1994 Directoire prêtres 61


L'esprit sacerdotal de pauvreté


67 Pauvreté comme disponibilité

83 La pauvreté de Jésus poursuit un but salvifique. Le Christ était riche, il s'est fait pauvre pour nous pour que nous devenions riches grâce à sa pauvreté (2Co 8,9).
L'épître aux Philippiens montre le rapport entre le dépouillement de soi et l'esprit de service qui doit animer le ministère pastoral. S. Paul dit en effet que Jésus n'a pas tenu "pour une proie son égalité avec Dieu, mais au contraire il s'est dépouillé en prenant la condition d'esclave" (Ph 2,6-7). En vérité, le prêtre deviendra difficilement serviteur et ministre de ses frères s'il est excessivement préoccupé de son confort et de son bien-être.
Grâce à sa condition de pauvre, le Christ manifeste qu'il a tout reçu du Père depuis l'éternité, et qu'il Lui restitue tout, jusqu'à l'offrande totale de sa vie.
L'exemple du Christ doit porter le prêtre à se conformer à Lui, dans la liberté intérieure vis-à-vis des biens et des richesses du monde.(216) Le Seigneur nous enseigne que Dieu est le seul vrai bien et que gagner la vie éternelle est la seule vraie richesse: "Quel profit, en effet, peut avoir l'homme à gagner l'univers au détriment de son âme? Car que donnera l'homme en échange de son âme?" (Mc 8,36-37).
Le prêtre, dont le Seigneur est la part d'héritage (cf. Nb 18,20) , sait que sa mission, tout comme celle de l'Eglise, se déroule au milieu du monde et que les biens créés sont nécessaires au développement personnel de l'homme. Il utilisera cependant ces biens avec le sens des responsabilités, la modération, la rectitude d'intention et le détachement qui sont propres à celui qui garde son trésor dans les cieux et qui sait que tout doit être utilisé pour l'édification du Royaume de Dieu (Lc 10,7 Mt 10,9-10 1Co 9,14 Ga 6,6).(217) Aussi s'abstiendra-t-il des activités lucratives qui ne sont pas conformes à son ministère.(218)
Se souvenant que le don qu'il a reçu est gratuit, il sera disposé à donner gratuitement (Mt 10,8 Ac 8,18-25) ,(219) et à utiliser pour le bien de l'Eglise et pour les oeuvres de charité tout ce qu'il reçoit à l'occasion de l'exercice de son office, après avoir assuré sa subsistance et remplit tous les devoirs de son état. (220)
En fin de compte, bien qu'il ne vive pas la pauvreté en vertu d'une promesse publique, le prêtre est tenu à mener une vie simple et à s'abstenir de tout qui pourrait être vanité,(221) embrassant ainsi la pauvreté volontaire pour suivre le Christ de plus près.(222) Dans tous les domaines (habitation, moyens de transport, vacances, etc.), que le prêtre élimine toute recherche et tout luxe,(223)
Ami des pauvres, il leur réservera les soins les plus délicats de sa charité pastorale, vivant une option préférentielle mais sans exclusive pour toutes les formes anciennes ou nouvelles de pauvreté, si tragiquement présentes dans le monde. Il n'oubliera jamais que la première misère dont l'homme doit être libéré, c'est le péché, source première de tout mal.

(216) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Decr Presbyterorum Ordinis, PO 17 a.d; PO 20-21.
(217) Cf. ibid., PO 17 a.c; JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience générale du 21 juillet 1993, n. 3: "L'Osservatore Romano", 22 juillet 1993.
(218) Cf. CIC 286 CIC 1392
(219) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 17 d.
(220) Cf. ibid PO 17 CIC 282 CIC 222 CIC 529
(221) Cf. CIC 282
(222) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis PO 17 d.
(223) Cf. ibid, PO 17.



Dévotion à Marie


68 Les vertus de la Mère de Dieu

84 Il existe une "relation essentielle... entre la Mère de Jésus et le sacerdoce des ministres du Fils". Cette relation découle de celle qui existe entre le maternité divine de Marie et le sacerdoce du Christ.(224)
C'est dans cette relation que prend sa source la spiritualité mariale du prêtre. On ne peut dire de la spiritualité sacerdotale qu'elle est complète si elle ne prend pas en considération le testament du Christ crucifié qui voulut confier sa Mère au disciple bien-aimé et, à travers lui, à tous les prêtres appelés à continuer Son oeuvre de rédemption.
Comme Elle fut confiée à Jean aux pieds de la Croix, de même, Marie est confiée comme Mère à tout prêtre d'une façon spéciale (cf.
Jn 19,26-27).
Les prêtres, qui sont au nombre des disciples bien-aimés de Jésus crucifié et ressuscité, doivent accueillir Marie comme Mère dans leur vie, en faisant d'Elle l'objet de leur attention et de leur prière continue. Marie toujours Vierge devient alors la Mère qui les conduit au Christ, qui leur fait aimer authentiquement l'Eglise, qui intercède pour eux et les guide vers le Royaume des cieux.

85 Tout prêtre sait que Marie, parce que Mère, est aussi la plus éminente formatrice de son sacerdoce, puisque c'est Elle qui sait former son coeur sacerdotal, le protéger des dangers, des fatigues, des découragements, et veiller avec une maternelle sollicitude pour qu'il croisse en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes (cf. Lc 2,40).
Mais seuls sont des fils dévots ceux qui savent imiter les vertus de leur Mère. Le prêtre donc contemplera Marie, pour être un ministre humble, obéissant, chaste, et pour rendre témoignage de la charité dans un don total au Seigneur et à l'Eglise.(225)
Chef-d'oeuvre du Sacrifice sacerdotal du Christ, la Vierge représente l'Eglise dans toute sa pureté, "sans tache ni ride", toute "sainte et immaculée" (Ep 5,27). La contemplation de la Sainte Vierge met devant le prêtre l'idéal vers lequel tendre dans le ministère de sa communauté, afin qu'elle aussi devienne "l'Eglise toute glorieuse" (ibid) grâce au don sacerdotal de sa propre vie.

(224) Cf. JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 30 juin 1993: "L'Osservatore Romano", 30 juin-1er juillet 1993.
(225) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18.




Chapitre III: FORMATION PERMANENTE



Principes


69 Nécessité de la formation permanente aujourd'hui

87 La formation permanente est une exigence qui naît et se développe à partir de la réception du sacrement de l'Ordre, par lequel le prêtre est non seulement "consacré" par le Père, "envoyé" par le Fils, mais aussi "animé" par le Saint-Esprit. Cette formation par conséquent, découle d'une grâce qui contient une force surnaturelle destinée à assimiler toute la vie et l'activité du prêtre, progressivement et toujours plus profondément, dans la fidélité au don reçu: "C'est pourquoi je te le rappelle écrit Saint Paul à Timothée : ravive le don de Dieu qui est en toi" (2Tm 1,6).
Il s'agit d'une nécessité intrinsèque au don divin lui-même (226) qui doit être continuellement "vivifié" pour que le prêtre puisse répondre fidèlement à sa vocation. Le prêtre est en effet un homme situé dans une histoire: il a donc besoin de parfaire tous les aspects de son existence humaine et spirituelle pour pouvoir atteindre cette assimilation au Christ, principe unificateur universel.
Des transformations rapides, étendues, et un tissu social souvent sécularisé sont caractéristiques du monde contemporain: voilà des facteurs qui rendent indispensable le devoir pour le prêtre d'une préparation adéquate pour ne pas diluer son identité et pour répondre aux nécessités de la nouvelle évangélisation. A ce grave devoir, répond en plus un droit des fidèles qui bénéficient de la bonne formation et de la sainteté des prêtres.(227)

(226) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 70 l.c., 778-782.
(227) Cf. ibid



70 Travail continu sur soi-même

88 La vie spirituelle du prêtre et son ministère pastoral doivent être unis à un travail continu sur lui-même, pour approfondir et faire la synthèse harmonieuse de la formation spirituelle et humaine, intellectuelle et pastorale. Ce travail qui doit commencer dès le séminaire, doit être encouragé par les évêques à tous les niveaux: national, régional, et surtout diocésain.
Il est fort encourageant de considérer le nombre déjà élevé de diocèses et conférences épiscopales engagés dans des initiatives prometteuses en vue d'organiser une véritable formation permanente de leurs prêtres. Il faut souhaiter que tous les diocèses répondent à cette nécessité. Cependant, là ou ce serait momentanément impossible, on conseillera des accords entre diocèses ou la prise de contact avec les institutions ou les personnes plus particulièrement préparées à remplir une tâche si délicate.(228)

(228) Cf. ibid,
PDV 79: l.c., 797.



71 Instrument de sanctification

89 La formation permanente est un moyen nécessaire au prêtre d'aujourd'hui pour atteindre la fin de sa vocation, c'est-à-dire le service de Dieu et de son Peuple.
En pratique, la formation permanente consiste à aider tous les prêtres à répondre généreusement à l'engagement que requiert la dignité et la responsabilité que Dieu leur a confiées par le sacrement de l'Ordre, à conserver, défendre et développer leur identité et leur vocation spécifique, à se sanctifier et à sanctifier les autres dans l'exercice de leur ministère.
Cela signifie que le prêtre doit éviter tout dualisme entre spiritualité et ministère, dualisme qui est source de tant de crises.
Il est clair que pour atteindre cette finalité surnaturelle, il faut chercher et analyser les critères généraux qui doivent structurer la formation permanente des prêtres.
Ces critères ou principes d'organisation eux-mêmes doivent être élaborés en vue de la finalité que l'on s'est proposée, ou pour mieux dire, doivent être recherchés en elle.


72 Donnée par l'Eglise

90 La formation permanente est un droit-devoir du prêtre et la donner est un droit-devoir de l'Eglise: c'est donc ce qu'établit la loi universelle.(229) En effet, puisqu'on reçoit dans l'Eglise la vocation au ministère sacré, c'est à l'Eglise seule que revient la formation spécifique à la responsabilité d'un tel ministère. La formation permanente par conséquent, comme elle est une activité liée à l'exercice du sacerdoce ministériel, appartient à la responsabilité du Pape et des évêques. L'Eglise a ainsi le droit et le devoir de continuer à former ses ministres, les aidant à progresser dans une réponse généreuse au don que Dieu leur a octroyé.
De son côté, le ministre reçoit aussi comme une exigence du don qui accompagne l'ordination, le droit de recevoir l'aide nécessaire de l'Eglise pour réaliser saintement et efficacement son service.

(229) Cf.
CIC 279



73 Formation permanente

91 L'activité de formation s'appuie sur une exigence dynamique, intrinsèque au charisme ministériel, qui est en lui-même permanent et irréversible. La formation ne peut donc jamais être considérée comme terminée, ni de la part de l'Eglise qui la donne, ni de la part du ministre qui la reçoit. Il est ainsi nécessaire qu'elle soit pensée et développée de telle manière que tous les prêtres puissent toujours la recevoir, tenant compte des possibilités et des caractéristiques d'âge, de condition de vie, et de charges pastorales.(230)

(230) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 76: l.c., 793-794.



74 Une formation complète

92 Cette formation doit embrasser et harmoniser toutes les dimensions de la formation sacerdotale: c'est-à-dire qu'elle doit tendre à aider le prêtre à développer une personnalité humaine mûrie dans un esprit de service aux autres, quelle que soit la charge qu'il a reçue; à être intellectuellement formé tant dans les sciences théologiques que dans les sciences humaines dans la mesure ou elles sont liées à son ministère, afin qu'il remplisse avec plus d'efficacité sa fonction de témoin de la foi; à posséder une vie spirituelle profonde, nourrie de l'intimité avec Jésus-Christ et de l'amour pour l'Eglise; à remplir son ministère pastoral avec zèle et dévouement.
En pratique une telle formation doit être complète: humaine, spirituelle, intellectuelle, pastorale, systématique et personnalisée.


75 Humaine

93 Cette formation est extrêmement importante dans le monde d'aujourd'hui, comme elle l'a toujours été. Le prêtre ne doit pas oublier qu'il est un homme choisi parmi les hommes pour être au service de l'homme.
Pour se sanctifier et pour réussir sa mission sacerdotale, il devra se présenter avec un bagage de vertus humaines qui le rendent digne de l'estime de ses frères.
Il devra particulièrement pratiquer la bonté de coeur, la patience, l'amabilité, la force d'âme, l'amour pour la justice, le sens de l'équilibre, la fidélité à la parole donnée, la cohérence avec les engagements librement assumés, etc.(231)
Il est tout aussi important que le prêtre réfléchisse sur son comportement social, sur la correction qu'il vit dans les diverses formes de relations humaines, sur la valeur de l'amitié, sur la distinction de sa façon d'être, etc.


76 Spirituelle

94 Tenant compte de tout ce qui a déjà été exposé sur la vie spirituelle, on se limitera ici à présenter quelques moyens pratiques de formation.
Il serait avant tout nécessaire d'approfondir les aspects principaux de la vie sacerdotale en faisant référence en particulier à l'enseignement biblique, patristique et hagiographique, dont le prêtre doit continuellement mettre à jour ses connaissances, non seulement grâce à la lecture de bons livres, mais aussi en participant à des sessions d'étude, des congrès, etc. (232)
Des sessions particulières pourraient être dédiées au soin porté à la célébration des sacrements, tout comme à l'étude de certaines questions de spiritualité, comme les vertus chrétiennes et humaines, la manière de prier, le rapport entre la vie spirituelle et le ministère liturgique et pastoral, etc.
Plus concrètement, il est souhaitable que le prêtre, éventuellement en même temps que ses exercices spirituels périodiques, élabore en accord avec son directeur spirituel un projet concret de vie, dont on signalera quelques éléments:
1. méditation quotidienne de la Parole ou d'un mystère de la foi;
2. rencontre personnelle avec Jésus dans l'Eucharistie, en plus d'une pieuse célébration de la Messe;
3. dévotion mariale (chapelet, consécration ou mise sous la protection de Marie, entretiens familiers);
4. temps consacré à la formation doctrinale et hagiographique;
5. repos nécessaire;
6. effort renouvelé pour mettre en pratique les indications de l'évêque et pour assurer une adhésion personnelle convaincue au magistère et à la discipline ecclésiastique;
7. attention portée à la communion et à l'amitié sacerdotale.

(231) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis,
PO 3
(232) Cf. CONC. OECUM. VAT. II, Decr Presbyterorum Ordinis, PO 19 Décr. Optatam Totius, OT 22 CIC 279 CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE, Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis ( 19 mars 1985), 101.



77 Intellectuelle

95 A cause de l'énorme influence que les courants de la philosophie et des sciences humaines exercent sur la culture moderne, et comme certains prêtres n'ont pas toujours reçu une formation adéquate dans ces disciplines en raison notamment de la diversité de leur formation scolaire, il est nécessaire que ces rencontres traitent des thèmes les plus importants de la philosophie et des sciences humaines ou des thèmes qui plus généralement "ont un lien avec les sciences sacrées, particulièrement dans la mesure ou ils peuvent être utiles dans l'exercice du ministère pastoral".(233) Ces thèmes sont une aide importante pour traiter convenablement des principaux problèmes de la théologie fondamentale, dogmatique et morale, de la Sainte Ecriture, de la liturgie, du droit canon, de l'oecuménisme etc., sans oublier que l'enseignement dans ces matières ne doit être ni polémique, ni purement théorique ou informatif, mais qu'il doit encourager à une formation authentique, c'est-à-dire à la prière, à la communion et à l'action pastorale.
On fera en sorte que, durant ces rencontres sacerdotales, les documents du magistère soient approfondis communautairement sous la direction d'une personne qui fasse autorité, pour favoriser cette unité d'interprétation et de praxis dans la pastorale diocésaine qui facilite tant l'évangélisation.
Dans la formation intellectuelle, on doit accorder une importance particulière aux thèmes les plus importants pour le débat culturel et la pratique pastorale comme, par exemple, ceux qui concernent l'éthique sociale, la bioéthique, etc.
On devra s'arrêter spécialement sur les problèmes posés par le progrès scientifique et qui influencent si profondément la mentalité et la vie des hommes contemporains. Les prêtres ne doivent pas se dispenser de s'informer pour répondre aux questions que pose le progrès de la science, en ne manquant pas de consulter des experts sûrs et compétents.
Il est d'un grand intérêt d'étudier, d'approfondir et de diffuser la doctrine sociale de l'Eglise. En suivant les encouragements du magistère, il faut que l'intérêt de tous les prêtres et, par leur intermédiaire, de tous les fidèles en faveur des pauvres, ne reste pas un pieux désir, mais devienne un engagement vital concret. "Plus que jamais, l'Eglise sait que son message social sera rendu crédible par le témoignage des oeuvres plus encore que par sa cohérence et sa logique interne ".(234)
La connaissance et l'utilisation des moyens de communication sociale dans l'activité ministérielle est une exigence indispensable pour la formation intellectuelle des prêtres. Ces moyens, quand ils sont bien utilisés, constituent un instrument providentiel d'évangélisation, puisque non seulement ils peuvent atteindre un très grand nombre de fidèles et de personnes éloignées de l'Eglise, mais aussi toucher profondément leur mentalité et leur mode de vie.
A cet égard, il serait opportun que l'évêque ou la conférence épiscopale prépare des programmes et des instruments techniques conçus dans ce but.

(233)
CIC 279
(234) Cf. JEAN PAUL II, Encycl. Centesimus annus (1er mai 1991) , CA 57: AAS 83 (1991), 862-863.



78 Pastorale

96 Pour une formation pastorale adéquate, il est nécessaire d'organiser des rencontres ayant comme objectif principal de réfléchir sur le plan pastoral du diocèse. Il faudrait aussi y traiter toutes les questions touchant la vie et la pratique pastorale des prêtres comme par exemple, la morale fondamentale, l'éthique dans la vie professionnelle et sociale, etc.
On apportera un soin particulier à la connaissance de la vie et de la spiritualité des diacres permanents là ou ils existent , des religieux et des religieuses ainsi que des fidèles laïcs.
Il existe d'autres thèmes particulièrement utiles: la catéchèse, la famille, les vocations sacerdotales et religieuses, les jeunes, les personnes âgées, les malades, l'oecuménisme, ceux qui sont éloignés de l'Eglise, etc.
Dans les circonstances actuelles, il est très important pour la pastorale d'organiser des cycles spéciaux d'assimilation et d'approfondissement du "Catéchisme de l'Eglise Catholique" qui, surtout pour les prêtres, constitue un précieux instrument de formation aussi bien pour la prédication que, de manière générale, pour l'évangélisation.


79 Systématique

97 Pour que la formation permanente soit complète, elle doit être structurée de manière à ne pas être "quelque chose de ponctuel, mais plutôt un projet bien élaboré qui se déroule par étape selon des modalités précises" (235) Ceci implique nécessairement la création d'une structure qui détermine avec opportunité les instruments, les délais et les contenus de la réalisation concrète et adéquate de la formation. Cette organisation doit être conjuguée avec l'habitude de l'étude personnelle, puisque les cours périodiques auraient une faible utilité s'ils n'étaient pas accompagnés d'application à l'étude (236)

(235) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis
PDV 79: l.c. 797.
(236) Cf. ibid



80 Personnalisée

98 Bien qu'elle soit donnée à tous, la formation permanente a comme objectif direct le service de chacun de ceux qui la reçoivent. Aussi, en plus des moyens collectifs ou communautaires, tous les moyens doivent être mis pour personnaliser la formation de chacun.
Pour cette raison, il faut susciter, surtout chez les responsables, la conviction qu'ils doivent rejoindre chaque prêtre personnellement, s'occupant de chacun d'entre eux, sans se contenter de proposer à tous les différents moyens de formation.
De son côté, tout prêtre doit se sentir encouragé, par la parole et par l'exemple de son évêque et de ses frères dans le sacerdoce, à assumer la responsabilité de sa propre formation, sachant qu'il est lui-même son premier formateur.(237)

(237) Cf. ibid



Organisation et moyens


81 Rencontres sacerdotales

99 Le programme des rencontres sacerdotales doit avoir comme caractéristiques l'unité et la progression par étapes.
Cette unité doit converger vers la conformation au Christ, afin que les vérités de foi, la vie spirituelle et l'activité ministérielle contribuent à la maturation progressive de tout le presbyterium.
L'unité dans la formation est marquée par des étapes bien définies. Ceci exigera d'une part une attention spécifique à chaque tranche d'âge de prêtres, sans en oublier aucune, et d'autre part, un contrôle des étapes franchies qui veille à ce que la formation personnelle accompagne la formation communautaire. En effet, sans formation personnelle, la formation communautaire ne peut produire d'effet.
On doit comprendre que les rencontres de prêtres sont nécessaires à la croissance dans la communion parce qu'elles permettent une meilleure prise de conscience et une considération plus attentive des problèmes de chaque tranche d'âge.
Quant aux contenus de telles réunions, on peut faire référence aux thèmes éventuellement proposés par les conférences épiscopales nationales et régionales. Dans tous les cas, il est nécessaire que ces contenus soient établis dans le cadre d'un plan de formation précis du diocèse, si possible mis à jour chaque année.(238)
L'organisation et le déroulement de ces rencontres peuvent être prudemment confiés par l'évêque à des Facultés ou Instituts de théologie et pastorale, au Séminaire, à des organismes ou fédérations oeuvrant pour la formation sacerdotale,(239) ou à tout autre Centre ou Institut spécialisé, diocésain, régional ou national, selon les possibilités et les opportunités. On aura vérifié leur orthodoxie doctrinale, leur fidélité au magistère et à la discipline ecclésiastique, tout comme leur compétence scientifique et leur connaissance adaptée des situations pastorales réelles.

(238) Cf. ibid
(239) Cf. ibid CONC. OECUM. VAT. II, Décr. Optatam totius,
OT 22 Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 19.


82 L'année pastorale

100 Il revient à l'évêque, qui pourra se faire aider de coopérateurs prudemment choisis, de veiller à ce que dans l'année qui suit l'ordination sacerdotale ou diaconale soit organisée une année "pastorale": pour faciliter le passage de la vie de séminaire, qui est indispensable, à l'exercice du ministère sacré, en procédant par étapes, en favorisant une maturation humaine et spécifiquement sacerdotale qui soit progressive et harmonieuse.(240)
Pendant cette année, il faudra éviter que les nouveaux ordonnés soient plongés dans des situations trop difficiles ou trop délicates. On devra par ailleurs éviter les postes ou ils devraient agir loin de leurs confrères. Il faudra même, dans la mesure du possible, favoriser des formes convenables de vie commune.
Cette période de formation pourrait se dérouler dans une résidence destinée à cet effet (maison du clergé) ou dans un lieu qui constitue un point de référence concret et serein pour les prêtres qui en sont à leurs premières expériences pastorales. Ceci facilitera les entretiens et discussions avec l'évêque et avec les confrères, la prière commune (Liturgie des Heures, concélébration et adoration eucharistique, chapelet, etc.), l'échange d'expériences, l'encouragement réciproque, la naissance de bons rapports d'amitié.
Il serait opportun que l'Evêque confie les nouveaux prêtres à des confrères à la vie exemplaire et au zèle pastoral certain. La première nomination, malgré des urgences pastorales souvent pesantes, devrait surtout répondre à l'exigence d'orienter correctement les jeunes prêtres. Le sacrifice d'une année porterait alors des fruits abondants pour l'avenir.
Il n'est pas inutile de souligner que cette année si importante et si délicate devra favoriser la pleine maturation de la connaissance entre le prêtre et son évêque qui, commencée au séminaire, doit devenir un véritable rapport de fils à père.
Quant à l'aspect intellectuel, cette année ne devra pas tant être une période d'apprentissage de nouvelles matières que l'assimilation profonde et l'intériorisation de tout ce qui a été étudié dans les leçons institutionnelles, pour favoriser la formation d'une mentalité capable de juger les événements à la lumière du dessein de Dieu.(241)
Dans un tel contexte, on pourra organiser opportunément des leçons et des séminaires de pratique sur la confession, la liturgie et la catéchèse, la prédication, le droit canon, la spiritualité sacerdotale, laïque et religieuse, la doctrine sociale, la communication et les médias, la connaissance des sectes et des nouvelles formes de religiosité, etc.
En pratique, cette année pastorale doit être une année de synthèse. Tous les éléments doivent répondre au projet fondamental de maturation de la vie spirituelle.
La réussite de l'année pastorale est de toute manière toujours subordonnée à l'engagement personnel de l'intéressé, qui doit tendre tous les jours à la sainteté, dans la recherche continuelle des moyens de sanctification qui l'ont aidé depuis le séminaire.

(240) Cf. PAUL VI, Motu Proprio Ecclesiae Sanctae (6 août 1966), I, 7: AAS 58, 761; S. CONGR. POUR CLERGE, Lettre circulaire aux Présidents des Conférences Episcopales Inter ea (4 novembre 1969), 16: AAS 62 (1970), 130-131; CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE, Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis (19 mars 1985) 63; 101;
CIC 1032
(241) Cf. CONGREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE, Ratio Fondamentalis Institutionis Sacerdotalis ( 19 mars 1985), 63.



83 Temps "sabbatiques"

101 Le danger de l'habitude, la fatigue physique due au surmenage auquel les prêtres sont soumis surtout aujourd'hui à cause des activités pastorales, la fatigue psychologique elle-même souvent causée par la lutte continue contre l'incompréhension, les sous-entendus, les préjugés, l'opposition à des forces organisées et puissantes qui veulent donner l'impression que le prêtre aujourd'hui appartient à une minorité culturellement obsolète: voici certains des facteurs qui peuvent introduire le découragement dans l'âme du pasteur.
Malgré les urgences pastorales et même à cause d'elles, pour y faire front de manière plus adéquate, il est convenable que les prêtres bénéficient de périodes plus ou moins longues selon les possibilités réelles pour parler plus longuement et plus intensément avec le Seigneur Jésus, reprenant force et courage pour continuer leur chemin de sanctification.
Pour répondre à cette exigence particulière, différentes initiatives ont déjà été promues par de nombreux diocèses, avec des résultats souvent prometteurs.
Ces expériences sont intéressantes et peuvent être prises en considération, malgré les difficultés de certaines régions qui souffrent plus particulièrement de la carence numérique de prêtres.
Dans ce but, pourraient remplir un rôle notable les monastères, les sanctuaires et les autres lieux de spiritualité, si possible loin des grands centres urbains, et laissant le prêtre libre de toute responsabilité pastorale directe.
Dans certains cas, il pourra être utile que ces haltes aient comme finalité l'étude ou la mise à jour dans les sciences sacrées, sans oublier pour autant le ressourcement spirituel et apostolique.

Dans tous les cas, on évitera avec soin le danger de considérer cette période sabbatique comme un temps de vacances, ou de la revendiquer comme un droit.


84 Maison du clergé

102 Là où c'est possible, il faut souhaiter l'érection d'une «maison du clergé», qui pourrait ainsi constituer un lieu pour qu'on y tienne les rencontres de formation, et un point de référence en de nombreuses autres circonstances. Cette maison devrait offrir toutes les structures qui la rendent confortable et accueillante.

Là où elles n'existent pas encore et semblent nécessaires, il est conseillable de créer, au niveau national ou régional, des structures adaptées au rétablissement physique, psychique et spirituel des prêtres qui en ont besoin.


85 Récollections et exercices spirituels

103 Comme le prouve la longue expérience spirituelle de l'Église, les récollections et les exercices spirituels sont un instrument efficace et idoine pour une formation permanente adéquate du clergé. Aujourd'hui encore, ils conservent toute leur actualité et toute leur nécessité. Allant à contre-courant d'une attitude qui viderait l'homme de toute intériorité, le prêtre doit retrouver Dieu et se retrouver lui-même, en pratiquant des haltes spirituelles pour s'immerger dans la méditation et la prière.

A cet effet la législation canonique établit que les clercs: «sont tenus de faire les retraites spirituelles, selon les dispositions du droit particulier».(242) Les deux modalités les plus courantes, qui peuvent être prescrites par l'évêque pour son propre diocèse, sont la récollection spirituelle d'un jour, si possible mensuelle, et les exercices spirituels annuels.

Il est tout à fait opportun que l'évêque organise les récollections et les exercices spirituels, de manière à ce que chaque prêtre puisse choisir parmi ceux qui sont normalement donnés dans le diocèse ou hors du diocèse, par des prêtres exemplaires ou des Instituts religieux particulièrement exercés à la formation spirituelle par leur charisme, ou dans des monastères.

Il est aussi recommandé d'organiser une retraite spéciale pour les prêtres ordonnés durant les dernières années, à laquelle l'évêque lui-même prendra une part active.(243)

Durant ces rencontres, il est important de mettre en lumière des thèmes spirituels, d'offrir de larges espaces de silence et de prière, de soigner particulièrement les célébrations liturgiques, le sacrement de la Pénitence, l'adoration eucharistique, la direction spirituelle et les actes de vénération et de culte envers la Bienheureuse Vierge Marie.
Pour donner une plus grande importance et une plus grande efficacité à ces moyens de formation, l'évêque pourra nommer dans ce but un prêtre qui aura pour tâche d'en fixer les dates et les modalités.
Dans tous les cas, il faut que les récollections et spécialement les exercices spirituels annuels soient vécus comme des temps de prière et non pas comme des cours de mise à jour théologique et pastorale.

(242)
CIC 276 Cf. can. CIC 533 CIC 550
(243) Cf. CONCREGATION POUR L'EDUCATION CATHOLIQUE, Ratio Fondamentalis Institutionis Sacerdotalis ( 19 mars 1985 ), 101.



86 Nécessité d'une programmation

104 La formation permanente rencontre généralement des difficultés, principalement dues aux devoirs nombreux et graves auxquels sont appelés les prêtres. Il faut dire cependant que toutes les difficultés sont surmontables si la formation leur est donnée avec le sens de leurs responsabilités.
Pour être à la hauteur des circonstances et affronter l'urgence du travail d'évangélisation, il est nécessaire entre autres instruments que soit menée une courageuse action de gouvernement pastoral qui cherche à s'occuper particulièrement des prêtres. Il est indispensable que les évêques exigent, avec la force de la charité, que leurs prêtres appliquent avec générosité les dispositions légitimes prises dans ce domaine.
Le "plan de formation permanente" doit être non seulement conçu ou programmé, il doit être aussi réalisé. Pour cela, il est nécessaire que le travail soit clairement structuré, qu'il comporte des objectifs, des contenus et des instruments.



1994 Directoire prêtres 61