Angelus Benoit XVI 134

134 Je vous salue cordialement, pèlerins francophones présents en ce dimanche, notamment les jeunes de la paroisse Saint-Etienne de Colombier. En méditant l'Evangile de ce jour, puissiez-vous contempler le visage miséricordieux de notre Père des cieux, que Jésus nous présente dans la parabole du Fils prodigue. Ainsi, vous serez poussés à vous tourner avec toujours plus de confiance vers Dieu, notamment par le sacrement de la Réconciliation, que je vous invite à pratiquer régulièrement.

Je souhaite à tous un bon dimanche.

BENOÎT XVI

Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 23 septembre 2007





Chers frères et soeurs,

Ce matin, j'ai rendu visite au diocèse de Velletri, dont j'ai été Cardinal titulaire pendant plusieurs années. Ce fut une rencontre familiale, qui m'a permis de revivre des moments du passé riches d'expériences spirituelles et pastorales. Au cours de la célébration eucharistique solennelle, en commentant les textes liturgiques, j'ai pu m'arrêter pour réfléchir sur le juste usage des biens terrestres, un thème que lors de ces derniers dimanches, l'évangéliste Luc a reproposé à notre attention de différentes façons. En racontant la parabole d'un intendant malhonnête, mais très astucieux, le Christ enseigne à ses disciples quelle est la meilleure façon d'utiliser l'argent et les richesses matérielles, c'est-à-dire les partager avec les pauvres en se procurant ainsi leur amitié, en vue du Royaume des Cieux. "Faites-vous des amis avec l'Argent trompeur - dit Jésus -, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles" (Lc 16,9). L'argent n'est pas "trompeur" en soi, mais plus que tout autre chose, il peut enfermer l'homme dans un égoïsme aveugle. Il s'agit donc d'opérer une sorte de "conversion" des biens économiques: au lieu de les utiliser seulement pour l'intérêt personnel, il convient de penser aux besoins des pauvres, en imitant le Christ lui-même, lui qui, écrit saint Paul, "pour vous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin de vous enrichir par sa pauvreté" (2Co 8,9). Cela semble un paradoxe: le Christ ne nous a pas enrichis par sa richesse, mais par sa pauvreté, c'est-à-dire par son amour qui l'a poussé à se donner à nous totalement.

Ici pourrait s'ouvrir un champ de réflexion vaste et complexe, sur le thème de la richesse et de la pauvreté, à l'échelle mondiale également, où deux logiques économiques s'affrontent: la logique du profit et celle de la distribution équitable des biens, qui ne sont pas en contradiction l'une avec l'autre, à condition que leur rapport soit bien ordonné. La doctrine sociale catholique a toujours soutenu que la distribution équitable des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. Jean-Paul II a écrit dans son Encyclique Centesimus annus: "L'économie d'entreprise moderne comporte des aspects positifs, dont la racine est la liberté de la personne, qui s'exprime dans le domaine économique comme dans tant d'autres domaines" (n. 32). Cependant, ajoute-t-il, le capitalisme ne doit pas être considéré comme l'unique modèle valide d'organisation économique (cf. ibid., n. 35). L'urgence de la faim et l'urgence écologique dénoncent avec une évidence croissante que la logique du profit, lorsqu'elle prévaut, augmente la disproportion entre les riches et les pauvres, et la ruineuse exploitation de la planète. Lorsque, au contraire, prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable et durable.

Que la Très Sainte Vierge Marie qui proclame dans le Magnificat que le Seigneur "comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides" (Lc 1,53), aide les chrétiens à user des biens terrestres avec une sagesse évangélique - c'est-à-dire avec une solidarité généreuse -, et qu'elle inspire aux gouvernants et aux économistes des stratégies clairvoyantes qui favorisent le progrès authentique de tous les peuples.

A l'issue de l'Angelus

La première rencontre mondiale des prêtres, diacres, religieux et religieuses tziganes, organisée par le Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement, a eu lieu à Rome ces jours derniers. J'adresse un salut cordial aux participants, qui suivent l'Angelus depuis la place Saint-Pierre. Chers frères et soeurs, que le thème de votre congrès "Avec le Christ au service du peuple tzigane", devienne toujours plus une réalité dans la vie de chacun de vous. Je prie pour cela et vous confie à la protection de la Vierge Marie.

Je souhaite par ailleurs rappeler qu'aujourd'hui en Italie, la Société Saint-Vincent-de-Paul mène une campagne contre l'analphabétisme, grave plaie sociale qui affecte encore de nombreuses personnes dans différentes régions du monde. Je souhaite le meilleur succès à cette initiative et je saisis l'occasion pour adresser une salutation cordiale aux enfants et aux jeunes qui viennent d'entamer la nouvelle année scolaire, comme naturellement à leurs enseignants. Bonne école à tous!

135 Chers pèlerins francophones, je vous adresse mon salut cordial à l'occasion de la prière mariale de l'Angelus. Que chacun d'entre vous puise dans la vie avec le Christ la force pour remplir sa mission quotidienne et pour témoigner de l'espérance qui nous vient du Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.





Palais apostolique de Castelgandolfo

Dimanche 30 septembre 2007




Chers frères et soeurs,

Aujourd'hui, l'Evangile de Luc présente la parabole de l'homme riche et du pauvre Lazare (Lc 16,19-31). Le riche incarne l'utilisation injuste des richesses de la part de celui qui les utilise pour un luxe effréné et égoïste, pensant uniquement à sa propre satisfaction, sans se soucier le moins du monde du mendiant qui se trouve à sa porte. Le pauvre en revanche incarne la personne dont Dieu seul s'occupe: contrairement au riche, il a un nom, Lazare, abréviation de Eleazare qui signifie précisément "Dieu l'aide". Dieu n'oublie pas celui qui est oublié de tous; celui qui ne vaut rien aux yeux des hommes est précieux aux yeux du Seigneur. Le récit montre comment l'iniquité terrestre est renversée par la justice divine: après la mort, Lazare est accueilli "dans le sein d'Abraham", c'est-à-dire dans la béatitude éternelle, alors que le riche finit en enfer, "en proie à la torture". Il s'agit d'un nouvel état de chose sans appel et définitif. C'est donc pendant sa vie qu'il faut se repentir. Le faire après ne sert à rien.

Cette parabole se prête également à une lecture sur le plan social. Celle que livra le Pape Paul VI, il y a tout juste quarante ans, dans l'Encyclique Populorum progressio est inoubliable. Parlant de la lutte contre la faim, il écrivit: "Il s'agit de construire un monde où tout homme... puisse vivre une vie pleinement humaine... où le pauvre Lazare puisse s'asseoir à la même table que le riche (n. 47). L'Encyclique rappelle que ce sont d'une part "les servitudes qui viennent des hommes" et de l'autre "une nature insuffisamment maîtrisée" (ibid.), qui provoquent les nombreuses situations de pauvreté. Malheureusement, certaines populations souffrent de ces deux facteurs à la fois. Comment ne pas penser, en ce moment, spécialement aux pays de l'Afrique subsaharienne, frappés ces derniers jours par de graves inondations? Mais nous ne pouvons pas oublier tant d'autres situations d'urgence humanitaire dans différentes régions du monde, dans lesquelles les conflits pour le pouvoir politique et économique viennent aggraver une situation déjà critique sur le plan de l'environnement. L'appel que lança alors Paul VI: "Les peuples de la faim interpellent aujourd'hui de façon dramatique les peuples de l'opulence" (Populorum progressio PP 3) conserve aujourd'hui toute son urgence. Nous ne pouvons pas prétendre ne pas savoir quel chemin prendre: nous avons la Loi et les Prophètes, nous dit Jésus dans l'Evangile. Celui qui ne veut pas les écouter ne changerait pas, même si quelqu'un revenait de chez les morts pour le réprimander.

Que la Vierge Marie nous aide à profiter du temps présent pour écouter et mettre en pratique cette parole de Dieu. Qu'elle nous obtienne de devenir plus attentifs à nos frères dans le besoin, pour partager avec eux l'abondance ou le peu que nous avons, et contribuer, en commençant par nous-mêmes, à diffuser la logique et le style de la solidarité authentique.

A l'issue de l'Angelus

C'est avec joie que je vous salue, chers pèlerins francophones venus pour la prière de l'Angelus, notamment le Séminaire français de Rome, qui achève sa retraite spirituelle. Que l'exhortation de l'Apôtre Paul dans la liturgie vous aide à vivre dans la foi et l'amour, dans la persévérance et la douceur; vous demeurerez ainsi plus proches du Christ et vous serez des témoins courageux de la Bonne Nouvelle. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je recommande également à votre prière la situation de la péninsule coréenne, où des développements importants dans le dialogue entre les deux Corées font espérer que les efforts de réconciliation en cours puissent se consolider en faveur du peuple coréen et de la stabilité et de la paix de la région tout entière.

136 Je suis avec une grande préoccupation les événements très graves qui se sont déroulés ces derniers jours au Myanmar et je souhaite exprimer ma proximité spirituelle à cette chère population en ce moment d'épreuve douloureuse. Je l'assure de ma prière solidaire et intense, invitant l'Eglise tout entière à faire de même, et je souhaite vivement que l'on trouve une solution pacifique, pour le bien du pays.

Je dis un cordial "au revoir" à la communauté de Castel Gandolfo: dans les prochains jours, en effet, je rentrerai au Vatican. Nous restons proches dans la prière! Je souhaite à tous un bon dimanche.







Place Saint-Pierre

Dimanche 7 octobre 2007

Chers frères et saeurs,


Ce premier dimanche d'octobre nous offre deux motifs de prière et de réflexion: la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie du Rosaire, qui est fêtée justement aujourd'hui et l'engagement missionnaire, auquel ce mois est spécialement consacré. L'image traditionnelle de la Vierge du Rosaire représente Marie qui tient l'Enfant Jésus sur un bras et, de l'autre, tend le chapelet à saint Dominique. Cette iconographie significative montre que le Rosaire est un moyen donné par la Vierge pour contempler Jésus et, en méditant sur sa vie, l'aimer et le suivre toujours plus fidèlement. Telle est la consigne laissée par la Vierge également lors de ses différentes apparitions. Je pense, en particulier, à celle de Fatima, survenue il y a 90 ans. En se présentant comme "la Vierge du Rosaire" aux trois pastoureaux Lucie, Jacinthe et François, elle a recommandé avec insistance de prier le Rosaire tous les jours, pour obtenir la fin de la guerre. Nous aussi, nous voulons accueillir la requête maternelle de la Vierge, en nous engageant à réciter avec foi le Rosaire pour la paix dans les familles, dans les nations, et dans le monde entier.

Nous savons cependant que la paix véritable se diffuse là où les hommes et les institutions s'ouvrent à l'Evangile. Le mois d'octobre nous aide à nous souvenir de cette vérité fondamentale par une initiative spéciale qui tend à maintenir le souffle missionnaire vivant dans chaque communauté et à soutenir le travail de ceux qui - prêtres, religieux, religieuses et laïcs - travaillent aux frontières de la mission de l'Eglise. Nous nous préparons avec une attention spéciale à célébrer, le 21 octobre, la Journée mondiale des Missions, qui aura pour thème: "Toutes les Eglises pour le monde entier". L'annonce de l'Evangile est le premier service que l'Eglise doit à l'humanité, pour offrir le salut du Christ à l'homme de notre temps, sous tant de formes humilié et opprimé, et pour orienter dans le sens chrétien les transformations culturelles, sociales, et éthiques, qui sont en oeuvre dans le monde. Un motif ultérieur nous pousse cette année à un engagement missionnaire renouvelé: le 50 anniversaire de l'Encyclique Fidei donum, du serviteur de Dieu Pie XII, qui a promu et encouragé la coopération entre les Eglises pour la mission ad gentes. Il me plaît de rappeler également qu'il y a maintenant 150 ans, sont partis pour l'Afrique, précisément pour l'actuel Soudan, cinq prêtres et un laïc, de l'institut Don Mazza de Vérone. Parmi eux, se trouvait Daniel Comboni, futur Evêque d'Afrique centrale, et patron de ces populations, dont la mémoire liturgique est fêtée le 10 octobre.

Nous confions tous les missionnaires à l'intercession de ce pionnier de l'Evangile, et des nombreux autres saints et bienheureux missionnaires, hommes et femmes, en particulier à la protection maternelle de la Reine du Saint Rosaire. Que Marie nous aide à nous souvenir que chaque chrétien est appelé à être un annonciateur de l'Evangile à travers sa parole et sa vie.

A l'issue de l'Angelus

C'est aujourd'hui en Italie la Journée pour l'élimination des barrières architecturales. Je souhaite que les institutions et les citoyens soient toujours plus attentifs à cet objectif social, et j'encourage l'oeuvre qu'accomplit dans ce but l'Association FIABA, sous le patronage des plus hautes autorités de l'Etat.
Le Pape a ensuite salué les différents groupes de pèlerins réunis Place Saint-Pierre.

137 Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones, pour la prière mariale de l'Angelus. Aujourd'hui, avec saint Paul, je vous encourage à réveiller en vous le don de Dieu et à reprendre la prière des Apôtres afin que le Seigneur "augmente en vous la foi", pour être des témoins joyeux de l'espérance. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je souhaite à tous un bon dimanche.







Place Saint-Pierre

Dimanche 14 octobre 2007

Chers frères et soeurs!


L'Evangile de ce dimanche présente Jésus qui guérit dix lépreux, dont seulement l'un d'entre eux, samaritain et donc étranger, revient pour le remercier (cf. Lc Lc 17,11-19). Le Seigneur lui dit: "Relève-toi et va: ta foi t'a sauvé" (Lc 17,19). Cette page évangélique nous invite à une double réflexion. Elle fait tout d'abord penser à deux niveaux de guérison: l'un, plus superficiel, concerne le corps; l'autre, plus profond, touche l'être intime de la personne, ce que la Bible appelle le "coeur" et, à partir de là, rayonne dans l'existence tout entière. La guérison complète et radicale est le "salut". Le langage commun lui-même, en distinguant entre "santé" et "salut", nous aide à comprendre que le salut est bien plus que la santé: il est, en effet, une vie nouvelle, pleine, définitive. En outre, Jésus, comme en d'autres circonstances, prononce ici l'expression: "Ta foi t'a sauvé". C'est la foi qui sauve l'homme, en le rétablissant dans sa relation profonde avec Dieu, avec lui-même et avec les autres; et la foi s'exprime dans la reconnaissance. Celui qui, comme le Samaritain guéri, sait remercier, démontre qu'il ne considère pas toute chose comme un dû, mais comme un don qui, même lorsqu'il parvient par l'intermédiaire des hommes ou de la nature, provient en fin de compte de Dieu. La foi comporte alors l'ouverture de l'homme à la grâce du Seigneur, reconnaître que tout est don, tout est grâce. Ce trésor est caché dans un petit mot: "merci"!

Jésus guérit dix malades de la lèpre, une maladie alors considérée comme une "impureté contagieuse" qui exigeait une purification rituelle (cf. Lv Lv 14,1-37). En vérité, la lèpre qui défigure réellement l'homme et la société est le péché; il s'agit de l'orgueil et de l'égoïsme qui engendrent dans l'âme humaine indifférence, haine et violence. Cette lèpre de l'esprit, qui défigure le visage de l'humanité, personne ne peut la guérir sinon Dieu, qui est Amour. En ouvrant son coeur à Dieu, la personne qui se convertit est guérie intérieurement du mal.

"Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (cf. Mc Mc 1,15). Jésus marqua le début de sa vie publique par cette invitation, qui continue à retentir dans l'Eglise, si bien que la Très Sainte Vierge elle-même, en particulier dans ses apparitions les plus récentes, a toujours renouvelé cet appel. Aujourd'hui, nous pensons en particulier à Fátima où, il y a précisément 90 ans, du 13 mai au 13 octobre 1917, la Vierge apparut aux trois pastoureaux: Lucie, Jacinthe et François. Grâce aux liaisons radiotélévisées, je voudrais me rendre spirituellement présent dans ce Sanctuaire marial, où le Cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d'Etat, a présidé en mon nom les célébrations conclusives d'un anniversaire aussi significatif. Je le salue cordialement, ainsi que les autres Cardinaux et Evêques présents, les prêtres qui travaillent dans le Sanctuaire et les pèlerins venus de toutes les parties du monde pour l'occasion. Nous demandons à la Vierge pour tous les chrétiens le don d'une véritable conversion, pour que soit annoncé et témoigné avec cohérence et fidélité le message évangélique éternel, qui indique à l'humanité la voie de la paix authentique.

A l'issue de l'Angelus

Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette prière mariale, en particulier les membres de la Famille missionnaire de Notre-Dame. Comme le souligne la liturgie de ce dimanche, Jésus manifeste la volonté de salut de Dieu en nous guérissant de toutes nos misères, de notre péché. N'oublions jamais de revenir vers lui et de lui exprimer notre action de grâces pour les merveilles qu'il ne cesse d'accomplir en nous. Que Dieu vous bénisse!

Chaque jour continuent à nous parvenir d'Irak de graves nouvelles d'attentats et de violences, qui ébranlent les consciences de ceux qui ont à coeur le bien de ce pays et la paix dans la Région. Parmi celles-ci, j'apprends aujourd'hui la nouvelle de l'enlèvement de deux bons prêtres de l'archidiocèse syro-catholique de Mossoul, menacés de mort. Je fais appel aux ravisseurs afin qu'ils relâchent au plus tôt les deux religieux et, en réaffirmant encore une fois que la violence ne résout pas les tensions, j'élève au Seigneur une prière pressante pour leur libération, pour ceux qui souffrent de la violence et pour la paix.

138 Je souhaite à tous un bon dimanche.





VISITE PASTORALE

DU PAPE BENOÎT XVI

À NAPLES

Place du Plébiscite, Naples

Dimanche 21 octobre 2007



Chers frères et soeurs,

Au terme de cette célébration solennelle, je désire vous renouveler à tous, chers amis de Naples, mon salut et mes remerciements pour l'accueil cordial que vous m'avez réservé, malgré les conditions quelque peu difficiles! Je voudrais adresser un salut particulier aux délégations venues de différentes parties du monde pour participer à la Rencontre internationale pour la Paix, promue par la Communauté de Sant'Egidio, sur le thème: "Pour un monde sans violence. Religions et cultures en dialogue". Puisse cette importante initiative culturelle et religieuse contribuer elle aussi à consolider la paix dans le monde.

Prions pour cela. Mais prions aussi aujourd'hui, et de façon particulière, pour les missionnaires. On célèbre en effet la Journée mondiale des Missions, qui a un thème très significatif: "Toutes les Eglises pour le monde entier". Chaque Eglise particulière est coresponsable de l'évangélisation de l'humanité tout entière et cette coopération entre les Eglises a été développée par le Pape Pie XII dans l'Encyclique "Fidei Donum", il y a 50 ans. Ne manquons pas d'apporter à ceux qui oeuvrent aux frontières de la mission notre soutien spirituel et matériel: prêtres, religieux, religieuses et laïcs, qui rencontrent souvent de graves difficultés dans leur travail, allant parfois même jusqu'à la persécution.

Confions ces intentions de prière à la Très Sainte Vierge Marie, que nous aimons invoquer, au mois d'octobre, sous le titre avec lequel elle est honorée dans le proche sanctuaire de Pompéi: Reine du Saint Rosaire. Nous lui confions en particulier les nombreux migrants venus ici en pèlerinage de Caserte. Que la Vierge protège aussi ceux qui, de différentes façons, s'engagent pour le bien commun et pour un ordre juste de la société, comme cela a été souligné lors de la 45 Semaine sociale des catholiques italiens, qui s'est précisément tenue ces jours-ci à Pistoia et à Pise, cent ans après la première Semaine sociale promue en particulier par Giuseppe Toniolo, illustre figure d'économiste chrétien. Nous avons devant nous de nombreux problèmes et défis. Cela requiert un profond engagement de la part de tous, en particulier des fidèles laïcs travaillant dans les domaines social et politique, pour assurer à chaque personne, et en particulier aux jeunes, les conditions indispensables pour exploiter leurs talents naturels et développer des choix de vie généreux au service de leurs familles et de toute la communauté, et nous voulons tous collaborer à cette tâche.

A présent, nous nous adressons à la Vierge avec la prière habituelle de l'Angelus.







Place Saint-Pierre

Dimanche 28 octobre 2007





Chers frères et soeurs,

139 Ce matin, 498 martyrs tués en Espagne dans les années 30, au siècle dernier, ont été béatifiés ici, place Saint-Pierre. Je remercie le Cardinal José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, qui a présidé la célébration et j'adresse mon salut cordial aux pèlerins qui se sont rassemblés pour cette heureuse occasion. Qu'un aussi grand nombre de martyrs soient béatifiés au même moment montre que le témoignage suprême du sang n'est pas une exception réservée seulement à quelques individus, mais une hypothèse réaliste pour le peuple chrétien tout entier. Il s'agit en effet d'hommes et de femmes d'âges différents, de vocation et de condition sociale différentes, qui ont payé de leur vie leur fidélité au Christ et à son Eglise. Les expressions de saint Paul que reprend la liturgie de ce dimanche s'appliquent bien à eux: "Car moi, me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle" (2Tm 4,6-7). Paul, détenu à Rome, voit la mort s'approcher et dresse un bilan plein de reconnaissance et d'espérance. Il est en paix avec Dieu et avec lui-même et affronte sereinement la mort, conscient d'avoir consacré toute sa vie sans compter au service de l'Evangile.

Le mois d'octobre, consacré de manière particulière à l'engagement missionnaire, se termine ainsi par le témoignage lumineux des martyrs espagnols, qui viennent s'ajouter aux martyrs Albertina Berkenbrock, Emmanuel Gómez Gonzáles et Adilio Daronch, ainsi que Franz Jägerstätter, proclamés bienheureux ces jours derniers au Brésil et en Autriche. Leur exemple montre que le baptême engage les chrétiens à participer avec courage à la diffusion du Règne de Dieu, en y coopérant si nécessaire à travers le sacrifice de leur propre vie. Tous ne sont certes pas appelés au martyre sanglant. Il existe toutefois un "martyre" non sanglant, qui n'est pas moins significatif, comme celui de Céline Chludziñska Borzecka, épouse, mère de famille, veuve et religieuse, béatifiée hier à Rome: elle représente le témoignage silencieux et héroïque de tant de chrétiens qui vivent l'Evangile sans compromis, en accomplissant leur devoir et en se consacrant généreusement au service des pauvres.

Ce martyre de la vie ordinaire est un témoignage particulièrement important dans les sociétés sécularisées de notre époque. C'est le combat pacifique de l'amour, que tout chrétien, comme Paul, doit mener sans se lasser; la course pour diffuser l'Evangile, qui nous engage jusqu'à la mort. Que la Vierge Marie, Reine des martyrs et étoile de l'évangélisation, nous aide et nous accompagne.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue chaleureusement, chers pèlerins francophones qui participez aujourd'hui à l'Angelus, particulièrement les personnes des missions catholiques de langue italienne, portugaise et espagnole, de Genève. Avec l'aide de la Vierge Marie, puissiez-vous vous tourner vers le Seigneur et marcher chaque jour dans la voie de la sainteté, source de liberté et de bonheur. Avec ma Bénédiction apostolique.

Je salue avec affection les fidèles de langue espagnole. Je vous salue en particulier, frères évêques d'Espagne, prêtres, religieux, religieuses, séminaristes et fidèles qui avez eu la joie de participer à la béatification d'un groupe important de martyrs du siècle dernier dans votre Nation, ainsi que ceux qui suivent cette prière mariale à travers la radio et la télévision. Rendons grâce à Dieu pour le grand don de ces témoins héroïques de la foi qui, poussés exclusivement par leur amour pour le Christ, ont payé de leur sang leur fidélité au Christ et à son Eglise. Par leur témoignage, ils éclairent notre chemin spirituel vers la sainteté et nous encouragent à offrir nos vies comme offrande d'amour à Dieu et à nos frères. Dans le même temps, par leurs paroles et leurs gestes de pardon envers leurs persécuteurs, ils nous encouragent à travailler sans relâche pour la miséricorde, la réconciliation et la coexistence pacifique. Je vous invite de tout coeur à renforcer chaque jour davantage la communion ecclésiale, à être des témoins fidèles de l'Evangile dans le monde, en vivant la joie d'être des membres vivants de l'Eglise, véritable épouse du Christ.

Demandons aux nouveaux bienheureux, par l'intermédiaire de la Vierge Marie, reine des martyrs, d'intercéder pour l'Eglise en Espagne et dans le monde; que la fécondité de leur martyre produise d'abondants fruits de vie chrétienne parmi les fidèles et dans les familles; que leur sang versé soit semence de nombreuses et saintes vocations sacerdotales, religieuses et missionnaires. Que Dieu vous bénisse!



SOLENNITÉ DE LA TOUSSAINT



Place Saint-Pierre

Jeudi 1er novembre 2007

Chers frères et soeurs!


Aujourd'hui, en la solennité de la Toussaint, notre coeur, franchissant les limites du temps et de l'espace, s'élargit aux dimensions du Ciel. Au début du christianisme, les membres de l'Eglise étaient également appelés les "saints". Dans la Première Lettre aux Corinthiens, par exemple, saint Paul s'adresse à "vous qui avez été sanctifiés dans le Christ Jésus, vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de Notre Seigneur Jésus Christ" (1Co 1,2). En effet, le chrétien est déjà saint, car le Baptême l'unit à Jésus et à son mystère pascal, mais il doit dans le même temps le devenir, en se conformant à Lui toujours plus profondément. On pense parfois que la sainteté est une condition privilégiée réservée à quelques élus. En réalité, devenir saint est le devoir de chaque chrétien, et nous pourrions même dire de chaque homme! L'Apôtre écrit que Dieu nous a depuis toujours bénis et choisis dans le Christ "pour que nous soyons, dans l'amour, saints et irréprochables sous son regard" (Ep 1,3-4). Tous les êtres humains sont donc appelés à la sainteté qui, en dernière analyse, consiste à vivre en fils de Dieu, dans cette "ressemblance" avec Lui, à partir de laquelle il nous a créés. Tous les êtres humains sont fils de Dieu et tous doivent devenir ce qu'ils sont, à travers le chemin exigeant de la liberté. Dieu invite chacun à faire partie de son peuple saint. Le "Chemin" est le Christ, le Fils, le Saint de Dieu: personne ne parvient au Père sans passer par Lui (cf. Jn Jn 14,6).

140 C'est avec sagesse que l'Eglise a placé en étroite succession la fête de la Toussaint et la Commémoration de tous les fidèles défunts. A notre prière de louange à Dieu et de vénération des esprits bienheureux, que la liturgie nous présente aujourd'hui comme "une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues" (Ap 7,9), s'unit la prière d'intention pour ceux qui nous ont précédés dans le passage de ce monde à la vie éternelle. Demain, nous consacrerons de manière particulière notre prière à ces derniers et nous célébrerons le sacrifice eucharistique pour eux. En vérité, l'Eglise nous invite chaque jour à prier pour eux, en offrant également les souffrances et les difficultés quotidiennes afin que, complètement purifiés, ils soient admis à jouir pour l'éternité de la lumière et de la paix du Seigneur.

Au centre de l'assemblée des saints, resplendit la Vierge Marie, "humble et plus élevée que toute créature" (Dante, Paradis, XXXIII, 2). En mettant notre main dans la sienne, nous nous sentons incités à marcher avec plus d'élan sur le chemin de la sainteté. Nous lui confions notre engagement quotidien et nous la prions aujourd'hui également pour nos chers défunts, avec l'intime espérance de nous retrouver un jour tous ensemble, dans la communion glorieuse des saints.

A l'issue de l'Angelus

Je vous salue de tout coeur, pèlerins francophones venus participer à la prière de l'Angelus, en particulier le groupe de la Maisonnée Saint-Joseph de Montpellier. En ce jour où nous célébrons la fête de tous les saints, chacun est invité à entendre les béatitudes, qui constituent comme un carnet de route pour découvrir la voie de la sainteté. Puisse chacun reconnaître dans le Christ celui qui seul peut donner le vrai bonheur et la vie éternelle. Avec la Bénédiction apostolique.

J'adresse mon salut cordial aux pèlerins de langue italienne. En pensant au groupe innombrable de saints et de saintes qui sont nés et qui ont vécu sur cette terre, j'encourage le peuple italien à suivre leurs exemples en conservant les valeurs évangéliques, pour garder haut le profil moral de la coexistence civile. Bonne fête à tous!







Place Saint-Pierre

Dimanche 4 novembre 2007

Chers frères et soeurs,


La liturgie offre aujourd'hui à notre méditation l'épisode évangélique célèbre de la rencontre entre Jésus et Zachée, dans la ville de Jéricho. Qui était Zachée? Un homme riche dont le métier était "publicain", c'est-à-dire percepteur des impôts pour le compte des autorités romaines, et c'est justement pour cela que le publicain était considéré comme un pécheur public. Ayant appris que Jésus passait par Jéricho, cet homme fut saisi d'un grand désir de le voir, mais comme il était de petite taille, il monta sur un arbre. Jésus s'arrêta précisément sous cet arbre et s'adressa à lui en l'appelant par son nom: "Zachée, descends vite: aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison" (Lc 19,5). Quel message dans une phrase aussi simple! "Zachée": Jésus appelle par son nom un homme méprisé de tous. "Aujourd'hui": oui, pour lui, le moment du salut est précisément maintenant. "Il faut que j'aille demeurer dans ta maison": pourquoi "il faut"? Parce que le Père, riche en miséricorde, veut que Jésus aille "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19,10). La grâce de cette rencontre imprévisible a été capable de changer complètement la vie de Zachée: "Voilà, Seigneur - confessa-t-il à Jésus - je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois plus" (Lc 19,8). Une fois encore, l'Evangile nous dit que l'amour, qui part du coeur de Dieu et qui agit dans le coeur de l'homme, est la force qui renouvelle le monde.

Cette vérité resplendit de façon singulière dans le témoignage du saint dont on célèbre aujourd'hui la mémoire: Charles Borromée, Archevêque de Milan. Sa figure se détache au XVI siècle comme un modèle de pasteur exemplaire par sa charité, sa doctrine, son zèle apostolique, et surtout, par sa prière: "Les âmes, disait-il, se conquièrent à genoux". Consacré évêque à 25 ans seulement, il mit en pratique la consigne du Concile de Trente qui imposait aux pasteurs de résider dans leurs diocèses respectifs, et il se consacra totalement à l'Eglise ambrosienne: il la visita de long en large à trois reprises; il convoqua six synodes provinciaux et onze synodes diocésains; il fonda des séminaires pour la formation d'une nouvelle génération de prêtres; il construisit des hôpitaux et destina les richesses de sa famille au service des pauvres; il défendit les droits de l'Eglise contre les puissants, renouvela la vie religieuse et institua une nouvelle Congrégation de prêtres séculiers, les Oblats. En 1576, lorsque la peste dévasta Milan, il visita les malades et les réconforta, dépensant pour eux tous ses biens. Sa devise tenait en un seul mot: "Humilitas". L'humilité le poussa, comme le Seigneur Jésus, à renoncer à lui-même pour se faire le serviteur de tous.

Je me souviens de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II qui portait son nom avec dévotion, et dont on célèbre aujourd'hui la fête, et je confie à l'intercession de saint Charles tous les évêques du monde, pour lesquels nous invoquons la protection céleste de la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l'Eglise.


Angelus Benoit XVI 134