Chrysostome sur Jean 69

HOMÉLIE LXIX. PLUSIEURS NÉANMOINS DES SÉNATEURS MÊMES CRURENT EN LUI,

MAIS A CAUSE DES PHARISIENS ILS N'OSAIENT LE RECONNAÎTRE PUBLIQUEMENT, DE CRAINTE D'ÊTRE CHASSÉS DE LA SYNAGOGUE. CAR ILS ONT PLUS AIMÉ LA GLOIRE DES HOMMES QUE LA GLOIRE DE DIEU. (VERs. 42, 43, JUSQU'A LA FlN DU CHAPITRE 12)

Jn 12,42-50

ANALYSE.

1. L'avarice est une très-dangereuse maladie. - La substance du Père et du Fils est égale et tout à fait la même.
2. Lorsque Jésus-Christ dit: Je ne suis pas venu de moi-même, il ne détruit pas sa puissance, mais il montre seulement qu'il n'est pas contraire à son Père.
3. Fuir la vaine gloire, son poison se répand partout: ses excès. - Contre le luxe des femmes, s'attacher à orner plutôt l'âme que le corps. - Recommandation de l'aumône. - Les femmes doivent quitter leur luxe, pour pouvoir exhorter avec grâce leurs maris à faire l'aumône.

6901 1. Sans doute nous devons pareillement fuir toutes les passions qui corrompent l'âme; mais, par-dessus tout, celles qui donnent en outre naissance à une foule d'autres péchés comme l'avarice qui, étant par elle-même une grande maladie, devient encore plus dangereuse, en ce qu'elle est la racine et la mère de tous les maux (1). Telle est aussi la vaine gloire. En voici un exemple: Les Juifs, dont nous parlons maintenant, se sont égarés de la foi par cette passion de la gloire. Notre évangéliste dit: «Plusieurs des sénateurs mêmes crurent «en lui; mais, à cause des pharisiens, ils n'osaient le reconnaître publiquement, de crainte d'être chassés de la synagogue». C'est là le reproche que leur avait déjà fait Jésus-Christ, en leur disant: «Comment pouvez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns les autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul?» (Jn 5,44) Ils n'étaient donc pas des sénateurs et des princes, mais des esclaves plongés dans la plus affreuse servitude. Au reste, cette crainte fut dissipée dans la suite. Et nous ne trouvons pas, qu'au temps des apôtres, ils aient été possédés de cette maladie: car alors on vit croire en Jésus-Christ et les princes et les prêtres. La grâce du Saint-Esprit descendant en eux, les rendit plus fermes et plus forts que le diamant.

1. La passion pour le bien, dit saint Paul, est la racine de tous les maux, et quelques-uns en étant possédés, se sont égarés de la foi, et se sont embarrassés en une infinité d'afflictions et de peines. (1Tm 6,10)

Comme donc la crainte était ce qui les empêchait de croire, Jésus-Christ leur dit: «Celui qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé (44)». Et c'est comme s'il disait: Pourquoi craignez-vous de croire en moi? La foi passe par moi pour aller à Dieu, comme aussi l'incrédulité. Observez que Jésus-Christ déclare que sa substance est en tout la même que la substance de son Père. Le Sauveur n'a point dit: Celui qui croit en moi, de peur qu'on ne crût qu'il avait en vue seulement ses paroles, et disait une chose également vraie des hommes. Car celui qui croit aux apôtres ne croit point à eux, mais à Dieu. Afin donc de vous faire connaître qu'il parle ici de la foi en sa substance, il ne dit point Celui qui croit à mes paroles, mais celui qui croit en moi. Pourquoi, direz-vous, n'affirme-t-il jamais la réciproque: celui qui croit au Père ne croit point au Père, mais en moi? Parce qu'ils auraient reparti: Nous croyons au Père et nous ne croyons point en vous, 446 car ils étaient encore trop faibles et trop grossiers. Mais, lorsqu'il adressait la parole à ses disciples, il disait: «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi». (Jn 14,1) Il instruisait autrement ceux-là, parce qu'ils étaient trop faibles et trop grossiers pour entendre ces paroles. Jésus-Christ fait donc voir gaie ceux qui ne croient point en lui ne peuvent point croire au Père. Et afin que vous ne pensiez pas qu'il dit cela comme s'il parlait d'un homme, il ajoute: «Celui qui me voit, voit celui qui m'a envoyé (45)».

Quoi donc? est-ce que Dieu a un corps? Nullement. Jésus-Christ parle ici de la vision spirituelle, et par là il manifeste la consubstantialité. Que veut. dire ceci: «Celui qui croit en moi?» C'est de même que si quelqu'un disait: Celui qui prend de l'eau d'un fleuve, ne l'ôte pas du fleuve, mais de la source. Disons mieux: cette comparaison est trop faible pour expliquer une chose si grande et si relevée. «Je suis venu dans le monde, moi qui suis la lumière(46)». Comme le Père est appelé de ce nom de Père, et dans l'ancienne loi et dans la nouvelle, et qu'il se le donne lui-même, saint Paul ayant appris de là à connaître le Fils, l'appelle la splendeur. Jésus-Christ, par ces paroles, fait certainement voir qu'il est dans une grande union avec le Père, ou plutôt qu'il n'y a aucune différence entre le Père et lui; car il dit que la foi qu'on a en lui, on ne l'a point en lui, mais qu'elle va et passe jusqu'à son Père. Au reste, il s'est appelé la lumière, parce qu'il délivre de l'erreur, et qu'il dissipe les ténèbres spirituelles. «Que si quelqu'un ne m'écoute pas, je ne le «juge point; car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde». Jésus-Christ a dit: «Je ne suis pas venu pour juger le monde (47)», afin qu'ils ne crussent pas que c'était par faiblesse et par impuissance qu'il laissait impunis ceux qui le méprisaient.

2. Ensuite, de peur qu'ayant appris que celui qui croit sera sauvé, et que celui qui ne croit pas n'est point puni (1), ils n'en devinssent plus nonchalants et plus lâches, voyez combien est redoutable le tribunal dont le Seigneur les menace, en ajoutant: «Celui qui e me méprise et qui ne reçoit point mes paroles d'un juge (48)». Si le Père ne juge personne, et si vous n'êtes pas venu pour juger le monde, qui le jugera? «La parole que j'ai annoncée sera elle-même le juge qui le jugera». Comme les Juifs disaient: Il n'est point envoyé de Dieu, Jésus leur parle de la sorte, pour leur faire entendre qu'au dernier jour ils ne tiendront pas ce même langage. Les paroles mêmes, leur dit-il, que je vous annonce maintenant, tiendront lieu d'accusateurs, elles vous convaincront et vous ôteront tout moyen d'excuse et de justification.

1. «N'est point puni» Je lis ici avec Savil: où koladzetai, non puniri, n'est point puni, et je m'écarte un peu de mon texte, parce qu'en lisant sans la négation où, il n'y a ni suite ni sens dans ce que dit ici saint Chrysostome: 1. Il n'y a point de suite, parce que kolazetai est puni, ne peut se lier avec ces paroles qui précèdent immédiatement: Je ne suis pas venu pour juger le monde». - 2. Il n'y a ni sens ni raison, parce que si ceux qui ne croient pas sont punis, ce n'est pas sûrement là de quoi devenir plus paresseux et plus lâches et encore la menace d'un jugement redoutable, et le verset suivant deviennent fort inutiles. Mais en admettant la négation, le sens est clair et naturel. Il faut donc la recevoir comme en conviendront facilement ceux qui voudront bien jeter les yeux sur cet endroit de mon texte, etc.

«La parole que je vous ai annoncée» quelle parole? «Que je ne suis pas venu de moi-même, que mon Père qui m'a envoyé est celui qui m'a prescrit par son commandement ce que je dois dire, et comment je dois parler: (49)», et tontes les autres choses. Jésus-Christ ne leur a donc parlé en ces termes, qu'afin qu'ils n'eussent aucun sujet d'excuse. Si cela n'était pas ainsi, qu'aurait-il de plus qu'Isaïe? Car Isaïe dit la même chose: «Le Seigneur m'a donné une langue bien instruite, pour savoir quand il faut parler (2)». (Is 50,4) Qu'aurait-il de plus que Jérémie, qui n'était inspiré et ne recevait ce qu'il devait dire qu'au moment que Dieu l'envoyait? Qu'aurait-il de plus qu'Ezéchiel? car ce prophète n'annonça la parole de Dieu aux enfants d'Israël qu'après qu'il eût mangé le livre. (Ez 3,1) Et encore, si cela n'était pas ainsi, il se trouverait que les Juifs, qui devaient écouter ses paroles, auraient été eux-mêmes la cause de la connaissance et de la science qu'avait Jésus-Christ. Si le Père ne lui a prescrit par son commandement ce qu'il devait dire, qu'en l'envoyant, vous direz aussitôt que Jésus-Christ ne savait rien, avant que le Père l'envoyât. Et quoi de plus impie qu'un pareil sentiment, que de prendre ces paroles à la lettre, au sens que leur donnent les hérétiques, et de ne pas reconnaître la raison pour 447 laquelle le divin Sauveur s'est servi de ces expressions basses et populaires; à savoir, pour s'accommoder à la faiblesse de ses auditeurs?

2. C'est ainsi que lisent les Septante, et par conséquent aussi saint Chrysostome. La Vulgate dit: «Le Seigneur m'a donné une langue savante, afin que je puisse soutenir par la parole celui qui est abattu», etc.

Mais saint Paul dit que ses disciples mêmes comprennent «quelle est la volonté de Dieu», et reconnaissent «ce qui est bon, ce qui est agréable à ses yeux, et ce qui est parfait» (Rm 12,2); et le Fils de Dieu ne l'aura pas connu, jusqu'à ce qu'il ait reçu du Père le commandement de ce qu'il devait dire? Et comment cela se peut-il? Ne voyez-vous pas que Jésus-Christ ne dit des choses si basses que pour attirer les Juifs, et pour imposer silence à ceux qui devaient venir après eux? Le Sauveur parle donc ainsi d'une manière humaine, pour mettre, par cette façon même de parler, ceux qui l'entendent dans la nécessité d'en rejeter le sens littéral, sachant bien que ce n'est point sa nature qui le fait parler ainsi, mais uniquement la nécessité de se proportionner à la portée et à la faiblesse de ses auditeurs: «Je sais que son commandement est la vie éternelle; ce que je dis donc, je le dis selon que mon Père me l'a ordonné (50)».

Faites-vous attention, mon cher auditeur, à la bassesse et à la grossièreté de ces paroles; car celui qui reçoit un commandement n'est point maître de soi-même, et cependant il dit: «Comme le Père ressuscite les morts et leur rend la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il lui plaît». (Jn 5,21) Est-ce donc qu'il a le pouvoir de ressusciter ceux qu'il lui plaît, et qu'il n'a pas le pouvoir de dire ce qu'il veut?

Au reste; voici ce que Jésus-Christ veut dire par ces paroles: Il n'est pas naturel que le Père dise une chose et moi une autre: «Et je sais que son commandement est la vie éternelle». Il parle à ceux qui l'appelaient un séducteur, et qui disaient qu'il était venu pour les perdre. Mais quand il dit: «Je ne juge point», il fait voir qu'ils sont eux-mêmes la cause de leur perte. Et il leur déclare presque qu'il les va quitter, et qu'il ne demeurera plus avec eux. Je ne vous ai rien dit comme de moi-même, mais je vous ai toujours parlé comme de la part de mon Père; s'il descend à des choses basses et grossières, et s'il termine par là son discours, c'est pour arriver à dire: Jusqu'à la fin je vous ai enseigné cette parole; quelle parole? «Ce que je vous dis, je vous le dis selon que mon Père me l'a ordonné». Si j'étais contraire à Dieu, certainement je vous aurais parlé un autre langage, je vous aurais dit qu'il n'y a rien dans mes paroles qui plaise à Dieu, pour m'en rapporter la gloire; mais je rapporte si bien et si véritablement toutes choses à mon Père, que je ne m'attribue rien en propre. Pourquoi donc ne me croyez-vous pas, moi qui vous dis que j'ai reçu de mon Père ce commandement, moi qui m'attache avec tant de force à détruire la fausse opinion que vous avez de notre antagonisme? Et comme il est impossible que ceux qui ont reçu un ordre fassent ou disent autre chose que ce que leur a prescrit celui qui les a envoyés, pour exécuter ponctuellement le commandement qu'il leur a fait; moi de même je ne puis rien faire ou dire autre chose que ce que veut mon Père. «Car ce que je fais, il le fait aussi parce qu'il est avec moi, et mon Père ne m'a point laissé seul». (Jn 8,29)

Ne voyez-vous pas que le Fils déclare sans cesse qu'il est immédiatement uni à son Père? Quand il dit: «Je ne suis pas venu de moi«même», il ne détruit point sa puissance, mais il montre seulement qu'il n'est pas contraire à son Père. Si les hommes sont maîtres de soi, à plus forte raison le Fils unique l'est de lui-même. Ce que dit saint Paul prouve manifestement que cela est véritable, écoutez-le: «Il s'est anéanti lui-même», et: «Il s'est livré pour nous». (Ph 2,7) Mais enfin, comme je l'ai dit, la vaine gloire est une passion forte et dangereuse, sûrement elle l'est; car c'est elle qui a été cause que les uns n'ont point cru, et que les autres ont mal cru, et ont trouvé un prétexte d'impiété dans ce que le Sauveur avait dit à cause d'eux par pure bonté.

3. Fuyons donc la vaine gloire: c'est un monstre qui prend toutes sortes de formes et de figures, qui répand son poison partout, sur les richesses, sur les délices, sur la beauté du corps. C'est elle qui nous fait franchir les bornes du nécessaire. De là ce luxe dans les habits, cette multitude de valets; de là ce grand mépris du nécessaire, dans nos maisons, dans nos meubles, dans nos tables; partout le faste règne. Voulez-vous jouir de la gloire? Faites l'aumône; alors les anges vous applaudiront, alors vous serez agréables à Dieu. Mais maintenant nous n'avons pour admirateurs que les ouvriers qui travaillent en or, en soie, en laine. Et vous, femmes, ce ne sont point des couronnes que vous emportez, mais des outrages et des malédictions. Cet argent que vous prodiguez à orner votre corps, [448] si vous le distribuiez aux pauvres, quelles louanges, quels applaudissements ne vous attireriez-vous pas? Vous serez applaudies et louées lorsque vous donnerez aux autres; mais tant que vous garderez tout pour vous, vous serez dans le mépris. Votre trésor n'est point en sûreté chez vous: mettez-le entre les mains des pauvres, alors il sera à couvert et en toute sûreté. Pourquoi parez-vous votre corps, tandis que votre âme est toute souillée? Pourquoi n'avez-vous pas autant de soin de votre âme que de votre corps, quand vous devriez en avoir un plus grand soin, ou tout au moins, mes chers frères, un soin pareil?

Dites-moi, je vous prie, si quelqu'un vous demande ce que vous aimeriez mieux, ou que votre corps fût vigoureux, beau et bien fait et simplement couvert d'étoffes communes et de bas prix, ou qu'il fût estropié, malsain, mais couvert d'étoffes d'or. Ne répondrez-vous pas que vous préféreriez au faste des habits un corps sain, bien fait et bien proportionné? Quoi! pour votre corps vous feriez ce choix et pour votre âme vous ne le ferez pas? Quoi! votre âme est laide, noire, hideuse, et vous croyez vous embellir, vous relever et vous illustrer par des ornements d'or? Quelle folie!

Attachez-vous à orner votre intérieur; ces colliers, faites-en un meilleur usage; qu'ils servent à parer votre âme. Les parures que vous mettez sur votre corps ne lui servent de rien, ni pour la santé, ni pour la beauté: s'il est noir, elles ne le blanchiront pas; s'il est laid, elles ne le rendront pas beau. Mais si vous en revêtez votre âme, de noire qu'elle était, elle deviendra aussitôt blanche; de laide et hideuse, vous la rendrez belle et agréable. Ce n'est point moi qui vous le dis, c'est le Seigneur: «Quand vos péchés seraient comme l'écarlate», vous dit-il, «je les rendrai blancs comme la neige» (Is 1,18); et encore: «Donnez l'aumône et toutes choses vous seront pures». (Lc 11,41)

Si vous êtes dans ces bonnes dispositions, vous ne vous rendrez pas belle vous seule, mais encore vous rendrez beau votre mari. Quand vous quitterez le luxe, il n'aura pas de grandes dépenses à faire: alors il perdra cette envie qu'il avait d'amasser, et il sera plus porté à faire l'aumône, et vous pourrez avec confiance lui conseiller de faire ce qui convient. Mais à présent, vous n'en avez pas le pouvoir. Auriez-vous l'assurance et la hardiesse d'exhorter vos maris à faire l'aumône, vous qui consumez la plus grande partie de vos richesses à orner votre corps? Quittez ce faste, cessez de porter des habits enrichis d'or, et alors vous pourrez hardiment parler de l'aumône à vos maris. Et quand vous ne gagneriez rien, vous aurez du moins la consolation d'avoir entièrement fait de votre côté ce que vous deviez.

Mais, que dis-je? Il est impossible que vous ne les touchiez pas, lorsque vous les prêcherez d'exemple: «Car, que savez-vous, ô femme, si vous ne sauverez point votre mari?» (1Co 7,16) Comme, si vous continuez à vivre de la sorte, vous aurez à rendre compte à Dieu, et pour vous et pour lui; de même, si vous renoncez à ce vain appareil, vous obtiendrez une double couronne, vous serez couronnée et comblée de gloire avec votre mari, pendant des siècles infinis, et vous jouirez des biens éternels, que je vous souhaite, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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HOMÉLIE LXX. AVANT LA FÊTE DE PAQUES, JÉSUS, SACHANT QUE SON HEURE ÉTAIT VENUE DE PASSER DE CE MONDE A SON PÈRE,

COMME IL AVAIT AIMÉ LES SIENS QUI ÉTAIENT DANS LE MONDE, IL LES AIMA JUSQU'À LA FIN. (CHAP. 13, VERS. 1, JUSQU'AU VERS. 12)

Jn 13,1-12

ANALYSE.

1. Bonté de Jésus-Christ envers ses ennemis et envers tous les hommes.
2. Saint Chrysostome a cru que Jésus-Christ lava les pieds de Judas les premiers. - Le lavement des pieds était une admirable leçon d'humilité donnée par le Seigneur à ses apôtres.
3. Avoir soin des veuves et des orphelins.

7001 1. «Soyez mes imitateurs», dit saint Paul, «comme je le suis moi-même de Jésus-Christ». (1Co 11,1) Car il a pris une chair de notre nature afin de nous enseigner la vertu par la chair, «semblable», dit l'apôtre, «à la chair de péché; et par le péché même, il a condamné le péché dans la chair». (Rm 8,3) Et Jésus-Christ dit lui-même: "Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur». (Mt 11,29) Il nous l'a appris non-seulement par ses paroles, mais encore par ses exemples. Les Juifs l'appelaient samaritain, possédé du démon, séducteur, et lui jetaient des pierres. Tantôt les pharisiens ont envoyé des archers pour le prendre, tantôt ils lui ont fait tendre des piéges par d'autres; souvent ils l'ont eux-mêmes outragé, quoique néanmoins ils n'eussent aucun reproche à lui faire, et qu'au contraire il leur fit fréquemment du bien. Et cependant, après tant d'insultes et d'outrages, il ne cesse point de les assister par ses paroles et par ses oeuvres. Un valet le frappe, et il répond: «Si j'ai mal parlé, faites voir le mal que j'ai dit; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous?» (Jn 18,23)

Mais c'est à ses ennemis, c'est à ceux qui lui dressaient des embûches que Jésus a parlé de la sorte; voyons maintenant comment il en use à l'égard de ses disciples, ou plutôt ce qu'il fait pour un traître. Judas, le plus indigne et le plus détestable de tous les hommes, est reçu au nombre des disciples, mange à la table de son Maître, voit les miracles qu'il opère, en reçoit mille bienfaits, et il commet l'action la plus noire et la plus horrible qu'on puisse imaginer. Il ne lui jette pas de pierres, il ne lui dit point d'injures, mais il le trahit; voyez cependant avec quelle douceur, avec quelle bonté Jésus-Christ le reçoit; il lave ses pieds pour le détourner d'une si grande perfidie par ce bon office. Toutefois, s'il l'eût voulu, il pouvait le faire sécher de même que le figuier (Mt 21,19); il pouvait le fendre en deux, de même qu'il fendit les pierres et déchira le voile du temple. (Mt 28,51) Mais le Sauveur ne voulut point user de violence, il ne voulut pas le tirer par force du dessein qu'il avait conçu de le trahir; voilà pourquoi il lava les pieds de ce malheureux, de ce misérable, que cela ne fit pourtant point rentrer en lui-même.

«Avant la fête de Pâques», dit l'évangéliste, «Jésus sachant que son heure était venue» Jn 13,1. Ce ne fut pas seulement alors que Jésus le sut, entendez que c'est alors qu'il fit ce qui va suivre, mais il était instruit depuis longtemps. «De passer». L'évangéliste appelle la mort de [450] Jésus-Christ un passage. Cette expression est magnifique. Faites-vous attention, mes frères, que le divin Sauveur étant sur le point de se séparer de ses disciples, leur donne des marques d'un plus grand et plus violent amour? Ces paroles: «Comme il avait aimé les siens, il les aima jusqu'à la fin», signifient: il n'a rien omis de ce que doit faire celui qui aime ardemment. Pourquoi dès le commencement Jésus-Christ n'a-t-il pas témoigné à ses disciples cet ardent amour? Il leur en donne de plus grands témoignages à la fin de sa vie, pour augmenter leur charité et leur inspirer plus de fermeté et de courage à souffrir les maux qui leur devaient arriver. Au reste, saint Jean dit: «Les siens», par rapport à leur union et leur attachement à Jésus-Christ, car il donne aussi le même nom aux autres hommes par rapport à la création, comme quand il dit: «Les siens ne l'ont point reçu». (Jn 1,11)

Pourquoi ces mots: «Qui étaient dans le monde?» Parce qu'il y avait aussi des siens qui étaient morts, Abraham, Isaac, Jacob, et plusieurs autres qui n'étaient point dans le monde. Ne remarquez-vous pas que Jésus-Christ est Dieu de l'Ancien et du Nouveau Testament? Que signifie cette parole: «Il les aima jusqu'à la fin?» C'est-à-dire, il a persévéré à les aimer, et l'évangéliste dit que c'est là un témoignage d'un grand amour. (Jn 10,15) Ailleurs il en produit un autre, à savoir, que Jésus-Christ a donné sa vie pour ses amis, mais cela n'était point encore arrivé. Pourquoi donne-t-il maintenant à ses disciples ces marques de son ardent amour? Parce que de pareils témoignages dans un temps où il était si illustre et dans une si haute réputation, étaient plus touchants et beaucoup plus admirables, et aussi parce que se séparant d'eux, il a voulu leur laisser un plus grand sujet de consolation. Cette séparation ne pouvait manquer de jeter les disciples dans une profonde tristesse, le Sauveur a la bonté de leur donner une consolation proportionnée.

«Et après le souper, le diable ayant déjà mis dans le coeur de Judas le dessein de le trahir (Jn 13,2)». L'évangéliste rapporte cette circonstance, tout étonné que son Maître lave les pieds de celui qui a résolu de le trahir. Il fait connaître l'extrême méchanceté de ce perfide, que ne purent retenir ni un repas pris en commun, ce qui est la chose du monde la plus capable de changer un coeur et d'étouffer tous les mauvais sentiments, ni la douceur d'un Maître qui se possède si bien.

«Jésus, qui savait que son Père lui avait mis toutes choses entre les mains, qu'il était sorti de Dieu, et qu'il s'en retournait à Dieu (Jn 13,3)». C'est encore avec admiration que saint Jean mentionne ceci. Quoi! Jésus est si grand et d'une nature si relevée et si excellente, qu'il est sorti de Dieu, qu'il retourne à Dieu, et qu'il commande à toutes choses; et néanmoins il lave les pieds d'un traître, et néanmoins il s'abaisse à une action si humiliante et si disproportionnée à sa dignité!

Quand l'évangéliste dit que le Père a mis toutes choses entre les mains de Jésus, je pense qu'il a en vue le salut des fidèles; car lorsque Jésus-Christ dit: «Mon Père m'a mis a toutes choses entre les mains» (Mt 2,27), il parle de cette sorte de don; comme aussi quand il dit ailleurs: «Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés» (Jn 17,6); et derechef: «Personne ne peut venir à moi, si mon Père ne l'attire» (Jn 6,44); et: «S'il ne lui a été donné du ciel». (Jn 3,27) Voilà ce qu'il veut dire, ou encore qu'il ne doit rien perdre pour cela de son élévation, lui qui est sorti de Dieu, qui retourne à Dieu (Sg 1), et qui tient tout sous son pouvoir.

Lorsque vous entendez ce mot: «remettre», ne vous figurez rien d'humain: l'évangéliste ne fait qu'indiquer par là l'honneur que Jésus Christ rend à son Père, et son union avec lui. Comme son Père lui remet, de même aussi il remet à son Père: saint Paul le déclare en disant: «Lorsqu'il aura remis son royaume à son Dieu et au Père". (1Co 15,21) Le Sauveur parle donc ici d'une manière humaine; il fait connaître à ses disciples qu'il a pour eux une charité ineffable, qu'il a soin d'eux comme d'un héritage qui lui appartient, et il leur apprend que l'humilité, qu'il dit être aussi le commencement et la fin de la vertu, est la source de tous les biens. Et ce n'est pas en vain que l'évangéliste a mis ces mots: «Il est sorti de Dieu, et il retourne à Dieu»; c'est pour nous apprendre que Jésus-Christ n'a rien fait qui ne fût digne de celui qui est sorti de Dieu et qui y retourne; et qu'il a foulé aux pieds le faste et toutes les vanités de ce monde.

2. «Et s'étant levé de table, et ayant quitté [451] ses vêtements (Jn 13,4)». Remarquez, mes frères, jusqu'où va l'humilité du divin Sauveur: il ne la borne point à laver les pieds de ses disciples, mais il l'étend aussi à bien d'autres choses; car, c'est après s'être assis, après que tous s'étaient assis, qu'il se leva de table. Ensuite, non-seulement il lava leurs pieds, mais il quitta ses vêtements. Et il ne se contenta pas de cela, mais il mit un linge autour de lui, et ce ne fut pas encore assez pour lui; il remplit lui-même le bassin d'eau, et ne le donna point à un autre à remplir. Il fait tout lui-même; en quoi il montre et nous apprend que, quand nous faisons ces petites choses en manière de bonnes oeuvres, nous ne les devons point faire négligemment ni par manière d'acquit, mais avec beaucoup de zèle.

Il me semble que Jésus-Christ lava premièrement les pieds de Judas, d'après ce que dit l'évangéliste: «Jésus commença à laver les pieds de ses disciples (Jn 13,5)», et sur ce qu'il ajoute: «Il vint à Simon Pierre; qui lui dit: «Quoi! vous me laveriez les pieds (Jn 13,6)?» Avec ces mêmes mains, dit-il, avec lesquelles vous avez ouvert les yeux des aveugles, vous avez guéri les lépreux, vous avez ressuscité les morts? Ces paroles ont un grand sens et une grande force. C'est pourquoi il n'a eu besoin que de ce mot: Vous, qui seul exprime et signifie tout.

On peut ici justement demander pourquoi nul n'a fait de difficultés, si ce n'est Pierre seul, quand cette résistance n'eût pas été un médiocre témoignage d'amour et de respect quelle en est donc la raison? Il me semble que le Sauveur commença par laver les pieds du traître, avant de venir à Pierre, et que les autres après furent avertis. Car par ces paroles: «Il vint donc à Pierre», il est visible que Jésus ne lava les pieds d'aucun autre avant ceux de Judas. Mais l'évangéliste n'est pas un violent accusateur; il se borne à une insinuation, en disant: «Il commença». Quoique Pierre fût le premier, il y a toute apparence que le traître, qui était hardi et effronté, s'assit avant son chef. Et, en effet, son insolence s'était déjà fait connaître par d'autres traits, comme lorsqu'il mit la main au plat avec son Maître (Mt 26,23), et lorsqu'ayant été repris de ses vices, il n'en fut point touché de componction: bien différent de Pierre, qu'une seule réprimande que lui avait faite son Maître longtemps auparavant, pour lui avoir indiscrètement parlé, quoique par un excès d'amour, retint et intimida si fort, qu'ayant quelque chose à lui demander dans la suite, il n'osa lui-même l'interroger, et dans sa crainte s'adressa à un autre. Mais le traître Judas fut souvent réprimandé, et il ne le sentit, et il ne s'en aperçut même pas.

«Jésus étant donc venu à Pierre, Pierre lui dit: Quoi! Seigneur, vous me laveriez les pieds? Jésus lui répondit: Vous ne savez pas maintenant ce que je fais, mais vous le saurez ensuite (Jn 13,6-7)», c'est-à-dire, vous ne connaissez pas le fruit, l'utilité, l'abondante instruction qui revient de cet exemple, ni à quelle humilité il peut porter les hommes. Que répondit Pierre? Il résiste, il s'oppose encore, et il dit: «Vous ne me laverez jamais les pieds (Jn 13,8)». Pierre, que faites-vous? Vous ne vous souvenez pas de ce que vous a déjà répondu votre Maître, lorsque vous lui avez dit: «Epargnez-vous à vous-même tous ces maux (1)?» (Mt 16,22) N'avez-vous pas ouï qu'il vous a répondu: «Retirez-vous de moi, Satan?» (Mt 16,23) Vous ne vous corrigez pas, et vous vous laissez encore aller à votre humeur vive et bouillante? Oui, dit-il, car ce que je vois m'étonne et me surprend prodigieusement. Mais Jésus-Christ reprend encore Pierre, et, pour cela, il se sert justement du violent amour qui lui suggérait cette résistance. Comme donc la première fois il lui fit une forte réprimande et lui dit: «Vous m'êtes un sujet de scandale» (Mt 16,23); de même à présent il lui parle en ces termes: «Si je ne vous lave, vous n'aurez point de part avec moi». Que répond donc cet homme vif et bouillant? «Seigneur, non-seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête (Jn 13,9)». Il est prompt, il est vif dans sa résistance, il est encore plus vif et plus prompt dans sa soumission. Mais l'un et l'autre part de son amour.

1. Dans la traduction de ce passage je suis la force du terme grec.

Mais pourquoi Jésus-Christ ne lui a-t-il pas expliqué la raison qu'il avait de laver ainsi les pieds, et lui a-t-il fait des menaces? Parce qu'autrement Pierre n'aurait point obéi. Si Jésus-Christ avait dit: Laissez-moi faire, je vous apprendrai par cette action à être humble, Pierre aurait mille fois protesté qu'il serait humble, pour empêcher le Seigneur de s'humilier à ce point. Mais maintenant, que dit Jésus-Christ? Il le menace de ce que Pierre (452) craignait le plus: savoir, d'être séparé de son Maître. C'est lui qui lui demandait souvent où il irait, et lui disait pour cette raison: «Je donnerai ma vie pour vous». Si, ayant entendu dire à son Maître: «Vous ne savez pas maintenant ce que je fais, mais vous le saurez ensuite», il ne cessa pas de résister; bien moins aurait-il cédé, s'il avait déjà su de quoi il s'agissait. Voilà pourquoi Jésus lui dit: «Vous le saurez ensuite»; sachant bien que si Pierre avait connu son intention, il aurait encore résisté davantage. Et Pierre ne dit point: Apprenez-le-moi maintenant, afin que je vous laisse faire; mais, ce qui marquait plus de vivacité, il n'eut même pas la patience de l'apprendre, et continua à résister. Non, dit-il, «vous ne me laverez point les pieds». Mais lorsque Jésus l'eût menacé de n'avoir point de part avec lui, il se rendit et obéit sur-le-champ.

Maintenant, que signifie cette parole: «Vous le saurez ensuite?» En quel temps? Lorsque vous chasserez les démons en mon nom, lorsque vous me verrez m'élever dans le ciel, lorsque vous aurez appris du Saint-Esprit que je suis assis à la droite de mon Père: vous saurez alors ce que je fais maintenant. Que répondit donc Jésus-Christ? Comme Pierre avait dit: «Non-seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête», le Sauveur lui dit: «Celui qui a déjà été lavé n'a plus besoin que de se laver les pieds, et il est pur dans tout le reste (Jn 13,10). Et pour vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous. Car il savait qui était celui qui le devait trahir (Jn 13,11)». S'ils sont purs, pourquoi lavez-vous leurs pieds? C'est pour vous apprendre à vous abaisser et à vous humilier. Voilà pourquoi le Sauveur a lavé seulement celui des membres qui paraît le plus vil de tous.

Et que signifient ces paroles: «Celui qui a été lavé?» C'est-à-dire: Celui qui est pur. Mais les disciples étaient-ils purs, eux qui n'étaient point encore délivrés de leurs péchés, qui n'avaient pas encore reçu le Saint-Esprit? Etaient-ils purs, lorsque le péché dominait encore dans le monde, lorsque l'arrêt de notre condamnation subsistait, lorsque la victime n'avait point encore été offerte? Comment donc Jésus-Christ les dit-il purs? Il les dit purs: mais afin que vous ne croyiez pas que, pour être purs, ils fussent entièrement affranchis du péché, il a ajouté: «Vous êtes déjà purs à cause des instructions que je vous ai données» (Jn 15,3); c'est-à-dire, vous êtes purs, en ce sens que vous avez reçu ma parole: vous avez déjà reçu la lumière: déjà vous êtes délivrés des erreurs et des superstitions juives. Le prophète dit: «Lavez-vous, purifiez-vous, chassez la malice de vos coeurs». (Is 1,16) C'est pourquoi, celui qui a fait ces choses, est lavé et pur. Les disciples ayant donc renoncé à toutes sortes de malices, et vivant avec leur Maître dans une grande pureté d'esprit et de coeur, Jésus-Christ les dit purs, selon la parole du prophète: Celui qui a été lavé est déjà pur. Car le Sauveur n'a point en vue ici la pureté légale qui s'acquiert par l'eau et les cérémonies judaïques: il parle de la pureté de conscience.

3. Soyons donc purs nous-mêmes aussi: apprenons à faire le bien. Et qu'est-ce que faire le bien? «Faites justice à l'orphelin, défendez la veuve»; et, après cela: «Venez, et disputons (1), dit, le Seigneur». L'Ecriture fait souvent mention des veuves et des orphelins: mais nous n'y avons nul égard. Pensez pourtant à la récompense promise. «Quand vos péchés», dit le Seigneur, «seraient comme l'écarlate, je les rendrai blancs comme la neige; et quand ils seraient rouges comme le vermillon, je les rendrai blancs comme la neige la plus blanche». Une veuve n'a personne pour la défendre et la protéger; voilà pourquoi le Seigneur en prend un grand soin. Une veuve est une femme qui, pouvant se remarier, souffre, par crainte de Dieu, les peines et les afflictions de la viduité. Tendons-leur donc la main, nous tous, et hommes et femmes, de peur que nous ne soyons un jour dans la même peine. Que si nous devons y tomber, assurons-nous par là à nous-mêmes la charité d'autrui.

1. «Disputons». Saint Chrysostome, saint Cyprien, et quelques autres Pères lisent de même: Disputemus, disputons, plaidons, c'est-à-dire: «Voyons qui de nous aura tort». L'hébreu et les Septante lisent: «Accusons-nous l'un l'autre». Notre Vulgate dit: «Accusez-moi»: c'est-à-dire, accusez-moi d'injustice, si je vous punis, lorsque vous vivrez dans la justice et dans l'innocence,

Les larmes des veuves n'ont pas peu de force et de vertu, elles peuvent ouvrir le ciel même. Gardons-nous bien de les insulter, d'augmenter leurs peines et leurs calamités: mais au contraire assistons-les de toutes manières. Si nous le faisons, nous nous procurerons un asile bien sûr, et dans ce monde et dans l'autre. Ce n'est pas ici-bas seulement que ces (453) femmes nous seront d'un grand secours, c'est encore en l'autre vie; puisque le bien que nous leur aurons fait retranchera et effacera la plus grande partie de nos péchés, et nous fera comparaître avec confiance devant le tribunal de Jésus-Christ. Puissions-nous jouir tous de ce bonheur, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient la gloire dans tous les siècles des siècles! Ainsi soit-il.



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HOMÉLIE LXXI. ET JÉSUS REPRIT SES VÊTEMENTS: ET S'ÉTANT REMIS A TABLE, IL LEUR DIT: SAVEZ-VOUS CE QUE JE VIENS DE VOUS FAIRE? (VERS. 12, JUSQU'AU VERSET 19)


Chrysostome sur Jean 69