Discours 2005-2013 1148


BÉNÉDICTION DE LA STATUE RESTAURÉE

DE LA VIERGE DE MONTE MARIO À ROME

ET VISITE AU MONASTÈRE DOMINICAIN

SAINTE MARIE DU ROSAIRE

BÉNÉDICTION ET INAUGURATION DE LA STATUE

DE LA « VIERGE DE MONTE MARIO », AU TERME DES TRAVAUX DE RESTAURATION


Monte Mario - Rome Jeudi 24 juin 2010




Chers frères et soeurs,

1149 Je voudrais tout d’abord vous saluer tous cordialement, vous qui êtes ici rassemblés pour l’événement significatif d’aujourd’hui. De cette colline a recommencé à veiller sur notre ville la majestueuse statue de la Vierge, qui fut abattue il y a quelques mois par la furie du vent. Je salue tout d’abord le cardinal-vicaire Agostino Vallini et les évêques présents. J’adresse une pensée spéciale à don Flavio Peloso, réélu à la tête de l’OEuvre de don Orione, et je le remercie des paroles aimables qu’il a bien voulu m’adresser. J’étends ce salut aux religieux qui participent au 13e chapitre général, à ceux qui travaillent dans cette institution au service des jeunes et des personnes qui souffrent et à toute la famille spirituelle de Don Orione. J’adresse une pensée respectueuse au Maire de Rome, M. Gianni Alemanno — aujourd’hui c’est son anniversaire — : je désire lui exprimer par avance mes remerciements pour le concert que le Capitole m’offrira le soir du 29 juin; il s’agit d’un geste qui témoigne de l’affection de toute la ville de Rome pour le Pape. Je salue également les autres autorités civiles et militaires. Je ne peux, enfin, que remercier de tout coeur ceux qui, de différentes manières, ont contribué à redonner à la statue de la Vierge sa splendeur originelle.

J’ai volontiers accueilli l’invitation de m’unir à vous pour rendre hommage à Marie «Salus populi romani», représentée dans cette merveilleuse statue si chère au peuple romain. Une statue qui rappelle des événements dramatiques et providentiels, écrits dans l’histoire et dans la conscience de la ville. En effet, celle-ci fut placée sur la colline de Monte Mario en 1953, pour répondre à un voeu populaire émis lors de la deuxième guerre mondiale, lorsque les hostilités et les armes faisaient craindre pour le destin de Rome. Des OEuvres romaines de Don Orione partit alors l’initiative de recueillir des signatures pour un voeu à la Vierge, auquel adhérèrent plus d’un million d’habitants. Le vénérable Pie XII recueillit la pieuse initiative de la population qui se confiait à Marie et le voeu fut prononcé le 4 juin 1944, devant l’image de la Madone du Divin Amour. C’est précisément ce jour qu’eut lieu la libération pacifique de Rome. Chers amis de Rome, comment ne pas renouveler aujourd’hui aussi avec vous ce geste de dévotion à Marie «Salus populi romani» en bénissant cette belle statue?

Les membres de la famille de Don Orione voulurent qu’elle soit grande et placée en hauteur, surplombant la ville, pour rendre hommage à l’éminente sainteté de la Mère de Dieu, qui, humble sur la terre, «a été exaltée au-dessus des choeurs des anges dans les royaumes célestes» comme le disait le Pape Grégoire VII (A Adélaïde de Hongrie), et pour en avoir, en même temps, un signe de présence familière dans leur vie quotidienne. Que Marie, Mère de Dieu et notre Mère, soit toujours à la première place de vos pensées et de vos affections, singulier réconfort de vos âmes, guide sûr de vos volontés et soutien de vos pas, douce inspiratrice de l’imitation de Jésus Christ. Que la «Petite Vierge» — comme les romains aiment l’appeler — dans le geste de regarder d’en-haut les lieux de la vie familiale, civile et religieuse de Rome, protège les familles, suscite des intentions de bien, suggère à tous les désirs du ciel. «Regarder le ciel, prier, et ensuite aller de l’avant avec courage et travailler! Je vous salue Marie et allons!» exhortait saint Luigi Orione.

Dans leur voeu à la Vierge, les Romains promirent non seulement la prière et la dévotion, mais ils s’engagèrent également dans des oeuvres de charité. Quant aux membres de la famille de Don Orione, ils réalisèrent dans ce centre de Monte Mario, avant même la statue, un lieu d’accueil des petits mutilés et des orphelins. Le programme de saint Luigi Orione — «Seule la charité sauvera le monde» — connut ici une concrétisation significative et devint un signe d’espérance pour Rome, en même temps que la petite Vierge placée sur la colline. Chers frères et soeurs, héritiers spirituels du saint de la charité, Luigi Orione! Le chapitre général qui vient de se conclure a eu pour thème cette expression chère à votre fondateur, «Seule la charité sauvera le monde». Je bénis l’intention et les décisions qui ont été adoptées pour relancer ce dynamisme spirituel et apostolique qui doit toujours vous caractériser.

Don Orione vécut de manière lucide et passionnée la tâche de l’Eglise de vivre l’amour pour faire entrer dans le monde la lumière de Dieu (cf. Deus Caritas est ). Il a laissé cette mission à ses disciples comme chemin spirituel et apostolique, convaincu que «la charité ouvre les yeux à la foi et réchauffe les coeurs d’amour envers Dieu». Chers fils de la Divine Providence, continuez à avancer dans ce sillage charismatique qu’il a commencé, car, comme il le disait, «la charité est la meilleure apologie de la foi catholique», «la charité entraîne, la charité anime, elle conduit à la foi et à l’espérance» (Verbali, 26.11.1930, p. 95). Les oeuvres de charité, que ce soit comme des actes personnels ou comme des services pour les personnes sans défense dans de grandes institutions, ne peuvent jamais se réduire à des gestes philanthropiques, mais elles doivent toujours rester des expressions tangibles de l’amour providentiel de Dieu. Pour ce faire — rappelle Don Orione — il faut être «pétris de la charité très douce de Notre Seigneur» (Ecrits 70, 231) à travers une vie spirituelle authentique et sainte. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de passer des oeuvres de la charité à la charité des oeuvres, car — ajoute votre fondateur — «même les oeuvres sans la charité de Dieu, qui les valorise devant lui, ne valent rien» (Aux PSMC, 19.6.1920, p. 141).

Chers frères et soeurs, merci encore de votre invitation et de votre accueil. Que vous accompagne chaque jour la protection maternelle de Marie, que nous invoquons ensemble pour ceux qui travaillent dans ce Centre et pour toute la population romaine et, alors que j’assure chacun de mon souvenir dans la prière, je vous bénis tous avec affection.






AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DE LA « RÉUNION DES OEUVRES D'AIDES


AUX ÉGLISES ORIENTALES » (R.O.A.C.O.)


Salle Clémentine Vendredi 25 juin 2010

Messieurs les cardinaux,
Vénérés confrères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers membres et amis de la ROACO,

1150 Je vous accueille avec joie pour la session d'été de la Réunion des OEuvres d'aide aux Eglises orientales et je remercie de tout coeur le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, du salut qu'il m'a adressé. J'y réponds en l'accompagnant d’un souvenir dans le Seigneur et je l'étends à Mgr le secrétaire, au sous-secrétaire et aux collaborateurs du dicastère, avec une pensée cordiale pour le représentant pontifical à Jérusalem, en Israël et en Palestine, pour l'archevêque maronite de Chypre et le Père custode de Terre Sainte réunis ici avec les représentants des Agences catholiques internationales et de l’Université de Bethléem. J'exprime à tous ma gratitude et celle de toute l'Eglise, en particulier des pasteurs et des fidèles orientaux et latins des territoires confiés à la Congrégation orientale, et de tous ceux qui ont émigré de leur mère-patrie.

Nous souhaitons tous à la Terre Sainte, à l'Irak et au Moyen-Orient le don d'une paix stable et d'une convivialité solide. Elles naissent du respect des droits de la personne, des familles, des communautés et des peuples, et du dépassement de toute discrimination religieuse, culturelle ou sociale. Je confie à Dieu, mais à vous également, l'appel lancé à Chypre en faveur de l'Orient chrétien. En tant qu'instruments de la charité ecclésiale, puissiez-vous collaborer toujours davantage à l'édification de la justice dans la liberté et dans la paix!

J'encourage les frères et soeurs qui, en Orient, partagent le don inestimable du baptême à persévérer dans la foi et, malgré les nombreux sacrifices, à demeurer là où ils sont nés. En même temps, j'exhorte les migrants orientaux à ne pas oublier leurs origines, spécialement religieuses. Leur fidélité et leur cohérence humaines et chrétiennes en dépendent. Je désire rendre un hommage particulier aux chrétiens qui souffrent de la violence à cause de l'Evangile, et je les confie au Seigneur. Je compte toujours sur les responsables des nations afin qu'ils garantissent de manière réelle, sans distinction et partout, la profession publique et communautaire des convictions religieuses de chacun.

L'année dernière, à cette occasion et en raison de l'Année sacerdotale, j'avais demandé qu'une attention particulière soit portée aux ministres du Christ et de l'Eglise. Des fruits abondants de sanctification ont surgi non seulement pour les prêtres mais également pour tout le peuple de Dieu. Supplions l'Esprit Saint afin qu'il confirme ces signes de la bienveillance divine par le don de vocations, dont la communauté ecclésiale, tant en Occident qu'en Orient, a fortement besoin.

Je suis heureux de constater que les Eglises orientales catholiques ont collaboré avec zèle à la concrétisation des objectifs de l'année sacerdotale et que les oeuvres d'aide de la ROACO ont voulu les soutenir dans ce domaine également. Vous n'avez pas seulement pris en considération la formation des candidats à l'ordre sacré, qui est une priorité constante, mais aussi les exigences du clergé actif dans la pastorale, comme, par exemple, une mise à jour spirituelle et culturelle des aides aux prêtres, notamment dans la phase difficile mais, dans le même temps, féconde de la maladie et de la vieillesse. De cette manière, vous contribuez à faire rayonner dans l'Eglise et dans la société actuelle le don précieux et indispensable du service sacerdotal. Dans le monde antique, l'Orient était le siège de grandes écoles de spiritualité sacerdotale. L'Eglise d'Antioche, pour prendre un exemple, a produit des saints exceptionnels: des prêtres d’une grande culture, qui n’ont pas mis leur propre personne au premier plan, mais celles du Christ et des apôtres. Ils se sont consacrés entièrement à l'annonce de la Parole et à la célébration des mystères divins. Ils étaient dans la condition de toucher en profondeur les personnes dans leur conscience et d'arriver là où les moyens purement humains n'auraient pas pu parvenir.

Chers amis, par votre engagement vous contribuez surtout au fait que les prêtres des Eglises orientales, à notre époque, puissent se faire l'écho de cet héritage spirituel. Au réseau des institutions scolaires et sociales, qui est à juste titre l'une de vos requêtes, cela donnera un élan puissant, à condition qu'il débouche sur une solide perspective pastorale. Lorsque les prêtres, dans leur service, sont guidés par des motifs véritablement spirituels, alors les laïcs également sont renforcés dans leur engagement à s'occuper des affaires temporelles selon leur vocation chrétienne propre.

Nous avons maintenant la tâche commune de préparer l'Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques. Je remercie Dieu pour cette initiative qui produit déjà des fruits bénéfiques de «communion et témoignage» pour lesquels le synode a été convoqué à l'origine. L'an dernier, à Castel Gandolfo, j'ai eu le plaisir d'annoncer cette assemblée synodale pendant une rencontre de prière fraternelle et de réflexion avec les patriarches et les principaux archevêques des Eglises orientales. Lors de ma dernière visite à Chypre, dont je me souviens avec beaucoup de gratitude envers Dieu et envers tous ceux qui m'ont réservé un accueil chaleureux, j'ai remis l'Instrumentum laboris de cette assemblée spéciale à des représentants de l'épiscopat du Moyen-Orient. Je me félicite de la large coopération des Eglises orientales jusqu'à présent et du travail qu’effectue la ROACO dès le début, et qu’elle continue de faire pour cet événement historique. Cet effort conjoint aura des résultats positifs grâce à la présence de plusieurs de vos représentants à ce rassemblement d’évêques et vos relations permanentes avec la Congrégation pour les Eglises orientales.

Chers amis, je vous demande de contribuer, par vos oeuvres, à garder vivante «l'espérance qui ne déçoit pas» parmi les chrétiens d'Orient (
Rm 5,5 cf. Instrumentum laboris, Conclusions). Dans le «petit troupeau» (Lc 12,32) qu'ils constituent, le futur de Dieu est déjà à l’oeuvre et la «voie étroite» qu'ils parcourent est décrite dans l'Evangile comme le chemin qui mène à la vie (Mt 7,13-14). Nous voudrions être toujours à leurs côtés. Confiant dans l'intercession de la très sainte Mère de Dieu et des saints apôtres Pierre et Paul, je confie au Seigneur les bienfaiteurs, les amis et les collaborateurs vivants et défunts, liés de différentes manières à la ROACO, en rappelant en particulier Mgr Padovese, disparu récemment, tandis que je donne à chacun de vous, ainsi qu'aux membres et aux bienfaiteurs des Agences internationales, et à toutes les bien-aimées Eglises orientales catholiques, la réconfortante Bénédiction apostolique.


À LA DÉLÉGATION DU CERCLE DE SAINT-PIERRE Salle des Papes Samedi 26 juin 2010

Chers membres du Cercle de Saint-Pierre!

1151 Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de cette rencontre agréable, qui m’offre l’opportunité de vous renouveler ma reconnaissance pour votre oeuvre généreuse au service du Saint-Siège. Ce moment se déroule à l’approche imminente de la solennité des saints Pierre et Paul et nous permet, d’une certaine manière, de goûter à l’avance la joie de cette fête si significative pour votre Cercle digne d’éloge et pour l’Eglise tout entière. Je vous salue tous avec affection, à commencer par votre président général, le duc Leopoldo Torlonia, que je remercie des paroles courtoises qu’il m’a adressées au nom de tous, et par votre assistant spirituel.

Nous avons conclu il y a peu l’Année sacerdotale, temps de grâce, au cours duquel l’Eglise a réfléchi avec une attention spéciale sur la figure de saint Jean-Marie Vianney, le saint curé d’Ars, en rappelant le 150e anniversaire de sa mort. Il est un modèle de vie évangélique non seulement pour les prêtres, mais également pour les laïcs, en particulier pour ceux qui, comme vous, sont engagés dans le vaste domaine de la charité. Un aspect particulier de la vie de cet humble prêtre fut en effet le détachement des biens matériels. Il ne possédait rien, il distribuait tout aux plus démunis; il ne ressentait aucun besoin pour lui: il considérait tout superflu. Il avait appris l’amour pour les pauvres dès l’enfance, en voyant comment ils étaient accueillis et assistés chez lui par ses parents. Cet amour le conduisit, au cours de sa vie sacerdotale, à distribuer aux autres tout ce qu’il avait. Il donna également vie à une maison d’accueil, qu’il appela «La providence», pour les petites filles et les jeunes filles pauvres: c’est à elles qu’il consacrait tous ses efforts pour qu’elles reçoivent une saine éducation chrétienne. Que son exemple constitue pour vous, chers membres du Cercle de Saint-Pierre, une invitation constante à ouvrir les bras à chaque personne qui a besoin d’un signe tangible de solidarité. Continuez à être ce signe concret de la charité du Pape envers ceux qui sont dans le besoin, que ce soit au sens matériel ou au sens spirituel, ainsi qu’envers les pèlerins qui viennent à Rome de toutes les parties du monde pour visiter les tombes des apôtres et pour rencontrer le Successeur de Pierre.

Comme cela vient d’être rappelé, vous êtes aujourd’hui réunis ici pour me remettre le Denier de Saint-Pierre recueilli dans les églises de Rome. Je désire vous exprimer ma vive gratitude pour ce témoignage de participation à ma sollicitude pour les personnes les plus indigentes. Il représente comme un point de convergence entre deux actions complémentaires, qui se rassemblent en un unique témoignage éloquent de charité évangélique, car, d’une part, il manifeste l’affection des habitants de cette ville et des pèlerins à l’égard du Successeur de Pierre et, d’autre part, il exprime la solidarité concrète du Saint-Siège envers les nombreuses formes de difficultés et de pauvreté qui, hélas, demeurent à Rome et dans tant de parties du monde. En fréquentant les paroisses romaines et en gérant des centres d’assistance et d’accueil dans la capitale, vous avez la possibilité de saisir directement les multiples situations de pauvreté encore présentes; dans le même temps, vous pouvez également constater combien est intense chez les personnes le désir de connaître le Christ et de l’aimer chez leurs frères.

A travers votre engagement d’aller au devant des nécessités des moins favorisés, vous diffusez un message d’espérance, qui naît de la foi et de l’adhésion au Seigneur, en vous faisant ainsi les hérauts de son Evangile. Que la charité et le témoignage continuent donc à être les lignes directrices de votre apostolat. Je vous encourage à poursuivre avec joie votre action, en vous inspirant sans cesse des principes chrétiens indéfectibles et en tirant toujours une nouvelle vigueur de la prière et de l’esprit de sacrifice — comme le dit votre devise —, pour apporter d’abondants fruits de bien dans la communauté chrétienne et dans la société civile.

Je confie vos aspirations, vos intentions et chacune de vos activités à la protection maternelle de la Sainte Vierge, Salus Populi Romani, afin qu’elle guide vos pas, en faisant de vous des agents de solidarité toujours plus convaincus et des constructeurs de paix dans tous les milieux où se déroule votre action associative digne d’éloge. Avec ces voeux, j’invoque l’intercession céleste des saints Pierre et Paul et je donne avec plaisir à chacun de vous, à vos familles et à ceux que vous rencontrez dans votre service quotidien, une Bénédiction apostolique spéciale.






À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE Lundi 28 juin 2010

Chers frères dans le Christ,

«A vous grâce et paix de par Dieu notre Père» (Col 1,2). C’est avec une grande joie et une affection sincère que je vous souhaite la bienvenue dans le Seigneur dans cette Ville de Rome, à l’occasion de la célébration annuelle du martyre des saints Pierre et Paul. Leur solennité, que l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes célèbrent le même jour, est l’une des plus antiques de l’année liturgique, et témoigne d’une époque au cours de laquelle nos communautés vivaient en pleine communion les unes avec les autres. Votre présence ici aujourd’hui — pour laquelle je suis profondément reconnaissant au patriarche de Constantinople, Sa Sainteté Bartholomaios Ier, ainsi qu’au Saint-Synode du patriarcat oecuménique — emplit notre coeur à tous d’une grande joie.
Je rends grâces au Seigneur pour le fait que les bonnes relations entre nous sont caractérisées par des sentiments de confiance, d’estime et de fraternité réciproques, comme en témoignent amplement les nombreuses rencontres qui ont déjà eu lieu au cours de cette année.

Tout cela est un motif d’espérance afin que le dialogue entre catholiques et orthodoxes continue également à accomplir des progrès importants. Vous êtes conscient, Eminence, que la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique, dont vous êtes le co-secrétaire, est parvenue à une étape importante, ayant entamé en octobre dernier à Paphos des débats sur le thème: «Le rôle de l’Evêque de Rome dans la communion de l’Eglise au premier millénaire». Nous prions de tout notre coeur pour que, illuminés par l’Esprit Saint, les membres de la commission continuent sur ce chemin au cours de la prochaine session plénière à Vienne, et y consacrent le temps nécessaire pour une étude approfondie de cette question délicate et importante. C’est pour moi un signe encourageant que le patriarche oecuménique Bartholomaios Ier et le Saint-Synode de Constantinople partagent notre ferme conviction de l’importance de ce dialogue, comme l’a déclaré Sa Sainteté, de façon si claire dans la Lettre encyclique patriarcale et synodale à l’occasion du dimanche de l’orthodoxie, le 21 février 2010.

Au cours de la prochaine assemblée pour le Moyen-Orient du synode des évêques, que j’ai convoquée pour le mois d’octobre ici, à Rome, je suis certain que le thème de la coopération oecuménique entre les chrétiens de cette région fera l’objet d’une grande attention. En effet, cela est souligné dans l’Instrumentum laboris, que j’ai remis aux évêques catholiques du Moyen-Orient au cours de ma récente visite à Chypre, où j’ai été accueilli avec une grande chaleur fraternelle par Sa Béatitude Chrysostomos II, archevêque de Nuova Giustiniana et de tout Chypre. Les difficultés que les chrétiens du Moyen-Orient connaissent sont dans une large mesure communes à tous: vivre en tant que minorité et aspirer à une authentique liberté religieuse et à la paix. Le dialogue avec les communautés islamiques et juives est nécessaire. Dans ce contexte, je serai très heureux d’accueillir la délégation fraternelle que le patriarcat oecuménique enverra pour participer aux travaux de l’assemblée synodale.

1152 Votre Eminence, chers membres de la délégation, je vous remercie pour votre visite. Je vous prie de transmettre mes salutations fraternelles à Sa Sainteté Bartholomaios Ier, au Saint-Synode, au clergé, ainsi qu’à tous les fidèles du patriarcat oecuménique. A travers l’intercession des apôtres Pierre et Paul, puisse le Seigneur nous accorder une abondance de bénédictions, et puisse-t-il nous conserver toujours dans son amour.





                                                                     Juillet 2010




À S.E. M. HABBEB MOHAMMED HADI ALI AL-SADR, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE D'IRAK PRÈS LE SAINT-SIÈGE Vendredi 2 juillet 2010

Monsieur l’ambassadeur,

Je suis heureux de vous accueillir au début de votre mission et d’accepter les Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République d’Irak près le Saint-Siège. Je vous remercie pour vos aimables paroles, et je vous demande de transmettre au président, M. Jalal Talabani, mes salutations respectueuses et l’assurance de mes prières pour la paix et le bien-être de tous les citoyens de votre pays.

Le 7 mars 2010, les citoyens d’Irak ont manifesté clairement au monde leur désir de voir la fin de la violence et de choisir la voie de la démocratie, à travers laquelle ils aspirent à vivre en harmonie les uns avec les autres dans une société juste, pluraliste et inclusive. En dépit de tentatives d’intimidation de la part de ceux qui ne partagent pas cette vision, la population a fait preuve de courage et de détermination en se rendant en grand nombre aux urnes. Il faut souhaiter que la formation d’un nouveau gouvernement se réalisera à présent rapidement, afin d’accomplir la volonté du peuple en vue d’un Irak plus stable et unifié. Ceux qui ont été élus à des fonctions politiques devront eux-mêmes faire preuve d’un grand courage et d’une grande détermination, afin de répondre aux grandes attentes qui ont été placées en eux. Soyez assuré que le Saint-Siège, qui a toujours apprécié ses excellentes relations diplomatiques avec votre pays, continuera d’apporter toute l’assistance possible, afin que l’Irak puisse occuper la place qui lui revient en tant que nation de premier plan dans la région pouvant apporter une grande contribution à la communauté internationale.

Le nouveau gouvernement aura besoin de donner la priorité aux mesures visant à améliorer la sécurité de tous les secteurs de la population, en particulier les diverses minorités. Vous avez parlé des difficultés auxquelles sont confrontés les chrétiens et je note vos commentaires en ce qui concerne les mesures prises par le gouvernement pour leur assurer une plus grande protection. Le Saint-Siège partage naturellement la préoccupation que vous avez exprimée sur le fait que les chrétiens irakiens devraient rester dans leur pays d’origine, et que ceux qui se sont sentis obligés d’émigrer devraient bientôt considérer qu’il peuvent rentrer en toute sécurité. Depuis les tous premiers débuts du christianisme, les chrétiens sont présents sur la terre d’Abraham, un pays qui fait partie du patrimoine commun du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Il faut véritablement souhaiter que la société irakienne soit marquée à l’avenir par une coexistence pacifique, conformément aux aspirations de ceux qui sont enracinés dans la foi d’Abraham. Bien que les chrétiens forment une petite minorité de la population irakienne, ils peuvent apporter une contribution précieuse à sa reconstruction et à sa reprise économique, à travers leur apostolat dans le domaine de l’éducation et de la santé, tandis que leur engagement dans les projets humanitaires apportent une assistance véritablement nécessaire dans l’édification de la société. Toutefois, si l’on veut que les chrétiens irakiens jouent pleinement leur rôle, ils doivent savoir qu’ils peuvent rester ou rentrer chez eux en toute sécurité, et ils doivent avoir l’assurance que leurs propriétés leurs seront restituées et que leurs droits seront défendus.

Au cours de ces dernières années, un grand nombre d’actes tragiques de violence ont été commis contre des membres innocents de la population, aussi bien musulmans que chrétiens, des actes qui, comme vous l’avez souligné, sont contraires aux enseignements de l’islam et à ceux du christianisme. Cette souffrance commune peut apporter un lien profond, en renforçant la détermination des musulmans et des chrétiens à ouvrer en vue de la paix et de la réconciliation. L’histoire a montré que certains des encouragements les plus puissants pour surmonter les divisions proviennent de l’exemple d’hommes et de femmes qui, ayant choisi le chemin courageux du témoignage non-violent de valeurs plus élevées, ont perdu leur vie en raison d’actes lâches de violence. Lorsque les agitations actuelles ne seront plus qu’un lointain souvenir du passé, les noms de l’archevêque Paulos Faraj Rahho, du père Ragheed Ganni et de nombreuses personnes demeureront comme des exemples lumineux de l’amour qui les a conduits à offrir leur vie pour les autres. Puisse leur sacrifice, ainsi que le sacrifice de tant d’autres comme eux, renforcer au sein du peuple irakien la détermination morale qui est nécessaire pour que les structures politiques, en vue d’une plus grande justice et stabilité, produisent l’effet désiré.

Vous avez parlé de l’engagement de votre gouvernement en vue de respecter les droits humains. En effet, il est de la plus haute importance pour toute société saine que la dignité humaine de chacun de ses citoyens soit respectée dans le droit comme dans la pratique, en d’autres termes, que les droits fondamentaux de tous soient reconnus, protégés et promus. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut véritablement servir le bien commun, c’est-à-dire les conditions sociales qui permettent aux personnes, aussi bien en tant que groupes qu’en tant qu’individus, de s’épanouir, d’atteindre leur plein développement, et de contribuer au bien des autres (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, 164-170). Parmi les droits qui doivent être pleinement respectés si l’on veut véritablement promouvoir le bien commun, les droits à la liberté de religion et à la liberté de culte sont primordiaux, car ce sont eux qui permettent aux citoyens de vivre en conformité avec leur dignité transcendante en tant que personnes faites à l’image de leur Dieu Créateur. C’est pourquoi, je forme le voeu et des prières afin que ces droits soient non seulement enracinés dans la législation, mais qu’ils imprègnent le tissu même de la société — tous les Irakiens doivent jouer un rôle dans l’édification d’un environnement juste, moral, et pacifique.

Vous commencez vos fonctions, Monsieur l’ambassadeur, au cours des mois précédant une initiative particulière du Saint-Siège pour le soutien des Eglises locales dans la région, c’est-à-dire l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques. Cela représentera une occasion importante d’étudier le rôle et le témoignage des chrétiens sur les terres de la Bible, et cela apportera également un élan à la tâche importante du dialogue interreligieux, qui peut tant contribuer à l’objectif de la coexistence pacifique dans le respect et l’estime mutuelle parmi les fidèles de différentes religions. Je souhaite sincèrement que l’Irak ressorte des expériences difficiles de la dernière décennie comme modèle de tolérance et de coopération parmi les musulmans, les chrétiens et les autres au service de ceux qui sont le plus dans le besoin.

Excellence, je prie pour que la mission diplomatique que vous commencez aujourd’hui renforce encore plus les liens d’amitié entre le Saint-Siège et votre pays. Je vous assure que les divers services de la Curie romaine seront toujours prêts à vous offrir leur aide et leur soutien dans l’accomplissement de vos fonctions. Avec mes meilleurs voeux sincères, j’invoque sur vous, sur votre famille, et sur tout le peuple de la République d’Irak, une abondance de Bénédictions divines.


À UNE DÉLÉGATION DE PROMOTEURS DE LA JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE 2011 Salle du Consistoire Vendredi 2 juillet 2010

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Eminence,
Cher frère dans l'épiscopat,
Mesdames et Messieurs,
chers amis,

Je remercie vivement Monsieur le cardinal-archevêque de Madrid des paroles qu’il a eu la bonté de m'adresser, au nom du Patronage de la Fondation «Madrid vivo», ainsi qu'en votre nom à tous, sur ce chemin de préparation de la Journée mondiale de la jeunesse, qui sera célébrée dans la capitale espagnole au mois d'août de l'année prochaine.

Beaucoup de jeunes ont déjà tourné leur regard vers cette belle ville, avec la joie de pouvoir s'y rencontrer, dans quelques mois, pour écouter ensemble la Parole du Christ, toujours jeune, et de pouvoir partager la foi qui les unit et le désir qu'ils ont de construire un monde meilleur, inspirés aux valeurs de l'Evangile.

Je vous invite tous à continuer de collaborer généreusement à cette belle initiative, qui n'est pas un simple rassemblement de masse, mais bien une occasion privilégiée afin que les jeunes de votre pays et du monde entier se laissent conquérir par l'amour de Jésus Christ, le Fils de Dieu et de Marie, l'ami fidèle, le vainqueur du péché et de la mort. Celui qui place en lui sa confiance ne sera jamais déçu, mais trouvera plutôt la force nécessaire de choisir le chemin juste dans la vie.

Je vous rappellerai tous avec ferveur dans ma prière, ainsi que vos familles, et je demanderai à Dieu de bénir les efforts que vous accomplissez afin que la prochaine Journée mondiale de la jeunesse produise des fruits abondants. Que Marie vous accompagne toujours de son amour de Mère! Merci.




VISITE PASTORALE À SULMONA (ABRUZZES) RENCONTRE AVEC LES JEUNES Cathédrale de Sulmona Dimanche 4 juillet 2010

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Chers jeunes!

Je désire avant tout vous dire que je suis très heureux de vous rencontrer! Je rends grâce à Dieu de cette possibilité qui me permet de passer un peu de temps avec vous, comme un père de famille, avec votre évêque et vos prêtres. Je vous remercie de l’affection que vous me manifestez avec tant de chaleur! Mais je vous remercie également pour ce que vous m’avez dit, à travers vos deux «porte-parole», Francesca et Cristian. Vous m’avez posé des questions, avec beaucoup de franchise, et, dans le même temps, vous avez démontré avoir des points de référence, des convictions. Et cela est très important. Vous êtes des jeunes garçons et des jeunes filles qui réfléchissent, qui s’interrogent, et qui possèdent également le sens de la vérité et du bien. C’est-à-dire que vous savez utiliser votre esprit et votre coeur, et cela n’est pas rien! Je dirais même que c’est la chose principale dans ce monde: apprendre à bien utiliser l’intelligence et la sagesse que Dieu nous a données! Par le passé, la population de votre terre n’avait pas beaucoup de moyens pour étudier, ni même pour s’affirmer dans la société, mais elle possédait ce qui rend vraiment riches un homme et une femme: la foi et les valeurs morales. Voilà ce qui construit les personnes et la coexistence civile!

De vos paroles ressortent deux aspects fondamentaux: l’un positif et l’autre négatif. L’aspect positif est donné par votre vision chrétienne de la vie, une éducation que vous avez évidemment reçue de vos parents, de vos grands-parents, des autres éducateurs: prêtres, enseignants, catéchistes. L’aspect négatif se trouve dans les ombres qui obscurcissent votre horizon: ce sont les problèmes concrets, qui rendent difficile d’envisager l’avenir avec sérénité et optimisme; mais ce sont également les fausses valeurs et les modèles illusoires, qui vous sont proposés et qui promettent de combler la vie, alors qu’en revanche ils la vident. Que faire, alors, pour que ces ombres ne deviennent pas trop lourdes? Tout d’abord, je vois que vous êtes jeunes et que vous avez une bonne mémoire! Oui, j’ai été frappé par le fait que vous ayez rapporté des paroles que j’ai prononcées à Sydney, en Australie, au cours de la Journée mondiale de la Jeunesse de 2008. Et ensuite, vous avez rappelé que les JMJ sont nées il y a vingt-cinq ans. Mais vous avez surtout démontré que vous avez une mémoire historique liée à votre terre: vous m’avez parlé d’un personnage né il y a huit siècles, saint Pietro Celestino V, et vous avez dit que vous le considérez encore très actuel! Voyez-vous, chers amis, de cette manière vous possédez, comme le dit l’expression, «une longueur d’avance». Oui, avoir une mémoire historique, c’est avoir une «longueur d’avance» dans la vie car, sans mémoire, il n’y a pas d’avenir. On disait autrefois que l’histoire est maîtresse de vie! La culture consumériste actuelle tend en revanche à enfermer l’homme dans le présent, à lui faire perdre le sens du passé, de l’histoire; mais en agissant ainsi, elle le prive également de la capacité de se comprendre lui-même, de percevoir les problèmes et de construire le lendemain. Chers jeunes, je veux donc vous dire cela: le chrétien est quelqu’un qui a une bonne mémoire, qui aime l’histoire et qui cherche à la connaître.

C’est pourquoi je vous remercie car vous me parlez de saint Pietro del Morrone, Célestin V, et vous êtes capables de valoriser son expérience aujourd’hui, dans un monde si différent, mais qui a précisément pour cela besoin de redécouvrir certaines choses qui sont toujours valables, qui sont éternelles, par exemple la capacité d’écouter Dieu dans le silence extérieur et surtout intérieur. Il y a quelques instants, vous m’avez demandé: comment peut-on reconnaître l’appel de Dieu? Eh bien, le secret de la vocation se trouve dans la capacité et dans la joie de reconnaître, d’écouter et de suivre sa voix. Mais pour ce faire, il est nécessaire d’habituer notre coeur à reconnaître le Seigneur, à le sentir comme une Personne qui est proche de moi et qui m’aime. Comme je l’ai dit ce matin, il est important d’apprendre à vivre des moments de silence intérieur au cours des journées pour être capables d’entendre la voix du Seigneur. Soyez certains que si quelqu’un apprend à écouter cette voix et à la suivre avec générosité, il n’a peur de rien, il sait et il sent que Dieu est avec lui, avec elle, qu’il est l’Ami, le Père et le Frère. En un mot: le secret de la vocation se trouve dans la relation avec Dieu, dans la prière qui grandit précisément dans le silence intérieur, dans la capacité de sentir que Dieu est proche. Et cela est vrai aussi bien avant le choix, c’est-à-dire au moment de décider et de partir, qu’après, si l’on veut être fidèles et persévérer sur le chemin. Saint Pietro Celestino a été avant tout cela: un homme d’écoute, de silence intérieur, un homme de prière, un homme de Dieu. Chers jeunes: trouvez toujours une place pour Dieu au cours de vos journées, pour l’écouter et lui parler!

Et ici je voudrais vous dire une deuxième chose: la véritable prière n’est pas du tout étrangère à la réalité. Si prier vous emprisonnait, vous éloignait de votre vie réelle, prenez garde: ce ne serait pas une véritable prière! Au contraire, le dialogue avec Dieu est une garantie de vérité, de vérité avec soi- même et avec les autres, et ainsi de liberté. Etre avec Dieu, écouter sa Parole, dans l’Evangile, dans la liturgie de l’Eglise, défend des éblouissements de l’orgueil et de la présomption, des modes et des conformismes, et donne la force d’être vraiment libres, également de certaines tentations masquée sous forme de bonnes choses. Vous m’avez demandé: comment pouvons-nous être «dans» le monde mais pas «du» monde? Je vous réponds, précisément grâce à la prière, au contact personnel avec Dieu. Il ne s’agit pas de multiplier les mots — Jésus le disait déjà —, mais d’être en présence de Dieu, en faisant siennes, dans l’esprit et dans le coeur, les expressions du «Notre Père», qui embrasse tous les problèmes de notre vie, ou bien en adorant l’Eucharistie, en méditant l’Evangile dans notre chambre, ou en participant avec recueillement à la liturgie. Tout cela ne distrait pas de la vie, mais aide en revanche à être vraiment soi-même dans chaque milieu, fidèles à la voix de Dieu qui parle à la conscience, libres des conditionnements du moment! Il en fut ainsi pour saint Célestin v: il sut agir selon sa conscience, en obéissance à Dieu, et donc sans peur et avec un grand courage, même dans les moments difficiles, comme ceux liés à son bref pontificat, en ne craignant pas de perdre sa propre dignité, mais en sachant que celle-ci consiste à être dans la vérité. Et le garant de la vérité est Dieu. Celui qui le suit n’a pas même peur de renoncer à lui-même, à sa propre idée, car «il ne manque rien à celui qui a Dieu», comme le disait sainte Thérèse d’Avila.

Chers amis! La foi et la prière ne résolvent pas les problèmes, mais elles permettent de les affronter avec une lumière et une force nouvelle, d’une manière digne de l’homme, et également de manière plus sereine et efficace. Si nous regardons l’histoire de l’Eglise, nous voyons qu’elle est riche de figures de saints et de bienheureux qui, précisément en partant d’un dialogue intense et constant avec Dieu, illuminés par la foi, ont su trouver des solutions créatives, toujours nouvelles, pour répondre aux besoins humains concrets au cours de tous les siècles: la santé, l’instruction, le travail, etc. Leur esprit d’entreprise était animé par l’Esprit Saint et par un amour fort et généreux pour leurs frères, en particulier pour les plus faibles et démunis. Chers jeunes, laissez-vous conquérir totalement par le Christ! Empruntez vous aussi, de manière décidée, la route de la sainteté, c’est-à-dire en demeurant en contact entre vous, conformément à Dieu — une route qui est ouverte à tous — car cela vous fera devenir également plus créatifs dans la recherche de solutions aux problèmes que vous rencontrez, et en recherchant ces solutions ensemble! Voilà un autre (signe) distinctif du chrétien: il n’est jamais individualiste. Peut-être me direz vous: mais si nous regardons par exemple saint Pietro Celestino, dans son choix de vivre en ermite, n’y avait-il pas de l’individualisme, une fuite des responsabilités? Assurément, cette tentation existe. Mais dans les expériences approuvées par l’Eglise, la vie solitaire de prière et de pénitence est toujours au service de la communauté, elle ouvre aux autres, elle n’est jamais en opposition avec les besoins de la communauté. Les ermitages et les monastères sont des oasis et des sources de vie spirituelle où tous peuvent puiser. Le moine ne vit pas pour lui, mais pour les autres, et c’est pour le bien de l’Eglise et de la société qu’il cultive la vie contemplative, pour que l’Eglise et la société puissent toujours être irriguées par des énergies nouvelles, par l’action du Seigneur. Chers jeunes! Aimez vos communautés chrétiennes, n’ayez pas peur de vous engager à vivre ensemble l’expérience de foi! Aimez l’Eglise: elle vous a donné la foi, elle vous a fait connaître le Christ! Et aimez votre évêque, vos prêtres, avec toutes nos faiblesses, les prêtres sont des présences précieuses dans la vie!

Le jeune homme riche de l’Evangile, après que Jésus lui ait proposé de tout quitter et de le suivre — comme nous le savons — s’en alla attristé, car il était trop attaché à ses biens (cf.
Mt 19,22). En revanche, je lis la joie en vous! Et cela est également un signe que vous êtes chrétiens: que pour vous, Jésus vaut beaucoup, même si cela est exigeant de le suivre, il vaut plus que tout autre chose. Vous avez cru que Dieu est la perle précieuse qui donne de la valeur à tout le reste: à la famille, aux études, au travail, à l’amour humain... à la vie elle-même. Vous avez compris que Dieu ne vous enlève rien, mais qu’il vous donne le «centuple» et rend votre vie éternelle, car Dieu est Amour infini: l’unique qui rassasie notre coeur. J’ai plaisir à rappeler l’expérience de saint Augustin, un jeune qui a cherché avec de grandes difficultés, longuement, en dehors de Dieu, quelque chose qui puisse rassasier sa soif de vérité et de bonheur. Mais à la fin de ce chemin de recherche, il a compris que notre coeur est sans paix tant qu’il ne trouve pas Dieu, tant qu’il ne repose pas en Lui (cf. Les confessions, 1, 1). Chers jeunes! Conservez votre enthousiasme, votre joie, celle qui naît de la rencontre avec le Seigneur et sachez la communiquer également à vos amis, aux jeunes de votre âge! A présent, je dois repartir et je dois vous dire que cela m’attriste de vous quitter! Avec vous, je sens que l’Eglise est jeune! Mais je repars content, comme un père qui est serein car il a vu que ses enfants grandissent et grandissent bien. Chers garçons et chères filles, marchez! Marchez sur le chemin de l’Evangile; aimez l’Eglise, notre mère; soyez simples et purs de coeur; soyez doux et forts dans la vérité; soyez humbles et généreux. Je vous confie tous à vos saints patrons, à saint Pietro Celestino et surtout à la Vierge Marie et je vous bénis avec une grande affection. Amen.







Discours 2005-2013 1148