Discours 2005-2013 30509

RENCONTRE AVEC LES ENFANTS DE L'OEUVRE PONTIFICALE POUR L'ENFANCE MISSIONNAIRE Salle Paul VI Samedi 30 mai 2009

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Je m'appelle Anna Filippone, j'ai 12 ans, je suis servante de messe, je viens de Calabre, du diocèse d'Oppido Mamertina-Palmi. Pape Benoît, mon ami Giovanni a un papa italien et une maman de l'Equateur, et il est très heureux. Penses-tu que les différentes cultures pourront un jour vivre sans se disputer au Nom de Jésus?

J'ai compris que vous voulez savoir comment nous, lorsque nous étions enfants, nous avons fait pour nous aider réciproquement. Je dois dire que j'ai vécu mes années d'école primaire dans un petit village de 400 habitants, très loin des grands centres. Nous étions donc un peu ingénus et dans ce village, il y avait, d'une part, les agriculteurs très riches et d'autres moins riches, mais à l'aise, et d'autre part, des ouvriers pauvres, des artisans.

C'est peu de temps avant le début de l'école primaire que notre famille est arrivée dans ce village, provenant d'un autre village. Nous étions donc un peu des étrangers, le dialecte aussi était différent. Dans cette école, se reflétaient des situations sociales très différentes. Cependant il y avait entre nous une belle communion. Ils m'ont enseigné leur dialecte, que je ne connaissais pas encore. Nous avons bien collaboré, et je dois dire que parfois, naturellement, nous nous disputions, mais ensuite, nous réconciliions, oubliant ce qui était arrivé.

Cela me semble important. Parfois, dans la vie humaine, il semble inévitable de se disputer; mais ce qui est important, cependant, c'est l'art de se réconcilier, le pardon, le fait de recommencer et de ne pas garder d'amertume dans le coeur. Je me souviens avec gratitude de la façon dont nous avons tous collaboré: l'un aidait l'autre et nous marchions ensemble sur notre route. Nous étions tous catholiques, et ceci, naturellement, était d'une grande aide. Nous avons ainsi appris ensemble à connaître la Bible, en commençant par la création jusqu'au sacrifice de Jésus sur la croix, et aussi les débuts de l'Eglise. Nous avons appris le catéchisme ensemble, nous avons appris à prier ensemble, nous nous sommes préparés ensemble à la première confession, pour la première communion: ce jour-là a été splendide. Nous avons compris que Jésus lui-même vient chez nous, qu'il n'est pas un Dieu lointain: il entre dans ma vie, dans mon âme. Et si le même Jésus entre en chacun de nous, nous sommes frères, soeurs, amis et nous devons donc nous comporter en tant que tels.

Pour nous, cette préparation à la première confession comme purification de notre conscience, de notre vie, et ensuite aussi à la première communion, comme rencontre concrète avec Jésus qui vient chez moi, qui vient chez nous tous, ont été des facteurs qui ont contribué à former nos communautés. Ils nous ont aidés à marcher ensemble, à apprendre ensemble à nous réconcilier lorsque c'était nécessaire. Nous avons également organisé des petits spectacles: il est important aussi de collaborer, de montrer de l'attention les uns envers les autres. Puis, à huit ou neuf ans, je suis devenu enfant de choeur. A cette époque, il n'y avait pas encore de filles, mais les filles lisaient mieux que nous. Elles faisaient donc les lectures de la liturgie et nous, nous faisions les enfants de choeur. A cette époque, il y avait encore de nombreux textes en latin à apprendre, et chacun a eu ainsi sa part de difficultés. Comme je l'ai dit, nous n'étions pas des saints: nous avons eu nos disputes, mais cependant, il y avait une belle communion, dans laquelle les distinctions entre riches et pauvres, intelligents et moins intelligents ne comptaient pas. C'était la communion avec Jésus sur le chemin de la foi commune et dans la responsabilité commune, dans les jeux, dans le travail commun. Nous avons trouvé la capacité de vivre ensemble, d'être amis, et bien qu'à partir de 1937, c'est-à-dire depuis plus de 70 ans, je n'ai plus été dans ce village, nous sommes restés encore amis. Nous avons donc appris à nous accepter l'un l'autre, à porter le poids l'un de l'autre.

Cela me semble important: en dépit de nos faiblesses, nous nous acceptons et avec Jésus Christ, avec l'Eglise, nous trouvons ensemble la route de la paix, et nous apprenons à bien vivre.



Je m'appelle Letizia et je voulais te poser une question. Cher Pape Benoît xvi, qu'est-ce que voulait dire pour toi lorsque tu étais enfant la formule: "Les enfants aident les enfants". Est-ce que tu as jamais pensé à devenir pape?

A dire la vérité, je n'aurais jamais pensé devenir pape, parce que, comme je l'ai déjà dit, j'ai été un garçon assez ingénu dans un petit village très loin des centres, dans une province oubliée. On était heureux d'être dans cette province et nous ne pensions pas à autre chose. Naturellement, nous avons connu, vénéré et aimé le Pape - c'était Pie xi - mais pour nous, il était à une hauteur impossible à atteindre, presque dans un autre monde: un père pour nous, mais cependant une réalité très supérieure à nous tous. Et je dois dire qu'aujourd'hui encore, j'ai du mal à comprendre comment le Seigneur a bien pu penser à moi, me destiner à ce ministère. Mais je l'accepte de ses mains, même si c'est une chose surprenante et qui me semble bien au-delà de mes forces. Mais le Seigneur m'aide.



Cher Pape Benoît, je suis Alessandro. Je voulais te demander: tu es le premier missionnaire, nous, enfants, comment pouvons-nous t'aider à annoncer l'Evangile?

Je dirais qu'une première façon est la suivante: collaborer avec l'oeuvre pontificale de l'Enfance missionnaire. Vous faites ainsi partie d'une grande famille, qui apporte l'Evangile au monde. Vous appartenez ainsi à un grand réseau. Nous voyons ici comment se reflète une famille de peuples différents. Vous êtes dans cette grande famille: chacun fait sa part, et ensemble, vous êtes missionnaires, porteurs de l'oeuvre missionnaire de l'Eglise. Vous avez un beau programme, indiqué par votre porte-parole: écouter, prier, connaître, partager, être solidaire. Ce sont des éléments essentiels qui sont réellement une façon d'être missionnaire, de faire grandir l'Eglise et la présence de l'Evangile dans le monde. Je voudrais souligner certains de ces points.

953 Avant tout prier. La prière est une réalité: Dieu nous écoute, et, lorsque nous prions, Dieu entre dans notre vie, devient présent au milieu de nous, agissant. Prier est quelque chose de très important, qui peut changer le monde, parce que cela rend présente la force de Dieu. Et il est important de s'aider à prier: prions ensemble dans la liturgie, prions ensemble en famille. Et je dirais qu'il est important de commencer la journée par une petite prière et aussi de finir la journée par une petite prière: se souvenir de nos parents dans la prière. Prier avant le déjeuner, avant le dîner, et à l'occasion de la célébration commune du dimanche. Un dimanche sans messe, la grande prière commune de l'Eglise, n'est pas un vrai dimanche: il manque le coeur même du dimanche et ainsi la lumière pour la semaine. Et vous pouvez aussi aider les autres - spécialement lorsque peut-être on ne prie pas à la maison, qu'on ne connaît pas la prière -, enseigner aux autres à prier: prier avec eux et ainsi introduire les autres dans la communion avec Dieu.

Et puis écouter, c'est-à-dire apprendre réellement ce que Jésus nous dit. En outre, connaître l'Ecriture Sainte, la Bible. Dans l'histoire de Jésus, nous apprenons - comme l'a dit le cardinal - le visage de Dieu, on apprend comment est Dieu. Il est important de connaître Jésus profondément, personnellement. Ainsi, il entre dans notre vie, il entre dans le monde.

Et aussi partager, ne pas vouloir les choses seulement pour soi, mais pour tous; partager avec les autres. Et si nous voyons l'autre qui est peut-être dans le besoin, qui est moins doué, nous devons l'aider et rendre ainsi l'amour de Dieu présent sans grandes paroles, dans notre petit monde personnel, qui fait partie du grand monde. Et ainsi, nous devenons ensemble une famille, où chacun respecte l'autre: supporter l'autre dans sa diversité, accepter justement même ceux que l'on aime moins, ne pas laisser l'autre être marginalisé, mais l'aider à s'unir à la communauté. Tout ceci veut simplement dire vivre dans cette grande famille de l'Eglise, dans cette grande famille missionnaire. Vivre les points essentiels comme le partage, la connaissance de Jésus, la prière, l'écoute réciproque, et la solidarité, est une oeuvre missionnaire, parce que cela aide à faire en sorte que l'Evangile devienne réalité dans notre monde.

VEILLÉE MARIALE

POUR LA CONCLUSION DU MOIS DE MAI

AU VATICAN Jardins du Vatican Samedi 30 mai 2009



Vénérés frères,
chers frères et soeurs,

Je vous salue tous avec affection, au terme de la traditionnelle veillée mariale, qui conclut le mois de mai au Vatican. Cette année, celle-ci a revêtu une valeur tout à fait particulière, car elle a lieu la veille de Pentecôte. En vous rassemblant, recueillis spirituellement autour de la Vierge Marie et en contemplant les mystères du Saint Rosaire, vous avez revécu l'expérience des premiers disciples, réunis au Cénacle avec la "mère de Jésus", "d'un seul coeur [participant] fidèlement à la prière" dans l'attente de la venue de l'Esprit Saint (cf. Ac Ac 1,14). Nous aussi, en cette avant-dernière soirée de mai, de la colline du Vatican, nous invoquons l'effusion de l'Esprit Paraclet sur nous, sur l'Eglise qui est à Rome et sur tout le peuple chrétien.

La grande fête de Pentecôte nous invite à méditer sur la relation entre l'Esprit Saint et Marie, une relation très étroite, privilégiée et indissoluble. La Vierge de Nazareth fut choisie pour devenir la Mère du Rédempteur par l'opération de l'Esprit Saint: dans son humilité, elle trouva grâce aux yeux de Dieu (cf. Lc 1,30). En effet, dans le Nouveau Testament, nous voyons que la foi de Marie "attire", pour ainsi dire, le don de l'Esprit Saint. Avant tout dans la conception du Fils de Dieu, mystère que l'archange Gabriel lui-même explique ainsi: "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre" (Lc 1,35). Immédiatement après, Marie alla aider Elisabeth, et voici que lorsqu'elle arrive chez elle et la salue, l'Esprit Saint fait tressaillir l'enfant dans le sein de sa parente âgée (cf. Lc 1,44); et tout le dialogue entre les deux mères est inspiré par l'Esprit de Dieu, en particulier le cantique de louange avec lequel Marie exprime ses sentiments profonds, le Magnificat. Tout l'épisode de la naissance de Jésus et de sa prime enfance est guidé de façon presque palpable par l'Esprit Saint, même s'il n'est pas toujours nommé. Le coeur de Marie, en parfaite harmonie avec le Fils divin, est le temple de l'Esprit de vérité, où chaque parole et chaque événement sont conservés dans la foi, dans l'espérance et dans la charité (cf. Lc 2,19 Lc 2,51).
Nous pouvons ainsi être certains que le très saint coeur de Jésus, pendant toute la période de sa vie cachée à Nazareth, a toujours trouvé dans le coeur immaculé de la Mère un "foyer" toujours ardent de prière et d'attention constante à la voix de l'Esprit. Ce qui eut lieu lors des Noces de Cana témoigne de cette harmonie particulière entre Mère et Fils pour rechercher la volonté de Dieu. Dans une situation chargée de symboles de l'alliance, tel que le banquet nuptial, la Vierge Marie intercède et provoque, pour ainsi dire, un signe de grâce surabondante: le "bon vin", qui renvoie au mystère du Sang du Christ. Cela nous conduit directement au Calvaire, où Marie se tient sous la croix avec les autres femmes et avec l'apôtre Jean. La Mère et le disciple recueillent spirituellement le testament de Jésus: ses dernières paroles et son dernier souffle, dans lequel Il commence à diffuser l'Esprit; et ils recueillent le cri silencieux de son Sang, entièrement versé pour nous (cf. Jn 19,25-34). Marie savait d'où venait ce sang: il s'était formé en elle par l'opération de l'Esprit Saint, et elle savait que cette même "puissance" créatrice aurait ressuscité Jésus, comme Il l'avait promis.

Ainsi, la foi de Marie soutint celle des disciples jusqu'à la rencontre avec le Seigneur ressuscité, et continua à les accompagner également après son Ascension au ciel, dans l'attente du "baptême dans l'Esprit Saint" (cf. Ac Ac 1,5). Lors de la Pentecôte, la Vierge Mère apparaît à nouveau comme Epouse de l'Esprit, pour une maternité universelle envers tous ceux qui sont engendrés par Dieu pour la foi dans le Christ. Voilà pourquoi Marie est, pour toutes les générations, l'image et le modèle de l'Eglise qui, avec l'Esprit, avance dans le temps en invoquant le retour glorieux du Christ: "Viens, Seigneur Jésus" (cf. Ap Ap 22,17 Ap Ap 22,20).

954 Chers amis, à l'école de Marie, nous apprenons nous aussi à reconnaître la présence de l'Esprit Saint dans notre vie, à écouter ses inspirations et à les suivre docilement. Celui-ci nous fait croître selon la plénitude du Christ, selon ces bons fruits que l'apôtre Paul énumère dans la Lettre aux Galates: "Charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi" (Ga 5,22). Je vous souhaite d'être emplis de ces dons et de marcher toujours avec Marie selon l'Esprit et, tandis que je vous exprime mes remerciements pour la participation à cette célébration ce soir, je vous donne de tout coeur à tous, ainsi qu'à toutes les personnes qui vous sont chères, ma Bénédiction apostolique.

Juin 2009



AU SÉMINAIRE PONTIFICAL FRANÇAIS DE ROME


Salle Clémentine Samedi 6 juin 2009


Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’Episcopat,
Monsieur le Recteur,
Chers prêtres et séminaristes,

C’est avec joie que je vous accueille à l’occasion des célébrations qui marquent ces jours-ci un moment important de l’histoire du Séminaire pontifical français de Rome. La Congrégation du Saint-Esprit qui, depuis sa fondation, en avait jusqu’alors assumé la tutelle la remet à présent, après un siècle et demi de fidèle service, à la Conférence des Évêques de France.

Nous devons rendre grâce au Seigneur pour le labeur accompli dans cette institution où, depuis son ouverture, près de 5000 séminaristes ou jeunes prêtres ont été préparé à leur future vocation. En saluant le travail des membres de la Congrégation du Saint-Esprit, Pères et Frères, je souhaite confier d’une manière particulière au Seigneur les apostolats que la Congrégation fondée par le vénérable Père Liberman conserve et développe à travers le monde - et plus particulièrement en Afrique - à partir de son charisme qui n’a rien perdu de sa force et de sa justesse. Puisse le Seigneur bénir la Congrégation et ses missions.

La tâche de former des prêtres est une mission délicate. La formation proposée au séminaire est exigeante, car c’est une portion du peuple de Dieu qui sera confié à la sollicitude pastorale des futurs prêtres, ce peuple que le Christ a sauvé et pour lequel il a donné sa vie. Il est bon que les séminaristes se souviennent que si l’Église se montre exigeante avec eux, c’est parce qu’ils devront prendre soin de ceux que le Christ s’est si chèrement acquis. Les aptitudes demandées aux futurs prêtres sont nombreuses : la maturité humaine, les qualités spirituelles, le zèle apostolique, la rigueur intellectuelle ... Pour atteindre ces vertus, les candidats au sacerdoce doivent pouvoir non seulement en être les témoins chez leurs formateurs, mais plus encore ils doivent pouvoir être les premiers bénéficiaires de ces qualités vécues et dispensées par ceux qui ont la charge de les faire grandir. C’est une loi de notre humanité et de notre foi que nous ne soyons capables, le plus souvent, de donner que ce que nous avons au préalable reçu de Dieu à travers les médiations ecclésiales et humaines qu’il a instituées. Qui reçoit charge de discernement et de formation doit se rappeler que l’espérance qu’il a pour les autres, est en premier lieu un devoir pour lui-même.

Ce passage de témoin coïncide avec le début de L’année du Sacerdoce. C’est une grâce pour la nouvelle équipe de prêtres formateurs réunie par la Conférence des Évêques de France. Alors qu’elle reçoit sa mission, il lui est donné, comme à toute l’Église, la possibilité de scruter plus profondément l’identité du prêtre, mystère de grâce et de miséricorde. Il me plaît ici de citer l’éminente personnalité que fut le Cardinal Suhard, disant à propos des ministres du Christ : « Eternel paradoxe du prêtre. Il porte en lui les contraires. Il concilie, au prix de sa vie, la fidélité à Dieu et la fidélité à l’homme. Il a l’air pauvre et sans force… Il n’a en mains ni les moyens politiques, ni les ressources financières, ni la force des armes, dont d’autres se servent pour conquérir la terre. Sa force à lui, c’est d’être désarmé et de ‘pouvoir tout en Celui qui le fortifie’ » (Ecclesia n°141, p.21, Décembre 1960). Puissent ces paroles qui évoquent si bien la figure du saint Curé d’Ars retentir comme un appel vocationnel pour de nombreux jeunes chrétiens de France qui désirent une vie utile et féconde pour servir l’amour de Dieu.

955 La particularité du Séminaire français est d’être situé dans la ville de Pierre ; pour reprendre le voeu de Paul VI (cf. Discours aux anciens du Séminaire français, 11 septembre 1968), je souhaite qu’au cours de leur séjour à Rome, les séminaristes puissent de façon privilégiée se familiariser avec l’histoire de l’Église, découvrir l’ampleur de sa catholicité et sa vivante unité autour du successeur de Pierre et qu’ainsi soit à jamais fixé en leur coeur de pasteur l’amour de l’Église.

En invoquant sur vous tous d’abondantes grâces du Seigneur par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, de sainte Claire et du Bienheureux Pie IX, je vous accorde à tous de grand coeur ainsi qu’à vos familles, aux Anciens qui n’ont pu venir et au personnel laïc du Séminaire, la Bénédiction apostolique.


AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU VENEZUELA EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM»


Lundi 8 juin 2009



Monsieur le cardinal,
chers frères dans l'épiscopat,

1. Je vous souhaite une cordiale bienvenue, pasteurs de l'Eglise qui est au Venezuela, à cette rencontre à l'occasion de votre visite ad limina et, en tant que Successeur de Pierre, je remercie le Seigneur pour cette occasion de confirmer mes frères dans la foi (cf. Lc 22,32) et de participer avec eux à leurs joies et à leurs préoccupations, à leurs projets et à leurs difficultés.

Je remercie avant tout Mgr Ubaldo Ramón Santana Sequera, archevêque de Maracaibo et président de la conférence épiscopale du Venezuela pour ses paroles, qui expriment votre communion avec l'Evêque de Rome et le Chef du collège épiscopal, ainsi que les défis et les espérances de votre ministère pastoral.

2. Les défis que vous devez affronter dans le cadre de votre tâche pastorale sont en effet toujours plus nombreux et difficiles, et ont en outre augmenté au cours des dernières années, en raison d'une grave crise économique mondiale. Le moment actuel offre toutefois également de nombreux et véritables motifs d'espérance, cette espérance capable de remplir le coeur de tous les hommes qui "peut être seulement Dieu, le Dieu qui nous a aimés et qui nous aime toujours jusqu'au bout" (Spe salvi, ). Comme il l'a fait avec les disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24,13-35), le Seigneur ressuscité marche également à nos côtés, diffusant en nous son esprit d'amour et de force, afin que nous puissions ouvrir nos coeurs à un avenir empli d'espérance et de vie éternelle.

3. Chers frères, face à vous se présente le devoir passionnant d'évangélisation et vous avez entamé la "Mission pour le Venezuela" dans la lignée de la Mission continentale promue par la V Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, à Aparecida. Ces temps sont également des temps de grâce pour ceux qui se consacrent entièrement à la cause de l'Evangile. Ayez confiance dans le Seigneur. Il rendra féconds vos engagements et vos sacrifices.

Je vous encourage donc à accroître les initiatives visant à faire connaître dans toute leur intégralité et leur beauté la figure et le message de Jésus Christ. C'est pourquoi, en dehors d'une bonne formation doctrinale de tout le peuple de Dieu, il est important de promouvoir une profonde vie de foi et de prière. Dans la liturgie et dans le dialogue intime de la prière personnelle ou communautaire, le Ressuscité vient à notre rencontre, transformant notre coeur à travers sa présence pleine d'amour.

Je désire rappeler également la nécessité de la vie spirituelle des évêques. Ceux-ci, pleinement configurés au Christ Tête par le sacrement de l'ordre, sont dans un certain sens pour l'Eglise qui leur a été confiée un signe visible du Seigneur Jésus (cf. Lumen gentium LG 21). C'est pourquoi le ministère pastoral doit être un reflet cohérent de Jésus, serviteur de Dieu, en montrant à tous l'importance fondamentale de la foi, ainsi que le besoin de placer au premier plan la vocation à la sainteté (cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. Pastores gregis ).

956 4. Pour accomplir une action pastorale fructueuse, il est indispensable d'établir une étroite communion affective et effective entre les pasteurs du peuple de Dieu qui doivent "se savoir toujours unis entre eux et se montrer soucieux de toutes les Eglises" (Christus Dominus CD 6). Cette unité, qui, aujourd'hui et toujours, doit être promue et exprimée de manière visible, sera une source de réconfort et d'efficacité apostolique dans le ministère qui vous a été confié.

5. L'esprit de communion doit vous conduire à prêter une attention particulière à vos prêtres. Ceux-ci, collaborateurs directs du ministère épiscopal, doivent être les premiers destinataires de votre attention pastorale, et doivent se sentir proches de vous et être traités avec une amitié fraternelle. Cela les aidera à accomplir avec dévouement le ministère reçu et également à accueillir avec un esprit filial, lorsque cela est nécessaire, les admonestations en ce qui concerne les aspects devant être améliorés ou corrigés. C'est pourquoi je vous encourage à redoubler vos efforts en vue d'encourager le zèle pastoral entre les prêtres, en particulier au cours de cette prochaine année sacerdotale que j'ai voulu proclamer.

A cela s'ajoute l'intérêt qu'il faut manifester à l'égard du séminaire diocésain, pour encourager une sélection et une formation attentive et compétente de ceux qui ont été appelés à être les pasteurs du peuple de Dieu, sans épargner les moyens humains et matériels pour cela.

6. Les fidèles laïcs, pour leur part, participent selon leur façon spécifique à la mission salvifique de l'Eglise (cf. Lumen gentium LG 33). En tant que disciples et missionnaires du Christ, ils sont appelés à illuminer et ordonner les réalités temporelles afin qu'elles répondent au dessein d'amour de Dieu (ibid., n. 31). C'est pourquoi, il faut des laïcs mûrs, qui témoignent fidèlement de leur foi et ressentent la joie de leur appartenance au Corps du Christ, et auxquels il est nécessaire d'offrir, entre autres, une connaissance adéquate de la doctrine sociale de l'Eglise. Dans ce sens, j'apprécie votre engagement en vue de faire rayonner la lumière de l'Evangile sur les événements de plus grande importance qui concernent votre pays, sans rechercher aucun autre intérêt que la diffusion des valeurs chrétiennes les plus authentiques, en vue également de favoriser la recherche du bien commun, la coexistence harmonieuse et la stabilité sociale.

Je vous confie de façon particulière les personnes les plus indigentes. Continuez de promouvoir les multiples initiatives de charité de l'Eglise qui est au Venezuela, afin que nos frères les plus pauvres puissent faire l'expérience de la présence parmi eux de Celui qui a donné sa vie sur la Croix, pour tous les hommes.

7. Je voudrais conclure par une parole d'espérance et d'encouragement pour votre devoir; vous pouvez toujours compter sur mon soutien, sur ma sollicitude et sur ma proximité spirituelle. Je vous demande d'apporter mes salutations affectueuses à tous les membres de vos Eglises particulières: aux évêques émérites, aux prêtres, aux religieux et aux fidèles laïcs, et en particulier aux époux, aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes souffrantes. Avec ces sentiments, et en invoquant la protection de la Vierge Marie, Notre-Dame de Coromoto, tant aimée dans tout le Venezuela, je vous donne de tout coeur ma bénédiction apostolique.


À LA FONDATION "CENTESIMUS ANNUS - PRO PONTIFICE" Salle Clémentine Samedi 13 juin 2009


Vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
illustres et chers amis!

957 Merci de votre visite, qui s'inscrit dans le contexte de votre réunion annuelle. Je vous salue tous avec affection et je vous suis reconnaissant pour ce que vous accomplissez, avec une grande générosité, au service de l'Eglise. Je salue et je remercie le comte Lorenzo Rossi de Montelera, votre président, qui a interprété avec une grande sensibilité vos sentiments, en exposant les grandes lignes de l'activité de la Fondation. Je remercie aussi ceux qui, en différentes langues, ont voulu me présenter la preuve de la dévotion commune. Notre rencontre d'aujourd'hui revêt une signification et une valeur particulière à la lumière de la situation que vit en ce moment l'humanité tout entière.

En effet, la crise financière et économique qui a frappé les pays industrialisés, les pays émergents et les pays en voie de développement, montre de manière évidente que certains paradigmes économiques et financiers qui se sont imposés ces dernières années sont à repenser. Votre Fondation a donc eu raison d'affronter, dans le cadre de ce congrès international, qui s'est déroulé hier, le thème de la recherche et de la définition des valeurs et des règles que le monde économique devrait respecter pour donner le jour à un nouveau modèle de développement plus attentif aux exigences de la solidarité et plus respectueux de la dignité humaine.

Je suis heureux d'apprendre que vous avez, en particulier, examiné les interdépendances entre institutions, société et marché en partant, en accord avec l'encyclique Centesimus annus de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II, de la réflexion selon laquelle l'économie de marché, entendue comme "système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l'entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu'elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique" (n. 42), peut être reconnue comme une voie de progrès économique et civil uniquement si elle est orientée vers le bien commun (cf. n. 43). Mais cette vision doit également s'accompagner d'une autre réflexion selon laquelle la liberté dans le secteur de l'économie, doit être encadrée "dans un contexte juridique ferme qui la met au service de la liberté humaine intégrale", une liberté responsable "dont l'axe est d'ordre éthique et religieux" (n. 42). De manière opportune, l'encyclique mentionnée affirme: "De même que la personne se réalise pleinement dans le libre don de soi, de même la propriété se justifie moralement dans la création, suivant les modalités et les rythmes appropriés, de possibilités d'emploi et de développement humain pour tous" (n. 43).

Je souhaite que les recherches développées au cours de vos travaux, en s'inspirant des principes éternels de l'Evangile, élaboreront une vision de l'économie moderne respectueuse des besoins et des droits des plus faibles. Comme vous le savez, sera prochainement publiée mon encyclique consacrée précisément au vaste thème de l'économie et du travail: il y sera mis en évidence quels sont pour nous chrétiens les objectifs à poursuivre et les valeurs à promouvoir et défendre inlassablement, dans le but de parvenir à une convivialité humaine authentiquement libre et solidaire. Je prends également acte avec plaisir de ce que vous accomplissez en faveur du pisai (Institut pontifical des études arabes et d'islamologie), dont vous partagez les finalités et auquel j'attribue une grande valeur en vue d'un dialogue interreligieux toujours plus fécond.

Chers amis, je vous remercie encore une fois de votre visite; j'assure chacun de vous de mon souvenir dans la prière, et je vous bénis de tout coeur.

À SA BÉATITUDE IGNACE YOUSSIF III YOUNAN, PATRIARCHE D'ANTIOCHE DES SYRIENS Vendredi, 19 juin 2009

Béatitude,

la visite que vous accomplissez à Rome pour vénérer les tombes des Apôtres et rencontrer le Successeur de Pierre est pour moi un motif de grande joie. Aujourd’hui, je renouvelle avec une affection sincère et fraternelle le salut et le baiser de paix dans le Christ qu’au début de l’année j’avais échangés avec vous, au lendemain de votre élection comme Patriarche d’Antioche des Syriens. Je vous remercie des paroles cordiales que vous m’avez adressées au nom de votre Église Patriarcale. Je désire exprimer également ma reconnaissance à leurs Béatitudes le Cardinal Ignace Moussa Daoud, Préfet émérite de la Congrégation pour les Églises Orientales, et Ignace Pierre Abdel Ahad, Patriarches émérites de votre Église, ainsi qu’à tous les membres du Synode épiscopal. Mes remerciements se font prière, en particulier pour vous, Béatitude, nouveau Patriarche, tandis que j’accompagne d’une fraternelle solidarité les premiers pas de votre service ecclésial.

Béatitude, la Providence divine nous a constitués ministres du Christ et Pasteurs de son unique troupeau. Maintenons donc le regard du coeur fixé sur Lui, Pasteur suprême et Évêque de nos âmes, assurés qu’après avoir mis sur nos épaules le munus épiscopal, il ne nous abandonnera jamais. C’est le Christ lui-même, notre Seigneur, qui a établi l’Apôtre Pierre comme le « roc » sur lequel s’appuie l’édifice spirituel de l’Église, demandant à ses disciples de marcher en pleine unité avec lui, sous sa conduite assurée et celle de ses Successeurs. Au cours de votre histoire plus que millénaire, la communion avec l’Évêque de Rome est toujours allée de pair avec la fidélité à la tradition spirituelle de l’Orient chrétien, et toutes deux forment les aspects complémentaires d’un unique patrimoine de foi que professe votre vénérable Église. Ensemble, nous professons cette même foi catholique, unissant notre voix à celle des Apôtres, des martyrs et des saints qui nous ont précédés, élevant vers Dieu le Père, dans le Christ et dans l’Esprit Saint, l’hymne de louange et d’action de grâce pour l’immense richesse de ce don qui est confié à nos mains fragiles.

Chers Frères de l’Église Syrienne Catholique, j’ai pensé particulièrement à vous durant la solennelle Célébration eucharistique de la fête du Corpus Domini. Dans l’homélie, que j’ai prononcée sur le parvis de la Basilique Saint-Jean de Latran, j’ai cité le grand Docteur saint Éphrem le Syrien, qui affirme : « Au cours de la Sainte Cène, Jésus s’immola lui-même ; sur la croix, il fut immolé par les autres ». Cette intéressante annotation me permet de souligner la racine eucharistique de l’ecclesiastica communio que je vous ai accordée, Béatitude, au moment de l’élection synodale. De façon très opportune, vous avez voulu montrer, par un signe public, ce lien très étroit qui vous unit à l’Évêque de Rome et à l’Église universelle, au cours de l’Eucharistie que vous avez célébrée hier, à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, et à laquelle a participé mon représentant avec mandat spécial, le Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales, Monsieur le Cardinal Leonardo Sandri. En effet, c’est l’Eucharistie qui fonde nos diverses traditions dans l’unité de l’unique Esprit, faisant d’elles une richesse pour le peuple de Dieu tout entier. Que la célébration de l’Eucharistie, source et sommet de la vie ecclésiale, vous maintienne ancrés dans l’ancienne tradition syriaque, qui revendique de posséder la langue même du Seigneur Jésus et, en même temps, ouvre devant vous l’horizon de l’universalité ecclésiale ! Qu’elle vous rende toujours attentifs à ce que l’Esprit suggère aux Églises ; qu’elle ouvre les yeux de votre coeur pour que vous puissiez scruter les signes des temps à la lumière de l’Évangile et que vous sachiez accueillir les attentes et les espérances de l’humanité, en répondant généreusement aux besoins de ceux qui vivent dans de graves conditions de pauvreté. L’Eucharistie est le Pain de Vie qui nourrit vos communautés et les fait toutes grandir dans l’unité et dans la charité. Sachez donc puiser dans l’Eucharistie, Sacrement de l’unité et de la communion, la force de dépasser les difficultés que votre Église a connues ces dernières années, afin de retrouver les chemins du pardon, de la réconciliation et de la communion.

Chers Frères, encore merci de votre visite qui me permet de vous exprimer ma profonde sollicitude à l’égard de vos problématiques ecclésiales. J’accompagne avec satisfaction la pleine reprise du fonctionnement de votre Synode, et j’encourage les efforts en vue de favoriser l’unité, la compréhension et le pardon, que vous devrez toujours considérer comme des devoirs prioritaires pour l’édification de l’Église de Dieu. Je prie constamment, en outre, pour la paix au Moyen-Orient, en particulier pour les chrétiens qui vivent dans la bien-aimée nation irakienne, dont je présente chaque jour au Seigneur les souffrances au cours du Sacrifice eucharistique.


Discours 2005-2013 30509