Hilaire Psaumes 14806

Comment les êtres inanimés louent-ils Dieu ?

14806 Après que les autres créatures terrestres sont de nouveau appelées à la louange, même si toutes ne sont pas associées à ces biens célestes et béatifiants - les unes étant dotées d’une perception irrationnelle, les autres d’une nature inanimée, d’autres encore du fait de la défaveur encourue par leur impiété -, cependant, ayant toutes été faites ainsi, par cela même, elles annoncent Dieu en manifestant en elles l’action de la providence qui les a ainsi disposées. Le Prophète dit en effet : « Louez le Seigneur depuis la terre, dragons et tous les abîmes ; feu, grêle, neige, glace, vent de tempête, qui accomplissez Sa Parole ; montagnes et toutes les collines, arbres à fruits et tous les cèdres, animaux sauvages et toutes les bêtes des troupeaux, serpents et oiseaux ailés, rois de la terre et tous les peuples, princes et tous les juges de la terre, jeunes gens et filles vierges, vieillards et adolescents : qu’ils louent le nom du Seigneur ! » (Ps 148,7-13). Toutes les créatures chantent la gloire de Dieu bien que certaines soient dépourvues de la faculté de glorifier (le Créateur) ; mais, par le rang où elles ont été établies comme par la nature de leur mode d’être, elles manifestent la louange du Créateur. Des dragons sont retenus sur la terre ; plusieurs d’entre-eux sont immergés dans les eaux abyssales, de sorte qu’ils nous contraignent à l’obéissance dans la crainte de Dieu et l’exercice de notre religion, tandis que, relâchés sur la terre et au fond de l’abîme, ils ont été disposés à l’avance pour châtier notre impiété. La nature du feu, la blancheur de la neige, l’éclat cristallin de la glace, le souffle de la tempête, la hauteur des montagnes, la modestie des collines, les fruits des arbres, la variété des bêtes sauvages, l’utilité du bétail, la nuisance des serpents, le vol des oiseaux, la puissance des rois, le service des peuples, la dignité des princes, l’équité des juges, les moeurs des personnes de tous âges et de tous les sexes, l’ardeur au travail et la mise en oeuvre des vertus, ainsi, toutes ces choses façonnées distinctement et parfaitement animées, louent la Providence du Créateur. Et vis-à-vis de celles qui n’ont pas de principe d’animation ou sont irrationnelles, le Psalmiste montre néanmoins la qualité de leur louange lorsqu’il dit : « Elles accomplissent Sa Parole », de telle sorte qu’à partir de cette Parole qui, selon le rang approprié de leurs offices respectifs les a établies, soit rendu élogieusement témoignage au Créateur par ces éléments de la création qui y ont été placés.

14807 La cause de ce que des êtres rationnels doivent adresser leur louange à Dieu. Les Trônes du bienheureux Règne.

En vérité, aux rois et aux autres êtres rationnels qui leur sont associés, ce motif de louange est proposé au verset 13 : « Car Son nom seul est exalté, la confession de louange déborde au ciel et sur la terre ». Certes, par cette détermination de ce qui constitue les rois, les peuples et les princes, les juges et les gens de tout âge, Dieu est louable, car Il tient ensemble dans une proportion bien réglée le déroulement de ces diverses charges dans la vie humaine. Cependant, parce que toute louange éminente manifeste le temps de ce bienheureux Règne, le psalmiste ajoute le motif de cette louange : « Car Son nom seul est exalté » ; alors, même par ceux qui agissent sous la contrainte, le Dieu Un est connu et vu, le diable étant à nouveau enchaîné, avec ses anges qui lui sont adjoints pour subir la peine du feu éternel, ainsi que toute puissance orgueilleuse livrée à l’emprise des esprits mauvais, étant donné qu’alors ce monde terrestre du péché et de la mort ne sera plus. Le Psalmiste dit en effet au v. 14 : « La confession de louange remplit le ciel et la terre. Il (Dieu) relève le front de son peuple ». Cela s’entend du temps de la bienheureuse cité où le Seigneur relèvera le front de son peuple, c’est-à-dire que l’incorruptibilité lui sera donnée, et, par grâce, Il lui accordera l’immortalité. En effet, il y aura « un ciel nouveau et une terre nouvelle » quand à ces choses présentement dissolues et relâchées succèderont des réalités nouvelles et éternelles. Aussi, sera-t-il rendu à Dieu une louange remplissant ciel et terre ; car ce n’est pas en ce siècle, ni dans les airs mais dans des lieux très élevés que sont dressés les Trônes de ce bienheureux Règne.

Le peuple qui s’est approché est déjà celui du Règne du Fils, mais pas encore celui du Règne du Père.

14808 Et parce que ce Règne est le Règne des saints par lequel, le Seigneur régnant, ils montent vers le bienheureux Règne de Dieu le Père, le Prophète conclut ainsi le psaume : « Hymne de louange (au Seigneur) par tous ses saints, par les fils d’Israël, le peuple qui s’approche de Lui » (v. 14bc).

Cet hymne est tout entier celui des saints qui louent Dieu, non pas quand les autres, rois, princes, juges, le louent à titre admiratif devant Sa puissance ou par respect craintif dans la confession de louange, mais pour la joie d’une béatitude parfaite trouvée en Lui et, de la part des chantres, à titre de remerciements : ceux-là ce sont les saints, les fils d’Israël, « ceux qui se sont approchés » de Dieu ; et non pas en tout cas de ceux dont il est dit : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi » (
Mt 15,8 cf. Ps Ps 77,36 Is Is 29,13). Il s’agit bien plutôt de ceux qui ont mérité d’entendre : « Le Seigneur est proche de ceux qui l’invoquent » (Ps 144,18).

Donc, cet hymne leur appartient, eux qui « s’approchent de Dieu », qui se sont faits proches du Règne éternel par ce bienheureux Règne de la Sainte Jérusalem ; ceux qui, après le Règne du Seigneur Jésus Christ, passeront, réunis par le Seigneur, dans le Royaume de Dieu le Père, selon la parole de l’Apôtre Paul : « Alors, il (le Christ) remettra la Royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds ; car Il (le Père) a tout mis sous ses pieds ; le dernier ennemi détruit, c’est la mort. Et lorsqu’il aura dit : ’Tout est soumis désormais’ - c’est à l’exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses ; et lorsque toutes choses lui auront été soumises, lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis afin que Dieu soit tout en tous » (1Co 15,24-28).

Donc, ce peuple est celui qui s’est approché du Règne de Dieu le Père en s’en faisant proche par le Règne du Fils de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur règne tout en étant sur le point de transmettre son Règne à Dieu le Père ; cela non pas par carence de puissance qui le ferait se démettre de son Règne, mais parce que nous, qui sommes son Règne, nous sommes sur le point d’être transférés dans le Règne de Dieu le Père. La transmission du Règne (Regni traditio) est notre promotion, de sorte que, ayant intégrés le Règne du Fils, nous soyions aussi dans le Royaume du Père [4], rendus dignes du Royaume du Père pour avoir participé au Royaume du Fils. Alors, nous serons proches du Royaume du Père quand nous serons dans le Royaume du Fils qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.

[1] de la série des 150.

[2] cf. Ps 147

[3] cf. De Trin. IV, 16

[4] Cf. De Trin. XI, 39


Commentaire sur le Psaume 149

Ps 149

14900 Texte retenu par Hilaire :

Alleluia. Chantez au Seigneur un Cantique nouveau, sa louange dans l’assemblée des saints. Qu’Israël se rejouisse en son Créateur et que les fils de Sion exultent en leur Roi. Qu’ils louent son Nom par la danse, qu’ils chantent des psaumes avec le tambourin et la harpe (à dix cordes). Car le Seigneur se complaît dans son peuple ; Il relèvera les doux pour leur salut. Les saints se réjouissent dans la gloire ; ils exultent dans leur repos (sur leur couches). À pleine gorge, ils magnifient Dieu ; ils ont en main le glaive à deux tranchants pour exercer la vengeance parmi les nations, les châtiments parmi les peuples. Pour lier leurs rois avec des chaînes, et leurs princes avec des entraves de fer, pour exécuter contre eux le jugement qui est consigné par écrit : telle est la gloire de tous les saints.

14901 Une récapitulation du psaume précédent

Le psaume précédent (
Ps 148) a exhorté toutes les créatures, dans leur diversité, à la louange du Dieu Créateur ; et l’ordonnancement de l’exhortation commence par les créatures célestes, parcourt ensuite la totalité des animaux de la terre, de la mer, et des airs, passe ainsi par tout genre de peuple pris dans son ensemble avec les différences d’âges, de sexes, de puissances, exhortant à honorer la confession (de louange) qui est due, afin que soit confirmée la gloire de Celui qui, de Lui, avait rempli tout l’univers de vie (cf. Jn Jn 1,4), l’avait embelli pour qu’une fervente parole d’action de grâces le célèbre. Après quoi, quand il l’estima convenable, le Prophète s’acquittera totalement, à la fin de ce psaume, du don propre à son office : le monde entier est exhorté à la louange divine. Il montre cependant que cet hymne est celui des saints, à savoir des fils d’Israël ; il appartient au peuple « qui s’est approché » de Dieu (cf. Ps Ps 148,14). Quoique l’universalité des créatures louerait Dieu pour la connaissance et pour le remerciement du don de la vie, le seul Israël cependant chanterait pour lui, s’appropriant l’hymne par sa familiarité de connaissance et son sens de l’honneur à rendre à Dieu. Pour ceux qui suivent désormais ces fils d’Israël, nous-mêmes, nous sommes encouragés à devoir chanter à Dieu le Cantique nouveau. Peut-être qu’il n’y a rien que le psaume antérieur n’ait laissé inachevé en matière de nouveauté et d’admiration émerveillée ; pourtant, s’il existait quelque chose qui aille dans le sens de notre gratitude et de notre perception du devoir de louer le Seigneur, il conviendrait de prescrire le chant de ce psaume-ci pour entrer dans la louange. Cependant pour se transporter au-delà du Trône céleste, notre esprit ne suffit pas ; c’est bien pourquoi les créatures qui sont au-dessus des cieux, elles, sont invitées à louer Dieu. Par contre, l’idée préconçue de notre intelligence selon laquelle il faudrait se tendre par delà l’immensité de l’abîme, ne peut être reçue. Il n’en est pas moins vrai que ces réalités qui sont d’en-haut sont appelées à l’office de la louange. Déjà la nature elle-même des espaces aériens par la grêle, la neige, la glace, le vent de tempête, imposent de chanter ensemble la gloire d’une si grande louange. Néanmoins, la totalité du genre humain dans ses rois, ses princes, ses juges, dans toute la fleur de l’âge ou dans la maturité de la vieillesse, se fait un précepte de chanter la louange de Dieu, car toutes ces réalités se tiennent en elles-mêmes dans un parcours modéré et sans à coup, et l’universalité des choses s’écoule ainsi selon la loi prescrite de leur nature, afin qu’il ne leur soit pas permis de se retirer de ces réalités qui ont été créées par détermination.

14902 Ce qui fait que ce Cantique nouveau soit particulier

Bien qu’en dehors de ces décrets des choses divines et célestes, nulle connaissance ne paraît être concédée à l’homme, nulle louange de connaissance, nous percevons pourtant à quelle sorte de Cantique nouveau nous sommes maintenant appelés lorsqu’il est dit au v.1 : « Chantez au Seigneur un Cantique nouveau ». C’est bien un Cantique tout à fait nouveau. Certes, nous mettons en lumière maintenant la reconnaissance exprimée par ce nouveau Cantique comme il l’a été dans les psaumes précédents où le Cantiqe nouveau est chanté (cf. Ps
Ps 95 et 97) ; quand le Seigneur est montré sur le point de régner parmi les nations (cf. Ps Ps 95,10), quand Sa droite lui a procuré (au Psalmiste) le salut (cf. Ps Ps 97,1) en vue de la gloire du Règne, quand, reprenant pour lui-même son âme du séjour des morts, il nous prit avec Lui en rois. Il est donc particulier ce Cantique nouveau ; il est le propre des saints du Seigneur. Suit en effet : « Sa louange est chantée dans l’assemblée des saints. Qu’Israël se réjouisse en Celui qui l’a créé ; que les fils de Sion exulte en leur Roi ; qu’ils louent son nom par la dance, qu’ils psalmodient pour Lui avec harpe et tambourin » (cf. Ps Ps 149,2-3), à savoir en Celui qui, selon le Ps 95, régnera parmi les nations, et que, dans le Cantique nouveau suivant (cf. Ps Ps 97,1), fait Seigneur, Il (Dieu) le sauvera par sa droite en des actions merveilleuses.

C’est donc en ce Roi que se réjouissent Israël et les fils de Sion ; Sion, c’est-à-dire notre Mère dans les cieux, la cité des premiers-nés qui sont inscrits et des myriades d’anges (cf. He He 12,22-23). Et cet Israël - qui est à entendre au sens spirituel et non selon la lettre -, c’est celui sur lequel repose la paix de l’Apôtre (cf. Ga Ga 6,16). Les fils, ce sont ceux qui, accueillant et confessant le Roi, sont devenus fils de Dieu, ceux qui, dans un corps, ont reconnu Dieu avec les yeux de l’esprit ; ils se réjouissent par la danse, au son du tambourin, chantant des psaumes en s’accompagnant de la lyre à dix cordes. C’est un chant d’allégresse dans les tentes des justes et une symphonie cantilée qu’à son retour, le fils prodigue qui s’est repenti, a entendue (cf. Lc Lc 15,25).

14903 L’homme, plaisant à Dieu par création, Lui déplut par le péché, et fut l’objet de Sa compassion dans le Christ.

Cependant, après l’ovation de louange des créatures et les Cantiques nouveaux antécédents, il est maintenant montré en termes appropriés quelle est la cause de ce Cantique nouveau, lorsqu’il est dit aux versets 4 et 5 : « Car le Seigneur se complaît dans son peuple ; Il relèvera les humbles et les sauvera. Les saints exulteront dans la gloire ». Certes, tout ce que Dieu a créé Lui agrée. La Genèse en témoigne lorsque l’auteur du livre dit : « Et Dieu vit que cela était bon » (
Gn 1,31) ; mais nous savons que son bon plaisir à Lui, Dieu, est dans son peuple. Bien sûr, elle est bonne la création de l’homme, lorsqu’au commencement de sa création il obtint, dès le point de départ, la ressemblance avec Dieu ; mais au jugement tempérant du Dieu immuable à la suite du détournement de la volonté de l’homme et de son libre arbitre, puisque l’homme avait péché et devait se repentir - repentance nécessaire parce que Dieu l’avait fait -, ce fut pour l’homme une probation. À la vérité, pour ceux-là qui se trouvent reformés, passant du péché à la vie, repoussant la rudesse de la pénitence, déjà l’affection tendre du bon plaisir de Dieu leur est signifiée. En effet, nous sommes réconciliés par le corps et le sang du Christ ; d’ennemis de Dieu, nous voilà ses fils, étant donné que le Seigneur avait promis pour nous, par le mystère de Son impénitence, l’apaisement du Grand-Prêtre éternel, le Prophète annonçant : « Le Seigneur l’a juré ; Il ne s’en repentira pas : tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech » (Ps 109,4). Il plaît donc au Seigneur de jurer ne pas se repentir à celui qui, régnant selon l’ordre de Melchisédech - c’est à dire comme Roi et Prêtre des nations païennes -, est salut pour les doux et les humbles, puis splendeur de gloire pour les saints qui exultent à cause de leur Roi.

14904 Le privilège des saints. Guttur (la gorge) : ce que signifie ce mot. Et le glaive ? Du glaive aiguisé des deux côtés, à l’usage des saints.

Mais, après la gloire des saints, il nous faut comprendre ce qui conduit à la plénitude du Cantique nouveau : « Ils (les saints) exulteront sur leurs couches (dans leur repos). À pleine gorge, ils magnifient Dieu ; ils ont à la main le glaive à deux tranchants » (vv. 5-6). Déjà, la garniture de lit n’est plus inondée de larmes, et le lit des nuits solitaires de « ceux qui passent leur vie dans ce corps de mort » (cf. Ro
Rm 7,24) à cause de la nécessité imposée par le péché et de la souffrance qui en résulte, n’est plus lavé de larmes. Sur leurs couches, désormais, les saints se réjouissent dans la gloire ; et, de ce fait, les cris d’exultation adressés à Dieu sont toujours dans leur gorge. Pour ce qui est de la gorge, le mouvement affectif de la conscience profonde en atteste la signification. Mais ce n’est pas seulement l’exultation de Dieu qui monte de leur gorge ; c’est encore, à la vérité, qu’ils sont armés dans leur main du glaive à deux tranchants. Cette connaissance du Roi montre combien sont entourés de complaisance les fils de Sion pour qu’il leur soit remis dans la danse, les tambourins et le chant des psaumes, le salut, la gloire et la joie, l’exultation et la souveraineté. En effet, la souveraineté est désignée (symboliquement) par le glaive, alors que de plusieurs côtés nous sommes exhortés à nous joindre à eux. Pourquoi, en effet, des glaives à deux tranchants se trouvent-ils dans leurs mains. Le Prophète aussitôt nous en instruit en disant : « Pour exercer la vengeance parmi les nations, des châtiments parmi les peuples, pour lier leurs rois avec des chaînes et mettre des entraves de fer à leurs princes, pour exercer contre eux le jugement prescrit, comme il est écrit : telle est la gloire de tous les saints » (Ps 149,7-9).

Voici donc le Cantique nouveau chanté pendant que les humbles de la terre sont établis rois pour les rois alors qu’ils ont été considérés, eux la lumière du monde et les vengeurs des nations, comme étant l’ordure du monde et les avortons des païens (cf. 1Co 4,13). En effet, les glaives à deux tranchants sont dans leurs mains car pour le célèbre Saint de l’Apocalypse (le Verbe de Dieu ; cf. Ap Ap 19,15), un glaive acéré des deux côtés sort de sa bouche, exerçant partout le jugement de souveraineté. Le Seigneur vient, en effet, jeter le glaive sur la terre (Mt 10,34), et les saints, selon l’Apôtre, jugeront le monde, le monde sera jugé relativement à eux (cf. 1Co 6,2). Il est dit en effet, « ne savez-vous pas que vous jugerez les anges » (de Satan ;ibid. v.3) ? Que s’exerce donc par eux la vengeance parmi les nations ; car Dieu, parmi nous, est « le Dieu des vengeances » (cf. Ps Ps 93,1). Ensuite, le blâme sera dévoilé parmi les peuples. Il est en effet fidèle Celui qui a dit : « Je te reprendrai et je placerai tes fautes devant toi » (Ps 49,21). Mais cela ressort de la démonstration que les rois des nations et les princes ont été vaincus, menottes aux mains et entraves aux pieds. Selon l’Évangile, vaincus pieds et mains liés, ils sont jetés dans les ténèbres extérieures (cf. Mt Mt 22,13). Et parce que là seront les pleurs et les grincements de dents, là sera rendu le jugement porté par écrit, que précisément la Loi avait écrit, que les Prophètes avaient annoncé, que toute parole divine avait attesté. De ce jugement, la foi, la ferveur religieuse , la continence, la confession (de louange et du péché) en possède le mérite ; par ce jugement, l’indifférence vis-à-vis des affaires du siècle prend en charge le fait de devenir roi de rois, eux dont les haines à cause du nom du Christ furent soutenues par ruse ; des princes sont réprimés, eux dont les liens et les prisons nous contraignirent. Le jugement a été mis par écrit à leur intention, eux dont les glaives et la puissance souveraine ont sévi avec violence. Ainsi, l’hymne du Cantique nouveau est parfaitement accompli quand, après l’opprobre des nations païennes et les tortures provoquées par les rois, ils (les sanctifiés) infligent le jugement consigné par écrit aux païens et aux rois, eux pour qui le Seigneur Jésus Christ, l’Unique Engendré, est Dieu, Seigneur et Roi, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen.



Commentaire sur le Psaume 150

Ps 150

15000 Texte retenu par Hilaire :

Alleluia ! 1- Louez le Seigneur dans ses saints, Louez-le au firmament de sa puissance. 2- Louez-le pour ses hauts faits ; Louez-le selon sa grandeur infinie. 3- Louez-le au son de la trompe, Louez-le sur la harpe et la cithare. 4- Louez-le par le tambourin et la danse, Louez-le au son des cordes et des instruments. 5- Louez-le avec les cymbales retentissantes, Louez-le avec les cymbales de jubilation. Que tout ce qui respire loue le Seigneur !


15001 Les psaumes se rapportent aux mystères (des sens de l’Écriture [1] ; Pourquoi sont-ils répartis en trois cinquantaines ?

Nous avons souvent expliqué le Livre des Psaumes comme se rapportant aux grands mystères des choses célestes, étant donné que l’ordonnancement de chacun se répartit en opposition à des raisons de temps et de faits objectifs, d’ordre et de numérotation, et que, d’autre part, certaines suscriptions se trouvent rattachées autrement dans les livres des Hébreux, écrites différemment, et que plusieurs titres sont portés en tête, ou bien n’existent pas. Ainsi, étant donné qu’au-delà d’une pensée tirée de la lettre le Livre est exposé selon un sens relevant d’une manière de comprendre supérieure, il convient finalement d’en conclure que, selon la glorieuse perfection de notre espérance, le Livre montre qu’il porte au plus haut point la prophétie de tant de Prophètes. D’abord, dans le Livre se trouve réparti un nombre de psaumes qui, à partir du nombre de la triple cinquantaine, doit permettre d’arriver au total de cent cinquante, puisque, chez les Hébreux, un nombre isolé ne peut pas se joindre aux autres ; chez eux, la plupart des psaumes, où le plus petit nombre s’associe à cette triple cinquantaine, sont reliés les uns aux autres. Il y a donc eu, chez les traducteurs, cette intelligence spirituelle qui les porta à répartir selon une règle numérique la série des psaumes accumulée dans de nombreux textes sans fragmentation, de sorte que cette organisation des psaumes et ce chiffre de trois cinquantaines pourrait constituer une plénitude et constituer en quelque sorte la base de tout le Livre. Pour la foi, ce Livre - ainsi que nous l’expliquons pour le psaume cent-cinquante -, comprend une première cinquantaine, conforme aux prescriptions de la Loi ; elle contient l’aveu et la rémission des péchés, après le sabbat des sabbats. Une autre section qui possède la plénitude du même nombre (50), concerne, non pas la rémission des péchés, mais le fruit et le devoir de la justice ; après quoi, sous l’autorité du même nombre (50), est consommée l’espérance des saints, dès lors que tout aura été renouvelé en vue de la gloire de la nature spirituelle, de sorte que, pas à pas, par ce processus où l’on en vient à communier à Dieu. Cela sera effectif lorque la rémission des péchés aura mérité le retour à l’innocence et à la fermeté du jugement, qu’elle se sera saisie en outre de la dignité de la gloire spirituelle par une vie d’innocence et une constance dans le jugement. Ainsi, le baptême, la résurrection, le changement de vie s’abstiennent de tout dérèglement, étant donné que la première cinquantaine du Livre des Psaumes nous régénère dans l’innocence ; dans celle qui suit, la (première) résurrection conduit au jugement droit de l’innocence ; la troisième cinquantaine établit la louange dans la nature de l’esprit. En effet, après que les rois aient été vaincus, entraves aux pieds, et que les princes aient eu les mains liées, après le jugement opéré par les saints comme il est écrit, puisqu’en tous les saints la gloire s’établissait, il s’en suivait par conséquent l’accomplissement plénier de cette même gloire.

15002 Le psaume immédiatement antérieur (Ps 149) nous invitait à la louange de Dieu à cause de la magnificence des oeuvres créées ; mais après l’hymne du Cantique nouveau, Dieu doit être loué dans les saints qu’Il a placés, après la mise par écrit du jugement, dans la gloire de l’éternité ; et Dieu leur donnera d’être désormais immuables comme récompense d’honneur céleste. Qu’Il doive être loué au firmament de sa puissance, cela s’impose puisqu’Il a assailli le firmament de sa puissance, la mort étant engloutie dans un combat lorsque l’incorruptibilité anéantira la corruption. Et pour cette raison, la louange de Sa puissance assaille le firmament de l’éternelle puissance, car l’immortalité réduira à rien la mort, attribuant (à ceux qui aiment Dieu) ce que l’oeil n’a pas vu, ni ce que le coeur n’a pensé, ni ce que l’oreille n’a entendu [2] … [3]

[…] Dieu, selon l’Apôtre, nous ayant bénis avant la constitution du monde d’une bénédiction spirituelle dans les cieux (Ep 1,3). Tous les devoirs de la voix et des oeuvres mettent en mouvement vers la gloire de cette louange, selon la diversité des demeures et en toute clarté. De ce fait, nous louons par les cymbales retentissantes ; cette louange d’exultation est rendue parfaite par les cymbales. Et cette louange se trouve tout entière dans les sanctifiés, parce qu’elle a chassé d’eux la corruption de la chair et du sang, parce qu’ils ont été reformés à l’image de leur Créateur, parce qu’ils ont commencé à être déjà rendus semblables à la gloire du corps de Dieu, parce qu’ils ont été remplis de toute la plénitude de Dieu, parce que Dieu est esprit (Jn 4,24), ce n’est donc pas la chair qui, désormais, sera destinée à louer Dieu, mais l’esprit.



[1] Cf. Traité De Mysteriis

[2] Cf. 1 Co 2, 9.

[3] Ici se trouve une lacune dans le texte d’Hilaire.





Hilaire Psaumes 14806