Discours 2005-2013 1474


VOYAGE APOSTOLIQUE

AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

DÉJEUNER AVEC LES PATRIARCHES ET LES ÉVÊQUES DU LIBAN, AVEC LES MEMBRES DU CONSEIL SPÉCIAL POUR LE MOYEN-ORIENT DU SYNODE DES ÉVÊQUES ET AVEC LA SUITE PAPALE

RÉPONSE DU SAINT-PÈRE AUX PAROLES D’ACCUEIL Réfectoire du Patriarcat arménien catholique de Bzommar Samedi 15 septembre 2012

15911

Béatitude, vénérés Patriarches,
chers frères dans l’Épiscopat et le sacerdoce,
chers membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient, et du Synode arménien catholique,
chers séminaristes, frères et soeurs dans le Christ,

J’exprime ma profonde gratitude envers le Patriarche Nersès Bédros pour son invitation et pour les paroles qu’il vient de m’adresser, ainsi qu’envers le Supérieur de cette maison. Je salue cordialement tous les invités.

La divine Providence a permis notre rencontre dans ce couvent de Bzommar, si emblématique pour l’Église arménienne catholique. Le moine Hagop, surnommé Méghabarde – le pécheur –, est pour nous un exemple de prière, de détachement des biens matériels et de fidélité au Christ-Rédempteur. Il y a 500 ans, il a promu l’impression du Livre du Vendredi établissant ainsi un pont entre l’orient et l’occident chrétiens. À son école, nous pouvons apprendre le sens de la mission, le courage de la vérité et la valeur de la fraternité dans l’unité. Alors que nous nous apprêtons à refaire nos forces par ce repas préparé avec amour et généreusement offert, le moine Hagop nous rappelle aussi que la soif du spirituel et la quête de l’au-delà doivent toujours habiter nos coeurs. Car, « ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (
Mt 4,4).

Chers amis, par l’intercession des Apôtres Barthélemy et Thaddée, de saint Grégoire l’Illuminateur, demandons au Seigneur de bénir la communauté arménienne durement éprouvée à travers les âges et d’envoyer à sa moisson des ouvriers nombreux et saints qui, à cause du Christ, soient capables de changer la face de nos sociétés, de guérir les coeurs meurtris et de redonner courage, force et espérance aux désespérés. Merci !



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AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

RENCONTRE AVEC LES JEUNES

Patriarcat maronite de Bkerké Samedi 15 septembre 2012
[Vidéo]




Béatitude, frères Évêques, Monsieur le Président, chers amis,

« Que la grâce et la paix vous soient accordées en abondance par la véritable connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur » (2P 1,2). Le passage de la lettre de saint Pierre que nous avons entendu exprime bien le grand désir que je porte dans mon coeur depuis longtemps. Merci pour votre accueil chaleureux, merci de tout coeur pour votre présence si nombreuse ce soir ! Je remercie Sa Béatitude le Patriarche Bechara Boutros Raï pour ses paroles d’accueil, Mgr Georges Bou Jaoudé, Archevêque de Tripoli et président du Conseil pour l’apostolat des laïcs au Liban, et Mgr Elie Hadda, Archevêque de Sidon des Grecs melkites et vice président du même Conseil, ainsi que les deux jeunes qui m’ont salué en votre nom à tous. ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14,27) nous dit le Christ-Jésus.

Chers amis, vous vivez aujourd’hui dans cette partie du monde qui a vu la naissance de Jésus et le développement du christianisme. C’est un grand honneur ! Et c’est un appel à la fidélité, à l’amour de votre région et surtout à être des témoins et des messagers de la joie du Christ, car la foi transmise par les Apôtres conduit à la pleine liberté et à la joie, comme l’ont montré tant de saints et de bienheureux de ce pays. Leur message éclaire l’Église universelle. Il peut continuer à éclairer vos vies. Parmi les Apôtres et les saints, beaucoup ont vécu à des périodes troublées et leur foi a été la source de leur courage et de leur témoignage. Puisez dans leur exemple et dans leur intercession, l’inspiration et le soutien dont vous avez besoin !

1476 Je connais les difficultés qui sont les vôtres dans la vie quotidienne, à cause du manque de stabilité et de sécurité, de la difficulté à trouver un travail ou encore du sentiment de solitude et de marginalisation. Dans un monde en continuel mouvement, vous êtes confrontés à de nombreux et graves défis. Même le chômage et la précarité ne doivent pas vous inciter à goûter le « miel amer » de l’émigration, avec le déracinement et la séparation pour un avenir incertain. Il s’agit pour vous d’être des acteurs de l’avenir de votre pays, et de remplir votre rôle dans la société et dans l’Église.

Vous avez une place privilégiée dans mon coeur et dans l’Église tout entière car l’Église est toujours jeune ! L’Église vous fait confiance. Elle compte sur vous. Soyez jeunes dans l’Église ! Soyez jeunes avec l’Église ! L’Église a besoin de votre enthousiasme et de votre créativité ! La jeunesse est le moment où l’on aspire à de grands idéaux, et la période où l’on étudie pour préparer un métier et un avenir. Cela est important et demande du temps. Recherchez ce qui est beau, et ayez le goût de faire ce qui est bien ! Témoignez de la grandeur et de la dignité de votre corps qui « est pour le Seigneur » (
1Co 6,13). Ayez la délicatesse et la droiture des coeurs purs ! À la suite du bienheureux Jean-Paul II, je vous redis moi aussi : « N’ayez pas peur. Ouvrez les portes de vos esprits et de vos coeurs au Christ ! ». La rencontre avec lui « donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Deus caritas est ). En lui, vous trouverez la force et le courage pour avancer sur les chemins de votre vie, en surmontant les difficultés et la souffrance. En lui, vous trouverez la source de la joie. Le Christ vous dit : ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14,27). Là est la véritable révolution apportée par le Christ, celle de l’amour.

Les frustrations présentes ne doivent pas conduire à vous réfugier dans des mondes parallèles comme ceux, entre autres, des drogues de toutes sortes, ou celui de la tristesse de la pornographie. Quant aux réseaux sociaux, ils sont intéressants mais peuvent, avec grande facilité, vous entraîner à une dépendance et à la confusion entre le réel et le virtuel. Recherchez et vivez des relations riches d’amitié vraie et noble. Ayez des initiatives qui donnent du sens et des racines à votre existence en luttant contre la superficialité et la consommation facile ! Vous êtes soumis également à une autre tentation, celle de l’argent, cette idole tyrannique qui aveugle au point d’étouffer la personne et son coeur. Les exemples qui vous entourent ne sont pas toujours les meilleurs. Beaucoup oublient l’affirmation du Christ disant qu’on ne peut servir Dieu et l’argent (cf. Lc 16,13). Recherchez de bons maîtres, des maîtres spirituels, qui sachent vous indiquer le chemin de la maturité en laissant l’illusoire, le clinquant et le mensonge.

Soyez les porteurs de l’amour du Christ ! Comment ? En vous tournant sans réserve vers Dieu, son Père, qui est la mesure de ce qui est juste, vrai et bon. Méditez la Parole de Dieu ! Découvrez l’intérêt et l’actualité de l’Évangile. Priez ! La prière, les sacrements sont les moyens sûrs et efficaces pour être chrétien et vivre « enracinés et fondés dans le Christ, affermis dans la foi » (Col 2,7). L’Année de la foi qui va débuter sera l’occasion de découvrir le trésor de la foi reçue au baptême. Vous pouvez approfondir son contenu grâce à l’étude du Catéchisme afin que votre foi soit vivante et vécue. Vous deviendrez alors pour les autres témoins de l’amour du Christ. En lui, tous les hommes sont nos frères. La fraternité universelle qu’il a inaugurée sur la Croix revêt d’une lumière éclatante et exigeante la révolution de l’amour. « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Là est le testament de Jésus et le signe du chrétien. Là est la véritable révolution de l’amour !

Et donc, le Christ vous invite à faire comme lui, à accueillir sans réserve l’autre, même s’il est d’appartenance culturelle, religieuse, nationale différente. Lui faire une place, le respecter, être bon envers lui, rend toujours plus riche d’humanité et fort de la paix du Seigneur. Je sais que beaucoup parmi vous participent aux diverses activités promues par les paroisses, les écoles, les mouvements, les associations. Il est beau de s’engager avec et pour les autres. Vivre ensemble des moments d’amitié et de joie permet de résister aux germes de division, toujours à combattre ! La fraternité est une anticipation du ciel ! Et la vocation du disciple du Christ est d’être « levain » dans la pâte, comme l’affirmait saint Paul : « Un peu de levain fait lever toute la pâte » (Ga 5,9). Soyez les messagers de l’Évangile de la vie et des valeurs de la vie. Résistez courageusement à tout ce qui la nie : l’avortement, la violence, le refus et le mépris de l’autre, l’injustice, la guerre. Vous répandrez ainsi la paix autour de vous. Est-ce que ce ne sont pas les « agents de paix » que nous admirons finalement le plus ? N’est-ce pas la paix ce bien précieux que toute l’humanité recherche ? N’est-ce pas un monde de paix qu’au plus profond nous voulons pour nous et pour les autres ? ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] a dit Jésus. Il a vaincu le mal non par un autre mal, mais en le prenant sur lui et en l’anéantissant sur la croix par l’amour vécu jusqu’au bout. Découvrir en vérité le pardon et la miséricorde de Dieu, permet toujours de repartir pour une nouvelle vie. Il n’est pas facile de pardonner. Mais le pardon de Dieu donne la force de la conversion, et la joie de pardonner à son tour. Le pardon et la réconciliation sont des chemins de paix, et ouvrent un avenir. Chers amis, beaucoup parmi vous se demandent certainement d’une façon plus ou moins consciente : Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Quel est son projet pour moi ? Ne voudrais-je pas annoncer au monde la grandeur de son amour par le sacerdoce, la vie consacrée ou le mariage ? Le Christ ne m’appellerait-il pas à le suivre de plus près ? Accueillez avec confiance ces questions. Prenez le temps d’y réfléchir et de demander la lumière. Répondez à l’invitation en vous offrant chaque jour à Celui qui vous appelle pour être de ses amis. Cherchez à suivre avec coeur et générosité le Christ qui, par amour, nous a rachetés et a donné sa vie pour chacun de nous. Vous connaîtrez une joie et une plénitude insoupçonnées ! Répondre à la vocation du Christ sur soi : c’est là le secret de la vraie paix.

J’ai signé hier l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente. Cette lettre vous est aussi destinée, chers jeunes, comme à tout le peuple de Dieu. Lisez-la avec attention et méditez-la pour la mettre en pratique. Pour vous aider, je vous rappelle les paroles de saint Paul aux Corinthiens : « Notre lettre c’est vous, une lettre écrite en vos coeurs, connue et lue par tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre du Christ remise à nos soins, écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les coeurs » (2Co 3,2-3). Vous pouvez être, vous aussi, chers amis, une lettre vivante du Christ. Cette lettre ne sera pas écrite sur du papier et avec un crayon. Elle sera le témoignage de votre vie et celui de votre foi. Ainsi, avec courage et enthousiasme, vous ferez comprendre autour de vous que Dieu veut le bonheur de tous sans distinction, et que les chrétiens sont ses serviteurs et ses témoins fidèles.

Jeunes libanais, vous êtes l’espérance et l’avenir de votre pays. Vous êtes le Liban, terre d’accueil, de convivialité, avec cette faculté inouïe d’adaptation. Et en ce moment, nous ne pouvons pas oublier ces millions de personnes qui composent la diaspora libanaise et qui maintiennent des liens solides avec leur pays d’origine. Jeunes du Liban, soyez accueillants et ouverts, comme le Christ vous le demande et comme votre pays vous l’enseigne.

Je voudrais saluer maintenant les jeunes musulmans qui sont avec nous ce soir. Je vous remercie pour votre présence qui est si importante. Vous êtes avec les jeunes chrétiens l’avenir de ce merveilleux pays et de l’ensemble du Moyen-Orient. Cherchez à le construire ensemble ! Et lorsque vous serez adultes, continuez de vivre la concorde dans l’unité avec les chrétiens. Car la beauté du Liban se trouve dans cette belle symbiose. Il faut que l’ensemble du Moyen-Orient, en vous regardant, comprenne que les musulmans et les chrétiens, l’Islam et la Chrétienté, peuvent vivre ensemble sans haine dans le respect des croyances de chacun pour bâtir ensemble une société libre et humaine.

J’ai appris également qu’il y a parmi nous des jeunes venus de Syrie. Je veux vous dire combien j’admire votre courage. Dites chez vous, à vos familles et à vos amis, que le Pape ne vous oublie pas. Dites autours de vous que le Pape est triste à cause de vos souffrances et de vos deuils. Il n’oublie pas la Syrie dans ses prières et ses préoccupations. Il n’oublie pas les Moyen-orientaux qui souffrent. Il est temps que musulmans et chrétiens s’unissent pour mettre fin à la violence et aux guerres.

En terminant, tournons-nous vers Marie, la Mère du Seigneur, Notre-Dame du Liban. Du haut de la colline de Harissa, elle vous protège et vous accompagne, elle veille comme une mère sur tous les Libanais et sur tant de pèlerins, venant de tous les horizons pour lui confier leurs joies et leurs peines ! Ce soir, confions à la Vierge Marie et au bienheureux Jean-Paul II qui m’a précédé ici, vos vies, celles de tous les jeunes du Liban et des pays de la région, particulièrement ceux qui souffrent de la violence ou de la solitude, ceux qui ont besoin de réconfort. Que Dieu vous bénisse tous ! Et maintenant tous ensemble, nous la prions : ???????? ??????? ?? ???????... [« Je vous salue Marie … »].

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AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)


REMISE DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST SYNODALE POUR LE MOYEN-ORIENT, Beirut City Center Waterfront Dimanche 16 septembre 2012

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Béatitudes, Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et soeurs dans le Christ,

La célébration liturgique que nous venons de vivre a été l’occasion de rendre grâce au Seigneur pour le don de l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques, célébrée en octobre 2010 sur le thème : L’Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage. ‘La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul coeur et une seule âme’ (
Ac 4,32). Je veux remercier tous les Pères synodaux pour leur contribution. Ma reconnaissance s’adresse aussi au Secrétaire général du Synode des Évêques, Mgr Eterovic, pour le travail accompli, et pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom.

Après avoir signé l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, j’ai la joie de la remettre à toutes les Églises particulières à travers vous, Béatitudes et Évêques orientaux et latins du Moyen-Orient. Avec la remise de ce document, commencent son étude et son appropriation par tous les protagonistes de l’Église, pasteurs, personnes consacrées et laïcs, afin que chacun trouve une joie nouvelle à poursuivre sa mission, en étant encouragé et fortifié pour mettre en oeuvre le message de communion et de témoignage décliné selon les divers aspects humains, doctrinaux, ecclésiologiques, spirituels et pastoraux de cette Exhortation. Chers frères et soeurs du Liban et du Moyen-Orient, je souhaite que cette Exhortation soit un guide pour avancer sur les chemins multiformes et complexes où le Christ vous précède. Puisse la communion dans la foi, l’espérance et la charité être renforcées dans vos pays et dans chaque communauté pour crédibiliser votre témoignage rendu au seul Saint, le Dieu Un et Trine, qui s’est fait proche de chaque personne !

Chère Église au Moyen-Orient, puise à la sève originelle du Salut qui s’est réalisé sur cette Terre unique et aimée entre toutes ! Avance à la suite de tes pères dans la foi, eux qui ont ouvert, par leur constance et leur fidélité, la voie de la réponse de l’humanité à la Révélation de Dieu ! Trouve dans la splendide diversité des saints qui ont fleuri chez toi les exemples et les intercesseurs qui inspireront ta réponse à l’appel du Seigneur à marcher vers la Jérusalem céleste, où Dieu essuiera toute larme de nos yeux (cf. Ap Ap 21,4) ! Que la communion fraternelle soit un soutien dans la vie quotidienne et le signe de la fraternité universelle que Jésus, Premier-né d’une multitude, est venu instaurer ! Qu’ainsi, dans cette région qui en a vu les actes et recueilli les paroles, l’Évangile continue de résonner comme il y a 2000 ans et qu’il soit vécu aujourd’hui et à jamais ! Merci.



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(14-16 SEPTEMBRE 2012)

RENCONTRE OECUMÉNIQUE

RÉPONSE DU SAINT-PÈRE LORS DE LA RENCONTRE OECUMÉNIQUE Salon d'honneur du Patriarcat siro-catholique de Charfet Dimanche 16 septembre 2012



Sainteté, Béatitude,
1478 Vénérés Patriarches, chers Frères dans l’épiscopat,
Chers Représentants des Églises et des Communautés protestantes,
Chers frères,

C’est avec joie que je me trouve parmi vous, dans ce monastère Notre Dame de la Délivrance de Charfet, haut-lieu de l’Église Syriaque catholique pour le Liban et pour tout le Moyen-Orient. Je remercie Sa Béatitude Ignace Youssef Younan, Patriarche d’Antioche des Syriaques catholiques, pour ses fortes paroles d’accueil. Je salue fraternellement chacun de vous qui représentez la diversité de l’Église en Orient, et en particulier Sa Béatitude Ignace IV Hazim, Patriarche Grec orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient et Sa Sainteté Mar Ignatius Ier Zakke Iwas, Patriarche de l’Eglise syriaque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient. Votre heureuse présence solennise cette rencontre. Je vous remercie de tout coeur pour être parmi nous. Ma pensée va aussi vers l’Église copte orthodoxe d’Égypte et l’Église éthiopienne orthodoxe qui ont eu la douleur de perdre leur Patriarche respectif. Je les assure de ma proximité fraternelle et de ma prière.

Permettez-moi de saluer ici le témoignage de foi rendu par l’Église Syriaque d’Antioche au cours de sa glorieuse histoire, témoignage d’un amour ardent pour le Christ qui lui a fait écrire, jusqu’à nos jours, des pages héroïques pour demeurer fidèle à sa foi jusqu’au martyre. Je l’encourage à être pour les peuples de la région, un signe de la paix qui vient de Dieu et une lumière qui fait vivre leur espérance. J’étends cet encouragement à toutes les Églises et communautés ecclésiales présentes dans cette région.

Chers frères, notre rencontre de ce soir est un signe éloquent de notre désir profond de répondre à l’appel du Seigneur Jésus « Que tous soient un » (
Jn 17,21). Dans ces temps instables et enclins à la violence que connaît votre région, il est toujours plus urgent que les disciples du Christ donnent un témoignage authentique de leur unité, afin que le monde croie dans son message d’amour, de paix et de réconciliation. C’est ce message que tous les chrétiens et nous en particulier avons reçu mission de transmettre au monde, et qui prend une valeur inestimable dans le contexte actuel du Moyen-Orient.

Travaillons sans relâche pour que notre amour pour le Christ nous conduise peu à peu vers la pleine communion entre nous. Pour cela, par la prière et par l’engagement commun, il nous faut revenir sans cesse vers notre unique Seigneur et Sauveur. Car, comme je l’ai écrit dans l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente que j’ai le plaisir de vous remettre, « Jésus unit ceux qui croient en lui et qui l’aiment en leur donnant l’Esprit de son Père, ainsi que Marie, sa mère » (n. 15).

Je confie à la Vierge Marie chacune de vos personnes ainsi que les membres de vos Églises et de vos communautés. Qu’elle implore pour nous son divin Fils afin que nous soyons délivrés de tout mal et de toute violence, et que cette région du Moyen-Orient connaisse enfin le temps de la réconciliation et de la paix. Que la Parole de Jésus que j’ai souvent citée au cours de ce voyage, ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14,27) , soit pour nous tous le signe commun que nous donnerons au nom du Christ aux peuples de cette région bien-aimée qui aspire avec impatience à la réalisation de cette annonce ! Merci a vous !

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(14-16 SEPTEMBRE 2012)

CERÉMONIE DE CONGÉ

Aéroport Rafiq Hariri de Beyrouth Dimanche 16 septembre 2012

[Vidéo]


1479 Monsieur le Président,
Messieurs les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres,
Béatitudes et frères dans l’épiscopat,
Autorités civiles et religieuses, et chers amis,

Alors qu’arrive le moment du départ, c’est avec regret que je laisse le cher Liban. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles et pour avoir favorisé, avec le Gouvernement dont je salue les représentants, l’organisation des divers évènements qui ont marqué ma présence parmi vous, secondé de manière remarquable par l’efficacité des différents services de la République et du secteur privé. Je remercie aussi le Patriarche Bechara Boutros Raï, et tous les Patriarches présents ainsi que les évêques orientaux et latins, les prêtres et les diacres, les religieux et les religieuses, les séminaristes et les fidèles qui se sont déplacés pour me recevoir. Vous visitant, c’est comme si Pierre venait à vous, et vous avez reçu Pierre avec la cordialité qui caractérise vos Églises et votre culture.

Mes remerciements vont particulièrement à l’ensemble du peuple libanais qui forme une belle et riche mosaïque et qui a su manifester au Successeur de Pierre son enthousiasme, par l’apport multiforme et spécifique de chaque communauté. Je remercie cordialement les vénérables Églises soeurs et les communautés protestantes. Je remercie particulièrement les représentants des communautés musulmanes. Durant tout mon séjour, j’ai pu constater combien votre présence a contribué à la réussite de mon voyage. Le monde arabe et le monde entier auront vu, en ces temps troublés, des chrétiens et des musulmans réunis pour célébrer la paix. Il est de tradition au Moyen-Orient, de recevoir l’hôte de passage avec égard et respect, et vous l’avez fait. Je vous en remercie tous. Mais, à l’égard et au respect, vous avez apporté un complément ; il peut se comparer à l’une de ces fameuses épices orientales qui enrichit la saveur des mets : votre chaleur et votre coeur, qui m’ont donné le goût de revenir. Je vous en remercie particulièrement. Que Dieu vous bénisse pour cela !

Durant mon trop bref séjour, motivé principalement par la signature et la remise de l’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, j’ai pu rencontrer les différentes composantes de votre société. Il y a eu des moments plus officiels, d’autres plus intimes, des moments de haute densité religieuse et de prière fervente et d’autres encore, marqués par l’enthousiasme de la jeunesse. Je rends grâce à Dieu pour ces occasions qu’il a permises, pour les rencontres de qualité que j’ai pu avoir, et pour la prière qui a été faite par tous, et pour tous au Liban et au Moyen-Orient, quelle que soit l’origine ou la confession religieuse de chacun.

Dans sa sagesse, Salomon a fait appel à Hiram de Tyr, pour l’élévation d’une maison pour le Nom de Dieu, un sanctuaire pour l’éternité (cf. Si
Si 47,13). Et Hiram que j’ai évoqué en arrivant, envoya du bois provenant des cèdres du Liban (cf. 1R 5,22). Des boiseries de cèdre meublaient l’intérieur du Temple et portaient des guirlandes de fleurs sculptées (cf. 1R 6,18). Le Liban était présent dans le Sanctuaire de Dieu. Puisse le Liban d’aujourd’hui, ses habitants, continuer à être présents dans le sanctuaire de Dieu ! Puisse le Liban continuer à être un espace où les hommes et les femmes peuvent vivre en harmonie et en paix les uns avec les autres pour donner au monde, non seulement le témoignage de l’existence de Dieu, premier thème du Synode passé, mais également, celui de la communion entre les hommes, second thème du même Synode, quelle que soit leur sensibilité politique, communautaire et religieuse !

Je prie Dieu pour le Liban, afin qu’il vive dans la paix et résiste avec courage à tout ce qui pourrait la détruire ou la miner. Je souhaite au Liban de continuer à permettre la pluralité des traditions religieuses et à ne pas écouter la voix de ceux qui veulent l’en empêcher. Je souhaite au Liban de fortifier la communion entre tous ses habitants, quelle que soit leur communauté et leur religion, en refusant résolument tout ce qui pourrait conduire à la désunion, et en choisissant avec détermination la fraternité. Ce sont là des fleurs qui sont agréables à Dieu, des vertus qui sont possibles et qu’il conviendrait de consolider en les enracinant davantage.

La Vierge Marie, vénérée avec dévotion et tendresse, par les fidèles des confessions religieuses présentes ici, est un modèle sûr pour avancer avec espérance sur le chemin d’une fraternité vécue et authentique. Le Liban l’a bien compris en proclamant il y a quelque temps, le 25 mars comme jour férié, permettant ainsi à tous ses habitants de pouvoir vivre davantage leur unité dans la sérénité. Que la Vierge Marie dont les antiques sanctuaires sont si nombreux dans votre pays, continue à vous accompagner et à vous inspirer !

Que Dieu bénisse le Liban et tous les Libanais ! Qu’il ne cesse de les attirer à Lui pour leur donner part à sa vie éternelle ! Qu’il les comble de sa joie, de sa paix et de sa lumière ! Que Dieu bénisse tout le Moyen-Orient ! Sur chacun et chacune d’entre vous, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.?????????? ?????? ???????? [Que Dieu vous bénisse tous !]

AUX ÉVÊQUES PARTICIPANT AU CONGRÈS ORGANISÉ PAR LA CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES Palais Apostolique de Castel Gandolfo, Salle des Suisses Jeudi 20 septembre 2012

20910

Chers frères dans l’épiscopat,

Le pèlerinage sur la tombe de Pierre, que vous avez accompli au cours de ces journées de réflexion sur le ministère épiscopal, prend cette année une importance particulière. Nous sommes en effet à la veille de l’Année de la foi, du 50e anniversaire de l’ouverture du Concile oecuménique Vatican ii et de la treizième assemblée générale du synode des évêques sur le thème : « Nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Ces événements, auxquels on doit ajouter le vingtième anniversaire du Catéchisme de l’Église catholique, sont une occasion pour renforcer la foi, dont, chers confrères, vous êtes des maîtres et des hérauts (cf. Lumen gentium
LG 25). Je vous salue un par un, et j’exprime ma vive reconnaissance au cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, également pour les paroles qu’il m’a adressées, et au cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales. Vous retrouver ensemble à Rome, au début de votre service épiscopal, est un moment propice pour faire l’expérience concrète de la communication et de la communion entre vous, et, dans la rencontre avec le Successeur de Pierre, nourrir le sens de responsabilité pour toute l’Eglise. En effet, en tant que membres du collège épiscopal, vous devez toujours avoir une sollicitude particulière pour l’Eglise universelle, en premier lieu en promouvant et en défendant l’unité de la foi. Jésus Christ a tout d’abord voulu confier la mission de l’annonce de l’Évangile au corps des pasteurs, qui doivent collaborer entre eux et avec le Successeur de Pierre (cf. ibid., n. 23), afin que celui-ci parvienne à tous les hommes. Cela est particulièrement urgent à notre époque, qui vous appelle à être courageux en invitant les hommes de chaque condition à la rencontre avec le Christ et à rendre la foi plus solide (cf. Christus Dominus CD 12).

Que votre préoccupation prioritaire soit celle de promouvoir et de soutenir « un engagement ecclésial plus convaincu en faveur d’une nouvelle évangélisation pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l’enthousiasme de communiquer la foi » (Lett. apos. Porta fidei, n. 7). Même en cela vous êtes appelés à favoriser et à nourrir la communion et la collaboration entre toutes les réalités de vos diocèses. En effet, l’évangélisation n’est pas l’oeuvre de quelques spécialistes, mais du Peuple de Dieu tout entier, sous la direction des pasteurs. Chaque fidèle, dans et avec la communauté ecclésiale, doit se sentir responsable de l’annonce et du témoignage de l’Evangile. Le bienheureux Jean XXIII, en ouvrant la grande assemblée du Concile Vatican ii, prévoyait « un bond en avant vers un approfondissement doctrinal et une formation des consciences », et c’est pour cela — ajoutait-il — qu’« il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d’une manière qui réponde aux exigences de notre temps » (Discours d’ouverture du Concile oecuménique Vatican ii, 11 octobre 1962). Nous pourrions dire que la nouvelle évangélisation a commencé précisément avec le Concile, que le bienheureux Jean XXIII voyait comme une nouvelle Pentecôte qui aurait fait fleurir l’Église dans sa richesse intérieure et dans son extension maternelle dans tous les domaines de l’activité humaine (cf. Discours de clôture de la première période du Concile, 8 décembre 1962). Les effets de cette nouvelle Pentecôte, malgré les difficultés des temps, se sont prolongés, touchant la vie de l’Église dans chacune de ses expressions : de la vie institutionnelle à la vie spirituelle, de la participation des fidèles laïcs dans l’Église à la floraison charismatique et de sainteté. À cet égard, nous ne pouvons pas ne pas penser à ce même bienheureux Jean XXIII et au bienheureux Jean-Paul II, à tant de figures d’évêques, de prêtres, de personnes consacrées et de laïcs, qui ont embelli le visage de l’Église de notre époque.

Cet héritage a également été confié à votre soin pastoral. Puisez à ce patrimoine de doctrine, de spiritualité et de sainteté pour former vos fidèles dans la foi, afin que leur témoignage soit plus crédible. Dans le même temps, votre service épiscopal vous demande « de rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1P 3,15) à ceux qui sont à la recherche de la foi ou du sens ultime de la vie, chez qui « invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine » (Gaudium et spes GS 22). Je vous encourage donc à vous engager afin qu’à tous, selon les divers âges et conditions de vie, soient présentés les contenus essentiels de la foi, sous une forme systématique et organique, pour répondre également aux interrogations que pose notre monde technologique et globalisé. Les paroles du serviteur de Dieu Paul VI sont toujours actuelles, quand il affirmait : « Il importe d’évangéliser — non pas de façon décorative, comme par un vernis superficiel, mais de façon vitale, en profondeur et jusque dans leurs racines — la culture et les cultures de l’homme... partant toujours de la personne et revenant toujours aux rapports des personnes entre elles et avec Dieu » (Exhort. apos. Evangelii nuntiandi EN 20). Le Catéchisme de l’Église catholique est fondamental dans ce but, étant une norme sûre pour l’enseignement de la foi et la communion dans l’unique credo. La réalité dans laquelle nous vivons exige que le chrétien ait une solide formation !

La foi demande des témoins crédibles, qui aient confiance dans le Seigneur et qui se remettent à Lui pour être « le signe vivant de la présence du Ressuscité dans le monde » (Lett. apos. Porta fidei, n. 15). L’évêque, premier témoin de la foi, accompagne le chemin des croyants en offrant l’exemple d’une vie vécue dans l’abandon confiant en Dieu. C’est pourquoi, pour être un maître faisant autorité et un héraut de la foi, il doit vivre en présence du Seigneur, en tant qu’homme de Dieu. En effet, on ne peut pas être au service des hommes, sans être d’abord des serviteurs de Dieu. Que votre engagement personnel de sainteté fasse que vous assimiliez chaque jour la Parole de Dieu dans la prière et que vous vous nourrissiez de l’Eucharistie, pour puiser à cette double table la sève vitale pour votre ministère. Que la charité vous pousse à être proches de vos prêtres, avec cet amour paternel qui sait soutenir, encourager et pardonner; ils sont vos premiers et précieux collaborateurs, pour apporter Dieu aux hommes et les hommes à Dieu. De même, la charité du Bon Pasteur vous demande d’être attentifs aux pauvres et aux personnes qui souffrent, pour les soutenir et les réconforter, ainsi que pour orienter ceux qui ont perdu le sens de la vie. Soyez particulièrement proches des familles: des parents, en les aidant à être les premiers éducateurs de la foi de leurs enfants ; des enfants et des jeunes, pour qu’ils puissent construire leur vie sur le roc solide de l’amitié avec le Christ. Prenez soin en particulier des séminaristes, en vous préoccupant qu’ils soient formés humainement, spirituellement, théologiquement et pastoralement, afin que les communautés puissent avoir des pasteurs mûrs et joyeux et des guides sûrs dans la foi.

Chers frères, l’apôtre Paul écrivait à Timothée : « Recherche la justice, la foi, la charité, la paix... Or, le serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais accueillant à tous, capable d'instruire, patient dans l'épreuve ; c'est avec douceur qu'il doit reprendre les opposants » (2Tm 2,22-25). En rappelant, à vous et à moi-même, ces paroles, je donne de tout coeur à chacun la Bénédiction apostolique, afin que les Églises qui vous sont confiées, poussées par le vent de l’Esprit Saint, grandissent dans la foi et l’annoncent sur les sentiers de l’histoire avec une ardeur nouvelle.


Discours 2005-2013 1474