1996 Denzinger 2268


ALEXANDRE VIII : 6 octobre 1689 - 1er févrie



Articles gallicans concernant les droits du pape

2281
1. Le bienheureux Pierre et ses successeurs, vicaires de Jésus Christ, et l'Eglise elle-même ont reçu de Dieu la puissance sur les choses spirituelles et qui regardent le salut éternel, et non pas sur les choses civiles et temporelles, le Seigneur disant : "Mon Royaume n'est pas de ce monde"
Jn 18,36 et encore "Donnez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" Lc 20,25; et c'est pourquoi les paroles de l'Apôtre se tiennent fermement : "Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu ; et celles qui existent ont été ordonnées par Dieu ; c'est pourquoi celui qui s'oppose à la puissance, s'oppose à Dieu" Rm 13,1 s.
Les rois et les souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique par l'ordre de Dieu dans les choses temporelles ; ils ne peuvent pas être déposés directement ou indirectement par l'autorité des clés de l'Eglise ; leurs sujets ne peuvent être dispensés de la soumission et de l'obéissance et relevés du serment de fidélité ; et cette doctrine, nécessaire pour la tranquillité publique et non moins nécessaire à l'Eglise qu'à l'Etat, doit être inviolablement suivie comme conforme à la Parole de Dieu, à la tradition des Pères, et aux exemples des saints.

2282
2. La plénitude de puissance que le Siège apostolique et les successeurs de Pierre, vicaires du Christ, ont sur les choses spirituelles est telle qu'en même temps sont en vigueur et demeurent immuables les décrets du saint concile oecuménique de Constance, dans la quatrième et la cinquième session, sur l'autorité des conciles généraux, approuvés par le Siège apostolique, confirmés par la pratique des pontifes romains eux-mêmes et de l'Eglise tout entière, et toujours observés religieusement par l'Eglise gallicane ; mais ne sont pas approuvés par l'Eglise gallicane ceux qui mettent en cause la force de ces décrets, comme si leur autorité était douteuse et qu'ils étaient moins approuvés, ou qui restreignent les affirmations du concile au seul temps de schisme.

2283
3. C'est pourquoi l'exercice de la puissance apostolique doit être réglé suivant les canons établis par l'Esprit de Dieu et conservés par la révérence du monde entier ; valent aussi les règles, les moeurs et les constitutions reçues par le royaume et l'Eglise gallicane, et les bornes posées par les Pères demeurent inébranlables ; et il est même de la grandeur du Siège apostolique que les lois et les coutumes qui ont été confirmées par le consentement d'un Siège si important et les Eglises possèdent la stabilité qui leur revient.

2284
4. De même dans les questions concernant la foi le pape a la part principale, et ses décrets valent pour toutes et chacune des Eglises ; son jugement cependant n'est pas irréformable, à moins que le consentement de l'Eglise n'intervienne.

2285
(Sentence judiciaire de la bulle :) Toutes et chacune des choses qui ont été décidées et faites par ladite Assemblée du clergé gallican qui s'est tenue en 1682, tant touchant l'extension du droit régalien que touchant la déclaration sur la puissance ecclésiastique et les quatre propositions qu'elle contient, avec tous et chacun des mandements, arrêtés, confirmations, déclarations, lettres, édits, décrets faits ou publiés par des personnes quelconques, soit ecclésiastiques, soit laïques, quelle que soit leur qualité, et quelle que soit leur autorité ou leur pouvoir, et qui exigeraient aussi une mention particulière,... par la teneur des présentes Nous déclarons toutes ces choses de plein droit nulles et non avenues, invalides et vaines, pleinement et entièrement dénuées de force et d'effet dès leur principe, et qu'elles le sont encore et qu'elles le seront à perpétuité ; et que personne n'est tenu de les observer, ou quelqu'une d'entre elles, fussent-elles munies du sceau du serment.


Décret du Saint-Office, 24 août 1690

Erreurs sur le bien moral et sur le péché philosophique

2290
1. La bonté objective consiste dans la conformité de l'objet avec la nature rationnelle ; la bonté formelle en revanche consiste dans la conformité de l'acte avec la règle des moeurs. Pour cela il suffit que l'acte moral tende à la fin dernière de manière interprétative, et cette fin, l'homme n'est pas tenu de l'aimer ni au début, ni au cours de sa vie morale.

2291
2. Le péché philosophique ou moral est un acte humain qui disconvient à la nature humaine et à la droite raison le péché théologique en revanche est une transgression libre de la Loi divine. Quelque grave qu'il soit, ce péché philosophique est, dans celui qui ne connaît pas Dieu ou qui ne pense pas actuellement à Dieu, un péché grave, mais il n'est pas une offense à Dieu ni un péché mortel faisant perdre l'amitié de Dieu, et il ne mérite pas la peine éternelle.

2292
(Censure : ) Propos. 1 : hérétique. - 2 : scandaleuse, téméraire, offensante pour les oreilles pies, erronée.


Décret du Saint-Office, 7 décembre 1690

Erreurs des jansénistes

2301
1. Dans l'état de la nature déchue, pour qu'il y ait péché mortel (formel) et démérite, il suffit de cette liberté par laquelle le péché a été volontaire et libre dans sa cause : le péché d'Adam.

2302
2. Même s'il y avait ignorance invincible du droit naturel, dans l'état de nature déchue elle n'excuse pas du péché formel (matériel) celui qui agit en vertu d'elle.

2303
3. Il n'est pas permis de suivre une opinion (probable), ou la plus probable entre celles qui sont probables.

2304
4. Le Christ s'est offert lui-même en sacrifice à Dieu pour nous, non pas pour les seuls élus, mais pour tous les fidèles et eux seuls.

2305
5. Les païens, les juifs, les hérétiques, et d'autres semblables, ne reçoivent aucune influence de Jésus Christ ; et on peut en conclure justement que la volonté est en eux nue et désarmée, sans aucune grâce suffisante.

2306
6. Pour l'état qui est le nôtre, la grâce suffisante n'est pas tant utile que pernicieuse, en sorte que c'est à juste titre que nous pouvons prier : De la grâce suffisante, délivre nous Seigneur.

2307
7. Toute action humaine délibérée est amour de Dieu ou amour du monde ; si elle est amour de Dieu, elle est charité du Père ; si elle est amour du monde, elle est concupiscence de la chair, c'est-à-dire mauvaise.

2308
8. L'infidèle pèche nécessairement en toutes ses oeuvres.

2309
9. Celui-là pèche vraiment qui ne hait le péché qu'en raison de sa turpitude et de sa disconvenance par rapport a la nature, sans considérer d'aucune manière l'offense à Dieu.

2310
10. L'intention par laquelle quelqu'un déteste le mal et ne poursuit le bien que pour obtenir la gloire céleste, n'est ni droite, ni agréable à Dieu.

2311
11. Tout ce qui ne provient pas de la foi chrétienne surnaturelle qui agit par amour est péché.

2312
12. Lorsque dans les grands pécheurs tout amour fait défaut, la foi aussi fait défaut ; et même s'ils semblent croire, ce n'est pas une foi divine mais humaine.

2313
13. Quiconque aime Dieu, même en vue de la récompense éternelle, si la charité lui fait défaut, le vice ne lui fait pas défaut, si souvent qu'il puisse agir en vue de la béatitude.

2314
14. La crainte de l'enfer n'est pas surnaturelle.

2315
15. L'attrition qu'on conçoit par la crainte de l'enfer et des peines, sans l'amour de Dieu pour lui-même, n'est pas un mouvement bon et surnaturel.

2316
16. L'ordonnance qui place la satisfaction avant l'absolution n'a pas été introduite par la discipline ou l'institution de l'Eglise, mais vient de la Loi et de la prescription du Christ lui-même, la nature de la chose le dictant ainsi en quelque sorte.

2317
17. Par cette pratique d'absoudre aussitôt, l'ordonnance de la pénitence a été inversée.

2318
18. La coutume moderne relative à l'administration de la pénitence, même si elle est soutenue par l'autorité de nombreux hommes et confirmée par une longue durée de temps, pour autant n'est pas tenue par l'Eglise comme un usage mais comme un abus.

2319
19. L'homme doit faire pénitence toute sa vie pour le péché originel.

2320
20. Les confessions faites aux religieux sont la plupart ou sacrilèges, ou invalides.

2321
21. Un paroissien peut soupçonner que les religieux mendiants, qui vivent d'aumônes ordinaires, pour obtenir ou gagner un bien temporel, imposent une peine trop légère ou mal proportionnée.

2322
22. Il faut considérer comme impies ceux qui prétendent avoir droit à la communion avant d'avoir fait une pénitence proportionnée à leurs péchés.

2323
23. De même il faut éloigner de la sainte communion ceux que n'habite pas encore un amour de Dieu très pur et sans mélange.

2324
24. L'offrande que la Vierge Marie a faite au Temple, le jour de la purification, de deux colombes, l'une pour l'holocauste et l'autre pour les péchés, atteste suffisamment qu'elle avait besoin de purification, et que le fils qui avait présenté était entaché des taches de la mère, selon les paroles de la Loi.

2325
25. Il n'est pas permis à un chrétien de placer dans un temple chrétien une image de Dieu le Père (assis).

2326
26. La louange adressée à Marie comme Marie est vaine.

2327
27. Il fut un temps où un baptême conféré sous cette forme : "Au nom du Père, etc.", en omettant "Je te baptise", était valide.

2328
28. Un baptême est valide lorsqu'il a été conféré par un ministre qui observe tout le rite extérieur et la forme, mais qui intérieurement, dans son coeur et à part soi, décide : je n'ai pas l'intention de faire ce que fait l'Eglise.

2329
29. C'est une affirmation futile et réfutée de nombreuses fois, que celle de l'autorité du pape au-dessus du concile oecuménique et de l'infaillibilité dans les questions de foi.

2330
30. Lorsque quelqu'un a trouve' une doctrine clairement établie chez Augustin, il faut absolument la soutenir et l'enseigner, sans avoir égard à aucune bulle du pape.

2331
31. La bulle In eminenti d'Urbain VIII a été obtenue par ruse.

(Censure : condamnées et prohibées comme étant) selon le cas, téméraires, scandaleuses, malsonnantes, proches de l'hérésie, sentant l'hérésie, erronées, schismatiques et hérétiques.




INNOCENT XII : 12 JUILLET 1691-27 septembre



Réponse du Saint-Office à des missionnaires capucins, 23 Juillet 1698

Le mariage comme sacrement

2340
Question : Un mariage entre personnes qui ont apostasié la foi et qui auparavant ont été régulièrement baptisées, s'il est conclu après l'apostasie de façon publique selon la coutume des païens et des mahométans, est- il véritablement un mariage et un sacrement ?

Réponse : S'il existe un pacte de dissolubilité, ce n'est ni un mariage ni un sacrement ; Si un tel pacte n'existe pas, il s'agit d'un mariage et d'un sacrement.

Erreurs de François de Fénelon concernant l'amour de Dieu

2351
1.- 11 y a un état habituel d'amour de Dieu, qui est une charité pure et sans aucun mélange du motif de l'intérêt propre. Ni la crainte des châtiments, ni le désir des récompenses n'ont plus de part a' cet amour : on n'aime plus Dieu ni pour le mérite, ni pour la perfection, ni pour le bonheur qu'on trouve en l'aimant.

2352
2.- Dans l'état de la vie contemplative ou unitive, on perd tout motif intéressé de crainte ou d'espérance.

2353
3.- Ce qui est essentiel dans la direction est de ne faire que suivre pas à pas la grâce avec une patience, une précaution et une délicatesse infinie. il faut se borner à laisser faire Dieu, et ne parler jamais du pur amour que lorsque Dieu, par l'onction intérieure, commence à ouvrir le coeur à cette parole, qui est si dure aux âmes encore attachées à elles-mêmes, et si capable de les scandaliser et de les jeter dans le trouble.

2354
4.- Dans l'état de la sainte indifférence, l'âme n'a plus de désirs volontaires et délibérés pour son intérêt, excepté dans les occasions où elle ne coopère pas fidèlement à toute la grâce.

2355
5. Dans cet état de la sainte indifférence, on ne veut rien pour soi, mais on veut tout pour Dieu ; on ne veut rien pour être parfait ni bienheureux dans son propre intérêt, mais on veut toute perfection et toute béatitude, autant qu'il plaît à Dieu de nous faire vouloir ces choses par l'impression de sa grâce.

2356
6. En cet état de la sainte indifférence, on ne veut plus le salut comme salut propre, comme délivrance éternelle, comme récompense de nos mérites, comme le plus grand de tous nos intérêts ; mais on le veut d'une volonté pleine, comme la gloire et le bon plaisir de Dieu, comme une chose qu'il veut et qu'il veut que nous voulions pour lui.

2357
7. L'abandon n'est que l'abnégation ou renoncement de soi-même que Jésus Christ nous demande dans l'Evangile, après que nous aurons tout quitté au- dehors. Cette abnégation de nous-mêmes n'est que pour l'intérêt propre. ... Les épreuves où cet abandon doit être exercé sont les tentations par lesquelles Dieu jaloux veut purifier l'amour, en ne lui faisant voir aucune ressource ni aucune espérance pour son intérêt propre, même éternel.

2358
8. Tous les sacrifices que les âmes les plus désintéressées font d'ordinaire sur leur béatitude éternelle sont conditionnels. Mais ce sacrifice ne peut être absolu dans l'état ordinaire : il n'y a que le cas des dernières épreuves où ce sacrifice soit en quelque manière absolu.

2359
9. Dans les dernières épreuves, une âme peut être invinciblement persuadée, d'une persuasion réfléchie et qui n'est pas le fond intime de la conscience, qu'elle est justement éprouvée par Dieu.

2360
10. Alors l'âme, divisée d'elle-même, expire sur la croix avec le Christ, en disant : " Ô mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? "
Mt 27,46 Dans cette même impression involontaire de désespoir, elle fait le sacrifice absolu de son intérêt propre pour l'éternité.

2361
11. En cet état, l'âme perd toute espérance pour son propre intérêt ; mais elle ne perd jamais dans sa partie supérieure, c'est-à-dire dans ses actes directs et intimes l'espérance parfaite qu'est le désir désintéressé des promesses.

2362
12. Un directeur peut alors laisser faire à cette âme un acquiescement simple à la perte de son intérêt propre, et à la condamnation juste où elle croit être de la part de Dieu.

2363
13. La partie inférieure de Jésus Christ sur la croix ne communiquait pas à la partie supérieure son trouble involontaire.

2364
14. I1 se fait dans les dernières épreuves, pour la purification de l'amour, une séparation de la partie supérieure de l'âme d'avec l'inférieure. ... Les actes de la partie inférieure, dans cette séparation, sont d'un trouble entièrement aveugle et involontaire, parce que tout ce qui est intellectuel et volontaire est de la partie supérieure.

2365
15. La méditation consiste dans des actes discursifs qui sont faciles à distinguer les uns des autres. ... Cette composition d'actes discursifs et réfléchis est propre à l'exercice de l'amour intéressé.

2366
16. Il y a un état de contemplation si haute et si parfaite qu'il devient habituel : en sorte que toutes les fois qu'une âme se met en actuelle oraison, son oraison est contemplative et non discursive ; alors elle n'a plus besoin de revenir à la méditation ni à ses actes méthodiques.

2367
17. Les âmes contemplatives sont privées de la vue distincte, sensible et réfléchie de Jésus Christ, en deux temps différents. Premièrement dans la ferveur naissante de leur contemplation ; secondement une âme perd de vue Jésus Christ dans les dernières épreuves.

2368
18. Dans l'état passif on exerce toutes les vertus distinctes sans penser qu'elles sont vertus ; on ne pense qu'à faire ce que Dieu veut ; et l'amour jaloux fait tout ensemble qu'on ne veut plus être vertueux pour soi, et qu'on ne l'est jamais tant que quand on n'est pas attaché à l'être.

2369
19.- On peut dire en ce sens que l'âme passive et désintéressée ne veut plus même l'amour en tant qu'il est sa perfection et son bonheur ; mais seulement en tant qu'il est ce que Dieu veut de nous.

2370
20.- Les âmes transformées doivent, en se confessant, détester leurs fautes, les condamner et désirer la rémission de leurs péchés, non comme leur propre perfection et délivrance, mais comme quelque chose que Dieu veut et qu'il veut que nous voulions pour sa gloire.

2371
21. - Les saints mystiques ont exclu de l'état des âmes transformées les pratiques de vertu.

2372
22. - Quoique cette doctrine (du pur amour) fût la pure et simple perfection de l'Evangile, marquée dans toute la tradition, les anciens pasteurs ne proposaient d'ordinaire, au commun des sujets, que les pratiques de l'amour intéressé, proportionnées à leur grâce.

2373
23. - Le pur amour fait lui seul la vie intérieure, et devient alors l'unique principe et l'unique motif de tous les actes délibérés et méritoires.

2374
(Censure ) ... Le livre susdit..., dont la lecture et l'usage peuvent entraîner peu à peu les fidèles à des erreurs déjà condamnées par l'Eglise catholique, et qui de surcroît contient des propositions qui soit dans leur sens obvie, soit compte tenu de leur contexte, sont respectivement téméraires (1 s, 8, 10, 15-20, 22), scandaleuses (7, 10, 12, 19-21), malsonnantes (4-6, 23), offensantes aux oreilles pieuses (8, 18), pernicieuses dans la pratique (2, 14, 17), et même erronées (1-7, 1O s,13 ,17-19 , 22 s), par la teneur des présentes nous condamnons et réprouvons, et... interdisons l'impression de ce livre.




CLEMENT XI : 23 novembre 1700 - 19 Mars 17


Réponse du Saint-Office à l'évêque de Québec, 25 janvier 1703.

Vérités nécessaires à croire, parce que communiquant le salut

2380
Question : Avant de conférer le baptême à un adulte le ministre est-il tenu de lui expliquer tous les mystères de notre foi, surtout s'il est moribond, du moment que cela troublerait son esprit ? Ou ne suffirait-il pas que le moribond promette que, dès qu'il sera guéri de sa maladie, il se préoccupera de recevoir une instruction de manière à mettre en pratique ce qui lui aura été prescrit ? ...Réponse : La promesse ne suffit pas, et le missionnaire est tenu, même pour un moribond, s'il ne se trouve pas dans un état d'incapacité totale, d'expliquer les mystères de la foi qui sont nécessaires (au salut) d'une nécessité de moyen, comme le sont principalement les mystères de la Trinité et de l'Incarnation.



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Québec, 10 mai 1703.

La foi et l'intention chez celui qui reçoit le sacrement

2381
Question 2 : Est-il possible de baptiser un adulte inculte et stupide, comme il est arrivé pour un barbare, s'il lui est communiqué seulement la connaissance de Dieu et quelques-uns de ses attributs, en particulier celui de la justice rémunératrice et vindicative, selon le passage de l'Apôtre celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'il est et qu'il rétribue
He 11,6 d'où l'on conclut que dans le cas d'une urgente nécessité un adulte peut être baptisé même s'il ne croit pas explicitement en Jésus Christ ?
Réponse : Un missionnaire ne peut pas baptiser quelqu'un qui ne croit pas explicitement au Seigneur Jésus Christ, et il est tenu de l'instruire au sujet de toutes les choses qui sont nécessaires (au salut) de nécessité de moyen, selon la capacité de celui qui doit être baptisé.

2382
Question 8 : Le viatique ou l'extrême-onction peuvent-ils être donnés à des adultes moribonds que nous avons crus aptes à recevoir le baptême, mais non la communion et les autres sacrements ?

Réponse : Le viatique ne doit pas être administré à un néophyte moribond s'il ne discerne pas au moins la nourriture spirituelle de la nourriture corporelle, en reconnaissant et en croyant la présence du Christ Seigneur dans l'hostie. De même le sacrement de l'extrême-onction ne doit pas être conféré à un néophyte moribond que le missionnaire a cru apte à recevoir le baptême, s'il n'a pas au moins une certaine intention de recevoir l'onction sainte destinée au bien de l'âme au moment de la mort.



Constitution " Vineam Domini Sabaoth ", 16 juillet 1705

Le silence obéissant concernant les faits dogmatiques

2390
Par. 6 ou 25. Afin que soit totalement coupée désormais toute occasion d'erreur, et que tous les fils de l'Eglise catholique apprennent à écouter cette même Eglise, non seulement en se taisant (car les ennemis également se taisent dans les ténèbres
1S 2,9, mais également par l'obéissance intérieure, laquelle est la véritable obéissance de l'homme à la foi droite, Nous décidons, déclarons, déterminons et ordonnons en vertu de la même autorité apostolique par cette constitution qui est la nôtre et qui vaudra toujours, qu'on ne satisfait aucunement par ce silence respectueux à l'obéissance due à la constitution apostolique précitée ; mais que le sens condamné dans les cinq propositions de Jansénius précitées, que les termes de celles-ci expriment comme il est exprimé, doit être rejeté et condamné comme hérétique par tous les fidèles, non seulement de bouche, mais de coeur ; et que le formulaire susdit ne peut pas être signé licitement avec une autre intention, un autre esprit ou une autre conviction, de sorte que tous ceux qui sur tous ces points et sur chacun en particulier pensent, tiennent, enseignent oralement ou par écrit, ou affirment autre chose ou l'opposé, transgressent la constitution apostolique précitée et sont de ce fait sous le coup de toutes et de chacune des censures qu'elle contient.



Constitution " Unigenitus Dei Filius ", 8 septembre 1713.

Erreurs jansénistes de Pasquier Quesnel

2400
Par. 2 ... Nous savons pertinemment que ce qu'il y a de très pernicieux dans ce livre se répand et s'accroît surtout parce que cela se trouve caché au- dedans, et ne viendra au-dehors, comme une mauvaise sanie, que si l'ulcère est percé ; car le livre lui-même séduit le lecteur au premier regard par une certaine apparence de piété...

2401
Par. 3. 1. Que reste-t-il à une âme qui a perdu Dieu et sa grâce, sinon le péché et ses suites, une orgueilleuse pauvreté et une indigence paresseuse, c'est-à-dire une impuissance générale au travail, à la prière et à toute oeuvre bonne ? Cette proposition se trouve dans les Observations morales de Quesnel sur
Lc 16,3.

2402
2. La grâce de Jésus Christ, principe efficace de toute sorte de bien, est nécessaire pour toute oeuvre bonne ; sans elle non seulement rien ne se fait, mais rien ne peut se faire. -
Jn 15,5 : éd. de 1693.

2403
3. En vain tu commandes, Seigneur, si tu ne donnes pas toi-même ce que tu commandes. -
Ac 16,10.

2404
4. Oui Seigneur, tout est possible à celui à qui tu rends tout possible en le faisant en lui. -
Mc 9,22.

2405
5. Quand Dieu n'amollit pas le coeur par l'onction intérieure de sa grâce, les exhortations et les grâces extérieures ne servent qu'à l'endurcir davantage. -
Rm 9,18 éd. De 1693.

2406
6. La différence entre l'alliance judaïque et l'alliance chrétienne est que dans celle-là Dieu exigeait du pécheur de renoncer au péché et d'accomplir la Loi, en le laissant à l'impuissance, mais dans celle-ci Dieu donne au pécheur ce qu'il commande, en le purifiant par sa grâce. -
Rm 11,27.

2407
7. Quel avantage pour l'homme dans l'Alliance ancienne, où Dieu l'a laissé à sa propre infirmité lorsqu'il lui a imposé sa Loi ? Mais quelle n'est pas la félicité d'être admis dans une Alliance où Dieu nous donne ce qu'il demande. -
He 8,7.

2408
8. Nous n'appartenons à la Nouvelle Alliance qu'autant que nous avons part à la nouvelle grâce, qui opère en nous ce que Dieu nous commande. -
He 8,10.

2409
9. La grâce du Christ est la grâce suprême, sans laquelle nous ne pouvons jamais confesser le Christ, et avec laquelle nous ne le renions jamais. -
1Co 12,3 éd. de 1693.

2410
10. La grâce est l'opération de la main de Dieu que rien ne peut empêcher ni retarder. -
Mt 20,34.

2411
11. La grâce n'est pas autre chose que la volonté toute puissante de Dieu qui commande et qui fait ce qu'il commande. -
Mc 2,11.

2412
12. Quand Dieu veut sauver l'âme, en tout temps, en tout lieu, l'indubitable effet suit le vouloir de Dieu. -
Mc 2,12.

2413
13. Quand Dieu veut sauver une âme, et qu'il la touche de la main intérieure de sa grâce, nulle volonté ne lui résiste. -
Lc 5,13 éd. de 1693.

2414
14. Quelque éloigné que soit du salut un pécheur obstiné, quand Jésus se fait voir à lui par la lumière salutaire de sa grâce, il faut qu'il se rende, qu'il accoure, qu'il s'humilie, et qu'il adore son Sauveur. -
Mc 5,67 éd. de 1693.

2415
15. Quand Dieu accompagne son commandement et sa parole extérieure de sa grâce, elle opère dans le coeur l'obéissance qu'elle demande. -
Lc 9,60.

2416
16. Il n'y a pas de charmes qui ne cèdent aux charmes de la grâce, parce que rien ne résiste au Tout-Puissant.
Ac 8,12.

2417
17. La grâce est cette voix du Père qui enseigne intérieurement les hommes et les fait venir à Jésus Christ. Quiconque ne vient pas à lui après avoir entendu la voix intérieure du Fils, n'est pas enseigné par le Père. -
Jn 6,45


2418
18. La semence de la parole que la main de Dieu arrose porte toujours son fruit. -
Ac 11,21.

2419
19. La grâce de Dieu n'est pas autre chose que sa volonté toute-puissante : c'est l'idée que Dieu lui-même nous donne dans toutes ses Ecritures. -
Rm 14,4 édition 1693.

2420
20. La vraie idée de la grâce est que Dieu veut que nous lui obéissions, et il est obéi ; il commande et tout se fait ; il parle en maître, et tout lui est soumis. -
Mc 4,39.

2421
21. La grâce de Jésus Christ est une grâce forte, puissante, souveraine, invincible, puisqu'elle est l'opération de la volonté toute- puissante, une suite et une imitation de Dieu incarnant et ressuscitant son Fils.
2Co 5,21 éd. de 1693.


2422
22. L'accord de l'opération toute-puissante de Dieu dans le coeur de l'homme avec le libre consentement de la volonté, nous est montré aussitôt dans l'Incarnation, comme dans la source et le modèle de toutes les autres opérations de miséricorde et de grâce, et toutes aussi gratuites et dépendantes de Dieu que cette opération originelle elle-même. -
Lc 1,48.


2423
23. Dieu nous a donné lui-même l'idée de l'opération toute- puissante de sa grâce, en la signifiant par celle par laquelle il tire les créatures de rien et redonne la vie aux morts. -
Rm 4,17.

2424
24. L'idée juste qu'a le centurion de la toute-puissance de Dieu et de Jésus Christ pour guérir les corps par le seul mouvement de sa volonté, est l'image de l'idée qu'on doit avoir de la toute-puissante de sa grâce pour guérir les âmes de la cupidité. -
Lc 7,7.

2425
25. Dieu illumine l'âme, et la guérit ainsi que le corps, par sa seule volonté : il commande et il est obéi. -
Lc 18,42.

2426
26. Il n'est pas donné de grâces, sinon par la foi. -
Mc 11,25


2427
27. La foi est la première grâce et la source de toutes les autres. -
2P 1,3


2428
28. La première grâce que Dieu accorde au pécheur est la rémission des péchés. -
Mc 11,25.

2429
29. Hors de l'Eglise aucune grâce n'est concédée. -
Lc 10,35-36


2430
30. Tous ceux que Dieu veut sauver par Jésus Christ, sont sauvés infailliblement. -
Jn 6,40.

2431
31. Les souhaits de Jésus Christ ont toujours leur effet : il porte la paix à l'intime des coeurs quand il la leur désire. -
Jn 20,19.

2432
32. Jésus s'est livré à la mort afin de libérer pour toujours par son sang les premiers-nés, c'est-à-dire les élus, de la main de l'ange exterminateur. -

2433
33. Oh ! combien il faut avoir renoncé aux choses de la terre et à soi-même pour avoir la confiance de s'approprier, pour ainsi dire, le Christ Jésus, son amour, sa mort, son mystère, comme le fait Paul en disant : "Il m'a aimé et s'est livré pour moi. " - .

2434
34. La grâce d'Adam ne produisait que des mérites humains. -
2Co 5,21 éd. 1693.

2435
35. La grâce d'Adam est une suite de la création et était due à la nature sainte et intègre. -
2Co 5,21.

2436
36. La différence essentielle entre la grâce d'Adam et l'état d'innocence, et la grâce chrétienne est que chacun aurait reçu la première en sa propre personne, tandis que celle-ci n'est pas reçue sinon dans la personne de Jésus Christ ressuscité à qui nous sommes unis. -
Rm 7,4.

2437
37. La grâce d'Adam, du fait qu'elle le sanctifiait lui-même, lui était proportionnée ; la grâce chrétienne nous sanctifiant en Jésus Christ est toute- puissante et digne du Fils de Dieu. -
Ep 1,6.

2438
38. Le pécheur n'est libre que pour le mal sans la grâce du libérateur. -
Lc 8,9


2439
39. La volonté que la grâce ne prévient pas n'a de lumière que pour s'égarer, d'ardeur que pour se précipiter, de force que pour se blesser. Elle est capable de tout mal et incapable de tout bien. -
Mt 20,34.

2440
40. Sans la grâce nous ne pouvons rien aimer, sinon pour notre condamnation. -
2Th 3,18 éd. 1693.

2441
41. Toute connaissance de Dieu, même naturelle, même dans les philosophes païens, ne peut venir que de Dieu, et sans la grâce elle ne produit que présomption, vanité, et opposition à Dieu lui-même, au lieu des sentiments d'adoration, de gratitude et d'amour. -
Rm 1,19.

2442
42. Seule la grâce rend l'homme apte au sacrifice de la foi : sans cela, rien qu'impureté, rien qu'indignité.
Ac 11,9.

2443
43. Le premier effet de la grâce baptismale est de faire que nous mourions au péché, de sorte que l'esprit, le coeur et les sens n'ont pas davantage de vie pour le péché qu'un homme mort n'en a pour les choses du monde. -
Rm 6,2 éd. de 1693.

2444
44. Il n'y a que deux amours, d'où naissent toutes nos volontés et nos actions : l'amour de Dieu qui fait tout pour Dieu et que Dieu récompense, et l'amour par lequel nous nous aimons nous-mêmes et le monde, qui ne rapporte pas à Dieu ce qui doit lui être rapporté, et qui par cela même devient mal. -
Jn 5,29


2445
45. Lorsque l'amour de Dieu ne règne plus dans le coeur des pécheurs, nécessairement la cupidité charnelle y règne et corrompt toutes leurs actions. -
Lc 15,13 éd. de 1693.

2446
46. La cupidité ou la charité rendent l'usage des sens bon ou mauvais. -
Mt 5,28


2447
47. L'obéissance à la Loi doit couler de source, et cette source est la charité. Quand l'amour de Dieu en est le principe intérieur, et sa gloire, sa fin, alors ce qui appartient à l'extérieur est pur ; sans cela ce n'est qu'hypocrisie et fausse justice. -
Mt 25,26 éd. de 1693.

2448
48. Que pouvons-nous être d'autre, sinon ténèbres, égarement et péché, sans la lumière de la foi, sans le Christ, et sans la charité ? -
Ep 5,8


2449
49. De même qu'il n'y a pas de péché sans amour de nous-mêmes, de même il n'y a pas d'oeuvre bonne sans amour de Dieu. -
Mc 7,22-23.

2450
50. C'est en vain que nous crions vers Dieu : "Mon Père", si ce n'est pas l'esprit de charité qui crie. -
Rm 8,15.

2451
51. La foi justifie lorsqu'elle opère, mais elle n'opère que par la charité. -
Ac 13,39.

2452
52. Tous les autres moyens de salut sont contenus dans la foi comme dans leur germe et leur semence ; mais ce n'est pas une foi sans amour ni sans confiance. -
Ac 10,43.

2453
53. Seule la foi accomplit chrétiennement (les actions chrétiennes) par le rapport à Dieu et à Jésus Christ. -
Col 3,14.

2454
54. C'est la charité seule qui parle à Dieu ; c'est elle seule que Dieu entend. -
1Co 13,1.

2455
55. Dieu ne couronne que la charité ; qui court en vertu d'un autre mouvement et pour un autre motif, court en vain.
1Co 9,24.

2456
56. Dieu ne récompense que la charité, presque seule la charité honore Dieu. -
Mt 25,36.

2457
57. Tout manque à un pécheur quand il lui manque l'espérance ; et il n'y a pas d'espérance en Dieu là où il n'y a pas amour de Dieu. -
Mt 27,5


2458
58. Il n'y a ni Dieu, ni religion, là où il n'y a pas charité.-
1Jn 4,8.

2459
59. La prière des impies est un nouveau péché ; et ce que Dieu leur accorde, est un nouveau jugement pour eux. -
Jn 10,25 éd. de 1693.

2460
60. Si la seule crainte du supplice anime le repentir, plus ce repentir est violent, plus il conduit au désespoir. -
Mt 27,5.

2461
61. La crainte n'arrête que la main ; le coeur cependant est livré au péché aussi longtemps qu'il n'est pas conduit par l'amour. -
Lc 20,19.

2462
62. Celui qui ne s'abstient du mal que par crainte de la peine le commet dans son coeur, et il est déjà coupable devant Dieu. -
Mt 21,46.

2463
63. Un baptisé est encore sous la Loi comme un juif s'il n'accomplit pas la loi, ou s'il l'accomplit par la seule crainte. -
Rm 6,14.

2464
64. Sous la malédiction de la Loi on ne fait jamais le bien, parce qu'on pèche soit en faisant le mal, soit en ne l'évitant que par la crainte. -


2465
65. Moïse, les prophètes, les prêtres et les docteurs de la Loi sont morts sans qu'ils aient donné de fils à Dieu, puisqu'ils n'ont fait que des esclaves par la crainte. -
Mc 12,19.

2466
66. Celui qui veut s'approcher de Dieu ne doit ni venir à lui avec des pensées brutales, ni se conduire par un instinct naturel, ou par la crainte, comme les bêtes, mais par la foi et l'amour comme des fils. -
He 12,20 éd. de 1693.

2467
67. La crainte servile ne se représente Dieu que comme un maître dur, impérieux, injuste, intraitable. -
Lc 19,21 éd. de 1693.

2468
68. Dieu a abrégé la voie du salut en incluant tout dans la foi et les prières. -
Ac 2,21.

2469
69. La foi, l'usage, l'accroissement et la récompense de la foi, tout cela est un don de la pure libéralité de Dieu. -
Mc 9,22.

2470
70. Dieu n'afflige jamais des innocents, et les afflictions servent toujours, soit à punir le péché, soit à purifier le pécheur. -
Jn 9,3.

2471
71. L'homme peut se dispenser, pour sa conservation, de cette loi que Dieu a établie pour son utilité. -
Mc 2,28.

2472
72. La note de l'Eglise est qu'elle est catholique, comprenant et tous les anges du ciel, et tous les élus, et les justes de la terre et de tous les siècles. -
He 12,22-24.

2473
73. Qu'est l'Eglise, sinon l'assemblée des fils de Dieu qui demeurent dans son sein, adoptés en Jésus Christ, subsistant en sa personne, rachetés par son sang, vivant de son Esprit, agissant par sa grâce et attendant la paix du siècle à venir ? -
2Th 1,1s éd. de 1693.

2474
74. L'Eglise, ou le Christ entier, a pour tête le Verbe incarné et pour membres tous les saints. -
1Tm 3,16.

2475
75. L'Eglise est un seul homme, composé de plusieurs membres, dont le Christ est la tête, la vie, la substance et la personne : un seul Christ composé de plusieurs saints dont il est le sanctificateur. -
Ep 2,14-16.

2476
76. Rien de plus spacieux que l'Eglise, puisque tous les élus et les justes de tous les siècles la composent. -
Ep 2,22.

2477
77. Qui ne mène pas une vie digne d'un fils de Dieu et d'un membre du Christ cesse d'avoir intérieurement Dieu pour Père et le Christ pour tête. -
1Jn 2,24
éd. de 1693.

2478
78. Quelqu'un est séparé du peuple élu, dont le peuple juif était la figure et dont le Christ est la tête, aussi bien en ne vivant pas selon l'Evangile qu'en ne croyant pas à l'Evangile. -
Ac 3,23.

2479
79. Il est utile et nécessaire en tout temps, en tous lieux, et à toutes sortes de personnes d'étudier et de connaître l'esprit, la piété et les mystères de la sainte Ecriture. -
1Co 14,5.

2480
80. La lecture de l'Ecriture est pour tout le monde. -
Ac 8,28


2481
81. L'obscurité sainte de la Parole de Dieu n'est pas pour les laïcs une raison pour se dispenser de sa lecture. -
Ac 8,28.

2482
82. Le dimanche doit être sanctifié par des lectures de piété et surtout par celle des saintes Ecritures. Il est condamnable de vouloir écarter les chrétiens de cette lecture. - .

2483
83. C'est une illusion de s'imaginer que la connaissance des mystères de la religion ne doive pas être communiquée aux femmes par la lecture des livres saints. Ce n'est pas de la simplicité des femmes, mais de la science orgueilleuse des hommes qu'est venu l'abus des Ecritures et que sont nées les hérésies. -
Jn 4,26.

2484
84. Arracher le Nouveau Testament de la main des chrétiens ou le leur tenir fermé, en leur ôtant le moyen de le comprendre, c'est leur fermer la bouche du Christ. -
Mt 5,2.

2485
85. Interdire aux chrétiens la lecture de la sainte Ecriture, et surtout de l'Evangile, c'est interdire l'usage de la lumière aux fils de lumière et leur faire souffrir une espèce d'excommunication. -
Lc 11,33 éd. de 1693.

2486
86. Ravir au simple peuple la consolation d'unir sa voix à la voix de toute l'Eglise est un usage contraire à la pratique apostolique et au dessein de Dieu. -
1Co 14,16.

2487
87. C'est une conduite pleine de sagesse, de lumière et de charité, que de donner aux âmes le temps de porter avec humilité et de sentir l'état de péché, de demander l'esprit de pénitence et de contrition et de commencer, au moins, à satisfaire à la justice de Dieu, avant que de les réconcilier. -
Ac 8,9.

2488
88. Nous ignorons ce qu'est le péché et la vraie justice quand nous voulons être rétablis aussitôt dans la possession des biens dont le péché nous a dépouillés, et que nous ne voulons pas porter la confusion de cette séparation. -
Lc 17,11-12.

2489
89. Le quatorzième degré de la conversion du pécheur consiste en ce que, lorsqu'il a déjà été réconcilié, il a le droit d'assister au sacrifice de l'Eglise. -
Lc 15,23.

2490
90. L'Eglise a l'autorité d'excommunier, pour l'exercer par les premiers pasteurs du consentement au moins présumé de tout le corps. -
Mt 18,17


2491
91. La crainte d'une excommunication injuste ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir ; nous ne sortons jamais de l'Eglise, même quand nous semblons en être expulsés par la méchanceté des hommes, aussi longtemps que nous sommes attachés à Jésus Christ et à l'Eglise par la charité. -
Jn 9,22-23


2492
92. Plutôt souffrir en paix l'excommunication et l'anathème injuste que de trahir la vérité, c'est imiter saint Paul ; cela est loin de s'ériger contre l'autorité ou de rompre l'unité.
Rm 9,3.

2493
93. Jésus guérit quelquefois les blessures que la précipitation des premiers pasteurs inflige dans son ordre ; Jésus rétablit ce qu'ils retranchent par un zèle inconsidéré. -
Jn 18,11.

2494
94. Rien ne donne une plus mauvaise opinion de l'Eglise à ses ennemis que d'y voir exercer une domination sur la foi des fidèles et des divisions y être entretenues pour des choses qui ne blessent ni la foi ni les moeurs. -
Rm 14,16


2495
95. Les vérités en sont venues à être comme une langue étrangère pour la plupart des chrétiens, et la manière de les prêcher est comme un langage inconnu tant elle est éloignée de la simplicité des apôtres et au-dessus de la portée commune des fidèles ; et on ne considère pas assez que cette déficience est un des signes les plus sensibles de la vieillesse de l'Eglise et de la colère de Dieu sur ses fils. - .

2496
96. Dieu permet que toutes les puissances soient contraires aux prédicateurs de la vérité, afin que sa victoire ne puisse être attribuée qu'à la divine grâce. -
Ac 17,8.

2497
97. Il arrive trop souvent que les membres qui sont le plus saintement et le plus étroitement unis à l'Eglise soient regardés et traités comme indignes d'être dans l'Eglise, ou comme séparés d'elle. Mais "le juste vit de la foi"
Rm 1,17 et non de l'opinion des hommes. - Ac 4,11.

2498
98. Subir la persécution et les peines que subit quelqu'un comme hérétique, odieux et impie est ordinairement la dernière épreuve, et la plus méritoire, car elle rend l'homme plus conforme à Jésus Christ. -
Lc 22,37.

2499
99. L'entêtement, la prévention, l'obstination à ne vouloir rien examiner ou reconnaître s'être trompé, changent tous les jours pour beaucoup en odeur de mort ce que Dieu a mis dans son Eglise pour y être une odeur de vie par exemple de bons livres, des instructions, de saints exemples, etc. -
2Co 2,16


2500
100. Temps déplorable où on croit honorer Dieu en percutant la vérité et ses disciples ! Ce temps est venu. .. Etre regardé et traité par les ministres de la religion comme un impie et indigne de commercer avec Dieu, comme un membre putride, capable de tout corrompre dans la société des saints, c'est pour les hommes pieux une mort plus terrible que la mort du corps. C'est en vain que quelqu'un se flatte de la pureté de ses intentions et d'un zèle pour la religion, s'il persécute par le feu et le fer des hommes probes, s'il est aveuglé par la passion ou emporté par celle des autres, parce qu'il ne veut rien examiner. Nous croyons souvent sacrifier à Dieu un impie, et nous sacrifions au diable un serviteur de Dieu. -
Jn 16,2.

2501
101. Rien n'est plus contraire à l'esprit de Dieu et à la doctrine de Jésus Christ que de rendre communs les serments dans l'Eglise ; car c'est multiplier les occasions de parjure, tendre des pièges aux faibles et aux ignorants, et faire que le nom et la vérité de Dieu servent quelquefois au dessein des impies. -
Mt 5,37.

2502
(Censure )...Nous déclarons, condamnons et réprouvons les propositions qui précèdent comme étant, selon le cas, fausses, captieuses, malsonnantes, offensantes aux oreilles pies, scandaleuses, pernicieuses, téméraires, injurieuses à l'Eglise et à ses usages, outrageantes, non seulement pour elle, mais pour les puissances séculières, séditieuses, impies, blasphématoires, suspectes d'hérésie, sentant l'hérésie, favorables aux hérétiques et aux hérésies, et même à un schisme, erronées, proches de l'hérésie, et souvent condamnées, enfin comme hérétiques et renouvelant diverses hérésies, principalement celles qui sont contenues dans les fameuses propositions de Jansénius, prises dans le sens dans lequel elles ont été condamnées.




1996 Denzinger 2268