Catena Aurea 13405

vv. 5-7

13405 Jn 14,5-7

S. Chrys. (hom. 73 sur S. Jean). Si les Juifs, qui ne demandaient pas mieux que de se séparer de Jésus-Christ, l'interrogeaient sur le lieu où il devait aller, combien plus les disciples qui ne voulaient pour rien en être séparés, désiraient savoir où il allait? aussi lui font-ils cette question dans un sentiment mêlé d'amour et de crainte: «Thomas lui dit: Seigneur, nous ne savons où vous allez». - S. Aug. (Traité 59 sur S. Jean). Notre-Seigneur venait de leur dire qu'ils savaient où il allait, et qu'ils en savaient aussi la voie; Thomas, de son côté, déclare ignorer ces deux choses, mais le Fils de Dieu ne peut mentir; les Apôtres savaient donc, mais ils ignoraient qu'ils savaient, et Notre-Seigneur leur prouve qu'ils savaient ce qu'ils croyaient ignorer: «Jésus lui dit: Je suis la voie, la vérité et la vie». - S. Aug. (Serm. 34 sur les par. du Seign). C'est-à-dire, où voulez-vous aller? je suis la voie; où voulez-vous aller? je suis la vérité; où voulez-vous demeurer? je suis la vie. Tout homme est capable de percevoir la vérité et la vie, mais tout homme ne trouve pas la voie qui y conduit. Que Dieu soit une certaine vie éternelle, et une vérité que l'on peut connaître, c'est ce que les philosophes de ce monde ont eux-mêmes compris, mais c'est le Verbe de Dieu qui, dans le sein du Père, est la vérité et la vie qui est devenu la voie en se revêtant de notre humanité. Marchez par cette humanité, et vous arriverez jusqu'à la divinité; car il vaut encore mieux marcher en boitant dans la voie, que de faire de grands pas hors de la voie. - S. Hil. (de la Trin., 7) Celui qui est la voie ne vous conduira pas dans des chemins perdus et sans issue; celui qui est la vérité, ne peut vous tromper, et celui qui est la vie ne vous laissera pas dans l'erreur de la mort. - Théophylacte. Lorsque vous menez la vie active, Jésus-Christ est pour vous la voie, lorsque vous persévérez dans la vie contemplative, il devient pour vous la vérité. La vie est le fruit de l'action de la vie contemplative, car il faut nécessairement marcher et annoncer l'Évangile pour mériter la vie future et éternelle.

S. Aug. (Traité 69). Ils savaient donc la voie, parce qu'ils le connaissaient, lui qui est la voie. Mais qu'était-il besoin d'ajouter qu'il était la vérité et la vie, alors que la voie étant connue, il restait à savoir quel en était le terme, si ce n'est parce qu'il allait à la vérité et à la vie? Il allait donc à lui-même par lui-même. Mais, Seigneur, est-ce que pour venir jusqu'à nous, vous vous étiez quitté vous-même? Je sais que vous avez pris la forme de serviteur, et que vous êtes venu dans une chair mortelle, tout en demeurant où vous étiez d'abord, et vous êtes retourné par cette même chair sans vous séparer de ceux vers lesquels vous étiez venu. Si donc c'est par cette chair que vous êtes venu et que vous êtes retourné, c'est par cette même chair aussi que vous êtes devenu tout à la fois la voie que nous devons prendre pour arriver jusqu'à vous, et la voie par laquelle vous êtes vous-même venu et retourné. Or, lorsque vous êtes retourné vers la vie (qui n'est autre que vous-même), vous avez conduit cette même chair de la mort à la vie. Jésus-Christ est donc allé à la vie lorsque sa chair a passé de la mort à la vie. Et comme le Verbe est la vie, c'est à lui-même que le Christ est venu, car le Christ est un composé de ces deux choses, le Verbe et la chair dans une même personne. Dieu était venu par le moyen de la chair vers les hommes, la vérité était venue trouver le mensonge, car Dieu est la vérité, et tout homme est menteur (Rm 3,4). Lors donc qu'il s'est dérobé aux regards des hommes, et qu'il a élevé sa chair vers ces hauteurs inaccessibles au mensonge. C'est le même Verbe fait chair (Jn 1,14) qui, par lui-même, c'est-à-dire par sa chair, est retourné vers la vérité, qui n'est autre que lui-même; vérité qu'au milieu même des hommes de mensonge, il a conservée jusque dans la mort. Lorsque moi-même je vous tiens un langage que vous comprenez, je m'avance en quelque sorte vers vous, sans me quitter moi-même, et lorsque je cesse de parler, je reviens comme à moi-même, tout en demeurant avec vous, si vous retenez ce que vous avez entendu. Or, si cela est possible à l'homme, image créée de Dieu, que ne peut point son image substantielle qu'il a engendrée? Il va donc à lui-même par lui-même, et par lui-même au Père, et par lui, nous allons nous-mêmes à lui et au Père.

S. Chrys. Si j'ai le pouvoir de vous conduire au Père, vous ne pouvez manquer d'y arriver, car il n'est pas possible d'y arriver par un autre chemin. En rapprochant ce qu'il a dit précédemment: «Personne ne peut venir à moi, si mon Père ne l'attire» (Jn 6,44) de ce qu'il déclare ici que personne ne peut venir à son Père que par lui, il se proclame l'égal de celui qui l'a engendré. Mais comment après avoir dit: «Vous savez où je vais, et vous en savez la voie», ajoute-t-il: «Si vous m'aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père», c'est-à-dire, si vous connaissiez ma nature et ma dignité, vous connaîtriez aussi la nature et la dignité du Père. Il n'y a point ici contradiction, car ils connaissaient, mais d'une connaissance imparfaite, il était réservé à l'Esprit saint de leur donner cette connaissance dans toute sa perfection. C'est pour cela qu'il ajoute: «Bientôt vous le connaîtrez (il veut parler d'une connaissance tout à fait spirituelle), et vous l'avez déjà vu (c'est-à-dire par moi) »; il leur apprend ainsi que celui qui le voit, voit son Père, or, ils l'avaient vu, non dans sa nature divine, mais sous le voile de la chair dont il était revêtu.

Bède. Il nous faut examiner maintenant comment Notre-Seigneur a pu dire à ses disciples: «Si vous m'aviez connu», etc. Après leur avoir dit précédemment: Là où je vais, vous le savez, et vous savez le chemin. La réponse à cette difficulté est que parmi les Apôtres, quelques-uns le savaient, et d'autres, du nombre desquels était Thomas, l'ignoraient. - S. Hil. (de la Trin., 7) On peut encore rattacher ces paroles entre elles d'une autre manière. Comme on ne peut aller au Père que par le Fils, il faut examiner si c'est par renseignement de sa doctrine ou par la foi en sa nature divine. La réponse à cette question se trouve dans les paroles qui suivent: «Si vous m'aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père». En effet, le Sauveur a suivi cet ordre dans le mystère de son incarnation, qui avait pour objet de confirmer la nature divine de son Père, il a distingué le temps de la vision du temps de la connaissance; celui qu'ils doivent connaître bientôt, ils l'ont déjà vu et ils devaient recevoir par l'effet de la révélation l'intelligence de la nature divine qu'ils avaient déjà contemplée en lui.


vv. 8-11

13408 Jn 14,8-11

S. Hil. (de la Trin., 7) La nouveauté de ce langage étonne l'apôtre Philippe; on ne voit en Jésus-Christ qu'un homme, et il se proclame le Fils de Dieu, il déclare qu'en le connaissant on connaît son Père, et que qui le voit voit son Père; Philippe fait au Sauveur cette question qu'autorisait son titre d'Apôtre: «Seigneur, montrez-nous votre Père, et cela nous suffit». Il ne nie pas qu'on puisse voir son Père en lui, mais il demande qu'on le lui montre, non pas comme un spectacle extérieur propre à satisfaire les regards du corps, mais comme une démonstration intellectuelle qui lui fasse comprendre celui qu'il désire voir; car il avait bien vu le Fils de Dieu sous une forme humaine, mais il ne savait pas comment en le voyant, il pouvait voir le Père. Et comme preuve que cette manifestation qu'il désire est plutôt une démonstration de l'intelligence qu'une vision extérieure, il ajoute: «Et cela nous suffira». - S. Aug. (de la Trin., 8) Cette joie dont il nous comblera en nous montrant son visage (Ps 15,11), ne nous laissera plus rien à désirer, et c'est ce qu'avait bien compris Philippe, lorsqu'il disait: «Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit». Mais il n'avait pas encore compris qu'il pouvait également dire à Jésus-Christ: «Seigneur, montrez-vous à nous, et cela nous suffit, car c'est pour lui faire comprendre cette vérité, que Notre-Seigneur ajoute: «Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ?» - S. Aug. (Traité 70). Mais comment le Sauveur peut-il leur faire ce reproche, alors qu'ils savaient bien où il allait, ainsi que la voie qui y conduisait, par cela seul qu'ils le connaissaient lui-même? Cette question peut facilement se résoudre, en disant que parmi les Apôtres, quelques-uns connaissaient Jésus-Christ, mais que quelques autres ne le connaissaient pas, et que de ce nombre était Philippe.

S. Hil. (de la Trin., 7) Le Sauveur fait donc un reproche à cet Apôtre, de ce qu'il ne le connaît point, car la plupart des actions qu'il avait faites, comme de marcher sur la mer, de commander aux vents, de remettre les péchés, de rendre la vie aux morts, étaient visiblement les oeuvres d'un Dieu; toute la difficulté venait de ce que sous le voile de l'humanité qu'il avait prise, Philippe n'avait pas compris l'existence de la nature divine. Aussi à la demande que lui fait cet Apôtre, de lui montrer son Père, il répond: «Philippe qui me voit, voit mon Père». - S. Aug. En effet, lorsque nous parlons de deux personnes parfaitement semblables, nous disons: «Si vous avez vu l'une, vous avez vu l'autre». C'est dans ce sens que Notre-Seigneur dit: «Celui qui me voit, voit mon Père», non pas que le Père soit le même que le Fils, mais parce que le Fils a une entière et parfaite ressemblance avec le Père.

S. Hil. (de la Trin., 7) Notre-Seigneur ne veut point parler ici de la vue des yeux du corps, car la chair qui est née de la vierge Marie, ne peut servir à découvrir en Jésus-Christ la nature divine, mais c'est l'intelligence que nous avons du Fils de Dieu qui nous fait comprendre le Père, car si le Fils est l'image du Père, il a avec lui une même nature, et cette expression signifie simplement qu'il a été engendré. Les paroles du Sauveur ne laissent point supposer, en effet, une seule et unique personne, bien qu'elles expriment l'unité de nature, car en ajoutant: «Voit le Père», il exclut la supposition d'une personne unique, et nous force d'admettre qu'en vertu de l'unité de nature, le Père est vu dans le Fils. - S. Aug. Mais doit-on faire des reproches à celui qui, voyant une personne parfaitement semblable à une autre, désire voir l'autre terme de la ressemblance? Nous répondons que le Sauveur reprend son disciple, parce qu'il voyait le fond de son coeur; Philippe désirait connaître le Père, comme si le Père était supérieur au Fils, et par là-même il ne connaissait pas le Fils, en supposant qu'il existait un être qui lui fût supérieur. C'est pour redresser cette erreur que Notre-Seigneur lui dit: «Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi ?» C'est-à-dire, si c'est beaucoup pour vous de voir le Père dans le Fils, croyez au moins ce que vous ne voyez pas. - S. Hil. (de la Trin., vu). Comment pouvait-on encore ignorer le Père, et quelle nécessité de le faire connaître à ceux qui l'ignoraient, alors qu'on pouvait le voir dans le Fils? Or, on le voyait, parce qu'ils ont une commune nature, et qu'en vertu de cette nature absolument semblable, celui qui engendre et celui qui est engendré ne sont qu'un, selon ces paroles du Sauveur: «Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi ?» - S. Aug. (de la Trin., 1, 2). Le Sauveur voulait qu'il vécût de la foi avant de parvenir à la claire vision, car la contemplation est la récompense de la foi, et c'est la foi qui prépare les coeurs à cette récompense en les purifiant.

S. Hil. (de la Trin., 7) Or, le Père est dans le Fils, et le Fils dans le Père, non par la double union de deux natures qui se rencontrent, ni par l'union d'une nature supérieure qui vient s'enter sur une autre nature, parce que les choses intérieures ne peuvent être soumises aux nécessités des dimensions corporelles, et demeurer extérieures aux choses qui les contiennent, mais le Père est dans le Fils, et le Fils dans le Père, en vertu de sa naissance d'une nature vivante sortant d'une autre nature vivante, c'est-à-dire, en vertu de la naissance d'un Dieu engendré par un Dieu. - S. Hil. (de la Trin., 5) En effet, Dieu qui est immuable, agit conformément à sa nature en engendrant une nature immuable, et cette naissance parfaite d'un Dieu immuable qui sort du sein d'un Dieu immuable, lui conserve toute la perfection de sa nature. Nous comprenons donc que la nature divine est en lui, en ce sens que c'est Dieu qui est dans Dieu, et qu'il n'y a point d'autre Dieu en dehors de lui qui est Dieu.

S. Chrys. (hom. 74 sur S. Jean). On peut encore donner une autre explication de ce passage. Philippe voulait voir le Père des yeux du corps, parce qu'il pensait avoir vu le Fils de la sorte, peut-être aussi, parce qu'il avait entendu dire aux prophètes qu'ils avaient vu le Seigneur (Is 6,1), c'est sous cette impression qu'il dit à Jésus: «Montrez-nous le Père». Les Juifs lui avaient souvent fait cette question: «Quel est votre Père ?» Pierre et Thomas lui avaient demandé où il allait, et ni les uns ni les autres n'avaient compris sa réponse. Philippe donc voulant éviter le reproche d'importunité, se contente de lui dire: «Montrez-nous le Père, et cela nous suffit», c'est-à-dire, nous ne demandons rien autre chose. Or, le Sauveur ne lui répond point: «Vous demandez une chose impossible»; mais il lui fait comprendre qu'il n'a même pas vu le Fils, car s'il avait pu le voir, il aurait vu aussi le Père, et c'est le sens de ces paroles: «Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas? Philippe, qui me voit, voit aussi mon Père». Il ne lui dit pas: Vous ne m'avez pas vu, mais: «Vous ne m'avez pas connu», c'est-à-dire, vous n'avez pas compris que le Fils demeurant ce qu'est le Père, peut très bien montrer en lui celui qui l'a engendré. Il distingue ensuite les deux personnes, en ajoutant: «Celui qui me voit, voit aussi mon Père», pour prévenir cette erreur que le Fils est une même personne avec le Père. Il lui montre maintenant qu'il n'a point vu le Fils des yeux du corps. Si quelqu'un veut donner ici au mot voir la signification du mot connaître, je ne m'y oppose point, et tel serait alors le sens de ces paroles: «Celui qui me connaît, connaît aussi le Père». Mais ce n'est point la pensée du Sauveur, qui a voulu exprimer sa consubstantialité avec son Père en ces termes: Celui qui a vu ma nature, a vu la nature de mon Père. Il résulte de là qu'il n'est pas une simple créature, car celui qui voit un être créé ne voit pas Dieu. Philippe, d'ailleurs, désirait voir la nature du Père. Si donc le Sauveur avait une nature différente de son Père, il ne dirait pas: «Celui qui me voit, voit mon Père», car personne ne peut voir la nature de l'or dans celle de l'argent; une nature ne peut faire voir en elle-même une nature toute différente.

S. Aug. Le Sauveur s'adresse ensuite non plus à Philippe seul, mais a tous ses apôtres: «Les paroles que je vous dis, je ne vous les dis pas de moi-même»; que signifie cette manière de s'exprimer: «Je ne parle pas de moi-même», si ce n'est: Moi qui vous parle, je ne suis pas de moi-même? Il attribue ainsi ce qu'il fait à celui de qui lui vient avec l'être le pouvoir d'agir. - S. Hil. (de la Trin., 7) Il ne nie donc pas qu'il soit le Fils, il ne dissimule pas non plus la puissance de la nature paternelle qui est en lui, car lorsqu'il parle, il parle dans sa propre nature, et en déclarant qu'il ne parle pas de lui-même, il atteste en lui la naissance divine qui le fait naître d'un Dieu. - S. Chrys. Voyez avec quelle abondance de preuves il établit l'unité de la nature divine: «Le Père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais». C'est-à-dire, mon Père et moi n'agissons point d'une manière différente, comme il le dit ailleurs: «Si je ne fais point les oeuvres de mon Père, ne croyez pas en moi» (Jn 10,37). Mais pourquoi passe-t-il des paroles aux oeuvres? Il paraissait convenable de dire: C'est lui qui dit les paroles que je prononce, mais il veut donner ici deux preuves différentes empruntées, l'une à la doctrine, l'autre aux miracles; ou encore, parce que les paroles étaient ici comme des oeuvres. - S. Aug. En effet, celui qui édifie son prochain par ses discours, fait une bonne oeuvre. Ces deux propositions ont été pour des hérétiques différents, la matière d'une double difficulté. Le Fils n'est point égal au Père, disent les Ariens, puisqu'il ne parle point de lui-même. Le Père est la même chose que le Fils, disent à leur tour les Sabelliens, car que signifient ces paroles: «Le Père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais», si ce n'est: Je demeure en moi-même, moi qui fais ces oeuvres? - S. Hil. (de la Trin., 7) Que le Père demeure dans le Fils, cela n'indique pas une seule et même personne; que d'un autre côté, le Père agisse par le Fils, on ne peut en conclure qu'ils soient d'une nature différente. Disons encore que celui qui ne parle point de lui-même, prouve par là-même qu'il n'est pas seul, et que celui qui parle par lui n'est pas d'une nature différente. Or, après avoir enseigné que le Père parlait et agissait en lui, il apportait la foi à cette unité parfaite entre lui et son Père, en ajoutant: «Ne croyez-vous pas que je suis dans mon Père, et que mon Père est en moi ?» Tant il veut que nous croyons que le Père parle et agit dans son Fils, non par un effet de sa puissance, mais par l'effet de la génération divine et de l'unité de nature. - S. Aug. Jusque-là Notre-Seigneur n'avait adressé de reproches qu'à Philippe, il fait voir maintenant qu'il n'était pas le seul qui les méritât, en disant à tous: «Croyez au moins à cause de mes oeuvres ?» - S. Chrys. Si ce que j'ai dit ne suffit pas pour vous convaincre que je suis consubstantiel à mon Père, apprenez-le du moins par mes oeuvres». C'est le sens de ces paroles: «Croyez-le du moins à cause de mes oeuvres». Vous avez vu des miracles faits avec autorité, vous avez vu en moi tous les signes les plus évidents de divinité, les péchés remis, les morts ressuscités, et d'autres prodiges semblables. - S. Aug. Croyez donc au moins à cause de mes oeuvres, que je suis dans mon Père et que mon Père est en moi; car si nous avions une nature distincte, nous ne pourrions nullement agir avec autant d'unité.


vv. 12-14

13412 Jn 14,12-14

S. Chrys. (hom. 74 sur S. Jean). Notre-Seigneur venait de dire à ses disciples: «Croyez du moins à cause de mes oeuvres»; il veut leur apprendre maintenant que non seulement il peut faire des oeuvres semblables, mais qu'il peut en faire de plus grandes et (ce qui est encore plus admirable), qu'il peut communiquer à d'autres ce pouvoir: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui-même les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes».

S. Aug. (Traité 71 sur S. Jean). Mais quelles sont ces oeuvres plus grandes? Est-ce d'avoir guéri les malades par l'ombre seule de son corps lorsqu'ils passaient? (Ac 5,15). Car c'est une action plus merveilleuse de guérir par l'ombre seule de son corps que par la frange de son vêtement. Toutefois en s'exprimant de la sorte, le Sauveur avait en vue les faits et les oeuvres de ses paroles; en effet, lorsqu'il dit: «Mon Père qui demeure en moi, opère lui-même les oeuvres», de quelles oeuvres voulait-il parler? évidemment des paroles qu'il disait. Et le fruit de ces paroles, c'était la foi de ses disciples; mais lorsque ses disciples eux-mêmes prêchèrent l'Évangile, ceux qui se convertirent furent beaucoup plus nombreux qu'ils n'étaient eux-mêmes, puisque les nations elles-mêmes embrassèrent la foi (Traité 72). Ne voyons-nous pas ce jeune homme riche se retirer de Jésus plein de tristesse après l'avoir entendu? (Mt 19) Et cependant le conseil qu'un seul ne put se décider à pratiquer sur la recommandation du Sauveur, un grand nombre l'embrassèrent avec ardeur à la prédication des Apôtres. Il a donc fait de plus grandes oeuvres lorsqu'il a été prêché par ceux qui croyaient, que lorsqu'il parlait lui-même à ceux qui l'écoutaient. Mais voici une autre difficulté, ces oeuvres plus grandes n'ont été faites que par les Apôtres; or, ce n'est pas seulement d'eux que le Sauveur veut parler, lorsqu'il dit: «Celui qui croit en moi». Ou bien ne doit-on compter parmi ceux qui croient en Jésus-Christ que ceux qui auraient fait des oeuvres plus grandes que les siennes? Cette conséquence serait dure, elle serait même absurde, si on ne comprenait bien ces paroles. L'Apôtre dit: «Lorsqu'un homme, sans faire des oeuvres, croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice (Rm 4,5). En cela nous faisons les oeuvres de Jésus-Christ, car c'est faire l'oeuvre de Jésus-Christ que de croire en lui; c'est une oeuvre qu'il fait en nous, non toutefois sans notre concours. Entendez donc bien le sens de ces paroles: Celui qui croit en moi, fera aussi les oeuvres que je fais; je les fais le premier, et il les fera après moi, parce que je ne les fais le premier que pour qu'il les fasse à mon exemple. Or, quelles sont ces oeuvres? la justification du pécheur, c'est ce que le Christ opère dans le pécheur, mais avec le concours de sa volonté. Or, c'est là une oeuvre plus grande que la création du ciel et de la terre, car le ciel et la terre passeront, mais le salut et la justification des prédestinés demeureront à jamais. Les anges dans les cieux sont aussi l'oeuvre de Jésus-Christ; pouvons-nous dire que celui qui coopère à la grâce de Jésus-Christ pour sa justification, fait une oeuvre plus grande que la création des anges? Que celui qui en est capable, juge si la création des justes est une oeuvre plus grande que la justification des pécheurs, si l'une et l'autre de ces deux oeuvres annoncent une puissance égale, la seconde exige une plus grande miséricorde. D'ailleurs il n'est nullement nécessaire d'entendre de toutes les oeuvres de Jésus-Christ ces paroles: «Il fera de plus grandes oeuvres que les miennes». Peut-être n'a-t-il voulu parler que des oeuvres qu'il opérait alors, et en ce moment il ne faisait qu'enseigner la doctrine de la foi; or, enseigner la doctrine de la justice (ce que Jésus a fait sans nous), c'est faire moins que de justifier les pécheurs, ce qu'il a fait en nous avec le concours de notre volonté.

Notre-Seigneur donne ensuite un grand sujet d'espérance à ceux qui lui adresseront leurs prières, lorsqu'il ajoute: «Parce que je vais à mon Père». - S. Chrys. C'est-à-dire, je ne dois point périr, mais je resterai dans la puissance qui m'est propre, et je demeurerai dans les cieux. Ou bien tel est le sens de ces paroles: C'est à vous maintenant de faire des miracles, pour moi je m'en vais à mon Père. - S. Aug. Et afin que personne ne fût tenté de s'attribuer le mérite de ces oeuvres plus grandes, il leur fait voir que c'est lui-même qui en sera l'auteur: «Et tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, je le ferai». Il venait de dire: «Il fera», il dit maintenant: «Je le ferai», et voici l'explication de cette parole: Ne regardez pas ce que je vous dis comme impossible, celui qui croit en moi ne peut être plus grand que moi; c'est moi-même qui ferai alors des oeuvres plus éclatantes que celles que je fais maintenant, je ferai par celui qui croit en moi ces oeuvres plus grandes que celles que je fais actuellement par moi-même, ce qui n'accuse point un défaut de puissance, mais un sentiment de condescendance.

S. Chrys. Notre-Seigneur dit: «Tout ce que vous demanderez en mon nom», c'est ce que proclamaient les Apôtres: «Au nom de Jésus-Christ, levez-vous et marchez» (Ac 3,6 Ac 9,33); car c'est lui-même qui était l'auteur de tous les miracles qu'ils opéraient, et la main du Seigneur était avec eux. - Théophyl. Il nous fait connaître ici la véritable théorie des miracles, c'est par la prière et par l'invocation de son nom qu'on peut opérer les plus grands prodiges.

S. Aug. Mais que veulent dire ces paroles: «Tout ce que vous demanderez», lorsque nous voyons tant de fidèles demander sans recevoir? N'est-ce point parce qu'ils demandent mal? Dieu refuse dans sa miséricorde ce qu'on ne demande que pour en faire un mauvais usage. Comment donc faut-il entendre ces paroles: «Tout ce que vous demanderez, je le ferai», si Dieu, dans leur intérêt, n'accorde point aux fidèles l'objet de leurs prières? Cette promesse n'a donc été faite qu'aux seuls Apôtres? Non, sans doute, car le Sauveur avait dit précédemment: «Celui qui croit en moi, fera les oeuvres que je fais moi-même». Si nous considérons l'accomplissement de cette promesse dans les Apôtres eux-mêmes, nous voyons que celui qui a travaillé plus qu'eux tous, a prié trois fois le Seigneur d'éloigner de lui l'ange de Satan, sans avoir pu obtenir l'effet de sa prière (2Co 12,7-9). Comprenez bien le sens de ces paroles: «En mon nom», (qui est Jésus-Christ). Le mot Christ signifie roi, le mot Jésus veut dire sauveur; donc tout ce que nous demandons contre les véritables intérêts de notre salut, nous ne le demandons pas au nom du sauveur. Cependant il ne laisse pas d'être notre Sauveur, non seulement quand il nous accorde l'objet de nos prières, mais même quand il refuse de les exaucer, car il se montre justement notre Sauveur, en refusant de nous accorder ce qu'il sait être contraire à notre salut. Le médecin sait bien ce que le malade demande dans l'intérêt ou contre l'intérêt de sa santé, et il refuse d'accorder à ce malade les choses nuisibles qu'il désire, justement pour lui conserver la santé. Disons encore qu'il est des choses que nous demandons en son nom et qu'il ne nous accorde pas au moment même où nous les demandons, mais il les accorde plus tard; il diffère, mais il ne refuse pas d'exaucer nos prières. Il ajoute aussitôt: «Afin que le Père soit glorifié dans le Fils, si vous demandez quelque chose en mon nom je le ferai». Le Fils ne fait donc rien sans le Père, puisqu'il n'agit que pour que le Père soit glorifié en lui. - S. Chrys. En effet, lorsqu'on verra le Fils opérer de grandes choses, la gloire en reviendra à celui qui l'a engendré. Pourquoi répète-t-il de nouveau: «Je le ferai ?» pour confirmer la vérité de ses paroles. - Théophyl. Remarquez par quels degrés le Père est glorifié: c'est au nom de Jésus que sont opérés les miracles en vertu desquels les peuples croyaient à la prédication des Apôtres, et tandis qu'ils parvenaient ainsi à la connaissance du Père, le Père était glorifié dans le Fils.


vv. 15-17

13415
Jn 14,15-17

S. Chrys. (hom. 74 sur S. Jean). Les paroles que Notre-Seigneur venait de dire: «Tout ce que vous demanderez, je le ferai» (Jn 14,13), pouvaient donner aux Apôtres la pensée que toute prière indistinctement devait être exaucée; il se hâte donc de prévenir cette idée, en ajoutant: «Si vous m'aimez, gardez mes commandements»; comme s'il leur disait: C'est à cette condition que j'exaucerai vos prières. Ou bien encore, comme la nouvelle qu'il venait de leur apprendre, qu'il allait à son Père, devait naturellement les jeter dans le trouble, il leur dit: «L'amour que vous devez avoir pour moi, ne doit point avoir pour effet de troubler votre âme, mais de vous faire accomplir mes commandements; car l'amour consiste à obéir et à croire à celui qu'on aime». Il prévoit aussi qu'ils devaient désirer vivement cette présence extérieure et cette consolation sensible dont ils avaient joui jusqu'à présent, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Et moi, je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet». - S. Aug. (Traité 74) En parlant ainsi, il fait voir qu'il est lui-même un Paraclet. Le mot Paraclet veut dire, en latin, avocat, et saint Jean dit du Sauveur: «Nous avons pour avocat auprès du Père, Notre-Seigneur Jésus-Christ» (1Jn 2,1). - Alcuin. Ou bien, le mot Paraclet veut dire Consolateur, et les Apôtres, en effet, avaient eu jusqu'alors un Consolateur, qui les animait et les fortifiait par l'éclat de ses miracles et par la douceur de ses enseignements. - Didym. (De l'Eprit saint). Notre-Seigneur appelle l'Esprit saint un autre consolateur, non qu'il ait une nature autre que la sienne, mais parce que son opération est différente. Le Sauveur était venu pour remplir l'office de médiateur et d'ambassadeur, et comme un pontife qui devait prier pour nos péchés, l'Esprit saint reçoit le nom de Paraclet ou de consolateur dans un autre sens, parce que sa mission est de consoler ceux qui sont dans la tristesse. Mais de cette diversité d'opérations, il faut se garder de conclure à la différence de natures, puisque nous voyons dans un autre endroit l'Esprit consolateur remplir près du Père l'office d'ambassadeur. «L'Esprit lui-même, dit saint Paul, demande pour nous par des gémissements inénarrables» (Rm 8,26). Le Sauveur, de son côté, répand la consolation dans les coeurs affligés, car il est écrit: «Il a consolé tous les humbles de son peuple» (1M 14,14).

S. Chrys. Le Sauveur dit: «Je prierai mon Père» pour rendre ses paroles plus dignes de foi; car s'il avait dit simplement: Je vous enverrai un autre consolateur, ils ne l'auraient pas cru aussi facilement. - S. Aug. (Cont. le. Serm. Des Ar, 19) Et cependant pour montrer que ses oeuvres ne sont point distinctes de celles du Père, il dit ailleurs: «Lorsque je m'en serai allé, je vous l'enverrai» (Jn 16,7). - S. Chrys. Qu'aurait-il eu, en effet, de plus que les apôtres, s'il avait dû prier son Père pour qu'il envoyât l'Esprit saint, alors que nous voyons les apôtres eux-mêmes le communiquer aux autres, sans avoir recours à la prière? - Alcuin. Je prierai, comme inférieur par mon humanité, mon Père, à qui je suis égal et consubstantiel par ma nature divine. - S. Chrys. Il leur promet que l'Esprit saint demeurera avec eux éternellement, parce qu'il ne les quittera même pas après leur mort; et il leur enseigne indirectement, par là même, que l'Esprit saint ne doit ni souffrir la mort comme lui, ni se séparer d'eux. Et pour éloigner de leur esprit la pensée d'une nouvelle incarnation qui rendrait le Saint-Esprit visible à leurs yeux, il ajoute: «L'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point». - S. Aug. Cet Esprit saint est une des personnes de la sainte Trinité, et la foi catholique le proclame consubstantiel et coéternel au Père et au Fils.

S. Chrys. Il l'appelle l'Esprit de vérité, parce que c'est lui qui nous révèle le sens des figures de l'Ancien Testament; le monde ici, ce sont les méchants; et voir, c'est connaître avec certitude, parce que la vue est le plus clair de tous les sens.

Bède. Remarquez encore qu'en appelant l'Esprit saint l'Esprit de vérité, il prouve en même temps qu'il est son Esprit. De même encore lorsqu'il enseigne que cet Esprit est donné par le Père, il déclare par là même qu'il est l'Esprit du Père, et que par conséquent l'Esprit saint procède du Père et du Fils.

S. Grég. (Moral., 5, 19 ou 20, dans les anc. ex. ) Dès que l'Esprit saint remplit un coeur, il excite en lui un ardent désir des biens invisibles. Mais comme les coeurs des mondains n'ont d'amour que pour les biens extérieurs, le monde ne peut recevoir cet Esprit, parce qu'il est incapable de s'élever jusqu'à l'amour des choses invisibles. En effet, plus les âmes mondaines s'étendent et s'élargissent au dehors par leurs désirs, plus elles se resserrent et deviennent étroites pour recevoir ce divin Esprit.

S. Aug. Notre-Seigneur déclare que le monde (c'est-à-dire ceux qui aiment le monde), ne peuvent recevoir l'Esprit saint, comme si nous disions: L'injustice ne peut être juste. Le monde donc, c'est-à-dire ceux qui aiment le monde, ne peuvent recevoir l'Esprit saint, parce qu'il ne le voit point. En effet, l'amour du monde est privé de ces yeux invisibles par lesquels nous ne pouvons voir l'Esprit saint que d'une manière invisible. «Pour vous, vous le connaîtrez, parce qu'il demeurera au milieu de vous». Et afin qu'ils n'entendent pas ces paroles: «Il demeurera au milieu de vous», d'une demeure visible, comme celle d'un hôte à qui l'on donne l'hospitalité, il ajoute: «Et il sera en vous». - S. Chrys. C'est-à-dire il ne demeurera pas au milieu de vous comme j'y suis demeuré moi-même, mais il habitera dans vos âmes.

S. Aug. Il faut d'abord se donner à quelqu'un avant de demeurer en lui, et Notre-Seigneur explique ces paroles: «Au milieu de vous», par ces autres: «En vous»; car s'il n'est pas en vous, vous ne pouvez non plus avoir en vous la connaissance de ce divin Esprit. C'est ainsi que vous voyez en vous-même votre propre conscience.

S. Grég. (Moral., 2, 28 ou 41 dans les anc. ex. ) Si l'Esprit saint demeure dans les disciples, comment donner encore comme signe distinctif du médiateur que l'Esprit saint demeure en lui, comme il est dit à Jean-Baptiste: «Celui sur qui vous verrez l'Esprit saint descendre et demeurer, c'est lui qui baptise ?» (Jn 1,33). Cette difficulté disparaîtra bientôt, si nous prenons soin de faire une distinction entre les dons de l'Esprit saint. Quant aux dons sans lesquels il est impossible de parvenir à la vie, l'Esprit saint demeure dans tous les élus; s'il s'agit au contraire des dons qui ont pour objet non de conserver, mais de produire dans les autres la vie surnaturelle, il ne demeure pas toujours; quelquefois, en effet, il suspend le pouvoir d'opérer des miracles, pour que l'humilité garde plus sûrement les vertus qu'il inspire. Jésus-Christ, au contraire, jouit toujours, et en toutes circonstances, de la présence de l'Esprit saint.

S. Chrys. Par ces seules paroles, Notre-Seigneur renverse d'un seul coup deux hérésies contraires. En disant: «Je vous enverrai un autre», il établit la différence de personnes; et en lui donnant le nom de consolateur, l'identité de nature. - S. Aug. (contr. le serm. des Ar., chap. 19). L'office de consolateur, que les hérétiques abandonnent à l'Esprit saint comme à la dernière personne de la sainte Trinité, l'Apôtre l'attribue à Dieu lui-même, quand il dit: «Dieu qui console les humbles nous a consolés (2Co 7,6). L'Esprit saint qui console les humbles, est donc Dieu. Ou s'ils prétendent que saint Paul veut parler ici du Père et du Fils, qu'ils cessent de séparer l'Esprit saint du Père du Fils, en lui attribuant exclusivement l'office de consolateur.

S. Aug. (Traité 64 sur S. Jean). Mais s'il est vrai que la charité de Dieu a été répandue dans nos coeurs par l'Esprit saint qui nous a été donné (Rm 5,5), comment aimer Jésus-Christ et observer ses commandements pour mériter de recevoir l'Esprit saint, puisque nous ne pouvons sans lui ni aimer ni observer les commandements? Peut-on dire que nous avons d'abord en nous la charité qui nous fait aimer Jésus-Christ, et que cet amour de Jésus-Christ et l'observation de ses commandements attirent en nous l'Esprit saint qui répand la charité de Dieu le Père dans nos coeurs? Cette interprétation est tout à fait erronée; celui qui croit aimer le Fils de Dieu, et n'aime pas le Père, n'aime certainement pas le Fils, il aime le produit de son imagination. La seule manière de résoudre cette difficulté est donc de dire que celui qui aime a déjà l'Esprit saint, et qu'en le possédant, il mérite de le posséder encore davantage et d'avoir ainsi un plus grand amour. Les disciples de Jésus avaient déjà en eux l'Esprit saint que le Sauveur leur promettait, mais ils devaient le recevoir d'une manière plus abondante. Ils le possédaient au dedans d'eux-mêmes, il devait leur être donné d'une manière visible, ce n'est donc point sans raison que ce divin Esprit est promis, non seulement à celui qui ne l'a pas encore, mais à celui qui le possède déjà. Il est promis à celui qui ne l'a pas, pour qu'il le possède, et à celui qui l'a déjà pour qu'il le reçoive plus abondamment. - S. Chrys. Lorsque Jésus eut purifié ses disciples par le sacrifice de sa passion, que leurs péchés furent effacés et que le temps fut venu de les envoyer affronter les dangers et les combats, ils eurent besoin de recevoir l'Esprit saint dans toute sa plénitude. Il ne leur fut point donné aussitôt sa résurrection, afin que leurs désirs plus ardents fussent une préparation à recevoir l'abondance de ses grâces.



Catena Aurea 13405