Discours 1982 - Samedi, 18 septembre 1982


AUX PARTICIPANTS À LA 69ème CONFÉRENCE DE L’UNION INTERPARLEMENTAIRE

Samedi, 18 septembre 1982



Monsieur le Président, Excellences, Mesdames, Messieurs,

1. J’apprécie d’une façon particulière votre présence ici, à l’occasion de l’importante Conférence que tient à Rome la noble Institution dont vous êtes membres. Et je vous remercie de votre visite.

Mes vénérés prédécesseurs n’ont pas manqué de manifester leur intérêt à l’Union Interparlementaire et même i lui prodiguer leurs encouragements. Par exemple le Pape Pie XII, le 9 septembre 1948, soulignait h permanence et l’opportunité d’une telle Association. Et voilà 10 ans, lorsque l’Union tint sa précédente Conférence en Italie, le Pape Paul VI voulut rendre un hommage manifeste à votre travail de parlementaires. Après avoir situé votre action politique au regard du pouvoir exécutif, des nouveaux “pouvoirs” des corps intermédiaires et des technocrates, Paul VI diagnostiquait une certaine crise de fonction et d’identité du Parlement, mais il souhaitait justement, dans le cadre d’une évolution nécessaire, que cette institution remplisse encore plus efficacement son rôle, au-delà des querelles partisanes et d’un certain jeu politique stérile. Le Parlement ainsi compris contribue en effet à la sauvegarde de la démocratie.

L’expérience ne montre-t-elle pas tous les jours ce que risque une nation lorsque les Autorités gouvernementales d’une part et les groupes de pression d’autre part ne laissent plus leur juste place aux représentants de la société, élus démocratiquement et agissant librement, en conscience, pour répondre aux aspirations légitimes de leurs compatriotes, en envisageant le bien commun de l’ensemble du peuple et en tenant compte des réalités concrètes ainsi que des droits fondamentaux des personnes et de leurs associations?

2. Guidés par les profondes aspirations populaires qui sont à la base de votre mandat de représentants, vous êtes certainement très conscients de l’urgence de contribuer à la sécurité et au progrès de ceux qui vous ont mandatés, non seulement au plan intérieur de chaque nation, mais dans un cadre toujours plus vaste, sachant le lien étroit qui existe entre le bien commun de chaque population et sa réalisation à l’échelle mondiale.

A ce plan international, la valeur de l’Union Interparlementaire est d’ailleurs attestée par l’augmentation des adhésions: plus d’un tiers au cours des dix dernières années. La représentativité de l’Union est d’autant plus grande que, en son sein, comme d’ailleurs en d’autres Organisations internationales, siègent côte à côte des délégués de peuples qui s’efforcent de maintenir ou d’augmenter leur niveau de prospérité, souvent élevé, et des représentants de peuples qui en sont encore à lutter pour leur survivance, compromise par la faim, par les maladies, par le manque de biens essentiels.

Cette diversité de positions, aussi bien que les multiples différences politiques, sociales et ethniques, confèrent à l’Union interparlementaire une remarquable capacité de synthèse et de promotion, que manifestent du reste les thèmes que vous discutez ces jours-ci: depuis le lien entre la réduction des dépenses militaires et le développement économique et social du tiers-monde jusqu’à la participation des parlementaires dans le domaine des relations internationales; depuis l’uniformité souhaitée des législations écologiques destinées à sauvegarder l’équilibre de l’environnement jusqu’aux moyens concrets de combattre la faim dans le monde; et encore la liquidation des restes du vieux colonialisme ou la préservation de toute forme de néocolonialisme.

Précisément, plutôt que de revenir sur votre fonction de parlementaires au sein de vos pays, je voudrais aborder quelques-uns de ces problèmes mondiaux, et d’autres qui tiennent à coeur à l’Eglise catholique.

3. Je désire d’abord rappeler mon message de juin dernier à la deuxième Assemblée extraordinaire des Nations Unies consacrée au problème primordial de l’arrêt des courses folles aux armements: non seulement des armes nucléaires, qui bien sûr suscitent une profonde inquiétude, vu leur terrifiante capacité de destruction, mais aussi de ce que l’on appelle les armes conventionnelles, qui absorbent des ressources immenses de l’humanité alors que celles-ci peuvent et doivent être destinées à de tout autres buts.

Ne nous décourageons pas. Certes, la réunion de New York n’a finalement pas donné tous les fruits qu’en attendaient les peuples et les hommes vraiment attachés à la paix. Elle laisse cependant l’espoir de poursuivre ce travail en profondeur. Travaillons sans relâche auprès des instances compétentes, afin que la réduction des armements devienne une conquête effective des générations actuelles. Il faut pour cela renforcer le climat de confiance et de collaboration. Les occasions ne manquent pas. Citons par exemple, pour le continent européen, la reprise imminente de la Conférence de Madrid qui peut offrir l’occasion de progrès appréciables dans la sécurité et dans la compréhension mutuelle, dans la ligne de l’Acte final d’Helsinki. Mais je pense aussi à des réunions au niveau des autres continents, américain, africain, asiatique, et aux initiatives qui touchent l’ensemble de la planète.

A l’aube de cette année, dans mon message habituel pour la Journée Mondiale de la Paix, j’ai défini celle-ci: “Un don de Dieu confié aux hommes”. La paix vous est donc confiée à vous aussi, et cela d’une façon particulière, en raison de votre vocation politique active et de vos responsabilités majeures en ce domaine: puissiez-vous contribuer à ce que la paix soit sauvegardée, fortifiée et instaurée là où elle fait défaut!

A ce sujet, comment ne pas avoir en ce moment-ci une préoccupation spéciale pour le Proche-Orient? Mais je ne m’y étends pas, car vous savez sans doute que mercredi dernier, à la fin de l’audience générale, j’ai clairement exposé là-dessus la sollicitude de l’Eglise et sa conviction sur les moyens indispensables d’y établir une véritable paix.

C’est vous dire, Mesdames et Messieurs, à quel point l’Eglise est prête à donner son appui et son encouragement à tous les efforts sérieux qui visent à la paix, et elle n’hésite pas à proclamer que, si les chrétiens ont des raisons particulières d’être les témoins actifs de ce don divin de la paix, il n’est pas moins vrai que l’action de tous ceux qui consacrent leurs meilleures énergies à cette cause s’inscrit dans le dessein mystérieux de Dieu et, à nos yeux de chrétiens, importe même beaucoup pour le Royaume de Dieu inauguré en Jésus-Christ, même s’il s’en distingue (Cfr. Gaudium et Spes GS 39).

4. En parlant du désarmement, je faisais allusion aux ressources de l’humanité à préserver et à développer. C’est tout le problème de la faim dans le monde qui est ici en cause, et j’ai noté avec satisfaction qu’il faisait aussi partie de votre ordre du jour. La composition de votre Union vous prédispose à traiter avec sérieux cette question cruciale de notre temps. Je l’ai moi-même souvent abordée, notamment auprès des délégués et membres de la FAO. Je me contente ici d’une constatation et d’un appel. Lorsque nous écoutons les experts, ne sommes-nous pas frappés par un paradoxe, qui laisse un malaise dans notre conscience? Non seulement ils nous mettent devant les yeux les effrayantes statistiques de la faim, mais ils nous révèlent que l’ensemble du monde a de quoi nourrir correctement tous les hommes et qu’il existe un certain lien de causalité entre ceux qui mangent à satiété et ceux qui meurent de faim. Par exemple, l’alimentation désordonnée des uns, qui consomment tant de céréales pour leur bétail, alors qu’ils gagneraient eux-mêmes à se ménager une nourriture plus équilibrée, ne les amène-t-elle pas à priver leurs frères sous-alimentés des proteines strictement nécessaires à leur survie? Et les circuits de distribution ne pourraient-ils pas être améliorés? Bien d’autres questions semblables assaillent notre conscience. Oui, des solutions doivent exister pour enrayer cette plaie de l’humanité: il faut les rechercher, il faut en rendre consciente l’opinion publique, il faut les faire mettre en oeuvre. Comme moi, vous ne pouvez pas ne pas être angoissés par cette tragédie; avec vous je lance un appel urgent pour que notre solidarité en ce domaine gagne en efficacité, et je souhaite que les moyens envisagés à cette Conférence y contribuent.

5. Par ailleurs, même si cela déborde le programme de la présente session, je ne peux pas laisser passer une occasion aussi importante sans rappeler à votre sensibilité de législateurs et de guides politiques l’importance fondamentale des valeurs de la famille et de ses tâches sociales. Celles-ci doivent aussi trouver leur expression sous la forme d’interventions politiques, comme je le rappelai dans l’Exhortation “Familiaris Consortio” (Cfr. IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 44). Autrement dit, les familles doivent être les premières à veiller à ce que les lois et les institutions de l’Etat s’abstiennent de blesser, et même soutiennent et défendent positivement les droits et les devoirs de la famille. Ne considérez pas cette tâche primordiale des foyers comme une interférence avec le pouvoir public, au risque de diminuer son autorité, car il y aurait alors un manque de cohérence avec les appels répétés à la participation et à l’initiative.

Vous savez à quel point l’Eglise catholique, pour sa part, défend, maintient et promeut, sans cesse et dans tous les pays, les valeurs de la famille, telles que la fidélité conjugale, le sens de la sexualité et les exigences des rapports humains interpersonnels, la dignité de la femme, le don et le respect de la vie, le droit et le devoir d’éducation incombant aux parents. Si l’Eglise consacre tant d’énergie à en témoigner et déploie tant d’initiative en ce domaine par l’entremise des ses membres prêtres et laïcs, c’est qu’elle fait grand cas de la sainteté du mariage pour la vie des chrétiens et le progrès de l’Eglise, et elle est convaincue que c’est également capital pour la société, dont la famille est la cellule première et vitale. Elle souhaite que les divers responsables, surtout les législateurs, comprennent avec elle la grandeur de cet enjeu pour l’avenir des sociétés.

6. Il est opportun encore de mentionner le problème de la liberté religieuse. Vous le savez, l’Eglise ne demande aucun privilège au pouvoir civil; avec une clarté qui, depuis le Concile, ressort encore mieux que par le passé, elle a défini une position globale selon laquelle la liberté religieuse n’est que l’une des faces du prisme unitaire de la liberté: celle-ci est un élément constitutif essentiel d’une société authentiquement moderne et démocratique. En conséquence, aucun Etat ne peut prétendre bénéficier d’une estime positive et à plus forte raison être considéré comme méritant par le seul fait qu’il semble accorder la liberté religieuse, alors qu’il l’isole en fait d’un contexte général de liberté; et un Etat ne peut se définir “démocratique” s’il fait obstacle de quelque façon que ce soit aux libertés religieuses non seulement pour ce qui est de l’exercice et de la pratique du culte, mais encore pour la participation sur un pied d’égalité aux activités scolaires et éducatives, comme aux initiatives sociales, dans lesquelles la vie de l’homme moderne s’articule toujours davantage. L’histoire, même la plus récente, atteste que les responsables civils préoccupés du bien de leur peuple n’ont rien à craindre de l’Eglise; bien plus, en en respectant les activités, ils procurent au peuple lui-même un enrichissement, car ils utilisent un moyen sûr d’amélioration et d’élévation.

7. Pour vous-mêmes, le sens de vos réunions annuelles n’est-il pas de rechercher ensemble cette amélioration et cette élévation pour préparer un monde plus humain? Vous ne vous contentez pas en effet de débattre et de confronter les techniques du travail parlementaire et les grands thèmes de l’actualité politique. A travers les discussions et les contacts qui vous permettent de bien vous connaître mutuellement, vous êtes aussi continuellement à la recherche de modèles permettant de surmonter les tensions profondes qui naissent des diverses violations et limitations des droits de l’homme, comme par exemple l’exploitation dans le domaine du travail et les multiples abus affectant la dignité humaine. Le 2 octobre 1979, ayant l’honneur de parler à l’Assemblée des Nations Unies, j’affirmai que “le critère fondamental qui permet d’établir une comparaison entre les systèmes socio-économiques et politiques n’est pas et ne peut pas être le critère de nature hégémonique ou impérialiste, mais peut et même doit être celui de nature humaniste, c’est-à-dire la véritable capacité de chacun d’eux, de réduire, de freiner et d’éliminer au maximum les différentes formes d’exploitation de l’homme et d’assurer à celui-ci, par le travail, non seulement la juste distribution des biens matériels indispensables, mais aussi une participation qui corresponde à sa dignité, à l’ensemble du processus de production et à la vie sociale elle-même qui se forme autour de ce processus. N’oublions pas que l’homme, même s’il dépend pour vivre des ressources du monde matériel, ne saurait en être l’esclave, mais le maître” (IOANNIS PAULI PP. II Allocutio ad Nationes Unitas Legatos, 17, 2 oct. 1979 : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II, 2 (1979) 535).

8. Soyez remerciés et félicités, Mesdames et Messieurs les parlementaires, pour la contribution que vous apportez et continuerez d’apporter, au sein de chacun de vos Parlements et, au plan international, dans le cadre de votre Union interparlementaire. Puisiez-vous aider, pour votre part, au progrès humain de l’humanité qui en maints secteurs ploie sous le poids des injustices du passé ou des nouvelles injustices qui surgissent, qui aspire à une égalité de traitement et à une participation responsable, qui cherche un légitime bien-être dans la paix, sans renoncer à une authentique et forte liberté! Tout cela rejoint le dessein de Dieu sur le monde.

Je prie le Seigneur de donner à votre conscience la lumière et la force de servir ce dessein, avec désintéressement, et je suis sur que ceux qui ont le bonheur de partager une foi religieuse ne manqueront pas de L’implorer dans ce but, car Dieu est plus grand que notre coeur.

Sur chacun de vous, sur vos familles, sur vos pays, j’invoque moi-même les Bénédictions abondantes de Dieu, qui est la source de tout bien.





Angélus 19 septembre 1982

L’horreur des massacres des camps palestiniens à Beyrouth

À l'Angélus du 19 septembre, à Castel-Gandolfo, Jean-Paul II a évoqué le massacre de civils palestiniens dans les camps de Sabra et de Chatila, à Beyrouth, dont la nouvelle avait été connue la veille (3) :

(3) Texte italien dans l'Osservatore Romano du 20-21 septembre. Traduction et titre de la DC.



L'âme remplie d'amertume et de douleur profonde, j'ai appris les nouvelles sur les horribles massacres commis dans les camps palestiniens de Beyrouth. On parle de centaines et de centaines de victimes, enfants, femmes et vieillards, impitoyablement mis à mort.

Il n'y a pas de mots suffisants pour condamner de tels crimes, qui répugnent à la conscience humaine et chrétienne. Comment ne pas être gravement préoccupés face à cette terrible manifestation des forces du mal et à la spirale de violences qui se développe dans le monde ?

Je prie le Dieu tout-puissant d'accorder la paix éternelle aux victimes ; je demande au Seigneur miséricordieux d'avoir pitié de notre humanité, tombée jusqu'à de tels excès de barbarie.

Que Dieu veuille éclairer et orienter les esprits des peuples et leurs autorités responsables, afin qu'ils réussissent à briser cette chaîne de deuils et de rancoeurs, et à reprendre, avec une volonté renouvelée d'engagement, le dialogue et les négociations pour parvenir à la paix et à la réconciliation souhaitée au Moyen-Orient.



AUX MEMBRES DU MOUVEMENT «FOYERS DES EQUIPES DES NOTRE-DAME»

Jeudi, 23 septembre 1982



Chers Frères et Soeurs,

Vous avez choisi comme lumière pour éclairer votre pèlerinage à Rome la parole du Seigneur: “Si tu savais le don de Dieu”.

Vous avez été bien inspirés. Cette interrogation pressante et joyeuse traverse toute la Bible et nous atteint tous: “Si tu savais le don de Dieu!”. Si tu savais, toi qui cherches à boire, poussé par une soif terrestre, si tu savais la source intarissable! Elle est près de toi, mais sauras-tu la reconnaître?

Cette question vous concerne vous aussi, époux chrétiens. Vous le savez bien, vous qui gardez et développez le souci de remonter à la source de votre amour et de votre grâce au sein de vos Equipes, sous le patronage de Notre-Dame, mère du bel amour.


LE MYSTÈRE DE L’ALLIANCE

1. Dès les origines, le don de Dieu à l’homme c’est la vie et l’amour. Et ce don, cette grâce s’exprime dans la grâce d’un visage, d’une femme, Eve, la mère des vivants, image bien imparfaite, mais image tout de même de la nouvelle Eve, Marie, pleine de grâce. La joie d’Adam, comblé dans son attente, éclate: “Celle-ci est os de mes os et chair de ma chair” (Gn 2,23). Tous deux s’extasient devant l’amour et la vie partagés lorsque naît leur premier fils: “J’ai acquis un homme de par Yahvé!” (Gn 4,1). Et pourtant ils ne soupçonnent pas l’étendu ni la profondeur du don de Dieu (Cfr. Ep 3,18-19).

Cette grâce, ce don de l’amour et de la vie n’est en effet qu’une première étape. Le Seigneur veut se lier à l’humanité, “s’accorder” avec elle. Il fait alliance avec son peuple choisi: “Je suis Yahvé ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte... Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi” (Ex 20,2-3). Mais cette Alliance n’est pas un simple contrat ni une alliance politique: comme le Seigneur y engage sa Parole et sa Vie, elle appelle amour et tendresse. L’alliance s’exprime à travers le signe de mariage. Les prophètes creusent ce mystère de l’Alliance à travers l’histoire orageuse de la fidélité de Yahvé et des infidélités de son Peuple, parfois même à travers leur propre vie conjugale (Cfr. Os 2,21-22), et Jérémie va jusqu’à annoncer une Alliance nouvelle (Jr 31,31).

Et de fait, “quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une femme...” (Ga 4,4). Le Christ épouse la condition humaine dans le sein de la Vierge Marie. “Le Verbe se fait chair”. Alliance indéfectible, car rien jamais plus ne pourra séparer l’homme de Dieu, unis pour toujours en Jésus-Christ (Cfr. Rm 8,35-39). C’est encore en termes d’épousailles que se dit le mystère: Jésus accomplit son premier signe aux noces de Cana (Cfr. Jn 2,11); puis l’Evangile laisse entendre que le véritable époux, c’est lui (Cfr. Jn 3,29 Ep 5,31-32). Jésus va jusqu’au bout de l’amour (Cfr Jn 15,13 Jn 13,1), il scelle l’Alliance dans le sang de sa croix et “remet son Esprit” (Jn 19,30) à l’Eglise, son Epouse.

L’Eglise apparaît ainsi comme le terme de l’Alliance: comblée du don de Dieu, elle est l’Epouse aimée et féconde qui engendre dé nouveaux enfants jusqu’à la fin des temps. “Sacrement universel du salut” (Cfr. Gaudium et Spes GS 41,1 et 42, 3 ; cfr. etiam Lumen Gentium LG 1,1 et 48), elle conduira petit à petit l’humanité, par l’annonce de la Parole et par les sacrements, à vivre pleinement le don de Dieu dans l’Alliance qui lui est offerte.


EUCHARISTIE ET MARIAGE

2. Les sacrements sont ainsi des lieux de la célébration et de l’accomplissement de l’Alliance. L’Eucharistie l’est à un titre éminent (Cfr. Presbyterorum Ordinis PO 5), mais le mariage “intimement lié” à l’Eucharistie (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 57), présente un lien particulier avec l’Alliance. L’ancienne Alliance s’est exprimée dans le signe du mariage des hommes; mais la réalité du mariage chrétien est comme habitée et transfigurée par la Nouvelle Alliance.

J’ai souligné dans l’exhortation apostolique “Familiaris Consortio”, consacrée à la famille, à la suite du Synode de 1980, la nécessité “de découvrir et d’approfondir cette relation” (Ibid FC 57). Votre pèlerinage à Rome me donne l’occasion d’ouvrir quelques pistes, qu’il vous appartient d’explorer plus avant.

COMMUNION

L’Eucharistie en effet nous rend accessible l’Alliance, en même temps le don et Celui qui se donne: Sacrement par excellence de l’Alliance, elle est mystère de communion, d’unité, dans le respect de la personne de chacun: “Celui qui mange ma chair demeure en moi et moi en lui” (Jn 6,56). “De même que... je vis par le Père, celui qui mange ma chair vivra aussi par moi” (Jn 6,57). Elle manifeste la communion du Père et du Fils dans l’Esprit en entraînant dans cette communion les fidèles, qui se trouvent ainsi en communion les uns avec les autres (Cfr 1Co 10,17). Par la chair du Christ ressuscité s’opère la communion dans l’Esprit: “Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un esprit” (1Co 6,17).

L’accomplissement de l’Alliance dans l’Eucharistie se répercute tans l’alliance conjugale. Le sacrement de mariage ne réalise-t-il pas aussi une communion où l’unité dans la chair conduit à la communion de l’esprit? Comme l’Alliance du Christ, l’alliance conjugale entraîne les époux à vivre la fidélité dans “la tendresse et la miséricorde” en même temps que dans “la justice et le droit” (Os 2,21). “Le mariage des baptisés devient ainsi le symbole réel de l’Alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ. L’Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un coeur nouveau et rend l’homme et la femme capables de s’aimer comme le Christ nous a aimés” IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio, 13). “C’est dans ce sacrifice de la nouvelle et éternelle Alliance que les époux chrétiens trouvent la source jaillissante qui modèle intérieurement et vivifie constamment leur alliance conjugale” (FC 57). Près du Seigneur ils apprennent à aimer “jusqu’au bout”, dans le don et le pardon. Et comme Il vit lui-même une Alliance indissoluble, ils apprendront de lui la fidélité sans faille à la parole et à la vie données.

L’Alliance, non seulement inspire la vie du couple, mais s’accomplit en elle en ce sens qu’elle déploie son énergie propre dans la vie des époux: elle “modèle” de l’intérieur leur amour: ils s’aiment non seulement comme le Christ a aimé, mais déjà, mystérieusement, de l’amour même du Christ, puisque son Esprit leur est donné... dans la mesure où ils se laissent “modeler” par Lui (Cfr. Ga 2,25 cfr Ep 4,23). A la messe, par le ministère du prêtre, l’Esprit du Seigneur fait du pain et du vin le corps et le sang du Seigneur; dans et par le sacrement du mariage, l’Esprit peut faire de l’amour conjugal l’amour même du Seigneur; si les époux se laissent transformer, ils peuvent aimer avec “le coeur nouveau” promis par l’Alliance Nouvelle (Cfr. Ier Jr 31,31 IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 20).

“Appel du corps et de l’instinct, force du sentiment et de l’affectivité, aspiration de l’esprit et de la volonté” (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 13), par le don du Seigneur l’amour des hommes peut être totalement irradié par la Source de l’amour et manifester véritablement l’Alliance nouvelle et éternelle qui rayonne en lui.

Nous sommes très loin ici, bien sûr, d’une simple poussée instinctive ou d’un simple accord temporaire lié aux intérêts immédiats escomptés auxquels beaucoup de gens, aujourd’hui, tendent à réduire ce don du Seigneur qu’est l’amour!

3. J’ai dit: “Si les époux se laissent transformer”, car le don proposé par Dieu ne rencontre pas que consentement: dès les origines il se heurte au refus et à l’orgueil. Les tentatives toujours renaissantes d’un christianisme sans sacrifice sont vouées à l’échec: elles se heurtent à la réalité du péché. La mission du Christ n’est accomplissement de l’homme que par sa mort et sa résurrection. L’Eucharistie nous rappelle sans cesse que le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle est “versé en rémission des péchés” (Mt 26,28). L’Alliance est scellée dans le sang de l’Agneau.

Rien d’étonnant alors à ce que le sacrement de mariage engage les époux sur un chemin où ils rencontreront la croix. Croix à l’intérieur du couple, sacrifice de l’égoïsme de chacun, refus, faiblesses, déceptions appelant le pardon, ruptures. Croix venant des enfants, de leurs limites, de leurs infirmités, de leurs infidélités. Croix des foyers stériles. Croix de ceux dont la fidélité à l’alliance suscite moqueries, ironie ou même persécutions. Nous ne vivons pas dans un monde innocent! L’amour comme toute réalité humaine a besoin d’être sauvé, racheté. Mais la fréquentation de l’Eucharistie permet aux époux de faire de leurs épreuves un chemin de communion, une participation au sacrifice du Seigneur, une nouvelle manière de vivre l’Alliance et, par delà la croix, par delà toutes les formes de mort qui jalonnent leur existence, d’accéder à la joie: le mariage chrétien est une Pâque.

4. Le sacrifice du Seigneur en effet le conduit à la résurrection et au don de l’Esprit. Il débouche sur l’action de grâce et la louange du Père. C’est bien le sens originaire du mot “Eucharistie” où nous prenons la “coupe de bénédiction” (1Co 10,16). La bénédiction de l’alliance d’Adam et Eve s’achève dans la bénédiction du nouvel Adam et de la nouvelle Eve. Immergée dans l’Alliance du Christ et de l’Eglise (Cfr. Ep 5,25 s.), l’alliance conjugale débouche aussi dans la joie, la gratitude et l’action de grâce. En ce sens également chaque famille chrétienne est appelée à devenir une “petite Eglise”, un Lieu où retentit la louange et l’adoration (Cfr. Ibid. 5, 19). Les époux exercent là leur sacerdoce de baptisés. Foyers des Equipes Notre-Dame, vous avez vous-mêmes contribué à la remise en honneur de la prière en foyer, et vous avez rendu par là un service appréciable. La “reconnaissance”, l’action de grâce et la joie fondées non sur l’illusion, mais sur la vérité du don et du pardon, ont aussi un rôle à jouer dans le monde: crispé sur ce qu’il conquiert, il risque de perdre le sens du gratuit. Il se ferme alors à la gratitude, à l’action de grâce, sources de la joie, oubliant qu’il est non seulement “digne et juste” de rendre grâce, mais aussi “salutaire”!


FAIRE L’EGLISE

5. Je viens d’évoquer le service rendu à l’Eglise par la prière des Equipes. Je tiens à insister sur la dimension ecclésiale de votre vocation conjugale. L’Alliance nouvelle et éternelle est offerte à la “multitude” (Mt 26,27). Si personnelle que soit la rencontre eucharistique de chaque chrétien, elle concerne le Corps tout entier. “L’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait l’Eglise”. Par-delà les diversités de race, de nation, de sexe, de classe, l’Eucharistie fait éclater les frontières, le corps eucharistique du Christ construit son Corps mystique qui est l’Eglise. La célébration de l’Alliance nouvelle et éternelle donne pleine consistance à l’Assemblée chrétienne: celle-ci “fait corps” dans le corps du Christ (Cfr 1Co 10,17). Mais loin de l’enfermer dans l’intimisme de quelque chambre haute, l’Eucharistie la fait éclater aux quatre coins du monde. L’Esprit du Christ ressuscité assure en même temps la Communion et la Mission (Cfr. Ac 1,13 Ac 2,4 Mt 28,18-20).

“Dans le don eucharistique de la charité, la famille chrétienne trouve le fondement et l’âme de sa “communion” et de sa “mission”: le pain eucharistique fait des différents membres de la communauté familiale un seul corps...” et en même temps il nourrit le “dynamisme missionnaire et apostolique” (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 57). Sacrement de l’Alliance, l’Eglise domestique qu’est le foyer vivra intensément la communion, une communion non point repliée dans l’intimisme, mais toute ouverte à la mission. Cellule d’Eglise ouverte aux autres communautés, la famille chrétienne n’est pas une chapelle fermée, un cénacle. C’est pourquoi vous devez avoir le souci de travailler en communion étroite avec vos évêques et les pasteurs de l’Eglise, à commencer par vos curés de paroisses.

Votre vocation de “bâtisseurs” de l’Eglise commence par un don généreux de la vie (même dans l’Eglise, beaucoup de foyers ne savent plus que “les enfants sont le don le plus excellent du mariage” (Gaudium et Spes GS 50). Elle se poursuit dans les activités multiples que chaque couple peut mener selon sa vocation propre, de la catéchèse à l’animation liturgique ou à l’action apostolique sous toutes ses formes. Chaque foyer apprendra à discerner sa vocation propre en confrontant ses goûts, ses talents et ses possibilités avec les besoins et les appels de l’Eglise et du monde. Car le service missionnaire le plus urgent dépasse les frontières de l’Eglise. Ce monde vieilli (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 6), ne croit plus à la vie, à l’amour, à la fidélité, au pardon; il a besoin de signes de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui lui révèlent et l’amour authentique, et la fidélité jusque dans la croix, et la joie de la vie, et la force du pardon; il lui faut réapprendre le prix d’une parole donnée et tenue, dans une vie offerte. A travers la fidélité des époux, il pourra entrevoir la fidélité du Dieu vivant.


JUSQU’À CE QU’IL VIENNE
6. L’Eucharistie enfin annonce et prépare le retour du Seigneur et l’accomplissement définitif de l’Alliance. L’Eucharistie est une nourriture pour le chemin: elle prépare le temps où elle-même ne sera plus nécessaire parce que “nous le verrons tel qu’il est” (1Jn 3,2). Loin de nous conduire à mépriser le temps qui passe, elle nous donne de faire de l’éternel avec du temporel, mais en même temps elle nous évite de nous enliser dans le présent en nous rappelant notre condition de nomades sur cette terre (He 11,9-11 Ph 3,20 1P 2,11). Peuple vers la Cité de Dieu, vers la Jérusalem céleste, où nous serons comblés du don de Dieu.

Cette perspective eschatologique de l’Eucharistie rejaillit jusque dans le mariage. Celui-ci porte la marque de l’éphémère: “Elle passe la figure de ce monde” (1Co 7,31). Cependant le corps est plus que le corps, il est le signe de l’esprit qui l’habite (Cfr. IOANNIS PAULI PP. II Allocutio in Audientia Generali Habita, die 28 iul. 1982 : vide supra, pp. PP 132 ss.), le mariage chrétien est plus que la chair. “L’amour est plus que l’amour” (PAULI VI Allocutio ad «Equipes Notre-Dame» habita, 6, die 4 maii 1970: Insegnamenti di Paolo VI, VIII (1970) 427). Transfiguré par l’Esprit, l’amour construit de l’éternité car “l’amour ne passe jamais” (1Co 13,8). Mais en même temps un amour conjugal authentique, pétri pourtant de tendresse et de fidélité, empêche de s’arrêter à son conjoint en une adoration indue: il conduit de l’alliance conjugale à l’Alliance divine et de l’image à sa Source. C’est pourquoi il se reconnaît inséparable d’un autre signe de l’Alliance: le célibat “pour le Royaume” (Mt 19,12 cfr. IOANNIS PAULI PP. II Allocutio in Audientia Generali habita, die PP 30 iun PP 1982, Insegnamenti di Giovanni Paolo II, V, PP 2 PP 2452 ss. ). Celui-ci rappelle à tous que le don par excellence de Dieu n’est pas une créature, si aimée soit-elle, mais le Seigneur lui-même: “Ton époux, c’est ton créateur” (Is 54,5). Le véritable Epoux des noces définitives, c’est le Christ, et l’Epouse, c’est l’Eglise (Cfr. Mt 22,1-14). La virginité consacrée, signe du monde à venir (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 16), retentit comme un appel au coeur de tous les foyers chrétiens. Elle n’est ni peur ni refoulement mais l’appel d’un plus grand amour (Cfr. EIUSDEM Allocutio in Audientia Generali habita, die 21 apr. 1982: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, V, 1 (1982) 1270 ss.). J’ai tenu à rappeler que, en ce sens, “l’Eglise... a toujours défendu sa supériorité par rapport au mariage” (EIUSDEM Familiaris Consortio FC 16) même si cela est mal compris aujourd’hui. C’est vous dire l’importance que l’Eglise attache à un certain climat dans les familles chrétiennes pour qu’y fleurisse, dans la liberté et la joie, l’appel à tout quitter pour le Christ.


CHEMINEMENT

7. “Si tu savais le don de Dieu”. Vous n’aurez pas assez, Frères et Soeurs, de toute votre vie conjugale pour explorer l’incommensurable don de Dieu qui vous est fait dans votre sacrement de l’alliance. L’Eglise n’aura pas assez de temps sur son chemin terrestre pour explorer le don de Dieu, “la hauteur et la profondeur, la longueur et la largeur de l’amour de Dieu qui défie toute connaissance” (Ep 3,18-19). Raison de plus pour s’y attacher dès maintenant, en foyer, en Equipes et en Eglise.

Pourtant ce rappel de l’ambition de Dieu sur le mariage de ses enfants pourrait peut-être vous accabler: comment assumer une telle mission parmi les hommes et les femmes d’aujourd’hui?

Vous avez raison de reconnaître vos limites: l’humilité est le premier pas vers la sainteté Mais vous ne devez pas pour autant rabaisser les ambitions de Dieu sur vous; comment l’amour pourrait-il subsister s’il ne reflétait la sainteté de sa source, dans la fidélité et la fécondité? “Si le mariage chrétien est comparable à une très haute montagne qui met les époux dans le voisinage immédiat de Dieu, il faut bien reconnaître que son ascension exige beaucoup de temps et beaucoup de peine. Mais serait-ce une raison de supprimer ou de rabaisser un tel sommet?” (IOANNIS PAULI PP. II Homilia in urbe «Kinshasa» habita, 1, die 3 maii 1980 : Insegnamenti di Giovanni Paolo II, III, 1 (1980) 1075).

Le décalage que vous percevez entre l’attente du Père et vos pauvres réponses ne doit pas vous paralyser mais vous rendre plus dynamiques encore. Vous savez par expérience qu’une vraie mère ne se fait pas complice des refus de manger, de travailler ou d’aimer de ses enfants! Elle les presse d’avancer sur la route de la vie, sans faiblesse ni dureté, avec une tendre et miséricordieuse exigence. Mais vous savez aussi par expérience qu’un père aimant n’accable pas ses enfants parce qu’ils grandissent lentement! Dans l’exhortation apostolique, j’ai parlé non pas de la “gradualité de la loi”, car les exigences de la création et de la rédemption du corps nous concernent tous dès aujourd’hui, mais de la gradualité du “cheminement pédagogique de croissance” (EIUSDEM Familiaris consortio FC 9). N’est-ce pas toute notre vie chrétienne qui doit être pensée en termes de cheminement?

Dans chacun des domaines où vous vous heurtez à des obstacles, dans l’amour et ses expressions, ses réticences et ses reprises, dans les difficiles problèmes de la régulation des naissances - pour aboutir à des relations conjugales “maîtrisées et respectueuses de la nature et des finalités de l’acte matrimonial” (EIUSDEM Allocutio ad «Centre de Liaison des Equipes de Recherche» habita, 6, die 3 nov. 1979: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II, 2 (1979) 1033) et garder toujours un respect absolu de la vie humaine - et de même pour ce qui est de votre rôle dans l’Eglise et dans le monde, je vous renvoie à ce que vous disait Paul VI dans le célèbre discours qu’il vous adressait en 1970: “Le cheminement des époux, comme toute vie humaine, connaît bien des étapes, et les phases difficiles et douloureuses... y ont aussi leur place. Mais il faut le dire hautement: jamais l’angoisse ni la peur ne devraient se trouver chez les âmes de bonne volonté, car enfin l’Evangile n’est-il pas une bonne nouvelle aussi pour les foyers, et un message qui, s’il est exigeant, n’en est pas moins profondément libérateur?” (PAULI VI Allocutio ad «Equipes Notre-Dame» habita, 15, die 4 maii 1970: Insegnamenti di Paolo VI, VIII (1970) 433).

Vos combats spirituels, et même le regret de vos péchés, confiés au Seigneur dans le sacrement de la réconciliation (IOANNIS PAULI PP. II Familiaris Consortio FC 58), ont encore un rôle à jouer: ils peuvent vous rendre plus fraternels envers vos frères et vos soeurs éprouvés par les échecs de toutes sortes, par l’abandon du conjoint, la solitude ou les déséquilibres, et vous aider, sans rien renier de la vocation des couples à la sainteté, à accompagner ces frères et à les remettre en route.

8. Ces dernières réflexions ne nous ont pas éloignés de l’Eucharistie, elles nous y ramènent au contraire: l’Eucharistie n’est-elle pas un viatique pour ceux qui marchent? N’est-elle pas la rencontre avec Celui qui est la Vérité et la Vie, et en même temps le Chemin? (Cfr. Jn 14,6)

Alors, Frères et Soeurs très aimés, vivez au coeur du sacrement de l’Alliance, votre mariage étant nourri de l’Eucharistie et l’Eucharistie éclairée par votre sacrement de mariage; il y va de l’avenir du monde. Que malgré vos limites et vos faiblesses, humblement et fièrement en même temps, votre lumière brille à la face des hommes. Les hommes de notre temps se pressent autour de tant de sources polluées! Que votre vie tout entière les conduise au puits de Jacob, que votre vie de couple et de famille les interroge: “Si tu savais le don de Dieu!”. Qu’en vous voyant vivre ils entrevoient le “oui” enthousiaste du Seigneur à l’amour authentique! Que votre vie tout entière leur fasse entendre l’appel du Christ: “Celui qui a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi. Comme dit l’Ecriture: de son sein jailliront des fleuves d’eau vive” (Jn 7,37-38).

Que Notre-Dame vous obtienne à tous d’accueillir le Don de Dieu et de le donner aux hommes comme elle l’a fait!

Et moi, de grand coeur, à chacun de vos foyers, à tous les membres des Equipes Notre-Dame, surtout à ceux qui connaissent l’épreuve, et aussi aux prêtres et aux religieuses qui accompagnent votre réflexion, je donne ma Bénédiction Apostolique.




Discours 1982 - Samedi, 18 septembre 1982