Catena Aurea 5442

vv. 42-44

5442 Mt 24,42-44

S. Jér. Notre-Seigneur explique ici clairement ce qu'il a dit plus haut: «Personne ne sait rien de ce jour, si ce n'est le Père» (Mt 24,36), car il n'était point utile aux Apôtres de connaître ce jour; étant toujours au contraire dans l'incertitude, et comme en suspens, ils s'attendaient continuellement à le voir venir, puisqu'ils ignoraient le moment de son arrivée. Ces paroles sont donc la conclusion de celles qui précèdent: «Veillez donc, puisque vous ignorez», etc. Il ne dit pas: parce que nous ignorons, mais: «Parce que vous ignorez», pour montrer que quant à lui, il connaît le jour du jugement. - S. Chrys. (hom. 77). Il veut qu'ils soient toujours dans une attente pleine de sollicitude: «Veillez» leur dit-il. - S. Grég. (hom. 13 sur les Evang). Celui-là veille qui tient les yeux ouverts à la véritable lumière; celui-là veille, qui traduit sa foi dans ses oeuvres; celui-là veille qui repousse loin de lui les ténèbres de la langueur et de la négligence. - Orig. (Traité 31 sur S. Matth). Un certain interprète assure avec plus de simplicité que de raison, que le Sauveur veut parler ici d'un second avènement, et un autre affirme qu'il est ici question de l'avènement spirituel du Verbe dans l'intelligence de ses disciples, où il n'était pas encore venu, comme il devait le faire plus tard (cf. Lc 24,45).

S. Aug. (Lettre à Hésych). Ce n'est pas seulement à ceux qui l'écoutaient alors, que Notre-Seigneur adresse ces paroles: «Veillez», mais encore à tous ceux qui sont venus après eux jusqu'à nous, et il nous les adresse à nous-mêmes, ainsi qu'à tous ceux qui viendront après nous, jusqu'au jour de son dernier avènement qui intéresse tous les hommes en un certain sens. Car cet avènement viendra pour chacun de nous avec le jour où il nous faudra sortir de cette vie tels que nous serons jugés dans ce dernier jour. Tout chrétien doit donc veiller pour que l'avènement du Seigneur ne le surprenne pas au dépourvu; car ce jour surprendra, sans y être préparé, celui qui ne le sera pas au dernier jour de sa vie.

La Glose. C'est donc sans aucun fondement quelques uns prétendent savoir l'époque de la fin du monde, et que les autres se vantent de connaître la fin de leur vie, ce que personne ne peut connaître sans une révélation particulière de l'Esprit saint.

S. Jér. Le Sauveur nous apprend d'une manière plus claire encore, par l'exemple du père de famille, pourquoi il se réserve la connaissance de ce dernier jour: «Car sachez que si le père de famille connaissait», etc. - Orig. Le père de famille de cette maison, c'est l'intelligence de l'homme; cette maison, c'est son âme; le voleur, c'est le démon, il faut regarder comme contraire à la vérité toute doctrine qui n'entre point par la porte dans l'âme inattentive et négligente, mais qui, comme un voleur, perce la maison, en détruisant les murs naturels de l'âme, c'est-à-dire les premières vérités que la nature y a imprimées, et y entre par cette brèche pour la dépouiller. Quelquefois l'homme surprend le voleur au moment où il fait cette percée, il le saisit et le met à mort en tournant contre lui le glaive de la vérité. Or, le voleur ne vient pas dans le jour, lorsque l'âme vigilante et attentive est éclairée par le soleil de justice, mais il vient dans la nuit, c'est-à-dire alors que le mal séjourne encore dans cette âme. Cependant, même au sein de cette nuit, et tout en étant privé des puissants rayons du soleil, cet homme peut encore recevoir quelque clarté du Verbe, qui sera pour lui comme une lampe. Il reste encore dans le mal, il est vrai, mais il a, toutefois, le désir d'une meilleure vie, et il veille pour ne pas laisser détruire ce désir. Ou bien, c'est dans le temps des tentations et des tribulations de toute espèce que le voleur a coutume de venir pour percer la maison de l'âme. - S. Grég. (hom. 13). C'est à l'insu du père de famille que le voleur perce les murs de la maison; car tandis que l'âme s'endort et néglige de veiller sur elle-même, la mort vient tomber à l'improviste sur la maison de notre corps, tue le maître qu'elle surprend dans le sommeil, et entraîne comme à son insu au supplice cette âme qui n'a pas su prévoir les maux qui devaient l'assaillir. Si elle avait été vigilante, elle aurait résisté au voleur, car elle se serait mise en garde contre l'arrivée du juge qui enlève secrètement les âmes, et elle l'aurait prévenu par le repentir pour ne point périr dans l'impénitence. Or, le Seigneur a voulu que la dernière heure nous demeurât cachée, afin qu'elle fût toujours devant nos yeux, et que dans l'impossibilité où nous sommes de la prévoir, nous nous y préparions sans relâche, c'est pour cela qu'il ajoute: «Tenez-vous donc toujours prêts, parce que vous ne savez pas», etc. - S. Chrys. (hom. 77). En s'exprimant de la sorte, le Sauveur semble condamner les chrétiens qui ont beaucoup moins de soin de leur âme que n'en prennent de leur argent ceux qui craignent les voleurs.


vv. 45-51

5445
Mt 24,45-51

S. Hil. (can. 27 sur S. Matth). Bien que le Seigneur nous ait recommandé à tous en général une vigilance continuelle sur nous-mêmes, il ordonne aux princes du peuple (Ps 46,18), c'est-à-dire aux évêques, une sollicitude toute particulière dans l'attente de son avènement. C'est ce qu'il veut signifier par ce serviteur prudent et fidèle, placé à la tête de la famille et chargé de pourvoir aux intérêts et aux besoins du peuple qui lui est confié: «Quel est, à votre avis, le serviteur fidèle et prudent ?» etc. - S. Chrys. (hom. 77). Ce n'est point par ignorance que le Sauveur fait cette question; car Dieu le Père se sert aussi de l'interrogation en parlant à Adam: «Adam où es-tu ?» (Gn 3,9). - Remi. Cette question prouve, non pas qu'il soit impossible, mais simplement difficile d'arriver à la perfection de la vertu. - La Glose. Car il est rare de rencontrer un serviteur fidèle qui serve le Seigneur pour le Seigneur lui-même, qui paisse les brebis de Jésus-Christ, non pour l'appât du gain, mais par amour pour Jésus-Christ lui-même; un serviteur prudent qui étudie les moeurs et la capacité de ceux qu'il est chargé de diriger; un serviteur que le Seigneur lui-même a établi, c'est-à-dire qui est appelé de Dieu, et qui ne s'est point ingéré lui-même dans ces hautes fonctions (He 5,4). - S. Chrys. (hom. 77). Il exige deux choses de ce serviteur: la prudence et la fidélité; il est fidèle, parce qu'il ne s'approprie rien des biens de son maître, et ne les emploie à aucune dépense inutile ou superflue; il est prudent, parce qu'il connaît l'usage qu'il doit faire des choses qui lui ont été confiées.

Orig. Ou bien, on appelle ordinairement fidèle, celui qui a fait des progrès dans la foi, bien qu'il n'ait pas encore atteint la perfection; et prudent, celui qui a reçu de la nature la subtilité et la pénétration d'esprit. - Or, en considérant attentivement, on trouvera un grand nombre d'hommes fidèles, qui sont animés dans leurs actions du zèle de la foi; mais il en est peu qui soient prudents: «Car Dieu a choisi ce qu'il y a d'insensé selon le monde». (1Co 1,27) Réciproquement, on rencontrera des hommes d'un esprit subtil et prudent, et d'une foi médiocre; mais il est très rare de trouver réunies dans une même personne la prudence et la fidélité. Cependant la prudence est nécessaire pour distribuer la nourriture en temps convenable, et la fidélité pour ne point dérober aux indigents leur subsistance. Il n'est point inutile d'avertir, que dans le sens le plus naturel, nous devons être tout à la fois fidèles et prudents pour administrer les revenus de l'Église. Nous devons être fidèles pour ne point dévorer les richesses des veuves, nous souvenir des besoins des pauvres, ne pas nous autoriser de ces paroles de l'Apôtre: «Le Seigneur a établi que ceux qui prêchent l'Évangile doivent vivre de l'Évangile» (1Co 9,14), pour prendre autre chose que la simple nourriture où les vêtements qui nous sont nécessaires; et ne pas retenir pour nous plus que l'on ne donne à ceux qui sont dans le besoin. Nous devons être prudents pour examiner et comprendre les causes de l'indigence d'un chacun, pour tenir compte de sa position, de son éducation et de ses besoins; car il faut une grande sagesse pour administrer avec soin les revenus de l'Église. Le serviteur doit encore être fidèle et prudent en ne prodiguant point par le désir de faire paraître la sagacité de son esprit la nourriture raisonnable et spirituelle à ceux qui n'en sont point capables, c'est-à-dire à ceux qui ont bien plus besoin d'instructions qui leur apprennent à régler leurs moeurs et à rendre leur vie meilleure, que des lumières spéculatives de la science. Cette prudence est encore nécessaire pour ne pas négliger d'expliquer les hautes vérités de la religion aux esprits plus pénétrants, car en se bornant aux vérités élémentaires, on s'exposerait aux mépris de ceux qui ont naturellement une intelligence plus ouverte, ou qui l'ont exercée par l'étude de la philosophie profane.

S. Chrys. (hom. 77). Cette parabole s'applique également aux princes de la terre, car ils doivent employer tout ce que Dieu leur a donné, sagesse, puissance, et tous les autres dons, pour l'utilité générale, et non pour nuire à ceux qui leur sont soumis, ou pour leur propre perte.

Rab. Le maître, c'est Jésus-Christ; la famille à laquelle il prépose ses serviteurs pour en prendre soin, c'est l'Église catholique. Or il est difficile de rencontrer un homme qui soit à la fois prudent et fidèle, mais cela n'est pas impossible, car autrement le Sauveur n'aurait pas déclaré bienheureux celui qui ne peut exister: «Bienheureux ce serviteur, si son maître, à son arrivée, le trouve agissant de la sorte». - S. Hil. C'est-à-dire, obéissant aux ordres de son maître, et distribuant à sa famille, en son temps, le pain de vie qui doit la nourrir pour la vie éternelle.

Remi. Remarquons que de même qu'il y a une grande différence entre les bons prédicateurs et les bons auditeurs, il y a aussi une grande différence dans les récompenses qu'ils méritent. Si le Seigneur trouve les bons auditeurs, vigilants et attentifs, il les fera asseoir à sa table, comme nous le voyons dans saint Luc (Lc 12,37); mais pour les bons prédicateurs, il les établira sur tous ses biens: «Je vous le dis en vérité, qu'il l'établira sur tous ses biens». - Orig. C'est-à-dire afin qu'il règne avec Jésus-Christ, à qui son Père a remis toutes choses. Jésus-Christ, établi comme le fils d'un bon père sur tous ses biens, fait entrer en participation de sa dignité et de sa gloire, ses intendants fidèles et prudents, et les établit eux-mêmes au-dessus de tous les hommes. - Rab. Ils ne seront pas les seuls pour obtenir la récompense éternelle, mais ils en recevront une supérieure à toutes les autres, tant pour les vertus qu'ils ont pratiquées, que pour le soin qu'ils ont pris de leur troupeau. - S. Hil. Ou encore, il sera établi sur tous les biens du Seigneur, c'est-à-dire qu'il sera placé dans la gloire de Dieu, ce qui est le comble du bonheur et de la félicité.

S. Chrys. (hom. 77). Non content d'instruire ceux qui l'écoutent par la perspective de la gloire réservée aux justes, le Sauveur ajoute la menace du châtiment qui attend les méchants. «Mais si ce serviteur est méchant, et qu'il dise», etc. - S. Aug. (lettre à Hesych). La manière d'agir de ce serviteur nous fait connaître les sentiments qui l'animaient. Le bon Maître a pris soin de nous tracer en peu de mots sa conduite, d'abord son orgueil. «S'il se met à battre les autres serviteurs», puis sa vie dissolue: «Et à manger et à boire avec des ivrognes», et ces traits nous font comprendre que si le mauvais serviteur dit: «Mon maître tarde à venir», ce n'est pas qu'il désire son arrivée, comme le désirait ardemment le Roi-prophète, lorsqu'il disait: «Mon âme a soif du Dieu vivant, quand viendrai-je devant lui?» (Ps 42,3). Ces paroles: «Quand viendrai-je ?» nous montrent combien ce retard lui était pénible. Car l'ardeur de ses désirs lui faisait paraître trop lent le temps qui s'écoule avec rapidité. - Orig. Tout évêque se rend coupable d'offense envers Dieu, lorsqu'il n'administre pas comme étant lui-même serviteur, mais comme maître, lorsqu'il veut dominer par la violence comme un tyran insupportable, lorsqu'il repousse ceux qui ont faim, et fait bonne chair avec des ivrognes, lorsqu'il se repaît de ce rêve que le Seigneur ne viendra que longtemps après. - Rab. Au sens figuratif, frapper ses compagnons, c'est blesser la conscience des faibles par ses discours et par ses exemples (1Co 8,12).

S. Jér. Il dit «Le maître de ce serviteur viendra», etc., pour leur faire comprendre que le Seigneur viendra au moment qu'ils n'y penseront pas, et pour exciter ainsi la vigilance et la sollicitude de ses intendants. Il ajoute: «Il le séparera», non pas qu'il le partagera en deux avec le glaive, mais il le séparera de la société des saints. - Orig. Ou bien, il le séparera, lorsque l'esprit (c'est-à-dire le don spirituel), retournera à Dieu qui l'avait donné, tandis que son âme ira dans l'enfer avec son corps. Le juste, au contraire, n'a pas à craindre cette séparation, et son âme se dirige vers le royaume du ciel avec l'esprit, c'est-à-dire avec le don de l'esprit qui l'animait. Quant à ceux qui sont divisés, ils ne conservent plus cette partie du don spirituel qu'ils avaient reçu de Dieu, mais ils en sont réduits à la partie qui leur appartient, c'est-à-dire à leur âme qui sera punie avec le corps. «Et il lui donnera son partage avec les hypocrites». - S. Jér. C'est-à-dire avec ceux qui étaient ou dans les champs, ou occupés à tourner la meule, et qui n'en ont pas moins été laissés; car nous disons souvent qu'un hypocrite est autre qu'il ne paraît; c'est ainsi que eaux qui étaient dans les champs ou occupés à tourner la meule, paraissaient faire les mêmes actions, mais on a vu la différence d'intention qui les faisait agir. - Rab. Ou bien, il recevra le châtiment des hypocrites, c'est-à-dire la double peine du feu et celle du froid (cf. Jb 24,19). «Là il y aura des pleurs et des grincements de dents»; car les pleurs seront la suite de la peine du feu, et le grincement de dents, l'effet du froid qu'ils endureront. - Orig. Ou bien, les pleurs seront la punition de ceux qui sont livrés aux joies insensées du monde, et le grincement de dents, le châtiment de ceux qui se sont abandonnés au repos outre mesure. Dans les efforts qu'ils font pour résister aux douleurs sensibles qu'ils éprouvent, ils grincent des dents sous l'action du châtiment; tel sera le sort de ceux qui se sont nourris de ce que la malice a de plus acerbe. Apprenez de là que ce ne sont pas seulement ceux qui sont fidèles et prudents que le Seigneur établit pour gouverner sa famille, mais encore les méchants, et que ce qui les sauve, ce n'est pas d'avoir la direction de la maison de Dieu, mais de lui distribuer la nourriture en son temps, et de s'abstenir de mauvais traitements et de débauches.

S. Aug. (lettre à Hésych). Détournons nos regards de ce mauvais serviteur qui redoute l'arrivée de son maître, et arrêtons-les sur ces trois bons serviteurs qui désirent le retour de leur maître. L'un d'eux attend son maître plus tôt, le second, plus tard, le troisième avoue son ignorance sur ce point; voyons quel est celui dont la conduite se rapproche le plus des préceptes de l'Évangile, Le premier dit: Veillons et prions, car le maître va bientôt venir; le second: Veillons et prions, car cette vie est courte et incertaine, bien que le maître doive tarder à venir; le troisième: Veillons et prions, parce que cette vie est courte et incertaine, et nous ne savons pas quand le maître doit venir. Or, ce dernier ne dit autre chose que ce que dit l'Évangile: «Veillez, car vous ne savez à quelle heure le Seigneur doit venir» (Mt 24,42). Tous voudraient, par suite du désir qu'ils éprouvent de voir le royaume de Dieu, que ce que pense le premier fût vrai, et si les choses arrivaient ainsi, le second et le troisième partageraient sa joie. Si au contraire, l'événement ne justifie pas la croyance du premier, il est à craindre que ce retard n'ébranle ceux qui l'avaient partagée, et qu'ils n'en viennent à croire, non pas que l'avènement du Seigneur doit tarder, mais qu'il n'aura jamais lieu. Ceux qui pensent comme le second, que le Seigneur doit différer son avènement, supposé que Cette croyance ne soit pas fondée, ne seront point troublés dans leur foi, mais ils seront comblés d'une joie inespérée. Celui enfin qui confesse son ignorance sur toutes ces choses, désire l'arrivée de son maître, en supporte le retard, et ne se trompe dans aucune conjecture, parce qu'il n'en affirme et n'en nie aucune.




CHAPITRE XXV


vv. 1-13

5501 Mt 25,1-13

S. Chrys. (hom. 78 sur S. Matth). Dans la parabole précédente, Notre-Seigneur nous a fait connaître quel serait le châtiment du serviteur qui frappait ses compagnons, s'enivrait et dissipait les biens de son maître. Dans celle-ci, il nous apprend quelle sera la punition de celui dont la vie s'écoule sans bonnes oeuvres, et qui n'amasse pas en abondance les provisions spirituelles dont il aurait besoin, car les vierges folles avaient de l'huile, mais pas en quantité suffisante: «Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges». - S. Hil. (can. 28). Le Sauveur dit: «Alors», car toute cette parabole se rapporte au grand jour du Seigneur (So 1,14 Ml 4,5 Jud 1,6), dont il vient de parler. - S. Grég. (hom. 12 sur les Evang). L'Église de la terre est appelée le royaume des cieux, comme dans cet autre passage: «Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils arracheront les scandales de son royaume» (Mt 13,41). - S. Jér. Il en est qui appliquent exclusivement aux vierges cette parabole des vierges folles et des vierges prudentes; les unes, d'après l'Apôtre, sont vierges d'esprit et de corps (1Co 7); les autres n'ont en partage que la virginité du corps, sans les oeuvres de la virginité; ou bien, tout en demeurant sous la garde de leurs parents, elles ne laissent pas d'être mariées par les désirs de leur coeur. Mais, d'après les antécédents, cette parabole me paraît avoir une signification différente et se rapporter, non pas seulement à ceux qui sont vierges de corps, mais à tout le genre humain. - S. Grég. (hom. 12). Tout homme possède en double chacun des cinq sens, et le nombre cinq étant doublé donne le nombre dix. Or, comme les deux sexes concourent à former la multitude des fidèles, la sainte Église nous est représentée sous la figure de ces dix vierges, et, comme les bons s'y trouvent mêlés aux méchants, et les réprouvés avec les élus, elle est comparée avec raison aux vierges sages et aux vierges folles. - S. Chrys. (hom. 78). Notre-Seigneur choisit des vierges pour en faire le sujet de cette parabole, afin de nous apprendre que la virginité est sans doute une chose excellente, mais que cependant, si elle est dépourvue des oeuvres de miséricorde, elle sera jetée dehors avec les adultères. - Orig. (traité 32 sur S. Matth). Ou bien, ces vierges sont les sens de tous ceux qui ont reçu la parole de Dieu, car cette parole, par sa pureté, se prête et s'accommode à tous ceux que ses enseignements ont détachés du culte des idoles, pour les consacrer au culte du vrai Dieu par Jésus-Christ: «Et ayant pris leurs lampes, elles s'en allèrent», etc. Ceux dont ces vierges sont la figure prennent leurs lampes, c'est-à-dire leurs sens extérieurs, sortent du monde et de ses erreurs, pour venir au-devant du Sauveur, qui est toujours prêt à entrer dans la maison de son épouse, la sainte Église, avec ceux qui sont dignes de l'accompagner. - S. Hil. Ou bien, l'époux et l'épouse, c'est Notre-Seigneur Dieu, uni à un corps semblable au nôtre, car la chair est comme l'épouse de l'esprit. Ces lampes, que les vierges ont prises, sont la lumière de ces âmes en qui brille la blancheur éclatante du baptême. - S. Aug. (Serm. 22 sur les paroles du Seig). Ou bien, les lampes qu'on porte à la main représentent les oeuvres, car il est écrit (Mt 5,16): «Que vos oeuvres brillent aux yeux des hommes».

S. Grég. (hom. 12). Ceux dont la foi est droite et la vie pure sont semblables aux cinq vierges sages; mais ceux qui font profession de la foi chrétienne, sans chercher à assurer leur salut par les bonnes oeuvres, ressemblent aux cinq vierges folles: «Il y en avait cinq d'entre elles qui étaient folles et cinq qui étaient sages». - S. Jér. Il y a en nous cinq sens qui aspirent aux choses célestes et qui désirent les biens du ciel. Il a été dit en particulier du sens de la vue, de l'ouïe et du toucher: «Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, et ce que nos mains ont touché» (1Jn 1,1); du sens du goût: «Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux» (Ps 34,9); du sens de l'odorat: «Nous courrons sur tes pas à l'odeur de tes parfums» (Ct 1,2-4). Mais il y aussi cinq autres sens qui soupirent avec ardeur après les plaisirs fangeux de la terre. - S. Aug. (Serm. 22 sur les paroles du Seig). Ou bien, les cinq vierges sages représentent la continence que nous devons pratiquer dans les cinq sens du corps, en les séparant des attraits de la chair, car nous devons interdire aux désirs de notre âme les plaisirs de la vue, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et du toucher. Mais comme les uns observent cette continence sous les yeux de Dieu, dans le but unique de lui plaire par la joie intérieure de la conscience, et les autres, devant les hommes, pour mériter leur estime, cinq d'entre ces vierges sont sages et cinq sont folles; toutes cependant sont vierges, parce que toutes gardent la continence, quoiqu'elles aient un foyer d'action différent. - Orig. (Traité 32). Les vertus s'attirent et se suivent les unes les autres, de manière que celui qui en possède une a toutes les autres; ainsi, tous les sens marchent à la suite les uns des autres, et, par conséquent, tous les cinq sens sont nécessairement, ou doués de la sagesse, ou livrés à la folie. - S. Hil. Ou bien, cette distinction des cinq vierges sages et des cinq vierges folles établit la séparation qui existe entre les fidèles et les infidèles.

S. Grég. (hom. 12). Il est à remarquer que toutes ces vierges portent des lampes, mais qu'elles n'ont pas toutes de l'huile: «Mais les cinq vierges folles ayant pris leurs lampes, ne prirent pas d'huile avec elles». - S. Hil. L'huile, c'est le fruit des bonnes oeuvres; les vases, sont les corps dans les entrailles desquels il faut cacher le trésor d'une bonne conscience. Les vierges qui ont pris de l'huile avec elles sont celles dont la foi est relevée par les oeuvres, et les vierges qui n'en ont pas sont celles qui paraissent professer la même foi, mais ne se mettent pas en peine de pratiquer les oeuvres des vertus. - S. Aug. (Serm. 22 sur les paroles du Seig). Ou bien, l'huile, à mon avis, figure la joie elle-même, d'après ces paroles du Roi-prophète: «Votre Dieu vous a sacré d'une huile de joie» (Ps 45,8). Celui donc dont la joie n'a point pour motif qu'il plaît intérieurement à Dieu, n'a pas d'huile avec lui, car il ne possède point la véritable joie, puisqu'il ne pratique la continence que pour obtenir les louanges des hommes. Les vierges sages, au contraire, prennent avec leurs lampes de l'huile dans leurs vases, c'est-à-dire qu'elles portent dans leur coeur et dans leur conscience la joie des bonnes oeuvres, selon le conseil de l'Apôtre «Que l'homme examine ses propres actions, et alors il aura seulement de quoi se glorifier en lui-même et non dans un autre» (Ga 6,4). - S. Chrys. (hom. 78). Ou bien l'huile, dans la pensée du Sauveur, c'est la charité, c'est l'aumône et tout autre secours donné aux indigents; les lampes, sont les grâces de la virginité, et il appelle folles ces vierges qui, après avoir pratiqué ce qu'il y a de plus pénible, ont perdu tout le fruit de leurs efforts dans des épreuves beaucoup moins importantes, car il est bien plus difficile de vaincre la concupiscence de la chair que l'amour des richesses. - Orig. Ou bien, l'huile, c'est la parole de la doctrine, qui remplit les âmes comme autant de vases. Rien, en effet, ne donne autant de force à l'âme qu'un discours moral sur une vertu quelconque, et qui est ici figuré par l'huile de la lampe. Or, les vierges sages ont pris avec elles autant de cette huile qu'il leur en fallait, même en supposant que leur mort fût éloignée, et que le Verbe dût tarder à venir pour consommer leur salut. Les vierges folles ont pris aussi avec elles leurs lampes, qui étaient d'abord allumées; mais elles n'ont pas pris assez d'huile pour les entretenir jusqu'à la fin, parce qu'elles n'ont eu que de la négligence pour recueillir la parole divine qui fortifie la foi et entretient la lumière des bonnes oeuvres.

«Et, comme l'époux tardait à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent». - S. Aug. (comme précéd). Les bons comme les mauvais parmi les hommes meurent dans l'intervalle du temps qui s'écoule jusqu'à la résurrection des morts, laquelle aura lieu à l'avènement du Seigneur. - S. Grég. (hom. 12). Ce sommeil, c'est la mort et l'assoupissement qui précède le sommeil, c'est, avant la mort, la langueur pour tout ce qui concerne le salut, car cet assoupissement conduit directement à la mort. - S. Jér. Ou bien, elles s'assoupirent, c'est-à-dire qu'elles moururent; et il dit ensuite qu'elles s'endormirent, parce qu'elles devaient ressusciter. Ces paroles: «Et comme l'époux tardait à venir», nous indiquent qu'il devait s'écouler un assez long espace de temps entre le premier et le second avènement du Seigneur. - Orig. Ou bien, l'époux tardant à venir, et le Verbe ne venant pas aussitôt mettre un terme à notre vie, les sens, par suite de la faiblesse qui leur est naturelle, s'assoupissent comme ensevelis dans la nuit du monde. Elles s'endormirent ensuite, en négligeant de suivre les mouvements de l'esprit de vie; cependant elles ne perdirent pas leurs lampes, et les vierges sages ne désespérèrent pas de conserver leur huile: «Mais, sur le minuit, on entendit un grand cri», etc. - S. Jér. Suivant la tradition des Juifs, le Christ doit venir au milieu de la nuit comme au temps de la délivrance de la servitude d'Egypte, alors que la Pâque fut célébrée, que l'ange exterminateur fut envoyé, que le Seigneur passa au-dessus des tentes, et que le seuil de nos portes fut consacré par le sang de l'agneau. Je pense que c'est de là qu'est venue cette tradition apostolique, qui subsiste encore, de ne point permettre aux fidèles, la veille de Pâques, de quitter l'Église avant le milieu de la nuit, pour leur faire attendre l'arrivée et la résurrection de Jésus-Christ, afin que, après l'accomplissement de cet heureux événement, ils puissent célébrer en toute sécurité ce grand jour de fête. C'est en vue de cette nuit solennelle que le Psalmiste disait: «Je me levais au milieu de la nuit pour chanter vos louanges» (Ps 118,62). - S. Aug. (comme précéd). Ou bien, au milieu de la nuit, c'est-à-dire au moment où personne ne soupçonnera l'arrivée de l'époux et ne s'y attendra.

S. Jér. Ce sera donc tout d'un coup, au milieu du calme de la nuit, alors que tous se livrent paisiblement au repos et que le sommeil est le plus profond, que le cri des anges, et les trompettes des puissances qui précéderont le Christ, annonceront son avènement, comme il le dit lui-même: «Voici l'époux qui vient, allez au-devant de lui». - S. Hil. (can. 27). L'épouse seule, réveillée par le son de la trompette, va au-devant de l'époux, car l'époux et l'épouse, c'est-à-dire Dieu et la chair, ne feront plus qu'un, parce que l'humilité de la chair sera revêtue d'une gloire toute spirituelle. - S. Aug. (comme précéd). Je pense que ce qui est dit ici, que les vierges seules vont au-devant de l'époux, doit s'entendre en ce sens que ce sont les vierges elles-mêmes qui sont l'épouse. C'est ainsi que, lorsque tous les chrétiens se rendent dans le sein de l'Église, nous disons que ce sont des enfants qui accourent à leur mère, quoique cette mère n'est autre que la réunion des enfants eux-mêmes. Or, maintenant, l'Église est une vierge fiancée, et qui doit être unie à son époux, et elle célébrera ces noces divines au jour où, dépouillée de tout ce qu'elle avait de périssable et de mortel, Dieu l'appellera aux joies d'une nouvelle union. - Orig. Ou bien, c'est au milieu de la nuit, alors que le sommeil est le plus profond, qu'on entendra un grand cri, le cri des anges venant tirer tous les hommes de leur sommeil, car ce sont les ministres du Seigneur (He 1,14) qui viendront faire entendre à l'oreille de tous ceux qui dorment ce cri: «Voici l'époux qui vient; allez au-devant de lui». Tous ont entendu cet appel et tous se sont levés; mais tous n'ont pas préparé convenablement leurs lampes: «Aussitôt toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes». L'ornement de ces lampes spirituelles, conformément à l'esprit de l'Évangile, c'est le bon et légitime usage des sens; quant à ceux qui font un mauvais usage de leurs sens, ils ne peuvent les relever par aucun ornement. - S. Grég. Ou bien, toutes les vierges se lèvent, parce que les élus et les réprouvés sont réveillés du sommeil de la mort, et ils préparent leurs lampes, parce qu'ils font en eux-mêmes le dénombrement des oeuvres qui peuvent leur permettre d'espérer l'éternelle félicité. - S. Aug. (comme précéd). Elles préparèrent leurs lampes, c'est-à-dire le compte qu'elles devaient rendre de leurs oeuvres. - S. Hil. (can. 27). Ou bien, l'action de reprendre leurs lampes, c'est le retour des âmes dans les corps, et leur lumière, c'est la conscience des bonnes oeuvres qui brille dans notre corps comme dans le vase qui la contient.

S. Grég. (hom. 12). Mais les lampes des vierges folles s'éteignent, parce que leurs oeuvres, qui avaient paru briller d'un certain éclat extérieur aux yeux des hommes, s'obscurcissent intérieurement à l'approche du juste Juge: «Mais les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile», etc. Elles demandent de l'huile aux vierges prudentes, c'est-à-dire que, sentant et comprenant leur indigence intérieure, elles cherchent au dehors des témoignages favorables. Leur trop grande confiance les a trompées, et, sous l'empire de cette déception, elles disent à leurs compagnes: Puisque vous nous voyez rejetées à cause du défaut de bonnes oeuvres, rendez témoignage à ce que vous avez vu de notre vie. - S. Aug. (comme précéd). Ces vierges folles, selon leur habitude, recherchent toujours ce qui fait le sujet ordinaire de leur joie. C'est pour cela qu'elles veulent porter devant Dieu, qui pénètre le fond des coeurs, le témoignage des hommes pour qui les secrets des coeurs sont invisibles; mais toutes ces actions, qui n'ont d'autre soutien que les louanges des hommes, tombent et disparaissent dès que ce soutien vient à leur manquer, et voilà pourquoi leurs lampes s'éteignent. - S. Jér. Ou bien, ces vierges qui se plaignent de voir leurs lampes éteintes, montrent qu'elles ont encore quelque lumière; mais cette lumière n'est pas persévérante, et leurs oeuvres n'ont aucun caractère de durée. Celui donc qui a le bonheur d'avoir une âme virginale et d'aimer la pureté ne doit point placer sa joie dans les choses vaines et futiles qui passent et qui se dessèchent si vite aux premières ardeurs du soleil, et il s'attache à la pratique des vertus parfaites, pour jouir d'une lumière éternelle. - S. Chrys. (hom. 78). Ou bien, dans un autre sens, non seulement ces vierges étaient folles, parce qu'elles ont quitté la terre sans avoir avec elle l'huile de la miséricorde, mais parce qu'elles espéraient qu'on leur donnerait de cette huile là où elles se sont adressées mal à propos pour en obtenir. Car bien que personne ne soit plus miséricordieux que ces vierges sages, qui ont surtout brillé par la pratique de la miséricorde, cependant elles n'ont pu accéder à la demande des vierges folles: «Les sages leur répondirent Non, de peur que ce que nous en avons ne suffise pas pour vous et pour nous». Apprenons de là qu'aucun d'entre nous ne peut espérer de soutien que des oeuvres au milieu desquelles la mort le surprendra. - S. Jér. Car ce n'est point par avarice, mais par un sentiment de crainte que les vierges sages font cette réponse. Donc chacun de nous recevra la récompense due à ses oeuvres, et, au jour du jugement, ni les vertus ni les vices des autres ne nous seront d'aucune utilité. Les vierges sages donnent le conseil de ne point aller au-devant de l'époux sans avoir de l'huile dans les lampes: «Allez plutôt à ceux qui en vendent, et achetez-en ce qu'il vous en faut». - S. Hil. Les marchands sont ceux qui, ayant besoin de la charité des fidèles, se prêtent au commerce qu'on leur demande, et qui, pour prix des secours donnés à leur indigence, nous vendent la conscience d'avoir fait une bonne oeuvre, car c'est là une source abondante de lumière qui ne s'éteint pas, qu'il faut acheter par les oeuvres de miséricorde et conserver avec soin. - S. Chrys. (hom. 78). Vous voyez donc quel riche commerce nous pouvons faire avec les pauvres, et ce n'est pas dans l'autre vie que nous trouverons les pauvres, mais ici-bas; c'est donc pendant cette vie qu'il nous faut faire provision de cette huile, pour alimenter notre lampe lorsque Jésus-Christ nous appellera. - S. Jér. Cette huile se vend, elle s'achète à grand prix, et ne s'acquiert que par de pénibles travaux, c'est-à-dire non seulement par les aumônes, mais par la pratique de toutes les vertus et des conseils enseignés par les maîtres spirituels. - Orig. Ou bien, dans un autre sens, quoique folles, les vierges comprenaient qu'elles ne pouvaient aller au-devant de l'époux sans lumière, et qu'il fallait tenir allumées les lampes de leurs sens; mais elles s'apercevaient en même temps qu'ayant une très petite quantité de cette huile spirituelle, leurs lampes allaient s'éteindre au milieu des ténèbres qui approchaient. Or, les vierges sages renvoient les folles à ceux qui vendent de l'huile, parce qu'elles voient que la provision qu'elles ont faite de cette huile (c'est-à-dire de la doctrine) ne peut suffire pour entretenir en elles la vie, et pour enseigner les autres; c'est pour cela qu'elles leur disent: «Allez plutôt trouver ceux qui en vendent», c'est-à-dire les docteurs, «et achetez-en pour vous», c'est-à-dire recevez-en de leurs mains. Or, le prix auquel s'achète cette huile, c'est la persévérance, l'amour de la doctrine, le zèle et les efforts qu'inspire le désir d'apprendre. - S. Aug. (comme précéd). Ou bien, ce n'est pas un conseil qu'elles donnent, mais un reproche indirect qu'elles font aux vierges folles de leur négligence; car ceux qui vendent de l'huile sont les flatteurs, qui, en donnant des éloges aux fausses vertus ou aux actions qu'ils ignorent, jettent les âmes dans l'erreur, et qui, pour prix de la vaine joie qu'ils leur ont inspirée comme à des insensées, reçoivent des avantages temporels. Les vierges sages leur disent: «Allez à ceux qui en vendent, et achetez-en ce qu'il vous faut», c'est-à-dire voyons quelle utilité vous retirerez de ceux qui s'étaient fait une habitude de vous vendre leurs louanges. Elles ajoutent: «De peur que ce que nous en avons ne suffise pas pour nous et pour vous», car un témoignage étranger n'a aucune valeur auprès de Dieu, pour qui les secrets du coeur sont à découvert, et c'est à peine si le témoignage que la conscience rend à chacun de nous peut suffire devant lui.

S. Jér. Mais le temps d'acheter était passé, le jour du jugement étant arrivé, il n'y avait plus lieu de faire pénitence, et on les force, non pas de faire de nouvelles oeuvres, mais de rendre compte des anciennes. «Or, pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces». - S. Hil. Ces noces, c'est le jour où nous revêtirons l'immortalité, c'est l'union qui s'établira par une nouvelle société entre la corruption et l'incorruptibilité. - S. Chrys. (hom. 78). Ces paroles: «Pendant qu'elles allaient en acheter», nous apprennent qu'il ne nous servira de rien, pour échapper à la colère divine, d'être miséricordieux après notre mort, pas plus qu'il ne servit alors au mauvais riche de se montrer plein de tendresse et de sollicitude pour ses parents. - Orig. Ces mêmes paroles: «Pendant qu'elles allaient, etc.», ont encore un autre sens, c'est-à-dire qu'il en est qui, après avoir négligé toutes les occasions d'apprendre ce qui pouvait leur être utile, cherchent à réparer cette négligence à la fin de leur vie, et sont prévenus par la mort. - S. Aug. (comme précéd). Ou bien encore, pendant qu'elles allaient en acheter, c'est-à-dire pendant qu'elles se répandaient au dehors, pour y trouver le sujet ordinaire de leur joie, parce qu'elles ne connaissaient pas les joies intérieures, le juge vint, et celles qui étaient prêtes, c'est-à-dire celles à qui leur conscience rendait témoignage devant Dieu, entrèrent avec lui aux noces, où l'âme pure s'unit, pour en être fécondée, au Verbe de Dieu, source de toute pureté et de toute perfection. - S. Jér. Après le jour du jugement, il n'y a plus d'occasion de pratiquer la justice et de faire de bonnes oeuvres, c'est pour cela qu'il ajoute: «Et la porte fut fermée». - S. Aug. (comme précéd). Après qu'on a reçu ceux qui, par une bienheureuse transformation, sont appelés à la vie des anges, la porte du royaume des cieux est fermée, car, après le jugement, il n'y a plus de place, ni pour les prières, ni pour les mérites. - S. Hil. Et cependant, bien que le temps de la pénitence soit passé, les vierges folles arrivent et demandent qu'on leur ouvre la porte: «Enfin les autres vierges vinrent aussi et dirent: Seigneur», etc. - S. Jér. Elles invoquent l'époux comme leur Seigneur, c'est une confession admirable et un témoignage redoublé de leur foi; mais que sert d'invoquer de bouche celui que vous niez par vos oeuvres? - La Glose. Sous le coup de la douleur qu'elles éprouvent de se voir repoussées, elles l'appellent par deux fois: Seigneur, Seigneur, car elles n'osent donner le nom de père à celui dont elles ont méprisé la miséricorde pendant toute leur vie.

S. Aug. (comme précéd). Il n'est point dit qu'elles achetèrent de l'huile, il faut donc supposer qu'ayant perdu toute la joie que leur donnaient les louanges des hommes, elles en sont réduites à implorer la bonté divine au milieu de leurs angoisses et de leurs afflictions. Mais, après le jugement, la sévérité de Dieu est égale à la miséricorde ineffable qui l'a précédé, comme l'indiquent les paroles qui suivent: «Mais il leur répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais point». Telle est en effet la règle du plan divin, ou plutôt de la sagesse divine, de ne point laisser entrer dans sa joie éternelle ceux qui, dans les efforts qu'ils ont faits pour accomplir ses commandements, n'ont eu pour but que de plaire aux hommes et non pas à Dieu. - S. Jér. Car Dieu connaît ceux qui sont à lui, et celui qui a voulu ignorer sera lui-même ignoré (1Co 14,38). Et bien que ces vierges folles soient vierges par la pureté du corps, et par la profession de la vraie foi, cependant elles ne seront pas reconnues par l'époux, parce qu'elles n'ont pas d'huile dans leurs lampes. Ces paroles: «Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l'heure», nous apprennent que tout ce qui précède a pour but de nous exciter à préparer avec soin la lumière de nos bonnes oeuvres, parce que nous ignorons le jour du jugement. - S. Aug. (comme précéd). Non seulement nous ignorons le temps où doit venir l'époux, mais encore chacun de nous ignore le jour et l'heure de sa mort, et celui qui s'y tient toujours préparé le sera aussi lorsque retentira cette voix qui doit réveiller tous les morts dans leurs tombeaux. - S. Aug. (Lettre à Hesych). Il en est qui ont voulu expliquer cette parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles, en la rapportant à l'avènement qui s'accomplit tous les jours par le moyen de l'Église; mais il ne faut pas adopter témérairement cette explication, de peur de rencontrer, dans la parabole, quelques circonstances qui la contredisent formellement.



Catena Aurea 5442