Discours 2005-2013 20910

AUX PRÉLATS DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE

EN VISITE AD LIMINA APOSTOLORUM


Palais apostolique de Castel Gandolfo, Salle des Suisses Vendredi 21 septembre 2012




Monsieur le Cardinal, chers frères dans l’épiscopat,

1481 Merci, Éminence, pour vos paroles. C’est la première fois que nous nous retrouvons ensemble depuis ma visite apostolique de 2008 dans votre beau pays qui est cher à mon coeur. J’avais alors tenu à souligner les racines chrétiennes de la France qui, dès ses origines, a accueilli le message de l’Évangile. Cet héritage ancien constitue un socle solide sur lequel vous pouvez appuyer vos efforts pour continuer inlassablement à annoncer la Parole de Dieu dans l’esprit qui anime la nouvelle évangélisation, thème de la prochaine Assemblée synodale. La France possède une longue tradition spirituelle et missionnaire, au point qu’elle a pu être qualifiée par le bienheureux Jean-Paul II, d’« éducatrice des peuples » (Homélie, Le Bourget, 1er juin 1980). Les défis d’une société largement sécularisée invitent désormais à rechercher une réponse avec courage et optimisme, en proposant avec audace et inventivité la nouveauté permanente de l’Évangile.

C’est dans cette perspective, pour stimuler les fidèles du monde entier, que j’ai proposé l’Année de la foi, marquant par là le cinquantenaire de l’ouverture des travaux du Concile Vatican II. « L’Année de la foi est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde » (Porta Fidei, n. 6). La figure du Bon Pasteur qui connaît ses brebis, part à la recherche de celle qui est perdue, et les aime jusqu’à donner sa vie pour elles, est l’une des plus suggestives de l’Évangile (cf.
Jn 10). Elle s’applique en premier lieu aux Évêques dans leur sollicitude pour tous les fidèles chrétiens, mais également aux prêtres, leurs coopérateurs. La surcharge de travail qui pèse sur vos prêtres crée une obligation accrue de « veiller à leur bien, matériel d’abord, mais surtout spirituel » (Presbyterorum ordinis PO 7), car vous avez reçu la responsabilité de la sainteté de vos prêtres, sachant bien que, comme je vous le disais à Lourdes, « leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique » et, par suite, le garant de la fécondité de tout leur ministère. L’évêque diocésain est donc appelé à manifester une sollicitude particulière à l’égard de ses prêtres (cf. CIC CIC 384), plus particulièrement ceux qui sont d’ordination récente et ceux qui sont dans le besoin ou âgés. Je ne peux qu’encourager vos efforts pour les accueillir sans vous lasser, pour agir envers eux avec un coeur de père et de mère et les « considérer comme des fils et des amis » (Lumen gentium LG 28). Vous aurez à coeur de mettre à leur disposition les moyens dont ils ont besoin pour entretenir leur vie spirituelle et intellectuelle et trouver aussi le soutien de la vie fraternelle. Je salue les initiatives que vous avez prises en ce sens et qui se présentent comme un prolongement de l’Année sacerdotale, placée sous le patronage du saint Curé d’Ars. Elle a été une excellente occasion pour contribuer à développer cet aspect spirituel de la vie du prêtre. Poursuivre dans cette direction ne peut qu’être très bénéfique pour la sainteté du Peuple de Dieu tout entier. De nos jours sans doute, les ouvriers de l’Évangile sont en petit nombre. Il est donc urgent de demander au Père d’envoyer des ouvriers à sa moisson (cf. Lc 10,2). Il faut prier et faire prier pour cette intention et je vous encourage à suivre avec la plus grande attention la formation des séminaristes.

Vous désirez que les regroupements paroissiaux que vous êtes amenés à mettre en place permettent une qualité des célébrations et une riche expérience communautaire, tout en appelant à une nouvelle valorisation du dimanche. Vous l’avez relevé dans votre note sur « les laïcs en mission ecclésiale en France». J’ai moi-même eu l’occasion de souligner à plusieurs reprises ce point essentiel pour tout baptisé. Toutefois la solution des problèmes pastoraux diocésains qui se présentent ne saurait se limiter à des questions d’organisation, pour importantes qu’elles soient. Le risque existe de mettre l'accent sur la recherche de l'efficacité avec une sorte de «bureaucratisation de la pastorale», en se focalisant sur les structures, sur l’organisation et les programmes, qui peuvent devenir « autoréférentiels », à usage exclusif des membres de ces structures. Celles-ci n'auraient alors que peu d’impact sur la vie des chrétiens éloignés de la pratique régulière. L'évangélisation demande, en revanche, de partir de la rencontre avec le Seigneur, dans un dialogue établit dans la prière, puis de se concentrer sur le témoignage à donner afin d’aider nos contemporains à reconnaître et à redécouvrir les signes de la présence de Dieu. Je sais aussi qu’un peu partout dans votre pays des temps d’adoration sont proposés aux fidèles. Je m’en réjouis profondément et vous encourage à faire du Christ présent dans l’Eucharistie la source et le sommet de la vie chrétienne (cf. Lumen gentium LG 11). Il est donc nécessaire que dans les réorganisations pastorales, soit toujours confirmée la fonction du prêtre qui « en tant qu’elle est unie à l’Ordre épiscopal, participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps » (Presbyterorum ordinis PO 2).

Je salue la générosité des laïcs appelés à participer à des offices et charges dans l’Église (cf. CIC CIC 228 § 1), faisant ainsi preuve d'une disponibilité dont celle-ci est profondément reconnaissante. Il convient cependant, d’une part, de rappeler que la tâche spécifique des fidèles laïcs est l’animation chrétienne des réalités temporelles au sein desquelles ils agissent de leur propre initiative et de façon autonome, à la lumière de la foi et de l’enseignement de l’Église (cf. Gaudium et spes GS 43). Il est donc nécessaire de veiller au respect de la différence entre le sacerdoce commun de tous les fidèles et le sacerdoce ministériel de ceux qui ont été ordonnés au service de la communauté, différence qui n’est pas seulement de degré, mais de nature (cf. Lumen gentium LG 10). D’autre part, on doit garder la fidélité au dépôt intégral de la foi telle qu’elle est enseignée par le Magistère authentique et professée par toute l’Église. En effet, « la profession de la foi elle-même est un acte personnel et en même temps communautaire, et l’Église est le premier sujet de la foi » (Porta Fidei, n. 10). Cette profession de foi trouve dans la liturgie sa plus haute expression. Il est important que cette collaboration se situe toujours dans le cadre de la communion ecclésiale autour de l’évêque, qui en est le garant, communion pour laquelle l’Église se manifeste comme une, sainte, catholique et apostolique.

Vous célébrez cette année le sixième centenaire de la naissance de Jeanne d’Arc. J’ai souligné à son propos que « l'un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s'ensuivent deux autres années de vie publique, brèves mais intenses : une année d'action et une année de passion » (Audience générale, 26 janvier 2011). Vous avez en elle un modèle de sainteté laïque au service du bien commun.

Je voudrais en outre souligner l’interdépendance existant « entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même » (Gaudium et spes GS 25), du fait que la famille « est le fondement de la vie sociale » (idem, n. 52). Celle-ci est menacée en bien des endroits, par suite d’une conception de la nature humaine qui s’avère défectueuse. Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde, mais plutôt prophétique car cela revient à promouvoir des valeurs qui permettent le plein épanouissement de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn Gn 1,26). Nous avons là un véritable défi à relever. En effet, « le bien que l’Église et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu’on ne s’engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle » (Sacramentum caritatis, n. 29).

D’autre part, à l’évêque diocésain revient le devoir de « défendre l’unité de l’Église tout entière » (CIC 392 § 1), dans la portion du Peuple de Dieu qui lui est confiée, bien qu’en son sein, s’expriment légitimement des sensibilités différentes qui méritent de faire l’objet d’une égale sollicitude pastorale. Les attentes particulières des nouvelles générations demandent qu’une catéchèse appropriée leur soit proposée afin qu’ils trouvent toute leur place dans la communauté croyante. J’ai été heureux de rencontrer un nombre considérable de jeunes Français aux Journées mondiales de la Jeunesse à Madrid, avec beaucoup de leurs pasteurs, signe d’un nouveau dynamisme de la foi, qui ouvre la porte à l’espérance. Je vous encourage à continuer dans votre engagement si prometteur, malgré les difficultés.

Pour finir, je voudrais encore vous adresser mes encouragements pour la démarche Diaconia 2013, par laquelle vous voulez inciter vos communautés diocésaines et locales, ainsi que chaque fidèle, à remettre au coeur du dynamisme ecclésial le service du frère, particulièrement du plus fragile. Que le service du frère, enraciné dans l’amour de Dieu, suscite en tous vos diocésains le souci de contribuer, chacun à sa mesure, à faire de l’humanité, dans le Christ, une unique famille, fraternelle et solidaire !

Chers Frères dans l’Épiscopat, je connais votre amour et votre service de l’Église, et je rends grâce à Dieu pour les efforts que vous déployez quotidiennement pour annoncer et rendre efficace dans vos communautés la parole de vie de l’Évangile. Que par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, patronne de votre cher pays, et celle des saintes co-patronnes Jeanne d’Arc et Thérèse de Lisieux, Dieu vous bénisse et bénisse la France !

AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE ORGANISÉE

PAR L'INTERNATIONALE DÉMOCRATE-CHRÉTIENNE


Palais Apostolique de Castel Gandolfo, Salle des Suisses Samedi 22 septembre 2012


1482 Monsieur le président, illustres parlementaires
Mesdames et Messieurs !

Je suis heureux de vous recevoir au cours des travaux du comité exécutif de l’Internationale démocrate-chrétienne, et je désire tout d’abord adresser un salut cordial aux nombreuses délégations provenant de nombreux pays du monde. Je salue en particulier le président, M. Pier Ferdinando Casini, que je remercie des paroles courtoises qu’il m’a adressées en votre nom. Cinq ans se sont écoulés depuis notre rencontre précédente et au cours de cette période, l’engagement des chrétiens dans la société n’a pas cessé d’être un ferment vivant pour améliorer les relations humaines et les conditions de vie. Cet engagement ne doit pas connaître de fléchissement ou de recul, mais, au contraire, il doit être accompli avec une vitalité renouvelée, en considération de la persistance et, par certains aspects, de l’aggravation des problématiques que nous devons affronter.

La situation économique actuelle revêt une importance croissante, dont la complexité et la gravité sont à juste titre préoccupantes, mais face à laquelle le chrétien est appelé à agir et à s’exprimer avec un esprit prophétique, c’est-à-dire en mesure de saisir dans les transformations en cours la présence permanente, autant que mystérieuse, de Dieu dans l’histoire, assumant ainsi avec réalisme, confiance et espérance les nouvelles responsabilités qui apparaissent. « La crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, à nous donner de nouvelles règles et à trouver de nouvelles formes d’engagement, à miser sur les expériences positives et à rejeter celles qui sont négatives. La crise devient ainsi une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets » (Encyclique Caritas in veritate ).

C’est dans cette optique, confiante et non résignée, que l’engagement civil et politique peut recevoir un nouvel élan et une impulsion dans la recherche d’un solide fondement éthique, dont l’absence dans le domaine économique a contribué à créer la crise financière mondiale actuelle (Discours au Westminster Hall, Londres, 17 septembre 2010). La contribution politique et institutionnelle dont vous êtes porteurs ne pourra donc pas se limiter à répondre aux urgences d’une logique de marché, mais devra continuer à assumer comme étant centrale et incontournable la recherche du bien commun, entendu de façon droite, ainsi que la promotion et la protection de la dignité inaliénable de la personne humaine. Aujourd’hui retentit de manière plus que jamais actuelle l’enseignement conciliaire selon lequel «l’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des personnes et non l’inverse » (Gaudium et spes
GS 26). Un ordre, celui de la personne, qui « a pour fondement la vérité, qui s’édifie dans la justice » et qui « est vivifié par l’amour » (Catéchisme de l’Église catholique CEC 1912) et dont le discernement ne peut avoir lieu sans une attention constante à la Parole de Dieu et au Magistère de l’Église, en particulier de la part de ceux qui, comme vous, inspirent leur activité aux principes et aux valeurs chrétiennes.

Les offres de réponse hâtives, superficielles et de peu d’envergure aux besoins fondamentaux et profonds de la personne sont malheureusement nombreuses et bruyantes. Cela fait considérer comme étant tristement actuelle l’admonestation de l’apôtre, quand il met en garde le disciple Timothée du jour « où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables » (2Tm 4,3).

Les domaines dans lesquels s’exerce ce discernement décisif sont précisément ceux concernant les intérêts les plus vitaux et délicats de la personne, là où ont lieu les choix fondamentaux inhérents au sens de la vie et de la recherche du bonheur. Ces domaines ne sont par ailleurs pas séparés, mais profondément liés, car il subsiste en eux un continuum évident, constitué par le respect de la dignité transcendante de la personne humaine (cf. Catéchisme de l’Église catholique CEC 1929), enracinée dans sa condition d’image du Créateur et fin ultime de toute justice sociale authentiquement humaine. Le respect de la vie à toutes ses étapes, de la conception jusqu’à son terme naturel — avec le refus conséquent de l’avortement provoqué, de l’euthanasie et de toute pratique eugéniste — est un engagement qui rejoint en effet celui du respect du mariage, comme union indissoluble entre un homme et une femme et comme fondement, à son tour, de la communauté de vie familiale. C’est dans la famille, « fondée sur le mariage et ouverte à la vie » (Discours aux autorités, Milan, 2 juin 2012), que la personne fait l’expérience du partage, du respect et de l’amour gratuit, recevant dans le même temps — de l’enfant à la personne malade ou âgée — la solidarité dont elle a besoin. Et c’est encore la famille qui constitue le lieu principal et le plus marquant de l’éducation de la personne, à travers les parents qui se mettent au service des enfants pour les aider à faire sortir («educere»)le meilleur d’eux-mêmes. La famille, cellule originelle de la société, est donc la racine qui nourrit non seulement l’individu, mais aussi les bases mêmes de la coexistence sociale. De manière juste, le bienheureux Jean-Paul II avait donc inclus parmi les droits humains « le droit de vivre dans une famille unie et dans un climat moral favorable au développement de sa personnalité » (Encyclique Centesimus annus CA 47).

Le progrès authentique de la société humaine ne pourra donc se passer de politiques de protection et de promotion du mariage et de la communauté qui en découle, des politiques qu’il reviendra non seulement aux États, mais à la communauté internationale elle-même d’adopter, dans le but d’inverser la tendance d’un isolement croissant de l’individu, source de souffrance et d’appauvrissement aussi bien pour l’individu que pour la communauté elle-même.

Mesdames et Messieurs, s’il est vrai que « dans toutes les circonstances de l’histoire les hommes et les femmes sont rigoureusement responsables et débiteurs» de la défense et de la promotion de la dignité de la personne humaine (Catéchisme de l’Église catholique CEC 1929), il est tout aussi vrai que cette responsabilité concerne de manière particulière ceux qui ont été appelés à assumer un rôle de représentation. Ces derniers, en particulier s’ils sont animés par la foi chrétienne, doivent être « ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d’espérer » (Gaudium et spes GS 31). Dans ce sens apparaît comme utile l’avertissement du livre de la Sagesse, selon lequel « un jugement inexorable s’exerce en effet sur les gens haut placés » (Sg 6,5); un avertissement qui n’est cependant pas donné pour effrayer, mais pour inciter et encourager les gouvernants, à tous les niveaux, à réaliser toutes les possibilités de bien dont ils sont capables, selon la mesure et la mission que le Seigneur confie à chacun.

Je vous souhaite donc à tous de poursuivre avec enthousiasme et décision votre engagement personnel et public, et je vous assure de mon souvenir dans la prière, afin que Dieu vous bénisse, ainsi que vos familles. Merci de votre attention.

ORATORIO "AUGUSTINUS - UNE MOSAÏQUE DE SONS" OFFERT PAR LE DIOCÈSE DE WURTZBOURG Cour du Palais Apostolique de Castel Gandolfo Mercredi 26 septembre 2012

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Messieurs les cardinaux, chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, cher Mgr Hofmann, cher Mgr Scheele, Illustres musiciens, chers hôtes venus de Wurtzbourg et de la Franconie ! Mesdames et Messieurs !

L’interprétation d’une oeuvre sur saint Augustin ici à Castel Gandolfo est assurément un événement exceptionnel. Je remercie de tout coeur ceux qui ce soir ont rendu cet événement possible. Mes remerciements particuliers s’adressent à vous, cher Mgr Hofmann, à l’Augustinus-Institut et au diocèse de Wurtzbourg, pour le don que vous m’avez fait de ce concert dans le cadre du symposium international sur Augustin qui se déroule à l’Augustinianum de Rome. Je remercie surtout les artistes — le maître de choeur Martin Berger, les solistes, le choeur de la cathédrale de Wurtzbourg et tous les musiciens — pour leur interprétation magistrale. À vous tous, de tout coeur « Vergelt’s Gott » [Dieu vous le rendra].

Le titre de cette oeuvre sur Augustin parle d’une « mosaïque de sons ». En sept images musicales, à leur tour composées de différentes voix, chants et mélodies, s’est peint, de manière impressionnante, le portrait de saint Augustin en sons. C’est une mosaïque. Certaines pierres resplendissent, selon l’orientation de la lumière et le point d’observation, mais c’est uniquement dans le tout que l’image se dessine. Cette mosaïque représente la grandeur et la complexité de l’homme et du théologien Augustin qui échappe à une classification et à une systématisation tendant à trop en souligner des aspects particuliers. Ainsi, cette composition nous dit-elle que, si nous voulons vraiment connaître Augustin, nous ne devons jamais perdre de vue, tandis que nous nous occupons d’un détail, l’ensemble de sa pensée, de son oeuvre et de sa personne.

L’actualité de ce grand Père latin de l’Église est perpétuelle. C’est aussi ce que nous a montré, encore une fois, l’oeuvre sur Augustin que nous venons d’entendre. Les sept images nous ont fait connaître l’évêque d’Hippone dans le langage musical contemporain. Il faut relever qu’elles l’ont fait sans faire apparaître le personnage principal lui-même. Mais c’est précisément par son « absence » qu’Augustin est présent et qu’il est « hors du temps ». Le combat de l’homme et sa recherche de ce qu’il a de plus intime, la recherche de la vérité, la recherche de Dieu reste valable en tout temps; elle ne concerne pas seulement un recteur et un maître de grammaire dans les déchirements et les bouleversements de l’antiquité tardive, mais tout homme en tout temps. Et ainsi, à la fin de l’oeuvre, nous trouvons les célèbres paroles d’introduction des Confessiones qui ont résonné en plusieurs langues : « Magnus es, Domine, et laudibilis valde: magna virtus tua et sapientiae tuae non est numerus. ... Quaerentes enim inveniunt eum et invenientes laudabunt eum ». — « Tu es grand Seigneur, et digne de louanges ; grande est ta vertu, et ta sagesse incalculable. […] Ils loueront le Seigneur ceux qui le chercheront, parce qu’en le cherchant, ils le trouvent, et en le trouvant, ils le loueront » (i, 1, 1).

Encore une fois, j’adresse tous mes remerciements aux organisateurs de cette soirée consacrée à la figure de saint Augustin, aux musiciens, et à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce concert. Merci de votre généreux présent et pour ce don précieux. Je salue aussi tous les participants au symposium international sur saint Augustin qui se déroule ces jours-ci au siège de l’institut patristique Augustinianum à Rome. Puisse votre congrès sur le rapport entre les cultures dans De civitate Dei contribuer de manière féconde à approfondir la pensée du saint évêque d’Hippone, et à reconnaître son actualité pour les questions et les défis qui se présentent à nous aujourd’hui. Je vous donne à tous et de tout coeur, ma Bénédiction apostolique.

« Représenter le message chrétien comme orientation et salut en une période de grands bouleversements » : c’est ainsi que l’évêque de Wurtzbourg a présenté au Pape l’oeuvre musicale Augustinus. L’hommage du diocèse bavarois s’est inspiré du « lien scientifique de Sa Sainteté avec Augustin », a expliqué le prélat. De la collaboration de Winfried Böhm, auteur du livret, avec le compositeur Wilfried Hiller — tous deux présents à Castel Gandolfo — est née une composition contemporaine de grande actualité. Une heure et quart de musique, sons et chants, sous la direction du chef d’orchestre Martin Berger, et interprétés par deux sopranos — dans les rôles de sainte Monique, la mère d’Augustin, et de Stella, sa compagne de jeunesse — et par un jeune garçon de douze ans, Jaromir Müller, dans le rôle du fils Adéodat. L’originalité de la représentation tenait aussi à la place occupée derrière le public par le Kammerchor (choeur de chambre) de la cathédrale de Wurtzbourg et à la mobilité scénique des interprètes.

AU XXXIIe CONGRÈS INTERNATIONAL DE MÉDECINE DU SPORT

Palais Apostolique de Castel Gandolfo, Salle des Suisses Jeudi 27 septembre 2012


Chers hôtes, chers amis,

Je suis heureux d’accueillir à Castel Gandolfo les délégués du trente-deuxième congrès de médecine du sport tandis que, pour la première fois de votre histoire, vous tenez votre congrès biennal à Rome. Je voudrais également remercier le docteur Maurizio Casasco de ses paroles courtoises prononcées en votre nom.

1484 En cette occasion, il semble opportun de vous offrir quelques réflexions sur le soin à apporter aux athlètes et amateurs de sport en général. J’ai appris que vous tous qui avez participé au congrès êtes originaires de cent dix-sept pays et cinq continents ; votre diversité est un signe important de la présence de l’athlétisme dans toutes les cultures, les régions et les circonstances. C’est également une indication significative de la capacité qu’ont le sport et les défis athlétiques d’unir les personnes et les peuples dans la recherche commune d’une compétition pacifique de haut niveau. Les récents jeux olympiques et paralympiques de Londres l’ont clairement démontré. La dimension universelle et l’importance de l’athlétisme et de la médecine du sport se reflètent à juste titre dans le thème du congrès de cette année, qui traite des implications au niveau mondial de votre travail, et de sa capacité à inspirer un grand nombre de personnes différentes à travers le monde.

Comme le docteur Casasco l’a justement souligné dans son discours, en tant qu’experts médicaux, vous reconnaissez que le point de départ de tout votre travail est l’athlète en tant qu’individu au service duquel vous vous mettez. De même que le sport ne peut se réduire à la simple compétition, tout sportif, homme ou femme, est plus qu’un simple concurrent : il est habité par une capacité morale et spirituelle qui doit être enrichie et approfondie par le sport et la médecine du sport. Mais il arrive toutefois que le succès, la célébrité, les médailles et l’appât du gain deviennent le premier, voire le seul, motif pour ceux qui s’y trouvent impliqués. Il a pu aussi arriver que parfois l’idée de gagner à tout prix ait pu remplacer le véritable esprit du sport et ait conduit à des abus et à des utilisations incorrectes des moyens dont dispose la médecine moderne.

En tant que praticiens de la médecine du sport, vous êtes conscients de cette tentation et je sais que vous avez abordé cette importante question au cours de votre congrès. C’est assurément parce que vous estimez vous aussi que ceux dont vous vous occupez sont des individus uniques et doués, quelles que soient leurs capacités athlétiques, et qu’ils sont appelés à la perfection morale et spirituelle avant tout résultat physique. De fait, dans sa première Lettre aux Corinthiens, saint Paul observe que l’excellence spirituelle et athlétique sont étroitement liées, et il exhorte les croyants à s’entraîner dans la vie spirituelle. « Tout athlète — dit-il — se prive de tout ; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable » (9, 25). C’est pourquoi, chers amis, je vous exhorte à continuer de considérer la dignité de ceux que vous assistez à travers votre activité professionnelle de médecin. De cette manière, vous serez les agents non seulement de la guérison physique et de l’excellence athlétique, mais aussi de la régénération morale, spirituelle et culturelle.

Comme le Seigneur lui-même s’est incarné et s’est fait homme, de même, chaque personne humaine est appelée à refléter parfaitement l’image et la ressemblance avec Dieu. Je prie donc pour vous et pour tous ceux qui bénéficient de votre travail, pour que vos efforts conduisent à une appréciation toujours plus profonde de la beauté, du mystère et du potentiel de toute personne humaine, qu’elle soit un athlète ou non, douée de capacités physiques particulières ou porteuse de handicap. Puisse votre professionnalisme, votre bon sens et votre amitié profiter à tous ceux que vous êtes appelés à servir. Avec ces pensées, j’invoque sur vous et sur tous ceux que vous servez d’abondantes Bénédictions divines ! Merci.

SALUT AUX EMPLOYÉS DES VILLAS PONTIFICALES Palais Apostolique de Castel Gandolfo Vendredi 28 septembre 2012

Chers frères et soeurs,

Tout passe en ce monde ! Chaque chose qui commence, même la plus positive et la plus belle, porte en elle-même, inévitablement, sa propre conclusion. Il en est ainsi également pour la période sereine et tranquille que j’ai passée ici avec vous, dans le beau cadre de Castel Gandolfo, où, encore une fois, j’ai pu respirer un climat familial et de vive cordialité. Notre rencontre, qui est désormais devenue une agréable coutume, me donne l’occasion de tous vous remercier pour le service généreux que vous accomplissez dans cette résidence pontificale. Mes salutations particulières et affectueuses vont tout d’abord à M. Saverio Petrillo, directeur général des Villas pontificales, accompagnées de la gratitude pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées également au nom de vous tous ici présents. J’adresse aussi mes très chères salutations à tous les employés et à leurs familles. Que le Seigneur, riche de bonté, vous bénisse et vous conserve dans son amour !

Le mois de septembre, qui est désormais derrière nous, est toujours le moment d’un nouveau départ très positif, après les vacances d’été : pour vos enfants et vos adolescents, l’école a repris ; pour vous tous, le travail plus intense et plus assidu a recommencé. Dans l’Église aussi, pour de nombreuses communautés chrétiennes à travers le monde, ce que Dieu le Père nous donne est le temps d’une nouvelle année pastorale qui commence. Nous constatons également la proximité de plusieurs événements significatifs : je pense à mon imminente visite à Lorette, à travers laquelle je souhaite rappeler le 50e anniversaire du pèlerinage du bienheureux Jean XXIII, qu’il accomplit à ce sanctuaire marial pour confier à Marie le Concile oecuménique Vatican ii ; je pense au synode des évêques, qui réfléchira sur la nouvelle évangélisation dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui; et enfin — à 50 ans du début du Concile — à l’ouverture de l’Année de la foi, que j’ai proclamée pour aider chaque homme à ouvrir son coeur et sa vie au Seigneur Jésus et à la Parole de salut.

Je confie donc à votre prière, chers amis, ces importants moments ecclésiaux que nous sommes appelés à vivre. Puisse le Seigneur nous assister, pour que ceux-ci aident chacun de nous à grandir dans la foi, à redécouvrir Jésus comme la perle précieuse et le trésor véritable de notre vie. Que la Vierge Marie, Mère de l’Église et notre Mère, que nous invoquerons avec confiance au mois d’octobre prochain avec la récitation quotidienne du saint Rosaire, vous protège toujours et vous soutienne pour réaliser toutes les intentions de bien que vous portez dans le coeur.

Que vous accompagne aussi ma Bénédiction, que je donne avec affection à chacun de vous, à vos familles et à toutes les personnes qui vous sont chères, en particulier celles qui sont malades et qui souffrent.
Au revoir !


SALUT AUX AUTORITÉS RELIGIEUSES, CIVILES ET MILITAIRES AVANT SON DÉPART DE CASTEL GANDOLFO Samedi 29 septembre 2012

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Salle des Suisses, Palais Apostolique de Castel Gandolfo

Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous accueillir au terme de mon séjour estival à Castel Gandolfo. Celui-ci m’a permis de vivre une période d’étude, de prière et de repos, au cours de laquelle j’ai remarqué avec admiration la sollicitude et l’attention de toutes les personnes engagées à me garantir l’assistance et l’hospitalité, ainsi qu’à mes collaborateurs et aux hôtes et aux pèlerins venus ici pour rencontrer le Successeur de Pierre. J’exprime ma profonde reconnaissance à tous et à chacun pour le dévouement manifesté au cours de ces derniers mois. Pendant la période d’été, Castel Gandolfo est bel et bien un « deuxième siège » de l’Evêque de Rome, qui rivalise avec le « premier » dans sa capacité d’accueillir les visiteurs et les pèlerins venus prier pour l’Angelus dominical ou pour les audiences générales du mercredi.

Je salue tout d’abord avec affection et avec gratitude l’évêque d’Albano, Mgr Marcello Semeraro. Je salue le curé de Castel Gandolfo et ses collaborateurs, avec les communautés religieuses et laïques, masculines et féminines, présentes sur le territoire. Je vous invite tous à continuer à me faire sentir votre proximité spirituelle également après mon départ, comme cela a été le cas au cours de tout mon séjour. Je vous en suis reconnaissant, alors que je vous encourage à poursuivre avec confiance et joie votre service au Christ et à son Évangile.

J’adresse un salut cordial aux autorités civiles de Castel Gandolfo en la personne du maire. Alors que je vous remercie de la disponibilité et de la sollicitude manifestée, j’assure de mon souvenir dans la prière toute votre communauté, en particulier les familles en difficulté et les malades.

J’ai ensuite à coeur de présenter mon salut aux responsables des services du gouvernorat : le corps de la gendarmerie, la « Floreria », les services techniques et de santé ; et les autres corps qui ont coopéré de manière déterminante au déroulement ordonné de tous les rendez-vous : la Garde suisse pontificale, les fonctionnaires et les agents des forces de l’ordre italiennes et les officiers et les aviateurs du 31e escadron de l’aéronautique militaire. Que le Seigneur vous récompense tous par d’abondants dons célestes, et qu’il vous protège, ainsi que vos familles.

Chers frères et soeurs, je vous remercie de votre présence aujourd’hui à cette rencontre. La meilleure manière de se souvenir est la prière : je ne manquerai pas de prier pour vous et pour vos intentions, et je suis certain que vous en ferez tout autant. Je confie chacun de vous, ainsi que vos parents et vos amis, à la Vierge Marie, que nous vénérons au mois d’octobre comme Reine du Saint Rosaire. Que ce soit toujours Elle, avec son regard plein d’amour, qui accompagne et soutienne nos pas sur la voie de la justice et de la vérité. Avec ces sentiments, je donne de tout coeur à chacun de vous ici présents et à tous vos proches ma Bénédiction apostolique.


XIIIe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES




Discours 2005-2013 20910