Bible chrétienne Evang. - § 80. Jn 3,31-36

§ 80. Jn 3,31-36

(Jn 3,31-36)

  — Les v. 31-32 ainsi que le // 1Jn 4,5-6 développent les v. 6 et 11-12. Le v. 36 reprend les v. 18-20. L'insertion de l'épisode sur Jean-Baptiste (v. 22-30) se justifie maintenant, puisqu'il va servir de tremplin: mieux encore que le témoignage de Jean-Baptiste, celui du Christ ! (cf. respectivement Jn 5,33* et 18,37*). “ Quand Jésus parle, il ne parle pas seulement avec une autorité divine, Dieu lui-même parle par lui ” (bussche, p. 180. Le v. 32 = Jn 1,18*).

Jn 3,33-34 // 1Jn 5,10-12 — Ces deux versets montrent l'imbrication de l'action réciproque de Dieu et de l'homme, qui fait la complexité mais aussi le bel équilibre entre l'efficacité de la grâce et la liberté humaine dans l'oeuvre divine de notre < Justification >, telle que l'a solennellement définie le Concile de Trente (du 792-843 ; La foi catholique, Éd. de l'Orante 1961, p. 338-357):

g. behler : La noble confession de la foi dans “ La vie dominicaine ”, 1973/3 p. 8: Dieu laisse l'homme libre d'imprimer par son consentement à la révélation apportée par son Fils, son sceau sur cette parole divine, d'attester solennellement, comme on fait en apposant un sceau sur un document officiel, que Dieu est véridique, de certifier à Dieu lui-même que sa révélation est vraie, et que par elle il se montre fidèle et vrai (...) “ Celui qui reçoit le témoignage du Fils de Dieu ”, c'est-à-dire celui qui croit en Jésus, “ appose son sceau que Dieu est véridique ” (Jn 3,33).

Dans l'évangile de saint Jean, le verbe grec pour sceller, sphragizô, se rencontre deux fois : en 3,33 et en 6,27 où Jésus dit que le Père, Dieu lui-même, l'a marqué de son sceau.

Le Père a “ scellé ” son Fils de plusieurs manières: 1) en lui communiquant de toute éternité sa propre essence, puisque le Fils est l'empreinte de sa substance (He 1,3) ; 2) en l'accréditant auprès de nous par son pouvoir de thaumaturge; 3) enfin en le destinant à se sacrifier pour l'humanité pécheresse. Dans les papyrus grecs, le verbe sphragizô signifie souvent marquer un animal destiné au sacrifice. À ce que le Père a fait, l'homme à son tour répond par l'acte de sa foi; de la sorte, il y a réciprocité dans l'attestation.

Tandis que le Père imprime à son propre Fils Incarné le sceau de l'authenticité, l'Esprit Saint, en apposant son sceau aux croyants, les marque comme enfants de Dieu et leur donne la certitude d'appartenir à Dieu: “ En croyant, vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage et prépare la rédemption du peuple que Dieu s'est acquis ” (Ep 1,13 cf. Ep 4,20 2Co 1,22). L'Esprit est à la fois celui qui appose le sceau, et le sceau lui-même. Ici encore, la réciprocité est sauvegardée : le croyant appose son sceau sur la vérité et la fidélité de Dieu — l'Esprit à son tour marque le croyant comme enfant de Dieu et héritier de la gloire future.

Cette apposition du sceau réalisée par l'acte de foi, honore Dieu (...) Tandis que le croyant atteste la vérité et la fidélité de Dieu, celui qui ne croit pas en Dieu enfuit un menteur (// 1Jn 5,10).

Notre foi couronne l'oeuvre de Dieu. En sollicitant l'hommage de notre foi, Dieu nous confère une noblesse singulière : il nous rend capables de conduire à la perfection son oeuvre à lui, d'assurer le succès de sa grande entreprise : la Rédemption.

Dans les Écritures, l'expression < oeuvre de Dieu > est appliquée et à la Rédemption — “ Si [le Serviteur de Yahvé] donne sa vie en sacrifice expiatoire, l'oeuvre de Dieu réussira par Lui ” (Is 53,10et à la foi (Jn 6,28-29).

Le Christ johannique parle plusieurs fois de cette oeuvre du Père dont les oeuvres du Fils ne sont qu'une ébauche et une anticipation (Jn 5,17), de même que tous les signes opérés par Jésus ne sont qu une préparation au < signe > par excellence, le signe de Jonas : sa Passion et sa Résurrection.

Cependant le même Christ johannique affirme que l'oeuvre de Dieu, la seule que le Père exige, c'est la foi (Jn 6,29).

Entre l'affirmation “ l'oeuvre de Dieu, c'est la Rédemption ”, et cette autre “ l'oeuvre de Dieu, c'est la foi ”, il n'y a aucune contradiction, au contraire ces deux oeuvres se complètent. Car l'oeuvre de la Rédemption ne peut vraiment < réussir > (Is 53,10) que grâce à la collaboration de notre foi. Bien entendu, il s'agit de la foi vivante, qui comprend pratiquement toute la vie théologale: foi, espérance, amour, et la vie de prière. En nous ouvrant par la foi à accueillir le don de la grâce divine, nous permettons à l'oeuvre de Dieu d'atteindre son but: sans notre foi, elle resterait frustrée de son achèvement.

Jn 3,34 // Pr 1,23 — // Ne donne pas l'Esprit avec mesure: Quel est ce “ il ” ? Est-ce le Père “ qui envoie ” (et en ce sens, il est bien vrai qu'il communique sans mesure l'Esprit à son Fils: c'est le mystère de la Trinité)? Ou bien est-ce le Fils, qui est envoyé tout à la fois pour “ dire les Paroles de Dieu ” (= nous le révéler en se révélant lui-même, puisque c'est Lui le Verbe de Dieu) et nous “ donner l'Esprit ”, comme le Christ l'affirmera expressément en 7,37-39; 14,26; 15,26? Ses paroles mêmes sont “ esprit et vie ” (6,63).

Suivant B. Schwank, A. Feuillet suppose que c'est à dessein que Jean laisse indéterminé le sujet, pour marquer que le don de l'Esprit aux hommes provient conjointement du Père et du Fils : du Père qui est à l'origine de toute cette < mission > (cet envoi) du Verbe et du Paraclet pour notre Salut, comme l'annonce tout l'A.T. ; mais du Fils également parce qu'il est non seulement un < Messie >, mais la Sagesse éternelle, Un avec son Père dans la Trinité, et à ce titre “ répand son Esprit d'amour sur ceux qui se convertissent et viennent à Lui ” (// Pr 1,23). Cf. A. Feuillet: Mystère de l'Amour, p. 43-46.

Mais pourquoi “ sans mesure ”? — L'amour ne se divise pas. Même parmi les hommes, “ chacun en a sa part et tous l'ont tout entier ”. Dieu ne peut se donner à moitié; et il nous faut l'aimer, en retour, sans réserve.

Jn 3,35 // Gn 39,22-23 Da 7,14 — Le Christ affirme souvent ce Pouvoir, comme reçu de son Père (Jn 17,2 Jn 13,3 Mt 28,18); il porte sur la vie, le Jugement (Jn 5,22-27), pour le Salut et la Gloire (17,24) de ceux que le Père lui a donnés (6,37.39; 17,6). Si déjà la faveur dont jouissait Joseph auprès de Putiphar (Gn 39,8), du chef de la prison (// Gn 39,22-23) et plus tard de Pharaon (Gn 41,44 Gn 41,55) venait de ce que “ Yahvé était avec Lui ” (39,23) et de ce qu'il “ avait en lui l'Esprit de Dieu ” (41,38), combien plus le Pouvoir rédempteur du Christ prend sa source dans le Mystère de la Trinité : parce que “ le Père aime le Fils ”, Il Lui a confié le Salut du monde en perdition (Jn 3,16-17) ; et parce qu'en retour le Fils aime le Père, au prix de son Incarnation et de sa mort sur la Croix Il réalisera le Dessein éternel et divin de communiquer “ sans mesure ” l'Esprit d'Amour aux hommes. Ainsi “ en Lui, l'Amour de Dieu est parfait ” (§ 24 ) — Mt 3,17*) : mystère de la Rédemption et mystère de la Trinité sont liés en Jésus-Christ, afin que “ comme Toi, Père, tu es en moi, et Moi en toi, eux aussi, qu'ils soient un en nous ” (Jn 17,21).

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§ 81. L’entretien avec la femme de samarie: Jn 4,1-42


(Jn 4,1-42)

Après l'Évangile à Nicodème, un des dirigeants du Peuple élu, voici l'Évangile aux Samaritains. Il n'est pas sans rapports non plus avec les annonces du renouvellement de l'Alliance, inhérentes aux signes de Cana, du Temple (ch. 2) et du discours sur le Pain de vie (ch. 6).

// 2R 17,24-41 Esd 4,1-5 — Descendants de colons étrangers envoyés par Salmanasar, roi d'Assyrie, après la chute de Samarie (721) et la déportation des Israélites, associant leurs idoles au culte de Yahvé, au moins primitivement, (2R 17,41), les Samaritains avaient été écartés du Temple de Jérusalem par Èsdras (Esd 4,1-5) ; et depuis lors, les ponts étaient rompus. Ben Sira “ déteste... le peuple stupide qui demeure à Sichem ” (Si 50,25-26).

Lors de la 1° mission apostolique, Jésus prescrit d'éviter “ les villes des Samaritains ” (Mt 10,5), et l'une d'elles refusera de le recevoir (Lc 9,52-53). Mais c'est à des Samaritains que l'Évangile donne le beau rôle (Lc 10,29-37 Lc 17,11-19); et avant son Ascension, le Christ charge les Apôtres d'être ses témoins “ dans toute la Judée et la Samarie ” (Ac 1,8 Ac 8,4-17). Il reste encore aujourd'hui quelques centaines de ces Samaritains, monothéistes, mais qui s'en tiennent au seul Pentateuque, et célèbrent la Pâque sur le Mont Garizim (v. 20*).

Jn 4,1-2 — Cf. Jn 3,22-23*. v. Jn 4,3-4 : Jésus passe donc par la grande artère centrale de la Palestine.

Jn 4,5 // Gn 33,18 Gn 48,21 — Sychar = Sichem = aujourd'hui Naplouse. Abraham, le premier, s'y arrêta (Gn 12,6). Siméon et Lévi y vengeront cruellement leur soeur Dina (Gn 34). Joseph en part, à la recherche de ses frères (Gn 37,12-14). Par un juste retour des choses, Sichem devient, au retour de l'Egypte, ville de refuge pour le meurtrier (Jos 21,21). C'est encore là que le Peuple de Dieu s'est assemblé pour le renouvellement de l'Alliance du Sinaï (Jos 24); c'est là que s'est consommé le schisme d'Israël (1R 12). On est au centre religieux du pays (cf. v. 20*).

Jn 4,6 // Gn 26,19 — Les disputes pour la possession des puits rappellent leur importance vitale dans ces régions. Mais par là même, ils se chargent de tout un symbolisme (v. 12*), et prennent valeur mystique : près d'un puits, Isaac rencontre Rébecca, Jacob Rachel, Moïse Cippora (Gn 24,62-67 Gn 29,1-11 Ex 2,16-19 — cf. BC I*, p. 126-127, avec textes d'ORIOGÈNE, Augustin, Chrysostome, puis p. 146 et 206. F.M. Braun confirme ce // Dans Jean le Théologien, m p. 93-94).

Jésus, fatigué de la route : Augustin : Sur Jn, Tr. 15,6-7 (PL 35,1512-13): Nous sommes au seuil des mystères : ce n'est pas par hasard que Jésus se fatigue, ce ri est pas par hasard que se fatigue la Puissance de Dieu. Il ne se fatigue pas par hasard, celui dont l'absence nous épuise, dont la présence nous raffermit. Et pourtant, Jésus se fatigue; il est fatigué du chemin, et il s'assied — il s'assied près d'un puits, et c'est à l'heure de sexte que, fatigué, il s'assied.

Chaque mot de cet évangile nous fait signe pour nous introduire au mystère, nous invite à être attentifs, et nous exhorte à frapper : qu'il nous ouvre lui-même, celui qui a daigné nous dire: Frappez, et l'on vous ouvrira! (Mt 7,7). C'est pour toi que Jésus est fatigué du chemin. Nous connaissons Jésus Puissance de Dieu, et nous connaissons Jésus Faiblesse de Dieu : Jésus fort, et Jésus faible; fort, car Au principe était le Verbe, et le Verbe était face à Dieu, et le Verbe était Dieu: voilà ce qui était au principe, en Dieu. Tu veux voir s'il est fort, ce Fils de Dieu ? Tout a été fait par lui, et rien n'a été fait sans lui — et il l'a fait sans peine. Que peut-on imaginer de plus grand ? Tout a été fait par lui, sans peine. Mais veux-tu le connaître infirme ? Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous. La puissance du Christ t'a créé, la faiblesse du Christ t'a re-créé. La force du Christ fait que ce qui n'existait pas existe ; l'infirmité du Christ fait que ce qui existait ne périt pas. Par sa puissance il nous a créés ; par sa faiblesse il nous a cherchés.

Infirme, quand il nourrit ses enfants — comme la poule ses poussins ; c'est lui-même qui fait la comparaison: Jérusalem, Jérusalem, que de fois j'ai voulu rassembler tes fils sous mes ailes, et tu n'as pas voulu! (§ 289 ). Vous savez, mes frères, comme la poule participe à la faiblesse de ses poussins. Chez d'autres oiseaux, la mère ne se discerne pas : les passereaux font leur nid sous nos yeux, et chaque jour nous voyons des hirondelles, des cigognes, des colombes — pour se douter qu'elles sont mères, il faut les apercevoir sur le nid. Mais la faiblesse des poussins rejaillit sur la poule, au point que même si les poussins ne suivent pas, sans voir les enfants tu reconnais la mère : les ailes basses et la plume hérissée, le cri rauque, abattue et déjetée de tous ses membres, il n'est pas besoin de voir les petits pour deviner qu'elle est mère.

C'est ainsi que Jésus est faible, c'est ainsi qu'il se fatigue de la route. Sa route, c'est la chair qu'il a pour nous revêtue — car quelle route prendrait-il, celui qui est partout, qui d'aucun lieu n'est absent? Où irait-il, d'où viendrait-il? Le seul chemin pour venir à nous, c'est qu'il assume la forme de cette chair visible ; et puisqu'il a daigné venir à nous de telle manière qu'il se montrât sous la forme du serviteur en assumant la chair, c'est ce vêtement de chair qui est sa route. Fatigué de la route? Il est fatigué de la chair.

Jésus est faible dans la chair. Mais toi, ne sois pas faible ; dans sa faiblesse, toi, sois fort ; car l'infirmité de Dieu est plus forte que les hommes.

// Si 24,3-8 — Le sublime commentaire de saint Augustin vient de déceler, en la simple phrase de Jn 4,6 b, l'accomplissement* de l'Incarnation de la Sagesse, implicitement annoncé en Si 24,8. Rappelons-nous en effet que l'expression : “ planter sa tente chez nous ”, caractérise ce mystère du Verbe fait chair (Jn 1,14b*). Au surplus, Jésus va se référer lui-même à cet éloge de la Sagesse par Ben Sira (Jn 4,13*).

Ex 2,15 b — Jésus s'assit... c'était la sixième heure (= midi) : Le // Est encore plus accentué dans la paraphrase qu'en donne une tradition juive rapportée par josèphe (dans Les Antiquités judaïques, n, 11,1): Moïse s'était également “ assis au bord d'un puits, non loin de la ville, et s'y reposait de sa fatigue et de ses souffrances ; c'était vers le milieu du jour ”.

comme cela : Chrysostome interprète : “ Il n'était pas assis sur un siège, ni sur un coussin, mais simplement à même la terre ”...

Jn 4,7-9 // Gn 24,17 — Sur le rapprochement entre Éliézer, serviteur fidèle, et le Christ “ Serviteur de Yahvé ”*, cf. BC I*, p. 122. L'un comme l'autre sont en quête de l'Épouse, dont Rébecca est la figure. En elle, comme en Rachel ou en la femme anonyme de Samarie, chacun de nous est appelé à étancher la soif de nous sauver qui presse le Christ plus encore que ses serviteurs (2Co 5,14).

Donne-moi à boire — ses disciples étaient allés en ville acheter des vivres : Précieuses indications sur la vie, les besoins et les ressources matérielles de Jésus et de ses Apôtres (comparer avec § 124 ) — Lc 8,3) : “ C'est là un de ces traits d'humanité qui caractérisent le plus théologique des Évangiles, cet Évangile du Verbe fait chair, où les plus hautes révélations et les plus éclatants miracles partent toujours des plus humbles besoins des hommes : “ Ils n'ont pas de vin ” (2,3); “ où acheter du pain pour nourrir tous ces gens ” (6,5); celui que tu aimes est malade ” (11,3). — D. Mollat: Le puits de Jacob, dans bvc mai 1954, p. 85.

Jn 4,10-24 — Le cardinal Ratzinger explique la logique profonde, catéchétique, des deux étapes du dialogue: v. Jn 4,10-15 et Jn 4,16-26 (Théol. cath. p. 396 ss.): la rencontre entre Jésus et cette femme se présente sous le signe d'une expérience normale de la vie humaine quotidienne : celle de la soif, qu'on peut bien compter comme une des expériences humaines élémentaires. Ensuite, dans la conversation ainsi engagée, on passe à la soif de vivre ; la réalité qui entre enjeu, c'est que le boire est continuellement nécessaire, qu'on a toujours besoin de la source. Ainsi cette femme devient consciente de ce qu'elle sait déjà comme tout être humain, sans l'avoir présent à l'esprit dans le déroulement du quotidien : qu'elle a soif de la vie en général, et que tous les apaisements quelle cherche et trouve ne peuvent véritablement apaiser cette soif vitale originelle. L'expérience “ empirique ” superficielle se dépasse elle-même.

Cependant, ce qui vient en lumière ici reste encore à l'intérieur de ce monde. On en vient ainsi, selon une technique de dialogue typique que l'exégèse appelle l'équivoque johannique, à un discours à deux niveaux : Jésus et la Samaritaine, utilisant les mêmes mots, visent deux niveaux tout à fait différents et, ainsi séparés par la multiplicité des sens du langage humain, ils se parlent sans se rencontrer. Ceci met en évidence l'incommensurabilité qui subsiste entre la foi et une expérience humaine, même élargie. Car la femme comprend l'eau promise comme celle dont parlent les contes: l'élixir de vie, par la vertu duquel on échapperait à la nécessité de la mort, et la soif de vivre serait totalement satisfaite. Elle reste au niveau du bios, de la vie telle qu'elle se présente empiriquement, tandis que Jésus voudrait lui ouvrir la Zoé, la vie proprement dite.

La nouvelle étape survient lorsque la femme, à partir de la question de la soif de vivre, se met enjeu dans la totalité de sa personne. Elle ne pose plus une question qui porte sur quelque chose, comme l'eau ou toute autre réalité de ce genre, mais qui concerne la vie, et donc qui la concerne elle-même. On comprend par là la nouvelle parole de Jésus, qui semblerait autrement dénuée de tout motif: “ appelle ton mari ” (4,16). Cela est voulu et nécessaire, parce que c'est sa vie en tant que tout, avec toute sa soif, qui est en question. Par là apparaît comme de lui-même le dilemme essentiel, l'orientation en profondeur de son existence: elle est placée en face d'elle-même.

Plus généralement, nous pourrions ramener ce qui se joue ici à la formule: l'homme doit nécessairement se reconnaître lui-même, reconnaître sa réalité profonde, pour pouvoir reconnaître Dieu. Le milieu propre, l'expérience originelle où se situent toutes les expériences, c'est que l'homme est lui-même le lieu dans lequel et par lequel il fait l'expérience de Dieu. Bien entendu, le cercle pourra, inversement, se refermer en établissant que ce n'est qu'en reconnaissant Dieu qu'on reconnaîtra correctement son propre moi.


Mais ceci est une anticipation. Il faut tout d'abord que la femme se reconnaisse, ou même il faut qu'elle “ reconnaisse ”. C'est une sorte de confession, une reconnaissance dans laquelle elle se trouve finalement exposée à nu sans aucun ménagement. Et cela constitue un nouveau pas: de l'empirique et de l'expérimental à l'“ expérientiel ”, ou à l'“ expérience existentielle ” pour en rester à notre terminologie. La femme est placée en face d'elle-même. Il ne s'agit plus d'un “ quelque chose ”, mais de l'être le plus profond du moi propre, et par là de l'indigence radicale qui est le “ moi-même ” de l'homme, là où finalement on le découvre derrière la superficialité du “ quelque chose ”. C'est pourquoi nous pouvons considérer ce dialogue universellement comme le type natif de la catéchèse ; de ce à quoi on doit toujours tendre en dernière analyse dans la catéchèse : elle doit absolument conduire du “ quelque chose ” au “ je ”. Au-delà de tout “ quelque chose ”, elle doit mettre en jeu l'homme même, cet homme tout à fait déterminé. Elle doit provoquer une reconnaissance de soi-même qui mette en évidence l'indigence et ce besoin de l'être.

Chez la Samaritaine, cette confrontation radicale avec le propre moi est atteinte. À l'instant où cela se réalise surgit toujours et nécessairement la question des questions: la question du moi devient la question de Dieu. La question que la femme pose maintenant n'est fortuite qu'en apparence ; en réalité elle est inévitable : qu'en est-il au juste de l'adoration, donc de Dieu et de mon rapport à Lui (4,20) ? C'est ainsi qu'apparaît la question du fondement et de la finalité. Et c'est à ce moment seulement qu'est possible l'offre du vrai don de Jésus. Le “ don de Dieu ”, c'est en vérité Dieu lui-même, Dieu en tant qu'il est don, c'est-à-dire le Saint-Esprit (v. 10 et 24). Au début du dialogue, on ne voit absolument aucun moyen d'accès par où cette femme, qui vit d'une façon évidemment très superficielle, pourrait en venir à s'intéresser au Saint-Esprit. Mais à présent quelle a été ramenée jusqu'au fond d'elle-même, voici que surgit la question que l'homme doit nécessairement poser pour qu'enfin soit posée la question essentielle qui brûle au fond de l'âme. Maintenant la femme reconnaît la soif essentielle par laquelle elle est mue. Et ainsi elle peut enfin percevoir par expérience à quoi sa soif aspire.

Conduire à cette soif, telle est l'orientation et le sens de toute catéchèse. Elle ne peut faire autrement que de prendre son départ dans la partie sensible de l'homme, qui ne sait ni qu'il y a un Esprit Saint ni qu'il lui serait possible d'en avoir soif. La catéchèse doit conduire à la connaissance de soi, au dépouillement du moi qui fait tomber les masques et passe du royaume du “ quelque chose ” à celui de l'être. Son but est la conversio, le retournement de l'homme, dont la conséquence est qu'il se trouve à présent placé devant lui-même. La conversion est identique à la connaissance de soi, et celle-ci est le coeur même de toute vraie connaissance. La conversion est la manière dont l'homme se trouve lui-même et reconnaît alors la question des questions : comment puis-je adorer Dieu? C'est la question de son salut, et c'est à cause d'elle qu'il y a une catéchèse.

Comme le ferait un sous-titre, une inclusion* indique le sens du dialogue : “ Qui est Celui qui te dit... (Jn 4,10)... JE le suis, moi qui te parle ” (Jn 4,26): C'est une Révélation, par Lui-même, de “ qui je suis ” (cf. Jn 4,26*). De fait, Celui en qui la femme avait vu d'abord “ un Juif ” (Jn 4,9) se montre à elle comme “ plus grand que le patriarche Jacob (Jn 4,12), prophète (Jn 4,19), Messie des Juifs (Jn 4,22 Jn 4,25) enfin Sauveur du monde ” (Jn 4,42).

Jn 4,10 — La réponse du Christ est construite sur un retournement (en < chiasme >): Si toi tu savais celui. .. c'est toi qui lui demanderais — au départ, le sujet provoqué à agir, c'est la femme de Samarie. Et lui donnerait à toi: en réalité, c'est au Christ à donner, à la femme d'en être la bénéficiaire. Ainsi, quand Dieu paraît nous demander quelque chose, c'est qu'il se propose de nous donner, pourvu que nous sachions le reconnaître. Sous une autre forme, c'est le “ demandez et vous recevrez ” (§ 70 * — qui se termine aussi, dans la version de Lc 11,9-13, par la promesse du Don de l'Esprit Saint).

L'identification du Don de Dieu avec l'Esprit Saint semble aller d'autant plus de soi qu'il y a correspondance entre “ Si tu savais le don de Dieu... Il te donnerait l'eau vive ”. Le Don de Dieu que le Christ propose, c'est l'eau vive, dont 7,38 dira expressément qu'“ Il parlait de l'Esprit ”. Mais, suivant l'analyse sans défaut d'I. de la Potterie, à laquelle nous nous référons pour tout ce dialogue (Vérité, p. 673-706), Jésus insère entre “ le Don de Dieu ” et “ l'eau vive ”, une indication complémentaire qui permet de préciser mieux leur sens : et qui est Celui qui te dit; étant donné que cette incise fait inclusion avec le v. 26, elle doit en effet être tenue pour hautement significative de tout ce passage : Même si le Saint Esprit n'est pas exclu, comme nous le verrons par la suite, le Don de Dieu, c'est premièrement d'envoyer son Verbe, incarné en Jésus de Nazareth, si bien que nous puissions le rencontrer, l'entendre nous parler et nous révéler le Père en se révélant (Jn 14,9-10). Le Don de Dieu, c'est “ savoir qui est Jésus, pénétrer le mystère de sa Personne, reconnaître en Lui le Messie, le révélateur qui apporte la Révélation définitive en sa propre personne par là même qu'il se fait connaître... C'est Jésus-Vérité, c'est la révélation progressive de son propre mystère qui constitue pour nous le < don de Dieu > ” (p. 688).

L'eau vive est une vieille image biblique, souvent associée au verbe < donner >, comme étant “ don de Dieu ”, et par conséquent aussi symbole naturel des dons spirituels supérieurs que sont la Loi du Sinaï ou mieux encore cette Loi intériorisée en Sagesse, ou Dieu lui-même, ou enfin l'Esprit Saint (cf. J. Daniélou; Le symbolisme de l'eau vive, RSR 1958, p. 335-346. Pour plus de détails, voir § 258 ) — Jn 7,38*).

// Sg 6,13-16 Sg 11,4 Jr2, Sg 13 Is 58,11 Ap21,6) — “Dieu nous aime le premier ” ; Il envoie la Sagesse, émanation de Lui-même (// Si 24) à notre devant (// Sg 6), comme la femme de Samarie trouve Jésus assis à “ son ” puits. Elle s'apprêtait à puiser elle-même un peu d'eau ; or l'Écriture rappelle que Dieu nous a appris par les miracles de l'Exode que c'est Lui qui < donne l'eau >, en abondance (// Sg 11) ; car “ la source des eaux vives ”, c'est Lui (// Jr 2,13b), prêt à nous irriguer (// Is 58). Déjà en Jr 2,13 et Is 58,11 f-g, on trouve l'opposition entre ces “ eaux vives ”, inépuisables, et les “ citernes ” au surplus “ crevassées ”, de l'industrie humaine quand elle se détourne de Dieu. Tous ces // Nous préparent donc à comprendre les précisions que les v. 11-14 vont apporter sur ce qu'est cette “ eau vive ”, qui nous reste promise jusqu'au terme des combats de l'Apocalypse (// Ap 21).

Jn 4,11-12Chrysostome: Sur Jean, hom. 31-32 (Vives 13, p. 500 ss): La femme répond: “ Seigneur, tu n'as pas de quoi puiser, et le puits est profond: d'où auras-tu l'eau vive? ” Elle l'appelle donc “ Seigneur ” (Kyrie), et parle avec révérence. Ne nous étonnons pas de ce qu'elle ne comprenne pas tout de suite : Nicodème non plus, n'avait pas compris.

Paisible et douce, en plein soleil de midi, la Samaritaine écoute et répond; elle persévère jusqu'à ce qu'elle ait trouvé ce qu'elle cherchait. La femme crut immédiatement, bien plus sage que Nicodème ; plus virile aussi, car Nicodème n'alla chercher personne, mais la Samaritaine assume le rôle des Apôtres : elle annonce à tout le monde, elle appelle tout le monde, elle amène toute la ville à Jésus.

Jn 4,12 — Serais-tu plus grand que notre père Jacob : Les différents récits du Pentateuque autour des puits des Patriarches, de Moïse au désert (// Ex 2,15b), et plus particulièrement le petit poème sur le puits de Béer: “ Monte, puits!... ” (Nb 21,16-18), avaient suscité la légende populaire d'un puits unique, retrouvé par les élus de Dieu au cours de leurs déplacements, et dont le niveau “ montait ” au-devant de leurs besoins. Ainsi, le 2° targum de Jérusalem paraphrase Gn 29,1-11 : “ Lorsque notre Père Jacob eut ôté la pierre de dessus la bouche du puits, le puits se mit à déborder, et il déborda pendant 20 ans, tout le temps que notre père Jacob demeura en Harân ”. On peut penser que 1Co 10,4 fait allusion à une tradition de ce genre.

C'est à cette légende que se réfère la femme de Samarie: pour donner à boire sans utiliser de seau, Jésus serait-il donc capable de renouveler le prodige de Jacob? “ Les eaux du puits allaient-elles, en bouillonnant, monter à sa rencontre? ” (Sur tout ce qui précède, cf. A. Jaubert: La symbolique du puits de Jacob, dans “ Mél. de Lubac ” I p. 63-73).

Jn 4,13-14 — Quiconque: Jésus ne parle plus seulement à la femme de Samarie, mais pour quiconque l'écoute, “ Lui qui nous parle ” dans cet Évangile (Jn 4,10 Jn 4,26).

Qui boit de cette eau aura encore soif: Dans la suite de Si 24 (en // à Jn 4,6*), au v. 21 la Sagesse déclare aussi: “ ceux qui me boivent auront encore soif ”. En somme, ce que signifiait le rêve légendaire du puits de Jacob — débordant et irriguant de ses 4 branches tout le camp d'Israël comme le fleuve du Paradis terrestre en Gn 2,10-14 (voir le Midrash Rabba résumé par Annie Jaubert, art. cité p. 66) — Jésus propose de l'accomplir*. Accomplissement comme toujours à la fois en continuité avec l’A.T., mais transcendant. Si l'eau vive de l'Ancienne Alliance l'emportait sur les citernes crevassées de l'industrie humaine détournée de Dieu (// Jr 2,13), de même le puits de Jacob s'élève jusqu'à devenir “ source de vie éternelle ”. Ainsi encore, à Cana, Jésus a changé l'eau de purification des vieilles urnes de pierre en surabondance messianique de vin (§ 29 ) — Jn 2,6-10* — le rapprochement est de c.h. Dodd); ainsi enfin il doit rebâtir le Temple de pierre en l'humanité ressuscitée, glorifiée, du Christ (nous retrouverons cet autre rapprochement aux v. 23-24*). C'est le même changement de perspective du terrestre au céleste qu'avec Nicodème: “ naître à la vie d'En haut ”. Le moyen en est le même: l'eau, mais devenue sacrement de l'Esprit (Jn 3,5*). La même pédagogie pour amener ses interlocuteurs de leurs préoccupations humaines à une visée divine est encore mieux développée au ch. 6, dans le Discours sur le Pain de Vie: les deux annonces en effet sont parallèles et complémentaires, comme le sont nourriture et boisson. Là comme ici, le Christ se proposera à la foi de ses auditeurs comme celui qui vient accomplir* les figures de l’A.T. : là, ce sera le miracle de la manne, comme Il part ici de la symbolique du puits de Jacob. Tous ces premiers chapitres de Saint-Jean < composent > admirablement entre eux.

l'eau que Moi, je lui donnerai: deux fois répété, pour bien marquer la place du Christ dans le don de Dieu qu'est l'eau vive. Mais comment faire le départage dans ce Don de Dieu entre le Verbe-Révélation-Sagesse, et l'Esprit Saint également Don de Dieu, Révélation (Jn 14,26) et Sagesse (Sg 7,22-26)?

Gardons-nous bien de séparer le Verbe de l'Esprit. Nous ne sommes pas < tri-théistes >. Il n'y a qu'un seul Dieu, Père-Fils-Esprit. L'envoi du Fils va de pair avec celui de l'Esprit; l'un et l'autre, l'un comme l'autre sont notre “ Paraclet ” (Jn 14,16*). Pour recevoir l'objet de la Révélation, la Vérité divine de Jésus-Christ (au sens défini v. 10*), il faut que notre esprit soit élevé à la même longueur d'onde, divine, par communication de l'Esprit Saint qui est Dieu (v. 24).

Seulement, il faut tenir compte des deux stades déjà marqués par Saint-Jean lors de la Révélation de Jésus comme Nouveau Temple: le Christ, Don de Dieu, Révélation du Père, se propose d'abord comme il le fait à la femme de Samarie (v. 10*). Si elle savait Le reconnaître, Il lui donnerait, dès à présent, l'eau vive — et de fait, devant sa docilité à chercher en Lui réponse, il va se révéler à elle (v. 26*). Mais pour les Apôtres eux-mêmes, la plénitude et l'intériorisation par l'Esprit de la Révélation du Christ n'ont pu être reçues qu'après la glorification du Christ (Jn 7,39*), à la Pentecôte: alors seulement, avec cet Esprit Saint vient le second stade, où les eaux vives “ deviendront (au futur) en quiconque a bu, source neuve et inépuisable (v. 14) — que confirmera Jn 7,38 ; cf. I. de la Potterie, p. 693-95).

Jn 4,15-16 — Sur la logique < catéchétique > des réparties, cf. plus haut le commentaire de J. Ratzinger.

que je n'aie plus à venir puiser ici: pourrait s'entendre en un sens matériel et narquois ; mais cela peut être aussi le désir secret que la vieille légende du puits de Jacob se < réalise >. Et l'on voit comment, de la pénombre de nos réactions humaines, si mêlées, le Christ tire chaque fois ce qu'elle avait de meilleur, pour nous exaucer bien au-delà de ce que nous aurions pu rêver.

Jn 4,17-19 // Lc 16,18 — La condamnation sans équivoque du remariage après divorce n'empêche pas le Christ — pas plus qu'aujourd'hui Jean-Paul n ou les chrétiens les plus < fidèles > — d'aborder cette femme et de lui proposer “ le Don de Dieu ”. Comme en toute rencontre, par exemple oecuménique, fidélité à l'enseignement de l'Évangile et ouverture aux défaillances humaines non seulement ne se contredisent pas, mais se conditionnent: car je n'apporterai pas grand-chose à l'autre si, sous prétexte de l'approcher, je ne suis plus porteur du Christ-Vérité, se révélant comme le Saint de Dieu, proche des pécheurs.

La situation de cette femme, pécheresse mais acceptant la leçon, n'appelle pas seulement la sollicitude du Christ-venu-pour-les-pécheurs (§ 42 -Mc 2,17*); elle prend valeur symbolique (cf. v. 35-38* et //).

Jn 4,20 // Dt 11,29 Dt 12,5 2R 17,25-28 — Nos pères... sur cette montagne : Le rituel de ces Bénédictions et Malédictions sanctionnant le renouvellement de l'Alliance du Sinaï, se trouve aux ch. 27-28 du Dt, et la célébration en Jos 8,30-35. Le Mont Garizim, qui surmonte Sichem, est donc un lieu sacré plus ancien que le Temple de Jérusalem, qui ne remonte qu'à David et Salomon. Si l'unité du lieu de culte avait été prescrite (// Dt 12,5-12), c'était pour éviter qu'Israël retombe dans l'idolâtrie des multiples < Hauts Lieux > cananéens — comme il ne le fit que trop sous les descendants impies de David.

En fait, durant l'Exil à Babylone et depuis le Retour, les Juifs étaient restés fidèles au monothéisme, si bien que le sabbat pouvait se célébrer dans les moindres synagogues (cf. § 30 ) — Lc 4,16*). Même les Samaritains avaient appris “ comment on devait adorer Yahvé ” (// 2R 17,28).

Jn 4,21-24 — Réponse très structurée. Après l'exorde solennel: Femme, crois-moi, équivalent du “ Amen, Amen, je vous dis... ”, double assertion, d'abord négative (Jn 4,21) puis positive (Jn 4,23), l'une et l'autre introduites par un refrain pressant: l'heure vient... elle arrive, c'est maintenant, puis l'une et l'autre assorties d'une explication (v. 22 et 24). On est au pivot du changement qu'annonçait précédemment le passage du Puits de Jacob à la Source jaillissante : c'est l'Heure*. Mais il n'y a pas seulement transfert du lieu, il y a métamorphose de l'adoration elle-même, annoncée dès la fin du v. 21 : “ Vous adorerez le père ”. (Nous suivons toujours I. de la Potterie: Vérité, p. 696-705, mais en utilisant son article complémentaire, dans “ Biblica ” 1983, p. 74-115).

La question du lieu n'est si importante que parce qu'il est question de l'acte religieux fondamental : l'adoration. < Adorer > ou < adorateurs > va revenir 9 fois dans les 5 versets Jn 4,20-24.

Il y a deux temps ou deux < économies > (au sens ancien des deux régimes de dispensation de la grâce: Ep 3,2 Ep 3,9 Ep 1,10 Col 1,25): le passé, c'est-à-dire les traditions samaritaines ou juives (Jn 4,20-21), et le futur des “ vrais adorateurs ”. Entre les deux temps, le présent du “ et c'est maintenant... ”, l'Heure qui vient, du Christ déjà-là*, “ Lui qui te parle ”. C'est toujours le même Kérygme*, en d'autres mots: “ Le Royaume est là: convertissez-vous et croyez ” (§ 28 *). Bref, c'est le passage de l’A.T. au N.T., dont le passeur est, bien entendu, le Christ lui-même.

Au v. Jn 4,20, la femme opposait Samaritains et Juifs; au v. Jn 4,21, Jésus au contraire les assimile dans un “ vous ” commun, par une série de négations qui les relèguent tous dans l'économie ancienne: “ ce n'est plus ni... ni... ” Au v. Jn 4,22, il reprend le “ vous ” dans le même sens, en l'opposant à un “ nous ”, qui ne désigne donc pas les Juifs, contenus dans le “ vous ”. Ce qui détermine le sens de ces deux pronoms, c'est la différence : “ Vous, vous ne connaissez pas ce que vous adorez (= Dieu, car on n'adore que Dieu) / nous, nous adorons ce que nous connaissons ”. Or c'est constant dans Saint-Jean: le Christ proclame que Lui, et Lui seul, connaît Dieu et sait qu'il est Le Père (Jn 3,11 Jn 3,32 Jn 7,29 Jn 8,55 et Jn 1,18), alors que même les Juifs de l’A.T. “ ne connaissent pas ” le Père (Jn 8,19 Jn 8,55 Jn 15,21). Donc le “ nous, nous adorons ce que nous connaissons ” désigne ici, par excellence, le Christ lui-même.

car le Salut vient des Juifs (Jn 4,22 b) : I. de la Potterie remarque opportunément que cette proposition est une subordonnée, explicative, et qu'on la dénature donc si l'on en fait une déclaration de principe, valable absolument et applicable en tous domaines (art. cité, p. 74-76). En réalité, la remarque est faite pour expliquer ce qui précède: Nous (= Moi) j'adore Dieu en le reconnaissant comme Père; tel est le Salut. Le Salut, c'est l'adoration, si elle est bien celle-là; le Salut c'est donc Moi, ou mieux encore: le Salut est en Moi, le véritable adorateur, Moi, “ un Juif ” comme le remarquait la femme au départ du dialogue (v. 9). On pourrait aussi entendre : Moi, le Sauveur du monde (titre qui lui sera reconnu au v. Jn 4,42) — parce qu'en Moi se trouve le Salut, la ré-union de Dieu et des hommes — Je suis la Descendance promise à Abraham, patriarche d'Israël, Peuple élu de Dieu pour produire précisément ce Fruit (cf. BC I*, p. 93 // Ga 3,16 — et pour < Fruit >, textes des Pères dans pc II, p. 308-312).

Mais si le Christ est l'accomplissement de l'ancienne économie, c'est en ouvrant plus universellement — en son adoration filiale dont le sommet sera l'obéissance jusqu'à la mort et la mort de la croix — la Nouvelle Alliance à tous ceux qui, de par leur union avec Lui, deviendront à leur tour de “ vrais adorateurs ” du Dieu-Père. Car telle est bien la caractéristique de “ l'Heure qui vient ”: “ Vous adorerez (au futur parce que c'est ouvert sur l'à-venir, mais immédiat, puisque “ c'est maintenant ”) le Père ” (Jn 4,21 Jn 4,23). D'où le “ nous ” du v. Jn 4,22; car s'il désigne premièrement l'adoration du Christ, celle-ci englobe tous ceux qui entreront dans son adoration filiale.

La réponse à la question du lieu de l'adoration est donc: “ ni sur le Mont Garizim, ni à Jérusalem ”, ni nulle part ailleurs que dans le Nouveau Temple que Jésus a déjà réclamé être, en son Corps glorifié, attirant tous les hommes en Église (Jn 2,19-22*). Jésus, et plus précisément son coeur humain finalement adorant, est le Lieu (au sens géométrique plus encore que localisant) de toute adoration — et si fondamentale qu'en elle (donc en Lui) est le Salut.

Jn 4,23-24 // Mi 4,2 1Co 6,17 1Co 6,20 Rm 8,26 Rm 8,15 Ph 3,3 Rm 12,1 2Co 3,17 1Jn 5,6 — Le contexte immédiat des v. Jn 4,20-24 une fois expliqué, on peut comprendre le sens véritable de l'expression par laquelle se trouve définie, par deux fois, l'adoration des “ vrais adorateurs ”:

en Esprit et en Vérité: “ En ” c'est dans', c'est le < lieu > spirituel du Nouveau Temple. L'adoration se fera donc/ en communion avec > celle, filiale, du Christ, < en corps > avec Lui, donc < en Eglise >. Telle est en particulier la réalité mystique, la Présence ou le < Mystère > (au sens que lui donne Dom Casel) qui donne sa valeur incomparable à toute la grande prière liturgique, culminant à l'eucharistie: “ Par Lui, avec Lui, en Lui, toute adoration et toute gloire à Toi, Père, dans l'unité du Saint-Esprit... ” La “ montagne ” de notre adoration, la Nouvelle Sion, la Jérusalem céleste, c'est le Christ en son Corps, qui est l'Eglise, où convergent tous les peuples de tous les siècles à venir — suivant la prophétie commune au // Mi 4,1-5 et à Is 2,2-5,

en Esprit: C'est bien l'Esprit Saint, l'Esprit de Dieu (cf. début du v. Jn 4,24), comme le reconnaissent “ presque à l'unanimité les exégètes de nos jours ” (Vérité, p. 674-676). Donc la conception d'un culte purement spirituel excluant toute manifestation extérieure est un contresens. Ce n'est pas une condition humaine (psychologique, anthropologique), mais théologique (Christologique) : pour intérioriser notre prière “ dans ” celle du Christ, il faut que nous ne fassions plus qu'“ un même Esprit avec Lui ” et devenions nous-mêmes “ Temple ” (// 1Co 6,16 1Co 6,20). C'est cet Esprit qui nous apprend comment prier, en appelant Dieu du nom réservé à son Fils Bien-Aimé: “ Abba, papa! ” (// Rm 8,26 Rm 8,15); c'est Lui qui nous rend “ vrais adorateurs ”, ce qui est “ la nouvelle circoncision ” (la nouvelle marque de notre appartenance à l'Alliance renouvelée — cf. // Ph 3,3); Lui qui nous pousse à nous offrir “ comme une oblation spirituelle ” (// Rm 12,1), avec la liberté supérieure (// 2Co 3,17) qui fut celle du Christ à Gethsémani et sur le Calvaire, quand “ vint l'Heure ” (v. Jn 4,21 Jn 4,23). Mais pour accéder à ce sommet d'adoration, il faut que l'Esprit soit en nous le témoin qui nous introduit “ dans la vérité ” de la foi (// 1Jn 5,6):

et en Vérité: Il ne faut pas négliger cette seconde partie de l'expression, d'autant plus que, d'après la comparaison avec les autres couples du même genre, M. Barth a montré que le terme qui vient en dernier est d'ordinaire le plus important dans la pensée de l'Évangéliste (cf. Vérité, p. 704).

La Vérité, c'est le Christ lui-même (Jn 14,6), le “ Don de Dieu, l'eau vive ” proposés à la femme de Samarie au début du dialogue, dans le sens que nous avons vu d'une Révélation du mystère inhérent au Christ — qui est son rapport filial au Père = son attitude fondamentalement adorante (Jn 4,10*). Adorer dans l'Esprit et la Vérité, c'est “ grâce à l'Esprit, adorer en communion avec Jésus qui se dévoile comme le Fils du Père ” (I. de la Potterie : art. cité, p. 95 ; cf. Vérité, p. 705). En cette formule < couplée >, se trouve confirmée l'unité double du Don de Dieu Jn 4,13-14 — l'eau que moi, je leur donnerai*), qui est le Verbe Révélateur et l'Esprit nous faisant naître à la foi pour être à hauteur de cette Révélation et de cette Adoration.

Jn 4,25 — Bien que samaritaine, la femme n'en a pas moins fort bien compris que Jésus annonce les renouvellements du Temps messianique :

Chrysostome: Sur Jean, hom. 33 (Vives 13, p. 517): “ Les Samaritains n'acceptaient que Moïse et pas les prophètes. D'où attendaient-ils donc l'Avènement du Christ ? — Des écrits mêmes de Moïse : car au commencement, il a révélé le Fils. Ces mots : “ Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance ” étaient pour le Fils... Et Jacob a prophétisé de Lui : “ Le sceptre ne s'éloignera pas de Juda... jusqu'à ce que vienne Celui auquel il appartient ” (Gn 49,10). Moïse a dit encore : “ Le Seigneur vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi: Lui, vous l'écouterez ” (Dt 18,15). Et l'on pourrait citer bien d'autres allusions. Mais pourquoi le Seigneur, qui a rappelé à Nicodème le Serpent d'airain, n'a-t-il parlé de rien de semblable à la Samaritaine? C'est qu'elle était inculte, alors que Nicodème était versé dans les Écritures. Il attire la femme simplement par l'eau et la prophétie en lui révélant qu'il connaît sa vie. En montrant qu'il est prophète, il suscite dans sa mémoire la pensée du < Messie >. C'est alors qu'il se dévoile... Les Juifs lui avaient dit, dans l'intention de le trahir : “ Dis-nous si tu es le Christ ” ; et Il ne leur avait pas répondu directement. Ici, il dit en toute clarté : “ JE le suis ”, parce que la femme était bien disposée: elle entend, elle croit, elle amène les autres à croire ”.

Jn 4,26 — Moi qui te parle: ferme l'inclusion ouverte au v. 10*. Mais cette fois la déclaration commence par un < Ego eimi > = je le suis, qui revient plusieurs fois dans la bouche du Christ, en un sens que nous préciserons aux § 260 -261, à propos de Jn 8,24*, et qui, de façon mystérieuse, a trait à son être divin.

Jn 4,27-30 — Dialogue interrompu par le retour des disciples. La femme est si bien retournée (< convertie >) par “ l'eau vive ” qu'elle en oublie sa cruche ! — mais devient déjà “ source jaillissante ” de foi, et apôtre de son village:

Cyrille d’Alexandrie: Sur Jn h (Pg 73,317): Triomphant du souci corporel, cette femme qui avait eu plusieurs maris et avait succombé à de folles voluptés, se prive maintenant de l'eau nécessaire, ne pense plus à sa soif: elle est refaçonnée en un autre état, par la foi ; et embrassant aussitôt la charité et l'amour mutuel, elle court, pleine de zèle, annoncer dans la ville quel grand bien lui a été offert. Nous pouvons croire que l'Esprit lui parlait, et murmurait à son esprit: “ Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ” (Mt 10,8).

... Ce n'est pas l'eau d'un puits, ce n'est pas une amphore de terre, qu'elle rapportait à la maison: mais une âme remplie de la grâce céleste et de l'enseignement du Sauveur. Ô changement inattendu! Cette femme qui, au commencement, ne comprenait rien, voilà qu'elle enseigne les autres, et combien adroitement! Car si elle avait commencé par dire : J'ai trouvé le Christ, on ne l'aurait pas crue. Mais: “ Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait! ”

Jn 4,27 Jn 4,31-38) — 1° épilogue, avec les disciples. Silence de respect (v. 27), puis dialogue. Comme avec les Juifs au Temple (2,18-22*), avec Nicodème (3,3-8*) et la Samaritaine, Jésus se montre d'un < autre monde >, .sur-naturel: les terrestres cherchent un sens terrestre à ses paroles (v. 33) ; mais Lui, étant d'“ En haut ”, parle de ce qui nourrit sa vie divine elle-même : l'unité d'amour, donc de volonté, avec son Père, pour accomplir* l'oeuvre du plus grand amour qu'est la Rédemption (Jn 13,1 Jn 15,13). C'est pour cela qu'il a été “ envoyé ”; c'est en cela que l'Amour du Père et le Dessein éternel de Salut sont par-faits en Lui (§ 24 ) — Mt3, 17*).

// Dt 8,3 — Même < Sursum corda >, de la nourriture matérielle à l'aliment spirituel, qui est la Parole de Yahvé = son Verbe incarné, reçu en nourriture dans l'eucharistie (— ” Jn 6). Jésus avait cité ce verset du Dt en réponse à la tentation du diable (§ 27 ) — Mt 4,2-4*).

nourriture que vous ne connaissez pas : rappelle “ vous adorez ce que vous ne connaissez pas ” (v. 22*). Mais le Christ est justement venu comme un Don de Dieu, nous révéler et communiquer cette adoration ; et Il se donnera lui-même en nourriture pour qu'en Lui nous vienne l'appétit que la volonté (l'Amour) du Père s'accomplisse toujours plus. Ainsi, nous rejoignons le Pater: “ Que ta volonté soit faite... et (pour cela) donne-nous notre pain quotidien ”. La véritable adoration, qui est celle de Jésus, Il nous l'a enseignée dans le Pater. Et retenons cette ultime précision : l'adoration consiste à se mettre à la disposition et au service du Père.

Jn 4,35-38 // Is 9,2 Ez 16,45-62 Ac 8,5-6 Ac 8,14-17 — Ces versets pourraient n'être que l'annonce de la conversion du village : “ Jésus voit venir à lui la troupe des Samaritains, et c'est toute leur bonne volonté qu'il compare aux blanches moissons. De même que les épis sont bons à moissonner quand ils blanchissent, ainsi les Samaritains étaient prêts pour le Salut ” (CHRYSOSTOME).

Mais il y a dans les paroles du Christ quelque chose de visionnaire, et qui donne à l'épisode une portée universelle : les Samaritains sont les prémices d'une mission et d'une moisson qui s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre -celle-là qu'annoncent les prophètes pour les temps messianiques (// Is 9,2), avec la même rapidité de maturation (// Am 9,13 — au § 97 ).

Qu'elle commence par cette Samaritaine, qui en est à son sixième mari, n'est pas sans signification. Car elle est l'image de cette Epouse infidèle en qui l'on reconnaît, en Os 1-3, Israël recherché par Yahvé malgré son infidélité à l'Alliance. De son côté, le // d'Ez 16,45-62 — qui est la conclusion d'une grande parabole, également nuptiale, sur cette même infidélité du Peuple élu — annonce que Samarie et même Sodome (§ 109 ) — Mt 11,23-24) devanceront Jérusalem dans le rétablissement de l'Alliance, suivant un processus d'émulation que saint Paul applique à l'entrée des païens dans l'Église, avant même Israël qui s'en est lui-même retranché pour un temps (Rm 11).

Aussi semble-t-il que les Apôtres aient attaché une grande importance symbolique à l'évangélisation de la Samarie. Car au ch. 8 des Actes (//), il est précisé que Pierre et Jean sont envoyés pour transmettre le Saint-Esprit, nommé ici (et ici seulement de tout le reste du N.T.) “ le don de Dieu ” (comme aux v. 19-20), “ moissonnant ” ainsi là où c'est le diacre Philippe qui avait “ semé ” (Ac 8,5-6). Sur tout ceci, cf. F.M. Braun: Jean le Théologien III, p. 93-95).

Jn 4,36-38 // Ps 126,5-6 — La perspective se déplace. Au v. 36, “ le fruit ” étant “ pour la vie éternelle ”, se trouvent associés en une seule même oeuvre et joie, semeur comme moissonneur. Aux v. 37-38 par contre, est rétablie la succession des tâches, et leur altérité — “ autre... autre ” — donc le point de vue redevient temporel, avec opposition des deux stades, comme dans le // Ps 126
Semer, moissonner: quels sont ces deux temps? — Évidemment les mêmes qu'aux v. 20-24: l’A.T. et le N.T.Les Prophètes ont semé, les Apôtres vont moissonner.* Le Sauveur aime les Prophètes, et les Apôtres. Il ne veut ni priver les Apôtres du travail des Prophètes, ni attribuer aux Apôtres toute la gloire d'un Salut qui se fait par la foi en Lui ” (Cyrille d’Alexandrie : Sur Jn II, -pc 73,328). Mais plus encore sans doute, le Semeur de la Parole est le Christ lui-même (Mt 13), en même temps qu'il est “ le grain de blé tombé en terre et produisant beaucoup de fruit ” par son sacrifice, sur la Croix (Jn 12,24*.32-33). Et les Apôtres moissonneront, après la Pentecôte. C'est toujours vrai: autre est Marthe Robin, autres ceux qui moissonnent dans les Foyers de Charité... Ephrem : Lamy n, p. 546 (c'est Marie qui parle):

Voyants de la Bible et prophètes,
vous dites vrai dans vos oracles,
laboureurs qui avez semé
et puis dormi, pleins d'espérance.

Levez-vous, et battez des mains,
voyant le Fruit de vos semailles :
voici entre mes bras l'épi
qui donne le pain vivant.

Avec moi, réjouissez-vous!
Car je porte la gerbe de joie.

// 1Co 3,6 — Quelles que soient les tâches respectives des missionnaires, elles sont au service du Seul qui fasse naître à la foi et lui donne de croître en nous : le Père qui veut le Salut du monde et embauche tous les vrais adorateurs à sa vigne... C'est une autre application du “ pour qu'il grandisse, je m'efface ”, de Jean-Baptiste (Jn 3,30).

Jn 4,39-42 — 2° épilogue, avec les Samaritains, soulignant les 2 stades de la foi: 1) sur témoignage, avec arguments de crédibilité (v. 39) : ici, le rôle principal est joué par la missionnaire improvisée : “ La Samaritaine qui avait eu cinq hommes / elle a sauvé une multitude d'hommes ” (Ephrem) ; mais doit venir 2) l'ensemencement direct par “ la Parole de Vérité venue d'En haut, du Père des Lumières, pour nous enfanter à sa vie divine ” (Jc 1,17-18), en recevant la foi, avec le baptême dans l'eau et l'Esprit (Jn 3,5). L'Église a bien mis en valeur cette portée baptismale du ch. 4 de Saint-Jean (et du même coup ses liens avec le ch. 3) — Nicodème), en faisant de cet Évangile une des 3 lectures préparatoires au sacrement.

Le Sauveur du monde : Sur cette profession de foi converge et culmine tout le chapitre, confirmant ainsi la portée catholique (universelle) et missionnaire de la Nouvelle Époque, inaugurée par le Christ, Don de Dieu, source des eaux vives de l'adoration filiale en Esprit et Vérité, allant jusqu'au sacrifice de soi pour satisfaire l'Amour du Père par le Salut du monde.

// Ac 10,44 Ac 10,47-48 1Jn 4,14 — La mission apostolique présente le même processus que celle du Christ: suivant l'évangélisation (sermon de saint Pierre aux v. 36-43), viennent le Don de l'Esprit (v. 44) et le baptême, confirmés par un bref séjour (comparer Jn 4,40 et Ac 10,48b). Accompagnement à ne pas négliger non plus avec les nouveaux baptisés.

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Bible chrétienne Evang. - § 80. Jn 3,31-36