Discours 1993 - Vilnius (Lituanie), Dimanche 5 septembre 1993


AUX OPÉRATEURS ET AUX ARTISTES DE LA RADIO ET DE LA TÉLÉVISION PARTICIPANT AU «PRIX ITALIA»

Jeudi, 23 septembre 1993



Mesdames, Messieurs,

1. C’est avec plaisir que je vous accueille ici, vous qui êtes venus de nombreux pays pour la XLVIème édition du prestigieux « Prix Italia ». Je voudrais d’abord remercier votre Secrétaire général, Monsieur Piergiorgio Branzi, pour les paroles courtoises qu’il vient de m’adresser en votre nom à tous. J’aimerais aussi saluer les personnalités éminentes du monde de la culture, les représentants de l’Union européenne de Radio-Télévision, et spécialement, parmi eux, les dirigeants de la RAI, l’organisme du service public italien de radio-télévision qui a le grand mérite de promouvoir une institution culturelle depuis bientôt un demi-siècle d’activité.

Le « Prix Italia », en effet, a été fondé à Capri en 1948, avec la participation de 14 organismes, pour récompenser d’une des productions radiophoniques mises en compétition. En 1957, le concours s’est étendu à la télévision. Désormais les adhérents sont au nombre de 60, appartenant à 38 pays. L’objectif principal du « Prix Italia », comme le dit l’article premier de vos statuts, est « de promouvoir l’excellence de la qualité de la production radiophonique ou télévisuelle » et, en outre, « de susciter l’étude, la discussion et la connaissance des problèmes culturels et des problèmes de création liés à ces deux moyens d’expression ».

Que ces intentions aient été honorées, on le constate aisément de par la richesse des oeuvres radiophoniques et télévisuelles présentées au concours tout au long de ces années et de par la qualité de leurs auteurs dans les divers domaines de la musique, du documentaire ou de la fiction, représentant la fine fleur de la création artistique internationale.

On ne saurait oublier non plus, parmi les mérites du « Prix Italia », l’impulsion qu’il donne à l’échange d’expériences entre les professionnels de la radio et de la télévision, ainsi que l’appui qu’il apporte à une meilleure connaissance des richesses culturelles et naturelles de l’Italie, grâce au déplacement régulier de la manifestation d’une ville d’art à une autre, d’un bout à l’autre de la péninsule.

2. Vous me permettrez donc de vous exprimer ma satisfaction pour les efforts que vous déployez afin de développer les meilleures possibilités de la radiophonie et de la télévision. Soumis à des conditions technologiques, économiques et bien souvent politiques, les créateurs de programmes radiophoniques et télévisuels paraissent parfois résignés à se conformer à ce qu’on appelle les lois du marché. Il est difficile de trouver une expression moins appropriée pour définir le cadre dans lequel doit se développer une oeuvre aussi hautement culturelle que la communication radiophonique et télévisuelle.

L’Église a pu donner parfois l’impression de n’être pas assez sensible aux difficultés concrètes que vous rencontrez dans vos activités. Elle paraîtrait s’en tenir à montrer les dangers et les méfaits qu’un usage irresponsable d’instruments si puissants peut entraîner dans les consciences des individus – surtout de ceux qui sont sans défense – et dans l’ensemble de la société. Il est vrai que l’Eglise joue ce rôle, car elle a le souci de l’homme. C’est son devoir, et elle ne peut y renoncer. Ses interventions, il faut le dire, ne sont pas toujours accueillies en fonction de leur véritable sens.

3.  … en anglais

Octobre 1993


AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DES FRÈRES MARISTES DES ÉCOLES

Salle Clémentine, Vendredi 15 octobre 1993


Chers Frères,

1. Il m’est agréable de vous accueillir à l’occasion de votre Chapitre général qui s’achève. Je salue votre nouveau Supérieur général, le Frère Benito Arbués, le Vicaire général et les conseillers, et je leur offre mes encouragements et mes voeux pour la mission qui vient de leur être confiée au service de l’Institut.

Notre rencontre m’est une occasion favorable pour vous dire toute l’estime de l’Eglise envers les religieux et les éducateurs que vous êtes. Votre témoignage de vie religieuse, à l’exemple du bienheureux Marcellin Champagnat, votre fondateur, est précieux autant pour les Eglises d’ancienne tradition que pour les jeunes Eglises: des hommes consacrés à servir Dieu et le peuple de Dieu, dans l’humilité et la simplicité, constituent un signe important pour montrer à la société contemporaine le chemin ouvert par le Christ à l’humanité. Je tiens à faire une mention particulière de certains de vos frères qui, depuis longtemps, connaissent des conditions difficiles, et je rends hommage à leur fidélité.

2. Votre Congrégation a été fondée pour l’éducation, en un temps où l’ignorance était fort répandue. Si les conditions ont changé, les besoins restent immenses. Gardez votre enthousiasme d’éducateurs des plus jeunes enfants, des adolescents, des étudiants. Vous pouvez leur apporter beaucoup en associant la qualité scolaire et universitaire de votre enseignement et la vigueur de la foi, en animant des établissements d’enseignement ou en prenant part à la pastorale catéchétique dans des cadres différents. Nous savons combien de jeunes vont actuellement comme à tâtons à la recherche du sens de leur vie. Faire oeuvre d’éveilleurs de la foi, c’est vraiment travailler à la mission que le Seigneur a confiée à son Eglise.

3. Je voudrais souligner aussi le fait que votre Congrégation est présente en plus de quatre-vingts pays des cinq continents, et je souhaite que beaucoup de jeunes vous rejoignent pour développer encore votre oeuvre. De toutes parts, arrivent des appels adressés à l’Eglise pour qu’elle contribue à l’éducation des jeunes. Les grands ordres d’enseignants constituent une des réponses les plus appropriées à ces attentes, particulièrement lorsqu’ils s’attachent à servir les familles les plus pauvres, ainsi que vous y invite le charisme de votre Institut.

4. Chers Frères, que la Vierge Marie, qui inspire et guide quotidiennement votre vie religieuse, rende votre apostolat fécond et fidèle à la Parole qui vient du Seigneur! J’invoque avec ferveur son intercession et celle du bienheureux Marcellin Champagnat pour vous tous. De grand coeur, je vous bénis ainsi que l’ensemble des Frères maristes et des jeunes qu’ils ont vocation de servir.



À L'ASSOCIATION BELGE « PRO PETRI SEDE »

Vendredi 22 octobre 1993


Monsieur l’Aumônier général,
Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir au cours de votre pèlerinage dans la Ville éternelle. Vous êtes venus sur les pas des Apôtres Pierre et Paul, dont l’exemple ne cesse de vous guider comme le montrent les bulletins de votre Association, pour affermir votre foi personnelle et pour donner un élan nouveau à votre vie spirituelle et au témoignage que vous êtes appelés à rendre au Christ ressuscité dans votre vie quotidienne. Le nom de votre Association, « Pro Petri Sede », rappelle votre attachement particulier au Siège de Pierre et votre désir de vivre en communion avec les Successeurs de l’Apôtre auquel le Seigneur a confié son Eglise, ainsi qu’avec tous ceux qui, dans votre pays, ont reçu la charge apostolique. Comme le suggèrent vos méditations, je vous encourage à puiser dans le mystère eucharistique, expression la plus haute du don divin et de l’unité de l’Eglise, les grâces nécessaires à votre vocation baptismale, car suivant saint Jean Chrysostome, « la participation à l’Eucharistie signifie la communion et la nouvelle fraternité en Christ »[1].

La démarche que vous accomplissez aujourd’hui est en effet le signe visible de cette fraternité qui unit les chrétiens au-delà des frontières et qui fait de tous un peuple nouveau, figure du Royaume à venir: l’amour, que nous tenons du Christ et grâce auquel nous sommes reconnus comme ses disciples[2]. La mission universelle du Pape, assisté de ses collaborateurs, suppose un soutien financier de tous les Chrétiens, selon leurs possibilités. Je tiens à vous redire mon estime pour le soin constant que vous prenez à faire connaître les besoins du Siège Apostolique.


… néerlandais …


Je souhaite que vous exprimiez ma gratitude à tous les membres de l’Association « Pro Petri Sede » et aux fidèles de Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg qui en vivent l’idéal d’entraide spirituelle et matérielle. J’accorde de grand coeur à tous ma Bénédiction Apostolique.

[1] S. Ioannis Chrysostomu In prima Cor., 27.
[2] Cfr. Jn 13,35.
[3] 2Co 5,14.



À LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES LATINS DANS LES RÉGIONS ARABES

Jeudi, 28 octobre 1993

Béatitude,
Chers Frères dans l’Episcopat,
Chers amis,

1. Après votre rencontre de l’année dernière, au Caire, vous avez souhaité vous retrouver à Rome pour la XLIIIème Assemblée générale de la Conférence des Evêques latins dans les Régions arabes. Je suis heureux de vous accueillir pendant vos travaux où vous abordez de nombreux thèmes liés pour donner un nouvel élan à vos communautés, en tenant compte des situations spécifiques de vos différents pays. Ces journées vous donnent l’occasion de prier ensemble, d’invoquer l’assistance de l’Esprit Saint pour vos communautés et de partager vos soucis et vos joies pastorales. Vous avez soin d’unir vos efforts pour harmoniser vos actions et pour servir toujours davantage le peuple de Dieu. Ainsi s’expriment et se renforcent vos liens fraternels. Puissent les Apôtres Pierre et Paul, colonnes de l’Eglise, vous guider dans toutes vos réalisations!

2. Après avoir réfléchi sur un aspect particulier de l’annonce de l’Evangile, la catéchèse, vous vous attachez désormais à préparer des chemins nouveaux pour soutenir et pour raviver la vie de foi des catholiques dans le Moyen-Orient, à l’aube du vingt et unième siècle. Les questions auxquelles vous êtes affrontés sont importantes. En effet, plusieurs pays de la région sont soumis à des guerres fratricides depuis longtemps, appauvrissant et réduisant à la famine des populations entières. Le message du Christ, que vous avez la charge de transmettre, est une invitation à la paix profonde que le Seigneur seul peut donner, et un appel au partage au sein des communautés chrétiennes pour surmonter les situations de misère qui défigurent l’être humain et ternissent sa dignité. Je vous encourage et j’encourage les chrétiens de vos diocèses à poser des gestes prophétiques pour que plus jamais la guerre ne soit utilisée comme méthode de pression sur les hommes, au détriment du dialogue qui permet à chacun et à chaque peuple d’être reconnu.

3. Même si les fidèles de vos diocèses sont peu nombreux, leur vocation baptismale les appelle à être inlassablement, au sein de leurs peuples, les initiateurs d’un monde nouveau où règne l’amour entre les frères, prémices du Royaume à venir. Cela suppose d’aimer avec délicatesse sa terre, de s’engager comme citoyen dans la vie publique pour participer aux activités de la cité et à la vie sociale, dans le respect des sensibilités et des convictions religieuses, car « le poste que Dieu leur a fixé est si beau qu’il ne leur est pas permis de le déserter »[1]. C’est pour les fidèles une noble façon d’annoncer l’Evangile que d’apporter leur contribution au bien commun, avec le souci premier d’être des artisans de la paix, don que le Christ a laissé à ses disciples au soir de sa vie[2], ainsi que de servir leurs frères en humanité dans la charité.

4. Je vous exhorte à intensifier les collaborations, sur le plan social et sur le plan ecclésial, avec les pasteurs et les fidèles des différents rites catholiques présents dans les régions arabes, rites qui sont une richesse pour votre terre. En outre, dans l’esprit du deuxième Concile du Vatican, j’invite aussi vos communautés à s’engager avec humilité et avec patience dans le « mouvement oecuménique »[3], pour que s’intensifient les entreprises et les initiatives en faveur de l’unité des Chrétiens. Dans toutes les démarches accomplies, que chacun réponde à l’exhortation de l’Apôtre: « Suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ »[4]! A ceci nous serons reconnus comme ses disciples et ce sera pour tous les hommes un témoignage.

5. Votre ministère est parfois rendu difficile surtout dans des pays où, dans les faits, la liberté de religion et de culte n’est pas encore totale. Je prie pour que les Chrétiens donnent sans cesse l’exemple de la tolérance, du dialogue avec les autres religions, même si ne se produisent pas encore les résultats tangibles escomptés, et de la coopération active avec leurs membres. Dans le secret des coeurs, l’Esprit Saint travaille pour faire porter des fruits aux oeuvres humaines, par les chemins que Dieu veut, car c’est lui qui donne la croissance à la semence portée en terre par les témoins de l’Evangile[5]. Je souhaite ardemment que les communautés chrétiennes aient toujours aussi la possibilité de se rassembler pour la célébration des sacrements, nécessaire à l’affermissement de la foi de ses membres, et qu’elles puissent librement rendre témoignage au Christ rédempteur de l’homme.

Au terme de notre rencontre, je vous invite à poursuivre avec zèle votre ministère. Qu’aucune difficulté ne vous décourage! Je vous demande de porter les encouragements affectueux du Pape aux prêtres de vos diocèses, qui sont pour vous, selon la formule de saint Ignace d’Antioche, « une précieuse couronne spirituelle »[6], aux religieux et aux religieuses, ainsi qu’à tous vos fidèles. De grand coeur, je vous accorde, ainsi qu’à tous les membres de vos communautés, ma Bénédiction Apostolique.


[1] Epist. ad Diognetum.
[2] Cfr. Jn 14,27.
[3] Unitatis Redintegratio, UR 4.
[4] Ep 5,2.
[5] Cfr. 1Co 3,6.
[6] S Ignatii Antiocheni Ad Magnesios, 13, 1.



À NEUF AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Salle Clémentine, Jeudi 28 octobre 1993



Madame et Messieurs les Ambassadeurs,

1. C’est avec une réelle satisfaction que je viens de recevoir des mains de Vos Excellences les Lettres qui les accréditent auprès du Siège Apostolique comme Ambassadeurs de leurs nations respectives.

A vous tous, je souhaite très cordialement la bienvenue à Rome, et je puis vous assurer que mes collaborateurs sont disposés à vous assister dans votre mission, afin de resserrer utilement les relations entre vos pays et le Saint-Siège.

Je voudrais adresser un salut particulier aux Ambassadeurs de Mongolie et du Swaziland qui sont les premiers chefs de mission de leurs pays accrédités ici; je me réjouis de voir ainsi entrer dans leur phase active les relations récemment établies. D’autre part, c’est pour moi une joie particulière de saluer le Représentant de la Lettonie, nation auprès de laquelle j’ai eu le bonheur de me rendre en visite pastorale il y a quelques semaines; voici que nos rapports retrouvent leur plein exercice après une longue période de latence.

2. Les circonstances réunissent ici les Ambassadeurs de nations situées dans trois continents, l’Europe, avec la Lettonie, l’Asie, avec la Mongolie et Singapour, l’Afrique, avec le Burkina-Faso, le Congo, la République de Guinée, le Soudan, le Swaziland et la Zambie: nous voyons là un clair signe du désir du Saint-Siège d’entretenir des rapports fraternels avec tous les peuples de l’humanité, que les fidèles de l’Eglise catholique en soient une proportion importante ou modeste.

3. En votre présence, comment ne pas évoquer une nouvelle fois les changements profonds qui sont intervenus et qui se poursuivent dans le monde, dans l’espoir qu’ils conduiront à une amélioration considérable de la situation d’une partie importante de l’humanité? Le grand nombre d’Ambassadeurs venus d’Afrique parmi vous, en particulier, m’invite à redire que l’Eglise suit avec beaucoup de sympathie les processus qui conduisent plusieurs peuples vers la démocratie. Je sais les obstacles souvent rencontrés, et je forme des voeux ardents pour qu’ils puissent être surmontés. Les nouvelles de conflits graves qui déchirent trop de peuples du continent africain nous alarment. Aussi, en présence de diplomates, qui sont par vocation des artisans de paix et de coopération entre les nations, je tiens à appeler les hommes et femmes de bonne volonté à tout mettre en oeuvre pour bâtir durablement la paix, nécessaire pour le bien de tous.

4. Vous savez que, parmi vos concitoyens, les catholiques désirent prendre généreusement leur part dans le service de la société, spécialement pour ce qui relève du développement. Leurs activités d’éducation, de formation professionnelle, d’organisation des soins de santé, d’entraide caritative, d’initiatives d’ordre économique ont pour but, dans l’esprit même de l’amour fraternel qui anime tout chrétien, de favoriser l’épanouissement des personnes, des familles et des groupes sociaux. Ces efforts des membres de l’Eglise n’ont d’autre ambition que de se joindre à ceux de tous leurs compatriotes, de même qu’à ceux de la communauté internationale.

5. Parmi les thèmes de nos échanges avec les représentants des nations, je voudrais rappeler également que nous gardons présent à l’esprit le souci de voir reconnu et garanti le libre exercice du culte et des activités propres à chaque communauté religieuse, dans le respect mutuel des convictions et des traditions spirituelles des uns et des autres. Protéger le droit de tous à la liberté de conscience et de religion, cela demeure l’une des préoccupations premières du Saint-Siège, car l’épanouissement de la vie spirituelle est un trait essentiel de la vocation de tout homme et de toute femme dans le monde.

6. Madame et Messieurs les Ambassadeurs, au terme de cette cérémonie solennelle, ma pensée se porte vers les peuples que vous représentez. Je voudrais vous charger d’exprimer ma profonde sympathie et les sentiments fraternels que j’éprouve envers eux, dans l’esprit des disciples du Christ dont l’amour s’étend à toute l’humanité. Pour plusieurs d’entre eux, il m’a été donné de les rencontrer sur leur sol: vous leur direz que leur souvenir demeure bien vivant en moi.

Dans la prière, je forme pour tous vos compatriotes des voeux fervents de prospérité dans la concorde et la paix.

Madame, Messieurs, pour vos personnes, vos proches, vos collaborateurs, comme pour les nations que vous représentez, j’invoque l’abondance des dons divins.



À S. Exc. MONSIEUR NOUR EL DIN MOHAMMED HAMMED SATTI, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU SOUDAN

Jeudi, 28 octobre 1993


Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec satisfaction que j’accueille Votre Excellence au Vatican en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Soudan près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement de m’avoir transmis les salutations de Son Excellence le Général Omar Hassan Ahmed Al-Bashir, des membres du Gouvernement et du peuple soudanais. En retour, je vous prierai de bien vouloir exprimer au Chef de l’Etat les voeux que je forme pour sa personne ainsi que mes vifs souhaits pour l’accomplissement de sa tâche en vue du bien du peuple soudanais. Je salue également les membres du Gouvernement et j’invoque l’aide de Dieu sur tous les hauts responsables qui sont au service de la nation. Enfin, j’adresse mes meilleurs saluts à tous vos compatriotes dont je garde bien vivant dans la mémoire de mon coeur l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé lors de ma récente visite pastorale à Khartoum.

De ce voyage, bien sûr, je conserve un souvenir ému. J’avais un grand désir de me rendre au Soudan et je suis reconnaissant aux Autorités de votre pays d’avoir rendu possible cette visite: elle m’a permis de rencontrer un peuple à la riche culture et aussi d’honorer sur son propre sol, avec une grande foule de chrétiens, la bienheureuse Bakhita. J’ai eu aussi la satisfaction d’accomplir ma mission de Successeur de Pierre qui est d’affermir la foi de mes frères et soeurs catholiques. Egalement, j’ai pu témoigner que j’étais proche de tous ceux qui souffrent, des personnes déplacées et sans abri, des victimes de la sécheresse, de la famine, de la maladie et des dévastations de la guerre. Mon désir ardent, comme messager de l’Evangile, était de promouvoir la cause de la justice et de la paix.

Votre présence en ces lieux, Monsieur l’Ambassadeur, me fait espérer qu’un nouvel élan sera donné dans la recherche et la réalisation de ces idéaux de justice et de paix auxquels aspirent les populations du Soudan et celles de l’Afrique entière. Ce sont des préalables nécessaires au développement et au progrès. Aussi, je renouvelle aujourd’hui le voeu que j’ai ardemment exprimé sur votre sol: que tous les citoyens soudanais puissent mener une vie digne, dans le respect de leurs droits, quelles que soient leur religion, leur condition sociale ou leur appartenance ethnique. A cet égard, je considère de bon augure le message qu’a récemment apporté l’envoyé spécial de votre Président.

Dans votre allocution, vous avez bien voulu évoquer les efforts du Siège Apostolique, en Afrique et ailleurs dans le monde, en faveur de la concorde entre les hommes et de la promotion de leur bien-être intégral: je vous sais gré de cette appréciation. Les responsables des nations sont eux-mêmes de plus en plus conscients des tâches prioritaires qui s’imposent et je souhaite qu’en ce domaine ils ne se contentent pas de bonnes intentions. Comme je le disais au début de l’année au Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, « au fond, tous les problèmes de justice ont pour cause principale le fait que la personne n’est pas suffisamment respectée, prise en considération ni aimée pour ce qu’elle est. Il faut apprendre ou réapprendre aux hommes à se regarder, à s’écouter, à marcher ensemble »[1].

Vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, de saisir l’occasion de cette rencontre pour adresser de Rome, par votre intermédiaire, mon salut le plus fervent aux membres de l’Eglise catholique soudanaise. Puissent-ils, dans le sillage de Bakhita, témoigner de la lumière et de l’amour qui les habitent et être pour tous leurs compatriotes des porteurs d’espérance! Je puis vous assurer que, sous la conduite de leurs évêques, les fidèles du Soudan sont désireux d’apporter leur concours à cette oeuvre de longue haleine qu’est l’édification d’une nation prospère où chaque citoyen puisse mener une vie conforme à sa dignité d’être humain. Stimulés par leur foi chrétienne, ils continueront à collaborer pour le bien commun avec leurs concitoyens d’autres traditions religieuses, dans la conviction que, malgré les défis auxquels il faut faire face, il existe de solides raisons pour nourrir une grande espérance en l’avenir.

En terminant, laissez-moi exprimer encore le voeu ardent que les populations de votre pays voient satisfaits leurs besoins alimentaires, aient des soins de santé suffisants et vivent en harmonie. Je prie pour que le rapprochement et la coopération entre chrétiens et musulmans contribuent à résoudre les conflits, pour que les obstacles à la liberté religieuse appartiennent désormais au domaine du passé et pour que la paix durable devienne une réalité quotidienne.

Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre mes voeux les meilleurs et je vous assure que vous trouverez ici un accueil attentif et une compréhension cordiale.

Sur votre Excellence, sur le peuple soudanais et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.

[1] Ioannis Pauli PP. II Allocutio ad Nationum apud Sanctam Sedem Legatos coram admissos, 6, die 16 ian. 1993: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XVI, 1 (1993) 122.



À S. Exc. MONSIEUR ALPHONSE NIANGOULA, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DU CONGO

Jeudi, 28 octobre 1993



Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec joie que je souhaite la bienvenue à Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Congo.

Je suis sensible aux paroles courtoises de votre allocution et je vous remercie, en particulier, de m’avoir transmis l’aimable message de Son Excellence le Président Pascal Lissouba. En retour, je vous demanderai de lui adresser mes salutations respectueuses et de l’assurer de ma prière afin que Dieu l’assiste dans sa haute charge, pour le bien commun de tous les membres de la nation congolaise.

Vous avez eu l’amabilité d’évoquer, entre autres, les périples qui m’amènent à porter dans les diverses régions du monde les paroles de liberté, d’amour et de paix que, en messager de l’Evangile, je me fais un devoir de proclamer à la face de la terre. L’Eglise, vous le savez, Monsieur l’Ambassadeur, n’a d’autre visée que le service de l’homme et de toutes les grandes causes qui le touchent. Fidèle à la mission reçue de son fondateur, elle souhaite contribuer à l’insertion dans la vie sociale des valeurs les plus élevées de l’ordre moral et spirituel afin que, partout dans le monde, l’être humain puisse s’épanouir dans son éminente dignité de créature formée à l’image de Dieu.

Votre présence en cette demeure est le signe que le Congo est ouvert aux motivations d’ordre religieux et je ne doute pas que votre mission, officiellement inaugurée en ce jour, contribuera, d’une part, à resserrer les liens qui nous unissent et, d’autre part, à renforcer notre coopération dans la promotion de relations toujours plus équitables et pacifiques au sein de la famille des nations. Bientôt, j’aurai la joie d’accueillir ici-même les membres de la Conférence épiscopale du Congo qui viendront à Rome pour la visite « ad limina ». Ce sera pour moi l’occasion d’être une nouvelle fois proche de vos compatriotes, de prier pour votre pays, d’encourager les évêques congolais à poursuivre leur oeuvre d’artisans de paix, à promouvoir la réconciliation, à susciter des actes concrets de solidarité et à travailler pour redonner la confiance en l’avenir. Comme d’autres pays africains, le Congo a connu des heures difficiles; cependant, je souhaite qu’à l’avenir, grâce à la sagesse de vos concitoyens, non seulement le pire soit toujours évité mais que les forces vives de la nation soient résolument engagées sur la voie du progrès démocratique.

En cette circonstance solennelle, vous me permettrez, Monsieur l’Ambassadeur, d’adresser aux fidèles de l’Eglise catholique au Congo mes salutations cordiales. Guidés par leurs évêques, ils demeurent disposés à se prodiguer en vue du développement national et ils ont à coeur d’apporter une coopération constructive à l’édification d’une société solide et prospère, conscients que c’est leur dignité de chrétiens d’offrir à leur patrie une prestation compétente.

Je vous offre mes voeux les meilleurs pour la noble tâche qui vous attend. Soyez certain que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs, particulièrement de ceux qui ont pour mission d’assurer la présence du Siège Apostolique dans la communauté internationale.

Sur Votre Excellence, sur le peuple congolais et sur ceux qui président à sa destinée, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.


À S. Exc. MONSIEUR FREDERIC ASSOMPTION KORSANGA, NOUVEL AMBASSADEUR DU BURKINA-FASO

Jeudi, 28 octobre 1993



Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec joie que j’accueille Votre Excellence au Vatican en qualité d’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina-Faso près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement de m’avoir transmis les sentiments de gratitude de Son Excellence Monsieur le Président Blaise Compaoré; en retour, je vous prierai de bien vouloir lui exprimer, avec les voeux que je forme pour sa personne, mes vifs souhaits pour l’accomplissement de sa tâche en vue du bien de tout le peuple burkinabè. Je salue également les membres du gouvernement et j’invoque l’aide de Dieu sur tous les hauts responsables du pays au service de leurs compatriotes.

Dans votre aimable allocution, vous avez évoqué, entre autres, les membres burkinabè de l’Eglise catholique, dont les activités contribuent à renfoncer les liens unissant votre nation au Saint-Siège. Je suis sensible à cette appréciation manifestée en des termes très courtois et je puis vous assurer que les catholiques du pays continueront à oeuvrer dans les domaines de l’action sociale, éducative et sanitaire, sous la conduite de leurs évêques et dans la mesure de leurs moyens. Ainsi, ils apporteront leur concours à cette oeuvre de longue haleine qu’est l’édification d’une société toujours plus juste et plus fraternelle, où chacun puisse mener une vie conforme à sa dignité d’être humain.

Précisément, permettez-moi, Monsieur l’Ambassadeur, de saisir l’occasion de cette rencontre pour adresser aux catholiques burkinabè mes salutations affectueuses et mes encouragements à demeurer, grâce au dynamisme de leur foi chrétienne, des citoyens généreusement engagés sur la voie du développement de leur patrie, dans une collaboration conviviale avec leurs compatriotes d’autres croyances, protestants, musulmans et adeptes de la religion traditionnelle. Que tous s’emploient à répandre autour d’eux, spécialement chez les jeunes générations du Burkina-Faso, les grandes valeurs de justice et d’amour, pour le bien de la nation!

Vous avez fait allusion également à mes visites pastorales de 1980 et de 1990, et aux appels que j’ai estimé de mon devoir de lancer à la communauté internationale en faveur d’une plus grande solidarité avec les pays du Sahel, victimes de la sécheresse et de la désertification. Laissez-moi vous redire d’abord l’excellent souvenir que je garde de ces visites et de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Je garde le souci, toujours aussi vif, de voir éradiqués les fléaux dont souffrent les populations africaines de votre région, et rendu possible leur accès à un juste bien-être, à la fois matériel et spirituel. Je ne puis que reprendre ici les paroles que j’ai prononcées chez vous le 29 janvier 1990.

«Comment l’histoire jugerait-elle une génération qui a tous les moyens de nourrir la population de la planète et qui refuserait de le faire dans un aveuglement fratricide?

Quelle paix pourraient espérer des peuples qui ne mettraient pas en pratique le devoir de la solidarité?

Quel désert serait un monde où la misère ne rencontrerait pas l’amour qui donne à vivre?».

La paix! C’est sur l’évocation de ce thème très cher que je voudrais conclure, non sans saluer les initiatives prises dans ce sens par votre Président pour contribuer à l’apaisement de conflits récents, que l’on voudrait voir disparaître à tout jamais de cette région du monde. Le Saint-Siège, pour sa part, souhaite poursuivre ses efforts afin que partout, en Afrique et ailleurs, s’établissent entre les peuples la concorde et l’harmonie auxquelles les êtres humains aspirent de toute leur âme.

Alors que vous inaugurez votre mission, je vous offre mes voeux les meilleurs et je vous assure que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

Sur Votre Excellence, sur le peuple burkinabè et sur ses dirigeants, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.



À S. Exc. MONSIEUR LAMINE BOLIVOGUI, NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE

Jeudi, 28 octobre 1993


Monsieur l’Ambassadeur,


Soyez le bienvenu au Vatican, où j’ai la joie d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée près le Saint-Siège.

Je vous remercie vivement de m’avoir transmis les aimables salutations de Son Excellence le Général Lansana Conte, Président de la République de Guinée. En retour, je vous prie de bien vouloir lui exprimer mes voeux déférents, dans l’agréable souvenir que je garde de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé en Guinée l’an passé. Bien volontiers, je prie Dieu de l’assister dans l’accomplissement de sa haute tâche au service du peuple guinéen. Egalement, je demande au Seigneur de faire fructifier les efforts de ceux qui s’emploient avec votre Président, dans un climat difficile, à faire progresser les institutions démocratiques et à maîtriser avec calme et lucidité le destin politique du pays dans la légalité, la sécurité et la paix.

Dans votre allocution, vous avez évoqué, entre autres, le dévouement du Siège apostolique au bien-être de l’humanité et son souci d’être porteur d’espérance, surtout auprès de ceux qui connaissent la souffrance. Je suis sensible à ces marques d’appréciation et je vous en sais gré. L’Eglise tient en grande estime le dynamisme des hommes de ce temps, lorsqu’elle les voit engagés dans un labeur ardu pour la mise en valeur des richesses de la création et, plus particulièrement, pour la promotion de la personne humaine dans son développement intégral. Dépositaire de principes susceptibles d’éclairer singulièrement la marche des hommes, elle souhaite les leur offrir pour assurer à la vie de tous la sécurité, la stabilité et l’harmonie.

Il m’est agréable, Monsieur l’Ambassadeur, de vous entendre mentionner le climat de tolérance et de ferveur spirituelle qui existe entre les différentes communautés religieuses de votre pays. Je souhaite que les Guinéens restent attachés à cet héritage de leur passé, pour leur bien propre et celui du continent africain. Je forme le voeu que le sens de la solidarité se fortifie, dans le respect mutuel des convictions de chacun, afin que tous vos compatriotes travaillent la main dans la main pour l’avenir de la nation et qu’ils poursuivent leur route ensemble, dans le dialogue – seule voie respectueuse de l’homme – des peuples et des minorités.

Vous me permettrez de saluer, en cette circonstance, les catholiques de votre pays. J’ai eu la joie de célébrer avec eux et au milieu d’eux la foi qui nous est commune. Je conserve dans la mémoire du coeur le souvenir de nos ferventes rencontres et je leur exprime à nouveau mon souhait qu’ils vivent toujours davantage dans la communion fraternelle. Je puis vous assurer qu’ils sont disposés à collaborer au développement de la nation. Sous la conduite de leurs évêques, qui inspirent leur réflexion et leur action par des messages appropriés tels des guetteurs à la porte de la cité, ils continueront à oeuvrer pour faire de la Guinée un pays où l’on vit dans la dignité, dans la justice et dans la convivialité. Ils s’efforceront d’enraciner les valeurs familiales, de former les consciences, d’apprendre aux jeunes, en particulier, à penser, à juger et à agir par eux-mêmes, les aidant à comprendre leur époque, à maintenir avec leurs aînés un dialogue constructif et surtout à vivre selon la vérité. L’avenir de la Guinée est fonction de la qualité morale et spirituelle de ses habitants, qui savent garder l’équilibre et la hiérarchie des valeurs dans leur comportement personnel et dans la façon d’assumer leurs responsabilités.

Au moment où commence votre mission, je vous offre mes voeux les meilleurs pour l’heureux accomplissement de votre tâche. Soyez assuré que vous trouverez ici l’accueil attentif et compréhensif dont vous pourrez avoir besoin.

Sur Votre Excellence, sur Monsieur le Président de la République, le Gouvernement et le peuple de Guinée, j’invoque de grand coeur l’abondance des Bénédictions divines.



Discours 1993 - Vilnius (Lituanie), Dimanche 5 septembre 1993