Bible chrétienne Evang. - § 157-158. Guérison du sourd-muet: Mt 15,29-31 ; Mc 7,31-37

§ 157-158. Guérison du sourd-muet: Mt 15,29-31 ; Mc 7,31-37


(Mt 15,29-31 Mc 7,31-37)

— Mt s'en tient à une relation générale, mais où il fait en particulier mention des muets. Mc est donc seul à nous préciser les gestes guérisseurs du Christ, sur ce sourd-muet comme sur l'aveugle de Bethsaïde (§ 162 ).

Jésus vient de montrer, avec la Cananéenne, qu'il pouvait aussi bien guérir à distance, donc sans contact, par la seule force de sa Parole, comme à Cana, ou avec le démoniaque (§ 29 ,33), ou avec le serviteur du centurion (§ 84 ). Mais le Christ est le Verbe incarné. Sa Toute-Puissance, divine, rayonne de sa chair même, imprégnant jusqu'à ses vêtements (§ 143 ) — l'hémorroïsse). Et c'est ce dont nous assure la matérialité même des instruments de ces deux miracles : les doigts et la salive, mais du Sauveur. D'où aussi la portée spirituelle de ces guérisons physiques.

Mc 7,31 — Tyr, Sidon, la Décapote: Bien plus qu'à établir la carte des déplacements du Christ, assez confuse et controversée, les indications géographiques de Mc visent à souligner qu'on est toujours en territoire censé païen.

Mc 7,32 // Ba 6,40-41 Is 35,5-6 Ex 4,10-12 — Ils lui amènent: comme pour le paralytique pardonné (§ 40 ), miracle obtenu par la foi des autres.

Un sourd qui parlait confusément: Dans le grec classique, peut signifier simplement < bègue > ; mais dans la Bible, ce mot ne se trouve qu'ici et en Is 35,6, où il demande à être pris au sens fort, comme y invite aussi le fait qu'il s'agisse d'un sourd. Toutefois, confusément peut évoquer à la fois Moïse (Ex 4) et la < confusion > de Babel (Gn 11). Imposer les mains: cf. § 143 ) — Mc 5,23*; En même temps, c'est le geste de Dieu sauvant son peuple de la captivité d'Egypte: « à main forte et à bras étendu » (Dt 4,34, etc.).

Mc 7,33-36 — À part de la foule : Les < oeuvres de Dieu > demandent à être faites dans le silence et le retrait. Cela vaut pour Élie ou Elisée comme pour le Christ et ses Apôtres (1R 17,19 2R 4,4 2R 4,33 Mc 5,37 Mc 5,40 Mc 8,23) — fille de Jaïre et aveugle de Bethsaïde — Ac 9,40). C'est la raison profonde du secret messianique*, réitéré au v. 36* (cf. J. Delorme: Ass. S. 23° D, p. 37-39).

ses doigts, sa salive : En Jn 9,6, Jésus crache pour faire de la boue un collyre sur les yeux de l'aveugle-né (§ 262 ) : la matérialité du geste, loin de s'opposer à leur portée symbolique, assure la réalité de leurs effets spirituels, sacramentels.

Levant les yeux au ciel: cf. § 151 ) — Mc 6,41*.

Il soupira: Exprime moins « quelque sentiment de compassion pour l'infirme qu'un mouvement profond d'appel à la force divine, avec la conscience d'une opposition puissante à vaincre » (J. Delorme, Ibid. p. 35). Mais c'est aussi « le gémissement de la création » que le Christ fait sien, suivant l'inspiration de l'Esprit d'Amour dont le Christ déborde, et qu'il nous a communiqué (// Rm 8,22-26 2Co 5,2-5 cf. le « gémissement » de Jésus au § 160 - Mc 8,12).

Mc 7,35 // Ps 40,6-8 Is 50,4-5 — Il lui dit: « Ephphata »: Comme est douce la consonance de ce mot (araméen ou hébreu), et combien précieuse en est la signification: « Ouvre-toi ». L'expression, à elle seule, annonce que la guérison de la surdité physique est l'image d'une ouverture au « sens de la foi ». Celle-ci requiert en effet une < écoute >, discernant la Parole de Dieu, pour croire au-delà de ce qui peut avoir été vu: « Écoute, Israël... » (Dt 6,4); « Fides ex auditu » (Rm 10,17). Et l'acte de foi se réalise « dans la confession des lèvres que Jésus est Seigneur » (Rm 10,9). L'homme ne pourrait à lui seul y atteindre, et les Apôtres se voient reprocher leur incompréhension (Mc 6,52 Mc 7,18 Mc 8,17-21). Même pour « le Serviteur de Yahvé », les prophéties du Ps 40 et d'Is 50 annonçaient que cette « ouverture » devait être donnée par Dieu — tant il est peu naturel de < comprendre > que le Salut passe par le sacrifice et les humiliations de la Passion. Les Apôtres n'accéderont que peu à peu à cette foi intégrale et < orthodoxe > (signifiée ici par le fait de parler « correctement », et au § 162 par le double degré de vision de l'aveugle: Mc 8,23-25*). Ils transmettront ce don en refaisant le geste sacramentel qu'ils ont vu faire au Christ. Ce rite de l'« Ephphéta » était resté en vigueur dans le sacrement du baptême jusqu'à la récente réforme (Ancien Rituel, n° 34). Il est triste que, devant les risques d'incompréhension, on l'ait supprimé. Et cela quand on parle de retour à l'Évangile ! Si les braves gens ne comprennent plus, qu'on le leur explique, comme le faisait saint Ambroise: Ayant rappelé cet Évangile, il commente: « Ces mystères de l'ouverture [à la foi], on les a célébrés quand le prêtre t'a touché les oreilles et les narines... pour que tes oreilles s'ouvrent à la Parole et à l'exhortation sacerdotale... Et pourquoi les narines? — Afin que tu reçoives la bonne odeur de la bonté éternelle, afin que tu dises: < Nous sommes la bonne odeur du Christ pour Dieu >, comme l'a dit le saint Apôtre (2Co 2,15), et qu'il y ait en toi plénitude du parfum de la foi et de la dévotion... Ouvrez donc les oreilles et aspirez la bonne odeur de la vie éternelle répandue sur vous par le don des sacrements » (Des Sacrements, I, 3 ; Des Mystères I, 3) — SC 25 bis, p. 60 et 156).

Mc 7,36 — Ce sont les 2 temps indiqués par l'archange Raphaël à Tobie: Il y a « le secret du roi » (Mc 7,33*) dans cette action « sacramentelle », donc < mystique >, cachée. On ne la comprendrait pas si l'on n'en voyait que l'extérieur, miraculeux, éclatant. Et s'il est ridicule d'avoir honte des miracles, encore faut-il les proclamer comme « oeuvres de Dieu » (Tb 12,7 en // au début du § 151 ). Plus ils le publiaient: c'est le verbe du < Kérygme ».

Mc 7,37 // Gn 1,31 — À travers ce miracle, Jésus se révèle non seulement le Messie annoncé par Isaïe (// Is 35 cf. § 106Mt 11,4-5*), mais le Fils qui opère comme son Père, afin que soit parfait le Dessein de Dieu sur sa création (§ 148 -149) — Jn 5,17 ss*).

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§ 159. Seconde multiplication des pains: Mt 15,32-39; Mc 8,1-10


(Mt 15,32-39 Mc 8,1-10)

—Le parallélisme est tel, entre les deux multiplications, que certains critiques en ont conclu un peu vite que Me aurait seulement recopié successivement deux traditions d'origine diverse, mais se rapportant à un unique fait originel. Mais dans une oeuvre littéraire aussi strictement composée que l'est Saint-Marc, ce doublet serait bien invraisemblable. Et de fait, Me entend bien parler de 2 miracles caractérisés, auxquels Jésus renvoie expressément ses Apôtres, et donc aussi nous-mêmes (§ 161 *).

Il est vrai que les différences paraissent relativement minces : mention des 3 jours, qui peut avoir une résonance Pascale (§ 29 ) — Jn 2,1*). Il n'y a pas les carrés de cent et de cinquante, comme la première fois (Mc 6,40). Enfin, il y a 7 pains, 7 corbeilles de morceaux restants, pour environ 4000 personnes. Il n'est pas abusif de penser que ces nombres respectifs sont significatifs de quelque chose, puisque le Christ les rappellera aux Apôtres comme susceptibles de les éclairer (Mc 8,19-21). Douze est le nombre des tribus d'Israël, et des Apôtres. Sept, par contre, chiffre cosmique, semble être celui de la catholicité: il y a 70 nations dans la généalogie de Gn 10 (BC I*, p. 83-84), comme il y aura 70 ou 72 disciples envoyés par le Christ en mission (§ 185 ) — Lc 10,1*); et les Apôtres institueront 7 diacres pour servir aux tables des « Hellénistes » (Ac 6,1-6). Or ce symbolisme est confirmé par le fait que, non seulement depuis l'épisode de la Syrophénicienne, dite « grecque » elle aussi, nous sommes en territoire païen (§ 157 ) — Mc 7,31*), mais qu'en outre Me précise: «certains [d'entre les 4.000] viennent de loin » (8,3), expression qui désigne ceux qui « sortent » du paganisme pour demander à être admis dans l'Alliance avec le Dieu d'Israël (// Jos 9,6 Jos 9,15 Is 60,4-6 Ep 2,13 Ep 2,17). Les Mages aussi, prémices des nations, viennent de loin. La seconde multiplication des pains ouvre donc non plus seulement les miettes, mais la surabondance du festin eucharistique au monde entier, après que la foi de la Cananéenne comme la guérison du sourd-muet ont annoncé l'accès des païens à la foi.

Car en tous cas, cette seconde multiplication est réitération de la « célébration eucharistique » : même quadruple acte liturgique — offrande, action de grâces, fraction, communion — et même conservation des fragments restants (cf. J. comblin, Ass. S. i n° 60, p. 34-39). Ainsi, les § 151 à 164 s'ordonnent autour « du grand repas messianique, offert à des communautés venant de près — les Juifs — ou de loin — les païens. Pour y participer, il n'est plus tellement important de se laver les mains, mais bien de se laisser purifier le coeur afin de « comprendre » qu'en Jésus Dieu se fait présent à l'intime de l'homme et le nourrit de sa propre vie... La table du Royaume est désormais accessible à tous, même aux païens, pourvu qu'ils accèdent à la parole par la puissance de celui qui a bienfait toutes choses. Les douze tribus d'Israël retournent au désert, pour être rassasiées d'un pain supérieur à la manne, mais le monde païen, symbolisé par le chiffre sept (8,5.8; cf. 3,7-8), devient lui aussi l'objet de la compassion divine et découvre, après les trois jours de la passion et de la mort, le pain qui rassasie parce qu'il est la présence qui comble » (r. radermakers : Sur Mc, p. 187) — dans le même sens, b. standaert, Év. selon Mc, p. 308-317). Magadan ou Dalmanoutha (Mt 15,39 et Mc 8,10): cf. § 162 ) — Mc 8,22*.


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§ 160. Les signes du ciel:Mt 16,1-4; Mc 8,11-13 ; (Lc 11,16 Lc 12,54-56)


(Mt 16,1-4 Mc 8,11-13 Lc 11,16 Lc 12,54-56)

— Commentaire au § 120 *. Les // Rappellent que le discernement des signes est affaire de Sagesse, laquelle se trouve ici, en Jésus, Verbe incarné. Il élucide le sens de tous les signes, de par leur convergence sur Lui ; et il n'y a plus besoin de nouveaux signes, puisque ce qu'ils faisaient entrevoir est là.



§ 161. Le levain des pharisiens: Mt 16,5-12; Mc 8,14-21


(Mt 16,5-12 Mc 8,14-21)

— Quiproquo doublement révélateur. D'abord, le Christ en profite pour caractériser son opposition avec les Pharisiens dans ce domaine de la table : au lieu de la surabondance messianique du pain azyme de la Nouvelle Pâque chrétienne, vrai pain de vie éternelle (§ 163 *), les Pharisiens chargent leurs disciples du fardeau insupportable de leurs prescriptions rituelles, pour la nourriture fermentée de leurs « traditions humaines ». Ainsi Jésus reprend contre ses adversaires leurs reproches des § 154 -155: malgré leurs rites purificatoires, c'est par leur enseignement qu'ils sont impurs, et contaminent les autres comme un levain, (ici, en Mt 16,12 au § 203 , Lc 12,1 fera du levain l'image de leur hypocrisie — mais les deux accusations ne s'excluent pas: cf. § 287 ss). Même image du levain qui trouble la pâte, dans le // Ga 5,7-10 cf. 1Co 5,6-8, en // au § 134 .

Mais surtout, le malentendu montre comment, par la faute de leur préoccupation de la nourriture matérielle (Mt 16,5 Mc 8,14), les disciples sont incapables d'accéder à la compréhension des réalités spirituelles que leur offre le Christ: pain donné du ciel, laissant le coeur confiant (§ 67 ) — Mt 6,25-34), et libéré.

Mt 16,6 Mc 8,15 — Là où Mt ajoute au ferment des Pharisiens celui des Sadducéens*, Me préfère mentionner « le ferment d'Hérode ». En un sens, cela revient au même, dans la mesure où les Sadducéens étaient les alliés du pouvoir politique; mais en nommant Hérode, Me indique par cette inclusion* avec les § 146 -147 relatifs à Hérode que nous arrivons à la conclusion de cette section qui va de Mc 6,14 à 8,26, et s'ouvrait sur la question-clé : « Qui donc est celui-ci ? » (§ 146 *).

Mt 16,8-11 Mc 8,17-21 // Jr 5,21-25 — Il pourrait sembler qu'il n'y a pas de progrès, puisque les reproches du Christ reprennent non seulement ceux de Mc 6,52 (« coeur opaque ») et 7,18 (« sans intelligence, ne comprenez-vous pas! »), mais ceux qui s'adressaient aux Pharisiens (Mc 3,5) et à la foule (4,10-12). L'interrogation du v. 18, propre à Mc, va jusqu'à demander si les disciples eux-mêmes ne tombent pas dans la disgrâce menaçante du // Jr 5,21-25 ou d'Isaïe 6,9-10, précédemment cité par Jésus à rencontre de ceux qui ne comprenaient pas ses paraboles (§ 127 *). Pourtant, depuis lors, il y a eu tous ces miracles de « la section des pains » sur lesquels le Maître a invité ses disciples à méditer pour en dégager le sens convergent. Ils l'ont fait d'ailleurs, et plus tard ils ont rédigé leurs quatre Évangiles de manière à conduire les chrétiens jusqu'à la confession de foi envers le Christ (§ 2 , et § 369 ). Mais, sans plus attendre, Pierre va témoigner du sursaut de la foi, dès le § 164 puis au § 165 .



§ 162. L’aveugle de Bethsaïde: Mc 8,22-26


(Mc 8,22-26)

— Miracle // à celui de la guérison du sourd-muet (§ 157 *), à la fois par sa situation en fin de chapitre, comme illustration de l'enseignement précédemment donné, et par le sens. Pour conclure la controverse avec les Pharisiens sur les rites de purification avant de manger, la Cananéenne et le sourd-muet confirmaient que la pureté vient de l'intérieur, par une foi que Dieu peut donner aussi bien à des païens (Mc 7). À présent, devant l'incompréhension des disciples, même après la seconde multiplication, Jésus donne en cet aveugle qui recouvre la vue en deux temps une image des deux < conversions > spirituelles que les disciples ont à opérer pour accéder à la foi complète en Jésus, Dieu infaillible et homme-qui-doit-passer-par-la-mort. Sur la 1° de ces < conversions >, cf. § 164 -165) — Jn 6,68-69* et Mt 16,16-20* ; sur la 2° conversion, cf. § 167 *.

Mc 8,22 — Ils viennent à Bethsaïde: Direction indiquée par le Christ lui-même dès le soir de la première multiplication (Mc 6,45). Or, après la marche sur les eaux, ils ont abordé à Gennésareth (§ 155 *), ont circulé dans les régions païennes de Tyr, Sidon et la Décapole (§ 157 ) — Mc 7,31*); puis, après la seconde multiplication des pains, ils ont à nouveau traversé le Lac vers Magadan (Mt 15,39) ou Dalmanoutha (Mc 8,10 — l'un et l'autre non identifiés encore aujourd'hui — pour arriver à Bethsaïde seulement à présent : on dirait que toutes ces allées et venues entre la nuit de la marche sur les eaux et maintenant étaient une parenthèse, clairement délimitée par cette inclusion (cf. b. standaert : Év. selon Mc, p. 112-118).

On lui amène: // à § 157 ) — Mc 7,32*. Un aveugle: répond au « Voyez » de Mc 8,15, et à « Vous avez des yeux, ne voyez-vous pas? », de 8,18. Ce que le Christ va opérer en cet aveugle, les Apôtres n'en ont pas moins besoin, spirituellement.

Mc 8,23-25 // Ac 9,17-19 Lc 24,45-46 — Et prenant par la main: Comme la fille de Jaïre, au § 143 ) — Mc 5,41. A l'écart, salive, imposition des mains: cf. § 157 ) — Mc 7,32-36*. Distinctement correspond au « correctement » de Mc 7,35*.

Commençant à voir: Dans tous les autres miracles, le Christ a montré sa Toute-Puissance en obtenant sans effort et immédiatement la pleine guérison. Même de simples disciples en feront autant (// Ac 9). Si Jésus opère ici en deux étapes, c'est évidemment à dessein: pour annoncer les deux degrés de l'illumination de la foi. En un premier temps, cet aveugle voit les hommes « comme des arbres I marchant » : ce n'est pas tant une indistinction des formes qu'une progression notionnelle: la stature + le mouvement — de même que nous définissons l'homme: animal + raisonnable (= genre + différence spécifique). Au second degré seulement, le miraculé voit « distinctement »: Pierre, Jacques, Jean etc. dans leurs caractères propres, individuels. Ainsi, le Christ se découvre-t-il d'abord aux yeux de la foi dans sa double nature de Dieu-incarné (§ 164 -165-§ 169 ); mais il faudra que, après sa Résurrection, le Christ « ouvre leur intelligence » (comme au sourd-muet), pour que les Apôtres comprennent enfin la destinée personnelle du Sauveur (// Lc 24,45-46).

Mc 8,26 — Comme le démoniaque gérasénien (et comme tout chrétien laïc), cet aveugle n'est pas appelé à devenir un < apôtre >, suivant de plus près Jésus, puis prêchant son Évangile au monde entier (ni même seulement « dans ce village »). Son rôle de chrétien, c'est de « retourner dans sa maison, en témoignant de tout ce que Dieu a fait pour lui » (§ 142 ) — Mc 5,18-20*).

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§ 163-164. Le discours sur le pain de vie: Jn 6, 22-71


(Jn 6,22-71)

Les paragraphes 153-162, propres aux Synoptiques, ne doivent pas faire oublier que, dans Saint-Jean, ce < Discours > vient immédiatement à la suite de la Multiplication des pains et de la Marche sur les eaux (Jn 6,1-21 = § 151 -152). C'est ce que soulignent les versets 22-25 : nous sommes au lendemain du miracle, et la foule soupçonne que, d'être revenu si tôt « de l'autre côté de la mer », sans barque (v. 22), a demandé un autre miracle. Jean a du reste préparé le double thème qui va suivre en le soulignant dans le récit même de la Multiplication : d'une part sa portée de « signe » de sa mission messianique — et c'est bien comme tel que les foules l'ont perçu (v. 14), même si leur conception trop temporelle des Promesses de l’A.T. les a portés à détourner ce messianisme dans un sens politique, refusé par le Christ (v. 15). D'autre part et plus précisément, se trouve annoncée la valeur permanente de ces pains « eucharisties » (v. 23), dans le fait que c'est Jésus lui-même qui a demandé de recueillir les morceaux en surplus (surabondance messianique, cf. Cana, § 29 ) — Jn 2,6*), « afin que rien ne se perde » (v. 12). Or c'est ce point qui se trouve au départ et à la conclusion de chacune des avancées de ce < discours > : « non la nourriture périssable, mais celle qui demeure en vie éternelle » (v. 26.47.58.68). Nous sommes donc dûment avertis que ce dont il s'agit tout au long de ce chapitre, c'est la valeur éternelle (et non pas seulement temporelle), et du messianisme (ou du Royaume*, ou de l'Église*), et de son sacrement eucharistique.

Le plan du discours — comme sa visée, qui en dépend — a été très discuté. Voir les différentes positions dans P. Gâchter : Die Form der eucharistischen Rede Jesu, dans zkt, 1935 p. 438 ss; puis R.e. Brown, p. 293-94.

Bien des difficultés sont venues de ce que l'on y a cherché une suite logique, avançant point par point, par déduction ou induction, alors qu'il s'agit d'un éclairage progressif pour introduire à la Révélation d'un mystère indissoluble. D'où cette composition concentrique, si caractéristique de Saint-Jean:

Dom Guillerand : L'Abîme de Dieu, p. 14: « Mouvement circulaire qui part d'un centre comme d'un foyer, qui s'y déploie et y reste ; mouvement de vie qui ne s'écarte pas de son principe, mais s'y unit et le développe de son propre développement et de cette union à lui.

Nos esprits rectilignes en sont tout d'abord déconcertés. Nous croyons qu'avancer c'est aller d'un point à un autre. . et cela est vrai quand le point initial est néant ou indigence. Quand c'est l'Etre même, le développement ne peut se faire qu'en lui, dans la communication de plus en plus accueillie de son être » (cf. § 1 — COMPOSITION DU PROLOGUE).

Des v. 26 à 34, le Christ pratique une sorte de < mise sur orbite >, pour l'un et l'autre des thèmes suggérés lors de la multiplication des pains (comme nous venons de le rappeler), et que le Discours va révéler plus expressément: v. 26-27, annonce du don de la nourriture-pour-la-vie-éternelle; v. 28-29, condition de ce don : l'envoi, par le Père, du Messie, reconnu comme tel par la foi. Aux v. 30-33, la référence des Juifs à la Manne permet au Christ d'avaliser le rapport A.T. — » N.T.(v. 32), et de synthétiser au v. 33 le double thème, que la suite va seulement développer: « le Pain de Dieu, c'est Celui qui descend du ciel (= Incarnation — » v. 35-47*) et qui donne la vie au monde » (= Rédemption — » v. 48-58*).

V. 35 à 47 et 48 à 58: Ce double développement est clairement délimité par l'introduction et la conclusion communes à l'un et à l'autre : « C'est moi qui suis le pain de vie » (v. 35 et 48)... « qui croit... ou qui mange... possède la vie éternelle » (v. 47 et 58). Seul se trouve changé le verbe, répondant au développement propre à chaque partie: < croire > puis < manger > — d'un même mouvement.

Jn 6,60-71 : Double conclusion, qui souligne à quel point foi (dans le Christ, Verbe incarné envoyé du Père) et eucharistie (nourriture de vie éternelle) se tiennent. V. 60-65, à rencontre de ceux qui trouvent insoutenable de manger sa chair, faute de reconnaître qu'il est « le pain descendu du ciel » (énoncé du v. 33), Jésus renchérit en annonçant qu'il y remontera (v. 62). Inversement, Pierre tient pour « Parole de vie éternelle » cette annonce du Pain à manger, parce qu'il croit en l'origine divine du Messie (v. 68 et 69).

Car n'oublions pas qu'il s'agit en réalité non d'un < Discours > ininterrompu, mais bien plutôt d'un < dialogue >. À chaque proposition du Maître en effet, la réponse de ses interlocuteurs montre, hélas ! une incompréhension qui relance le débat; le Christ en profite pour révéler progressivement ce qu'il nous propose : v. 26-27 répond à la question du v. 25 ; v. 29 au v. 28b ; v. 32-33 aux v. 30-31. Le v. 34 nécessite les précisions des v. 35 à 58.

De même, à l'intérieur de la 1° partie, ce sont les murmures de Juifs (v. 41-43) qui suscitent les indications sur la foi (v. 44-47) ; et pour la 2° partie, c'est le v. 52 qui amène le Christ à insister sur le réalisme de la communion eucharistique (v. 53-58). Enfin, c'est le refus final (v. 60) qui provoque les réflexions cinglantes du Christ aux v. 61-64. Sur tout ceci, cf. X. Léon-Dufour: Le mystère du Pain de vie, dans RSR 1958, p. 481-523.

C'est l'analyse détaillée de l'argumentation qui nous permettra d'entrer à fond dans cette Révélation décisive (§ 164 * et 165*). Il est notable qu'elle s'appuie sur de nombreux thèmes bibliques, confirmant la méthode, mise en oeuvre dans cette « Bible chrétienne », d'une lecture en parallèles. Le Christ y précise en quel sens il convient de comprendre ces rapports entre A.T. et N.T.(Sur ce point, cf. A. Feuillet : Et. Jo. p. 47-129 ; et J.n. aletti : Problèmes de composition et fonction des citations de /'A.T. (en Jn 6), dans RSR 1974, p. 169-197).

1) La mise en route : Jn 6,26-34) — Jésus y emploie le même tour provocant qu'avec la femme de Samarie:

Jn 4

v. 6-7 Rencontre de Jésus
v. 9 Question étonnée: « Comment toi... ? »
v. 10) — « Il te donnerait l'eau vive »
v. 14 «... n'aura plus soif dans les temps à venir »
v. 15 - « Donne-moi cette eau »
v. 12 « Notre père Jacob... »
v. 20 nos pères
v. 19 « Je vois que tu es un prophète »
v. 21 Adorer Le Père
v. 34 « Ma nourriture c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé »
v. 24 « en Esprit et en Vérité »
v. 39 Beaucoup de Samaritains crurent en Lui.
v. 25 Rencontre de Jésus

Jn 6

v. 25 Question étonnée: « Quand es-tu venu... ? »
v. 27 « la vie éternelle que vous donne... »
v. 32 « pain qui donne la vie...
v. 35 n'aura plus faim ni soif »
v. 34 - « Donne-nous toujours ce pain »
v. 31 « Nos pères... »
v. 32 Moïse
v. 14 « C'est vraiment Lui le Prophète »
v. 37 Le Père...
v. 38 « Pour faire non ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé »
v. 63 « esprit et vie »
v. 66 Beaucoup de ses disciples n'allaient plus avec Lui.

Jn 6,24-25 // Ct 3,2 — La poursuite du Christ par la foule, d'abord jusqu'au désert (§ 151 ) — Mt 14,13b-14*), se continue. C'est le thème spirituel < chercher — trouver > (§ 18 ) — Lc 2,45*).

Jn 6,26-27 // Dt 8,3 Sg 16,26 (v. 20-21 en // au v. 31) — C'était déjà la même première tentation par Satan au désert, à laquelle Jésus avait répondu en citant Dt 8,3 (§ 27 ) — Mt 4,4*). La nécessité du pain matériel n'est pas niée. Le mal serait d'en attendre < la satiété >, car l'homme n'en vit pas « seulement ». Comme dans les autres miracles, la multiplication matérielle des pains est à prendre pour le signe de la nourriture sur-naturelle que Dieu offre en son Christ. Dt 8 et Sg 16 étaient justement écrits pour inviter à la même transposition spirituelle, à partir du miracle de la manne (citée aux v. 31 ss). Celle-ci faisait bien appel à la foi, à la confiance en Dieu, puisqu'on ne pouvait en faire de réserve (// Ex 16,19-21).

Dans rhpr 1959, p. 1-13, f.J. Leenhardt cherche à établir un // Plus complet entre les 3 tentations au désert, les 3 épisodes de Jn 6,1-21 et les 3 parties du Discours : 1) tentation des pains — multiplication — appel à la foi (v. 35-47). 2) Royaumes de la terre — Jésus refuse d'être fait roi messianique temporel — Il le sera en donnant sa vie à manger à son peuple (v. 48-58). 3) Se jeter en bas du pinacle Temple (= foi exigeant des miracles) — marche sur la mer — ne pas < embarquer > Dieu dans nos catégories. Mais ce dernier // Semble assez artificiel. On proposerait plutôt l'annonce de la « remontée » (= de l'Ascension, v. 62*), comme < signe > de confirmation, après coup (cf. BC I*, p. 209).

la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle : Annonce déjà les v. 48-58. Donnée: cf. v. 51c*. Par le Fils de l'homme: cf. v. 62*. Travaillez pour... : Amorce la question des v. 28-29, et le développement des v. 35-47*. Ainsi, dès ce verset initial, toute la suite du Discours se profile.

Jn 6,27-29 // Ag 2,23 Si 49,11-12 2Co 1,22 Rm 3,31 — LePère: Référence première de tout don d'En Haut (Jc 1,17). D'emblée, le Fils s'y modèle et, par suite, en est la Manifestation et l'Image active. Le Travail, l'Oeuvre de Dieu (de la Création à la Rédemption), c'est Lui, le Verbe-Sagesse qui vient les parfaire: cf. Jn 5) — § 149 *. Ici, le symbole de l'empreinte et du sceau, familier à la Bible (// Ag, Si, 2Co), insiste sur la conformité, réaffirmée aux v. 37-40 (reprenant d'ailleurs Jn 5,19 ss. et le prolongeant). Cette « marque », cette conformation du Christ jusque dans son humanité, le Père a témoigné qu'elle s'était trouvée « parfaite » lors de son baptême (§ 24 ) — Mt 3,17b*). Et à son image, c'est dans notre baptême que nous-mêmes sommes « marqués du sceau, par l'Esprit Saint » (// 2Co 1,22 Ep 1,13 Ep 4,30 Ap 7,3-4).

Que faire?: Le « travaillez » du v. 27 pouvait faire penser à des oeuvres plus actives, par exemple des oeuvres de la charité. Les Juifs n'étaient que trop portés à n'estimer que ces < oeuvres >. Certes! elles ne sont ni exclues, ni moins urgentes ou moins importantes dans la Nouvelle Alliance. Mais il s'agit ici non des oeuvres, mais plus fondamentalement de /'oeuvre de Dieu. Or seul, Dieu peut être l'auteur de l'oeuvre divine de Salut. Si la coopération de l'homme est réelle, et active, c'est par la foi (v. 29) — dont va traiter la 1° partie du Discours. Cette valorisation de < la foi >, seule capable de fonder < les oeuvres > (sur-naturelles), est en parfaite harmonie avec saint Paul : // Rm 3,31 Rm 3,

Jn 6,30-31 // Ex 16,13-21 Ps 78,23-24 Sg 16,20-21 Is 43,16-19 — Quel signe?: La question serait impudente après la multiplication des pains, si elle ne réclamait ce signe comme « venant du ciel » (§ 160 *), c'est-à-dire habilitant Jésus comme mandaté du Père. Et c'est là-dessus que va porter la réponse des v. 32 ss. Voir et croire*.

Nos pères... la manne : Donné en manière de référence : « comme il est écrit ». Mais on serait désormais à contresens, en se tournant — comme le font ici les Juifs objecteurs — vers le passé: « nos pères... ont mangé ». Car, déjà, la venue du Christ < accomplit >* l'A.T. La manne était en réalité pré-figuration; il n'y a donc plus à en rêver, puisque nous avons infiniment mieux, dans le Christ lui-même. Le sens est: A.T. — > N.T.— comme l'indique le Christ, mais comme l'annonçait déjà Isaïe:

Jn 6,32 // Is 43,16-19 Col 2,17 — De la figure (Moïse et la manne du désert), on en vient à ce qu'elle signifiait; de l'ordre historique à l'ordre éternel et à son origine absolue : Le Père, qui donne...

le pain du ciel, le vrai: < Alèthinon >, c'est-à-dire l'ordre céleste, ce que saint Paul appelle « le corps » ou « la réalité », dont les événements ou les rites de l'A.T. n'étaient que « l'ombre des choses à venir » (// Col 2,17).

Quand il voudra seulement dire: ce pain est effectivement nourrissant, Jean utilisera la forme < alèthès > (voir v. 55*).

La comparaison entre « la manne » et « le pain du ciel, le vrai » visera donc à montrer l'absolue supériorité de ce dernier: par son origine, vraiment « céleste », par sa nature impérissable (Jn 6,12) comme par son effet de « vie éternelle ». À l'inverse, la manne est tombée seulement « des nuages » (// Ps 78,23), « comme une rosée » (Ex 16,13-14), périssable (// Ex 16,19-21), et capable de nourrir seulement les vies mortelles (Jn 6,49).

Jn 6,33 — Voir Introduction à ces § 163 -164: Plan du Discours.

Celui qui descend du ciel : « Celui » avec une majuscule = le Christ en personne. En effet, comme va le préciser le refrain des v. 35.48.51.55.58, « Celui » doit être pris non seulement au sens banal et générique de toute espèce de pain, dont la manne elle-même, mais bien au sens unique et personnel où « le pain du ciel, le vrai », le seul qui soit véritablement « de Dieu », est Celui qui parle ici: le Verbe incarné (v. 35-40*).

Jn 6,34 // Mt 6,9-11 — La demande n'est bonne que si « toujours » signifie « chaque jour » ; et sur ce point la mesure à dessein quotidienne de la manne — // Ex 16,19-21 et Dt 8,2-3 — vaut encore pour l'eucharistie. C'est pourquoi la Présence du Christ dans l'hostie consacrée n'est pas d'un effet plénier, donné « une fois pour toutes » ; mais, comme une « nourriture », elle nous assure plutôt les forces sur-naturelles nécessaires au jour le jour, pour le même exercice de la foi-confiance que les Hébreux dans le désert. A comparer avec le souhait paresseux de la Samaritaine (§ 81 ) — Jn 4,15): non! il faut préserver le « travail » constant de croire (v. 27.29).

Jn 6,35 — Début de la 1e partie. C'est moi qui suis: Sens complémentaire de ces déclarations du Christ, tant sur son être divin que sur sa mission, au § 260 ) — Jn 8,23-29*.

le pain de la Vie : parce qu'il est la Vie (v. 57 ; Jn 1,4* ; 5,26*) et qu'il vient nous la communiquer (v. 51 ; Jn 1,12 Jn 5,40 Jn 7,37-39).

Qui vient à moi: L'expression se retrouve aux v. 37 (bis), 44.45.65) — et encore: 3,26; 7,37; 8,2; 10,41; 12,18. Elle est caractéristique de la vocation: « Viens ! » (1,39.46-47 ; 3,2). Mais de son côté, Jésus se déclare « venu du ciel » (v. 31.32; cf. 3,31), ou « du Père » (v. 43-44), ou « d'auprès de Dieu » (v. 46; cf. 3,2; 7,28-29; 8,14.42; 9,16.33; 10,32; 13,3); « venu au nom du Seigneur » (12,13), « venu en ce monde » (1,9.11 ; 9,39; 11,27; 12,46), et « venu pour qu'on ait la Vie » (10,10). Ainsi se dessine le double rapprochement dont il va être question en toute cette première partie du Discours (v. 35-47): l'homme peut venir à Dieu parce que Dieu premièrement vient à l'homme, en même temps qu'il l'attire à Lui.

Qui vient à moi... qui croit en moi: le parallélisme souligne que c'est par la foi qu'on vient à Lui. Par conséquent, cette 1° partie va traiter de l'Incarnation et de l'adhésion de la foi qui doit y répondre, pour que se produise la Rencontre. N'aura plus faim... ni soif: cf. 4,13-14*.

// Pr 9,1-6 Si 24,19-21 Is 55,2 Ct 5,1 — C'est la même invitation: « Venez à moi », avec opposition entre « les fausses nourritures » et « le festin de la Sagesse. A. Feuillet a longuement analysé ces rapprochements multiples (dans Et. Jo. p. 47-129). Ils sont de trois types: 1) Historique les repas de l'Alliance (Ex 24,9-11 bc I*, p. 254), la manne du désert ; 2) Prophétique : le festin messianique et eschatologique, avec destruction de la mort (Is 25,6-9 et Is 26,19 Is 49,9-10 Ps 23,5) ; 3) Sapientiel, actualisant la possibilité de prendre part au festin dès cette terre (nos //). La Sagesse y est présentée comme « envoyée » (Sg 9,9-10 Sg 9,17), du ciel sur la terre (Ba 3,9-38), pour y dresser sa tente (Jn 1,14b // Si 24,8). Inutile de rappeler à quel point ce thème du < festin > est omniprésent dans les quatre Évangiles, de Cana à la Cène. Tout cela témoigne « des rapports profonds qui existent entre les deux Testaments » — notamment sur ce point central de l'eucharistie (A. Feuillet, p. 51).

Jn 6,36 — Vous avez vu et ne croyez pas: Répond au v. 30*.

Jn 6,37-40 — Tout ce que me donne le Père : À l'origine de tout, le Père et sa volonté de Salut: « que rien ne se perde » (v. 39; cf. v. 12). C'est Lui qui envoie (Incarnation, v. 38); c'est Lui qui veut pour nous la vie éternelle (v. 39-40), fût-ce au prix du sacrifice de son Fils (v. 48-58); et c'est à cette volonté que le Christ ajuste la sienne, et y consent douloureusement, à Gethsémani (comparer v. 38 à Mc 14,36). Mais en même temps, c'est encore le Père qui est à l'origine du don de la foi (v. 37 et 44-45). Sur les relations triangulaires : du Père au Fils et à nous, comme de nous au Fils, sur la motion du Père, cf. m. gourgues: Pour que vous croyiez... p. 182-201. Sur la foi comme « oeuvre de Dieu », parce que libre don du Père qui nous libère des blocages extérieurs et surtout intérieurs, pour que nous puissions « venir » à son Fils et à Lui, cf. Jn 10,26-29; 17,6-12; et A. Vanhoye, dans NRT 1964, p. 337-354; et encore A. Jaubert, dans vs fév. 1968 (n° entier sur la foi), p. 137-148. C'était déjà impliqué en Jn 1,12-13*; cf. 7,17; 8,47 et 18,37.

Je ne le jetterai pas dehors: Sur « la douce intimité » que laisse entendre, par contraste, la brutalité de l'expression, cf. Augustin, cité dans BC I*, p. 236-237.

C'est sur la base de cette volonté salvifique, toute-puissante, éternelle, que repose notre espérance, de ce fait absolue et universelle: « que ne se perde rien de tout... et aucun ne s'est perdu » (v. 39; cf. 10,28-29; 17,12 et Mt 18,14). Pourvu que nous croyions (§ 149 ) — Jn 5,24*). S'ensuit, dès à présent, « la vie éternelle », puis, l'Heure ou le Jour venus, la Résurrection des corps eux-mêmes (comparer v. 39-40 avec 5,24-25*).

Jn 6,41-43 // Ex 16,2 Ex 16,8 — Les murmures du désert sont de tous les temps. Les Juifs ont très bien compris ; et ce qu'ils discutent c'est précisément la Révélation, en ce Jésus de Nazareth, du mystère de l'Incarnation. Ce n'est pas le Christ qui nous « met dehors » : c'est nous qui « sortons » de la foi si nous la discutons (ce qui n'exclut pas, bien au contraire, la discussion des motifs de crédibilité*). Murmurer, c'est n'être plus dans la confiance entière... « Avant tout, que le mal du murmure n'apparaisse sous aucun prétexte, en quelque mot ou signe que ce soit » (Règle de Saint-Benoît, ch. 34).

Jn 6,44-47 — Si mon Père qui m'a envoyé ne l'attire : « Certains commentateurs l'interprètent uniquement de l'attrait intérieur exercé par le Père ; pour d'autres, cet enseignement divin s'exerce extérieurement dans celui de Jésus; quelques auteurs enfin tâchent de faire la synthèse des deux explications précédentes... » [Après enquête,!. de la potterie conclut:] « Le sens ne peut plus guère laisser de doute. L'attraction du Père, l'enseignement de Dieu, s'exerce directement par l'enseignement de Jésus lui-même. Cet enseignement provient à la fois de Jésus et du Père, car Jésus n'enseigne que ce qu'il a vu et entendu auprès du Père (ici, au v. 46 ; et 8,28.40)... Il y a cependant aussi un aspect intérieur à cet enseignement. Car se laisser vraiment « enseigner » par le Père et « apprendre » (la vérité), n'est possible que pour celui qui laisse pénétrer en lui-même la parole de Jésus (cf. 8,32.37). Cette intériorisation de la parole sera, en fait, l'oeuvre du Paraclet qui, à partir de la résurrection, sera dans les disciples (14,17) et leur « enseignera tout ce qu'a dit Jésus » (14,26)... Ce qui est décrit dans les v. 44-46, c'est la genèse de la foi... de l'incrédulité (juive) du v. 43 à la foi (chrétienne) du v. 47 » (Vérité... u, p. 503-508) — à rapprocher de Jn3,21*).

// Is 54,13 Jr 31,33-34 1Jn 2,27 — Noter le lien entre Is 54,13 et Is 55,1-6 (en // au v. 35), qui suit presque immédiatement. Mais l'Alliance ainsi annoncée est bien la même que celle prophétisée par Jr 31 ou Ez 36, caractérisée par son intériorité (I. de la Potterie: Ibid. p. 503, et A. Feuillet, p. 68).

Augustin : Sur Jn tr. 26,4 (PL 35, 1608 ; Vives 9,549) : Comment croirai-je volontairement, si je suis attiré ? Et moi je réponds : c'est trop peu dire, volontairement: tu seras attiré voluptueusement. Être attiré voluptueusement, qu'est-ce que cela signifie ? — « Que le Seigneur soit ta félicité, et il te donnera les désirs de ton coeur » (Ps 37,4). Il est une volupté du coeur, et ce pain céleste lui est doux. Car s'il fut permis à un poète de dire : « Sa propre volupté entraîne chacun » (Virgile Eglog.2) — il ne dit pas « nécessité », mais « volupté », non pas obligation mais délectation — à plus forte raison nous devons affirmer qu'un homme est attiré au Christ quand il trouve ses délices dans la Vérité, ses délices dans la Béatitude, ses délices dans la Justice, ses délices dans la Vie éternelle : tout cela, c'est le Christ.

Les sens corporels ont leurs voluptés, et l'esprit n'aurait pas les siennes ? Si l'esprit n'a pas ses voluptés, comment est-il écrit: « Les fils des hommes espèrent à l'ombre de tes ailes ; ils s'enivrent de l'abondance de ta Maison, et tu les feras boire au torrent de ta volupté. Car auprès de toi est la source de vie, et dans ta lumière nous verrons la Lumière » ? (Ps 36,8-10).

Tout homme qui aime sent ce que je dis. Tout homme qui désire, qui a faim, qui voyage et qui a soif dans ce désert, qui soupire après la source de la patrie éternelle, sait bien ce que je dis là. Mais si je parle à un homme indifférent, il ne comprend pas ce que je dis. Tels étaient ceux qui murmuraient entre eux. « Celui que le Père attire vient à moi », dit-il.

Jn 6,46 // Ex 33,18-23 — Même le grand Moïse — qui « a donné le pain venant du ciel », reçu l'Alliance du Sinaï, obtenu la réconciliation après le Veau d'Or, tous bienfaits annonçant le Christ — n'a pu voir Dieu que « par derrière » (BC I*, p. 268-272). « Le Fils unique », seul, parce que de toute éternité « face à Dieu », « a vu le Père et nous le fait connaître » (Jn 1,1 et 18*). L'enseignement du Père (v. 45), c'est Lui-même, en sa Personne divine de Verbe et Sagesse vivante du Père. Sur cette terre, « la face de Dieu, on ne peut la voir » directement (// Ex 33,23); mais « qui voit le Christ, voit son Père » (Jn 14,9).

Jn 6,47-51 — Transition: Le v. 47 reprend solennellement — « Amen, amen je vous le dis », comme aux v. 26,32 et 53) — le thème de la 1° partie: croire — » vie éternelle. Le thème de la 2° partie se trouve énoncé en 51 c : « ma chair pour la vie du monde ». De l'un à l'autre, il y a continuité. D'abord par l'identité du but : la Vie. Mais aussi par le symbole de départ ; car le pain est fait, donné pour être mangé. Les v. 48 à 51 rappellent précisément cette chaîne logique: v. 48 = v. 35; v. 49 = v. 31-32; v. 50 = v. 33 (avec les deux mêmes propositions, correspondant aux deux parties du discours). C'est l'axe général, si fondamental que 51 a-b l'énonce encore une fois, avant de passer au cran suivant: pain (à manger) = ma chair (à manger).

Jn 6,51-52 — Ce que nous ajoutons entre parenthèses est si évident que les Juifs l'objectent aussitôt, en clair.

Comment pourrait-il! Réaction d'incrédulité. Cf. Nicodème: «Comment un homme pourrait-il naître une deuxième fois ? » (3,4) ; la Samaritaine : « Le puits est profond; sans instrument pour y puiser, d'où tireras-tu l'eau vive? » (4,11). De même Zacharie (Lc 1,18). Marie, par contre, sans hésiter dans sa foi que « rien n'est impossible à Dieu », ne pose pas la question du < pouvoir >, mais seulement celle du < comment > cela se fera-t-il (Lc 1,34).

donner: répond au «je donnerai » de 51 c. Thème du < don >, originellement attribué au Père dès l'exposition des thèmes, dans le Prélude (v. 27.32-33; cf. 11). Il refait ici surface, pour indiquer la tonalité de cette seconde partie du Discours : donner — se donner — se sacrifier — être mangé — réparer, refaire, rétablir la vie éternelle. Il s'agit bien désormais de la Rédemption et de sa communication aux hommes par la communion eucharistique. Ce qu'annonçait implicitement le signe du pain est maintenant déclaré expressément par 51 c :

« Donner, chair, pour... Ainsi groupés, ces mots confèrent à la parole un sens sacrificiel. La préposition < uper > est régulièrement utilisée pour dire que Jésus donne sa vie pour ses brebis (10,11.15), pour le peuple (11,50 s. ; 18,14), pour les nations (11,52), pour ses disciples (17,19)... telle est la grande marque d'amour » (15,13) — X. Léon-Dufour: art. cit. p. 510-511).

chair : et non < psyché > — son âme ou sa vie — comme dans les autres passages où Saint-Jean parle du sacrifice que Jésus consent à offrir, pour nous racheter: Jn 10,11.15.17-18; 15,13.

// Lc 22,19 He 10,10 1Co 11,28-29 (en // au v. 63) — Les textes sur l'institution de l'eucharistie emploient le mot, plus < grec >, de « corps ». Si Jn préfère le mot « chair », c'est peut-être qu'il correspond à celui que Jésus lui-même a dû employer (cf. J. bonsirven : « Hoc est corpus meum », Recherches sur l'original araméen, dans « Biblica » 1948, p. 205-219). Mais cela nous rappelle aussi Jn 1,14, « Et le Verbe s'est fait chair » , « Si nous rapprochons l'insistance du discours eucharistique sur la manducation de la chair de l'affirmation du prologue et de l'insistance parallèle des épîtres johanniques sur « Jésus-Christ venu dans la chair », l'intention paraît claire. Le mystère essentiel auquel l'eucharistie nous fait adhérer et dont elle nous fait vivre est le mystère de l'Incarnation... Cela explique peut-être pourquoi le IV° Évangile omet le récit de l'institution du sacrement au dernier repas, à la veille de la mort de Jésus. Sans méconnaître aucunement le rapport particulier de l'eucharistie à la Cène et au sacrifice du Christ, suggéré de façon si frappante par le symbolisme du sang jailli du côté du Christ en croix, a voulu tout ramener finalement au don que le Père, dans son amour, a fait de son Fils au monde pour lui communiquer la vie. L'eucharistie est pour lui le < mémorial de l'Incarnation > rédemptrice, dans toute son ampleur (D. Mollat: Et. Jo., p. 118-119).

Jn 6,53-58 — Loin de tenir la réaction de ses interlocuteurs pour un malentendu, comme si cette « chair à manger » était seulement une image un peu forte de l'adhésion de foi qu'il demande, Jésus appuie sa proposition, à la fois en la redoublant, et en la durcissant par un vocabulaire réaliste. Ce qui est dit sous forme négative, pour faire de ce moyen sacramentel une condition sine qua non (v. 53), est repris sous forme positive (v. 54), et répété une troisième fois au v. 55, en ajoutant que c'est « vraiment » nourrissant (cf. au v. 32*). En outre, à « la chair », le Christ ajoute « le sang », qui était bien ce qui pouvait rebuter le plus des Juifs, pour qui c'était spécialement interdit par Dieu (// Gn 9 et Lv 7,26-27 — tellement que les premiers chrétiens eux-mêmes s'en abstiendront (Ac 15,29). Car le sang était réservé à Dieu, dans les sacrifices (Lv pas-sim), et c'est bien dans une perspective sacrificielle et rédemptrice que se trouvent ici offerts, séparément et complémentairement, la chair et le sang (« versé », comme il est dit au // Lc 22,20). Il est vrai que « la chair et le sang » désigne l'homme dans sa faiblesse même — comme va le dire Jésus à Pierre au § 165 ) — Mt 16,17. Mais ici, précisément, Il ne parle pas de « la chair et le sang » mais, parallèlement : de donner sa vie en versant tout le sang de son corps de sorte que, sous la forme sacramentelle de la séparation du pain et du vin, soit offerte la communion, en son Corps et en son Sang, au Sacrifice rédempteur du Golgotha (cf. Dom vonier: La clef de la doctrine eucharistique, Cerf 1942).

Et comme si tout cela ne suffisait pas ; le Christ remplace le verbe générique « manger » par un autre, signifiant crûment « mâcher, croquer » (v. 54.56.57.58). Était-il possible d'insister davantage? En lisant ce Discours, dit R. Guardini, on peut saisir « la force inflexible avec laquelle Jésus poursuit sa prédication et la solitude indicible dans laquelle il vit » (Le Seigneur 1P 227).

Jn 6,56-57 // Lv 26,11-12 — Demeurer: Cf. Jn 1,2* et § 25 ) — Jn 1,38*. Ce verbe indique à la fois l'intériorité et la permanence.

Augustin : Sur Jn, tr. 26,18) — (PL 35, 1614; Vives 9,558): Donc, celui qui ne demeure pas dans le Christ et en qui le Christ ne demeure pas, ne mange pas spirituellement sa chair, ni ne boit son sang, bien que charnellement et visiblement il presse entre ses dents le sacrement du corps et du sang du Christ : c'est plutôt pour sa condamnation qu'il mange et boit le sacrement d'une réalité si magnifique. Car il ose accéder, impur, aux sacrements du Christ, que seul doit prendre celui qui est pur.

Demeure en moi et moi en Lui: Inhabitation réciproque, qui sera explicitée dans le Discours après la Cène (Donc une fois réalisé dans cette première communion ce qui est annoncé ici) : cf. Jn 14,20.23 et 15,4-7. Une telle réciprocité était déjà caractéristique de l'Ancienne Alliance (// Lv 26 — cf. A. Feuillet, p. 69). Mais son modèle parfait n'est autre que la vie trinitaire elle-même (Jn 17,21).

Le Vivant... m'a envoyé: On reste dans la ligne de tout ce Discours: l'Incarnation rédemptrice, faisant du Verbe-Sagesse du « pain » assimilable, vient de l'initiative du Père et tient de Lui sa valeur pour la vie éternelle.

Je vis en référence au Père : La préposition < dia > peut s'interpréter : « Je vis par le Père », mais aussi « à cause de... pour ce motif... » (Vg: < propter >). « En référence » tente de traduire ce qui n'est rien de moins que l'unité trinitaire du Père et du Fils, dans l'Esprit Saint (Jn 1,1 et 18 c*).

De même que... envoyé... je vis... ainsi... : «Le Dieu vivant est cause et source de vie pour les hommes, non par communication de sa propre vie, mais par une volonté et une puissance qui produisent la vie... La vie éternelle ne nous est pas présentée comme une sorte de fluide divin. Liée à la mention de l'envoi du Christ, sa dépendance à l'égard du Père en ce qui concerne le don de la vie doit s'entendre d'une dépendance à l'égard de la volonté et de la puissance du Père plutôt qu'à l'égard de sa substance et de son être... » (J. Dupont : Christologie de Saint-Jean, p. 197-98).

Imaginer en effet une communication de la vie par simple « émanation » (en un sens panthéisant) serait contraire à toute la Révélation biblique, depuis Gn 1,1) — (BC I*, p. 31): reste infranchissable la < séparation > (BC I*, p. 34) entre la créature et la transcendance absolue de son Créateur. N'empêche que Jn 17,26 va jusqu'à cette communication de l'Amour divin qui est le Saint-Esprit dans la vie trinitaire ; et saint Pierre nous dit bien « participants de la nature divine » (2P 1,4). Mais ce qui est dit, en ce v. 57, dans la logique de cette assimilation — par pure grâce, bien sûr, toute « donnée » — c'est que la communion eucharistique nous députe à la « mission » apostolique, en prolongement de celle du Christ. Car l'apôtre est bien, lui aussi, « envoyé », « pour donner la vie au monde », et dans la mesure où il vit lui-même « en référence au Christ ».

Quoi qu'il en soit, la visée reste en effet, d'un bout à l'autre, le don de « la vie éternelle »: v. 27, et 47.49-50.51 b-c.53.54 (bis) et 58. Nous restituant le fruit de l'Arbre de vie, dont Adam était privé, depuis son péché (// Gn 3,22).

Dom Guillerand: L'Abîme de Dieu, p. 269: « Entrez dans ma chair et vous trouverez le Père, le principe de vie qui me la communique, vous accueillerez le souffle de sa vie par lequel il m'engendre, et vous vivrez de cette vie. Vous ferez ce que je fais, vous vous donnerez comme je me donne. Vous donnerez votre esprit en croyant ; vous donnerez votre volonté en aimant ; vous donnerez votre sensibilité en réalisant votre foi et votre amour. Vous vous donnerez parce que l'Esprit d'amour qui m'unit au Père sera en vous et vous unira à moi comme je m'unis à lui. Vous ferez ce que je fais comme je fais ce que fait le Père. Nous ne ferons plus tous que nous donner mutuellement: et c'est la vie éternelle.

Jn 6,58 — Vivra pour l'éternité correspond à « pour la vie éternelle » (v. 47 - conclusion de la 1° partie). Pain descendu du ciel, et manne réfèrent aux v. 31-33 et 51. Sont morts, reprend v. 49. Ce verset 58 fait donc double inclusion : avec le début du Discours, et avec le début de la seconde partie. La boucle est bouclée.

Ayant ainsi constaté la texture si serrée, à la fois formelle et thématique, de ce Discours, on mesure la vanité des efforts d'un R. bultmann pour reconstituer l'ordre originel hypothétique (v. 27.34.35.30-33.47-51 a.41-46.36-40: «un puzzle » dit irrévérencieusement X. Léon-Dufour), et attribuer les fortes paroles sur l'eucharistie à une addition de Saint-Jean. Sur cette question, cf. P. borgen: The Unity of the discourse in John 6, dans znw 1959; e. ruckstuhl: Die lite-rarische Einheit des Johannesévangelium.

En réalité, admirons plutôt comme tout se tient: du côté de Dieu, la volonté du Père et du Fils, l'Incarnation, la Rédemption et l'eucharistie qui en communique le fruit. Du côté de l'homme, la foi sans laquelle le sacrement se réduirait à un acte magique, et le sacrement sans lequel la foi manquerait de point d'appui et de rencontre effective, entre l'homme et Dieu, par le Corps, le Sang, l'Âme et la Divinité du Christ, présent dans l'hostie consacrée — pour le salut du monde.

Ignace d’Antioche: Lettre aux Éphésiens 20,1-2 et 11,1 (SC 10, p. 90 et 78) : L'économie* qui se réfère à Jésus-Christ consiste dans la foi en lui et dans l'amour pour lui, dans sa Passion et sa Résurrection... surtout si vous êtes tous unis, rompant un même pain qui est remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais vivre en Jésus-Christ pour toujours... Une seule chose importe: être trouvé dans le Christ Jésus, pour la vie véritable.

Jn 6,59 — C'était bien un « enseignement », au sens des v. 44-47*. Mais il nous est donné ici par Saint-Jean comme daté (v. 22) et localisé, donc historique. Pourquoi inventer, vingt siècles après, des hypothèses compliquées, alors qu'il est si simple de s'en tenir à ce que nous rapporte ce « témoin » privilégié (Jn 19,35 et 20,30) ? C'est au surplus bien vraisemblable que Jésus, sachant où Il allait (§ 166 *), prépare ses disciples à l'institution de l'eucharistie. Autrement, auraient-ils pu en comprendre le sens et la portée quand ils furent mis devant le fait accompli, à la Cène? (cf. A. Feuillet, p. 118-128).





Bible chrétienne Evang. - § 157-158. Guérison du sourd-muet: Mt 15,29-31 ; Mc 7,31-37