1996 Denzinger 710
710
Can. 1 " Suivant l'exemple des saints Pères ", et renouvelant le devoir de notre charge, .nous défendons de toute manière, par l'autorité du Siège apostolique, que l'on ordonne ou promeuve qui que ce soit dans l'Eglise de Dieu pour de l'argent. Si quelqu'un a obtenu dans l'Eglise ordination ou promotion de cette manière, qu'il soit totalement privé de la dignité obtenue.
711
Can. 3 (autres 7). Nous interdisons absolument aux prêtres, aux diacres et aux sous-diacres d'avoir sous leur toit des concubines ou des épouses et de cohabiter avec d'autres femmes, à l'exception de celles dont le concile de Nicée (Can.3) a permis qu'elles habitent avec eux en raison seulement des nécessités, à savoir la mère, la soeur, la tante paternelle ou maternelle ou d'autres femmes semblables, ne pouvant donner lieu à aucun soupçon justifié.
712
Can.4 (autres 8). En outre, conformément à l'ordonnance du bienheureux pape Etienne, nous statuons que les laïcs, si religieux qu'ils soient, n'ont aucun pouvoir de disposer en quoi que ce soit des biens ecclésiastiques ; mais, selon les Canons des apôtres (can.38, autres 39), que l'évêque ait la charge de toutes les affaires ecclésiastiques et les dispense comme sous le regard de Dieu. (Autres can. 9) Si donc l'un des princes ou des autres laïcs s'était arrogé le droit de disposer, de donner ou de posséder des biens ecclésiastiques, qu'il soit regardé comme sacrilège.
715
Can. 2. Si poussé par l'exécrable passion de l'avarice quelqu'un a acquis à prix d'argent une prébende, un prieuré, un doyenné, un honneur ou une promotion ecclésiastique ou quelque réalité sacrée de l'Eglise, comme le saint chrême, l'huile sainte, la consécration d'autels ou d'églises, il sera privé de l'honneur mal acquis ; et acheteur aussi bien que vendeur et intermédiaire seront frappés d'infamie. Et ni pour la subsistance, ni sous le couvert de quelque coutume, rien ne sera exigé de personne avant ou après, et le bénéficiaire lui-même ne donnera rien, car c'est de la simonie ; mais il jouira librement et sans aucune atténuation de la dignité et du bénéfice qui lui ont été conférés.
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Can. 13. Détestable et scandaleuse au regard des lois divines et humaines et rejetée par l'Ecriture dans l'Ancien et le Nouveau Testament est l'insatiable rapacité des usuriers : aussi la condamnons-nous et l'excluons- nous de toute consolation de l'Eglise, ordonnant qu'aucun archevêque, aucun évêque ou abbé de quelque ordre que ce soit ou aucun clerc ordonné n'ose admettre des usuriers aux sacrements sans une extrême prudence. Qu'ils soient tenus pour infâmes toute leur vie et privés de sépulture ecclésiastique s'ils ne viennent pas à résipiscence.
717
Can. 22. " Parmi d'autres, une chose trouble profondément la sainte Eglise : la fausse pénitence ; nous demandons donc à nos frères dans l'épiscopat et aux prêtres de ne pas souffrir que les âmes des laïcs soient trompées par les fausses pénitences et ainsi enchaînées en enfer. Il appert qu'il y a fausse pénitence lorsque, méprisant la plupart des péchés, on ne fait pénitence que d'un seul, ou lorsqu'on ne le fait que d'un seul sans renoncer à un autre. Aussi est-il écrit : " Celui qui a observé toute la loi, mais trébuche sur un seul point, devient coupable de tous " Jc 2,10, c'est-à-dire en ce qui concerne la vie éternelle. En effet, qu'il ait été impliqué dans tous les péchés, ou qu'il persiste seulement dans un seul, il ne franchira pas la porte de la vie éternelle.
Il y a aussi fausse pénitence lorsque le pénitent ne renonce pas à une charge curiale ou commerciale qu'il ne peut en aucune manière exercer sans péché, ou si la haine habite son coeur, ou s'il ne rend pas satisfaction à celui qu'il a offensé, ou si étant offensé il ne pardonne pas à l'offenseur, ou si l'on prend les armes contre la justice ".
718
Can. 23. " Quant à ceux qui, sous couleur de religion, condamnent le sacrement du corps et du sang du Seigneur, le baptême des enfants, le sacerdoce, et les autres ordres ecclésiastiques ainsi que le lien des mariages légitimes, nous les chassons de l'Eglise de Dieu et les condamnons comme hérétiques, et nous ordonnons qu'ils soient soumis à la contrainte des pouvoirs séculiers. Nous lions aussi par le lien de la même condamnation ceux qui prennent leur défense. "
721
1. Le Père est la puissance pleine, le Fils a une certaine puissance, l'Esprit Saint n'est aucune puissance.
722
2. L'Esprit Saint n'est pas de la substance du Père, mais l'âme du monde.
723
3. Le Christ n'a pas assumé la chair pour nous libérer du joug du diable.
724
4. Ni le Dieu-et-homme, ni cette personne qu'est le Christ n'est la troisième personne de la Trinité.
725
5. Le libre arbitre suffit par lui-même pour un certain bien.
726
6. Dieu peut faire seulement ce qu'il fait, et permettre ce qu'il permet, ou seulement de cette manière ou à ce moment et non autrement.
727
7. Dieu ne doit ni ne peut empêcher le mal.
728
8. D'Adam nous n'avons pas contracté la faute, mais seulement la peine.
729
9. Ceux-là n'ont pas péché qui ont crucifié le Christ sans le savoir.
730
10. Ce qui est fait par ignorance ne doit pas être imputé à faute.
731
11. Dans le Christ il n'y avait pas l'esprit de la crainte du Seigneur.
732
12. Le pouvoir de lier et de délier a été donné seulement aux apôtres, et non à leurs successeurs.
733
13. De par les oeuvres, l'homme ne devient ni meilleur ni pire.
734
14. Au Père, parce qu'il n'est d'aucun autre, appartient au sens propre et spécial la toute-puissance, mais non pas également la sagesse et la bonté.
735
15. La crainte religieuse également est exclue de la vie future.
736
16. Le diable suscite des inspirations par l'apposition de pierres ou d'herbes.
737
17. La venue à la fin des siècles pourrait être attribuée au Père.
738
18. L'âme du Christ n'est pas descendue aux enfers par elle- même, mais seulement par sa puissance.
739
19. Ni l'oeuvre ni la volonté, ni la concupiscence ni le plaisir qui la meut n'est péché, et nous ne devons pas vouloir qu'elle soit éteinte.
741
Le presbytre dont tu as dit qu'il a fini ses jours sans l'eau du baptême, nous affirmons sans hésiter que puisqu'il a persévéré dans la foi de la sainte Mère l'Eglise et dans la profession du nom du Christ, il a été libéré du péché originel et a obtenu la joie de la patrie céleste. Lis en outre le huitième livre De civitate Dei d'Augustin où on lit entre autres : " Le baptême est administré de façon invisible lorsque ce n'est pas le mépris de la religion mais la barrière de la nécessité qui l'exclut ". Ouvre également le livre du bienheureux Ambroise De obitu Valentiani qui affirme la même chose. Les questions s'étant donc apaisées, tiens les conceptions des Pères docteurs, et fais présenter constamment dans ton Eglise des prières et des offrandes pour le presbytre que tu as mentionné.
745
" Au sujet du premier (chapitre) seulement le pontife romain décida, afin qu'aucun concept en théologie n'opère une séparation entre nature et personne, et afin qu'on ne parle pas de Dieu comme " essence divine " au sens d'un ablatif seulement, mais également au sens d'un nominatif. "
747
(Chap. 2) Plusieurs parmi les clercs, et nous le disons avec peine, parmi ceux également qui par la profession et l'habit ont quitté le siècle présent, reculent certes devant le prêt à intérêt usuel parce qu'il est plus clairement condamné, mais prennent en gage les biens de ceux qui sont dans le besoin et auxquels ils ont prêté de l'argent, et en perçoivent les fruits produits au-delà du capital prêté.
C'est pourquoi l'autorité du concile général a décrété que désormais nul qui est établi dans le clergé ne doit avoir l'audace de pratiquer cette sorte de prêt à intérêt ou une autre. Et si quelqu'un jusqu'ici a reçu en gage le bien de quelqu'un après lui avoir donné de l'argent selon cette clause ou avec cette condition, il doit restituer son bien au débiteur sans condition si, déduction faite des dépenses, il a déjà perçu son capital des fruits produits. Et s'il a un déficit, après qu'il l'a perçu, le bien doit être restitué libre à son maître.
Mais si après ce décret il devait y avoir quelqu'un du clergé qui persévère dans ces gains usuraires détestables, que son office ecclésiastique soit en péril, à moins qu'il ne se soit agi d'un bénéfice de l'Eglise qu'il aura pensé devoir racheter de cette manière de la main d'un laïc.
748
(Marie) en effet a conçu sans déshonneur, a donné naissance sans douleur, et s'en est allée d'ici sans corruption, selon la parole de l'ange, ou mieux : de Dieu par l'ange, pour qu'il soit manifeste qu'elle est pleine et non demi-pleine de grâce, et que Dieu, le Fils, accomplisse fidèlement le commandement ancien qu'il avait jadis enseigné, à savoir d'honorer le père et la mère, et pour que la chair virginale du Christ qui a été assumée de la chair de la mère vierge n'en diffère pas totalement.
749
Lorsque jadis tu as été établi dans ta charge en notre présence, nous t'avons enjoint de vive voix de réunir auprès de toi, à Paris, tes évêques suffragants et d'oeuvrer de façon efficace pour que soit éloignée la doctrine fausse de Pierre, l'ancien évêque de Paris, dans laquelle il est dit que le Christ, en tant qu'il est homme, n'est pas un quelque chose. Telle est la raison pour laquelle nous demandons à ta fraternité par rescrit apostolique que... tu convoques tes suffragants à Paris, et qu'avec eux et d'autres hommes religieux et prudents tu t'appliques à abroger totalement la doctrine susdite, et que tu prescrives que les maîtres et les étudiants qui se consacrent à la théologie enseignent que le Christ, de même qu'il est Dieu parfait, est également homme parfait composé d'une âme et d'un corps.
750
Etant donné que le Christ, Dieu parfait, est homme parfait, il est étonnant de voir avec quelle témérité quelqu'un ose dire que le Christ n'est pas un quelque chose en tant qu'il est homme. Pour empêcher que puisse se répandre dans l'Eglise une telle tromperie ou qu'y soit introduite une erreur, nous ordonnons à ta fraternité par rescrit apostolique... qu'en vertu de notre autorité et sous peine d'anathème tu interdises à quiconque d'oser affirmer désormais que le Christ n'est pas quelque chose en tant qu'homme puisque de même qu'il est vrai Dieu il est également vrai homme, subsistant à partir d'une âme rationnelle et d'une chair humaine.
751
Chap. 10. On ne recevra pas de moines dans un monastère contre de l'argent... Si quelqu'un, après avoir été expulsé, à donné quelque somme d'argent pour être reçu, il n'ira pas jusqu'aux ordres sacrés ; celui qui aura reçu cet argent sera puni par la privation de sa charge.
753
Tu dis que dans ta ville il arrive souvent que certains se procurent du poivre, de la cannelle ou d'autres marchandises qui à ce moment-là ne valent pas plus de cinq livres, et qu'ils promettent qu'à une date déterminée ils paieront six livres à ceux de qui ils ont reçu ces marchandises. Mais même si un tel contrat ne peut pas être qualifié du nom d'usure en raison d'une telle forme, les vendeurs n'en encourent pas moins un péché, à moins qu'il existe un doute sur le point de savoir si ces marchandises vaudront plus ou moins au moment du paiement, et c'est pourquoi tes concitoyens prendraient bien soin de leur salut s'ils s'abstenaient de contrats de cette sorte, car les pensées des hommes ne peuvent pas être cachées au Dieu tout-puissant.
754
Parce que la femme susdite, certes, a été épousée par l'homme susdit, mais que selon ses dires elle n'a pas été unie à lui jusqu'ici, nous demandons à ta fraternité, en l'ordonnant par un écrit apostolique, que si l'homme susdit n'a pas connu cette femme charnellement et que cette femme, comme tu nous le fais savoir, veut entrer dans un ordre religieux, et après avoir reçu d'elle la garantie suffisante que dans l'espace de deux mois elle devra soit entrer dans un ordre religieux, soit retourner auprès de son époux, tu l'absolves sans opposition et sans appel possibles de la sentence (d'excommunication) par laquelle elle est liée, en sorte que si elle entre dans un ordre religieux, chacun rende à l'autre ce qu'il a manifestement reçu de lui, et que l'homme lui- même, si elle prend l'habit religieux, ait la permission de contracter un autre mariage. Car ce que dit le Seigneur dans l'Evangile, à savoir qu'il n'est pas permis à l'homme de renvoyer sa femme sauf pour impudicité Mt 5,32 Mt 19,9 doit être entendu, selon l'interprétation de la sainte parole, de ceux dont le mariage a été consommé par l'union charnelle sans laquelle le mariage ne peut pas être consommé, et c'est pourquoi si ladite femme n'a pas été connue par le mari, il lui est permis d'entrer en religion.
755
Après le consentement légitime 'de praesenti' il est licite à l'un, même si l'autre s'y oppose, de choisir le monastère, comme d'ailleurs des saints ont été éloignés des noces par un appel, aussi longtemps du moins qu'aucune union charnelle n'a existé entre eux ; et si l'autre qui reste, malgré une monition, ne veut pas garder la continence, il lui est permis de s'engager dans un deuxième mariage ;car puisqu'ils ne sont pas devenus une seule chair, l'un peut parfaitement passer à Dieu et l'autre demeurer dans le siècle.
756
Si (entre un homme et une femme) intervient un consentement légitime 'de praesenti'..., en sorte que l'un reçoit expressément l'autre comme son époux par consentement mutuel et avec les paroles habituelles... qu'il y ait eu un serment ou non, il n'est pas permis à la femme d'épouser un autre. Et si elle a épousé, et même si l'union charnelle a suivi, elle doit être séparée de celui-là et être contrainte par la sévérité ecclésiastique à revenir au premier, et cela même si d'autres pensent autrement et si certains de nos prédécesseurs aussi ont pu en juger autrement.
757
Si quelqu'un plonge un enfant trois fois dans l'eau au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen, et qu'il ne dit pas : " Je te baptise au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen ", l'enfant n'est pas baptisé.
758
Mais ceux pour lesquels il existe un doute s'ils ont été baptisés, ils seront baptisés en faisant précéder ces mots : " Si tu es baptisé, je ne te baptise pas ; mais si tu n'es pas encore baptisé, je te baptise, etc... "
760
Par cette constitution, en vertu de l'autorité apostolique, nous condamnons toute hérésie, quel que soit le nom par lequel elle peut être désignée : en premier lieu nous décrétons donc que sont soumis à un anathème perpétuel les cathares et les patarins, et ceux qui s'appellent mensongèrement d'un faux nom humiliés ou pauvres de Lyon, passagiens, joséphins et arnoldistes.
761
Et parce que certains sous l'apparence de la piété... s'arrogent l'autorité de prêcher... nous lions par le même lien de l'anathème tous ceux qui, alors que cela leur était interdit ou qu'ils n'étaient pas envoyés, osent prêcher de façon privée ou publique sans en avoir reçu le pouvoir du Siège apostolique ou de l'évêque du lieu, et tous ceux qui ne craignent pas de penser et d'enseigner autrement au sujet du sacrement du corps et du sang de notre Seigneur Jésus Christ, ou du baptême ou de la confession des péchés, du mariage ou des autres sacrements de l'Eglise, que ce que prêche et observe la très sainte Eglise romaine, ainsi que, d'une façon générale, tous ceux que cette même Eglise romaine ou les divers évêques dans leurs diocèses avec le conseil des clercs, ou les clercs eux-mêmes lorsque le Siège était vacant, ont jugés hérétiques, si nécessaire, avec le conseil des évêques voisins.
762
La prieure et le couvent de Colonantia ont interrogé le Siège apostolique sur le point de savoir si un homme jeune, à qui ont été enlevés les organes sexuels, peut être ordonné au presbytérat avec la permission des canons.
Soucieux de voir observée en cette affaire la distinction canonique, Nous chargeons par cet écrit Apostolique ta fraternité de rechercher la vérité avec une grande diligence, afin de savoir s'il a été castré par des ennemis ou par des médecins, ou s'il a lui-même porté la main sur lui-même parce qu'il n'a pas su s'opposer au vice de la chair. Les canons admettent en effet les premiers 128 (a) s'ils sont aptes par ailleurs mais ils commandent que le troisième soit puni comme ayant été homicide pour lui-même.
764
Ta bonté Nous a interrogé sur le point de savoir si dans le jugement des âmes il faut considérer comme un usurier celui qui, parce que autrement il ne prêterait pas, prête de l'argent dans la conviction que, même sans l'existence de tout contrat, il recevra plus que son capital ; ou si quelqu'un encourt la même punition si, comme on le dit communément, il ne donne pas son assentiment à un serment jusqu'à ce que, même sans l'exiger, il en tire quelque avantage ; et si un marchant doit être condamné de la même peine s'il vend ses marchandises à un prix bien plus élevé lorsque le laps de temps qui va jusqu'au paiement est notablement plus long, que dans le cas où le prix d'achat lui est payé aussitôt.
Mais puisqu'on apprend clairement dans l'évangile de Luc à quoi il faut s'en tenir dans ces cas, lorsqu'il y est dit : " Prêtez sans rien espérer en retour " Lc 6,35, il faut juger que de telles personnes agissent mal à cause de leur intention de lucre - car toute usure et tout surplus dans la restitution sont défendus par la loi -, et dans le jugement des âmes ils doivent être poussés fermement à restituer ce qu'ils ont acquis de cette manière.
766
Tu nous as demandé si un muet et un sourd peuvent contracter un mariage. A cela Nous répondons ainsi à ta fraternité : étant donné que ce qui est édicté au sujet d'un mariage qui doit être contracté est de l'ordre de la prohibition, de sorte que quiconque à qui il n'est pas prohibé peut donc y être admis, et qu'il suffit pour le mariage du seul consentement de ceux dont l'union est en cause, il apparaît que si une telle personne veut contracter un mariage, cela ne peut ni ne doit lui être refusé, car ce qu'elle ne peut pas déclarer par des mots, elle peut le faire par des signes.
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De même que Dieu, le créateur de l'univers, a fixé deux grands luminaires au firmament du ciel, le plus grand pour qu'il préside au jour, le plus petit pour qu'il préside à la nuit, de même il a établi au firmament de l'Eglise universelle qui est appelée " ciel " deux grandes dignités ; une plus grande pour que, comme pour le jour, elle préside aux âmes, et une lus petite pour que, comme pour les nuits, elle préside aux corps, et ce sont l'autorité pontificale et le pouvoir royal. En outre : de même que la lune reçoit la lumière du soleil, et qu'en vérité elle est plus petite que lui aussi bien quant à sa grandeur que quant à sa qualité, et aussi bien quant à sa situation que quant à son effet, de même aussi le pouvoir royal reçoit de l'autorité pontificale la splendeur de sa dignité ; plus il s'attache à la regarder, plus il est paré d'une grande lumière, et plus il en éloigne son regard, plus il perd de sa splendeur.
768
Ta fraternité Nous a fait savoir par sa lettre que l'un des conjoints passant à l'hérésie, celui qui est abandonné souhaite s'engager dans un deuxième mariage et procréer des enfants ; et tu as pensé devoir Nous demander par ta lettre si cela peut se faire à bon droit.
Pour répondre à ta question, et sur le conseil commun de nos frères, nous distinguons entre deux cas, même si l'un de nos prédécesseurs (Célestin III) semble avoir pensé autrement : celui de deux infidèles dont l'un se convertit à la foi catholique, et celui de deux fidèles dont l'un tombe dans l'hérésie ou chute dans l'erreur des infidèles. En effet si l'un des conjoints non croyants se convertit à la foi catholique tandis que l'autre ne veut d'aucune manière cohabiter avec lui, du moins pas sans blasphémer le nom de Dieu ou pour l'inciter au péché mortel, celui qui est abandonné s'engagera dans un second mariage s'il le veut ; et c'est en fonction de ce cas que nous comprenons ce que dit l'Apôtre : " Si le non-croyant veut se séparer, qu'il se sépare : le frère en effet ou la soeur ne sont soumis à aucune obligation dans ce cas " 1Co 7,15 ; et de même le canon qui dit: " L'injure faite au créateur brise le lien du mariage de celui qui est abandonné ".
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Mais si l'un des conjoints croyants tombe dans l'hérésie ou passe à l'erreur du paganisme, nous ne pensons pas que dans ce cas celui qui est abandonné peut s'engager dans de secondes noces aussi longtemps que l'autre vit, même si manifestement dans ce cas une injure plus grande est faite au créateur. Car même s'il existe incontestablement un vrai mariage entre deux non- croyants, il n'est cependant pas scellé ; mais entre croyants il est incontestablement vrai et scellé : car le sacrement de la foi (baptême) une fois conféré n'est jamais perdu, et il scelle le sacrement du mariage en sorte qu'il perdure dans les conjoints aussi longtemps que demeure le premier.
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Notre vénérable frère, l'évêque de Metz, Nous a fait savoir par sa lettre qu'aussi bien dans le diocèse que dans la ville de Metz un nombre assez important de laïcs et de femmes, attirés en quelque sorte par le désir des Ecritures, s'est fait traduire en langue française les évangiles, les épîtres de Paul, le Psautier, les Moralia sur Job et plusieurs autres livres ;... (il en est résulté) que dans des rencontres secrètes des laïcs et des femmes osent éructer entre eux et se prêcher mutuellement, et ils méprisent également la compagnie de ceux qui ne se mêlent pas à de telles choses... Certains d'entre eux méprisent aussi la simplicité de leurs prêtres, et lorsque la parole du salut leur est proposée par ces derniers, ils murmurent en cachette qu'ils possèdent mieux dans leurs écrits et qu'ils sont capables de l'exprimer de façon plus judicieuse.
Même si le désir de comprendre les Ecritures divines et le souci d'exhorter en conformité avec elles ne doit pas être blâmé mais bien au contraire recommandé, ces gens méritent néanmoins d'être blâmés de ce qu'ils tiennent leurs conventicules secrets, qu'ils s'arrogent la fonction de prêcher, qu'ils raillent la simplicité des prêtres et qu'ils dédaignent la compagnie de ceux qui ne s'attachent pas à de telles pratiques. Dieu en effet... hait à ce point les oeuvres des ténèbres qu'il a commandé et dit ( aux apôtres) : " Ce que je vous dis dans l'ombre, dites-le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l'oreille proclamez-le sur les toits ", Mt 10,27 ; par là il fait savoir clairement que la prédication de l'Evangile doit être proposée non pas dans des conventicules secrets, comme le font les hérétiques, mais publiquement dans l'Eglise, conformément à l'usage catholique. ...
771
Mais les mystères cachés de la foi ne doivent pas être exposés partout à tous, parce qu'ils ne peuvent pas être compris par tous, mais à ceux-là seulement qui peuvent les saisir par une intelligence croyante ; c'est pourquoi l'apôtre dit aux simples : " Comme à de petits enfants en Christ, c'est du lait que je vous ai fait boire, non de la nourriture solide " 1Co 3,2 ...
Telle est en effet la profondeur de la sainte Ecriture que non seulement les gens simples et non cultivés, mais même ceux qui sont sages et doctes ne sont pas pleinement capables d'en scruter le sens. C'est pourquoi l'Ecriture dit : " Car beaucoup de ceux qui cherchent ont défailli dans leur recherche ". Ps 64,7 Aussi est-ce à juste titre qu'il a été établi jadis dans la Loi divine qu'un animal qui a touché la Montagne (du Sinaï) doit être lapidé He 12,20 Ex 19,12 ss., afin qu'en effet aucun homme simple ou inculte n'ait la présomption de toucher à la sublimité de la sainte Ecriture ou de la prêcher à d'autres. Il est écrit en effet : " Ne cherche pas ce qui est trop haut pour toi " Si 3,22. C'est pourquoi l'Apôtre dit : " Ne recherchez pas plus que ce qu'il faut rechercher, mais recherchez la sobriété " Rm 12,3.
De même en effet que le corps compte de nombreux membres, mais que tous les membres n'ont pas la même activité, de même l'Eglise compte de nombreux états, mais tous n'ont pas la même charge, car selon l'Apôtre " Le Seigneur a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, mais d'autres comme docteurs, etc. " Ep 4,11. Or l'état de docteur est en quelque sorte le principal dans l'Eglise et c'est pourquoi nul ne doit s'arroger de façon indistincte la charge de la prédication.
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Bien que l'incrédulité des juifs doive être réprouvée de multiples manières, cependant, parce que par eux notre foi se trouve confirmée en vérité, ils ne doivent pas être lourdement opprimés par les fidèles... De même qu'il ne doit pas être permis aux juifs, dans leurs synagogues, de présumer quelque chose qui aille au-delà de ce qui est permis par la Loi, de même ils ne doivent pas subir de préjudice en ce qui leur est permis.
Aussi, même s'ils préfèrent demeurer dans leur endurcissement plutôt que de connaître les prédictions des prophètes et les mystères de la Loi, et de parvenir à la connaissance de la foi chrétienne, puisqu'ils demandent l'aide de notre défense, poussés par la mansuétude de la piété chrétienne, Nous suivons la trace de nos prédécesseurs d'heureuse mémoire, Calixte (II), Eugène (III), Alexandre (III), Clément (III) et Célestin (III). Nous accueillons leur requête, et leur accordons le bouclier de notre protection.
773
Nous ordonnons en effet qu'aucun chrétien ne doit les contraindre par la force à venir au baptême à leur corps défendant ou contre leur volonté ; mais si l'un d'entre eux vient librement chercher refuge auprès de la foi chrétienne, après que sa volonté aura été éprouvée, qu'il devienne chrétien sans aucune vexation. Car on ne croit pas qu'a la foi véritable de la chrétienté quelqu'un dont on sait que ce n'est pas de façon spontanée, mais contre son gré, qu'il vient au baptême des chrétiens De même aucun chrétien ne doit se permettre de léser leur personne sans scrupule en dehors d'un jugement du seigneur du lieu, ou d'enlever leurs biens par la force, ou de modifier les bons usages qui étaient les leurs jusque-là dans la région qu'ils habitent. En outre, que personne, d'aucune façon, ne les trouble à coups de bâton ou de pierres lors de la célébration de leurs fêtes, et que personne ne cherche à exiger d'eux des services qui ne sont pas dus, ou à les y obliger, à l'exception de ceux qu'ils avaient eux-mêmes coutume de rendre dans le passé. De plus, pour parer à la dépravation et à l'appétit du gain d'hommes mauvais, Nous décrétons que personne ne doit avoir l'audace de violer un cimetière juif, ou de le mépriser, ou encore de déterrer des corps déjà inhumés pour trouver de l'argent, ... (sont excommuniés ceux qui violent ce décret). Cependant Nous voulons que ceux-là seulement bénéficient de cette protection qui ne se permettent pas de se livrer à des machinations en vue de subvertir la foi chrétienne.
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La primauté du Siège apostolique, qui a été établie non pas par un homme mais par Dieu, et de façon plus juste encore par le Dieu homme, est confirmée en vérité par de nombreux témoignages aussi bien des évangiles que des apôtres, d'où ont procédé par la suite les dispositions canoniques qui affirment de façon unanime que la très sainte Eglise consacrée dans le bienheureux Pierre, le prince des apôtres, a la prééminence sur les autres comme leur maîtresse et leur mère. C'est lui en effet... qui a mérité d'entendre : " Tu es Pierre... Je te donnerai les clés du Royaume des cieux " Mt 16,18 s.
En effet, bien que le premier fondement de l'Eglise et le principal soit le Fils unique de Dieu Jésus Christ, selon ce que dit l'Apôtre : " Car un fondement a été posé, en dehors duquel aucun autre ne peut être posé, et qui est le Christ Jésus " 1Co 3,11, Pierre n'en est pas moins le second fondement de l'Eglise et qui vient au deuxième rang et s'il n'est pas non plus le premier dans le temps, par son autorité, il n'en a pas moins la prééminence parmi les autres dont l'apôtre Paul dit : "Vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés, vous êtes concitoyens des saints et de la famille de Dieu, édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes " Ep 2,20...
Sa primauté, la Vérité elle-même l'a exprimée également par elle-même lorsqu'elle a dit : " Tu seras appelé Cephas " Jn 1,42 : même si cela est traduit par " Pierre ", il n'en est pas moins présenté comme la " tête " de sorte que, de même que la tête a la prééminence parmi les autres membres du corps, puisque aussi bien c'est en elle que vit la plénitude des sens, de même aussi Pierre excelle parmi les apôtres par l'éminence de sa dignité, et ses successeurs parmi tous ceux qui président aux Eglises, tandis que les autres sont appelés à avoir part à la sollicitude en sorte que rien n'est perdu par eux de la plénitude de leur pouvoir. C'est à lui que le Seigneur a confié le souci de paître ses brebis par une parole répétée par trois fois, de sorte qu'est considéré comme étranger au troupeau du Seigneur celui qui ne veut pas l'avoir aussi pour pasteur en ses successeurs. Il n'a pas distingué en effet entre telles brebis et telles autres, mais il a dit simplement : " Pais mes brebis " Jn 21,17, afin qu'on comprenne qu'absolument toutes lui ont été confiées.
Jn 21,7 est expliqué de façon allégorique) : Etant donné que la mer désigne le monde Ps 104,25... par le fait qu'il s'est jeté à la mer, Pierre a manifesté le privilège du pouvoir singulier du pontife, par lequel il avait assumé le gouvernement de l'univers entier, tandis que les autres apôtres étaient comme contenus dans un navire, puisqu'à aucun d'entre eux l'univers entier n'avait été confié, mais qu'à chacun était assignées des provinces particulières, ou plutôt des Eglises déterminées.
...(Une preuve allégorique analogue est tirée de Mt 14,28-31 par le fait que Pierre a marché sur les eaux de la mer, il a montré qu'il a reçu le pouvoir sur tous les peuples.
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Qu'il ait prié pour lui, le Seigneur le reconnaît lorsqu'il dit au moment de la Passion : " J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi. quand tu seras converti, fortifie tes frères " Lc 22,32 ; par là il signifiait manifestement que jamais ses successeurs ne dévieraient de la foi catholique, mais que bien plutôt ils y rappelleraient d'autres et aussi qu'ils confirmeraient les hésitants, et il lui accorda le pouvoir d'en confirmer d'autres par le fait qu'il impose aux autres la nécessité d'obéir. ...
Il lui a dit également... comme tu l'as lu : " Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi aux cieux ",Mt 16,19. Mais si tu trouves que cela a été dit en même temps à tous les apôtres, cela ne l'a pas été aux autres sans lui : mais tu reconnaîtras qu'à lui a été donné par le Seigneur, sans les autres, le pouvoir de lier et de délier, en sorte que ce que le autres ne peuvent pas sans lui, lui-même, du fait du privilège qui lui a été transmis par le Seigneur et de la plénitude du pouvoir qui lui a été accordée, il le peut sans les autres. ...
(Pierre) vit le ciel ouvert et descendre un vase, comme un grand linge qu'on fait descendre du ciel vers la terre. tenu aux quatre coins, et qui contenait tous les quadrupèdes et les serpents de la terre et tous les oiseaux du ciel Ac 10,9-12 ... Et une voix lui dit pour la première fois : " Ce que Dieu a rendu pur, ne l'appelle pas immonde. " Par là est manifestement indiqué que Pierre fut établi à la tête de tous les peuples, puisque ce vase signifie l'univers, et tout ce qui y est contenu, la totalité des nations, des juifs aussi bien que des païens. ...
1996 Denzinger 710