organisées contribuent à renouveler notre enthousiasme missionnaire et à rendre plus intenses les relations avec nos frères d'Orient et les autres chrétiens qui, comme nous, vénèrent l'Apôtre des Nations.

Nous nous tournons à présent vers la Vierge Marie, Reine des Apôtres. Que par son intercession maternelle, le Seigneur accorde à l'Eglise qui est à Rome et dans le monde entier d'être toujours fidèle à l'Evangile, au service duquel les saints Pierre et Paul ont consacré leur vie.

A l'issue de l'Angelus

A l'occasion de la fête des saints patrons de Rome, j'adresse des voeux particuliers de paix et de prospérité chrétienne à cette ville et à tous ceux qui y habitent. J'encourage en particulier les fidèles à adopter des comportements toujours dignes de l'Evangile, pour être un "levain" dans tous les milieux de vie, notamment dans le monde d'aujourd'hui.

A l'occasion de cet événement important, je suis par ailleurs heureux d'annoncer que dimanche 21 octobre, accueillant l'invitation du Cardinal Crescenzio Sepe, je me rendrai en visite pastorale à Naples. Je salue d'ores et déjà avec affection la chère communauté napolitaine et je l'invite à préparer notre rencontre dans la prière et la charité concrète.

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à la prière de l'Angelus en la fête des saints Pierre et Paul, et à l'occasion de la remise du pallium aux nouveaux Archevêques métropolitains. Puisse votre séjour à Rome vous faire découvrir et aimer davantage l'Eglise, fondée sur les Apôtres, et vous inviter à être témoins du Christ et missionnaires de la Bonne Nouvelle aux quatre coins du monde.

Après avoir salué les pèlerins de langue anglaise, allemande, espagnole et polonaise, le Saint-Père a conclu:

Bonne fête à vous tous !







Place Saint-Pierre

Dimanche 1er juillet 2007

Chers frères et soeurs,


122 Les lectures bibliques de la Messe de ce dimanche nous invitent à méditer sur un thème fascinant que l'on peut résumer ainsi: la liberté et l'imitation du Christ. L'évangéliste Luc raconte que "comme s'accomplissait le temps où il devait être enlevé... il prit résolument le chemin de Jérusalem" (Lc 9,51). Dans l'expression "résolument", nous pouvons entrevoir la liberté du Christ. Il sait en effet que la mort sur la croix l'attend à Jérusalem mais, par obéissance à la volonté de son Père, il se donne lui-même par amour. C'est à travers son obéissance au Père que Jésus réalise sa propre liberté comme choix conscient motivé par l'amour. Qui est plus libre que Lui, qui est le Tout-puissant? Cependant, il n'a pas vécu sa liberté comme la faculté d'agir à sa guise ou comme une domination. Il l'a vécue comme un service. Il a ainsi "rempli" de contenu la liberté, qui autrement resterait une possibilité "vide" de faire ou de ne pas faire quelque chose. Comme la vie même de l'homme, la liberté trouve son sens dans l'amour. Qui est en effet le plus libre? Celui qui garde pour lui toutes les possibilités de peur de les perdre, ou celui qui se donne "résolument" dans le service et se retrouve ainsi plein de vie en raison de l'amour qu'il a donné et reçu?

Ecrivant aux chrétiens de Galatie, aujourd'hui en territoire turc, l'Apôtre Paul déclare: "Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair; mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres" (Ga 5,13). Vivre selon la chair signifie suivre la tendance égoïste de la nature humaine. Vivre selon l'Esprit signifie en revanche se laisser guider dans ses intentions et ses actions par l'amour de Dieu, que le Christ nous a donné. La liberté chrétienne est donc loin d'être arbitraire; elle signifie marcher à la suite du Christ dans le don de soi jusqu'au sacrifice de la Croix. Cela peut sembler paradoxal, mais le Seigneur a vécu l'apogée de sa liberté sur la croix, comme sommet de l'amour. Lorsqu'on lui criait, alors qu'il était sur le Calvaire: "Si tu es le Fils de Dieu, descends de la Croix!", il démontra sa liberté de Fils précisément en restant sur l'échafaud pour accomplir jusqu'au bout la volonté miséricordieuse du Père. Cette expérience a été partagée par de nombreux autres témoins de la vérité; des hommes et des femmes qui ont prouvé leur capacité de rester libres même dans une cellule de prison et sous la menace de la torture. "La vérité vous rendra libres". Celui qui appartient à la vérité ne sera jamais esclave d'aucun pouvoir, mais saura toujours se faire librement le serviteur de ses frères.

Tournons-nous vers la Très Sainte Vierge Marie. Humble servante du Seigneur, la Vierge est le modèle de la personne spirituelle, pleinement libre parce qu'immaculée, exempte du péché et très sainte, consacrée au service de Dieu et du prochain. Qu'elle nous aide, à travers sa sollicitude maternelle, à suivre Jésus, pour connaître la vérité et vivre la liberté dans l'amour.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue, chers pèlerins francophones, venus vous associer à la prière de l'Angelus. Dans l'Evangile, Jésus envoie devant lui des messagers pour préparer sa venue. Aujourd'hui encore, nous sommes ses messagers. Puissions-nous, en vivant sous la conduite de l'Esprit Saint et en nous mettant au service les uns des autres, témoigner de la présence du Christ au milieu des hommes et préparer la venue de son règne. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche, un paisible mois de juillet et de bonnes vacances à tous. Bon dimanche.

Appel pour la Colombie

De Colombie nous parvient la triste nouvelle du cruel assassinat de onze députés régionaux du département du "Valle del Cauca", depuis plus de cinq ans entre les mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie. Tout en priant à leur intention, je m'unis à la profonde douleur de leurs familles et de la bien-aimée nation colombienne, une nouvelle fois endeuillée par la haine fratricide. Je renouvelle mon appel pressant afin que les enlèvements cessent immédiatement et que ceux qui sont encore victimes de ces formes de violence inadmissibles soient rendus à l'affection des leurs.







Place Saint-Pierre

Dimanche 8 juillet 2007

Chers frères et soeurs,

123 Aujourd'hui, l'Evangile (cf. Lc Lc 10,1-12 Lc Lc 10,17-20) présente Jésus qui envoie soixante-douze disciples dans les villages où il va se rendre, afin de préparer les lieux. Il s'agit d'une particularité de l'évangéliste Luc, qui souligne que la mission n'est pas réservée aux douze Apôtres, mais s'étend aussi aux autres disciples. En effet - dit Jésus - "la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux" (Lc 10,2). Il y a du travail pour tous dans la vigne de Dieu. Mais le Christ ne se limite pas à envoyer: Il donne aussi aux missionnaires des règles de comportement claires et précises. Il les envoie tout d'abord "deux par deux", afin qu'ils s'aident mutuellement et qu'ils apportent un témoignage d'amour fraternel. Il les avertit qu'ils seront "comme des agneaux au milieu des loups": ils devront donc être pacifiques en dépit de tout et transmettre en toute circonstance un message de paix; ils ne porteront avec eux ni vêtements ni argent, pour vivre de ce que la Providence leur offrira; ils prendront soin des malades, en signe de la miséricorde de Dieu; là où ils seront rejetés, ils s'en iront, se limitant à mettre en garde sur la responsabilité qu'il y a à rejeter le Royaume de Dieu. Saint Luc souligne l'enthousiasme des disciples devant les bons fruits de la mission et rapporte cette belle expression de Jésus: "Ne vous réjouissez pas tant que les démons vous soient soumis mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux" (Lc 10,20). Que cet Evangile réveille chez tous les baptisés la conscience d'être les missionnaires du Christ, appelés à lui préparer le chemin, à travers les paroles et le témoignage de leur vie.

C'est le temps des vacances et demain, je partirai pour Lorenzago di Cadore, où je serai l'hôte de l'Evêque de Trévise dans la maison qui accueillit déjà le vénéré Jean-Paul II. L'air de la montagne me fera du bien, et je pourrai - ainsi je l'espère - me consacrer plus librement à la réflexion et à la prière. Je souhaite à tous, en particulier à ceux qui en ressentent davantage le besoin, de pouvoir prendre un peu de vacances, pour renouveler leurs énergies physiques et spirituelles et retrouver un contact salutaire avec la nature. La montagne évoque, en particulier, la montée de l'esprit vers le haut, l'élévation vers le "haut degré" de notre humanité, que la vie quotidienne tend malheureusement à abaisser. A ce propos, je désire rappeler le cinquième Pèlerinage des jeunes à la Croix de l'Adamello, où le Saint-Père Jean-Paul II se rendit deux fois. Le pèlerinage a eu lieu ces jours-ci et il vient d'atteindre son sommet lors de la Messe célébrée à environ 3000 mètres d'altitude. En saluant l'Archevêque de Trente et le Secrétaire général de la CEI, ainsi que les autorités du Trentin, je renouvelle à tous les jeunes italiens l'invitation au rendez-vous des 1 et 2 septembre à Lorette.

Que la Vierge Marie nous protège toujours, dans la mission comme dans le juste repos, afin que nous puissions accomplir notre devoir avec joie et de manière fructueuse dans la vigne du Seigneur.

A l'issue de l'Angelus

Chers pèlerins francophones, soyez les bienvenus! Je salue en particulier le groupe de jeunes officiers de l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Dans l'Evangile de ce dimanche, Jésus envoie ses disciples deux par deux pour annoncer sa venue. Qu'à l'exemple des Apôtres Pierre et Paul, tous les baptisés se considèrent comme envoyés au nom du Christ, pour annoncer sa Bonne Nouvelle et pour en témoigner auprès de nos contemporains! Bon dimanche à tous.

Je souhaite à tous un bon dimanche et de bonnes vacances. Au revoir.







Lorenzago di Cadore (Belluno)

Dimanche 15 juillet 2007



Chers frères et soeurs,

Je remercie le Seigneur qui, cette année également, m'offre la possibilité de passer quelques jours de repos à la montagne, et je suis reconnaissant à tous ceux qui m'ont accueilli ici, à Lorenzago, dans ce cadre enchanteur entouré des cimes du mont Cadore, et où est venu plusieurs fois également mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul II. J'adresse un remerciement spécial à l'Evêque de Trévise et à celui de Belluno-Feltre, ainsi qu'à tous ceux qui contribuent de diverses façons à m'assurer un séjour serein et bénéfique. Devant ce spectacle de prés, de forêts, de sommets tendus vers le ciel, s'élève spontanément dans l'âme le désir de louer Dieu pour les merveilles de son oeuvre, et notre admiration pour ces beautés naturelles se transforme facilement en prière.

Chaque bon chrétien sait que les vacances sont un temps propice pour une détente physique et également pour nourrir l'esprit à travers des espaces plus amples de prière et de méditation, pour croître dans le rapport personnel avec le Christ et se conformer toujours plus à ses enseignements. Aujourd'hui, par exemple, la liturgie nous invite à réfléchir sur la célèbre parabole du Bon Samaritain (cf. Lc 10,25-37), qui introduit au coeur du message évangélique: l'amour envers Dieu et l'amour envers le prochain. Mais qui est mon prochain? - demande l'interlocuteur à Jésus. Et le Seigneur répond en renversant la question et en montrant, à travers le récit du bon samaritain, que chacun de nous doit devenir le prochain de chaque personne qu'il rencontre. "Va, et toi aussi fais de même" (Lc 10,37). Aimer, dit Jésus, signifie se comporter comme le bon samaritain. Nous savons d'ailleurs qu'Il est précisément le Bon Samaritain par excellence; bien qu'étant Dieu, il n'a pas hésité à s'abaisser pour se faire homme et à donner sa vie pour nous.

124 L'amour est donc le "coeur" de la vie chrétienne; en effet, seul l'amour, suscité en nous par l'Esprit Saint, fait de nous les témoins du Christ. J'ai voulu reproposer cette importante vérité spirituelle dans le Message pour la XXIII Journée mondiale de la Jeunesse, qui sera rendu public vendredi prochain, 20 juillet: "Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins" (Ac 1,8). Tel est le thème sur lequel, très chers jeunes, je vous invite à réfléchir au cours des prochains mois, pour vous préparer au grand rendez-vous qui aura lieu à Sydney, en Australie, dans un an, précisément en ces jours de juillet. Les communautés chrétiennes de cette bien-aimée nation travaillent activement pour vous accueillir et je leur suis reconnaissant pour les efforts d'organisation qu'elles accomplissent. Confions à Marie, que nous invoquerons demain comme Vierge du Mont Carmel, le chemin de préparation et le déroulement de la prochaine rencontre de la jeunesse du monde entier, à laquelle je vous invite, chers amis de chaque continent, à participer nombreux.

A l'issue de l'Angelus

Je suis heureux de saluer un par un les Evêques présents: Mgr Andrich, Evêque de Belluno-Feltre; Mgr Mazzocato, Evêque de Trévise; Mgr Magnani, Evêque émérite de Trévise; et Mgr Pasqualotto, Evêque auxiliaire de Manaus, au Brésil, originaire de Trévise. Je les assure d'une prière spéciale pour eux et pour le chemin pastoral de leurs communautés diocésaines respectives.

Je salue les Présidents de la Région Vénétie et de la Province de Trévise, ainsi que les responsables des importantes Institutions locales.

Ma pensée s'adresse ensuite aux prêtres et aux diacres permanents; aux éducateurs et aux séminaristes du Séminaire de Trévise, avec leurs familles; aux représentants des Instituts de vie consacrée et des diverses associations laïques, parmi lesquelles l'Action catholique, les scouts et les Mouvements ecclésiaux; aux divers collaborateurs des Organismes diocésains et des écoles catholiques. Je salue enfin avec une profonde affection les enfants et les jeunes qui font leur "camp d'été" ici, à Cadore.

Après avoir salué les pèlerins de langue allemande, le Saint-Père a conclu:
Merci encore d'être venus! Bon dimanche et bonnes vacances. Merci pour tout.
Lorenzago di Cadore (Belluno)

Dimanche 22 juillet 2007

Chers frères et soeurs!


En ces jours de repos que, grâce à Dieu, je passe ici dans la région du Cadore, je ressens de façon encore plus intense l'impact douloureux des nouvelles qui me parviennent sur les conflits sanglants et les épisodes de violence qui ont lieu dans tant de parties du monde. Cela me pousse à réfléchir une fois de plus aujourd'hui sur le drame de la liberté humaine dans le monde. La beauté de la nature nous rappelle que nous avons été destinés par Dieu à "cultiver et garder" ce "jardin" qui est la Terre (cf. Gn Gn 2,8-17): et je vois la façon dont vous cultivez et gardez réellement ce beau jardin de Dieu, un véritable paradis. Oui, si les hommes vivent en paix avec Dieu et entre eux, la Terre ressemble véritablement à un "paradis". Malheureusement, le péché détruit toujours plus ce projet divin, engendrant des divisions et introduisant la mort dans le monde. Il arrive ainsi que les hommes cèdent aux tentations du Malin et se font la guerre les uns contre les autres. La conséquence est que, dans ce "magnifique jardin" qu'est le monde, apparaissent également des espaces d'"enfer". Au milieu de cette beauté, nous ne devons pas oublier les situations dans lesquelles se trouvent parfois certains de nos frères et soeurs.

125 La guerre, avec son cortège de deuils et de destructions, est depuis toujours considérée à juste titre comme une catastrophe qui s'oppose au projet de Dieu, qui a tout créé pour la vie et, en particulier, qui veut faire du genre humain une famille. Je ne peux manquer, en cet instant, de revenir en pensée à une date significative: le 1 août 1917 - il y a tout juste 90 ans - lorsque mon vénéré prédécesseur le Pape Benoît XV adressa sa célèbre Note aux puissances belligérantes, en leur demandant de mettre un terme à la Première Guerre mondiale (cf. AAS 9 [1917] 417-420). Tandis que faisait rage cet épouvantable conflit, le Pape eut le courage d'affirmer qu'il s'agissait d'un "massacre inutile". Son expression a marqué l'histoire. Elle se justifiait dans la situation concrète de cet été 1917, en particulier sur le front vénitien. Mais ces paroles, "massacre inutile", contiennent également une valeur plus ample, prophétique, et peuvent s'appliquer à tant d'autres conflits qui ont fauché d'innombrables vie humaines.

Les terres sur lesquelles nous nous trouvons, qui parlent de paix, d'harmonie et de la bonté du Créateur, ont précisément été le théâtre de la première Guerre mondiale, comme le rappellent encore tant de témoignages et certains chants émouvants des chasseurs alpins. Ce sont des événements qu'il ne faut pas oublier! Il faut tirer un enseignement des expériences négatives que nos pères ont malheureusement vécues, afin de ne pas les répéter. La Note du Pape Benoît XV ne se limitait pas à condamner la guerre; elle indiquait, sur un plan juridique, les voies pour édifier une paix juste et durable: la force morale du droit, le désarmement équilibré et contrôlé, l'arbitrage dans les controverses, la liberté des mers, l'annulation réciproque des dépenses pour la guerre, la restitution des territoires occupés et les négociations justes pour résoudre les questions. La proposition du Saint-Siège était orientée vers l'avenir de l'Europe et du monde, selon un projet d'inspiration chrétienne, mais pouvant être partagé par tous, car fondé sur le droit des personnes. C'est la même orientation que les Serviteurs de Dieu Paul VI et Jean-Paul II ont suivie dans leurs discours mémorables à l'Assemblée des Nations unies, en répétant, au nom de l'Eglise: "Plus jamais la guerre!". De ce lieu de paix, dans lequel on ressent encore plus profondément comme inacceptables les horreurs des "massacres inutiles", je renouvelle l'appel à poursuivre avec ténacité la voie du droit, à refuser avec détermination la course aux armements, à repousser plus généralement la tentation d'affronter de nouvelles situations au moyen de vieux systèmes.

Avec ces pensées et ces voeux dans le coeur, afin que cette terre soit toujours, comme elle l'est à présent, grâce à Dieu, une terre de paix et d'hospitalité, élevons à présent une prière particulière pour la paix dans le monde, en la confiant à la Très Sainte Vierge Marie, Reine de la Paix.

A l'issue de l'Angelus

Chers frères et soeurs, me trouvant sur la Place de Lorenzago, je désire adresser mon salut le plus cordial aux habitants de ce beau village, qui m'ont accueilli avec tant d'affection, et je remercie à nouveau le Maire et l'Administration communale pour leur accueil diligent: aujourd'hui, la première lecture et l'Evangile parlent de l'hospitalité et les paroles de saint Benoît me sont venues à l'esprit: "Accepter l'hôte comme le Christ". Il me semble que vous êtes tous "bénédictins", car vous m'avez accepté ainsi. Et je remercie également les Autorités de la Région de Vénétie et de la Province de Belluno, et les Maires de toute la région du Cadore. Je salue ensuite avec beaucoup de cordialité et de joie le Patriarche de Venise, le Cardinal Angelo Scola, et véritablement avec une immense cordialité et une grande joie l'Evêque de Hong-Kong, le Cardinal Joseph Zen Ze-kiun, présent ici aujourd'hui avec un groupe de diacres et leurs familles. Je salue, en outre, le Président de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Angelo Bagnasco, Archevêque de Gênes; l'Evêque de Belluno-Feltre, Mgr Giuseppe Andrich: merci pour vos belles paroles, venues réellement du coeur, qui m'ont fait "revoir" notre cher Pape Luciani, un grand ami pour moi aussi . Je salue l'Evêque de Trévise, Mgr Andrea Bruno Mazzocato; l'Evêque émérite de Belluno-Feltre, Mgr Giovanni Maffeo Ducoli, et les représentants des Associations de laïcs du diocèse de Belluno-Feltre. Et comme S.Exc. Mgr Andrich, je suis très heureux de la présence de M. Edoardo Luciani, frère du Serviteur de Dieu Jean-Paul I: je vous adresse, M. Luciani, un salut particulier de tout coeur et avec une grande joie. Merci pour votre présence.

Je souhaite à tous un bon dimanche et de bonnes vacances. Merci pour tout.





Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 29 juillet 2007



Chers frères et soeurs!

Rentré avant-hier de Lorenzago, je suis heureux de me trouver à nouveau ici, à Castelgandolfo, dans le climat familial de cette belle petite ville où je compte passer - si Dieu le veut - le reste de l'été. Je désire ardemment rendre grâce encore une fois au Seigneur pour m'avoir permis de passer des journées sereines dans les montagnes du Cadore et je suis reconnaissant à tous ceux qui ont organisé avec beaucoup d'efficacité mon séjour et qui ont veillé sur celui-ci avec soin. C'est avec la même affection que je voudrais vous saluer et vous exprimer mes sentiments de reconnaissance, chers pèlerins, et surtout vous, chers habitants de Castelgandolfo, qui m'avez accueilli avec votre cordialité habituelle, et qui m'accompagnez toujours avec discrétion pendant la période que je passe parmi vous.

Dimanche dernier, rappelant la "Note" que le Pape Benoît XV adressa le 1 août d'il y a 90 ans, aux pays engagés dans la Première Guerre mondiale, je me suis arrêté sur le thème de la paix. Une nouvelle occasion m'invite à présent à réfléchir sur un autre sujet important lié à ce thème. C'est précisément aujourd'hui, en effet, qu'est célébré le 50 anniversaire de l'entrée en vigueur des Statuts de l'A.I.E.A., l'Agence internationale de l'Energie atomique, instituée avec le mandat de "solliciter et accroître la contribution de l'énergie atomique aux causes de la paix, de la santé et de la prospérité dans le monde entier" (art. II des Statuts). Le Saint-Siège, qui approuve pleinement les finalités de cet Organisme, en est membre depuis sa fondation et continue à soutenir son activité. Les changements historiques qui se sont produits au cours des cinquante dernières années montrent qu'au carrefour difficile où se trouve l'humanité, l'engagement en vue d'encourager la non-prolifération des armes nucléaires, de promouvoir un désarmement nucléaire progressif et concerté, et de favoriser l'utilisation pacifique et en toute sécurité de la technologie nucléaire pour un authentique développement, respectueux de l'environnement et toujours attentif aux populations les plus désavantagées, est toujours plus actuel et urgent. Je forme donc le voeu qu'aboutissent les efforts de ceux qui oeuvrent pour poursuivre avec détermination ces trois objectifs, pour faire en sorte que "les ressources ainsi épargnées [puissent] être employées en projets de développement au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2006, n. 13). En effet, il est bon de répéter également en cette occasion qu'"il faut substituer à la course aux armements, un effort commun pour mobiliser les ressources vers des objectifs de développement moral, culturel et économique en définissant les priorités et les échelles des valeurs" (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 2438).


Angelus Benoit XVI 119